AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de John Galsworthy (86)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

Quand j'étais petite ma mère regardait une série qu'elle suivait avec assiduité, moi même je devais être devant les écrans , mais j'ai peu de souvenirs… juste que ma mère en parle encore … parce qu'elle aimerait tant la revoir. (du coup elle la lira !)



Alors quand ce roman est passé devant mes yeux il ne m'en a pas fallut plus, d'autant que c'est également une satyre sociale de la haute bourgeoisie et des mœurs anglaises de la fin du XIXème siècle. C'est aussi l 'occasion de parler de la place des femmes dans la société.



Tout au long de ma lecture j'ai très souvent pensé à Zola, la même envie de remettre certaines personnes à leur place. Alors bien sûr ce n'est pas totalement du Zola non plus , le cynisme n'est pas, là ce n'est pas aussi "piquant". On peut peut-être mettre ça sur le dos de la traduction, mais malgré tout c'est superbement bien écrit.



De plus l'évolution des personnages est frappante et apporte un plus a cette famille. le vieux Jolyon en est l'exemple type.

Bref au fils des pages on se prend de sympathie pour certains, d'autres qu'on aime beaucoup moins.. mais au final on fait partie intégrante de cette famille avec ses qualités et ses défauts.





J'ai beaucoup aimé ce premier tome, les autres suivront bien sûr… et je pense que la suite peut nous réserver quelques belles surprises.

Commenter  J’apprécie          8723
La dynastie des Forsyte - Intégrale

"La plupart des pièces que nous considérons comme les chefs-d'oeuvre tragiques ne sont que des débats et des querelles de famille."

(Jean Giraudoux)



Les trois volumes de "La dynastie des Forsyte" dans la bibliothèque parentale ont toujours été une sorte de mystère, quand je n'étais encore qu'une lectrice en herbe. J'ai réussi à arracher à môman l'explication du mot "dynastie", ainsi que l'information que "ça parle d'une famille riche en Angleterre" - comme c'était prometteur !

Il a fallu quelques années de plus avant que je ne recroise le chemin des Forsyte, et cette fois c'était par le biais de la télé... je crois que cette vieille série des années 60 n'avait pas deux spectatrices plus assidues que maman et moi.

Je ne parlais pas l'anglais, et les prénoms comme Soames, Jolyon, Montague et Winnifred sonnaient à mes oreilles comme des charmes magiques. Je traînais ensuite le livre avec ces héros télévisés, mes Harry Potter à moi, tous les jours à l'école, pour leur consacrer chaque récré (et même plus), car il m'était tout bonnement impossible de les quitter.

La saga des Forsyte est restée pour moi une maison littéraire que je peux ouvrir sur n'importe quelle page sans m'y perdre. Et ce fut un plaisir d'arpenter à nouveau les rues de Londres de la fin du 19ème siècle où on a fait connaissance, il y a si longtemps...



L'oeuvre de John Galsworthy est intéressante à bien des égards. Lauréat du prix Nobel de littérature (1932), il semble être tombé plus ou moins dans l'oubli dans les manuels de littérature anglaise. La comparaison avec les auteurs qui ont traité les mêmes thèmes avec davantage de pérennité littéraire s'impose toute seule : je pense notamment à Mann et à ses "Buddenbrook", que je n'ai jamais réussi à finir. Les deux livres parlent pourtant de la même chose - le déclin d'une famille aisée - mais aucun critique littéraire n'a jamais reproché à Thomas Mann d'avoir écrit une romance de bonne femme camouflée en grand roman générationnel.

Or, les "Forsyte" sont bien plus que cela, même s'il leur manque ce mélancolique pessimisme à la Schopenhauer qui imprègne le livre de Mann.

C'est vrai que c'est avant tout dans le premier volume de la trilogie ("Le Propriétaire" ; suivi de "Une comédie moderne" et "La fin du chapitre") qu'on trouve une véritable réflexion sur les changements qui ébranlent la société victorienne, et les deux autres ne font que développer les relations, amours et amitiés entre les protagonistes. C'est tout aussi vrai que le narrateur s'adonne avec une passion non-dissimulée aux descriptions de bâtiments magnifiques, intérieurs luxueux, fêtes et moeurs de la "haute", mais tout cela crée un inimitable genius loci... et dans les derniers chapitres, on ne peut que compatir avec le patriarche de la famille, qui médite tristement devant les tombes sur la mort de l'ère victorienne. Mais aussi sur l'essence du matérialisme, sur la nécessité de réussir et de posséder, sur la beauté et la façon humaine de la voir ; cette beauté vraie et libre que personne ne peut s'acheter...



