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Critiques de Joe Meno (90)
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Prodiges et miracles

Une superbe jument blanche qui débarque un peu de nulle part dans la vie de Quentin, ado métis renfermé, et Jim, son grand-père, éleveur de poulets, et leurs vies en sont transformées. Mais un tel cheval ne peut que susciter les convoitises, surtout dans ce coin paumé de l'Indiana...



Mon second Joe Meno, après "

la crête des damnés"... et décidément, je n'arrive pas à me montrer aussi dithyrambique que certain(e)s sur cet auteur. Je reconnais que la relation entre Jim et son petit-fils est belle, le cheval contribuant fortement à les rapprocher. Ces deux personnages sont d'ailleurs assez attachants. Le portrait plutôt sombre de cette Amérique rurale est également intéressant. Mais le road-trip de Quentin et Jim après le vol de la jument, marque par quelques longueurs et par des rencontres parfois improbables, a progressivement émoussé mon intérêt pour ce récit... dommage.
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Prodiges et miracles

Dans l'Indiana, en 1995. Un ranch, des poulets. Et surtout un grand-père et son petit-fils. Une vie simple. de la complicité. de l'amour. Une routine quotidienne. Des repères. du respect.



Un jour, surgit de nulle part, une jument blanche. Magnifique. Dans son van argenté. Un don du Ciel. Un miracle. Un nouveau point en commun pour Jim et Quentin. Une nouvelle raison d'être ensemble.



"Un peu plus tard, le garçon le rejoignit au niveau de la clôture. le cheval fusa devant eux. le grand-père eut à nouveau le pressentiment que leurs vies étaient sur le point de changer."



Une nuit. Deux frères font irruption. Et s'emparent de la jument. Violemment. Dans leur fuite, le grand-père est sérieusement blessé. Mais qu'à cela ne tienne, avec Quentin, ils montent dans leur pick-up et traquent les voleurs. La jument leur appartient. Elle n'est pas là depuis longtemps, mais elle a donné un nouveau sens à leur vie. Alors ils prennent la route, pour un road-trip qui ne fera que renforcer leur complicité. Inséparables. Chacun étant le protecteur de l'autre. Et un but commun : retrouver cette merveilleuse jument.



"(...) ce n'est pas grave d'avoir peur. Avoir peur, ça veut dire que t'es intelligent. Avoir peur, c'est ce qui te maintient en vie. On ne peut rien contre la peur. Mais avoir la peur au ventre en permanence, ce n'est pas une vie."



J'ai pris mon temps pour lire Prodiges et Miracles, pour en absorber chaque mot, chaque phrase. M'en imprégner. J'ai plongé dans l'univers de Joe Meno dès les premières lignes. Je l'ai savouré. Tout est beau dans ce roman noir. Les mots de Joe Meno sont touchants. Les personnages ont tous une personnalité profonde, tous sensibles à leur manière. Les dialogues sont authentiques, les descriptions poétiques.



"La nuit à nouveau ; la lune d'un soir plus ronde que la veille, étincelante figurine de porcelaine, babiole sur le manteau d'une cheminée sans nuage."



Dans la noirceur et la violence, Joe Meno fait poindre la douceur et la lumière. Et l'amour. L'amour profond et sincère. Celui qu'on n'a pas choisi mais qui s'impose naturellement. L'amour inconditionnel et intuitif. Celui qui se donne sans réfléchir et sans rien attendre en retour. La relation entre Jim et Quentin est profondément touchante. Tellement de respect, d'instinct de protection. C'est beau. C'est sublime.



"Pendant un moment, le grand-père se laissa aller contre le garçon. Quelque chose - une sorte de pacte immémorial, une sorte d'affinité - illumina leurs visages un instant, et puis, aussi vite qu'elle était apparue, la lueur s'évanouit."



Prodiges et Miracles, un roman noir dans lequel la lumière perce avec poésie et authenticité. Une merveille à découvrir de toute urgence.



Merci aux éditions Agullo de m'avoir proposé cette lecture et permis de faire une superbe découverte. #coupdecoeur
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Le blues de la harpie

Avec Le Blues de la Harpie, je découvre -enfin- les éditions Agullo, et je suis tombée sous le charme de Joe Meno et de son univers !



