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Critiques de Jennifer Lesieur (63)
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Amelia Earhart

Les grands aventuriers, les grands voyageurs, les alpinistes, les marins, tous ces conquérants d'un inutile qui est essentiel pour eux nous adressent toujours un message qui traversent décennies et siècles, qui nous atteint plus ou moins selon nos sensibilités et nos désirs.



Celui de la belle Amelia Earhart s'inscrit parfaitement dans le merveilleux de toutes ces vies où le risque, le danger, la mort passent toujours après l'accomplissement d'un idéal.



Cette courte biographie de la jeune aviatrice, née juste à temps pour partager avec d'autres les premiers pas de la conquête aéronautique révèle, comme pour tous ces héros, une personnalité très attachante.



L'auteur la met parfaitement en scène dans ce livre, aussi bien au sol, souvent empêtrée dans ses ailes de géante des cieux, tel un albatros baudelairien, mais d'elle personne ne se joue, elle suscite admiration, identification sans doute pour de nombreux fans de cette jeune femme magnifique.



Le livre comporte plusieurs citations des propos de l'aviatrice et, si elle n'emploie pas les mêmes mots qu'Hillary à propos de l'Everest, sa passion du vol, elle l'exprime en un seul mot quasiment intraduisible : fun. Tout simplement, elle vole parce qu'elle en a envie et les défis s'enchaînent, sans cesse plus audacieux, jusqu'à l'ultime, celui qui l'enverra vers les profondeurs maritimes du Pacifique, avec son avion, le meilleur des linceuls.



Cette biographie est doublement intéressante car elle met en scène une enfant casse-cou, une jeune femme déterminée, solide et fragile tout à la fois, avec ses convictions et ses doutes, elle offre de merveilleux voyages en compagnie de la "petite fiancée de l'Amérique".
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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

Après avoir lu le bel album de Jirô Taniguchi, « Les gardiens du Louvre », dans lequel le lecteur revit, entre autres, les évènements qui ont entouré l'évacuation du musée du Louvre pendant l'Occupation, c'est avec plaisir que j'ai demandé à lire le récit de Rose Valland, espionne de l'ombre, qui a dédié sa vie à la restitution des oeuvres d'art spoliées par les Nazis.

Je remercie Babelio, les éditions Robert Laffont et l'autrice, Jennifer Lesieur. J'ai aimé mon voyage dans le Paris occupé, j'ai aimé me promener dans l'histoire de ces oeuvres et de cette femme hors du commun.



*

Le récit débute quelques mois avant l'entrée des Nazis dans Paris. Jacques Jaujart, alors directeur du musée du Louvre puis des musées nationaux en 1940, fut chargé d'organiser l'évacuation des collections des musées parisiens au début de la Seconde Guerre mondiale.

C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai revécu la mise à l'abri, hors de Paris, de milliers de chefs d'oeuvre, tableaux, sculptures, meubles et objets (tapisseries, livres, bijoux, …).

Imaginez aujourd'hui Le Louvre sans la Joconde, la femme à la perle, la Dentellière, le Sacre de Napoléon, les noces de Cana, le radeau de la méduse ou la Victoire de Samothrace.



Rose Valland, historienne de l'art et attachée de conservation au Musée du Jeu de Paume, va également participer au sauvetage des plus belles pièces du Musée qu'elle a en charge, celles de Picasso, Chagall, Modigliani pour n'en citer que quelques-unes. Mais après les avoir accompagnées dans le sud de la France, elle se sent liée à son musée et à ses oeuvres et décide revenir sur Paris pour poursuivre sa tâche.



*

Grâce à son beau travail de recherche, Jennifer Lesieur nous plonge dans le Paris occupé.

La capitale française va représenter une manne pour Hitler et Goering, la capitale regroupant la quintessence de l'Art, mais aussi pour les riches investisseurs et les marchands d'art collaborationnistes attirés par toutes ces richesses. Ils vont profiter de l'aubaine pour acquérir, à moindre coût, des trésors volés.



*

« C'était le rêve de ma vie de pouvoir visiter Paris. Je ne saurais dire combien je suis heureux que ce rêve se soit réalisé aujourd'hui. »



Ces paroles sont d'Hitler. Il vouait une passion malsaine pour l'art, il rêvait de devenir artiste peintre, mais il fut refusé deux fois à l'entrée de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Eprouvant un sentiment de ressentiment à l'égard des Viennois, Hitler aura pour ambition de construire le plus grand musée du monde à Linz, en Autriche.

Il décide alors que tous les biens des collections nationales et privées doivent passer sous son contrôle exclusif. Dès lors, les plus grands chefs d'oeuvre vont être confisqués pour approvisionner le futur musée du Führer dédié à l'Art Véritable reflétant l'idéal aryen.

Néanmoins, certaines oeuvres dites « dégénérées » seront vendues ou échangées pour soutenir et alimenter l'effort de guerre. D'autres, malheureusement, seront détruites.



« Hitler donnait à l'art une place majeure dans les projections de sa folie, au même titre qu'à l'antisémitisme et à l'expansion d'un « espace vital » pour les Aryens. … Il s'agissait moins d'un plaisir esthétique que d'un programme parallèle à sa politique raciale et expansionniste : une rage égocentrique qu'il nourrirait jusqu'à sa mort. »



Si Hitler avait des idées mégalomaniaques, Goering n'était pas en reste. le numéro 2 du parti nazi, surnommé « L'ogre », un homme obèse et drogué, vaniteux et obsessionnel, n'aura de cesse, lui aussi, d'enrichir sa collection privée, se servant généreusement dans les territoires occupés pour dira-il « assurer la conservation des objets d'art ayant appartenu à des juifs ».



*

Pour en revenir à notre héroïne, les biens de valeur des juifs, des communistes et des francs-maçons seront tout d'abord entreposés dans plusieurs salles du Louvre réquisitionnées à cet effet. Mais, en raison de l'ampleur des saisies, Jacques Jaujart va proposer aux Nazis de stocker les nouvelles arrivées au Musée du Jeu de Paume, subterfuge pour pouvoir espionner les déplacements les oeuvres volées.



Rose Valland va voir transiter par son musée les plus belles collections publiques et privées appartenant à de grandes familles juives, les Rothschild, Paul Rosenberg, Veil-Picard, Adolphe Scholss, … avant de rejoindre l'Allemagne.



« Cet anéantissement de leur vie privée, de ces symboles du coeur et de l'esprit, marquait l'avant-dernière étape avant leur extermination. »



Femme réservée, sensible, courageuse, tenace, totalement dévouée à l'art, sa présence ne représente pas une menace aux yeux des Nazis.

