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Critiques de Jean-Paul Sartre (843)
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Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malga..

Si Malcom X avait connu Sartre, je pense qu'il se serai bien entendu. Sartre, en homme blanc qu'il est prend le temps de se mettre en observateur avisé de la situation coloniale, et toujours en tant que philosophe blanc, pousse la réflexion aussi loin que pourrai le faire tout les noirs opprimés de l'époque.



Le raisonnement est limpide, clair, frappant et s'appuie sur les textes présents dans l'anthologie pour décrire la négritude.



voici quelques images qui m'ont le plus marqué.



La négritude, est une revendication d'un regard subjectif que porte l'homme blanc sur l'homme noir. "Vous dites que nous somme noir, esclaves, et sauvages? Oui nous le somme, nous l'assumons et nous avons décidé de faire de ce que vous nommez des faiblesses le fondement de notre identité et de notre force "

Contrairement au juif, qui sont qualifié de juif par les nazi par exemple, peu importe qu'il l'admettent ou non, les noirs se servent de se regard porté sur eux pour se définir, et se réinventer.



Un autre paradoxe de la situation de colonialisme, c'est que pour se définir en tant qu'africain, les poètes noirs doivent passer par la langue française, la langue du colonisateur. Même dans leur effort de ré invention, il se trouve quand même en présence de cette homme blanc, qui par les mots se trouve partout, jusqu'au conciliabule le plus secret.



Pour contourner cette obstacle les poètes noirs, comme Aimé Césaire, vont donner un nouveau sens, aux mots, une chaleur, des thèmes propres, qui vont donner une nouvelle couleurs à la langue de l'oppresseur, et qui sera comprise de la même manière dans tout ce public de fils d'esclave qui se retrouve à travers les mers et les empires. Des thèmes récurrent qui représente l'Afrique dans toute sa force, le sable, les arbres, les tam tam, le rythme, ou la fertilité .



Sartre fait aussi un glissement de sens très important pour renverser la situation de l'homme noir en parlant de ces thèmes . Le Noir n'est pas l'homme de la technique, il n'est pas l'homme du savoir. Mais cette faiblesse est une force , car l'africain, n'a pas des tracteurs, des engrais, des semances, mais il est proche de la terre. Il est la semence de la terre lui même , qu'il ne cherche pas à contrôler, mais juste à protéger pour la laisser pousser. Son intelligence réside dans son intuition, il est conscient de son rôle qui est de laisser faire la nature, à son rythme. confiant et sur de son travail.



C'est un bel hommage à la civilisation noir qui lorgne alors sur son indépendance.
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Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malga..

Cette anthropologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de la langue française regroupe de nombreux poèmes marqués par le mouvement de la négritude.

Léopold Sédar Senghor y réunit des poètes tels que Aimé Césaire, Birago Diop ou encore Léon G. Damas pour que l'esprit de ces hommes fiers et de leurs ancêtres soient évoqués chacun à leur manière. Ainsi, si certains reprennent la forme et l'esprit traditionnel africain, d'autres par leur culture et leur vie occidentale composent avec des normes et règles poétiques plus classiques. L’œuvre mélange alors une polyphonie de voix où certaines compositions vous portent telle une possession shamanique, tandis que quelques pages plus loin, on se retrouve face à des poèmes africains hantés par la présence de Rimbaud. Le chant est tantôt rythmé, tantôt monotone. Le passé vient à la rencontre du présent afin de faire un point historique. Et la joie et la complainte se mêlent dans une effervescence d'émotions pour rappeler la beauté non seulement de l'homme noir, mais surtout de la plus belle de toutes les races : l'Homme.

La négritude fait alors preuve d'un grand élan humaniste. Il n'est plus question d'individualité, mais d'universalité.

A noter que cette anthropologie est ouverte par le magnifique texte « Orphée noir » de Sartre, qui pointe non seulement la force idéologique du mouvement, mais surtout que nous avons là quelques perles de la littérature francophone (si ce n'est, française).
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Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malga..

Léopold Sédar Senghor, poète et Président du Sénégal durant vingt ans propose, à la fin des années quarante, une anthologie de la poésie francophone d’une quinzaine d’auteurs d’Afrique, des Antilles et de Madagascar.



« Ecoute dans le vent

le buisson des sanglots.

