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EAN : 9782070323067
307 pages
Gallimard (24/05/1985)
3.66/5   171 notes
Résumé :
Écriture et lecture sont les deux faces d'un même fait d'histoire et la liberté à laquelle l'écrivain nous convie, ce n'est pas une pure conscience abstraite d'être libre. Elle n'est pas, à proprement parler, elle se conquiert dans une situation historique ; chaque livre propose une libération concrète à partir d'une aliénation particulière... Et puisque les libertés de l'auteur et du lecteur se cherchent et s'affectent à travers un monde, on peut dire aussi bien qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Qu'est-ce qu'écrire ? Pourquoi écrire ? Pour qui écrit-on ? En trois chapitres, trois réponses, Sartre développe sa vision d'homme engagé. Son essai est marqué par son temps, est partiel, partial, mais il a le mérite de soulever des questions essentielles (je n'ose dire... existentielles).
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Jean-Paul Sartre (1905 - 1980) est le représentant français du courant existentialiste, dont l'oeuvre et la personnalité ont eu un impact considérable sur la vie intellectuelle et politique de la France de 1945 à la fin des années 1970. Il est connu aussi bien pour son oeuvre philosophique et littéraire qu'en raison de ses engagements politiques, d'abord en liaison avec le Parti communiste, puis avec des courants gauchistes dans les années 1970. [cf son article sur wikipédia].

Écrivain prolifique, il publie pour la première fois en 1947 son essai Qu'est-ce que la littérature? dans la revue "Les Temps modernes" dont il est le fondateur et le directeur. Il est ensuite repris un an plus tard par Gallimard.

Pour présenter très sommairement de quoi traite cet ouvrage, je dirai qu'il s'agit d'un manifeste sur la littérature engagée, où il aborde les questions de ce qu'est qu'écrire, pourquoi et pour qui.

Quand on s'est intéressé même superficiellement à la critique littéraire et qu'on en vient à découvrir cet essai, on peut être dérouté par la banalité des remarques de Sartre sur la littérature. Passer après ma lecture de Notes et Contre-notes d'Eugène Ionesco et le théâtre et son double d'Antonin Artaud ne lui a pas fait de bien. Les théories des deux dramaturges apparaissent tellement révolutionnaires, originales et délurées que Sartre peine à vraiment intéresser tant son propos paraît évident. Il n'écrit que des théories déjà pensées. Cela ne veut pas dire pour autant que ce n'est pas intéressant. Il repose au contraire les bases des théories d'une littérature engagée et surtout réaffirme l'importance de l'écriture dans la société. Ça m'a simplement parut faire pâle figure à côté des deux autres essais précédemment cités.

Il s'agit bien évidemment d'un must-read quand on s'intéresse aux théories littéraires. Sartre pose les bases de tout ce qui a par la suite était contesté, revendiqué, extrapolé. On ne peut donc pas raisonnablement penser appréhender la critique littéraire sans l'avoir lu !

