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Critiques de Jean-Baptiste Andrea (1798)
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Veiller sur elle

« Onze heures sonnèrent au campanile de Giotto. L'onde de bronze rebondit d'une façade de marbre à une autre avant de s'éteindre. Nous prîmes congé sur maintes promesses de nous revoir. Après quelques pas dans la rue, Metti se retourna.

– Tu sais enfin pourquoi tu sculptes, Mimo ?

– Non, maître ! C'est d'ailleurs pour ça que je vous appelle encore maître. »



Mimo ou Michelangelo est sculpteur. le jour où il connaitra la réponse à cette question, il arrêtera de sculpter. Il ne fera plus que Veiller sur elle.



Mimo jeune apprenti d'un artisan sculpteur, ivrogne et peu doué, sans le sou et Viola, fille des Orsini, riche famille noble du village, n'auraient jamais dû se rencontrer. Il atterrit dans sa chambre au bout d'une corde. Leur lieu de rendez-vous fut le cimetière où ils s'allongeaient sur les tombes pour écouter ce que les morts voulaient leur dire.



Lui était nain, sans le sou, mais par la faveur d'une ourse, il put enfin sculpter grâce aux Orsini qui le financèrent et en firent la coqueluche du Vatican et du régime fasciste en pleine ascension. Il avait du talent pour la sculpture, mais aussi pour la débauche et la compromission.

Elle avait beaucoup pour elle, belle, et surtout intelligente mais elle était femme, dans l'Italie de l'entre-deux guerres et ce qu'on attendait d'elle, c'est de se marier avec l'époux choisi pour elle et de lui donner des enfants.



Leurs destins ne furent pas des lignes droites, loin s'en faut. Ils se quittèrent, se retrouvèrent à maintes reprises, mais sans cesser d'être deux âmes soeurs, incapables de se détester, incapables de ne pas se disputer.



Une histoire follement romanesque, qui m'a emportée tout au long de ces presque 600 pages, sans que je m'ennuie une seconde. Une revue de l'histoire italienne en toile de fond. Une écriture que j'ai savourée, poétique et pleine de tendresse. Des personnages secondaires bien campés, savoureux. Un livre qui me fait dire : voilà pourquoi je lis.

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Des diables et des saints

Joe est un pianiste hors pair. Vous ne l'entendrez jamais dans une salle de concert. Il ne joue que dans les lieux de passage, gares ou aéroports. Il attend quelqu'un, celle qui lui a dit qu'elle le reconnaitrait, où qu'il soit, s'il jouait aussi bien que la première fois qu'il avait joué devant elle.

Juillet 1969 : Alors que l'homme marche sur la lune et que Michael Collins tourne autour, disparaissant derrière sa face cachée 47 minutes à chaque révolution, Joseph, tombé brusquement malade deux mois plus tôt, arrive aux Confins. Sa maladie n'est pas contagieuse, elle est incurable : il est orphelin.

« Je partis pour un lieu dont vous n'avez jamais entendu parler, puisqu'il n'est pas sur Terre. Je partis pour un lieu dont vous n'entendrez jamais parler. Il est fermé depuis longtemps.

L'orphelinat Les Confins. Je dis fermé, mais chez certains, il saigne encore »



Un établissement sinistre, dirigé par un prêtre, tout de noir vêtu, aux cheveux teints en noir, à l'âme tout aussi noire, digne héritier des inquisiteurs, secondé par la Grenouille ancien légionnaire sadique.

Comment survivre dans un endroit pareil ? Il y a la Vigie, petit groupe qui se retrouve sur les toits le dimanche, pour respirer un air pur, non contaminé par la cruauté de ce lieu. Et il y a Rose, que Joseph aime d'abord détester, Rose avec qui il va découvrir l'amour :

« Je songeai à Mina, à ses vêtements trop grands, ses bras enfouis jusqu'aux coudes dans une bassine pleine d'eau de vaisselle ou dans le cul d'une oie qu'elle venait de plumer, à cette reine décolorée par la vie, le vent, la lumière. Non, elle n'était pas belle, pas comme Rose l'entendait.

- Elle est magnifique

Rose glissa dans mes bras. Je venais d'apprendre à parler à une femme. »



Dans ce récit poignant, l'auteur nous décrit le passage à l'âge adulte de Joseph, qui deviendra Joe. Un récit qui ne devient jamais larmoyant, où l'auteur sait parfois insuffler un trait d'humour, où son écriture poétique et si réaliste à la fois vient magnifier des existences prêtes à sombrer, où la lumière est toujours là malgré la noirceur du décor et des hommes

Je persiste et signe : Jean-Baptiste Andréa est un grand.
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Veiller sur elle

Lorsque je suis allé à Florence, j'en ai pris plein les yeux ! J'ai compris ce qu'était une oeuvre d'art, en ayant face à moi des tableaux de Raphaël, du Caravage, Fra Angelico sans oublier les satues de Donatello et de Michel-Ange. On a les émotions à tous les étages. Ce fut pour moi un bouleversement, une vague de sensations, l'impression de flotter dans l'ivresse.

On voit, on vit, on ressent l'art! On est en immersion totale.

Veiller sur elle est un récit qui s'ouvre sur un mystère lié à une sculpture, un secret dont Jean-Baptiste Andrea ne nous livrera la clef qu'au bout de son récit de 600 pages

C'est dans un petit village du Piemont, Pietra di Alba, que Michelangelo, dit Mimo, va vivre ses jeunes années dans l'atelier d'un sculpteur plus doué pour la dive bouteille que pour son art, et y faire son apprentissage. Mimo, formé par son père, va se montrer digne de son illustre prédecesseur de la Renaissance, Buonarroti. Il a le don, il a l'âme, il est né sculpteur.

Viola, fille de la famille des Orsini, elle aussi a un don, des rêves, une force de caractère et, de plus, elle est "une femme debout", éprise de sa liberté.

Ces deux là que tout séparait, ont un destin commun, ils se sont déclarés jumeaux cosmiques, une filiation qui dépasse tous autres types de liens : C'est cela qui va les aider à traverser ensemble cette partie sombre de l'histoire de l'Italie, saccagée par l'explosion du fascisme.