Sans participer personnellement au recensement de toutes les pièces qui vont passer au Jeu de Paume, Rose Valland va risquer sa vie en écoutant, observant, mémorisant et consignant le nom de nombreuses oeuvres, leur provenance et leur destination, en retenant également le nom et l'emplacement de plusieurs dépôts en Allemagne.



Après la Libération, avec l'aide d'un américain appartenant aux Monuments Men, James Rorimer, Rose Valland va se consacrer à traquer, retrouver et restituer le patrimoine dérobé et disséminé dans toute l'Europe et principalement en Allemagne.

La tache est colossale : après presque cinq ans d'occupation, les nazis ont soustrait près de 100 000 objets d'art.



« La vengeance était une manière vaine de détruire les souffrances du passé, et elle préférait regarder en avant, réparer ce qui pouvait l'être. »



*

Je lis assez peu de documentaires, d'essais, de biographies, mais j'ai apprécié ce livre qui se lit comme un thriller historique.

Jennifer Lesieur retrace la vie de cette femme discrète et effacée, intelligente et instruite, diplômée en art et détentrice d'une thèse, qui a voué sa vie à la restitution des biens volés jusqu'en 1980, date de sa mort.

Le récit de sa vie nous fait revivre les évènements principaux qui ont marqué ces heures sombres de l'Histoire. On ressent l'atmosphère lourde et angoissante de l'occupation allemande, le climat fébrile et trouble de l'après-guerre, les tensions très vives entre les alliés au moment de la capitulation de l'Allemagne et du découpage de Berlin.



En marge, l'autrice aborde la place de la femme dans le monde de l'art.

Malgré ses nombreux diplômes, son engagement et son parcours incroyables, Rose Valland aura du mal à gravir les échelons de cette profession essentiellement masculine.



« Si la guerre révéla bien des héroïnes, les années 1950 n'étaient pas disposées à leur accorder une position plus méritantes dans la société. Les oeuvres avaient retrouvé leur place au musée ; pas Rose. le monde muséal restait régi par des hommes, pour des hommes. »



*

L'écriture est simple, sobre, va à l'essentiel tout en étant parsemée de détails et d'anecdotes passionnants.



J'aurais cependant aimé que le texte soit agrémenté de photos d'époque.



*

Pour conclure, « Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre » est le beau portrait d'une femme engagée qui a joué un rôle essentiel dans la localisation et la récupération des nombreux chefs d'oeuvre spoliés par les nazis sous l'Occupation. Elle a également permis d'identifier les propriétaires légitimes en vue de leur restituer leurs biens.

Ce livre est un bel hommage à son courage et à sa détermination.
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Tu marcheras dans le soleil

*** billet actualisé le 8 avril 2023



***Sur le point d'offrir mon exemplaire à deux amies " grandes voyageuses" et " grandes marcheuses", j'ai la " mauvaise idée " de me replonger dans ce livre adoré...et PATATRAS...envie de le garder encore un moment et de le relire ! Et je m'étonne de la lenteur des " rangements " et classements ... réguliers de mes rayonnages surchargés !!!

Je me permets une once de " narcissisme contraint" ! Je m'explique : en dehors de " liker" ma propre chronique, je n'ai pas trouvé d'autre astuce de remettre en avant ce livre dont la lecture m'avait enchantée !





*** billet d'origine :



Cela fait une éternité que je souhaite lire les textes et récits de voyages de Bruce Chatwin; la publication toute récente de cette biographie écrite par Jennifer Lesieur, fascinée et habitée par la personnalité complexe de cet écrivain-voyageur, ayant la bougeotte comme elle... a relancéma curiosité...



"L'oeuvre complète de Chatwin se lit relativement vite (...) Comme on y trouve de l'art, de la géographie, de la compassion, de l'aventure pure,

de l'humour noir et quelques siècles d'histoire, un première lecture en a appelé une deuxième, me donnant la certitude que je m'y réfugierais souvent pour les années à venir. "(p. 12)



Un texte passionnant, des plus vivants qui retrace la vie tumultueuse de Bruce Chatwin, sa passion et compétences pour les Antiquités, ses années d'expert chez Sotheby's, ses voyages, ses diverses missions aux quatre coins du monde, ses amours, la rencontre exceptionnelle de son épouse, Elizabeth, l'écriture de ses livres, ses souffrances pour un ouvrage colossal sur "L'Alternative nomade", sa fascination pour l'archéologie qu'il tenta un moment.; un temps, il fut journaliste pour le "Sunday Times", ses interviews de personnalités dont un rencontre avec Malraux... Madeleine Vionnet, Maria Reiche, l'architecte et designer, Eileen Gray [qui provoqua le déclic pour la Patagonie !!], etc.



Jennifer Lesieur nous fait participer à ses recherches sur "son auteur de prédilection", entre Athènes et L'Angleterre, dans les bibliothèques patrimoniales d'Oxford, La British Library à Londres, etc....



Bruce Chatwin avait la bougeotte , une curiosité insatiable ,une boulimiede l'ailleurs, et peut-être aussi une difficulté à vivre !

Un être complexe,ambivalent, brillant, séducteur...et toujours en partance pour de nouvelles destinations à prospecter !!! Comme il se qualifie justement, il était

tel un "Oiseau migrateur"...



"Or, contrairement aux nomades, Bruce ressentait le besoin d'une base où rentrer régulièrement, pour mieux la quitter ensuite : "L'errance peut apaiser une part de ma curiosité naturelle et satisfaire mon goût de l'exploration, mais je suis ensuite tiraillé par le désir de retourner chez moi. Il y a une force qui me pousse à partir et une autre à revenir- un instinct de retour à mon habitat d'origine comme chez un oiseau migrateur. " (p. 98)



Jennifer Lesieur nous offre une biographie vivante, contrastée pleine de mouvement comme la vie de son "anti-héros".Chatwin rencontra les personnalités mondiales les plus célèbres dont sa rencontre avec "Mother India", Indira Gandhi, sur laquelle il dût écrire "un papier" pour le Sunday Times,mais qu'il supporta difficilement !



L'auteure rendra visite à la veuve de Bruce Chatwin, Elizabeth...S'imprégna surtout de sa bibliothèque...en sentant très justement que des portes devaient rester fermées, et des questions sans réponses !....



Même si l'écrivain -voyageur est brillant, talentueux dans l'écriture, comme dans la photographie, Jennifer Lesieur nous fait bien percevoir le fond de détresse et de solitude de cet homme. Elle exprime au plus près de son ressenti son admiration et ses propres ambivalences à son encontre...Une excellente approche tout en subtilités de cet écrivain-nomade, dont je vais m'empresser de lire les écrits...sur la lancée de ce passionnant moment de lecture...