C’est le souffle des ancêtres. »

Bigaro Diop, Sénégal



Dans sa préface, Orphée Noire, Jean-Paul Sartre tente de définir le concept, forgé par Aimé Césaire, de « négritude » comme une certaine « attitude affective à l’égard du monde » ainsi elle est éminemment, faut-il le rappeler, culturelle.



« Trop vieille es-tu, trop vieille, Europe, pour renaître à ces choses-là » Jacques Rabémananjara, malgache. Prisonnière d’une langue occidentale, fruit d’une colonisation forcée, la poésie noire s’attache à défranciser le langage, il ne s’agit pas là d’une spécificité, nombre de poètes s’insurgent contre les associations coutumières du langage, les surréalistes en tête.

Pour défranciser le langage, Jean-Paul Sartre remarque que les poètes s’autorisent de nouvelles associations ou « accouplements » de mots. Ce n’est pas une poésie simple. On peut être dérouté par les agencements, par les allégories, par le traitement de la langue qui ne s’offre pas immédiatement à l’intelligible et au commun.



« Un jour je suis venu pour faire pousser de l’or

je ne me rappelle plus quand

et dès le pur matin sifflait le vol des fouets

et le soleil buvait la sueur de mon sang »

Guy Tirolien, Guadeloupe



« Nous ne leur pardonneront pas, car ils savent ce qu’ils font » Jacques Roumain, haïtien. Epoque oblige, le surréalisme, dandysme révolté et impertinent ainsi que le marxisme prolétarien se mêlent à la résistance au fascisme xénophobe du maître d’esclaves d’hier. Les luttes convergent.

L’art est au service d’un combat, une violence du déracinement, une volonté violente et sensuelle de reféconder la terre natale, d’offrir à nouveau une perspective à ce peuple qui jadis fut un meuble, sous le Code Noir.



« Pou si cyclonn levé pou-ï raché toutt pié-boi ? » Gilbert Gratiant, martiniquais. Si les auteurs rencontrés sont inégaux dans leur art poétique, de l’aveux même de Senghor qui n’hésite pas à donner son avis sur ses confrères, il y a derrière l’apparente linéarité du thème, une poésie ethnique, qui peut échapper aux néophytes, un malgache n’écrit pas comme un créole haïtien ou guadeloupéen (certains poèmes créoles sont en bilingue).



« rendez-les-moi mes poupées noires que je joue avec elles

les jeux naïfs de mon instinct

rester à l’ombre de ses lois

recouvrer mon courage

mon audace »

Léon-Gontran Damas, Guyane



Mes préférences ne sont finalement pas les deux grandes « têtes d’affiche » du recueil que sont Senghor et le martiniquais Aimé Césaire. Mais je pense qu’une seule lecture, linéaire, ne permet pas d’appréhender la profondeur de ces textes.

Néanmoins, j’ai réussi à apprécier d’emblée les rythmes saccadés et entêtants du guyanais Léon-G. Damas, sa « complainte du nègre » et ses « poupées noires », j’ai adoré la mythologie des contes poétiques « d’Amadou Koumba » du sénégalais Bigaro Diop.



Et vous, qu’en pensez-vous ?
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Baudelaire

Cet essai est un portrait psychologique du poète ; Sartre n’aborde la production littéraire que pour étayer ses arguments au fil des pages. Un portrait nuancé mais parfois répétitif.

Une des idées qui m’a interpellée : Baudelaire est tellement épris par sa propre singularité qu’il se dédouble afin de se contempler dans un geste narcissique :

« L’effort de dédoublement prend ici la forme la plus nette : être à soi-même objet, se peindre comme une châsse, pour pouvoir s’emparer de l’objet, le contempler longuement et s’y fondre. P125

« L’attitude originelle de Baudelaire est celle d’un homme penché. Penché sur soi, comme Narcisse. [ ] Pour nous autres, c’est assez de voir l’arbre ou la maison ; tout absorbés à les contempler, nous nous oublions nous-mêmes. Baudelaire est l’homme qui ne s’oublie jamais. Il se regarde voir ; il regarde pour se voir regarder ». p23

Sur la douleur baudelairienne : « Elle ne fait qu’un avec son orgueil [ ]. La souffrance pour Baudelaire n’est pas le remous violent qui suit un choc, une catastrophe, mais un état permanent. [ ] Baudelaire a choisi de souffrir. La douleur, dit-il, est la noblesse ». p88

