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Citations de Jérôme Garcin (583)


Même à la veille du supplice, je persiste et je signe. En politique comme ailleurs, y compris en amour, le succès est à ceux qui savent jouer, sur la scène publique, des rôles de composition et connaissent les lois de l'éloquence.Je crois la rhétorique plus forte que les idées. Je crois le mensonge plus prégnant que la sincérité. Je crois qu'il faut apprendre très tôt à taire ses enthousiasmes, ses détestations, et même ses idéaux; ne jamais offrir à l'ennemi l'occasion de vous percer. La franchise, qui est d'ailleurs une illusion, ne m'a jamais valu que d'être méprisé et davantage critiqué. Je crois que l'habit fait le moine, que l'acteur est dans ce qu'il proclame et dans les poses qu'il ne laisse de prendre sous des costumes d'emprunt.
Je suis toujours parti du principe que le monde dans lequel je vivais était corrompu ( qu'il fût coiffé d'une couronne ou d'un bonnet phrygien n'y changeait rien) et qu'il était non seulement ridicule mais surtout vain de lui opposer une morale. L'Histoire nous a appris que la vertu ne peut rien contre le vice et que , pour triompher des cyniques, il s'agit d'être plus cynique encore.
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Cette fois, mon cœur, c’est le grand voyage
Nous ne savons pas quand nous reviendrons.
Serons-nous plus fiers, plus fous ou plus sages ?
Qu’importe, mon cœur, puisque nous partons !

(Jean de La Ville de Mirmont)
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Je ne suis pas loin de croire que la phrase manuscrite commande la pensée, que le geste précède l'idée, que le stylo impose son style et sa loi.
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Dans l'après-midi, Gérard relit quelques pages du Mythe de Sisyphe , qui avait paru le jour exact de ses vingt ans. Il tombe sur ce passage où Camus parle de l'acteur, dont la mort prématurée est irréparable : "Rien ne peut compenser la somme des visages et des siècles qu'il eût, sans cela, parcourus [...]C'est dans le temps que l'acteur compose et énumère ses personnages. C'est dans le temps aussi qu'il apprend à les dominer. Plus il a vécu de vies différentes et mieux il se sépare d'elles. Le temps vient où il faut mourir à la scène et au monde. Ce qu'il a vécu est en face de lui. Il voit clair. Il sent ce que cette aventure a de déchirant et d'irremplaçable. Il sait et peut maintenant mourir".
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J'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas plus vulgaire, quand ils ont décidé de blesser, que les gens raffinés.
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Œdipe ne commence à voir clair que quand il est aveugle.
Jean Cocteau
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Le 29 novembre 1951, ils s'étaient mariés à la mairie de Neuilly, s'étaient juré fidélité, promis d'être heureux, d'échapper aux "facilités du romantisme" et de vivre de concert. Ils voulaient croire, avec Nietzsche, que le "mariage est une longue conversation". Un maigre rayon de soleil avait même percé la fenêtre pour éclairer à l'oblique l'échange des consentements et des alliances.
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Cette confidence, aussi, lâchée par un camarade de détention avant le grand départ pour l'Allemagne, et dont Jacques Lusseyran va faire sa devise : " Il faut tout mettre à l'envers. Apprendre à mourir n'a pas de sens. Ce qu'il faut, c'est apprendre à vivre."
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Je sais maintenant que vivre en solitaire est aussi impossible que vivre sans respirer et que rien n'est plus beau queles rapports humains : amour, amitié, camaraderie, sympathie.
(p. 97)
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Rien, pas l'once d'une plainte, pas l'ombre d'un regret, pas trace d'une quelconque amertume, pas la moindre colère, pas non plus de protestation, et jamais de jalousie. Aucun sentiment bas, nulle révolte vaine.
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Je crois à la secrète communion de tous ceux qui ont perdu un être chéri, plus particulièrement un enfant, et que relie une abondante littérature de l'infortune. Elle repose sur une illusion capitale: chaque expérience du deuil est unique, irréductible, en apparence incomparable, et pourtant, dès qu'elle est couchée sur le papier, elle devient universelle, chacun de nous peut s'y reconnaître. On y lit ce qu'on a le sentiment d'avoir soi-même écrit. (p.48)
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J'aime les gens de chevaux parce qu'ils ne parlent jamais pour ne rien dire, parce qu'ils n'ont de manière et de fierté qu'en selle, parce qu'aucune vanité temporelle ne les détourne de leur travail, parce qu'ils détestent l'épate, parce qu'ils ne pactisent pas avec ce que l'époque produit de plus méprisable, parce que nul ne saurait les duper, surtout avec de grands mots et de belles phrases, parce qu'ils sont dur au dehors et tendres à l'intérieur, parce que beaucoup de leurs rêves sont irréalisables, parce qu'ils ne cherchent guère à séduire, trop occupés à se supporter et parce qu'ils demeurent avec les religieux et les poètes, les derniers inatteignables. J'aime leur âpreté, leur dignité, leur mauvais caractère, leur exigence, leur solitude[...].
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- Vous venez de m'offrir une seconde vie.
Son médecin ne sait pas trop quoi répondre et se retire comme, dans les tragédies de Corneille, après avoir déclamé le monologue, les princes de haut rang quittent la scène et vont cacher leurs secrets, leurs doutes, leur trac en coulisse.
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Je ne voyais plus avec les yeux de mon corps, je voyais avec les yeux de mon âme.
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Aujourd'hui, l'on ne visite presque plus les auteurs pour la simple et bonne raison qu'ils se déplacent pour la plupart, vers les studios, en longues colonnes processionnelles et quémandeuses.
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Il (le cheval) est la version animale du juge de paix. Et il n'oublie rien du bien ou du mal qu'on lui a fait. Car sa mémoire est prodigieuse, qui se love dans le moindre petit détail. Le cheval est un voyant hypermnésique. Lui aussi a un regard intérieur. Et la nuit, sa complice, ne lui fait jamais peur. (p.86)
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Ce fut une année d'hypocrite amnésie. J'avais négligé les chevaux, mais ils ne m'avaient pas quitté. Ce sont des fidèles. Ils gardent, jusqu'à l'obsession, le souvenir visuel de tout ce que les cavaliers ont voulu oublier. Ils nous restituent l'amour qu'on leur a donné et les négligences dont on est coupable à leur égard. Ils portent sur leur dos, sans broncher, le poids des selles, des frayeurs inavouées, des silences trop pesants, des violences contenues mais aussi des plaisirs qu'on ne sait plus partager. Ils donnent, à nos petites vies, des perspectives cavalières. Ils nous grandissent sans nous abuser.
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La mort en 1962 de son frère jumeau, fauché à six ans par une voiture, puis, dix ans plus tard, celle de son père, d’un accident de cheval à quarante-cinq ans, avaient déjà conduit Jérôme Garcin à l’écriture de deux récits : Olivier et La chute de cheval. L’auteur franchit une nouvelle étape de son douloureux pèlerinage auprès de ses défunts, « une lampe torche à la main, à pas comptés, dans le labyrinthe des [s]iens », avec cette fois les disparitions, en 2020 de sa mère de 89 ans, à bout de souffrance à force d’usure cardiaque et ostéoporosique, et six mois plus tard, de son frère Laurent, ce « grand petit garçon » de 55 ans, atteint du syndrome de l’X fragile et victime de la Covid-19.