"- Il est intéressant, votre bonhomme, vous devez regretter de ne pas l'avoir connu. ça, non ! Egocentrique, fuyant, parfois superficiel, Chatwin ,'était pas forcément sympathique. Il m'aurait probablement fatigué par son bavardage compulsif, cette manière grossière de na pas écouter les autres et de les garder à distance (...) Sa façon légère de traiter ses amis, d'abuser de leur hospitalité, de prendre leur affection pour acquise- ce qui était le cas- ne joue pas non plus en sa faveur. Pourtant, je lui pardonne ses petitesses, parce que la détresse qui l'habite est le moteur de ses voyages géographiques et intérieurs, et que son excès de confiance masque mal les abîmes de doutes qui le rattrapaient. Je trouve des excuses à un homme trop pressé qui pressentait peut-être sa mort prématurée, et dont la hâte a pu égarer, blesser autrui, pour aboutir à un constat simple : je l'aime aussi pour ce quon n'aime pas en lui. (p. 177)



Bruce Chatwin, cet écrivain -nomade , Homme de toutes les contradictions,va écrire un roman incroyable, aux antipodes de ce qu'il a toujours été: il va s'intéresser à deux jumeaux fusionnels, fermiers dans les collines galloises, qui n'ont jamais bougé de leur ferme...en faire un roman "Les Jumeaux de Black-Hill" , qui connut un immense succès !



"Chatwin ne voulait pas être nulle part, il voulait simplement être ailleurs. Et ce ailleurs, il le trouva dans la littérature." (p. 161)





***ajout ce 8 avril 2023



En plus de son mal de vivre, de l'abondance de ses doutes, Bruce Chatwin s'interrogeait sur les quêtes des hommes, en mouvement permanent, pour un certain nombre ( dont il faisait partie): le goût des voyages , des autres ou de l'ailleurs pour " L'AILLEURS" ou simple fuite en avant ??



"" J'eus le pressentiment que la phase "voyageuse " de ma vie pouvait tirer à sa fin.J'eus l'intuition qu'avant d'être envahi par le mal rampant de la sédentarité, il me fallait rouvrir ces carnets.Je devais coucher sur le papier un condensé des idées, citations et rencontres qui m'avaient amusé ou obsédé ; et qui, je l'espérais, jetteraient une lumière sur ce qui est, pour moi, la question des questions: pourquoi l'homme ne peut-il tenir en place ? "











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Amelia Earhart

Jolie biographie de celle qui fit le buzz des années 30 parcequ'elle fut la première femme pilote à traverser l'Atlantique et parceque son époux et manager sut l'instrumentaliser pour de juteux sponsorings.



Ses exploits, elle les faisait pour le fun et aussi pour démontrer l'égalité des femmes, ce qui, dans le contexte des années folles et ajouté à son charme, son humour, sa spontanéité, la rendait mondialement sympa.



Son dernier exploit, un tour du monde dont la dernière étape 
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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

J'avais écouté récemment avec curiosité la série sur France Culture "Rose Valland, héroïne de l'ombre" , Masse Critique et les Éditions Robert Laffont m'ont permis , à point nommé, de compléter agréablement ma connaissance sur l'histoire de cette femme valeureuse et je les en remercie grandement.



En 1938, Rose Valland est nommée par Jacques Jaujard responsable du musée du Jeu de Paume à Paris , musée baptisé : Musée des écoles étrangères contemporaines .



Jacques Jaujard , sous directeur des musées nationaux est l'homme qui a organisé le transfert des œuvres du Louvre et en particulier de La Joconde vers des lieux plus sûrs dès les prémices de la seconde guerre mondiale.



Lors de l'arrivée des troupes allemandes à Paris en 1940 , Rose Valland ne tarde pas à recevoir la visite de Goering alors que le musée du Jeu de Paume a été transformé en plaque tournante des objets d'arts, tableaux, statues , livres , mobiliers volés dans les différents musées et chez les particuliers, surtout juifs où les collections ont été largement pillées .

Des expositions sont rapidement organisées par ses sbires pour que le numéro 2 du régime nazi fasse son choix pour Hitler et surtout pour lui .

Des trafics et des vols se succèdent sans cesse.



Rose, qui n'a pas de rôle officiel pour les allemands, observe, scrute, répertorie , mémorise et note tout ce qui entre et qui sort du musée , n'hésitant pas à arpenter les bureaux après la fermeture, à fouiller les corbeilles de papier au péril de sa vie .

Elle emporte précieusement ses notes en en informant régulièrement J Jaujard .



L'autre combat pour Rose est celui de la préservation des œuvres dites modernes ,considérées comme de l'art dégénéré par les nazis et dont certaines sont conservées dans une arrière salle appelée Salle des martyrs et qui servent de trocs .



Beaucoup de personnes peu scrupuleuses gravitent autour de ces trafics, des officiers et des civils allemands mais également français ,des galeristes , des collectionneurs etc ...



Rose parvient aussi à alerter les résistants sur certains convois ferroviaires à destination de l'Allemagne ou de l'Autriche chargés de caisses d’œuvres d'art.



L'autre partie du livre , et qui n'est pas moins importante, relate l'acharnement de Rose ainsi que d'autres personnes à retrouver ces œuvres pour ensuite les restituer à leurs propriétaires : musées et particuliers .



Rose a accumulé des carnets avec les destinations des caisses et c'est finalement aux américains qu'elle confiera ses notes, ces Monuments Men , beaucoup plus efficaces que les services français ou anglais croulant sous les démarches administratives , Rose va passer dix années en Allemagne dès 1945 .



Grâce au travail de fourmi de Rose et de rares autres personnes, de nombreuses caches vont être trouvées, des mines, des châteaux , des tunnels ferroviaires à l'abandon ...



Cette récupération laborieuse va être entravée par l'arrivée des troupes soviétiques qui veulent se rembourser en nature et remplacer ce qui leur a été volé ou détruit ...L'absence d'autorisation ne va pas empêcher Rose de faire des incursions dans les territoires sous domination russe , sa mission d'espionnage n'étant pas non plus à l'abri de dangers .



Pendant ce temps s'ouvre l'ère des procès mais certains individus ayant participé à cette grande spoliation ne seront pas poursuivis, l'importance de ce trafic d'Art venant bien sûr au second plan derrière les drames humains.



Rose Valland , parce qu'elle était femme, est restée dans l'ombre , inconnue de beaucoup de personnes, à commencer par de nombreux hommes politiques .

Elle a pourtant été décorée à plusieurs reprises y compris en Allemagne .

Elle a poursuivi durant le reste de sa vie la tâche difficile de la restitution des œuvres d' arts.



"En 2022, il restait 2143 œuvres d'art estampillées MNR en France . Et encore plus d’œuvres sans étiquette, disparues elles aussi, cachées dans des salons privés, des coffres bancaires ou circulant dans les circuits obscurs d'un marché d'art parallèle.