« Baudelaire : l’homme qui se sent un gouffre. Orgueil, ennui, vertige : il se voit jusqu’au fond du cœur, incomparable, incommunicable, incréé, absurde, inutile, délaissé dans l’isolement le plus total, supportant seul son propre fardeau, condamné à justifier tout seul son existence, [ ] replié dans la contemplation et, en même temps, jeté hors de lui en une infinie poursuite, un gouffre sans fond [ ]. » p40

Le paragraphe ci-dessous parle d’une existence stagnante, de son incapacité à se renouveler :

« Peu d’existences plus stagnantes que la sienne. Pour lui, à vingt-cinq ans, les jeux sont faits : tout est arrêté, il a couru sa chance et il a perdu pour toujours. Dès 1846, il a dépensé la moitié de sa fortune, écrit la plupart de ses poèmes, donné leur forme définitive à ses relations avec ses parents, contracté le mal vénérien qui va lentement le pourrir, rencontré la femme qui pèsera comme du plomb sur toutes les heures de sa vie, fait le voyage qui fournira toute son œuvre d’images exotiques. [ ] On a le cœur serré lorsqu’on lit Fusées ou Mon cœur mis à nu : rien de neuf dans ces notes rédigées vers la fin de sa vie, rien qu’il n’ait cent fois dit et mieux dit. » P151 « On a le cœur serré », dit l’auteur : c’est rare dans ce livre de tomber sur un paragraphe où transparaît l’empathie. L’essayiste a adopté la distanciation.

La dernière phrase de l’essai : la vie du poète témoigne de cette vérité : « le choix libre que l’homme fait de soi-même s’identifie absolument avec ce qu’on appelle sa destinée. » Autrement dit, être poète maudit – c’est lui-même qui a choisi sa voie.

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Baudelaire

Sartre procède à une psychanalyse de Baudelaire, analyse toute existentialiste. Qu’est-ce qui détermine un homme, un créateur doué ? Sa famille d’abord, les rapports ambigus qu’il entretient avec sa mère remariée à un homme qu’il déteste. Freud parlerait d’un œdipe outrancier. De là son rapport aux femmes en général à la fois catins (« qui veulent être foutues ») mais aussi êtres auxquels on voue une adoration où la souillure n’est pas concevable. Baudelaire transfère ses amours physiques vers les prostituées pour continuer de sublimer les femmes qu’il aime et qui ne doivent pas être « foutues » justement : Madame Sabatier, Marie Daubrun.

Mystique à ses heures, Baudelaire ne cesse de repousser, de vouloir contrarier Dieu et la nature qu’il exècre par-dessus tout. Il se met sans cesse à distance, peut s’estimer grand pécheur, presque voué à la damnation alors que ses crimes (qu’il invente comme une posture) sont véniels et ceux de tout un chacun.

De là le dandysme parfois un peu ridicule et frisant le travesti (mèche de cheveux verts), Baudelaire assume le fait que tout ce qui est fabriqué en dehors de la nature contrarie la création divine. C’est en cela qu’il conçoit la création de ces poèmes, création poétique « proche du suicide », car encore une fois, la vie et la nature sont des œuvres de la création divine. Son maître en ce domaine est Joseph de Maistre.

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Calder : Oeuvre gravé

L’œuvre gravé de Calder publié en 1992 chez Maeght Éditeur, avec des textes de Prévert Sartre, Léger, Butor, l’ensemble exposé à la Galerie Municipale de Prague. Beaucoup de photos, de dessins originaux, d’exquises,des gouaches, des maquettes,des affiches et quelques portraits de l’artiste. Et bien sûr les textes de ces auteurs et artistes.
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Carnets de la drôle de guerre

formidable
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Carnets de la drôle de guerre

Regards ordinaires d'un mobilisé parmi tant d'autres voulant témoigner de cette drôle de guerre dans laquelle, lentement, il s'installe, s'enfonce avec les autres.



Analyse d'un homme de son temps, écrivain d'une époque de questions et de découvertes dans laquelle le monde se déchire dans ses jeux de pouvoir.





Remise en question d'une jeunesse s'en allant vers l'incertitude d'un futur sans réels lendemains.
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Carnets de la drôle de guerre

Voilà, c'est fini, j'ai tourné la dernière page des carnets de la drôle de guerre.

Comme souvent je suis partagé entre ce curieux mélange de soulagement et d'abandon après une telle lecture.