Lien : http://mariae-bibliothecula...
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La littérature est engagée dans L Histoire, qu'elle le veuille ou non et Sartre propose une histoire de la littérature 16e siècle jusqu'à 1947, en analysant les lecteurs, les intentions de lecture et la façon d'écrire de chaque époque. Il est aussi intéressant de voir la conception qu'a l'auteur de la littérature contemporaine. La pensée de Sartre est certes enrichissante, mais son écriture est ici beaucoup plus opaque et compliquée (différent de complexe) qu'elle ne l'est dans ses autres oeuvres.
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Je suis surpris par le fait qu'il y ait si peu de réponses pour une question pareille!
Pour moi, la littérature n'est pas tout et je pense qu'il y a des récits, des pièces de théâtre et des poèmes qui ne sont pas de la littérature. de même que toute réflexion n'est pas considérée comme philosophique, je crois qu'il y a des textes qui ont un aspect "littéraire" mais qui ne le sont pas vraiment. Mon opinion est que la littérature doit transmettre une certaine vision du monde, de l'existence et de l'être humain: je ne dis rien de nouveau, en fait, je crois que "le roman: une vision de l'homme et du monde" est bien une des séquences de la classe de première en français. Mais cette volonté anthropologique et analytique est aussi présente dans les poèmes (la subjectivité montre bien l'imaginaire, le monde du poète) et dans les pièces de théâtre (les répliques permettent d'analyser des comportements humains).
Pour moi, la description purement objective que je peut faire d'un fait, même si elle est parfaitement rédigée, ne fait pas partie de la littérature: ce n'est pas mieux ou pire, c'est différent.
Monsieur R. de S.
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J'ai toujours pensé que le Sartre philosophe était moins génial que le Sartre romancier... Cet essai, s'il demeure intéressant, n'en est pas pour autant indispensable. Les pensées qui y sont développées restent classiques en un sens et n'apportent rien de nouveau à un lecteur qui, je présume, à déjà une certaine connaissance des théories littéraires s'il ouvre ce livre.
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
- (...) C'est qu'on lit vite, mal et qu'on juge avant d'avoir compris. Donc, recommençons. Cela n'amuse personne, ni vous, ni moi. Mais il faut enfoncer le clou. Et puisque les critiques me condamnent au nom de la littérature, sans jamais dire ce qu'ils entendent par là, la meilleure réponse à leur faire, c'est d'examiner l'art d'écrire, sans préjugés. Qu'est-ce qu'écrire? Pourquoi écrit-on? Pour qui? Au fait, il semble que personne ne se le soit jamais demandé.
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Au XVIIe siècle, les convictions sont inébranlables : l’idéologie religieuse s’est doublée d’une idéologie politique que le temporel a sécrétée lui-même : personne ne met publiquement en doute l’existence de Dieu, ni le droit divin du monarque. La « société » a son langage, ses grâces, ses cérémonies qu’elle entend retrouver dans les livres qu’elle lit. Sa conception du temps, aussi. Comme les deux faits historiques qu’elle médite sans relâche – la faute originelle et la rédemption – appartiennent à un passé lointain ; comme c’est aussi de ce passé que les grandes familles dirigeantes tirent leur orgueil et la justification de leurs privilèges ; comme l’avenir ne saurait rien apporter de neuf, puisque Dieu est trop parfait pour changer et puisque les deux grandes puissances terrestres, l’Eglise et la Monarchie, n’aspirent qu’à l’immuabilité, l’élément actif de la temporalité c’est le passé, qui est lui-même une dégradation phénoménale de l’Eternel ; le présent est un péché perpétuel qui ne peut se trouver d’excuse que s’il reflète, le moins mal possible, l’image d’une époque révolue ; une idée, pour être reçue, doit prouver son ancienneté ; une œuvre d’art, pour plaire, doit s’inspirer d’un modèle antique. Cette idéologie, nous trouvons encore des écrivains qui s’en font expressément les gardiens. Il y a encore de grands clercs qui sont d’Eglise et qui n’ont d’autre souci que de défendre le dogme. A eux s’ajoutent les « chiens de garde » du temporel, historiographes, poètes de cour, juristes et philosophes qui se préoccupent d’établir et de maintenir l’idéologie de la monarchie absolue. Mais nous voyons paraître à leur côté une troisième catégorie d’écrivains proprement laïcs, qui, pour la plus grande part, acceptent l’idéologie religieuse et politique de l’époque dans se croire tenus de la prouver ni de la conserver. Ils n’en écrivent pas ; ils l’adoptent implicitement ; pour eux c’est ce que nous appelions tout à l’heure le contexte