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Critiques de Jean Richepin (23)
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La Glu

Le brave docteur Pierre Cézambre s'en revient de nuit du Croisic vers Guérande, à travers les salines sur son bidet Biju.

Il rumine son triste passé et son avenir monotone.

Sur le chemin, il rencontre la mère Marie-des-Anges courant la grève à la recherche de son jeune fils Marie-Pierre.

S'est-il donc perdu à la "mé" ?

S'est-il donc noyé comme son homme et ses autres "gâs" ?

"La glu" est un mélodrame vieillot et suranné.

"La glu" est un roman de Jean Richepin qui a été édité en 1881.

Il est ici question de passion, d'amour et tendresse maternelle inquiète.

Marie-Pierre a disparu !

Marie-Pierre est un jeune breton du Croisic.

Que n'auront-elles pas été bousculées de tous temps les frontières incertaines du vieux duché de Bretagne ?

Marie-Pierre est-il de ces fils qui laisse insulter son "ancienne" ?

Est-il un mateluche, un crabe des marais ou un coeur de morgate ?

Marie-Pierre a rencontré une jeune femme venue de Paris : la Glu.

Une femme ? Une kourigane ?

Qui s'y frotte s'y colle !

Elle attire les coeurs et les portefeuilles.

Jean Richepin fait de cette jeune femme un portrait peu flatteur, un portrait qui, à force d'être martelé, finit par mettre le lecteur un peu mal à l'aise.

D'ailleurs, le style de la plume de Richepin, d'habitude si poétique, a perdu ici les belles tournures qui font à l'ordinaire le charme de son mot.

Mais l'on y puise tout de même un petit trésor : le parler fleuri en abondances maritimes du vieux père Gillioury, que cinquante ans de navigation et une patte raccourcie à l'ouvrage ont fait surnommer "Bout-dehors".

Le récit est ponctué de quelques vieux refrains et, surtout, il est illustré de belle manière par Gustave Fraipont.

Ce qui fait du vieux "broché" de chez Flammarion un bel objet attirant.

Mais sa lecture s'étire, fait bailler, finit par être ennuyeuse et fastidieuse.

Le tragique épilogue, consommé en quelques lignes, survient trop tard.

Le lecteur a déjà la tête ailleurs, à la recherche d'un nouveau bon livre ...

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La chanson des gueux

« Je suis du pays dont vous êtes:

Le poète est le Roi des Gueux. » p. 19



Jean Richepin (1849-1926), élu à l’Académie française, est à (re)découvrir !

J’ai eu grand plaisir à parcourir ce recueil, composé en grande partie en alexandrins, qui offre aussi de beaux passages en argot. Jean Richepin n’y met pas seulement les hommes en scène mais également la nature surtout dans la première partie.

Il chante la liberté quel que soit l'être vivant, animal, végétal ou humain et même une statue, image de l'homme oublié.

Il chante les bienfaits du soleil, de la pluie…des éléments naturels. Tous ont leur utilité à un moment ou un autre. La neige peut être triste ou belle.

Il oppose souvent le bourgeois, sédentaire, aux gueux qui ne font que passer. Il en dépeint toute l’humanité et la richesse de cœur. Beaucoup de tendresse et de compassion émanent de ses vers. Il évoque des situations difficiles, tragiques puis des scènes de fêtes : la vie en somme.

J’ai eu la surprise de retrouver un texte appris à l’école (La Ballade de Noël, p. 108).



Les alexandrins n’alourdissent en rien le style, au contraire, il en ressort une véritable musique. C’est un bonheur de les lire, les entendre ; ils s’enchainent si facilement pour former une histoire !

J’ai été agréablement surprise de l’aisance que j’ai eu à lire ce recueil, ce n’est pas toujours le cas en poésie.

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L'arbre de Noël

Toute petite pièce, appelée par Jean Richepin "Pantomime sans gestes" (oui, oui!) et qui fait partie d'un volume intitulé Théâtre chimérique, publié en 1896, et qui présentait, outre notre pantomime, sotie, drame, féérie, moralité, mystère, et j'en passe. Richepin a donc beaucoup réutilisé les codes des pièces du moyen-âge, essentiellement, pour ce que j'en ai lu (car je n'ai pas lu tout le Théâtre chimérique), afin de scandaliser le bourgeois ; ça vaut parfois largement les grivoiseries médiévales...