C'est pas toujours évident, mais pour un maniaque comme moi, c'est parfait, j'en ai pour des semaines de front ridé et de carnet à spirales.

Je ne savais pas que Sartre avait été mobilisé à la veille de la deuxième guerre mondiale dans l'Est de la France comme soldat chargé des sondages météorologiques (pour vous situer un peu le contexte).

Les carnets composent le tableau de bord d'un stoïque qui partage son quotidien de soldat qui s'ennuie au milieux de ses acolytes en attendant que la guerre éclate pour de bon. Sauf que Jean-Paul, il ne s'ennuie pas, il travaille comme un fou.

J'adore ce genre de littérature au ton très libre, même si souvent ça semble incohérent. Si Sartre tour à tour nous parle de ses considérations géopolitiques sur l'origine du conflit imminent, de ses épisodes amoureux, de la rédaction laborieuse de son prochain roman ou plus simplement de tranches de vie militaire aux milieux d'autres mobilisés, c'est parce qu'il est authentique et libre dans la mesure du possible. Pour tout dire, l'essentiel de sa philosophie reposant sur la liberté, la prose est totalement débridée.

Il n'est pas tenu par une contrainte narrative, ni un soucis d'intelligibilité particulier. Ça n'est donc pas toujours facile à suivre et en même temps, ça fait du bien d'entendre parler de son petit déjeuner, ou de la grossièreté d'un camarade de chambrée après s'être cassé la tête à comprendre le concept de Néant et d'être-pour-autrui. Tout y passe dans ces carnets, ses états d'âme, sa santé, sa mauvaise foi, sa correspondance avec Le Castor, son auto-analyse permanente et sans faille, ses nombreuses lectures, ses ambitions d'écrivain, sa réalité-humaine dans toute sa conscience, et puis bien sûr, Le Néant.

Si les longs passages philosophiques peuvent en emmerder plus d'un, il faut passer outre, c'est un tel privilège de pouvoir côtoyer un tel intellectuel dans son intimité quand on n'est qu'un touriste de la littérature comme moi. Au pire, vous pouvez vous dispenser des passages les plus ardus, ça ne nuit en rien à la compréhension du reste. Mais il faut savoir que Sartre et sa philosophie coïncident fortement, sans comprendre l'influence majeur d'Heidegger, ni savoir ce qu'est la phénoménologie, on finit par saisir quelque chose des concepts de responsabilité, d'authenticité et de liberté.

Personnellement je me suis évertué à tout lire (je vous dis que je suis un maniaque), et j'ai aimé ça (peut-être un peu maso aussi)

Maintenant il va falloir faire le deuil de cette lecture et rebondir sur autre chose.

L'être et le Néant, pourquoi pas..Ou plus simplement les chemins de la liberté. A moins de m'intéresser davantage à Simone, son alter-ego, "celle sans qui le monde serait moins parfait", celle qui arrive à être authentique sans effort. Alors, "la Force de l'âge", n'est-ce pas d'ailleurs dédié à Sartre?
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Critique de la Raison dialectique 01 : Théori..

Ne soyez pas découragés par la densité de ce livre. Comme d'habitude, Sartre est clair et obscur à tour de rôle. Les meilleures pièces sont ses descriptions de «l'altérité» dans Book One, Partie 4. Ici, il reprend certains arguments de "Etre et le Néant". Le reste de la Critique est une bonne description de l'association humaine en groupes. Pas vraiment un livre sur le marxisme - plus une théorie générale de l'association humaine.
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Critique de la Raison dialectique 01 : Théori..

La critique est précédée de "Question de méthode" où Sartre explique les rapports entre marxisme et existentialisme. le premier est le dernier grand moment philosophique - après celui de Descartes et Locke, puis celui de Kant et Hegel. Après chacun de ces grands moments, des penseurs se sont mis à décliner les philosophies nouvelles et Sarte les nomme des idéologues. L'existentialisme est donc une idéologie. Elle s'associe au marxisme qui est une philosophie de l'homme, mais s'attache trop à lui en tant qu'objet ou qu'être aliéné ; il en devient fétichisé et la tentation est grande chez les idéologues, comme Lukacz, d'en appliquer strictement les méthodes à la manière de vérités concrètes pour expliquer l'Histoire. Cela ne convient pas à Sartre qui démontre les erreurs de l'explication marxiste par Lukacs de la Révolution française et s'y appuie pour mettre en évidence la nécessité de réintroduire l'action humaine dans l'Histoire. L'existentialisme est ce greffon du marxisme qui part des principes marxistes comme règles directrices pour en faire des vérités concrètes en posant que l'être humain est acteur de son histoire. Le jour où le marxisme aura intégré cette vérité, l'existentialisme, devenu inutile, disparaîtra.
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Critique de la Raison dialectique 01 : Théori..