Mais comme ces tableaux qui réapparaissent parfois , bien des années plus tard dans des lieux insoupçonnables , des secrets sortent des limbes de l'histoire. Des hommes et des femmes continuent de consacrer leur vie à retrouver , et à restituer , ces œuvres d'art arrachées par la violence à leurs propriétaires , à réparer des torts que personne n'a oubliés. Et à perpétrer ainsi ce geste simple pour lequel Rose Valland s'est battue jusqu'au bout : ramener un tableau chez lui, le raccrocher au mur de ceux qui l'ont aimé et le contempler, l âme en paix ."



* MNR : Biens Musées Nationaux Récupération



Une femme courageuse, obstinée que je ne suis pas prête d'oublier !



Il faut noter que les recherches continuent de nos jours et que le 29 Juin une loi a été votée pour permettre de sortir les œuvres des musées sans passer par le Parlement ...
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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

Instinct, organisation et efficacité, peu de personnages historiques peuvent rivaliser avec les qualités de Rose Valland.



Jennifer Lesieur a réussi un double coup : celui de l’enquête de vie de Rose Valland en parallèle du parcours des oeuvres spoliées pendant la Seconde Guerre Mondiale. Qui dit mieux ? Peu d’auteurs réussissent à nous transmettre autant d’informations sous la forme d’un roman d’enquête (si la dénomination m’est permise). Sans m’ennuyer une seule seconde durant la lecture des 230 pages, j’ai non seulement appris l’essentiel concernant les spoliations des différentes oeuvres d’art, mais aussi le parcours de celles-ci ainsi que leurs différents modes de restitution. Le tout orchestré avec poigne par Rosa-Antonia Valland dite Rose.



L’autrice a été épaulée par Emmanuelle Polack, spécialiste des spoliations artistiques. Leur collaboration nous garanti, à nous les lecteurs, l’authenticité historique de ce fait dont on parle un peu plus depuis qu’en 1995, Jacques Chirac, lors de la commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv, a admis officiellement la responsabilité du gouvernement de Vichy dans la déportation des Juifs de France.

Récemment, en janvier 2023, un vote au Parlement d’une loi-cadre sur les restitutions, a en quelque sorte bouclé une page d’histoire, celle qui depuis plus de 75 ans méritait une reconnaissance.



Les grandes lignes du livre débutent par l’arrivée au Musée du Jeu de Paume à Paris de 400 caisses bourrées de toiles de maîtres, de sculptures, de meubles, de tapis, de tapisseries et d’objets précieux ; le tout sous les yeux d’une discrète jeune femme de 42 ans -Rose est née le 1er novembre 1898- diplômée à la fois par l’Ecole Normale de Grenoble à 16 ans mais aussi les Beaux-Arts de Lyon.

A une époque où « l’on préférait une femme éduquée à une femme instruite », Rose a écouté son coeur et fort heureusement d’ailleurs, puisque cette passion portera ses fruits lorsque musées et familles spoliées pourront revoir leurs merveilleux objets. En 1949 on suivra le rapatriement de 61 233 objets culturels : 45 441 seront rendus.

Rose Valland mérite largement qu’on ait créé une association à son nom et des livres tels que celui-ci.



Jennifer Lesieur note en passant que « le rôle de la Dame du Jeu de Paume avait été minimisé » et que sa participation « a été subtilement gommée dans l’histoire inachevée des restitutions des biens culturels des victimes des pillages et des spoliations ».



En parallèle du parcours de vie de Rose, l’autrice situe précisément l’Histoire avec un grand H. Entre Anschluss et fausses promesses de paix, évacuation des tableaux pendant la guerre en Espagne, virées du Reichsmarschall Goering à Paris au moment de l’armistice, folie des grandeurs d’Hitler qui prévoit Sa ville natale Linz comme allant devenir La plus grande ville culturelle, ou encore les oeuvres de Modigliani, Picasso, Chagall évacuées vers Chambord, nous suivons facilement le pan historique présenté par l’autrice. En fin de livre elle partage une généreuse liste de ses sources afin que nous puissions pousser davantage nos connaissances, si affinités.



En refermant le livre je me suis promis de lire une des biographies écrites par Jennifer Lesieur, celle d’Alexandra David-Néel, par exemple.
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Antarctica Blues

Jennifer Lesieur, une jeune journaliste, épuisée par une vie trop trépidante et stressante parisienne embarque sur un bateau de croisière pour l'Antarctique .

Ce récit concerne en fait deux voyages effectués à quelques mois d'intervalle résumés en un seul .



Nous avons droit aux différentes descriptions de la vie à bord du bateau, de la diversité des nationalités de l'équipage ainsi que celles des passagers , des occupations proposées , de sa cabine , de l'équipement pour les sorties ...

J'avoue ne pas avoir été intéressée par ces passages ressemblant parfois à une notice touristique vantant les mérites de cette compagnie même si il y a un humour certain , une malice derrière certains propos .



Jennifer Lesieur rapporte aussi les différentes explorations vers ce continent, expéditions souvent dramatiques laissant beaucoup de morts en chemin et de désillusions mais parfois couronnées de succès et de belles aventures, ce n'est pas le cas des ravages de la chasse à la baleine .

Ces parties sont bien documentées .



Les différentes sorties sont détaillées avec souvent l'histoire des iles et des terres abordées.

La découverte des colonies de manchots , des baleines, des phoques est un choc émotionnel .



Les conditions météos dans cette partie extrême du monde sont souvent capricieuses avec des brouillards fréquents empêchant observations ou sorties.



"L’Antarctique, c'est aussi cela : accepter de ne rien voir et en retirer de la grâce ".



Chapeau pour le bain dans une eau à moins de 1 degré !



Bien sûr , le changement climatique et ses désordres et dégâts évidents , en particulier sur les différentes espèces de manchots sont abordés .



"C'est ici, sur la péninsule Antarctique, que le réchauffement climatique est le plus rapide, visible et impactant. La faune crève de chaud, et le sourire se crispe en voyant les poussins papous haleter sous leur chaud duvet "



"Le dilemme du tourisme polaire " est d'ailleurs le titre d'un chapitre : la journaliste se pose et pose la question ... De devenir "ambassadeur de ce continent " est-il suffisant comme justificatif ?



On comprend aisément ce qui a séduit , ou plutôt ce qui a imprimé une marque indélébile à ces voyageurs privilégiés ... Il y a une fascination pour ces paysages, pour l'ambiance et , chose plus surprenante pour la musique qui émane de la contemplation .



Alors, je pars ou pas ?

La réponse est évidente et n'a pas variée après la lecture de ce récit, je ne verrai pas l'Antarctique , je ne veux pas rajouter mes petits pas d'humain à ce sanctuaire si fragile , je continuerai à rêver de ces contrées et à espérer un électrochoc de nos consciences devant l'avancée du péril climatique .