Ici, pour toute pantomime nous avons droit à un dialogue entre un sapin, nouvellement installé dans un salon bourgeois et paré de toutes les fanfreluches typiquement fin XIXème siècle, et un poète, représentatif plus largement de la figure de l'artiste. le sapin, tout fier de sa toute récente flamboyance (le flamboiement n'arrivera que trop vite pour lui, hélas!), cherche à connaître la suite des événements : que va-t-il lui arriver, qu'il puisse se préparer dignement ? Les réponses du poète vont le ravir, le décevoir, l'horrifier, mais paradoxalement lui donner l'assurance qu'il est bien le roi des arbres en cette soirée.





Tout le propos est essentiellement anthropomorphique et vise à démontrer que la destinée du sapin, illuminé, richement décoré et admiré le temps d'une soirée, puis jeté au feu, oublié, et remplacé par un autre sapin l'année suivante, est en tout parallèle avec la destinée du poète.





On peut y ajouter une critique du consumérisme et de la bourgeoisie. En effet, Noël est devenu cette effervescence autour des enfants et des cadeaux à la fin du XIXème dans le milieu bourgeois (bien que le XVIIIème ait déjà amorcé le concept d'événement familial) ; les classes sociales plus pauvres restaient attachées aux étrennes du Nouvel An, et une orange était alors un cadeau fastueux. Ici, on voit combien la famille qui a installé le sapin de Noël chez elle a dépensé sans compter (ça faisait trop longtemps que je n'avais pas cité Jurassic Park, je n'y tenais plus!) et que les enfants, habitués à être gâtés sur le plan matériel, n'attachent finalement que peu de valeur à leur cadeaux et à leur soirée, tout comme les adultes qui les ont façonnés n'attachent que peu de valeur à l'art.





Une dernière lecture (ce qui fait beaucoup pour un si court texte, je l'admets) serait d'aborder la pièce sous un angle écologique et plus contemporain. Certes, au XIXème, les sapins de Noël étaient utilisés comme bois de cheminée... encore qu'il me semble que le sapin ne soit pas le meilleur bois à faire brûler. Aujourd'hui, on en est à faire pousser des arbres uniquement pour les couper, les transformer en décorations pour quelques semaines, voire quelques jours, et les jeter pour la plupart à la poubelle (le système de recyclage n'étant pas suffisamment efficace pour des raisons diverses et variées). Là encore, on est dans une forme de consumérisme, qui est bien entendu à nuancer selon les pratiques des uns et des autres (je ne prêche pas pour les sapins en plastique, rassurez-vous). Quant aux poètes et autres artistes, on ne les fait pas encore pousser en pépinières... quoique, ça pourrait probablement se discuter !


Lien : https://musardises-en-depit-..
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La chanson des gueux

Les oiseaux de passage, poème assez long de Jean Richepin, tiré du recueil "La chanson des gueux" a été mis en musique et interprété par Brassens. Ce dernier a "coupé" dans le poème pour l’adapter au format d’une chanson à ... écouter et ou entendre de nouveau.



1. Les oiseaux de passage - Georges Brassens - YouTube

► 3:15► 3:15

www.youtube.com/watch?v=wRdXZRZ5lkE‎

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Le flibustier

"Le flibustier" est une comédie en trois actes, écrite en vers par Jean Richepin.

Elle a été représentée pour la première fois, à Paris, sur la scène de la Comédie-Française, le 14 mai 1888.

Elle fut reprise, sur une musique de César Cui, à l'Opéra-Comique, le 23 janvier 1894.

Et finalement éditée, en 1909, à la librairie Charpentier et Fasquelle.

La scène se passe à Saint-Malo, à la fin du XVIIème siècle.

Pierre le goëz, il y a quinze ans, est parti comme mousse.

Il avait dix ans lorsqu'il s'est embarqué sur une nef pavoisée.

Il faut partir enfant pour devenir un homme.

