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Critiques de Jean-Yves Le Naour (325)
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Le soldat inconnu vivant (1918-1942)

On parle beaucoup du soldat inconnu au moment des commémorations de la guerre 14-18, mais avez-vous entendu parler du soldat inconnu vivant ? Il s’agit de la plus grande énigme de l’entre-deux-guerres. Un soldat retrouvé le 1er février 1918 sur les quais de la gare des Brotteaux à Lyon. Il marmonne un nom, Anthelme Mangin, mais d’une manière confuse. Il ne sait pas qui il est. Il devient «Le fils de toutes les mères qui n’ont pas retrouvé leur fils.»



Des centaines de familles vont le réclamer, et certaines vont se déchirer pendant vingt ans, à grand renfort d’avocats et d’articles de presse. La France se passionne pour cette affaire pratiquement jusqu’à la mort du malheureux, en 1942, dans un hôpital psychiatrique.

suite sur mon blog:

http://nicole-giroud.fr/le-soldat-inconnu-vivant-lenigme-de-lentre-deux-guerres-6125
Lien : http://nicole-giroud.fr/le-s..
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Les compagnons de la Libération : Jean Moulin

La série des compagnons de la libération s'intéresse ici à Jean Moulin et son travail d'unification de la résistance française. C'est très intéressant car on entre dans le travail de l'ombre et la difficulté de réunir des factions complètements différentes et des individus qui veulent plus de pouvoir et ne veulent reconnaître De Gaulle.

La BD montre également la difficulté du Général à rester la voix de la France face aux anglais et surtout aux américains qui souhaitent une personne plus manipulable qui leur permettrait de prendre la main sur la France.

Un album qui se termine sur la capture de Jean Moulin par la police allemande et le discours de Malraux (un extrait) lors du transfert des cendres de celui-ci au Panthéon.

Un album passionnant sur cette période de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
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Les soldats de la honte

« Les soldats de la honte » est un livre courageux, prenant le parti de soldats bel et bien bousillés par la guerre, mais dont la blessure n’était malheureusement pas pour eux apparente.



Soumis à des conditions de stress effroyables et sans doute insoutenables, le cerveau disjoncte et les dommages sur le corps humain peuvent être irréversibles.



Confrontés à ce phénomène encore nouveau et mal connu, les médecins militaires français de l’époque auront été dépassés par les évènements, soutenant des thèses aujourd’hui risibles, sur la vaillance de la race française et la simulation de tire-au- flancs, méritant d’être soignés de force, notamment par la torture électrique.



Et même, Roussy, le brillant cancérologue, ne ressort pas franchement honoré de son attitude durant la guerre.



Peu d’humanité à attendre donc de la part de ces médecins-soldats aveuglés par le contexte belliqueux de l’époque, et tous axés vers la victoire face à l’ennemi boche, diabolisé.



Ce n’est que bien plus tard, sous l’influence de la psychanalyse, que la thèse du choc post traumatique appelée « Shell shock » par les britanniques, sera officiellement adoptée par l’ensemble de la communauté médicale.



Aujourd’hui, les soldats revenant d’Irak ou d’Afghanistan souffrent vraisemblablement des même troubles que nos vaillants poilus de 1914-1918, et certains ne s’en remettent toujours pas, ce qui replace ce mal dans toute sa complexité.



Un livre fascinant donc, dont on saluera la pertinence et le désir de réhabilitation.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Charles de Gaulle, tome 4 : Joli mois de ma..

Album qui met en parallèle la prise de pouvoir en 58 par de Gaulle et la montée de la crise de Mai 68. De Gaulle est un peu en mode "radotage", il est persuadé qu'il suffira qu'il apparaisse tout comme pour 58, pour que les français soient satisfaits et rentrent chez eux. Dépassé, peu satisfait par son entourage (Pompidou en prend pour son grade), il n'est plus la figure tutélaire et incarne le passé. Après une intervention à la télé qui se passe mal, il redescend sur terre et déprime. Le passage d'un état à l'autre est un peu surprenant pour ce personnage politique. Quelques passages drolatiques. Ce n'est pas hagiographique, ce n'est pas non plus un réglement de compte, juste un personnage vieillissant, qui ne comprend plus. Quelques uns de ses bons mots sont placés. Pas mal du tout même si la BD se termine sur une "simili" victoire puisque de Gaulle démissionera un an plus tard.
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Charles de Gaulle, tome 3 : L'heure de vérité (..