Leurs histoires ne vont cesser de se croiser, malgré de nombreux ennuis, des successions d'obstacles, maintes séparations, ils sauront toujours se retrouver pour faire face dans ce qui sera plus fort qu'une simple histoire d'amour, plus absolu qu'une simple amitié.

Un roman majestueux plein de souflle et d'envolée, un conte magique battu par "Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral" les 5 vents qui soufflent sur ce lieu, une intrigue sublime qui vous emportera sans peine dans les émotions et le plaisir.

J'y ai retrouvé la même beauté dont je vous parlais au début, dans cette approche de l'art, dans cette façon dont Jean-Baptiste Andrea décrit avec force et éclat.

Un véritable esprit romanesque, c'est la caractéristique de ce récit que j'ai adoré du début jusqu'à la fin, qui vous confie la responsabilité, une fois le livre fermé, de Veiller sur elle...



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Veiller sur elle

Bonne nouvelle, voici une veille qui ne vous laissera pas de marbre (de Carrare) et ne vous donnera pas envie de dormir.

Car, non, vous ne dormez et ne rêvez pas, la lumière rouge qui brille, là, vous la voyez ? Viola vous a laissé un message.

Euuuhh, un message ? mais mon téléphone ne fait pas une lumière rouge quand j’ai reçu un message, sur whatsapp non plus d’ailleurs ! C’est nimp cette histoire de lumière rouge…

Non non cher babéliote en ce temps-là, 1918, pas encore de portable. La lanterne recouverte d’un tissu rouge qui brille de mille feux à la fenêtre de la Villa, signale le message écrit par Viola sur du beau papier à l’encre verte, et déposé au creux d’une souche. C’est vraisemblablement moins rapide et un tantinet moins pratique qu’un banal portable mais avouez que ça a quand même beaucoup plus de gueule et de charme !

Mimo guette cette lumière, le code secret établi avec Viola. Lors de leur rencontre, Mimo et Viola sont deux adolescents de 13 ans. Mimo tombe immédiatement raide dingue de la belle et rebelle Viola Orsini, fille de la puissante famille du village. Viola va lui faire découvrir le monde du savoir et des livres en subtilisant des ouvrages dans la très fournie bibliothèque familiale ; art, sciences, les découvertes sont multiples pour Mimo à l’aide la précoce Viola qui se projette en Léonard de Vinci au féminin.

Une amitié indéfectible va naître de cette rencontre, une histoire d’amitié- amour platonique éternel que nous raconte Mimo, mais pas de la manière la plus confortable qui soit. En ce jour d’automne 1986, Mimo Vitaliani est sur son lit de mort, il tente de dire quelque chose. Une oreille se penche pour recueillir ses confessions. Cette oreille c’est la nôtre, c’est à nous que Mimo (de son vrai prénom Michelangelo) va murmurer dans ses derniers souffles ce que fût sa vie.

Dans un formidable travellling arrière nous repartons en 1904, à la naissance de Mimo découvrir ses racines, ses origines pauvres, son enfance meurtrie et son adolescence mises en regard des différents événements politiques de l‘époque (les guerres, la montée au pouvoir de Mussolini), puis l’ascension de Mimo et son rayonnement lorsqu’il va atteindre le sommet de son art. Mimo n’est plus n’importe qui, un moins que rien, il est devenu un grand sculpteur, digne de porter le prénom de son illustre prédécesseur.

Mimo un être hors-norme, dans tous les sens du terme, car Mimo souffre d’achodronplasie (autrement dit de nanisme). Mimo a une revanche à prendre sur la vie, il veut briller, devenir l’égal de la riche famille Orsini. Le souvenir du mépris affiché par les parents et le frère ainé de Viola lors de leur première rencontre qui ne s’est pas déroulée sous les meilleurs auspices reste encore cuisant malgré les années.

Après m’être régalée avec Des diables et des saints, j’attendais avec impatience la sortie du nouveau Jean-Baptiste Andréa. J’ai été absolument conquise par Veiller sur elle, par cette incursion en Italie (les auteurs semblent s’être donné le mot en cette rentrée littéraire), de la petite ville ligure fictive de Pietra d’Alba, à Florence et Rome, des bas-fonds citadins à la luxueuse villa des Orsini ou aux bureaux du Vatican.

Il y aurait tant à dire, je ne me suis pourtant jamais perdue dans ce livre foisonnant, tumultueux, riche en personnages, époques et rebondissements.

Aux grincheux qui s’ennuient dans cette rentrée littéraire, conseillez cette lecture, j’espère qu’une scintillante lumière rouge leur rendra leur bonne humeur.

Je vous laisse le plaisir et le soin de découvrir qui se cache derrière ce fameux Elle.

Aurez-vous envie à votre tour de veiller sur elle ? Je retourne à son chevet…

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Cent millions d'années et un jour

Il se rappelle… alors qu'il part à l'assaut de la montagne en véritable alpiniste, bravant les dangers à la recherche d'un hypothétique squelette de dinosaure qui le ferait entrer dans l'histoire de la paléontologie, une découverte qui l'aiderait à braver ses difficultés … il se rappelle… son enfance avec sa mère tant aimée et dont il fut privé, son impitoyable père, dit « le commandant », patriarche tout puissant, qui veut faire un homme de sa progéniture, il se rappelle l'école du village, lui l'enfant au milieu des autres, différents, incompris, avec pour amis, un trilobite déniché à coups de marteau dans une pierre et Pépin son chien.



Il revoit sa vie tandis qu'avec l'équipe qu'il a convaincue pour partir affronter les sommets à la recherche du plus beau fossile jamais mis en évidence. Et c'est avec Gio le guide, Umberto son collègue et ami, Peter, étudiant en paléontologie qu'il fera cette ascension.

Périlleuse sera cette aventure dans ce milieu montagnard qui sait si bien se défendre, milieu hostile et impitoyable pour qui ne respecte pas ses règles.