Jérôme Garcin est doué pour l’écriture et sa belle narration intelligente et sensible, lumineuse de tendresse pour ses « fragiles », ne peut qu’émouvoir, alors qu’empli de chagrin, il revient sur leur fin de vie et sur l’impuissante sollicitude longtemps éprouvée face à leur vulnérabilité sans remède. Si ses pages nous touchent, ce n’est pas seulement pour la perte éprouvée par le narrateur qui leur survit. C’est aussi parce qu’elles sont pleines de cette inquiétude si désarmée de n’avoir pu protéger ces êtres chers et vulnérables de la souffrance qui fut la leur : la souffrance d’une mère rendue aussi frêle qu’un oiseau par une maladie atrocement douloureuse, mais aussi torturée par l’idée de laisser derrière elle un fils fragilisé par le handicap, sans même qu’elle se doute jamais du diagnostic tardif dont on aura préféré lui épargner le poids, jugé culpabilisant, de son origine génétique ; la souffrance d’un frère dont la déficience intellectuelle et les angoisses profondes rendent plus terribles encore sa confrontation avec la mort, de sa mère d’abord, de lui-même ensuite, qui plus est dans l’isolement hospitalier imposé par le contexte pandémique.


Pour autant, si beau et respectable soit-il, ce texte arrimé à la relation autocentrée d’une expérience de la maladie et du handicap, de la vieillesse et de la mort, du deuil enfin, parce qu’il ne quitte jamais le registre personnel pour atteindre à l’universel, laisse infuser chez son lecteur un sentiment diffus de désappointement : celui de lire le journal intime, de grande qualité certes, mais pas une œuvre majeure, d’un nom célèbre du monde littéraire parisien.
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Le Cid ne meurt pas.....
Simplement, il avait trop joué, il lui fallait se reposer d'un long sommeil...
Murmure Louis Aragon venu avec Elsa Triolet s'incliner devant le garçon frêle du Diable au corps. p172
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On écrit pour exprimer ce dont on ne peut pas parler, pour libérer tout ce qui était en nous empêché, claquemuré, prisonnier d’une invisible geôle. (p. 57)
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