Dans cette page de l'histoire, le débarquement de juin 44 est en cours, de Gaulle sait que la France va être libérée et il prépare la reprise politique d'après, or les américains ont déjà prévu de gérer la France comme tous les pays occupés : en laissant dans un premier temps le gouvernement en place, tout en prenant toutes les décisions à leur place. Soit une dépendance totale ce que de Gaulle ne veut pas. Pour lui il y existe un gouvernement libre sis à Alger prés à prendre les rênes effectives du pouvoir mais Roosevelt ne veut entendre parler de ce trublion qu'il ne supporte pas. Churchill, plus fin, a compris que l'homme était clef dans la future après guerre, qu'il avait conquis une aura de futur chef d'état. Il va donc s'interposer - moins brutalement que le français - entre Roosevelt et De Gaulle, et parvenir à démontrer son importance.

Le dessin reste classique mais représente bien les différents protagonistes.

Une vraie page d'histoire.
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Charles de Gaulle, tome 2 : L'homme qui a d..

Après un premier tome plutôt moyen, voici un second opus qui reprend le combat - perdu d'avance - entre de Gaulle persuadé que la nouvelle guerre ne se fera ni en écoutant les auspices des vieux militaires de 14/18 mais en utilisant le potentiel des chars. Il a l'oreille de Reynaud qui sera chef de gouvernement rapidement mais en dépit de cela sa voix est niée, trop de militaires ne le supporte pas. Le trouvant obstiné, peu politique...

Entre la politique et la guerre toute proche, de Gaulle n'est pas suffisamment politique et diplomate et assiste impuissant à la déroute annoncée. Une vraie page d'histoire, assumée et didactique.
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Charles de Gaulle, tome 1 : Le prisonnier (..

Reprise du destin de façon très classique ici en se focalisant sur la période en tant que prisonnier de guerre.

Légèrement imbu de lui même, prétentieux, méprisant, le personnage est plutôt antipathique dans les premières pages. Ses rotomondades sur sa future évasion sont parfois risibles comme s'il s'agissait juste d'un jeu.

Avis plutôt mitigé sur ce premier tome qui n'est pas forcément hagiographique, qui est très classique tant dans son dessin que dans son intrigue.
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La gloire et l'oubli

Comment pourrait-on s'imaginer l'horreur de la guerre sans jamais y avoir été ?

Mais pouvoir enfermer l'indicible dans les mots serait-il en prévenir le retour ?

Pas sûr !

De Jonathan Swift à Farid Abdelouahab, innombrables sont les tenants de Littérature à l'avoir tenté.

Jean Rostand, Benjamin Vallotton, Romain Rolland, Stefan Zweig, jean Souvenance, Jean Giono, Bernard Clavel ...

Maurice Genevoix et Henri Barbusse, tous deux combattants de la première guerre mondiale, furent de ceux-là.

Ils donnèrent de la voix et enchevêtrèrent les plus puissants de leurs mots à la lutte pacifiste.

"La gloire et l'oubli" est un portrait croisé, celui de deux hommes touchés dans leurs chairs, de deux grands écrivains engagés.

J'ai longuement parcouru l'oeuvre de Barbusse que la magnifique biographie d'Annette Vidal m'avait fait découvrir.

Je ne connaissais pas l'oeuvre de Genevoix de laquelle "la boîte à pêche" et "l'aventure est en nous" m'avait éloigné.

"La gloire et l'oubli" m'y a renvoyé.

Car le livre de Jean-Yves le Naour est une de ces biographies, très explicative et éclairante, qui provoque l'envie.

On y découvre, on y apprend.

La lecture en est agréable, fluide et passionnante.