Un délice que ce roman, à la fois léger et profond, dans un style qui montre la façon dont l'auteur est capable d'inclure de l'ironie dans ses propos y compris dans l'épreuve que subit notre héros, comment il restitue l'ambiance montagnarde, le silence des sommets, la quasi personnification de cet espace.





La fin, qui se laisse dévoiler par le lecteur très progressivement laissera une sorte de malaise dans son esprit, ce fut là mon impression. Je n'ai rien ressenti de tel depuis la lecture de quelques ouvrages de Frison-Roche il y a bien longtemps.



Une écriture magnifique, pleine de poésie, de belles tournures, un roman à relire pour la beauté du texte.
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Veiller sur elle

Tout en souffle et subtilité, cette fresque historique se déroule dans l'Italie du XXème siècle. Siècle Italien très noir avec la montée du fascisme, le régime de Mussolini,

tyrannie politique mais on découvre aussi l'art de l'Italie!



Ces rencontres dites "improbables" ouvrent l'espace de tous les possibles, de cette lumière :

La lumière qui permet de vivre !

Deux personnages :

Viola femme indépendante, forte, brillante, riche, arrogante et tendre.

Mimo né pauvre, maladroit, inculte, atteint de nanisme

est un génie de la sculpture.



Ce n'est pas une romance : c'est plus fort !

Ces deux héros s'aiment, parfois au point de se détester.

Amour, amitié et détestation.

Ils ne se laisseront pas détruire par les obstacles, les circonstances : ils vont se relever, ne jamais cesser de s'enthousiasmer !

Entre eux la lumière vacille mais ne s'éteint jamais !



Viola veut déployer ses ailes, se battre pour sa liberté de femme ! Elle se heurte aux tyrannies de sa famille, de la société patriarcale qui la condamnent à l'obscurité !

Mimo aux dix mille vies, sculpteur depuis sa naissance, son combat pour s'élever, son refus de se faire traiter de nain : il veut prendre sa revanche sur le sort !

Il va se battre pour sa seule liberté :

Son Art et sculpter sa Piéta.

Tous les deux liés, jumeaux cosmiques, refusent toutes les normes, ne se résignent jamais.

Viola intelligente et cultivée, invite Mimo à lire, sortir de sa condition et lui façonne une conscience politique dont il est totalement dépourvu !



Je suis entrée dans ce roman et la magie a opéré !

J'ai voyagé entre Rome et Gênes en passant par Florence Cette lecture originale m'a tenue en haleine !

Cinq cent quatre vingt pages d'un récit fougueux, peuplé de personnages truculents, émouvants servi par une écriture poétique, sensuelle et inventive !

Les dialogues magiques apportent une force supérieure.

La narration mise sur la simplicité absolue !

Je salue le talent de l'auteur pour sa très belle histoire

pleine de grâce et de beauté !



Veillez sur la Piéta

Mimo veille sur Viola ....

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Ma reine

Voici un joli premier roman qui nous conte l'histoire d'un jeune adolescent pas comme les autres.

Shell ne grandira plus dans sa tête, alors il veut montrer qu'il peut devenir un homme en partant à la guerre.

La guerre c'est loin, avant d'y parvenir il vivra des moments douloureux et d'autres bien lumineux dès qu'il rencontrera Viviane.

Dans cette garrigue provençale, elle l'aidera à rester caché des gendarmes.

Lui qui n'en a jamais vraiment eu, a une amie ... une reine ! Et à une reine, on obéit toujours !



Entre amour et amitié, entre enfance et adolescence, entre poésie et dure réalite, Shell nous offre la grâce de sa naïveté.

On n'a pas envie de le laisser s'envoler, on veut encore lui tenir la main.

Est-ce la peine de vous le dire ? Vous avez déjà compris... j'ai beaucoup aimé cette lecture.
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Veiller sur elle

J'aime Jean-Baptiste Andréa, enfin ses livres, vous aviez compris !



J'ai bien eu un peu peur à un moment parce qu'on ne peut pas dire que Mimo soit attachant attachant et la chaleur humaine ne caractérise pas "Veiller sur elle" mais tel un magicien, l'auteur arrive à me retourner, c'était pareil avec "Cent millions d'années et un jour", et je finis le livre enchantée.



Bon, le pitch vous connaissez.

Mimo, italien d'origine, atteint de nanisme, naît en France en 1904. Son père, sculpteur meurt, sa mère l'envoie en Italie, à Turin chez un "oncle" qui a une dette envers sa famille : Alberto Susso. Ce dernier, alcoolique, violent, sculpteur sans talent, laisse petit à petit Mimo effectuer son travail. Avec ses sculptures, Mimo révèle déjà tout son génie.



C'est à Pietra d'Alba, où sa mère lui achète un atelier, qu'Alberto commence à sculpter pour les Orsini et pour l'Eglise. Mimo fait la connaissance de Viola Orsini, la fille de cette puissante famille de Liguri. Les 2 adolescents ont le même âge (13 ans au moment de leur rencontre), ils deviennent des âmes sœurs.



Inséparables malgré leur différence de condition, ils ne pourront jamais vivre longtemps éloignés l'un de l'autre.

Mimo s'affranchit de la pauvreté et de sa petite taille en devenant un sculpteur reconnu. Viola rêve de liberté et, féministe et intelligente, refuse de se résigner à la condition d'épouse que sa famille veut lui imposer.

Différents mais unis dans leur désir de s'émanciper de leur naissance, tous les deux vivent une grande amitié, voire un amour (même s'ils n'en parlent pas), une grande complicité en tout cas qui les unit à jamais.



Au-delà de ce destin romanesque, Jean-Baptiste Andréa, avec la belle plume qu'on lui connaît, retrace l'histoire de l'Italie entre les deux guerres, la montée du fascisme, l'arrivée de Mussolini, jusqu'à sa défaite.

L'influence de la religion, ses secrets, son pouvoir sont distillés tout au long du roman, composant une œuvre historique extrêmement intéressante.

Et bien sûr, l'Art, notamment la sculpture, est la clé de voûte de ce beau roman. On y rencontre Michelangelo Buonaroti ou encore Fra Angelico (j'ai pris plaisir à aller voir ses œuvres sur internet).