Ce roman est incroyablement touchant, dans la lignée du livre Les Animaux de Christian Kiefer, dans la lignée de tous ces romans noirs américains qui se questionnent sur le droit à la rédemption. Une ode à cette quête éperdue et peut-être vaine, une écriture poétique et solide à la fois, un portrait saisissant d'un coin paumé des États-Unis. Tout était fait pour me plaire et je suis conquise !



Nous croisons la route de deux personnages principaux : d'un côté Luce Lemay qui a purgé sa peine pour avoir tué un bébé lors d'un accident de voiture et de l'autre Junior Breen qui est aussi un ex-taulard. Ce dernier est à la fois un être extrêmement touchant mais aussi dérangeant car on comprend au fur et à mesure que sa candeur l'a amené à faire de terribles choix. Deux êtres condamnés, qui ont gagné leur liberté mais pas le pardon. Dans une petite ville du Midwest personne n'a oublié et la vengeance ne tardera pas à frapper.



Sans pour autant chercher à orienter l'opinion du lecteur, Joe Meno décrit, écrit son histoire sans chercher à juger, juste à mettre en lumière les faits et les pensées de ces deux antihéros. Luce redécouvre ainsi le goût à la vie au travers d'une femme, tombe amoureux et trouve l'espoir mais cela est sans compter le regard méfiant des habitants du coin. On se questionne, on s'interroge : qui a vraiment raison ou tort ? Est-il possible d'avoir une seconde chance ? C'est à la fois un roman très sombre et philosophique et ce d'autant plus que la traduction de Morgane Saysana sublime le style de l'auteur.



En définitive, un très beau roman, un des meilleurs de cette rentrée d'hiver !

Demain : tous en librairie pour sa sortie ! ;)


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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La crête des damnés

Un auteur dont j'entendais parler depuis un certain temps, et une histoire pleine de références musicales rock / punk qui me parlent (pour la plupart...) : ce roman avait tout pour me plaire !



Ben c'est raté... une banlieue blanche aux States, ambiance classes moyennes. Une jeunesse un peu paumée, rebelle mais pas trop, aux vies bien ternes. Dope, picole et rock. Et du sexe aussi... des tentatives en tout cas. Rien que du très banal, du pas très exaltant.



Franchement, il ne se passe pas grand chose. Cette jeunesse, se définissant par un certain mal-être, du fait peut-être de cellules familiales qui explosent, semble n'avoir aucune perspective particulière, aucune envie. S'agit-il de nous parler des difficultés à trouver sa voie à cette période de l'existence ? Mouais... dans ce cas, je préfère nettement "leurs enfants après eux", bien mieux écrit... et lorrain.



"La crête des damnés" s'est donc révélé assez décevant au final. Mais j'ai quand même envie de découvrir les autres romans de Joe Meno...

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Prodiges et miracles

« Dans ses fantasmes les plus intimes, le garçon rêvait d’installer sur le cheval la selle anglaise brodée d’argent, la bride faite sur mesure, puis de glisser les étriers noirs et chromés pour se hisser sur le dos de la monture, et de parcourir ventre à terre, tel un éclair, la terre maculée de boue, l’animal et le garçon fonçant jusqu’à se muer en une tâche blanche et floue, tenace, une étincelle, une brume de pâleur incolore persistante, une unique chose dénuée de couleur.

Mais il avait peur, persuadé que l’animal était plus intelligent que lui. Dans les tréfonds esseulés de son imagination, il nourrissait une idée dont il n’avait osé faire part à personne (pas même à son grand-père) : peut-être que le cheval, dans toute sa splendeur, était en réalité le Saint-Esprit ; peut-être qu’il était Dieu en chair et en âme ; peut-être que, lancé ainsi au galop, ses yeux irradiant une lueur d’argent, il savait tout ce que faisait le garçon, il savait ce qui lui trottait dans la tête, il était le témoin de ses pensées, de ses péchés les mieux enfouis. Le garçon gardait pour lui cette étrange intuition, il restait planté là, appuyé contre la clôture en bois, mutique, tel un pénitent devant une croix. »