Le nombre de pages est impressionnant, et elles sont peuplées de personnages plus nombreux que les fourmis dans une fourmilière. Pas une ne peut manquer, car son absence aurait dérangé la parfaite organisation de l'ensemble. Et puis le contenu... le contenu qui dépasse de loin la simple description d'une époque déjà révolue, où les hommes consultent leur montre à gousset, vouvoient leurs femmes, et se laissent parfois écraser par un fiacre dans l'épaisse brume londonienne. Tout ça pour l'amour. Le souci principal de la femme est de bien se vêtir le matin, jouer du piano et ne pas tomber amoureuse du fils de son ex-mari, car cela apporte des "péripéties".



Dans son roman sur trois générations, Galsworthy nous parle évidemment des altercations entre le monde des jeunes et celui des anciens. Soames, Irène et Jolyon, jeunes rebelles du premier tome, deviennent à la fin les porteurs des valeurs anciennes du monde sur le point de disparaître. Ils se débattent pour comprendre celui de leurs propres enfants, en oubliant qu'ils étaient eux-mêmes la source de la pensée avant-gardiste il n'y a pas si longtemps. Mais même leurs enfants vont grandir, et devenir à leur tour les vieillards incompris... c'est un cercle et il est sans fin.

Soames et Jolyon représentent deux approches différentes envers la vie : le devoir et la passion. La vie de Soames, si laborieusement bâtie, pleine d'efforts, frustrations et sacrifices est en train de se désintégrer sans pitié, en lui riant en face. Jolyon et Monty font ce que bon leur semble, ce qui cause bien des peines aux autres, mais sont-ils finalement plus heureux que le vieux Soames ? Est-ce le chemin de la raison, ou plutôt celui du coeur, qui mène vers le bonheur ?

Aucun, si vous êtes un Forsyte.

Les Romeo et Juliette de Galsworthy ne meurent pas, ils continuent leur route, mais parfois ils vont se dire qu'un bon vieux coup de poignard quelque part dans les catacombes de Vérone serait une meilleure solution.

Ah, dire qu'il y a si longtemps, je croisais les doigts pour les jeunes Fleur et Jon, et je détestais de tout coeur le vieux Soames, puisque c'était un satané despote et tyran, alors que maintenant je dévore chaque page de l'histoire de Soames, Jo, et Irène, et j'arrive à les comprendre.

Il y a deux chemins qui permettent de traverser la vie, et un beau jour ils vont fatalement se croiser.

Avec la dernière poignée de main symbolique, 5/5, John.



Commenter  J’apprécie          7331
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

Je n'aurais jamais entendu parler de ce roman, si on ne me l'avait pas conseillé en série télévisée. Quelques recherches plus tard… apprenant que ce livre avait obtenu le prix Nobel de littérature ,( et de toutes façons, préférant toujours commencer par l'oeuvre originale ), je me suis attelée à cet immense pavé . Je ne dis pas cela de façon péjorative, quand j'aime, je ne compte pas les pages ! Mais force est de constater que cela fait une semaine que je vis avec la famille Forsyte… ( 793 pages avec une typographie absolument minuscule , dans mon édition reliée de cuir. Et un deuxième tome m'attend !)



C'est en 1906 que John Galsworthy publie" le Propriétaire", 1° volume de " Forsyte Saga" qui raconte l'histoire de la famille Forsyte sur trois générations.

Eux , ce sont de grands bourgeois londoniens, dont l'ancêtre (le premier Jolyon Forsyte) était propriétaire fermier.

Ils sont propriétaires fonciers, administrateurs, éditeur, négociant en thé et leurs enfants seront notaire, artiste peintre…( Les femmes bien-sûr, ne travaillent pas et vivent sous le toit protecteur d'un frère ou d'un mari ). Tout ce petit monde vit en bonne intelligence , jusqu'au jour où, la petite fille , June, présente son fiancé à la famille. Il est architecte, autrement dit pour l'époque : sans le sou.