Bon, je ne vous ai pas parlé de l’œuvre majeure de Mimo, la Pieta, pleine de secrets, que le Vatican soustrait aux regards mais... c'est exprès ;) Faudrait pas non plus tout vous raconter !



J'ai encore une fois été envoûtée par la plume et les thèmes abordés par l'auteur, qui a finalement su me rendre les personnages attachants. Son écriture fluide, sobre et poétique à la fois est un régal.



Un beau roman à savourer!
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Cent millions d'années et un jour

Oh, quel roman !

Un paléontologue à la carrière sur le déclin décide d’aller réaliser son grand rêve : trouver un squelette de dinosaure qui serait piégé dans une grotte de glace.

Accompagné d’un guide de montagne, Il embarque dans la foulée son ancien assistant et ami Umberto et Peter, un jeune scientifique.

J’ai lu ce roman d’une seule traite, c’est à la fois un récit d’aventures, une quête fantastique, un roman initiatique, l’histoire d’un rêve et le roman d’une vie.

J’ai eu froid avec eux, j’ai eu peur, j’ai été exaltée par l’idée de cette découverte fabuleuse, par ce cheminement inouï au cœur des montagnes, j’ai été en colère par moment, j’ai eu mal, j’ai été désillusionnée, et j’ai finalement réussi à atteindre… à vous de découvrir quoi !



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Veiller sur elle

En 1986, dans une communauté religieuse, entouré de 32 frères, Michelangelo Vitaliani dit "Mimo", vit ses dernières heures.

Dès la page 12, il prend la parole pour nous conter son parcours de vie. Quelle vie !

Né en 1904 en France, son père italien , sculpteur a le temps de lui transmettre son métier et les bons gestes avant de partir à la guerre et de mourir. Mimo n'a que 10 ans.

Le métier de son père reste gravé dans sa mémoire.

Orphelin de père, il arrive chez un sculpteur minable qui le refuse presque à cause sa petite taille.

Dans le petit village de Pietra d'Alba, il fait la connaissance de Viola d'Orsini, fille de la plus riche famille du village, une fille étrange, fantaisiste, révoltée contre la condition de la femme, désobéissante quant à leurs rendez-vous secrets mais bien consciente de son rang à tenir.

Leurs classes sociales les séparent mais ils se rencontrent souvent dans le cimetière.

Un lien indissociable les unit, une entente indestructible les rassemble.

J'aimerais écrire qu'ils sont là l'un pour l'autre mais c'est Mimo qui se souciera plus de Viola à distance et lors de leurs rencontres.

Le titre "Veiller sur elle " prend tout son sens dès le début de leur rencontre.

Le temps du récit est tout à fait remarquable comme s'il n'avançait pas vite. Ils ont treize ans, quatorze ans, quinze ans...En tant que lectrice, je me réjouissais du temps qui s'écoulait lentement et rapidement à la fois étant donné qu'on retrouve Mimo à la veille de sa mort en 1986.

L'écriture de Jean-Baptiste Andrea est empreinte d'un belle poésie très vivante. En effet, Mimo a une vie très mouvementée, pas monotone du tout.

Je souhaite un très bon parcours au roman que j'ai déjà eu du mal à trouver dans mes deux librairies habituelles.

J'ai dû aller un peu plus loin car je désirais commencer la lecture le jour même où je l'avais décidé.

Un petit caprice de temps en temps, ça met du piment.





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Veiller sur elle

Scoop !

Futur Prix Goncourt !!!



(Je vous explique pourquoi en fin de chronique)



Quelle déception !

Alors que tout était réuni pour que je passe un bon moment en compagnie de Mimmo (l´Italie, l'histoire du pays, l´art...), me voilà fort déçu en refermant ce (trop) long roman. Et je suis même en colère. En colère contre Jean-Baptiste Andrea d'avoir pondu cette histoire sans aucune aspérité, banale et sans émotion. Alors oui, il aura eu le mérite de me rendre en colère mais ce n´est pas ce que j'attends d´un roman.



Je ne vous raconterai pas l'histoire (banale) que vous pourrez trouver partout.



Je me suis ennuyé à suivre la complainte de ce nain incompris, lisse et en mal de reconnaissance au point de se compromettre avec le Parti et de devenir un artiste adoubé par le régime fasciste. Mimmo est un personnage passif qui ne lève jamais la voix.



J´aurais aimé être conquis par l'articulation de la petite histoire dans la grande Histoire. Mais las... j´ai le sentiment qu´Andrea, très scolaire, a cherché à plaquer les grands événements du siècle (et encore, il a eu la bonne idée de faire passer les 40 dernières années de la vie de Mimmo reclus dans un monastere) sur son histoire. J´ai hurlé en lisant les quelques lignes tombées d´on ne sait où sur la déportation des juifs par les fascistes. Un personnage disparu depuis plusieurs centaines de pages réapparaît pour demander à Mimmo de l´aider à faire fuir sa sœur juive ...



Le dénouement de l´histoire aurait pu être interessant si l´idée avait été creusée sur de plus longues pages. J´ai le sentiment d´une fin bâclée comme si Andrea voulait en finir et nous épargner les souffrances de fin de roman.



Peut être sauverais-je le personnage féminin: Viola.



Bref, une très grosse déception et comme à chaque fois que je n'aime pas un roman, il reçoit le Goncourt. Je félicite donc l'auteur pour cette récompense.



Et je sais déjà qu´il a trouvé son lectorat. Donc une voix dissonante importera peu.
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Veiller sur elle

« - C’est ridicule, tout ça.

- Qu’est ce qui est ridicule, Mimo ?

- Toi, moi. Notre amitié. Un jour on s’aime, le lendemain on se déteste… Nous ne sommes pas des aimants. Plus nous nous rapprochons, plus nous nous repoussons.

- Nous ne sommes pas des aimants. Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silences. »



Cette citation renvoie avec exactitude l’atmosphère de ce magnifique roman où je me suis délicieusement nourri d’autant d’amour que de haine, de beauté que de laideur, de pauvreté que de richesse bercé dans une ambiance poétique. J’ai ressenti un réel bonheur de lecture dans l’élégance des phrases de J.B Andréa lorsque chaque point final procure soit la quiétude, soit l’inquiétude mais offre toujours le rêve.