Jim Falls et son petit-fils métis, Quentin, vivent dans une ferme de l’Indiana où Jim exploite un petit élevage de poulets. En cet été 1995, la mère de Quentin, alcoolique, droguée, s’est fait la malle et le vieil homme et l’adolescent restent là, séparés par un mur d’incompréhension. Jim ne comprend pas Quentin, enfant rêveur et solitaire, et le grand-père peine à lui dévoiler des sentiments que lui-même n’arrive pas à démêler. Et puis un matin – la faute à une erreur administrative dans l’exécution d’un héritage – un camion vient déposer dans la cour de la ferme un van et, à l’intérieur, une sublime et fougueuse jument blanche taillée pour la course. L’animal va changer leurs vies. D’autant plus que deux frères du coin dont l’un, tout juste sorti de prison est accro à la meth, décident de voler le cheval pour aller le vendre dans le Kentucky. S’engage alors entre les deux voleurs et le grand-père et le petit-fils une longue poursuite à travers le Midwest.

Après Le Blues de La Harpie, les éditions Agullo ont choisi de traduire ce texte plus tardif de Joe Meno – le plus récent en fait – qui apparaît par bien des aspects comme une variation sur des thèmes que l’auteur abordait déjà dans ce précédent roman : pertes de repères d’une Amérique rurale laissée à l’abandon, mysticisme et solitude. De fait, on retrouve dans Prodiges et miracles, à travers l’irruption quasiment miraculeuse de cette jument qui apparaît aussi prodigieuse que spectrale, la manière dont Meno aime à emmener son lecteur aux frontières du surnaturel. Son roman, d’ailleurs tient souvent du conte, dans sa construction comme dans l’exploitation des personnages et de la manière dont ils évoluent. Un conte noir et initiatique dans lequel, confrontés à une adversité qui revêt des aspects presque monstrueux, le garçon et son grand-père qui étaient jusque-là deux solitudes qui se côtoyaient sans se rencontrer forgent une relation qui permettra à l’un de trouver une forme de rédemption, à l’autre de grandir.

On ne peut qu’être impressionné par la manière dont Meno réussit à la fois à ancrer son histoire dans une époque donnée – ces années 1990 qui voient l’économie américaine s’envoler dans les grands centres urbains tandis que les marges continuent de dépérir et que la fabrication artisanale et la consommation de crystal-meth explose – et à lui donner un aspect intemporel. Par celle aussi dont il habille ce récit noir, ce road-trip littéraire âpre et violent mais néanmoins tendre, avec une prose extrêmement poétique.

Émouvant, palpitant, Prodiges et miracles peint des paysages, des situations et des personnages à la beauté ambigüe qui font de ce roman une riche expérience de lecture.


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La crête des damnés

Brian, un adolescent des quartiers sud de Chicago, découvre la culture punk dans les années 1990. En compagnie de sa meilleure amie Gretchen, dans un environnement social et familial marqué par le conformisme catholique, le racisme et l'oppression de classe, il multiplie les expériences à la recherche d'une identité au travers de la musique, de son message et du look que promeut ce mouvement.

Bourré de références au punk, au rock, à la soul, aux films d'horreur de série Z (« avec nudité frontale »), de conseils pour se teindre les cheveux ou emballer une fille, voici un roman punk, rebelle à l'autorité, brut et furieux. Pas étonnant quand on sait que Joe Meno écrit pour le magazine underground Punk Planet. Mais on aime aussi écriture touchante de cet auteur dont les 3 premiers romans sont à découvrir. Car comme ses deux précédents polar j'ai adoré celui-ci
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Prodiges et miracles

Un grand-père : Jim Falls, un petit-fils de 16 ans : Quentin. Ils vivent ensemble, tant bien que mal jusqu’à l’arrivée d’un cheval de course dans leur vie.



C’est un résumé qui ne traduit pas du tout l’intérêt du roman. Parce qu’il n’en faut rien connaître et le découvrir pas à pas pour l’apprécier à sa juste valeur.



C’est un roman noir, très noir. Les personnages sont paumés, fauchés, certains sont drogués. Un jour, l’espoir arrive sous la forme d’une jument lumineuse et à partir de ce moment-là, le roman prend la tournure d’une course poursuite impitoyable, très visuelle voire cinématographique, les deux personnages principaux s’étoffent, se densifient, et le roman n’est plus qu’une ascension vers le feu d’artifice final. Les derniers chapitres sont d’une belle puissance émotionnelle.