Depuis huit ans, le vieux François, son grand-père ; Marie-Anne, sa tante et Janik, sa promise, sont sans nouvelles.

Qui sait si on le reconnaîtra ?

Jacquemin, plus que son ami, presque son frère, vient au pays annoncer son trépas.

Il arrive à pied de Granville.

Il a vu Pierre, entouré d'espagnols sur le gaillard d'avant, leur tenir tête.

Flibustier pris, flibustier pendu ! ...

Ce morceau de scène, calqué à la meilleure des littératures populaires, est plein de naïveté et de bons sentiments.

Il repose sur un mensonge, un quiproquo, une méprise.

Les personnages sont de ceux, qu'à notre époque blasée et revenue de toutes les ficelles de "théâtreux", l'on n'ose plus espérer croiser :

Janik, la tendre bretonne, fiancée à quatre ans,

François, vieux marin, ancien patron au cabotage,

Marie-Anne, la tante qui personnalise la raison ...

Le fond de l'intrigue, somme toute très classique, semble avoir été arraché à une vieille chanson bretonne dont "les trois Jean" auraient pu faire leur bonheur.

Quelle destination, pour les dernières journées de ce bel été contrasté, serait plus indiquée que la fière ville de Saint-Malo ?

Cette agréable lecture est de saison.

Le vers est bien tourné, la plume est élégante et inspirée.

Ce morceau de théâtre est décidément de ceux qu'il est bon de conserver au coin de sa mémoire ...
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Les morts bizarres

Pour reprendre la présentation de l'éditeur, "ces histoires courtes dénouent les destins exceptionnels de malheureux et de misérables poursuivis par une fatalité pleine de malice et d'horreurs : elles trouvent leur conclusion dans une mort aussi inexorable qu'inattendue." Paru en 1877, ce recueil de nouvelles est absolument jubilatoire. Jean Richepin notamment rendu célèbre par sa Chanson des gueux, est un conteur sans pareille et un prodigieux farceur. Proche de Léon Bloy et d'Auguste de Villiers de l'Isle d'Adam, le poète insolent selon les mots de François Rivière, après avoir porté son poème à la postérité, "change ses caresses en gifles, qui raviraient les plus exigeants fabricants de films d'horreur de notre époque, et produit coup sur coup trois admirables recueils intitulés : Les morts bizarres, Le coin des fous et Cauchemars " (p.10). Il s'agit assurément d'un humour noir, très noir car " c'est sur les premières notes d'une sorte de requiem halluciné et amusé que Richepin conclut chacun de ces récits qui vous feront longuement frissonner. " p.11. Extrait de la préface.



Il m'est difficile de trouver les mots justes pour décrire ce recueil mieux que François Rivière ne l'a déjà fait. La lecture des Morts bizarres m'a certainement rappelé celle du Livre de la mort d'Édouard Ganche (que j'avais beaucoup apprécié soit dit en passant) mais les deux livres n'ont décidemment aucun rapport : si tous deux proposent des nouvelles traitant de la mort, il y a chez Richepin ce je ne sais quoi d'impunément audacieux et ironique. Alors que les nouvelles de l'angoissé Édouard Ganche tirent vers le fantastique, celles du coquin Richepin se distinguent par leur épouvantable réalisme. Comme tout ce qui fait peur attire, les contes de Richepin sont affreusement captivants : ses personnages et ses histoires ont ceci de terrible que malgré l'horreur qui s'en dégage, on ne peut lâcher le livre. Il y a toujours dans les recueils des textes que l'on trouve plus ou moins bons mais j'ai aimé tous les textes des Morts bizarres sans exception tant ils sont tous " grandiosement possédés ". J'avais découvert l'auteur grâce aux Soeurs moches parues dans le premier numéro de la revue Amer. Revue finissante#1 (aux éditions Les Âmes d'Atala) et c'est naturellement que je me suis intéressée à la bibliographie du poète insolent. Ses textes sont aujourd'hui exhumés de l'oubli par de petits éditeurs passionnés dont : les Éditions de L'Arbre Vengeur pour Les morts bizarres, les éditions du Vampire actif pour Truandailles et les Éditions le Chat rouge, pour Le coin des fous. Si donc vous ne savez pas quoi lire en ce moment ou si vous souhaitez tout simplement découvrir Jean Richepin, foncez sans hésiter !
Lien : http://livresacentalheure-al..
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La chanson des gueux