C'est la première incursion dans leur monde feutré d'une personne différente et, la vie de certains membres de la famille en sera , à jamais impactée pour le pire ou pour le meilleur …



En choisissant comme titre du premier ouvrage, " le propriétaire", John Galsworthy savait ce qu'il faisait , car à l'époque, un homme était propriétaire de ses biens matériels mais également de son épouse… laquelle ne pouvait pas demander le divorce , elle devait attendre que son mari le demande. Une femme issue de la bourgeoisie avait sa chambre mais ne pouvait s'opposer à ce que son mari y rentre. Et en cas de rapports sexuels non consentis par la femme, on ne parlait pas de viol. En ce temps là, les jeunes filles ne savaient absolument pas à quoi s'attendre le jour de la nuit de noce, et parfois (souvent !) , c'était une mauvaise surprise….

A travers ce portrait de famille, c'est toute une étude de moeurs que fait l'auteur , d'une société anglaise qui passera de l'époque Victorienne au début du 20ième siècle et des femmes qui verront leurs libertés augmenter.

Cette histoire commence en 1886, avec les fiançailles de mademoiselle June et se termine vers 1920 (dans ce premier tome). Et si on survole l'époque , la guerre, les changements , l'auteur s'attache plus spécifiquement aux pas de quelques membres emblématiques de la famille Forsyte , tout comme Zola l'a fait avec les Rougon- Macquart, mais, ce dernier de façon plus détaillée, plus percutante.

Au delà de l'oeuvre magnifiquement ambitieuse , cela a été pour moi, un vibrant témoignage (même s'il est fictif…) sur la vie que pouvaient avoir nos ancêtres des deux derniers siècles passés.( Bien sûr cela se passe à Londres, mais cela pourrait être Paris… ).

Quand le personnage de Soames , nostalgique , dit adieu à une maison décorée à la mode victorienne , quand il réfléchit au temps qui passe , la société qui change , les membres de sa famille disparus, les fantômes qu 'il revoit assis sur les canapés de la maison …

Le premier Forsyte , a accumulé des biens, deux autres générations ont suivi . Mais qu'en sera t-il des descendants ? le personnage de Soames ( avoué) ,est le seul qui soit obsédé par l'argent (en gagner, le faire fructifier, le conserver, le transmettre )… Oui, qu'en sera -t-il des descendants, beaucoup plus " sensibles" ?Déjà certains cousins vivent sur leurs "acquis"… Je le saurai en lisant la suite. Les idées socialistes ont déjà atteint certains personnages.

Un regard à 180° sur le 19 et 20 siècle.

Une galerie de portraits. De bien jolis papillons épinglés par Monsieur Galsworthy, que ces membres de la famille Forsyte…

Intéressant, diablement intéressant et très agréable à lire..
Commenter  J’apprécie          578
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

Même s'ils ont l'ambition de fonder une dynastie, les Forsyte sont tout sauf nobles, de titre comme de coeur !



Archétypes des parvenus sans culture et sans passions, attachés aux seules apparences et jaloux de leur patrimoine, ils se montrent mesquins, froids, calculateurs, veules, niais, médisants, égoïstes... et pourtant toute leur petitesse fait naître une série de très beaux portraits qui s'assemblent en une fresque grandiose !



Si les fiacres et les thèmes abordés nous font voyager dans le Londres du XIXè siècle, la plume de Galsworthy est moderne par son ironie et ses descriptions fines des émotions. Il y a un peu de Forsyte dans les faux-semblants et les rodomontades de nombreuses familles du XXIè siècle, la mienne comprise... Il y a beaucoup de Forsyte dans les égos boursouflés et les cancans murmurés dans certains couloirs, ceux de mon bureau compris...



Bref, si j'ai apprécié le pittoresque tranquille de la vie londonienne des clubs, des opéras, des salons et des scandales, j'ai encore plus aimé la justesse indémodable de la comédie humaine incarnée par les Forsyte. Tous les personnages sont répugnants et attachants, les plus marquants pour moi étant le vieux Jolyon, le terne Soames et l'invisible Timothy.