La langue est abrupte et poétique. J’ai tiqué sur quelques passages, certaines phrases aux tournures étranges, phrases de l’auteur ou de la traductrice, je ne saurais le dire, mais cela ne m’a pas empêchée de tourner les pages avec frénésie, de suivre les parcours des uns et des autres avec stupeur et volupté.



Les personnages secondaires ne sont ni tout noirs ni tout blancs, ils sont complexes et lorsque leurs failles nous apparaissent au détour d’un chapitre cela les rend plus touchants que méchants.



Un bon bouquin, bien prenant, bien dépaysant, et qui prend son envol avec cette relation extraordinaire tissée entre le grand-père et le petit-fils au fil d’un texte tour à tour emprunt d’humanité et de violence.
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La crête des damnés

Octobre 1990. Brian, lycéen binoclard de la banlieue sud de Chicago et fan de Guns N’ Roses et de séries B d’horreurs dans lesquelles on peut apercevoir des femmes à poil doit se rendre à l’évidence : il ressent plus que de l’amitié pour Gretchen, sa copine punk adepte de baston et malheureusement éprise de ce gros crétin raciste de Tony Degan. Le temps d’une année, Brian va grandir, tenter de trouver sa place dans un monde qui n’est pas encore celui des adultes – de ses parents qui ne s’aiment plus – et déjà plus celui de l’enfance. Un monde parfois dur et dans lequel les amitiés qui se forgent tout comme les conflits aident peut-être à se trouver. Il va y avoir aussi la découverte du punk rock et de tout ce qui gravite autour : la musique, bien entendu, mais aussi une manière de voir le monde, de s’extraire de la masse aussi, tout en se sentant appartenir à quelque chose de plus grand.



La Crête des damnés apparaît donc, bien entendu, comme un roman ultra référencé, bourré d’allusions à la contre-culture musicale des années 1980-1990 qui en ferait presque, sous divers aspects, une histoire à mi-chemin entre American Graffiti et Breakfast Club pour cette décennie-là avec la même volonté de montrer le chemin d’adolescents blancs de la classe moyenne, une certaine insouciance de façade qui dissimule mal l’angoisse de voir approcher l’âge adulte et le risque de finir comme leurs parents. Mais s’il décrit une époque et une frange de la génération concernée – celle de l’auteur, en fait – avec sa culture musicale et cinématographique particulière, le livre de Joe Meno est avant tout un roman d’initiation avec une portée bien plus large.



Meno, en effet, trouve à travers le récit à la première personne de Brian, entre candeur, autodérision et désarmante honnêteté, une manière de dire le mal-être adolescent, la douloureuse sortie de l’enfance, dans laquelle chacun peut en fin de compte se retrouver.



Sans que l’on s’en aperçoive, on se retrouve vite à suivre avec passion le quotidien morne de Brian, à se prendre d’affection pour ces personnages forts en gueule ou trop timides. À coups de musique, de petits boulots, de transgressions qui leurs paraissent énormes et ne vont pourtant pas chercher bien loin, ils forgent sous nos yeux leur identité à travers une culture peu académique mais émancipatrice. Ils peuvent aussi en toute innocence et honnêteté rejeter le carcan de la vie trop étriquée que leur offrent le conformisme du lycée et de l’Église et la démission de leurs parents pour se confronter à une liberté parfois effrayante. La vie, quoi.



À tout cela Joe Meno apporte une grande drôlerie mais aussi beaucoup de tendresse sous l’ironie. Un livre qui, bien après sa lecture, continue à coller à la peau.
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Prodiges et miracles

1995, Indiana. Jim Falls, vétéran de la guerre de Corée, s'efforce d'élever au mieux Quentin, son petit-fils métis, malgré les dettes qui s'accumulent. Jusqu'au jour où une magnifique jument blanche est livrée par erreur à l'élevage familial. Bientôt, l'animal suscite les convoitises et deux frères drogués réussissent à s'en emparer en pleine nuit.

Joe Meno, après "Le blues de la harpie" qui ne pouvait laisser indifférent, nous brosse le portrait d'un grand père et de son petit fils, plein de tendresse dissimulée.



Tous les travers d'une Amérique méconnue, de ses mauvais garçons malgré eux, de ses junkies, de ses valeurs perdues , tout est évoqué avec talent.