Jean Richepin a été un auteur prolifique, auteur de romans, pièces de théâtre et de poésie. C'est justement la poésie, et plus précisément le recueil La chanson des Gueux, publié en 1876 qui fit connaître l'auteur à un large public. Le livre a connu un succès de scandale : il a attiré les foudres de la justice et a été jugé contraires aux bonnes mœurs. Jean Richepin est condamné à un mois de prison, qu'il va effectuer à Sainte-Pélagie. Certains poèmes sont retirés du recueil, qui connaît le succès, il est réédité, une version non expurgé paraît en Belgique, et les amateurs peuvent dont se la procurer.



Le livre se compose de trois parties : Les gueux des champs, Gueux de Paris et enfin Nous autres gueux, plutôt réservé aux misères des artistes. Les poèmes sont souvent assez narratifs, présentent des situations, des personnages. Avec quelques échappées : les plantes et les bêtes dans la partie champêtre, les décors citadins dans la partie parisienne, et quelques conceptions de l'art dans la troisième partie. Richepin se place, et place l'artiste du côté des pauvres, ceux qui n'ont rien, les réprouvés. La beauté de la nature rend le pauvre parfois un peu moins malheureux, mais à peine, car la nature, l'hiver ont aussi leur férocité. Mais une poésie et une trêve peuvent plus s'y nicher que dans le décor urbain, la dureté de la nature n'était jamais aussi forte que celle des riches, ceux qui jugent et dénient le droit à la dignité du pauvre, qui le rejettent dans une autre espèce pour ainsi dire. L'artiste est un cas à part, sa misère est en partie choisie, même si elle peut être douloureuse, elle en quelque sorte la condition nécessaire pour créer.



C'est à découvrir incontestablement, il y a des poèmes très remarquables. Jean Richepin joue beaucoup sur une langue particulière, attribuée aux misérables, une langue à l'ancienne, imagée et savoureuse, qui rappelle un peu la langue du XVeme - XVIeme siècle, un peu celle de Rabelais et de Villon, auquel Richepin fait référence, y compris dans une ballade qui lui est dédiée.
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Choix de poésies

Choix de poesies d'un homme au cheminement particulier....d'anarchiste , il finit à l'Académie Française.De plus, ses poèmes rédigés pendant la guerre de 14 ne sont pas ce qu'il y a de plus immemoriaux dans son oeuvre.....

On choisira simplement ses oeuvres de jeunesse où avant qu'il ne songe à la postérité,il y avait révolte et beauté dans la simple expression de son écrit.

Curieusement l'on se souvient plus de ce poète par l'adaption de Brassens de son poème Les oiseaux de passage...Comme quoi l'on peut devenir immortel en passant par l'Académie et ne rester populaire que par une chanson.

Sic transic gloria mundi......
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La chanson des gueux

Ce livre (1876) valut au poète une condamnation à un mois de prison pour attentat aux mœurs. Il fut finalement reçu à l’Académie française, de même que son ami Ponchon et devint membre de l’académie Goncourt. À noter la présentation par Marcel Paquet : « l'œuvre de Jean Richepin est aujourd'hui très oubliée et cela est triste », car « il y a chez ce libertaire une formidable indignation morale ». Il importe aussi de confirmer la justesse de ses choix : « il nous a semblé intéressant à plus d'un titre de republier le “coup de gueule”, ironique, mais révolté, de Richepin, qu'il avait donné en préface à l'édition expurgée (et augmentée) de “La Chanson des gueux”. La remise à leur place de la Justice, de la Morale, et de tout ce qui se permet de juger et surtout de condamner un créateur et son œuvre demeure d'une très réelle actualité. »

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La chanson des gueux

Merci à Brassens pour avoir remis dans nos bouches oublieuses les vers de Richepin, avec sa magnifique chanson Les Oiseaux de passage: il a fait revivre en musique la poésie de Richepin le libertaire, censuré, oublié dans les mémoires endormies.