Je remercie NetGalley et les Éditions Stock .



#AntarcticaBlues #NetGalleyFrance
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Mishima

Avant de commencer ma critique je tiens à signaler le fait que Jennifer Lesieur a essuyé des accusations de plagiat pour avoir repris dans son livre de larges passages de la biographie de Mishima faite par John Nathan ( pour plus de renseignements je renvoie au site non.fiction.fr ). Après des comparaisons des passages référencés comme très largement plagiés par Jennifer Lesieur par le site non.fiction avec les passages de la biographie de Nathan j'ai pu constater que le site avait malheureusement raison, même jennifer Lesieur a reconnu son plagiat et s'en est platement excusée... ces révélations ont contribué à gâcher ma lecture de cette biographie ...



En faisant abstraction de cette affaire de plagiat, je vais cependant tenter d'émettre un avis objectif sur ce livre.



Cette biographie ne m'a pas satisfait. Je concède que je suis un lecteur difficile en ce qui concerne MIshima : je crois avoir lu la majeure partie de son œuvre ( du moins celle traduite en français ) et je connais bien la vie de Mishima qui est mon écrivain préféré. Le défi semblait de taille pour me satisfaire : je m'attendais à un livre qui me fournisse des anecdotes et des détails de la vie de l'auteur que je ne connaissais pas, qui tente d'expliquer la personnalité de l'auteur et qui analyse le sens de ses livres.

Las, cette biographie n'a été pour moi qu'une cruelle déception ! Face à mes nombreuses exigences, la faiblesse de ce livre m'a déçu. Je n'ai pas appris de chose significative sur la vie de l'auteur, à peine quelques anecdotes qui se comptent sur les doigts de la main.

De plus, l'analyse de l’œuvre de l'écrivain est pour le moins basique : pour chaque livre la biographe se contente de narrer sommairement l'histoire, d'indiquer l’accueil fait par les lecteurs à la parution de chaque nouvelle œuvre et à quelques éléments convenus d'analyse : wikipedia m'aurait presque appris plus de choses...

L'analyse de la personnalité de Mishima est soit défaillante soit caricaturale : ma fréquence cardiaque a changé de rythme tellement j'étais énervé de voir Lesieur asséner que Mishima était un exhibitionniste !



Cependant, je vais m'efforcer ici de quitter mon vécu personnel et de me mettre à la place d'un néophyte de la vie et de l'ouvre de Mishima.

Dans cette optique, le caractère schématique du livre permet de bien connaitre l’essentiel des passages marquant de la vie de Mishima et de saisir, sans nuances certes, mais avec efficacité les traits de caractère dominants de la personnalité de Mishima.

Les chapitres sont bien organises et regroupent de façon claire les différents moments de la vie de Mishima et les quelques photos sélectionnées en milieu d'ouvrage permettent de bien saisir l'identité de l'écrivain.



Pour ce qui est du style, il n'est ni impérissable ni désastreux, aussi le qualifierais-je de banal.



Aussi je conseille vivement à ceux qui veulent lire une biographie plus exhaustive sur Mishima de consulter les excellents ouvrages de John Nathan ou de Henry Scott-Stokes.



Au final un roman qui malgré le plagiat de l’excellent Mishima de Nathan reste une biographie convenue et sans surprise de l'écrivain Mishima. Son seul mérite est de fournir une base de départ efficace pour la connaissance de Mishima pour ceux qui veulent commencer à connaitre l'auteur nippon.



PS : à la décharge de Jennifer Lesieur, il paraissait presque impossible pour elle de réussir à faire un travail satisfaisant : ne parlant pas japonais, elle a du se contenter pour bâtir son livre des maigres sources et anglais et en français qui sont largement insatisfaisantes...
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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

Les vrais héros de l'histoire ne s'annoncent pas toujours. Il faut parfois les trouver, aller les chercher. C'est le cas de Rose Valland. Vous ne la connaissez peut-être pas, mais au moment où vous aurez terminé ce livre/récit de Jennifer Lesieur, elle pourrait bien faire partie de votre panthéon personnel. De ces personnages qui vous marquent à la fois dans ce qu'ils sont et ce qu'ils font.



Et pourtant :

"Le secret absolu dans lequel elle avait cadenassé sa vie et son action a effacé plus que son nom. L’existence de Rose Valland, criblée de béances, comporte un gouffre qui relève de la magie noire. Il n’existe aucune image animée d’elle. Aucun film, aucune vidéo amateur, aucun extrait de documentaire, aucune apparition, même floutée, fugitive, hors champ ou accidentelle, sur aucune pellicule. Traverser presque tout le XXe siècle sans se laisser capter par une caméra est un tour de force qu’elle a réussi, à supposer qu’elle l’ait souhaité."



Le 3 novembre 1940, Goering emportait dans son train personnel des chefs-d’œuvre déposés au musée du Jeu de Paume. Ce jour-là "La femme invisible était toujours là. Impuissante, elle avait assisté à ce rapt en redoutant déjà les suivants, ici même, dans son musée où flottait encore l’odeur du cigare froid et des souffles lourds, son musée qui venait d’être souillé.

Elle s’appelait Rose Valland, et elle apprit ce jour-là à hurler en silence."



À une époque où l’on préférait une femme éduquée à une femme instruite, c’était déjà une avancée remarquable pour une jeune fille de son milieu, dont le père était maréchal-ferrant et sa mère qui tenait la maisonnée. Inscrite à l'école normale son chemin d'institutrice était tout tracé.

Mais c'était sans compter sa passion pour l'art. Direction les Beaux-Arts de Lyon, puis les Beaux-Arts de Paris. Malgré sa réussite son goût pour apprendre était bien plus fort que celui de transmettre...

Mais rien, ni personne ne l'avait préparée à ce qui allait advenir. Elle allait être propulsée dans l'Histoire....



L'exode des œuvres d'art des musées parisiens devait commencer.

"La « drôle de guerre », dans son attente inquiète des premiers combats, permit aux sauveteurs du Louvre d’agir avec calme et méthode. En quelques jours, il ne resta plus au musée que des œuvres d’importance secondaire, des cadres vides posés le long de murs nus où se dessinaient des carrés et des rectangles plus clairs à l’emplacement des toiles. La Grande Galerie avait des airs de hall de gare vide, où résonnait le moindre son. Comme la scène d’un théâtre déserté par ses décors et ses acteurs, le cœur du bâtiment cessa de battre."



