AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de John Berger (110)


[Le Palais idéal du facteur Cheval ]
Comme Cheval l’a expliqué, ce sont les pierres qui lui ont donné l’idée des sculptures, ces pierres qui, formées au cours des périodes géologiques, lui sont apparues comme des caricatures. « d’étranges sculptures de toutes sortes d’animaux et des caricatures. Impossibles à imiter l’homme. Je me suis dit : puisque la nature veut faire des sculptures, je m’en vais édifier pour elles l’architecture qui leur convient. » Quand vous scrutez ces pierres, elles deviennent des créatures, des oiseaux ou des animaux le plus souvent. Certaines vous regardent. (p.90)
Commenter  J’apprécie          80
28 avril 1955

[...] Je suis un peintre et non un écrivain ou un homme politique ou amant, parce que je trouve un point extrême de perfection dans deux cerises qui se touchent, ou dans la différence de structure entre la jambe d'un cheval et celle d'un homme. Qui peut comprendre ça ? (p. 157)
Commenter  J’apprécie          70
Tu as ta propre façon de lire, mi Soplete. Que tu sois assis à cette table en train de lire le journal du matin plié en deux, ou couché sur le dos, sur ton lit - tes pieds dépassent du bord, tu tiens un livre des deux mains au-dessus de ton visage (c'est peut-être un livre sur les plantes de montagne), ta façon de lire, ta façon d'accomplir l'acte de lire, est spéciale. Certains se laissent. aspirer par le tourbillon des caractères imprimés, certains décollent pour des voyages au long cours ; toi, tu assembles ce que tu reçois de la page que tu es en train de lire, et le mets aussitôt en relation avec ce qui était déjà là. Quand tu lis, loin d'être absent, tu es plus présent que jamais. Je pose la tête sur ton épaule. Pour toi, lire est une forme de monitoring, ça se voit dans ta manière de tenir le menton. Je bouge la tête pour que ma langue, si je la tire, puisse toucher le dessous de ton menton, puis je lève un peu la tête et je pose les lèvres à l'endroit que ma langue a frôlé.
Commenter  J’apprécie          70
Leurs peintures ressemblent à une carte géographique, dit-elle.
- Une carte de quoi ?
- Du pays qu'habitent les êtres de l'obscurité.
- Et où se trouvent-ils, ces êtres ?
- Ici, tous venus de l'ailleurs...
Commenter  J’apprécie          60
La peinture des Cro-Magnon ne respecte pas les frontières. Elle coule librement, elle se dépose, elle se superpose, elle submerge des images déjà existantes, et elle perturbe sans cesse l'échelle de ce qu'elle charrie. Quel genre d'espace imaginaire les Cro-Magnon habitaient-ils ?
Les notions de passé et de futur ne sont-elles pas les nomades, soumises à l'expérience de l'ailleurs ? Ce qui est parti, ce qui est attendu, se cacheraient ailleurs, dans un autre lieu.
Tant pour les chasseurs que pour le gibier, savoir se cacher est une condition de survie. La vie dépend de l'abri trouvé. Tout se cache. Tout ce qui a disparu est allé se cacher. Une absence - comme celle des morts - se ressent comme une perte, bien sûr, mais pas comme un abandon.
Les morts se cachent ailleurs.
Commenter  J’apprécie          60
Avant que la fleur de coquelicot s’ouvre, son calice est dur et bombé comme la coque verte d’une amande. Un jour, la coque éclate en deux morceaux qui tombent sur le sol. Il a suffi, pour la briser, d’une petite boule de mousseline chiffonnée, serrée dur comme un poing. Alors les fines membranes se déplissent, le rose à peine teinté vire au rouge le plus vif qui existe dans la nature. On dirait que la force qui fait éclater le calice, c’est le désir acharné de ce rouge de se rendre visible, d’exister.
Commenter  J’apprécie          60
John Berger
Aujourd’hui, il y a moins de degrés dans la pauvreté. Il y a la société de consommation, et il y a ceux qui sont en dehors, séparés par un mur infranchissable. Ils sont à la fois irrémédiablement seuls, et exposés en permanence au regard du public, privés de cette chose basique, essentielle : l’intimité. Ils n’ont nulle part où se cacher, où se réfugier. C’est cette combinaison qui est, je crois, assez nouvelle, et particulièrement diabolique.
Commenter  J’apprécie          50
Chaque nuit, je t'assemble à nouveau - un os après l'autre, tous délicats.
Ton Aïda
Commenter  J’apprécie          50
Les panneaux de signalisation m'ont souvent fait penser à un conte de fées : Succession de virages, Passages d'animaux sauvages, Intersection, Passage à niveau, Carrefour à sens giratoire, Risque de chute de pierres, Descente dangereuse, Passage de troupeaux, Chaussée glissante.
Les dangers qu'ils annoncent, comparés au risque que l'on court dans la vie, semblent d'une simplicité rassurante.
(Le Szum et le Ching)
Commenter  J’apprécie          50
J'avais parlé à Katya de ma rencontre avec ma mère à Lisbonne. Tandis qu'elle était en vie, Nan-Nan (c'est le nom que lui donnaient ses petits-enfants) entretenait avec Katya un lien assez profond, dont elles n'avaient pas besoin de parler. Toutes pensaient que, pour trouver un quelconque sens à la vie, il était vain de chercher là où on nous disait de le faire. On ne pouvait trouver du sens que dans les secrets.
(Genève)
Commenter  J’apprécie          50
le souvenir qu’un homme garde de la femme qui l’a quitté il y a trente ans ; un porte-clés ; un jeu de cartes ; une violette séchée entre les pages d’un dictionnaire ; la trace d’une lettre inversée sur un buvard ; un livre tombé derrière d’autres livres qui le cachent ; une rose symétrique dans le kaléidoscope d’un bambin ; les couleurs d’un Tuner lorsque s’éteignent les lumières du musée ; des ongles ; un atlas ; une moustache qui grisonne sur les bords ; les rames du navire Argo…
Commenter  J’apprécie          50
"La dentelle est une écriture blanche,lisible seulement lorsqu'il y a de la peau en dessous"
Commenter  J’apprécie          50
L'espoir et l'attente sont complètements différents l'un de l'autre. Au début, je pensais que c'était une question de durée, que l'espoir, c'est attendre quelque chose qui prenait plus de temps. J'avais tort. L'attente vient du corps, tandis que l'espoir vient de l'âme. Voilà la différence. Tous deux se parlent, s'excitent ou se consolent, mais leur rêve à chacun diffère. J'ai appris autre chose encore. L'attente d'un corps peut durer aussi longtemps que le plus fol espoir. Comme mon corps qui attend le tien.
Dès le moment où ils t'ont condamné à deux peines à perpétuité, j'ai cessé de croire en leur temps.
A.
Commenter  J’apprécie          40
- Le Palais idéal-