A lire, à redécouvrir pour que ses vers ne restent pas, justement, des vers de passage...

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La chanson des gueux

Si Gavroche avait grandi et croisé Jules Vallès, tout en étant ami avec Rimbaud...

De Gavroche, la gouaille, le grand éclat de rire porté sur le monde, le jeu sur le langage. Rien de vulgaire, non, un peu grivois parfois, un peu potache, un peu argotique - deux poèmes sont écrits complètement en argot ; alors, certes, il y a un glossaire à la fin rédigé par le poète lui-même, mais je me suis laisser portée par le pouvoir d'évocation, de surgissement des images, la force des sons, même si je ne comprenais pas tout. De Gavroche aussi, cette proximité avec le petit peuple de Paris, ses marginaux.

De Jules Vallès, l'esprit de révolte, la volonté de marcher sur le monde, non pour le dominer, mais pour le renverser, pour mettre fin à l'influence des bourgeois. Les bourgeois, ce sont ceux qui ont le ventre plein, qui ont de la lumière chez eux la nuit, qui dorment dans un lit douillet et qui ont chaud l'hiver, tandis que les gueux se couchent dans le noir et le froid, le ventre creux. Quelques poèmes assez durs d'ailleurs sur le travail des enfants ou la misère infantile. Moins militant et "insurgé" que Vallès, mais on sent l'influence de "la sociale" - sans aller jusqu'au socialisme, ce n'est pas un appel à la révolution. De Vallès aussi, l'érudition classique, la maîtrise savante du langage, utilisée cependant parfois par dérision, par retournement - peu de sonnets, peu d'alexandrins même : le poète maîtrise l'écriture classique de la poésie, mais il l'utilise peu.

Et de Rimbaud, l'esprit de bohème, ce portrait du poète comme un "homme aux semelles de vent" - qu'il est question de marche, d'errance, de souliers percés, de pieds fatigués... ! La figure du poète selon Richepin ouvre et clôt ainsi le recueil : c'est lui le roi des gueux, dans sa mansarde sans feu et sans pain, avec ses amis doués mais non reconnus, avec son goût pour l'ivresse qui inspire et réchauffe parfois, mais aussi procure de faux rêves et de fausses gloires. Peu de femmes, peu d'amour, elles ne sont là que pour satisfaire brièvement les désirs. Au contraire, les amitiés humaines sont plus fortes, par-delà la mort même puisque Richepin rend hommage à certains de ses amis, dans des "lettres à un jeune poète" avant l'heure fortes et poignantes. Autres amis fidèles célébrés, les chiens du poète, de façon assez émouvante.

Une très belle découverte, certains poèmes que je relierai avec plaisir, pour leur originalité musicale et la force de leurs thématiques.
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Le coin des fous : Histoires horribles

Pas extrêmement friande de nouvelles, mais après la découverte fracassante de Marches Nocturnes de Franck Ferric, je me suis prise d'affection pour les nouvelles fantastiques en tout cas. Ici, on se retrouve avec des nouvelles plus étranges que fantastiques; plus bizarres que merveilleuses, mais toutes, sans exception, empreintes d'une poésie et d'un lyrisme rares.



La préface très intelligente de Gérald Duchemin nous permet de découvrir en quelques lignes cet auteur méconnu du grand public et peu reconnu par ses pairs. Richepin ou un autre Toulouse Lautrec un peu délirant et décalé.

L'auteur m'a semblé possédé par l'idée du regard. Se regarder dans un miroir et y découvrir une ondine, découvrir son âme noire dans un miroir, un peintre qui ne sait pas peindre les yeux... Beaucoup des nouvelles de ce recueil portent sur la façon de regarder les autres. Me vois-je vraiment tel que je suis dans le miroir? Les autres voient-ils mon âme en me regardant dans les yeux? L'essence même d'une personne se situe-t-elle dans le regard?



La suite sur Mythologica.net...
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La Glu

Un beau petit roman de 1881 sur ce qu'on n'appelait pas encore à l'époque une perverse narcissique : la Glu. Celle-ci ensorcelle, collectionne, s'amuse, joue la comédie et "colle" les hommes jusqu'à une réaction extrême.