C’est un Goncourt de circonstance.

Un Goncourt dans la veine du « Soleil des Scorta » ou de « Tout les hommes n’habitent le monde de la même façon » qui peut séduire un grand nombre par la force de l’intrigue et la manière accessible et passionnante de la relater.

Il y a du « Martin Eden » de Jack London dans l’ascension sociale de Mimo. Pour conquérir sa place, atteindre son but, la lutte est présente à chaque page.

La chasse à l’autre.

Pour Mimo, Viola, fille de la richissime famille Orsini est son amour sans étreinte, son âme-sœur sans état d’âme, son revient va-t’en, sa muse qui ne s’amuse pas, son oiseau aux ailes brisées, son fantôme du bonheur, sa caractérielle de malheur, sa soif de vivre et sa faim de mourir paisible.

Pour Viola, Mimo est sa normalité, son centre de gravité.



L’auteur a su rendre son héroïne tellement attachante que par instant, je l’ai cru échappée d’un roman de Pierre Benoit. Pour tracer un portrait si touchant, si ensorcelant, il faut sans doute faire partie de la confrérie confidentielle des hommes qui aiment les femmes.



J.B. Andréa me régale de ses mots ciselés. Extraites de son texte énergique, vivantes et imagées les figures romanesques apparaissent aussi polies que les sculptures de Mimo. Chaque page façonne le relief des caractères avec les creux et les bosses, les déboires et les réussites rythmés par les trahisons et les intérêts de chacun.



Le contexte historique avec la montée du fascisme italien augmente la tension de cette saga familiale dramatique où Stefano et Francesco, les frères de Viola détiennent la force du sabre et la puissance du goupillon. La violence et la rigueur de leurs influences sont traduites avec l’importance suffisante pour concevoir la chape de plomb qui pèse sur la destinée de Viola et Mimo.



« Écoute-moi bien. Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des coucher d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut s’arrêter de frapper. Tu comprends ? Non, monsieur.



Parfois, comme pour les sculptures, il en est de même pour les livres. Tu comprends ?

Oui, Monsieur Andréa.



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Cent millions d'années et un jour

Stan y s'lasse.

Paléontologue sans plus guère d'illusion, il n'a plus qu'une seule et unique obsession, découvrir le possible squelette d'un possible dragon possiblement conservé en l'état puisque prisonnier des glaces depuis moult siècles. L'info resterait à confirmer.

C'est en compagnie de son fidèle ami Umberto, alors escorté de son assistant Peter, et de Gio, guide dont la renommée n'est plus à faire, que les intrépides lascars allaient se frotter à une nature inaccoutumée et hostile, porteuse de promesses enchanteresses.



Perso, je déteste l'hiver et tout ce qui s'y rapporte.

Neige, poudreuse et autres délicats flocons iridescents, je vous hais, en toute sympathie.

Mon aversion pour cette saison est à l'aune de mon amour pour ce récit.



Quoi de plus beau, parfois de plus fou, que de s'entêter à poursuivre un rêve ?

Une possible chimère que l'on pressent vaine mais que l'on ne peut s'empêcher de convoiter, la passion dévorante l'emportant alors sur la raison cartésienne.



Jean-Baptiste Andrea aura su faire évoluer ce groupuscule, le faire interagir avec brio au gré des difficultés rencontrées, des déceptions surmontées et des joies ineffables ressenties pour nous faire apprécier à sa juste valeur ce jusqu'au-boutisme absolu.



Porté par une écriture aux faux airs d'avalanche ou chaque mot y aurait, tel le maillon d'une chaîne d'alpinistes, sa juste place, ce récit passionne autant qu'il émeut.



À ma gauche, l'homme, anorak kaki, piolet de type Benjamin, en acharné et valeureux combattant.

À ma droite, la montagne, doudoune d'une blancheur immaculée format XXXL, aussi âpre que céleste.

Le combat apparaît disproportionné.

Il l'est.



Le lecteur, en témoin privilégié, la quittera pourtant à regret, légèrement déçu que ces Cent Millions d'Années et un Jour n'aient pas eu un petit goût d'éternité.
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Veiller sur elle

Quel plaisir de retrouver Jean-Baptiste Andrea !

Après avoir lu « Cent millions d'années et un jour » dont j'avais apprécié l'équilibre entre la justesse de l'écriture et l'émotion autour des personnages, je m'étais promise de revenir un jour vers cet auteur.

Mon choix s'est porté sur « Veiller sur elle », pas seulement en raison du prix Goncourt 2023 qu'il a obtenu, mais surtout à cause du mystère entourant son titre et de la thématique liée à l'Art.



*

Cette histoire est celle d'une magnifique amitié entre Michelangelo Vitaliani, surnommé Mimo, un sculpteur de pierre de génie et Viola Orsini, l'héritière d'une famille issue de la noblesse italienne.

De cette rencontre improbable va naître la statue de la Piéta, dissimulée dans les sous-sols d'une abbaye. le Vatican tient en effet, à la garder à l'abri des regards et pour en saisir la raison, le lecteur va devoir plonger dans le destin incroyable de son sculpteur.



Ce roman commence par la fin. Mimo devenu vieux agonise dans sa cellule. Entouré et veillé par ses frères, il est le seul à ne pas être moine. On raconte une étrange histoire à propos de cet homme aux doigts de fée : il serait là pour veiller sur elle. « Elle qui attend, dans sa nuit de marbre, à quelques centaines de mètres de la petite cellule. Elle qui patiente depuis quarante ans. »



*

Le roman se déploie sur un demi-siècle d'Histoire pour élucider l'énigme autour de cette statue et de cet artiste au nom prédestiné.

Jean-Baptiste Andrea, en merveilleux conteur d'histoires, nous fait changer d'époque. Par une construction originale qui traverse le temps et convoque les souvenirs, on remonte au début du XXème siècle pour revivre, sur près de six cents pages, l'Histoire de l'Italie au rythme de ses grands bouleversements : la première et la seconde guerre mondiale, la montée du fascisme.