Il semble bien connaître cette Amérique qui ne fait pas partie de l'eldorado tant décrit. De fait, un passage page 86 est un sombre écho à notre propre situation et ce n'est point réjouissant.



Beaucoup de personnages traversent ce roman, y laissant chacun une empreinte indélébile.



A côté de cela, malgré des hauts et des bas, un semblant de famille se détache du lot et ce, grâce à l'apparition de cette belle jument blanche qui est un peu le fil rouge (si j'ose dire) de ce beau roman.



Après maintes et maintes péripéties, parviendront ils à cette fusion après laquelle , sans le savoir peut être, ils courent ?
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La crête des damnés

Merci à Babelio et aux éditions Agullo pour ce partenariat.

Ce livre est ma première lecture d’une oeuvre de Joe Meno, un auteur que j’avais vraiment envie de découvrir, pour avoir croisé plusieurs fois ses précédents romans sur des blogs. J’ai lu ce roman presque d’une traite jusqu’à la page 180, et après, j’ai eu plus de mal, fractionnant ma lecture de quarante pages en quarante pages. Que s’est-il donc passé ? Et bien, rien de particulier. J’ai eu l’impression de tourner en rond dans la lecture, de ne pas voir de progression dans l’itinéraire du narrateur. Mais revenons plus en détails sur son parcours, justement.Nous sommes au début des années 90. Brian a un frère aîné, une petite soeur, il vit avec ses parents en banlieue de Chicago. Cette famille ordinaire est pourtant en train de dysfonctionner, sa mère semble indifférente, lointaine, et son père dort désormais sur le canapé, dans la cave : une séparation ordinaire, dans l’indifférence générale. Au lycée, Brian ne fait pas vraiment partie des élèves populaires, ses proches non plus. Il est amoureux de sa meilleure amie Gretchen, mais il est incapable de lui dire, de faire le premier pas, tant il craint d’être rejeté. Contrainte supplémentaire : il est élève dans un lycée catholique, et dans ces établissements, peu de choses changent. C’est pourtant après une punition supplémentaire qu’il rencontre Nick, et que cette rencontre le fait se singulariser encore plus, lui, le loser qui a viré au punk, sans vraiment savoir, finalement, pas plus que ceux qui l’entourent, ce que cela signifie vraiment d’être punk. Ce n’est pas désagréable à lire, attention. Cela nous questionne même sur cette Amérique de la classe moyenne, cette Amérique qui s’apprête à déclarer la guerre à l’Irak, cette Amérique où des mères n’en peuvent plus, et flanquent presque leur fils à la porte. Pas de racisme, non, pas vraiment, mais les élèves noirs sont ostracisés, ils ne se sentent pas formidablement intégrés, et ce sont toujours les blancs qui imposent leur choix, notamment pour le fameux bal de fin d’années. Une anecdote ? Pas vraiment, dans un pays où le bal est considéré comme une véritable institution. Oui, Brian se cherche, et il ne s’est pas trouvé à la fin du roman, lui le lycéen invisible sans véritable perspective d’avenir, lui l’amoureux de la musique qui apprécie véritablement les chansons qu’il écoute, qui les vit, devrai-je plutôt dire, lui qui se rêve musicien, et qui, en attendant, glandouille, se bagarre, cherche une fille avec qui sortir. Et se raccroche toujours à son amie amoureuse, Gretchen. J’ai apprécié le style de l’auteur : oui, le personnage est un ado, et il s’exprime comme un ado, non comme quelqu’un qui singe la manière de parler des ados. Son langage nous emporte et restitue ses années-là. Alors oui, il ne se passe pas grand chose d’important – pour nous – ce n’est pas forcément le cas pour Brian et les siens.
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Prodiges et miracles

L'Indiana, nord des Etats-Unis, près des grands lacs, été 1995, Jim Falls, 71 ans, vit seul avec son petit-fils métis de 16 ans, Quentin.



Jim, dans sa ferme, arrive à vivoter avec la production issue de son poulailler. Mais les temps sont durs, les factures impayées nombreuses ; et les rentrées d'argent aléatoires. Sa fille, Derdre, mère de Quentin, mène une vie dissolue, entre les hommes et la drogue ! Et passe parfois, voir son père et son fils.