Elle a piégé le docteur qui a réussi à fuir au lieu de la tuer ;

elle a ensorcelé Marie-Pierre, pêcheur du Croisic, jusqu'à le rendre fou, et Marie des Anges ne reconnaît plus son fils ;

elle a embobiné monsieur le comte, et même son petit-fils ;

mais quand elle se retrouve face à ses quatre amants en riant, que va t-il se passer ?

.

Vous savez que le problème, véritable problème des pervers narcissiques me tient à coeur. Le docteur a fui devant la méchanceté de sa femme cynique, comme je l'ai fait moi-même, étayant l'ouvrage d'Henri Laborit : "Eloge de la fuite". La société n'a toujours pas trouvé de solution à la nuisance de ces nombreuses personnes qui pourrissent la vie des gens simples.

Ce roman est superbe, par la montée en puissance du drame, par la beauté de l'intrigue, par la belle façon de croquer les personnages, surtout Gillioury, dit "bout-dehors", le vieux marin, comparse de Marie des Anges, qui ne s'exprime qu'en allusions maritimes, décalage comique qui permet de relâcher la pression que met Fernande, la femme fatale dans ce roman.



Ce drame, qui me rappelle "Nana", d'Emile Zola, aurait été magnifiquement joué par Sarah Bernhardt.



Les illustrations de Laurent-Desrousseaux sont superbes.
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La Glu

La Glu fait partie de ces courtisanes qui ne souffre aucune mâle résistance. Telle une veuve noire, elle tend son piège fatal et attend sa proie. Ne signe t-elle pas à juste titre ses messages par "Qui s'y frotte, s'y colle" ? Elle n'est pourtant pas si terrible que ça cette Glu et Marie-des-Anges, la mère de Marie-Pierre la compare même à un pou des sables. Avec son corps maigrelet et sa silhouette fragile, elle n'a rien des poules au physique généreux et appétissant qu'on a l'habitude de s'imaginer. Quand bien même, lorsqu'elle le veut, tout homme devient son jouet. Pourront d'ailleurs en témoigner le comte Audren de Kernan des Ribiers, son petits-fils Adelphe, Marie-Pierre le paysan breton et d'autres encore. Lorsque cette sorcière a choisi sa victime, il n'y a pas d'échappatoire possible : ce sont les sens en émoi et brûlants de désir que ses esclaves recherchent éperdûment sa vénéneuse emprise...



Cette fois-ci, l'auteur des Morts bizarres s'attèle à un sujet léger où comme toujours, son sens du caricatural et de la farce ne sont pas en reste. On y retrouve le langage de La chanson des gueux. C'est coquin, presque grivois et par là-même fidèle au style de l'espiègle normalien qu'était Jean Richepin. Pour preuve de son esprit rebelle, on notera le langage volontairement cru, argotique et populaire utilisé par l'auteur pour choquer la bourgeoisie. Au passage, on s'intéressera aussi à l'épigraphe du roman qui rend compte avec pertinence de l'esprit anti-conformiste de Jean Richepin : "Car la gouine signait bravement ses lettres de ce véridique nom de guerre La Glu, et son cachet portait en exergue cette devise significative : "Qui s'y frotte, s'y colle." Les personnages sont caricaturaux, ils frisent le grotesque, tellement d'ailleurs que c'en est parfois énervant... Jusqu'à la fin inattendue et non dénuée d'ironie, où on retrouve le fabuleux talent de conteur de Jean Richepin. Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur, je recommanderais plutôt de découvrir Les morts bizarres, recueil de nouvelles que j'ai particulièrement trouvé truculent.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Les morts bizarres

J'avais découvert Jean Richepin grâce à Babelio pour son recueil de poèmes la Chanson des gueux qui m'avait beaucoup plu pour sa gouaille, sa dénonciation de la misère, sa révolte contre le monde, et son esprit de bohème. Richepin incarnait alors pour moi un autre "homme aux semelles de vents" pour reprendre une expression de Rimbaud

Ici, pas de vers, mais un recueil de petits récits, souvent de quelques pages seulement, comme autant de nouvelles sur la mort, sur "les morts", chaque texte pouvant se lire indépendamment, présentant la mort d'un personnage différent. Ces morts sont "bizarres" au sens d'étranges, inhabituelles, pas comme les autres. On trouve donc plusieurs suicides, des condamnations à mort, des assassinats... Mais la lecture n'est pas morbide, il y a une forme d'humour noir - comme cet "original" qui cherche à se faire décapiter, mais de façon particulière, en ne présentant que le haut du crâne à la guillotine, qui donc le scalpe.