Merci aux éditions Archipoche pour cette belle Masse Critique. Challenge Multi-Défis 2019.
Commenter  J’apprécie          570
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

Grâce à John Galworsthy, nous allons découvrir l'univers bien singulier des Forsyte une famille bourgeoise londonienne vivant dans le west End à la fin du 19 ème siècle.



Une bien belle étude d'une famille avec ses mésalliances, ses conflits d'intérêts, ses jalousies et surtout ce besoin irrémédiable de sauver les apparences, pas de scandale ; un petit bijou en la matière.



Des vies guindées, étriquées, empesées, amidonnées comme le col de leurs chemises dans le carcan de leurs certitudes. Les Forsyte font de l'argent et aiment à montrer qu'ils en ont par le biais de leurs acquisitions.



Et voilà que June, la petite fille, de Jolyon le vieux, fait entrer un électron libre dans cette famille en la personne de Philip Bosinney, un architecte, qui vit aime, crée et va semer le trouble chez les Forsyte. Il sera le grain de sable dans un rouage bien huilé. Voyant que sa petite-fille va le quitter le vieux Jolyon par crainte de la solitude et par amour de son fils va se rapprocher de lui malgré ses incartades. Soames, son neveu lui fera construire une propriété pour contrôler un peu plus sa femme Irène. Mais elle va tomber amoureuse de Philip. Soames qui jusque là, l'a enfermée dans une cage dorée, certes, mais une cage et s'est juste demandé pourquoi elle ne l'aimait pas mais jamais si elle était heureuse, sûr de son bon droit va commettre l'irréparable, menant à la mort d'un des personnages.



A mon avis, on ne devient pas mais on naît Forsyte parfois une mutation génétique ou l'acquisition d'un nouveau membre de la famille fait vaciller l'édifice mais en général la famille reste unie dans l'adversité, pas de pitié pour ceux qui transgressent les règles. Les Forsyte ne sont pas une espèce en voie de disparition, il en existe toujours. Une très belle restitution du Londres du 19 ème siècle qui par certains côté n'a pas beaucoup changée mais j'aimais bien ce charme désuet de l'Angleterre. Un très bel aperçu du flegme britannique.



Un merci tout particulier à la traductrice Camille Mayran qui a su rendre le texte vivant. Grâce à cette lecture, j'ai enfin pu comprendre l'engouement et l'intérêt suscité par cette série culte diffusée dans les années soixante-dix et dont il existe un remake. Il ne me reste plus qu'à découvrir la suite.



Commenter  J’apprécie          483
Une comédie moderne - Intégrale

Autant j'avais apprécié le tome 1 de la saga des Forsyte, autant le tome 2, ne m'a pas accroché. Il s'agit de la vie de la famille Londonienne ( les Forsyte ) sur trois générations.

Aucun des thèmes abordés ( morale/ grande gréve..) n'a réussi à me captiver, question d'angle, d'absence de suspens.

Le personnage de Fleur , la fille adorée de Soames , est un personnage que je n'apprécie pas du tout ( trop enfant gâté ), l'adoration que lui vouent son père et son mari s'étale sur des pages et des pages .

Beaucoup trop de redites du premier tome, beaucoup trop de longueurs.

Je retiendrais de ce roman, un passage assez décalé , par rapport à notre époque, sur un accouchement ou le père et le mari de la jeune femme en plein travail, se tiennent par la main, (ce qui leur a paru complètement incongru quand ils le réalisent, car les marques d'affection virile, ne sont pas compatibles avec les moeurs de l'époque ... .)

Je n'enchaînerai pas avec le tome 3...
Commenter  J’apprécie          420
La dynastie des Forsyte, tome 3 :  Aux aguets

Ce deuxième tome poursuit avec brio l’histoire des Forsyte : on y retrouve les personnages du premier tome, de dix ans plus vieux, ou morts, et quelques nouveaux venus de la génération suivante, qui n’etaient que des bambins lors du tome un...



On y retrouve aussi, et surtout, cette peinture ironique et mordante des travers humains et de la société londonienne des nouveaux riches à la fin du XIXeme siècle : Soames tout confit dans son argent et ses exigences, le salon à cancans familiaux de ses parents, les amours qui ne respectent pas les convenances...