Alors, bien sûr, à l'heure de l'entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, un petit soupçon d'opportunisme littéraire peut flotter sur l'oeuvre de Jean-Yves le Naour.

Mais cela importe peu et ne préjuge pas de l'intérêt du livre.

On n'a pas si souvent l'occasion de traverser une aussi fine analyse littéraire.

Même si certains passages, certaines de ses lignes m'ont un peu bigorné.

Je ne pense pas, par exemple, que comme l'affirme Jean-Yves le Naour en page 14, ce soit l'ombre du trop grand succès du Feu qui ait écrasé les oeuvres postérieures de Barbusse.

Il me semble à moi que son engagement politique par trop appuyé y ait jeté le trouble de l'oubli.

L'oubli ?

Quand à la postérité littéraire de Maurice Genevoix présentée comme glorieuse, on pouvait lire, il y a quelques jours, dans "la Croix" les lignes suivantes :

"À partir de quel moment, à quel tournant du siècle, la belle figure de Maurice Genevoix (1890-1980) s'est-elle effacée dans l'esprit de ses contemporains qui n'en offrirent pas même le souvenir aux générations suivantes ?"

La gloire ?

Mais il semblerait aussi qu'en son temps La Croix n'ait pas épargné Barbusse.

Il n'en demeure pas moins que le livre de Jean-Yves le Naour se révèle comme un ouvrage à lire impérativement, car il éclaire un pan de Littérature édifié par deux géants dans l'espoir d'enserrer l'indicible au creux de leurs mots ...



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Verdun, tome 2 : l'agonie du Fort de Vaux

Un deuxième tome de la série Verdun qui concerne le fort de Vaux et ses défenseurs. Comme dans le volume précédent, on peut constater que les hautes autorités militaires ne sont pas présentées sous un beau jour, décisions non prises ou trop tard.

Les véritables héros sont ces soldats et leurs supérieurs immédiats, ils iront jusqu’au bout de leurs forces pour tenir face à l’ennemi.

Ces récits sonnent d’autant plus pour moi qui aie visité la région et les lieux de commémoration de la grande guerre. Chacun devrait aller au fort de vaux, à Douaumont, dans tous ces endroits de souvenirs afin de comprendre le sacrifice de nos ancêtres.
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Verdun, tome 3 : Les fusillés de Fleury

Cette histoire est poignante, différente des deux tomes précédents, l’action se situe ici après la guerre où une femme va se battre afin de réhabiliter l’honneur de son mari injustement fusillé par ordre des autorités françaises.

L’on a tous entendu parler de soldats fusillés pour avoir abandonnés leurs postes, mais pas forcément de ces hommes accusés à tort et dont l’exécution a servi d’exemple.

Quand l’ennemi n’est pas seulement de l’autre côté des tranchées mais parmi ses supérieurs, comment faire face à une situation qui paraît irréelle quand on parcourt ces pages ?

L’épisode de l’exécution de ces deux hommes raconté au tribunal est bouleversant. Le combat de cette veuve est exemplaire.

Le dessin restitue pleinement ces instants et je trouve la couverture magnifique. N’hésitez donc pas à découvrir un épisode sombre de l’histoire de France.

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Verdun, tome 3 : Les fusillés de Fleury

Ce tome fait suite à Verdun, tome 2 : l'agonie du Fort de Vaux (2017) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, car il ne s'agit ni du même événement, ni des mêmes personnages. La première édition date de 2018. Il a été réalisé par Jean-Yves Le Naour (scénario), Marko (mise en scène), Iñaki Holgado (dessins et encrage) et Sébastien Bouet (couleurs). Mon envie de lecture a été générée par l'excellent article de Barbüz sur son site, mille mercis à lui.