*

Le récit porte en lui le dépaysement et le charme de l'Italie.

Si l'auteur saisit les bas-fonds de Florence et de Rome, il transcende la beauté des collines entourant Pietra d'Alba et le domaine des Orsini par son écriture vivante, rythmée et chaleureuse, pleine de poésie et de délicatesse. L'auteur en capture la beauté surannée, les parfums subtils des orangers, l'odeur iodée portée par le vent venu de la mer, la palette de couleurs chaudes et douces avec ses tonalités de terre cuite et le rose de son marbre.



*

Jean-Baptiste Andrea offre des personnages hauts en couleur, charismatiques, pleins d'humanité, touchants de part leurs émotions, leurs rêves, leurs expériences, leurs failles et leurs erreurs. Leurs portraits provoquent l'empathie ou l'antipathie immédiates du lecteur.



Dès les premières pages, je me suis attachée au jeune Mimo, à son combat pour devenir un sculpteur respecté et estimé. Cela provient sans aucun doute du fait de vivre dans un même temps, l'émotion de ses derniers instants et l'élan de ses jeunes années.



Face à Mimo, Viola est tout en exubérance, fragile et rebelle à la fois.

Le lecteur est le témoin privilégié de leur amitié indéfectible, de leur complicité, de cette force magnétique qui les attire l'un vers l'autre tout en les repoussant inextricablement. Leurs destins s'effleurent, se frôlent, s'éraflent, se croisent et se décroisent sans jamais se rejoindre réellement.



« Elle me sourit, un sourire qui dura trente ans, au coin duquel je me suspendis pour franchir bien des gouffres. »



J'ai adoré et savouré ma rencontre avec Viola : j'ai aimé son extravagance, sa folie et son intelligence, sa force de caractère et son besoin de s'affranchir, d'aller contre son temps. Malgré ses fêlures, Viola a soif de connaissance, elle aspire intensément à la vie, la liberté.



« Viola était une funambule en équilibre sur une frontière trouble tracée entre deux mondes. Certains dirent entre la raison et la folie. Je me battis à plus d'une reprise, parfois physiquement, contre ceux qui l'accusèrent d'être folle. »



L'auteur a été aussi très attentif aux personnages secondaires, dressant de superbes portraits, bons ou mauvais. Celui d'Emmanuele Orsini, un des frères de Viola, est particulièrement réussi.



*

C'est une lecture résolument romanesque et intimiste qui se concentre sur les personnages mais qui nous fait pareillement voyager dans le monde de l'Art, dans un passé à la fois proche et lointain. Elle parle de la puissance des rêves, du lien étroit entre le sculpteur et la pierre, de la force du savoir et de la connaissance par les livres, de la valeur des rencontres et de l'amitié malgré l'appartenance à des milieux sociaux différents.



*

Je ressors enchantée de cette escale de quelques jours au coeur de l'Italie. Je retiendrai de ce superbe roman la qualité du texte, la sensibilité et la douceur de la plume de Jean-Baptiste Andrea, la profondeur des deux personnages principaux, leur amour platonique et pudique et ce dénouement émouvant qui dévoile enfin le secret entourant la Piéta.



Entre humour et tragédie, un excellent moment de lecture !
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Cent millions d'années et un jour

Moi qui baille d'ennui devant les collections de fossiles de certains musées, je me suis laissé embarquer dans ce "thriller paléontologique" sans en perdre une ligne. J'ai suivi pas à pas nos quatre héros : Stan, paléontologue de son état, Umberto, son ancien assistant, Peter, stagiaire de Umberto et Gio, un vieux guide italien, chargé de la logistique de l'expédition en montagne organisée par Stan. Leur quête du Graal ? Un dinosaure dont les restes seraient enfouis dans une grotte au pied d'un glacier alpin quelque part entre la France et l'Italie.

Mais ne vous y trompez pas, ce qui pourrait être au départ un roman de montagne va se révéler un subtil mélange entre conte initiatique et roman réaliste. A commencer par les héros : Umberto, un géant débonnaire surprenant de douceur et de légèreté ; Peter, un magicien ventriloque qui ne se sépare jamais de Youri, une marionnette irrévérencieuse qui est aussi son alter ego. Si l'on ajoute à cette galerie de personnages, les fantômes du passé de Stan, son père, un ogre irrasciible dont la brutalité aura raison de sa malheureuse mère, une princesse perdue au destin tragique, nous sommes bien, vous l'aurez compris dans un conte noir et cruel.

Oui, mais pas que...Et c'est ce qui fait toute l'originalité et la saveur de cette histoire dans laquelle nous embarque Stan, le narrateur. Car ce "dragon" comme le nomme la petite fille rencontrée par hasard dans une soirée chez des collègues du narrateur, va devenir dans l'imagination de ce dernier ce fameux brontosaure dont on n'a jamais pu prouver l'existence et qui se cacherait bel et bien dans cette grotte supposée se trouver au pied d'un glacier quelque part entre la France et l'Italie.

Et c'est là, qu'entre en scène le cinquième protagoniste de cette histoire : la montagne. Une sorte de forteresse inviolable, qui se défend comme elle peut contre l'assaut des humains : crevasses qui sont de véritables chausses-trappes, voies d'accès comme la Via Ferrata, d'une extrême dangerosité, orages qui transforment la montagne en une sorte d'enfer d'eau et d'éclairs. Et cette expédition va prendre des allures de combat de Titans... Combat qui est marqué le rythme implacable de l'horloge des saisons : l'été, l'automne dont la fin marque inexorablement la fin de l'expédition avec sa réussite ou son échec...

Ce que j'ai particulièrement aimé c'est le suspense que l'auteur a su instaurer entre les drames qui se jouent sur le glacier et ceux qui surgissent, au gré des flashback, du passé de Stan. L'étau se resserre au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire et l'on sent que l'on s'achemine sans échappatoire possible vers le dernier acte qui ne nous décevra pas car les dernières pages du roman sont magnifiques.