Apparaissent aussi des thèmes nouveaux : la guerre des Boers, les critères de choix d’une épouse, les divorces, la (relative) émancipation des femmes, la place des artistes, les voyages à Paris ou l’inanité de certaines morts.



La force de ce livre tient dans ses personnages, tellement justes et vrais, qu’il s’agisse de héros positifs comme Irène et Jolyon, d’anti-héros comme le mesquin Soames ou d’entre-deux comme tous les autres.



C’est une belle réussite, qui justifie tout à fait à mes yeux le Prix Nobel obtenu par Galsworthy. Pour moi, c’etait une magnifique lecture. Si je ne suis plus aux aguets, je ne vais pas tarder à me déclarer ‘À louer’ avec le troisième et dernier tome.
Commenter  J’apprécie          400
La dynastie des Forsyte, tome 3 :  Aux aguets

Jubilatoire !

Les années ont passé, Soames a vieilli, les enfants ont grandi et les aînés des Forsyte tirent leur révérence.

Le père de Soames affaiblit par l'âge, ramène Soames à son enfance avec ce père qu'il adore et des velléités de paternité l'assaillent, avoir un petit être, tout à lui, un fils. Seulement, voilà pour sauver les apparences,il n'a pas divorcé d'Irène, seulement il a rencontré Annette, très jeune française, qui pourrait être une mère convenable. Mais Irène est encore en âge d'avoir des enfants. Entre la vieillesse de son père, la séparation de sa sœur d'avec son mari et son prochain divorce, Soames hésite, puis se décide à aller voir son cousin Jolyon dans son ancienne propriété avec son neveu, jeune homme qu'il désire présenter à ces cousins Holly et Jolly. à partir de là, les événements vont prendre une tournure incontrôlable, des couples vont se former suite à son initiative d'éviter un scandale dans cette Angleterre bien puritaine du début du vingtième siècle, Soames assistera à la fin d'un monde avec la disparition de la reine Victoria et la mort de son père.

Mais Soames jubile lorsqu'il découvre ce petit être dans son berceau, son enfant : "Le sentiment du triomphe et de la possession renouvelée se gonflait au-dedans de lui. Juste Dieu ! Cet... ce petit être était à lui !" Décidément Soames est incorrigible et dans ce deuxième tome, j'en viens avoir pitié de lui.

En tout cas, j'ai hâte de découvrir la suite avec "son petit être".
Commenter  J’apprécie          372
La dynastie des Forsyte, tome 3 :  Aux aguets

Dans ma quête des vieux Nobel, j’ai cherché John Galsworthy (Nobélisé en 1932, mort en 1933 : il n’en aura pas profité longtemps, le pauvre.)

Mon premier réflexe a été de me tourner vers la médiathèque municipale. Elle recèle bien des trésors (dont le Nobel 1902, Mommsen, que j’ai pu lire dans l’édition de 1892, posée sur un coussin de velours rouge). Mais de Galsworthy, point, à part un opus de 800 pages en anglais "à consulter sur place".

Deuxième option : la librairie solidaire, où l’on offre les livres dont on veut se séparer, et qui les revend à prix modique pour financer un projet en direction des personnes handicapées.

Point de Galsworthy là non plus.

Si les livres offerts sont en trop mauvais état, ou trop insignifiants pour les revendre même à un euro, ils sont placés à l’extérieur dans une boîte à livres ouverte à tout venant.

Et je vous le donne en mille : eh bien oui, c’est dans la boîte à livres que j’ai trouvé deux œuvres de Galsworthy.

Sic transit gloria mundi, n’est-ce pas.

Bref, je commence "Aux aguets". C’est le deuxième tome d’une série, je m’attendais donc à ne pas tout saisir du premier coup. Mais dès les trois premières pages, apparaît une telle foule de personnages que je me suis dit : "Aïe, ça risque d’être éprouvant".

Mais bon, j’avais mon Nobel sous la main, je me suis dit Advienne que pourra (j’aime bien me dire à moi-même ce genre d’expressions surannées) et j’ai poursuivi. Et bien m’en a pris.

Nous sommes à Londres fin 19ème, dans la richissime famille Forsyte. L’aîné des héritiers, Soames, déjà plus tout jeune et sans enfant, court après son ex-femme : dans un premier temps pour obtenir le divorce ; dans un second temps, l’ayant revue et ré-évaluée, pour la reconquérir.