Comment passer le temps, dans un trou perdu, avec pour seul horizon que la ligne infinie des champs et du bitume…Aussi Quentin, s'enferme-t-il dans l'écoute de sa musique et de jeux vidéo; à la recherche d'une raison de vivre, d'un espoir, et, sortir de « sa solitude infinie et sa colle à snifer ».



Le décor ainsi planté, l'optimisme humain ne peut que courber l'échine ! L'esprit rempli de brume, sur des terres qu'on vient de labourer, où les sillons partent à l'infini et où les rayons du soleil écrasent toute vie. Vous avez dit Polar ? -Patience, tout vient à point à qui sait attendre.-



Ainsi, sorti du halo des mornes habitudes et du destin ; un événement surprenant et générateur de faits dramatiques, survient. Un matin, un pick-up doté d'un van, survient, et livre à Jim, une magnifique jument blanche de course.



Un héritage, un don, une erreur ou bien un miracle ?



Joe Meno, nous entraîne dans des vastes contrées, pleines de silence, de moiteur, voire de désespoir. Son style est fluide et percutant, avec en toile de fond, les questions existentielles sur la vie et l'amour, dans les grandes étendues de terre et de poussière, du Midwest.


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Le blues de la harpie

La Harpie, une sordide petite ville de l'Illinois.

Luce Lemay vient d'achever sa peine de prison. En liberté conditionnelle, il décide de revenir s'installer dans sa bourgade natale. Mais cette ville l'a vu commettre le pire car, à la suite d'un braquage, sa voiture est venue heurter de plein fouet un landau.

À sa sortie, notre ex-détenu retrouve son ami Junior, rencontré derrière les barreaux et se fait embaucher grâce à lui dans une station-service. L'amour croise également sa route avec une serveuse nommée Charlene qui n'aspire qu'à une seule chose, démarrer une nouvelle vie ailleurs. Néanmoins, si les deux compères sont pétris de bonnes intentions et souhaitent repartir à zéro, leurs consciences ne leur laissent aucun répit et la culpabilité leur colle à la peau. 

D'autant plus qu'en dépit de tous ses efforts, Luce est condamné d'avance. Car la population n'a pas oublié. Et la seule once d'espoir qui subsiste pour mener une vie respectable sera vite anéantie par les effluves de haine de plus en plus fortes qui émanent dans la ville.



J'ai d'emblée été accrochée par la plume de Joe Meno que je découvre avec ce roman. Une écriture fluide, poétique avec un soupçon d'humour qui m'a embarquée dans les rues étouffantes et glauques de La Harpie. L'auteur excelle également dans la description des personnages, notamment Junior, un grand gaillard naïf au cœur tendre, que les remords vont peu à peu faire basculer dans la folie.

Un roman noir américain comme je les aime avec un héros en quête d'une rédemption qui semble inaccessible. En effet, difficile de s'écarter des chemins de la perdition dans cette ville où la rancœur est tenace. Un récit captivant de bout en bout.
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Prodiges et miracles

Dans une Amérique défoncée, Prodiges et Miracles flirte avec l'épure de la tragédie. Un don miraculeux, un cheval blanc, peut-il avoir des conséquences bénéfique ? Joe Meno nous plonge dans une virevoltante virée au cœur du plus profond, du plus paumé, des États-Unis. Malgré le chaos des existences brisées saisies dans une extériorité loin de toute psychologie, affleure - au-delà du sentiment du paysage - une intangible beauté : un lien fragile.
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Le blues de la harpie

J'ai beaucoup aimé ce roman noir et désenchanté. Luce sort de détention suite à un accident survenu après un braquage qui a coûté la vie à une petite fille. Il décide de revenir dans la ville où tout s'est passé, accompagné de Junior dont il a fait la connaissance en détention. C'est un roman centré sur les personnages, qui sont tous extrêmement fouillés et psychologiquement complexes, que ce soit Luce, Junior, Charlène. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et sont tout aussi intéressant. J'ai beaucoup la manière dont l'auteur aborde la question de la réinsertion des détenus. J'ai adoré ces personnages en quête de rédemption, qui font tout leur possible pour rester dans le droit chemin, mais qui sont inévitablement rattrapé par leurs actes et leurs démons. Et que dire de la plume de Joe MENO, qui sait trouver les mots justes pour décrire les états d'âmes de ces personnages pour lesquels on se prend d'affection malgré les actes commis. C'est un vrai beau roman noir.
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Prodiges et miracles





Ce roman relate le voyage d’un grand-père et de son petit-fils, à la poursuite d’une magnifique jument de course, seule lueur d’espoir pour la ferme qui périclite, et qui leur a été dérobée. La blancheur quasi argentée de l’animal insaisissable tranche avec la noirceur de ce road-trip, conte sombre dans le Midwest des années 90 : recherche d’un salut, quête d’un avenir, des liens qui se tissent entre deux êtres solitaires et singuliers, sur fond de drogues, de jeux vidéos et de guerre de Corée.