Je terminerai cette chronique avec une mention spéciale pour la plume de j B Andrea dont le caractère ramassé va de pair avec une puissance d'évoca-tion qui mérite d'être soulignée.
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Veiller sur elle

Un vrai coup de cœur pour, Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea. Je trouve qu’il a amplement mérité son prix, pour une fois, je suis totalement d’accord. Pas une once d’ennui, une écriture magnifique, à chaque page, un fait nouveau qui nous pousse à continuer et à ne pas poser le livre.



Énormément de belles critiques, donc je vais faire court.

Mimo, vient de perdre son père, sa mère n’ayant pas les moyens de l’élever, elle le pousse dans les bras, d’un obscur sculpteur de pierres, oncle, cousin, ami,…. Il devait faire office d’apprenti, mais c’est plutôt, le garçon à tout faire. Malmené, pas rémunéré, s’il réussit en catimini à sculpter quelque chose, les retombées vont à son maître, jaloux, buveur. Mimo s’accroche et sera un génie, bien au-delà de ses espérances.



Entre Pietra d'Alba, Florence, Rome, sa réussite sera fulgurante, atteint de nanisme, il se battra pour être respecté. Il fera la connaissance de Viola Orsini, super intelligente, qui rêve de voler, des idées, qui la feront passer, pour quelqu’un de bizarre, un peu sorcière, une famille très riche. Ils s’acharneront pour pouvoir vivre leurs rêves.



Une amitié sincère et à toute épreuve les lieront à tout jamais, des jumeaux cosmiques. Cette merveilleuse relation, aura pour fond historique, l’Italie, durant la première guerre mondiale, Mussolini, le fascisme. Les descriptions de la campagne avec ses champs d’oranger, de bigaradier sont sublimes, j’ai aimé aussi la vision des bouges de Florence et Rome, ainsi que la faune qui y sévit.



Une magnifique lecture, tout en émotions, bouleversante. Bonne lecture et bonnes fêtes à tous.

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Veiller sur elle

Je suppose que vous connaissez la Pieta de Michel-Ange. Une sculpture magnifique, la plus belle du monde, dit-on. Mais vous ne connaissez pas la Pieta de l’autre Michel-Ange si vous n’avez pas lu ce roman qui transporte, tourbillonne et ramène aux racines de soi-même !



Oui, Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, est un sculpteur de génie, même si, à sa naissance, la sage-femme l’a traité de « piccolo problema »... Il est né en France en 1904 et est renvoyé par sa mère en Italie après la mort de son père en 1914. Il habitera dans un village où la pierre est rose comme l’aube, Pietra d’Alba : « A Pietra d’Alba, la fortune venait de couleurs qui changeaient avec le soleil, d’une délicieuse amertume ou d’une sensation de sucré dans un matin froid ». Il devient l’esclave d’un « oncle » à qui sa mère l’a confié, un sculpteur lui aussi, mais qui, lorsqu’il découvre la première sculpture du petit, en conçoit une jalousie terrible. Heureusement, dans la villa de la famille Orsini, à quelques pas de chez lui, habite une petite fille qui ne sera pas étrangère à son destin. Veiller sur elle sera le projet de sa vie et l’emmènera vers des hauteurs insoupçonnées.



Dieu que ce roman m’a emportée ! Continuellement, Jean-Baptiste Andrea passe du divin au prosaïque à l’aide d’un vocabulaire bien choisi et d’images poétiques. Son protagoniste flirte avec les sommets et côtoie les bas-fonds, tout entier possédé par l’amour difficile pour Viola Orsini, une petite fille, jeune fille puis femme qui n’accepte pas les frontières.



Une plongée dans Florence, puis dans Rome m’a rappelé les trésors de l’art qu’arborent ces deux villes ; un passage obligé par le fascisme m’a rappelé l’arbitraire et la calamité ; tout cela pour finir à genoux devant la Pieta, celle de Vitaliani, retirée dans un monastère éloigné afin que son auteur puisse veiller sur elle, où j’ai été définitivement conquise par l’émotion.

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Cent millions d'années et un jour

Je rêvais depuis plusieurs semaines de me lancer dans l’ascension de ce beau roman. Comme cela tournait à l’obsession, j’ai enfilé mes vieilles chaussures de montagne, fossiles qui pourraient intéresser certains muséums, tartiné mes lèvres de baume de graisse de Mammouth et revêtu une combinaison de ski qui avait dû être un jour à la mode, il y a environ cent millions d’années.

Ainsi attifé, je me suis lancé sur ce sentier déjà très emprunté dans les bibliothèques et balisé par de nombreux lecteurs depuis sa parution, pourtant datée de notre ère. Inutile donc d’espérer planter mon drapeau d’explorateur littéraire au sommet de ma pile de livres. Dernier de cordée, Mister Président !

- T’aurais pas vu un fossile ? ai-je demandé à mon sherpa après quelques pages.

Elle me toisa dans ma tenue d’un air dépité et me répondit par l’affirmative…



Stan, le personnage central de ce roman en découvrit aussi un dans sa jeunesse, un tribolite. Une rencontre qui bouscula son destin. L’exploration du passé lui permit d’échapper à une jeunesse malheureuse et solitaire placée dans l’ombre menaçante d’un père brutal. Le jeune garçon devint paléontologue mais sa carrière universitaire le priva d’aventures. Indiana Jones cloîtré dans un amphithéâtre.

Sur la base d’une anecdote contée par une fillette dans une soirée mondaine, Stan convie son ancien assistant Umberto à une ultime campagne sur un glacier perdu entre la France et l’Italie, à la recherche de la postérité scientifique et d’un monstre préhistorique qui serait prisonnier des glaces depuis des millions d’années. Un sorbet au dinosaure s’il vous plait ?

Accompagnée d’un vieux guide taiseux et de Peter, jeune scientifique allemand bavard un peu ventriloque, la cordée part à l’assaut du glacier.

Place au vertige des mots en haute altitude. Jean Baptiste Andréa donne vie à la montagne et entraîne le lecteur dans une randonnée qui chemine du rêve vers l’obsession. Sa prose fut pour moi comme une plume offerte au vent du récit, tantôt effleurant avec douceur l’âme des personnages, tantôt un tourbillon qui faisait voleter les pages au gré des caprices de la nature et des hommes.