L'armistice signé, Hitler était à Paris

" Hitler porta sur les fontaines, les immeubles, les volets fermés, un regard de propriétaire. Il tenait enfin cette ville qu’il admirait, volée à un peuple qu’il méprisait. Une capitale engourdie, où il n’avait croisé aucun regard de défi. [...] Pour lui, l’art n’était pas tant une source de beauté, de contemplation, d’ouverture des perceptions qu’une addiction mauvaise, une obsession fanatique parmi tant d’autres. Et un moyen de se venger, d’effacer l’humiliation du traité de Versailles et celle des Beaux-Arts qui n’avaient pas voulu de lui."



Les nazis mirent en place une organisation réglée au "millimètre" pour organiser le pillage. Mais trop d'administration tue l'administration, ce fut très vite la confusion...

Si vous ajoutez à cela, la voracité de certains dont Goering (numéro 2 du régime) qui vivait dans un luxe malsain et ostentatoire, les marchands d'art véreux, les délateurs intéressés, des soldats qui s'improvisent huissiers de justice de pacotille, la création de l'ERR (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg) chargé de répertorier et de confisquer les biens des indésirables du parti, etc...

Vous obtenez une confusion extrême aux antipodes de l'image que voulait donner le régime, "Curieuse manie du Reich, cette tendance à créer une multitude d’organismes et d’institutions voués aux mêmes tâches, au risque de contre-productivité et d’inévitables luttes de pouvoir…"



Rose d'abord spectatrice de ces scènes qu'elle abhorrait devint très vite une actrice discrète en remplissant fiches, notes, listes. Écoutant les conversations pour y glaner ce qui pourrait être utile au traçage des œuvres. Allant jusqu'à faire les poubelles pour y récupérer ce qui pourrait avoir de la valeur pour la suite.

Remontant ces informations collectées à Jacques Jaujard surnommé « L’homme qui sauva nos chefs-d’œuvre » par l'essayiste André Chamson.

Vivant avec la peur au ventre, peur qui était devenue sa compagne de tous les jours...

Trouvant le courage, en se disant :

"Ce que les nazis volaient à ces familles, ce n’était pas seulement ce que l’humanité avait produit de plus raffiné, et que d’autres amoureux de l’art avaient patiemment acquis avec les années. Après avoir privé les Juifs de leur statut, de leur profession, de leur droit à vivre comme tout un chacun, ils les privaient de leur histoire intime. Car ces natures mortes, ces naïades de marbre, ces violoncelles et ces porcelaines représentaient davantage que des biens marchands. Ils étaient des souvenirs heureux, de fêtes en famille, de dîners entre amis, de berceuses chantées, d’instants de grâce, de repos et de paix."



Les chiffres donnent le tournis et parlent d'eux-mêmes

À la date d’août 1944, 203 collections particulières avaient été pillées. Soit plus de 21 900 objets d’art, dont 10 000 tableaux, dessins, gravures ; 500 000 meubles et objets domestiques, et plus d’1 million de livres et manuscrits, sans compter les disparitions, les vols en interne, voire les oublis.



Une fois la Libération arrivée, commence pour Rose un autre pan de sa vie :

" Rose, elle, n’avait aucune envie de gifler les Allemands dans la rue. La vengeance était une manière vaine de détruire les souffrances du passé, et elle préférait regarder en avant, réparer ce qui pouvait l’être. Consacrer ses forces à accomplir enfin cette idée fixe qui l’avait fait tenir et remplir ces fiches au péril de sa vie pendant quatre ans : retrouver, récupérer et restituer le patrimoine volé. "



Elle se rend en Allemagne, pour entamer son travail de restitution.

Avec un "monuments man", ils inventorièrent 6 557 peintures, 2 300 dessins et aquarelles, 954 estampes, 137 sculptures, 129 armes et armures, 122 tapisseries, 78 meubles, 79 vanneries, 484 caisses vraisemblablement d’archives, 181 caisses de livres, 1 200 à 1 700 caisses apparemment de livres ou objets similaires, 283 caisses de contenu totalement inconnu et c'est sans compter avec les œuvres acquises par Goering : 1 375 peintures, 250 sculptures, 108 tapisseries, 75 vitraux et 175 objets décoratifs....



Elle poursuivra son œuvre tout en restant dans l'ombre, ce qui reste à la fois incompréhensible, injuste, et incroyable tant son dévouement fut incommensurable.



La réponse est peut être dans les mots de La conservatrice Magdeleine Hours, qui avait participé à l’exode des œuvres du Louvre, et qui écrira plus tard dans ses Mémoires : « Cette femme, qui avait risqué sa vie si souvent et avec tant de constance, qui avait honoré le corps des conservateurs et sauvé les biens d’un grand nombre de collectionneurs, eut droit à l’indifférence, quand ce ne fut pas l’hostilité de beaucoup. La reconnaissance n’existe pas et la grandeur dérange dans ce milieu où l’élégance est plus affaire de goût et de formes qu’affaire de cœur. L’histoire de Rose Valland en est bien l’illustration décevante. »



Et bien grâce à ce récit, qui se lit comme un roman, la voilà sortie de l'indifférence, en espérant que ce livre aille dans le plus de mains possible, c'est à mon sens le moins que l'on doit à cette femme qui a agi dans l'ombre, qui est restée dans l'ombre, et qui merite pour ses actions, son abnégation, sa résistance - au sens propre et figuré - d'être mise en lumière.

Et se dire que sans elle, nos musées n'auraient certainement plus le même visage...

Et se dire que sans elle, les familles spoliées n'auraient certainement recouvré leurs biens.... Même si son combat que d'autres poursuivent, est loin d'être terminé....





PS : merci à Sandrine qui grâce à sa critique à mis ce livre sur mon chemin
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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

Un nouveau récit sur une héroïne de l'ombre qui a magistralement œuvré pour sauver du pillage orchestré par les sinistres sbires, entre autres Göring, au service d'Hitler, des tableaux et objets d'art rassemblés au Musée du jeu de paume.



Rose Valland sur délégation de Jacques Jaujard directeur du Louvre, s'est employée avec une efficacité redoutable pour repérer, noter, inventorier tous les objets d'art que les nazis avaient sélectionnés pour se les approprier et les faire expédier en Allemagne.

J'avais lu Le front de l'art de Rose Valland qui est incontournable, et celui-ci l'est tout autant pour suivre toutes les péripéties traversées au péril de sa vie, car Rose dotée d'une mémoire visuelle phénomènale notait tout de retour chez elle, description de l'objet, son origine, l'identité des propriétaires, le lieu de destination....



L'autrice met l'accent aussi sur la mission de récupération en Allemagne que Rose Valland a pu mener plusieurs mois après la libération.

Grâce à sa détermination de nombreuses œuvres ont pu être rapatriées. Je n'ai plus les chiffres exacts en tête car j'avais emprunté ce livre, mais le sauvetage est colossal.

J'ajoute que ces deux passionnés d'art Rose Valland et Jacques Jaujard n'ont pas été assez reconnus et sont restés dans l'oubli trop longtemps.