La bataille fait rage à Verdun dans les tranchées pendant la première guerre mondiale. Un groupe de soldats français se tient debout dans une tranchée, pendant qu'ils sont pilonnés par les tirs d'obus des allemands. Soudain, il se produit une coulée de boue, et ils sont ensevelis tout debout dans la tranchée, enterrés vivants, mourant d'une horrible manière. Après la guerre, un gradé vient prononcer un discours en leur mémoire, au pied du mémorial qui a été construit. Une gueule cassée écoute de loin, agacé par ces âneries. Il est interpellé avec son prénom Auguste, par une jeune femme. Elle s'appelle Fernande Herduin, et elle lui demande où est enterré son mari. Il lui montre l'endroit où se dressait la ferme de Thaumont, mais elle ne le laisse pas continuer et exige qu'il réponde à sa question. Il l'emmène vers le village de Fleury-devant-Douaumont. Fernande prononce le vœu solennel de venger son époux. Quelques jours plus tard, elle se rend au sous-secrétariat d'état à la justice militaire. Elle y rencontre le sous-secrétaire pour savoir où en est sa requête de demande d'enquête sur les conditions d'exécution de son mari. Le fonctionnaire lui répond que sa requête ne peut pas aboutir parce qu'il n'y a pas de dossier : il n'y a pas eu de procès, donc pas d'archives ni de révision possible. En revanche puisqu'il est mort pour la France sa veuve a droit à une pension, et il s'engage à ce qu'on lui octroie la croix de guerre à titre posthume. Fernande Herduin n'est pas satisfaite : elle veut que l'honneur soit rendu à son défunt mari, et elle compte bien ne pas s'en tenir là, et en appeler à l'opinion publique.



Madame Herduin rencontre ensuite son avocat et deux de ses collègues pour envisager ce qu'il est possible d'entreprendre. Il est possible d'essayer de changer la loi pour passer l'obstacle de l'absence de procès qui du coup ne pas être cassé, et d'attirer l'attention publique, en publiant des articles de journaux sur la base des témoignages des soldats qui servaient sous le commandement de son mari dans le 347e régiment d'infanterie. Malheureusement après trois articles publiés pendant l'été 1920, il n'y a aucune réaction. L'avocat a alors une autre idée : porter plainte devant la police, pour meurtre. Du fait de la présence d'un avocat, l'officier de police accepte de prendre le dépôt de plainte. Ce dernier parcourt sa trajectoire administrative et finit par arriver au ministère de la guerre. Là, le général qui a donné l'ordre de fusiller les lieutenants Henri Herduin et Pierre Millant est reçu par Louis Barthou, le ministre en personne, qui lui répond que la plainte n'ira pas loin car il en a déjà touché deux mots à son collègue de la justice et elle sera classée sans suite. Lors de leur rendez-vous suivant, l'avocat présente un député à Fernande Herduin. Berthon est avocat et indique d'entrée de jeu qu'il est communiste : avec l'accord de la veuve, il souhaite sensibiliser d'autres députés et lancer le débat au sein de l'hémicycle.



Facile et sans risque : raconter une injustice manifeste, jugée comme telle depuis, dans une bande dessinée basée sur une reconstitution historique. Sauf que le lecteur connaît déjà la fin de l'histoire, et qu'il n'est pas si facile que ça d'illustrer une action en justice sans tomber dans les visuels clichés et statiques des orateurs en train de s'interpeller à la barre. Les auteurs captent tout de suite l'attention du lecteur, dès la première page, avec ces soldats noyés dans une coulée de boue, alors qu'ils s'étaient mis à l'abri (très relatif) des obus ennemis, une séquence à la fois crédible et quasi métaphorique, dans une reconstitution historique réaliste et vivante. Si la page de garde ne le précisait pas, le lecteur pourrait croire que cette bande dessinée est l'œuvre d'un créateur unique, et non pas de l'association de quatre talents différents. La mise en couleurs apparaît comme naturaliste, servant à montrer la couleur de chaque élément, sans plus. Pourtant s'il y prête attention, le lecteur constate que Sébastien Bouet fait insensiblement glisser sa palette de couleurs vers des teintes plus ternes et plus boueuses pour l'évocation du passé (ce qui est arrivé à Herduin et Millant), et qu’il installe parfois une ambiance particulière en restreignant sa palette, par exemple avec un brun terne dans le bureau du ministre, ou dans l'hémicycle, comme si les individus présents étaient privés d'émotion.