Il existe, toutefois, une œuvre colossale, qui ne ressemble à aucune autre et qui exprime directement la vie paysanne. C'est de cette œuvre, mélange de poésie, de sculpture et d'architecture, que je voudrais parler.
" Facteur rural, comme mes vingt-sept mille camarades, j'allais à pied tous les jours de Hauterive à Tersanne, région où l'on trouve encore des traces laissées par la mer, et je marchais parfois à travers la neige et la glace, parfois au milieu des fleurs. Que peut faire un homme qui parcourt éternellement le même paysage, sinon rêver ? Dans mes rêves, je construisais un palais dépassant toute imagination, tout ce que le génie d'un homme simple peut concevoir, avec jardins, grottes, tours, châteaux, musées et statues, tous si beaux et si nets que mon esprit devait en garder l'image pendant dix ans au moins (...)" (p. 88)
Commenter  J’apprécie          40
Écrire englobe l’orthographe, les ligne droites, l’espacement, l’inclinaison et la taille des lettres, leur lisibilité, les marges, l’entretien et la propreté du bec de la plume, l’absence de bavures, et, sur chaque page du cahier d’exercices, l’expression de la valeur absolue des bonnes manières
Commenter  J’apprécie          40
La chose à savoir avec certitude, c’est si tu mens ou si tu essaies de dire la vérité. Tu ne peux plus te permettre de confondre les deux
Commenter  J’apprécie          40
La plupart des exclus sont anonymes – de là, l’obsession identitaire de toutes les forces de sécurité. Ils sont également innombrables pour deux raisons. D’abord parce que leur nombre fluctue : chaque famine, catastrophe naturelle et intervention militaire (on appelle ça maintenant rétablissement de l’ordre) ou diminue ou accroît leur multitude. Et ensuite, parce qu’évaluer leur effectif, c’est faire face au fait qu’ils constituent la majorité des habitants vivant à la surface de la terre – et que reconnaître ceci, c’est plonger dans l’absurdité absolue.
Commenter  J’apprécie          40
Parfois la nuit, lorsque j'entends hurler le vent, je me souviens. Il y avait très peu d'argent au village. Pendant huit mois nous travaillions le terre afin de produire juste assez pour manger, nous habiller et nous chauffer toute l'année. Mais en hiver la nature était comme morte, et c'est alors que notre manque d'argent devenait critique. Non pas qu'il eût fallu de l'argent pour acheter ceci ou cela, mais parce que l'argent manquait pour accomplir le travail même. C'est pour cela, et pas tant à cause de la neige, du froid et de la brièveté des jours, que nous devions rester autour du poêle à bois et vivre dans une sorte de limbes.

Commenter  J’apprécie          40
Ça fait un drôle de mélange, dit le vieil homme, sans lever la tête. Drôle de mélange. Hier elle allait plutôt bien. Il se mit à pleurer, très doucement, comme peuvent pleurer les femmes : les larmes qui gonflent les yeux.
Le médecin, qui avait déjà empoigné l’une de ses trousses, la reposa puis se radossa dans sa chaise : Vous pourriez nous faire une tasse de thé ? demanda-t-il.
Pendant que la fille préparait le thé, les deux hommes parlèrent du verger de derrière et des pommes de l’année. Au retour de la fille, ils parlèrent des rhumatismes du père. Après le thé, le docteur partit.
Commenter  J’apprécie          30
L’individu est tragique. Mais l’individu peut aussi contester cette tragédie et devenir héroïque :l’héroïsme consiste à comprendre que l’accomplissement peut être plus grand que l’individu qui accomplit
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de John Berger (260)Voir plus

Quiz Voir plus

L'apache aux yeux bleus

Quel âge a le personnage principal ?

3 ans
6 ans
13 ans
11 ans

10 questions
276 lecteurs ont répondu
Thème : L'Apache aux yeux bleus de Christel MouchardCréer un quiz sur cet auteur

{* *}