Comment écrire sur ce monstrueux ouvrage ? Peut-on seulement critiquer cette somme immense ?

Ouvrage philosophique peu lu et peu connu de Jean-Paul Sartre, la Critique de la raison dialectique n'en demeure pas moins l'un des sommets de sa philosophie (si ce n'est, le sommet).

Sur le papier, il s'agit de concilier existentialisme et marxisme. Mais est-ce vraiment l'objet ? Certes, sa biographe Cohen-Solal rappelle les conditions d'écriture de la Critique et son inscription dans un contexte politique tendu avec les communistes. Sartre dit lui-même dans la préface que « Questions de méthode » est un ouvrage de circonstance.

Mais, il ne faut pas trop se fier à ce résumé trop rapide. Oui, Sartre discute avec le marxisme, ou plus exactement avec Marx : contre le marxisme et les communistes, justement. Sartre est donc marxien avant l'heure. Mais quel est le fond de son sujet ? Sartre tente brillamment de lier praxis individuelle et praxis collective. La question fondamentale est là. le marxisme oubliant ce qu'était la réalité humaine, Sartre est là pour penser l'histoire à partir de l'existence.

N'oublions pas que lorsqu'il s'agit de donner le problème proprement philosophique qui occupe Sartre dans cette oeuvre, ce dernier répond : « Y a-t-il une Vérité de l'homme ? ». Lier existentialisme et marxisme n'est qu'un pâle et médiocre résumé des nombreuses analyses (non au sens de la Raison analytique, bien entendu) auxquelles se livre Sartre. Contre les positivistes et la Raison analytique, Sartre questionne les conditions de possibilité de la Raison dialectique pour penser la formation du groupe et par-là l'Histoire. Peut-être pourrait-on même se risquer à dire que l'opposition existentialisme/marxisme n'est qu'un prétexte.

Ouvrage fondamental (autant au sens technique qu'au sens commun du terme) donc, qui mérite d'être lu et relu.
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Critique de la Raison dialectique 01 : Théori..

Cet ouvrage de Sartre qui devait démontrer que l'existentialisme était soluble dans une forme de marxisme néostalinien a fait son temps... il n'y a plus d'existentialisme ni marxisme figé. Cet ouvrage est finalement le témoin de son temps philosophique. il n'y a pas de raison dialectique qui en ressorte indemne, ouvrage exigeant mais peu exigé pour comprendre quoi que ce soit aux différentes formes de marxisme qui ont parcouru le 20e siècle. Sartre voulait être Stendhal augmenté de Spinoza, ici Sartre réinvestit l'ennui kantien avec le style de Fichte. Ce volume est un dinosaure de la philosophie à prendre comme tel, comme preuve archéologique d'un passé révolu.
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Critique de la Raison dialectique 01 : Théori..

On voit vite où Sartre veut conduire son lecteur, qui trouvera parfois l'auteur inutilement prolixe. Cette prolixité n'en fait pas une mauvaise œuvre : le lecteur se plaira à saisir les critiques techniques adressées aux marxistes et dialecticiens contemporains (combien de fois Sartre reprochera à ceux-ci de réduire la Raison dialectique à une Raison analytique ? C'est pourtant bien un certain "matérialisme dialectique" que défend Sartre, mais un matérialisme historique, pas scientiste). Cela n'en fait pas non plus une somme indispensable, malgré l'emploi d'un lexique technique original et fourni.