En apparence, les dessins ne semblent pas extraordinaires, s'inscrivant dans la production pléthorique et industrialisée de bandes dessinées francobelge, avec une approche réaliste, et un degré de simplification pour dessiner plus vite, un usage régulier de gros plans et de très gros plans sur le visage des personnages, pour insister sur les expressions et donc l'état d'esprit, mais là aussi pour ne pas avoir à représenter l'arrière-plan, ou juste deux traits de rappel, en s'appuyant sur les couleurs pour donner rappeler également la teinte dominante du décor et donner l'illusion de sa représentation. Ce n'est pas désagréable, mais ça apparaît fade a priori. À la lecture, c'est une toute autre histoire (c'est le cas de le dire). Dès la première page, le lecteur apprécie la qualité de la reconstitution historique, à commencer par les uniformes militaires et les armes à feu. Il constate rapidement que l'artiste apporte le même soin aux tenues civiles, aux ustensiles et accessoires de la vie quotidienne, ainsi qu'aux aménagements intérieurs des bâtiments, appartements privés comme bureaux ou cafés. Puis il remarque que son impression superficielle est totalement erronée et que la narration visuelle est très riche, variée et à propos. Marko & Holgado n'économisent pas leur peine au fil des pages, et les planches donnent à voir énormément de choses au lecteur. En vrac : le monument commémoratif de Verdun, les toits de Paris avec vue sur la Tour Eiffel, une vue extérieure du ministère de la guerre, la façade de l'Assemblée Nationale, et l'intérieur, une colonne Morris, l'obélisque de la Concorde… En fait chaque fois qu'il tourne une page, le lecteur découvre un nouveau site représenté avec minutie, l'emmenant dans un lieu qu'il peut observer à loisir. La narration visuelle est à l'opposé d'un travail à l'économie, recelant une forte densité d'informations visuelles dispensées en toute discrétion, donnant l'impression de pages légères, effectivement faciles à lire.



Le lecteur se rend également vite compte de l'habileté de la structure des planches et du récit. Alors que le déroulement du récit repose essentiellement sur l'élaboration des stratégies conçues et mises en œuvre par la veuve du sous-lieutenant avec d'autres personnes intéressées, et par les parades déployées par l'administration dans ses différentes formes, la narration n'est jamais réduite à une enfilade de dialogues, s'avérant visuellement très intéressante, un véritable tour de force réussi à la fois grâce à la mise en page et ses plans de prise de vue, et grâce à l'alternance des lieux et des points de vue. Le scénariste impressionne également par la savante composition de son récit. S'il n'est pas familier avec les faits, le lecteur les découvre à partir de la page 22, ce qui attise sa curiosité et la maintient sur le qui-vive pendant la première moitié du récit. Les faits du 11 juin 1916 sont racontés en entremêlant ordres, réactions et émotions de manière organique, pour une tension dramatique aussi extraordinaire que juste. Tout du long, Le Naour construit une trame élégante entre les actions menées par Fernande Herduin, les conseils qui lui sont donnés, les personnes qui agissent pour elle, les évocations des champs de bataille, la vie civile après la guerre, les réactions des personnes mises en cause.



Le récit affecte encore plus le lecteur du fait qu'il n'y a pas de héros à proprement parler. Certes l'issue est connue d'avance, et la veuve et ses alliés luttent pour la justice contre un système administratif tout puissant, faisant penser à l'héroïsme de David contre Goliath. Mais le lecteur peut aussi choisir de ne voir que l'obstination de Fernande pour satisfaire sa vision personnelle de la justice, une ambition mesurée et avouée du député André Berthon, la responsabilité de Louis Barthou et des généraux de maintenir un système qui donne du sens au sacrifice de la majorité des soldats pendant la guerre de 14-18. Dans le même temps, la reconstitution historique est assez consistante pour montrer le coût écœurant en vies humaines. Les dialogues s'avèrent très fins, dépourvus de plaidoyers démonstratifs, d'exposés magistraux. Quasiment incidemment, l'absurdité de la guerre s'impose de manière inéluctable : fuir la mort assurée sur le champ de bataille, passer deux hommes par les armes sans jugement, faire tuer des français par des français. Ces constats deviennent encore plus monstrueux car ils sont évoqués par des individus en civils après la fin de la guerre, rendant compte de l'obscénité de ces carnages dans la boue, par rapport à la normalité des conditions dans lesquelles ils sont relatés en temps de paix, par des civils qu'il est devenu difficile de se représenter en uniforme de soldat dans les tranchées, avec les obus éclatant autour. Sans donner de leçon, la narration montre le processus systémique implacable, inique et absurde qui ne laisse aucune échappatoire à ces êtres humains accusés de trahison, alors qu'ils ont obéi aux ordres les plaçant sur des champs de bataille où ils pouvaient mourir à tout instant.