Déjà très attachée aux road-trips américains, notamment les ouvrages de Jim Harrison, je suis rapidement tombée sous le charme de Prodiges et miracles. Les personnages du grand-père et de son petit-fils sont profonds, ambigus et j’ai beaucoup apprécié les suivre dans leur recherche de la jument volée, voir leur relation évoluer et devenir plus solide, comprendre que ces deux hommes solitaires n’avanceront qu’en étant là l’un pour l’autre. On vibre avec eux dans cette quête, on espère à chaque ligne que l’issue sera heureuse malgré des rencontres antipathiques, des truands qui n’hésitent pas une seconde à sortir leurs armes. Les affres de la guerre de Corée se font ressentir à chaque instant, la drogue est omniprésente et les scènes sont décrites avec beaucoup de réalisme et de poésie. J’ai simplement regretté de ne pas en savoir plus sur certains personnages comme le mystérieux Rick.
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La crête des damnés

Roman de Joe Meno parut aux Etats-Unis en 2004, Il a été traduit seulement cette année en France.

L'auteur nous raconte dans ce roman la jeunesse de Brian Oswald, adolescent de 17 ans, étudiant dans un lycée catholique à Chicago.

Nous sommes en 1990 et Brian est en 3ème. Il adore le punk et adopte la tenue vestimentaire et les règles de cette musique comme sa meilleure amie Gretchen.

Brian tombe amoureux de Gretchen mais ils n'arrive pas à lui avouer.

En effet, cette fille est forte et à un fort caractère et n'hésite pas à se battre avec ses camarades. C'est un punk pur et dur. Il aimerait l'invité au bal de fin d'année mais elle crache son venin sur ce genre de soirée

Du coup, la vie scolaire et personnelle de Brian est semée d’embûches et de questionnement. Entre des parents qui sont sur le point de se séparer, son manque de maturité, son envie de réussir dans la musique punk et une vie intime déplorable (il est encore puceau).; Brian va se forcer à grandir. Il vit de ballades avec Gretchen et Kim dans une escort Bleue où elles ne cessent de se moquer de lui ; des soirées dans la cave de chez son pote Mike avec une mère devenu folle après sa séparation.

Ce roman pourrait paraître banal. Mais il intéressant dans le sens où il dépeint une certaine Amérique des années 90 au sein d'une certaine culture rock et punk, ce qui rend l'histoire original ; il met aussi en lumière une adolescence en recherche d'identité.

joé Méno nous plonge aussi dans une société américaine encore religieuse et parfois raciste.

Pour les amoureux du rock dur, Joé Mémo nous narre un univers musical où se mélange du punk et du hard où l'on croise, les Clash, Mothley Crue ou les Gun N'Roses pour ne citer qu'eux. L'histoire fait aussi un clin d’œil au cinéma de série Z et de film d'horreur qui ravira pas mal de lecteurs.

Une histoire tendre, dur et rebelle qui nous remémore des souvenirs mémorables.

A lire et à écouter sans modération
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La crête des damnés

Récit d'une adolescence américaine, de sa quête d'une appartenance, de son culte d'une apparence. Dans une écriture renseignée, apte à rendre pensées et malaise d'un branleur de dix-sept ans, acharnée à en saisir la bande son, Joe Meno incarne, avec une vraie tension narrative autour de son vide, les années 90. Moins moment de l'Histoire des États-Unis que variation autour de son récit initiatique, La crête des damnés dépeint le basculement vers ses propres sensations et sentiments.
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Le blues de la harpie

Le blues de la Harpie

Joe MENO



Luce Lemay sort de prison, en liberté conditionnelle, après y avoir purgé une peine de 3 ans pour le meurtre accidentel d’un enfant lors d’un accident de la route.