Mais les plus forts sont ceux qui s'inscrivent dans le réel historique et social : l'invasion prussienne de 1870, la Commune et la Semaine sanglante, mais aussi la misère des quartiers populaires et la souffrance du poète de génie non reconnu.

Je suppose que Jean Richepin est un grand lecteur de la poésie de Victor Hugo : lui aussi a son enfant qui "veut de la poudre et des balles" pour se venger de ceux qui ont tué sa famille, lui aussi a "[sa] vieille grand-mère / [qui] De ses doigts gris que fait trembler le temps / Cout dans le linceul des enfants de sept ans". Et lui aussi à ses "misérables". Les textes les plus poignants sont donc courts, mais forts, et c'est de l'alternance contrastée avec les histoires plus grinçantes que vient l'émotion.

Même si j'ai préféré la Chanson des gueux, une belle découverte.
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Truandailles

Après avoir remis en lumière Pétrus Borel et ses Escales à Lycanthropolis, Le Vampire Actif attire notre attention sur Jean Richepin, ses aventures de gueux et sa langue savoureuse. Bienvenue au royaume des avortons, des orphelins, des monstres de foire, des « romanitchels », des pouillards, des escrocs, des vagabonds, des prostituées, des estropiés, des maquereaux, des pisse-froid… Un univers bigarré, argotique, à la langue énergique, truculente, délectable, servi par un beau travail d’édition – le glossaire argotique final est un bonheur absolu !
Lien : http://www.delitteris.com/no..
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L'Ange noir : Petit traité des Succubes

Petit traité de moi. J'aime !
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La chanson des gueux

Concernant l'édition Bnf-Hachette: Comment moins donner envie au public de connaître un auteur que cette édition imprimée à la demande? On s'y use les yeux, la qualité ressemble plus à de la photocopie qu'à de l'impression littéraire. Je ne pensais que la Bnf était capable de fournir un résultat si pitoyable. Quant à la poésie de Richepin, Brassens a su mettre en chanson les bons morceaux, le reste se situe entre les chansons de Bruand et celles de Bérenger, c'est à dire que c'est gentillet mais qu'il n'y a pas de quoi se taper le cul par terre, comme on dit.
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La chanson des gueux

Attention ! L'extrait donné est trompeur... Il mentionne l'édition intégrale qui date de 1910 (éditeur Pelletan) et qui a été reprise en 1945 (éditions du Panthéon) avec quelques modifications et des illustrations de Van Elsen (dont celle de couverture qui est donnée ici au début de l'extrait !). Mais la table des matières correspond à celle de l'édition Dreyfous de 1881 et je ne suis pas certain que le texte soit conforme à celui de cette édition dont les éditions numériques en circulation sont souvent fautives, y compris Gallica et Google !!!
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Feuillets parisiens, poésies. Avec un portrai..

La poésie de Nina de Villard se veut plutôt légère voire burlesque, évoquant tout aussi bien Tristan et Yseult qu'une chatte, un clown que des fleurs. Mais la forme se veut contraignante le plus souvent : le vers privilégié est l'alexandrin, des parties entières du recueil sont consacrés au sonnet ou au dixain. La poétesse peut se montrer solennelle cependant (dans ses sonnets), mais c'est surtout en donnant la parole à ses personnages, de façon théâtrale ("Monologues") qu'elle affirme son talent pour les variations de ton et la variété des situations. "Le moine bleu", petite pièce en vers co-écrite avec Jean Richepin et Germain nouveau, détourne joyeusement Tristan et Yseult pour en donner une version plus proche du vaudeville.
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