A priori, le lecteur peut se demander s'il a vraiment envie de lire ce témoignage sous forme de bande dessinée, sur une réhabilitation judiciaire dont il connaît l'issue avec des dessins qui semblent trop classiques. Au sortir de sa lecture, il est sous le coup d'une narration visuelle extraordinaire, d'une construction de récit d'une intelligence exceptionnelle, et d'une histoire vraie honnêtement racontée, sans démagogie ni romantisme, à la portée universelle. Chef d'œuvre.
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Verdun, tome 1 : Avant l'orage

La bataille de Verdun en BD, pari très audacieux et réussi à mon avis. Ce premier tome est essentiellement centré sur les manœuvres politiques et les décisions contestables de l’état major, vision très révélatrice de ce qui s’est passé à cette époque. Pendant que les poilus attendent des renforts et des munitions dans le froid, le manque de décision des maréchaux les oblige à l’ultime sacrifice sous les ordres du lieutenant colonel Driant afin de gagner du temps et de sauver Verdun.

Très bonne BD à faire découvrir aux plus jeunes.
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La Première Guerre mondiale pour les Nuls

Fort intéressant, facile à lire grâce à la structure du livre et à l’humour qui permet de mémoriser les faits importants. Humour si caractéristique de la série «  Pour les nuls » .

Dommage toutefois qu’il n’y ait aucune carte, ce qui aurait permis de mieux comprendre les stratégies d’ensemble et certains mouvements particuliers.
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Verdun, tome 1 : Avant l'orage

On pourrait dire encore une bd sur la Première Guerre Mondiale. Le lectorat peut être saturé tant la diffusion sur ce sujet fut vaste surtout à l'occasion du centenaire de cette guerre. Certes, mais il est surtout question de la bataille de Verdun qui curieusement n'a pas fait encore couler beaucoup d'encre de bd. On peut retenir de cette bataille qu'elle a coûté la vie à 700.000 hommes ce qui est en soi assez terrible.



Je suis également assez satisfait que depuis quelques temps, on remet en cause le prestige du généralissime Joffre qui est pour moi le principal responsable de ce massacre. Et dire qu'il y a encore des rues et des monuments qui portent son nom en France ! Qu'attendons-nous pour les déboulonner ?



L'auteur a restitué la vérité historique qu'on commence à peine à découvrir. Il sera également question de Pétain dans son rôle de sauveur de la mère des batailles. Encore une fois, rien ne sera épargné pour reconstituer la vérité. Par contre, si l'état-major s'est révélé incompétent, on ne peut que saluer le courage des poilus qui sont de véritables héros sacrifié pour notre pays.



A noter également une très belle couverture qu'il faut regarder d'un peu plus loin pour en saisir tout le sens.
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Les Taxis de la Marne - Septembre 1914 : Qu..

Il est vrai qu'il y a eu de nombreuses bd qui ont traité sur le sujet de la première Guerre Mondiale à en friser l'indigestion. Il faut dire qu'on se commémore le centenaire de la grande guerre afin de rendre hommage à ces soldats qui se sont battus pour sauver la patrie. On retient que c'est la guerre qui a été la plus meurtrière pour les Français de toute son histoire. On se souvient de ces cinq terribles années qui ont marqué à tout jamais notre territoire.