Bon d’accord cet accident a eu lieu parce qu’il fuyait l’endroit qu’il venait de braquer...

Mais maintenant Luce et son ami Junior Breen (rencontré en prison) ont du travail dans une station service et ils louent une chambre au même endroit dans leur « bonne » vieille ville de La Harpie, Illinois.

Mais un repris de justice n’est jamais vraiment libre.

Son passé à tendance à lui coller au basques, l’oblige à avoir des yeux derrière la tête et surtout à ne dormir que d’un œil.

Comment dans ces circonstances peut-il envisager une vie avec la jolie Charlene ?

Peut-il envisager un avenir serein ?

Peu-il espérer l’oubli ?

Heureusement il reste l’amitié...



Bon autant être cash : je n’ai pas beaucoup aimé.

Pas d’empathie pour les personnages ni les lieux.

Et l’histoire est pour moi un brin confuse et ne me donne pas spécialement envie de découvrir d’autres titres.
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Prodiges et miracles

Passé douloureux ,présent difficile, sombre avenir, elle n’est pas gaie la vie de Jim Fall et de son petit-fils Quentin dans ce coin perdu de l’Indiana en voie de paupérisation. Ils vivotent une existence routinière ,isolés dans leur désert affectif quand surgit dans leur marasme un improbable miracle sous la forme éblouissante d’une jument argentée . L’éclair de sa beauté , modifie leurs rapports personnels et avec le monde ,ouvrant des perspectives inattendues. Mais les miracles sont aussi un appât pour les avides , les méchants et les pervers … L’un trop vieux et usé ,l’autre encore immature arriveront-ils à défendre cet espoir ? Un roman très noir semé d’éclats poétiques et de rares dialogues d’une bouleversante justesse . On retrouve l’excellent Joe Meno du « Blues de la harpie » ,son sens du récit, son humanité et sa capacité à évoquer l’épopée sordide des « rednecks ».
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Le blues de la harpie

En lisant ce livre, je n'ai cessé de noter des citations tant les phrases sont ciselées et résonnent (bravo à la traduction de Morgane Saysana d'une lucidité et d'une limpidité remarquables).

Cela en dit long sur la qualité de la plume de Joe Meno, un auteur que je lis pour la première fois sur la recommandation du Picabo River Book Club sur Facebook animé par LéaTouchBook (toujours d'excellent conseil). Une très belle découverte. C'est vraiment la littérature américaine telle que je l'aime avec la conjugaison de la noirceur et de la beauté sans oublier une vraie place au village de La Harpie qui emprisonne et étouffe le héros et le renvoie sans cesse à la faute qu'il a commise presque trois ans auparavant - renverser par accident un bébé dans un landau, c'est dit dès les toutes premières pages.

Cette faute, commise suite à un concours de circonstances, lui a valu trois ans de prison (le blues de la harpie commence alors qu'il sort de prison pour sa liberté conditionnelle). Cette faute, les habitants de son village ne cessent de vouloir lui faire payer, encore et encore. Cette faute surtout le torture, jour après jour, nuit après nuit, tant il ne parvient pas à se la pardonner, même auprès de Junior, son ami sorti de prison également, ou de Charlene dont l'amour lui offre pourtant une seconde chance.

Le sujet de la rédemption - possible ou impossible ? - , omniprésent dans la littérature américaine, est traité ici d'une manière subtile et inédite. J'ai lu de nombreux livres sur ce thème dont la plupart sont extrêmement manichéens et celui-ci évite totalement ce piège. Il égale la qualité du magnifique Les animaux de Christian Kiefer (gros compliment)

Luce Lemay, notre héros, est juste et vrai, très profond, complexe aussi. J'ai également beaucoup aimé le duo qu'il forme avec Junior, ce géant très fort et très doux, qui m'a évoqué le duo de Des souris et des hommes (gros compliment bis).

L'histoire est très bien racontée, conjuguant violence et poésie, avec un brio remarquable.

Joe Meno est pour moi une nouvelle belle et grande voix de la littérature américaine. J'ai hâte de lire Prodiges et miracles et je lirai chaque ligne qu'il publiera. C'était mon premier livre édité par Agullo éditions qui rentre de manière fracassante dans le panthéon des éditeurs que j'aime.
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