ou ensemble des présuppositions communes aux lecteurs et à l’auteur et qui sont nécessaires pour rendre intelligible à ceux-là ce qu’écrit celui-ci. Ils appartiennent en général à la bourgeoisie ; ils sont pensionnés par la noblesse ; comme ils consomment sans produire et que la noblesse ne produit pas non plus mais vit du travail des autres, ils vivent plus en collège, mais, dans cette société fortement intégrée, ils forment une corporation implicite et, pour leur rappeler sans cesse leur origine collégiale et l’ancienne cléricature, le pouvoir royal choisit certains d’entre eux et les groupe en une sorte de collège symbolique : l’Académie. Nourris par le roi, lus par une élite, ils se soucient uniquement de répondre à la demande de ce public restreint.
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En prenant l'argent du bourgeois l'écrivain exerce son sacerdoce puisqu'il distrait une part des richesses pour l'anéantir en fumée. Et, du même coup, il se place au-dessus de toutes les responsabilités : devant qui donc serait-il responsable? Et au nom de quoi? Si on oeuvre visait à construire, on pourrait lui demander des comptes. Mais puisqu'elle s'affirme destruction pure, il échappe au jugement. Tout cela demeure, à la fin du siècle, passablement confus et contradictoire. Mais lorsque la littérature, avec le surréalisme, se fera provocation au meurtre, on verra l'écrivain, par un enchaînement paradoxal mais logique, poser explicitement le principe de sa totale irresponsabilité. A vrai dire, il n'en donne pas clairement les raisons, il se réfugie dans les maquis de l'écriture automatique. Mais les motifs sont évidents : une aristocratie parasitaire de pure consommation dont la fonction est de brûler sans relâche les biens d'une société laborieuse et productive ne saurait être justiciable de la collectivité qu'elle détruit. Et comme cette destruction systématique ne va jamais plus loin que le scandale, cela revient à dire, au fond, que l'écrivain a pour premier devoir de provoquer le scandale et pour droit imprescriptible d'échapper à ses conséquences.
La bourgeoisie laisse faire ; elle sourit de ces étourderies. Peu lui importe que l'écrivain la méprise : ce mépris n'ira pas loin, puisqu'elle est son seul public ; il n'en parle qu'à elle, il lui en fait la confidence ; c'est en quelque sorte le lient qui les unit. Et même s'il obtenait l'audience populaire, quelle apparence qu'il puisse attiser le mécontentement des masses en leur exposant que le bourgeois pense bassement? Il n'y a aucune chance qu'une doctrine de la consommation absolue puisse circonvenir les classes laborieuses. Au reste la bourgeoisie sait bien que l'écrivain a pris secrètement son parti : il a besoin d'elle pour justifier son esthétique d'opposition et de ressentiment ; c'est d'elle qu'il reçoit les biens qu'il consomme ; il souhaite conserver l'ordre social pour pouvoirs'y sentir un étranger à demeure ; en brel, c'est révolté, non pas un révolutionnaire.
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Il n"y a que de bons et de mauvais romans. Et le mauvais roman est celui qui vise à plaire en flattant au lieu que le bon est une exigence et un acte de foi. Ainsi qu'il soit essayiste, pamphlétaire, satiriste ou romancier, qu'il parle seulement des passions individuelles ou qu'il s'attaque au régime de la société, l'écrivain, homme libre s'adressant à des hommes libres, n'a qu'un seul sujet : la liberté.
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La grave erreur des purs stylistes c'est de croire que la parole est un zéphyr qui court légèrement à la surface des choses, qui les effleure sans les altérer. Et que le parleur est un pur témoin qui résume par un mot sa contemplation inoffensive. Mais parler c'est agir. Toute chose qu'on nomme n'est déjà plus du tout à fait la même, elle a perdu son innocence.

Si vous nommez la conduite d'un individu vous la lui révélez : il se voit. Et comme vous la nommez, en même temps, à tous les autres, il se sait vu dans le moment qu'il se voit, son geste furtif, qu'il oubliait en le faisant, se met à exister énormément, à exister pour tous, il s'intègre à l'esprit objectif, il prend des dimensions nouvelles, il est récupéré. Après cela comment voulez-vous qu'il agisse de la même manière ?

Ainsi, en parlant, je dévoile la situation par mon projet même de la changer. Ainsi le prosateur est un homme qui a choisi un certain mode d'action secondaire qu'on pourrait nommer l'action par dévoilement. Il est donc légitime de poser cette question à tout jeune gens se proposant d'écrire : Quel aspect du monde veux-tu dévoiler, quel changement veux-tu apporter au monde par ce dévoilement ?
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