Voilà un épisode assez méconnu car en Septembre 1914, la France aurait pu perdre la guerre et Paris a été à deux doigts d'être conquise. Il aura fallu le courage d'un homme, le général Gallieni, pour empêcher cette défaite presque inéluctable. On a magnifié le généralissime Joffre alors qu'on se rend compte qu'il n'était qu'un vulgaire stratège et surtout un pleutre à l'image de ce gouvernement ayant fuit la capitale pour s'installer à Bordeaux. Il était surtout jaloux du talent et de la clairvoyance de celui qui fut son chef et qui lui a pourtant laissé sa place.



Oui, j'ai aimé ce nouvel éclairage qui me paraît nécessaire pour bien comprendre ce qui a fait basculer le cours de la guerre. Malheureusement, Joffre est resté au commandement suprême pour le plus grand malheur de ses soldats qui ont été sacrifiés sur les terribles champs de bataille, à commencer par Verdun.



Cette bd se termine comme un goût inachevé où l'on ne verra pas forcément les taxis de la Marne faire office de transporteurs sur le champ de bataille afin de sauver la capitale car l'objectif était plutôt de nous présenter le prélude à cet événement marquant. Cette manœuvre inédite dans son ampleur eut une réelle portée psychologique sur la population, l'épopée devenant rapidement un symbole d'unité et de solidarité nationale.
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La faute au Midi

Une lecture de plus sur la Première Guerre Mondiale qui n'en finit pas de faire couler beaucoup d'encre et de couleur après avoir fait couler le sang.



On se penchera sur le sort de deux innocents qui furent fusillés pour l'exemple. le contexte est celui de la débâcle en Lorraine des armées du XVème corps composé essentiellement de soldats provençaux. Au lieu de porter la responsabilité de leur maladresse tactiques, les généraux ont préféré faire porter le chapeau aux soldats méridionaux connus soi-disant pour leur lâcheté et leur fanfaronnade. Dans la réalité non fantasmée, ils ont envoyé les soldats à l'assaut sans soutien de l'artillerie. Les obus allemands ne les ont pas manqué. A noter qu'il y a plusieurs passages qui sont strictement similaires à ceux que j'ai lu tout récemment dans Les Taxis de la Marne.



Le généralissime Joffre a été très attaqué à juste titre dans Les Taxis de la Marne. On se rend compte avec ce nouvel épisode qu'il était un véritable as pour se dédouaner des défaites en faisant porter la faute sur de valeureux soldats. En ce qui me concerne, j'aurais fait enlever de tous le pays les statues de ce général qui ne méritait que le même sort que Pétain pour avoir causé des milliers de morts. Or, il a eu droit à des funérailles nationales suivi d'éloges sur son action. Quelque fois, L Histoire juge très mal. C'est un chef de guerre réellement médiocre doublé d'être un imposteur. Ce nouvel épisode va en tout cas dans ce sens et j'y souscris aisément devant les faits.



Bref, un album qui relate encore un fait oublié et qui nous fait prendre conscience de la valeur des hommes.
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Le soldat inconnu vivant (1918-1942)

J'ai beaucoup lu sur la Première Guerre Mondiale et je m'aperçois qu'il y a toujours des aspects à découvrir comme cette histoire véridique de soldat inconnu vivant. Il y a certes un jeu de mot avec la tombe du soldat inconnu. Il y a eu un soldat qui est revenu du front totalement amnésique.



A une époque où la TV n'existait pas, il était assez difficile pour les familles de l'identifier. Il y a en a bien qui l'ont reconnu mais elles étaient trop nombreuses : de l'ordre de 300 ! Beaucoup le reconnaissent comme étant un fils, un frère ou un mari disparu à la guerre. L'opinion publique était alors traumatisée par le massacre de 14-18 qui a coûté la vie à près de 1.7 millions de compatriotes soit 7% de la population qui a disparu ! On n'arrive pas à se rendre compte de nos jours ce que cela représente.



Triste histoire que celle-là où ce pauvre gars va finir sa vie en hôpital psychiatrique avant d'être victime des nazis. Il est devenu le symbole de toutes les mères qui n'ont pas retrouvé leur fils.