Il est de coutume de dire que dans un voyage, ce n’est pas la destination qui compte mais le chemin parcouru. Bon, dans la vraie vie, je préfère quand même bouquiner sur une plage paradisiaque que pendant quinze heures dans l’avion qui m’y transporte. Mais dans le récit, si je fus tenu en haleine (de brontosaure ou de dragon) par la perspective d’une découverte extraordinaire au côté des personnages, je pense que je garderai surtout le souvenir de la prose de l’auteur.

Je fus impressionné par l’élégance avec laquelle il alterne le récit de l’expédition avec celui de la jeunesse de Stan, profitant du sommeil des héros dans leur refuge pour remonter le temps. Un poète de la transition.

Petits « Poucetons », inutile de prendre des cailloux dans vos poches pour ne pas vous perdre dans ce beau roman. Aucun cairn ne peut suivre la folie des hommes.

Comme dirait un certain Jean Jacques, « j’irai au bout de mes rêves, où la raison s’achève ». Jean- Baptiste Andrea connait l’adresse.

Billet un peu sinueux, je le concède, mais très admiratif de ce roman.













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Cent millions d'années et un jour

Cent millions d'années et un jour n'est pas un coup de cœur, c'est un coup de foudre ! N'ayant pas lu Ma Reine, c'est sans attente ni a priori que j'ai débuté la lecture de ce roman dont je ne savais rien.



J'ai immédiatement été saisie par l'histoire double de Stan qui part en quête d'une chimère pour se sentir enfin exister, enfin être un homme.



Le style poétique de Jean-Baptiste Andrea m'a envoûtée et transportée sur les sommets de cette montagne glacée et rude qui transforme à jamais les hommes.



Je suis heureuse d'avoir découvert un nouvel auteur dont je vais me faire le plaisir de suivre de très près les futures publications :-)



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Veiller sur elle

Je me suis précipité sur Veiller sur elle, le dernier roman de Jean-Baptiste Andrea, car j’avais été enchanté par Des diables et des saints, le précédent. J’ai relu ma critique de celui-ci, ce que je vous invite à faire aussi, parce que pour celui-là, je pourrais presque me laisser aller aux mêmes mots enthousiastes. La lecture de Veiller sur elle a déclenché à nouveau en moi « toutes sortes d’émotions négatives et positives, compassion, consternation, indignation et aussi espoir, soulagement, éblouissement, sans oublier de fréquents sourires et même quelques rires francs ».



Bien entendu, l’histoire de Mimo n’a rien à voir avec celle de Joseph, mais un air de famille saute aux yeux. Des destinées personnelles toutes deux sous-tendues par une référence artistique suprême. Pour succéder au pianiste obsédé par les sonates de Beethoven, l’auteur a cette fois-ci imaginé un sculpteur tourmenté par la Piéta de Michel-Ange. Il en porte d’ailleurs le prénom.



Dès sa naissance, le sort s’avère ingrat pour Mimo, dont le nom complet est Michelangelo Vitaliani. Pauvreté, et surtout achondroplasie ! En compensation, un visage séduisant, de la force musculaire, une personnalité charismatique ; et puis une détermination, une envie de revanche et un talent pour la sculpture qui touche au génie.



Mimo fait ses classes à Pietra d’Alba, un village situé sur un plateau rocheux de Ligurie, où la pierre a pris des teintes de lever de soleil. C’est là, adolescent, qu’il rencontre Viola Orsini, une fille de marquis. Elle a son âge, des yeux intenses, une allure androgyne, un cerveau brillant, caustique et hypermnésique. Ses passions, ses ambitions, ses exigences sont fantasques. Mimo éprouvera pour elle jusqu’à sa mort, une sorte de fascination mystique. Chez Andrea, les amours de jeunesse sont pures et éternelles.



Des errances mènent Mimo à Florence et à Rome, en un temps où l’Etat italien, récemment unifié, cherche avec peine à s’affirmer. Des choix perdants d’alliance pour les deux guerres mondiales. Entre les deux, l’aventure fâcheuse du fascisme ; violence, dictature et mondanités. L’Eglise catholique reste toute puissante ; bienveillance, combinaisons et… mondanités. Chez les Orsini, une famille prestigieuse, on a tout compris et on a beaucoup d’ambition pour les frères de Viola. L’ainé meurt presque au champ d’honneur, le cadet sera presque pape, le benjamin aura presque été ministre de Mussolini.



C’est sur son lit de mort, que Mimo fait défiler la partie active de sa vie, en Italie, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’aux lendemains de la Deuxième. Sa narration est entrecoupée du récit de ses derniers instants, quarante ans plus tard, ainsi que de commentaires contextuels sur son œuvre et sur la sculpture du marbre.



Veiller sur elle est une fiction audacieuse et pleine de surprises. Elle pique la curiosité. L’envie de savoir qui veille sur qui ou quoi, et pourquoi ! Elle m’a enchaîné à ma lecture, chapitre après chapitre, presque à l’aveugle, car aucun de ces chapitres ne porte de titre ni de numéro, une habitude chez l’auteur. Cela pourra t’égarer, lectrice, lecteur, mais laisse-toi balader, tu trouveras ton plaisir. Les aventures vécues par Mimo s’inscrivent dans le cadre d’un mystère énigmatique, qui n’a pas été jugé digne des caves du Vatican, et dont la clé n’est dévoilée que dans les dernières pages.



Les péripéties sont relatées d’une plume fluide, imprégnée d’une pointe d’humour absurde. Une plume devenant lyrique pour dépeindre les couleurs changeantes des paysages de Ligurie, les déambulations dans les villes d’art italiennes, ou la beauté d’une sculpture semblant éclore d’un bloc de marbre. La richesse du vocabulaire et la grâce des métaphores sont éblouissantes.



Les sommets littéraires sont rares. Des diables et des saints en était un. Veiller sur elle en est un autre. Jean-Baptiste Andrea n’est pas le seul à les atteindre. Mais cela fait deux en l’espace de trente mois.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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