Ici, le processus de totalisation ne donne pas lieu à une substance totale : c'est d'abord un mouvement qui "repousse". Il n'y a pas d'hyperorganisme. L'homme travaille librement à la constitution d'un champ pratico-inerte, où il s'inscrira dans une sérialité dans laquelle il rencontre l'impuissance et le destin : il y agira comme Autre face aux Autres. Ce moment du collectif, moment antidialectique (c'est ici que la Raison analytique se plait à inventer les terribles lois du marché quand elle n'est pas intégrée à la Raison dialectique), est un moment de la praxis. Et c'est "dans" la praxis qu'il se niera, que le groupe niera son destin, se fera groupe. C'est précisément à partir de là que l'institutionnalisation menacera à nouveau de sérialité. La souveraineté n'est pourtant pas, dans son principe, l'attribut d'une Idée-de-peuple qui serait usurpée par le gouvernement. Chaque membre d'un groupe, dans sa fonction, reconnait la praxis du groupe comme sa praxis, comme sa "possibilisation", à moins de retomber dans la sérialité, ce que pousse à faire le souverain (tout est sériel sauf lui).



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Critique de la Raison dialectique 02 : L'In..

Second tome inachevé, il oscille entre la mise à l'épreuve des considérations philosophiques du tome I face à l'histoire (étude philosophico-historique de l'Union soviétique) et un approfondissement théorique de celui-ci. Sartre, comme il l'avouait lui-même, pensait en écrivant. Mais je ne crois pas que le résultat final aurait été très différent. Toute la CRD procède par tentatives, exemplifications, approfondissements. L'ensemble, après tout, se veut dialectique. Ce qu'il est, finalement, n'a rien d'un système clos.

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Entretiens avec Sartre

Sous forme d'entretiens sans concession, John Gerassi reprend la biographie de Sartre là où Les Mots s'était achevé.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Entretiens avec Sartre

On apprend dans ses entretiens pourquoi Sartre détestait son beau-père : il voulait lui faire faire des maths. De Gaulle, mais pour d'autres raisons n'était pas non plus son idole.

Pas plus que le surhomme de Nietzsche.

Il ne s'épargnait pas non plus : "Si on est ce que l'on fait, je ne suis pas un vrai révolutionnaire, seulement un révolutionnaire de parloir, c'est à dire un réformiste."

Mélenchon sera t'il aussi lucide, à l'heure du bilan ?
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Esquisse d'une théorie des émotions

Sartre base sa théorie aprés une recherche phénoménologique de la naissance d'une émotion accompagné par les bases classiques et fonde sa conclusion sur l'idée que les émotions sont une réaction face au monde qui se présente à nous et notre maniére d'y réagir.

Je rejoins en partie ses idées mais dans d'autre cas je n'aurais soit pas saisis ou pas été d'accord. Un livre fort interessant et court ! (dommage)
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Esquisse d'une théorie des émotions

Sartre était un grand amateur de psychologie , ce qui se constate encore içi . Il s'attaque dans le cas présent à l'importance de l'émotion , des émotions , dans le domaine de l'existentialisme . Certes cela peut paraitre un peu absurde , car au fond , tout le monde peut dire que les émotions sontla preuve de l'existence . Pourtant , il y a une vraie cohérence dans la démarche de Sartre . Il est clair que tout le monde peut ressentir des émotions , mais comment celles çi sont elles perçues par l'homme . On t'elles un impact réel , que l'on peut mesuré sur le développement de la conscience ? Sont elles au contraire juste un ressenti à un moment précis ? Que peut on déterminer par rapport à l'impact des émotions sur le comportement à l'avenir de l'homme ? Autant de questions que Freud aurait pu , et c'est trés certainement posé . Sartre atteint un tel niveau dans sa réflexion qu'il parvient à la méme hauteur que Freud , et cela est tout simplement remarquable . Un ouvrage court mais puissant . A découvrir .
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Esquisse d'une théorie des émotions

Curiosité : c'est ainsi que je pourrais résumer la genèse de l'arrivée de ce livre dans ma PAL. Que peut avoir à dire Sartre , dont il est de bon ton de contester la démarche philosophique, sur un sujet aussi "impalpable" que les émotions?

Et finalement ce petit livre apporte une approche philosophique venant compléter les approches psychologiques, "trop limitée à l'émotion comme fait, en la coupant du reste".

Peu à peu , les éléments de l'esquisse sont proposés, même si l'intention d'une étude phénoménologique de la perception est écartée.

Et en fin d'ouvrage, Sartre conclue par sa définition de l'émotion: "nous appellerons émotion une chute brusque de la conscience dans le magique... L’émotion n'est pas un accident, c'est un mode d’existence de la conscience".

Magique est le mot important (selon moi!): les émotions sont un échappatoire pour "masquer , remplacer, repousser une conduite qu'on ne veut ou ne peut pas tenir". Et le moyen est la construction d'un monde magique



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