Ce cas avait passionné la France dans l'entre-deux-guerre avant de retomber dans l'oubli au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale où l'on voulait reconstruire un monde nouveau sans retomber dans les tristes souvenirs.
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François-Ferdinand : La mort vous attend à Sara..

J'ai lu il n'y a pas si longtemps la biographie consacré à Gavrilo Princip dont les deux balles allaient tuer 10 millions de personnes. En l'occurence, nous passons du côté du point de vue du successeur attitré de l'empereur François-Joseph. On se rend compte que François-Ferdinand n'était point aimé de l'empereur et qu'il n'était finalement qu'un rouage, qu'un prétexte pour livrer une guerre nationaliste sans merci.



J'ai bien apprécié ce portrait sans concession qui le montre comme un bon père de famille et mari aimant mais également comme un sale raciste. Des qualités mais également de gros défauts. Il est clair que le destin n'a pas voulu qu'il monte sur le trône afin de perpétuer la tradition des Habsbourg. On va revivre cette tragédie dans les moindres détails.



Grâce à ce one-shot, on arrive à mieux comprendre les rouages qui ont amené à la Première Guerre Mondiale. Le cahier final est plutôt bien réalisé pour comprendre les enjeux. J'ai d'ailleurs commencé à le lire avant d'entamer ma lecture. Bref, les amateurs d'Histoire aimeront.
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Verdun, tome 3 : Les fusillés de Fleury

5 juin 1916



Verdun est sous un déluge d'explosions, tantôt allemandes, tantôt françaises, le décors est réduit à sa plus simple expression et la seule chose qui se compte encore en nombre, ce sont les cadavres de poilus.



Le Fort de Vaux vient de tomber, les Allemands, fêtent ce succès par un pilonnage sans précédent sur toute la campagne avoisinante, ils veulent en profiter pour enfoncer les lignes françaises plus avant encore.



Dans cette horreur sans nom, deux lieutenants vont réussir à se dégager, avec une trentaine de leurs hommes et du matériel important pour regagner les lignes françaises et se remettre à la disposition de leur commandement, ce sont les lieutenants Herduin et Millant.



Dans n'importe quelle armée, cet acte de bravoure serait récompensé par une promotion, une distinction et une médaille.



Sous le commandement français de Verdun, la récompense sera un peloton d'exécution pour abandon de poste devant l'ennemi.



Pour Fernande Herduin, la veuve d'un des deux lieutenants, aucune réponse ne viendra satisfaire ses questions : il n'y a pas eu de court martiale, pas de procès, ils ont juste été exécutés sommairement.



Qu'à cela ne tienne, Fernande décide de tout faire pour rendre l'Honneur à son époux disparu et va tout mettre en œuvre pour arriver à ses fins : articles de presse, interpellation au gouvernement et même, en l'absence de dossier militaire, une plainte pour meurtre à l'encontre de l'Armée et de ses généraux en fonction à Verdun.



Un combat perdu d'avance ? .... voici l'Histoire des fusillés de Fleury.

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Verdun, tome 2 : l'agonie du Fort de Vaux

13 mai 1916



La bataille de Verdun est engagée, et les places fortes françaises sont mises à mal.



Il faut un volontaire pour aller reprendre le Fort de Vaux, une mission quasi suicidaire, car la place forte est en première ligne.



Le commandant Raynal se porte volontaire et rejoint l'édifice sous le feu ennemi, gage que la partie est loin d'être gagnée.



Les ordres sont clairs, il faut tenir.



Le Commandant Raynal va d'abord s'employer à réorganiser la défense du Fort, repousser les attaques ennemies, à la mitrailleuse, les canons ayant été retirés plusieurs mois auparavant car on les estimait plus utiles en campagne qu'isolés.



Les soldats du Fort de Vaux vont offrir une résistance héroïque aux assauts teutons, mais devront, faute de nourriture, eau, médicaments, munitions... se rendre le 7 juin.



Ils sortiront avec les Honneurs rendus par l'armée allemande qui saluera ainsi la bravoure de ces soldats.



Voici leur Histoire !
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