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Citations de Jean-Paul Sartre (2294)


Nous sommes une liberté qui choisit mais nous ne choisissons pas d'être libres: nous sommes condamnés à la liberté.
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Jean-Paul Sartre
Si je range l'impossible salut au magasin des accessoires, que reste-t-il? Tout un homme, fait de tous les hommes, et qui les vaut tous, et que vaut n'importe qui.
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Jean-Paul Sartre
L'antisémite a choisi la haine parce que la haine est une foi.
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# Morts sans sépulture

HENRI, doucement.

Lucie ! Est-ce que nous parlions beaucoup de nos morts? Nous n’avions pas le temps de les enterrer, même dans nos cœurs. (Un temps.) Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants combles, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J'ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un œuf. Il faut croire que je n’étais pas indispensable. (Un temps.) J'aurais voulu être indispensable. À quelque chose ou à quelqu’un. (Un temps.) À propos, Lucie, je t'aimais. Je te le dis à présent parce que ça n'a plus d'importance.

LUCIE

Non. Ça n'a plus d'importance.
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# La P… respectueuse

LIZZIE, d’une voix étranglée.

Sénateur !

LE SÉNATEUR

Mon enfant ?

LIZZIE

Je regrette.

LE SÉNATEUR

Qu’y a-t-il à regretter, puisque vous avez dit la vérité ?

LIZZIE

Je regrette que ce soit… cette vérité-là.
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**Les mouches**

ORESTE
[…] J'ai fait mon acte, Electre, et cet acte était bon. Je le porterai sur mes épaules comme un passeur d'eau porte les voyageurs, je le ferai passer sur l'autre rive et j'en rendrai compte. Et plus il sera lourd à porter, plus je me réjouirai, car ma liberté, c'est lui. Hier encore, je marchais au hasard sur la terre, et des milliers de chemins fuyaient sous mes pas, car ils appartenaient à d'autres. Je les ai tous empruntés, celui des haleurs, qui court au long de la rivière, et le sentier du muletier et la route pavée des conducteurs de chars ; mais aucun n'était à moi. Aujourd’hui, il n'y en a plus qu'un, et Dieu sait où il mène : mais c'est mon chemin.[…]
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**Les mouches**

LES HOMMES
Pardonnez-nous de vivre alors que vous êtes morts.
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**Huis clos**