Démis lâchement de ses fonctions par A. Malraux, ministre dont l'intégrité est écornée suite au vol de bas relief cambodgiens, J.Jaujard décédera un an plus tard.
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Jack London

Très bonne biographie de Jack London,où l'on suit l'homme pas à pas.



Sans-le sou, intelligent , ambitieux et doté d'une santé de fer, Jack quitte l'usine pour vivre des aventures et lire tant qu'il peut. Bientôt lui prend l'idée de ganger sa vie comme écrivain - métier qu'il apprend sur le tas en s'aidant de livres. Apres quelques années de galère, le succes. Puis tout dans la vie de Jack devient de plus en plus extrême : ses revenus, ses dettes, sa consommation d'alcool et l'opposition entre un style de vie de millionnaire et ses idéaux marxistes. Les idéaux craquent en premier, puis la santé y passe aussi. Il continue à ecrire, et vit une sorte de fuite en avant, mais c'est un homme décu et miné par l'alcool qui meurt à 40 ans dans son ranch en Californie.



Une excellente biographie, très bien écrite, bien documentée, où l'on peut juste regretter l'absence de photos ( sauf en couverture).
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Alexandra David-Néel

J’ai toujours été fascinée par Alexandra David-Néel, cette femme, « en robe » escaladant les sommets du Toit du monde, la 1ère femme étrangère entrant à Lhassa, ville interdite, ville mythique du Tibet… bref, une sacrée femme du début du 20e siècle. Je m’étais toujours dit que je la lirai… pas encore fait, mais on m’a offert cette très belle biographie d’elle… et franchement, lecture passionnante et étonnante.

Étonnante car Alexandra David-Néel est une femme exceptionnelle, incroyable, avec un fort tempérament, au bas mot, une intelligence hors du commun, une volonté dépassant l’entendement et une énorme soif de découverte.

Intéressant aussi de lire cette biographie, qui paraît sincère et juste, dans le sens où le vrai caractère d’Alexandra est bien décrit, et pas toujours à son avantage.

On découvre son enfance pas très heureuse, sa vie de chanteuse pour vivre, sa vie sentimentale, peu orthodoxe, et surtout toutes ses explorations. C’est fascinant, toutes ses pérégrinations, dans des conditions souvent difficiles, voire très très difficiles.

Alors bien sur il y a le Tibet, Lhassa… mais pas seulement. Il y a aussi l’Inde, la Chine, la Russie, le Japon. Elle se trouve dans des pays en guerre, ou sur le point d’y entrer. Elle vit les grands bouleversements de l’Asie. Et tout ceci avec beaucoup de calme, même si elle a frôlé plus d’une fois la mort, n’a pas mangé à sa faim, a été épuisé par de longues marches dans de mauvaises conditions etc.

J’ai aimé que le texte soit régulièrement entrecoupé par les mots d’Alexandra, elle-même. Des photos très touchantes sont insérées au milieu du livre.

Quelques personnages de son entourage sont très émouvants : Philippe Néel son mari, Yongden son fils adoptif, et Marie-Madeleine qui a été près d’elle ses 10 dernières années.

Force de la nature, Alexandra est décédée un mois avant son 102e anniversaire.

J’avoue que cette lecture me donne envie, encore plus, de lire Alexandra David-Néel… et pourquoi pas aller à Digne dans sa maison qui abrite maintenant sa fondation et peu à peu se transforme en musée : Samten Dzong.

« Digne toujours accueillante dans son écrin de montagnes et de verdure qu’Alexandra appelait "Himalaya pour lilliputiens" ».

Je vous conseille vivement la lecture de cette biographie.

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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

Une biographie lumineuse qui éclaire mieux la vie de Rose Valland qui sauva plus de 60 000 oeuvres d'Art durant la seconde guerre mondiale, les arrachant à la barbarie nazie. Résistante, experte et passionnée, enquêtrice et espionne. Rose Valland aurait, elle aussi, toute sa place au Panthéon....mais la République a parfois ses raisons que le choeur de la Nation ne s'explique pas.

En septembre 1980, "son enterrement passa presque inaperçu.(...) Aucun représentant de l'État n'assista aux obsèques de l'une des femmes les plus décorées de France, officier de la Légion d'honneur, commandeur des Arts et des Lettres, médaillée de la Résistance, titulaire de la Medal of Freedom et officier de l'ordre du Mérite de la RFA."

"Parce qu'elle en aurait trop dit sur l'après 45, sur les premières restitutions. En réponse à ses demandes d'autorisations, elle aurait reçu des menaces. La guerre, c'était une chose, mais des noms occupants désormais des postes importants ne devaient pas apparaître dans un récit qu'on supposait sans ambiguïtés".

Rose et Joyce reposent , toutes deux ensemble pour l'éternité.



Astrid Shriqui Garain

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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

Un récit biographique percutant qui raconte le parcours remarquable de Rose Valland. Conservatrice au Musée du Jeu de Paume quand les nazis entrent dans Paris, elle a documenté les transports de milliers d’œuvres d’art spoliées grâce à sa discrétion, son courage et son œil avisé, et en a retrouvé de nombreuses dans les ruines de l’Europe pour les rendre à leurs propriétaires. Le récit d’une ”Monument Woman” injustement oubliée par le milieu culturel français alors qu’elle a consacré sa vie à ”sauver un peu de la beauté du monde”.
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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

L’homme est ainsi, il a besoin pour se rassurer d’admirer des héros flamboyants, de préférence morts. Rose Valland pourtant maintes fois décorée aurait-elle payé sa condition féminine et sa discrétion pour être aujourd’hui effacée de la mémoire collective? Mais saviez-vous que bon nombre d’œuvres ne pourraient plus être admirer de nos jours sans son intervention? Rose, c’est ce petit bout de femme dans l’ombre, attachée de conservation bénévole qui voit débarquer,impuissante,un jour d’automne pendant l’occupation des centaines de caisses au musée du jeu de Paume. C’est celle qui observe, écoute et note méticuleusement chaque détail de l’histoire et du trajet des milliers œuvres spoliées par le Reich qui vont transiter dans son musée. A l’heure de la libération,son combat jusqu’alors invisible va alors prendre une tout autre dimension auprès des « monuments men » pour récupérer les biens pillés à travers l’Europe et les rendre à leurs propriétaires ou à leurs descendants. Combat qu’elle mènera jusqu’à la fin de sa vie malgré des injonctions à cesser de remuer un passé peu victorieux de l’état français complice afin d’apaiser les tensions entre pays européens. Bien qu‘amoureuse d’art, je me suis souvent posée la question le long du récit sur la nécessité de son action qui semble presque anodine face à des millions de mort pendant la Shoah. Mais comme le souligne plusieurs fois l’auteure, ce mobilier, ces œuvres représentaient la vie et le travail d’un artiste, le foyer des propriétaires. « Ils étaient des souvenirs heureux, de fêtes en famille, de dîners entre amis, de berceuses chantées, d’instants de grâce, de repos et de paix. » N’est-ce pas finalement le paroxysme de l’horreur que de se réserver le droit de disposer des biens d’un peuple qu’on a décimé et d’en tirer profit? Alors cessons de diluer l’histoire et rendons enfin hommage avec ce livre à toutes ses personnes pas si ordinaires qui elles aussi ont risqué leur vie pour une cause noble. Une narration omnisciente qui renforce la discrétion de l’héroïne pour un récit méticuleux proche du documentaire . Un roman nécessaire et bouleversant pour ouvrir les yeux sur cette partie sombre de l’occupation.
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Mishima