INES

Ah ! oublier. Quel enfantillage ! Je vous sens jusque dans mes os. Votre silence me crie dans les oreilles. Vous pouvez vous clouer la bouche, vous pouvez vous couper la langue, est-ce que vous vous empêcherez d'exister ? Arrêterez-vous votre pensée ? Je l'entends, elle fait tic tac, comme un réveil, et je sais que vous entendez la mienne. Vous avez beau vous rencogner sur votre canapé, vous êtes partout, les sons m'arrivent souillés parce ce que vous les avez entendus au passage. Vous m'avez volé jusqu’à mon visage : vous le connaissez et je ne le connais pas. Et elle ? elle ? vous me l'avez volée : si nous étions seules, croyez-vous qu'elle oserait me traiter comme elle me traite ? Non, non : ôtez ces mains de votre figure, je ne vous laisserai pas, ce serait trop commode. Vous resteriez là, insensible, plongé en vous-même comme un bouddha, j'aurais les yeux clos, je sentirais qu'elle vous dédie tous les bruits de sa vie, même les froissements de sa robe et qu'elle vous envoie des sourires que vous ne voyez pas… Pas de ça ! Je veux choisir mon enfer ; je veux vous regarder de tous mes yeux et lutter à visage découvert.
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La vérité c'est que ça cause trop là-dedans. (Il se frappe le front.) Je voudrais le silence. (A Slick.) Ce qu'il doit faire bon dans ta tête : pas un bruit, la nuit noire.
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KARSKY
J'ai rencontré votre père la semaine dernière. Est-ce que ça vous intéresse encore d'avoir de ses nouvelles?
HUGO
Non.
KARSKY
Il est fort probable que vous porterez la responsabilité de sa mort.
HUGO
Il est à peu près certain qu'il porte la responsabilité de ma vie. Nous sommes quittes.
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JESSICA
Tu crois qu'on me prend par les sentiments?
HUGO
Non, ma petite statue de neige; je crois à la froideur de la neige. Le plus brûlant séducteur s'y gèlerait les doigts. Il te caresserait pour te réchauffer un peu et tu lui fondrais entre les mains.
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Ce sont les enfants sages, Madame, qui font les révolutionnaires les plus terribles.
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Raconte, ça ne sera pas difficile : c'est une histoire que je connais par cœur ; je me la répétais tous les jours en prison. Quant à dire ce qu'elle signife, c'est une autre affaire. C'est une histoire idiote, comme toutes les histoires. Si tu la regardes de loin, elle se tient à peu près ; mais si tu te rapproches, tout fout le camp. Un acte ça va trop vite. Il sort de toi brusquement et tu ne sais pas si c'est parce que tu l'as voulu ou parce que tu n'as pas pu le retenir.
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Je ne me suis pas trompé, pour ta chambre. Pas une fois. Tout est comme dans mon souvenir. (Un temps.) Seulement quand j'étais en taule, je ne disais : c'est un souvenir. La vraie chambre est là-bas, de l'autre côté du mur. Je suis entré, j'ai regardé ta chambre et elle n'avait pas l'air plus vraie que mon souvenir. La cellule aussi, c'était un rêve. Et les yeux d'Hoederer, le jour où j'ai tiré sur lui. Tu crois que j'ai une chance de me réveiller ?
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Là-bas, quand j'étendais les bras, je pouvais toucher à la fois les deux murs qui se faisaient face. C'est vrai : hors de prison on vit à distance respectueuse. Que d'espace perdu ! C'est drôle d'être libre, ça donne le vertige. Il faudra que je reprenne l'habitude de parler aux gens sans les toucher.
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les Allemands sont des êtres inférieurs qui ont la chance d'être nos voisins ; nous leur donnerons nos lumières
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Quand on vit seul, on ne sait même plus ce que c’est que raconter : le vraisemblable disparaît en même tant que les amis. Les évènements aussi, on les laisse couler ; on voit surgir brusquement des gens qui parlent et qui s’en vont, on plonge dans des histoires sans queue, ni tête : on ferait un exécrable témoin.
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"J'ai voulu que les moments de ma vie se suivent et s'ordonnent comme ceux d'une vie qu'on se rappelle.
Autant tenter d'attraper le temps par la queue".
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En prenant l'argent du bourgeois l'écrivain exerce son sacerdoce puisqu'il distrait une part des richesses pour l'anéantir en fumée. Et, du même coup, il se place au-dessus de toutes les responsabilités : devant qui donc serait-il responsable? Et au nom de quoi? Si on oeuvre visait à construire, on pourrait lui demander des comptes. Mais puisqu'elle s'affirme destruction pure, il échappe au jugement. Tout cela demeure, à la fin du siècle, passablement confus et contradictoire. Mais lorsque la littérature, avec le surréalisme, se fera provocation au meurtre, on verra l'écrivain, par un enchaînement paradoxal mais logique, poser explicitement le principe de sa totale irresponsabilité. A vrai dire, il n'en donne pas clairement les raisons, il se réfugie dans les maquis de l'écriture automatique. Mais les motifs sont évidents : une aristocratie parasitaire de pure consommation dont la fonction est de brûler sans relâche les biens d'une société laborieuse et productive ne saurait être justiciable de la collectivité qu'elle détruit. Et comme cette destruction systématique ne va jamais plus loin que le scandale, cela revient à dire, au fond, que l'écrivain a pour premier devoir de provoquer le scandale et pour droit imprescriptible d'échapper à ses conséquences.
La bourgeoisie laisse faire ; elle sourit de ces étourderies. Peu lui importe que l'écrivain la méprise : ce mépris n'ira pas loin, puisqu'elle est son seul public ; il n'en parle qu'à elle, il lui en fait la confidence ; c'est en quelque sorte le lient qui les unit. Et même s'il obtenait l'audience populaire, quelle apparence qu'il puisse attiser le mécontentement des masses en leur exposant que le bourgeois pense bassement? Il n'y a aucune chance qu'une doctrine de la consommation absolue puisse circonvenir les classes laborieuses. Au reste la bourgeoisie sait bien que l'écrivain a pris secrètement son parti : il a besoin d'elle pour justifier son esthétique d'opposition et de ressentiment ; c'est d'elle qu'il reçoit les biens qu'il consomme ; il souhaite conserver l'ordre social pour pouvoirs'y sentir un étranger à demeure ; en brel, c'est révolté, non pas un révolutionnaire.
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Je défie mes contemporains de me citer la date de leur première rencontre avec le cinéma. Nous entrions à l’aveuglette dans un siècle sans traditions qui devait trancher sur les autres par ses mauvaises manières et le nouvel art, art roturier ; préfigurait notre barbarie. Né dans une caverne de voleurs, rangé par l’administration au nombre des divertissements forains, il avait des façons populacières qui scandalisait les personnes sérieuses ; c’était le divertissement des femmes et des enfants ; nous l’adorions, ma mère et moi, mais nous n’y pensions guère et nous n’en parlions jamais : parle-t-on du pain s’il ne manque pas ? Quand nous nous avisâmes de son existence, il y avait beau temps qu’il était devenu notre principal besoin.
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