De sa naissance le 14/01/1925 à sa mort spectaculaire par seppuku le 25/11/1970, on suit le parcours de Hiraoka Kimitake, dit Mishima Yukio.



Tôt venu à la littérature, il cultive à côté d'autres activités telles que le théâtre, le cinéma, le body-building. Cette biographie permet une meilleure appréhension de son oeuvre, en fournissant d'intéressantes clés de compréhension. On découvre un homme tiraillé entre ses penchants homosexuels, sa fascination morbide pour la mort violente en apothéose, le culte de la beauté et son idéologie passéiste et réactionnaire. Son écriture, largement teintée d'éléments autobiographiques, reflètent ses pensées.



Son culte du Japon prend des allures fantasmatiques. Il rejette l'évolution de la société, de plus en plus occidentalisée et tournée vers les profits et le confort. Il condamne la paix qui permet une telle dégénérescence de l'idéal spirituel nippon tel qu'il le conçoit. Ce Japon, c'est celui des samourais et du Bushidô, celui qui a précédé la révolution de Meiji de 1968.

Son fanatisme mêlé de narcissisme aboutit finalement à une tentative de coup d'Etat qui apparaît plus comme un prétexte à l'aboutissement de ses fantasmes: le suicide rituel par seppuku suivi de sa décapitation par un sabre "ami" en la personne d'un de ses miliciens les plus fervents.



Au-delà de ses idées souvent dérangeantes, voire dangereuses, de Mishima produit une fascination certaine. Sa vie, sa mort et les qualités indéniables de son oeuvre en font un personnage hors du commun.



Cette biographie s'avère par conséquent enrichissante. De plus, Jennifer Lesieur ne tombe pas dans le piège de l'érudition ou de l'exégèse pointue, ce qui rend sa lecture agréable.



Je le conseille vivement à toutes les personnes curieuses de la vie de cet auteur ou qui cherchent des clés de compréhension de ses textes. Personnellement, ce livre m'a donné envie de me plonger plus avant dans la prose de Mishima.
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Passage du cyclone

Une jeune collégienne nous fait découvrir son île, Tahiti, dans les années 80/90 (je n'ai plus la date en tête).

Fille d'un métropolitain expatrié depuis 2 ans, Tahiti est devenu pleinement son île, elle fait corps avec elle. C'est son paradis : la chaleur, la langue, la douceur de vivre, le rythme. Mais l'île révèle aussi son aspect obscur : esprit colonial, violence sexuelle et familiale, chômage, alcool, obésité, inégalités, racisme, préjugés...

Un récit, une voix qui m'a happé. J'ai vécu un peu moi aussi sur cette île, pendant quelques heures.
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Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre

Un sommet de courage, de dévouement à l'Art et de modestie. Voilà ce que nous offre Jennifer Lesieur avec ce passionnant et bouleversant récit.



Rosa Valland, née le 1er novembre 1898 dans l'Isère, passionnée d'art, monte à Paris à l'âge de 22 ans et s'épanouit dans l'effervescence artistique des années 20 et 30.



L'Occupation la trouve au poste d'assistante au musée du Jeu de Paume. Pendant toute cette sombre période, comprenant l'allemand mais ne le faisant pas savoir, elle assista au pillage forcené des oeuvres d'art par les nazis et nota tout sans relâche. Pillage, tant des musées, que des familles juives promises à l'extermination.

Une activité résistante qui pouvait lui valoir la déportation et/ou la mort...mais d'une grande utilité pour les restitutions d'après guerre.



L'auteure nous décrit avec précision et parfois avec humour (ce qui n'est pas aisé pour cette terrible période...) la voracité des dignitaires nazis, tel Goering et la bassesse de tous les acteurs de la mise en place de cette ignominie, tel Bruno Lohse.



Jennifer Lesieur a également le mérite de nous décrire avec minutie, les différents services allemands qui se chargent de ces spoliations...et ce avec une concurrence féroce.

La description de la vingtaine de visites de Goering au Jeu de Paume, où était stockés les oeuvres d'art volées, où il venait "faire son marché" ne manque pas de sel...



Nous retrouvons dans cet ouvrage le courageux Jacques Jaujard, sous-directeur des musées nationaux.



Puis vient la Libération, c'est la création de la CRA : commission de récupération artistique. Rosa Valland en fut la secrétaire générale.

Au printemps 1945 elle prit la direction de l'Allemagne où elle oeuvra sans cesse pendant des années à la restitution des biens artistiques spoliés.

Sa réputation fut telle parmi les armées alliées qu'elle reçut le surnom de "capitaine beaux-arts".



De retour en France, au début des années 50, elle est profondément déçue du comportement des dirigeants politiques français investis dans la guerre froide, pour qui l'abomination des spoliations n'a plus tellement d'importance...

Mais Rose Valland continuera avec acharnement à faire oeuvre de justice en travaillant à une colossale documentation permettant une future restitution.



Ce livre émouvant fait regretter l'absolue ingratitude des autorités de notre pays jusqu'aux années 1990 quant au dévouement de cette grande dame. C'est profondément insupportable. Et ce, notamment après son décès le 18 septembre 1980.



Heureusement, Jennifer Lesieur, au-delà de nous proposer une lecture passionnante, fait oeuvre de justice pour cette héroïne pleine de modestie.
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Jack London

Cette biographie est extrêmement riche. Toutefois, la vie de London étant tellement imbriquée dans sa vie d'homme, il est parfois difficile de savoir si on se trouve dans un extrait de livre ou dans sa vie réelle.
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Antarctica Blues

Jennifer Lesieur quitte son job pour vivre un rêve fou, découvrir l'Antarctique.

L'aventure commence sur le bateau qui l'emmène dans

un pays de blancheur, de grand froid et de silence entrecoupé par les cris des animaux et les hurlements du vent.

Le tout servi par une plume à la précision quasi photographique.

Un dépaysement total.
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