Cette quête n’est que prétexte à dévoiler les aspects les plus ténébreux de la mentalité Forsyte, cette mentalité "de propriétaire" qui leur a permis de bâtir leur immense fortune, mais les rend incapables des sentiments humains les plus basiques.

"La tante Juley était sûre que le cher petit Val était très intelligent. "Je me rappelle toujours, ajouta-t-elle, la façon dont il se défit d’une pièce de deux sous fausse en la donnant à un mendiant. Son cher grand-père était si content. Il trouvait que cela révélait tant de présence d’esprit."

Tout cela est raconté avec une jubilante férocité, un humour noir que pour ma part j’ai beaucoup aimé.

De surcroît, on est dans un Londres où "Il prit pour aller à la Cité un des taxis automobiles qui venaient de faire leur apparition (…) Le taxi passait maintenant devant des villas, à vive allure. "Vingt-cinq à l’heure au moins ! se dit-il ; avec cela les gens ne continueront pas à demeurer en ville".

Quelle prémonition de la péri-urbanisation !

Et la période est celle où débute la seconde guerre des Boers, que Jolyon, l’héritier devenu peintre et bien plus sympathique que son cousin, analyse ainsi : "La guerre ! (...) Une fameuse guerre ! La domination des peuples et des femmes ! Des tentatives pour maîtriser et posséder ceux qui ne voulaient pas de vous ! La négation de toute aimable décence !"

Lisez Galsworthy, c’est magnifique.

Traduction de R. Pruvost.

Challenge Nobel

LC thématique juin 2023 : "L’auteur est un homme"
Commenter  J’apprécie          2810
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

Le forsyte est un animal à sang froid, apparu sur terre avec la révolution industrielle,vivant dans les sphères élevées des cités en tribus non aimantes mais soudées par un trait de caractère inaltérable : le sens de la propriété.

C'est l'une de ces tribus que l'entomologiste John Galsworthy nous donne à découvrir dans cette grande saga, avec d'autant plus d'acuité et de cynique mélancolie qu'il est issu de leurs rangs.

Dans ce premier volet, c'est ce fameux caractère de propriétaire dont nous allons explorer toutes les facettes, des plus héroïques sur les traces du patriarche Jolyon bâtisseur d'empire aux moins reluisantes avec le personnage de son neveu Soames, qui étend cet instinct reptilien de propriété à tous les aspects de l'existence, y compris à la femme qu'il a fait sienne au sens le plus primaire du terme. Or sa femme, Irène, n'est pas faite de ce bois...

C'est tout l'art de cette saga que de peindre les moeurs sociaux d'une caste de bourgeois avides à travers leurs seules interactions sentimentales, là où précisément l'avidité matérielle ne devrait pas avoir à s'exprimer. Ce premier volet se déroule dans les années 1880, et c'est également un régal que de se plonger dans une Angleterre victorienne corsetée et figée et dans une Londres où de respectables hommes en hauts de forme parcourent la ville en fiacres de clubs en champs de course. Le tout servi par une plume subtile et imagée qui a valu à son auteur un Nobel plus que mérité.
Commenter  J’apprécie          282
La dynastie des Forsyte, tome 3 :  Aux aguets

Nous retrouvons les Forsyte en 1899. Ils sont restés égaux à eux-mêmes, quelques anciens ont rendu l'âme mais ceux qui restent comptent bien profiter de leurs dernières années à vivre.

Fidèle à lui-même notre propriétaire alias Soames. Si il n'a pas pardonné à son épouse Irène de l'avoir quitté, il n'a pas encore demandé le divorce par peur du scandale. le temps a passé et il n'a toujours pas d'héritier or il a rencontré depuis peu une jeune fille charmante Annette , une française .. le voilà envisageant de se remarier mais faudrait il d'abord qu'il divorce.. Depuis le temps qu'ils sont séparés comment pourra t'il obtenir le divorce ? .. Soames est brillant, très brillant même mais Irène n'est pas n'importe qui ..

La Bourse des Forsyte ou si vous voulez le salon très privé où les cancans et rumeurs circulent n'a pas fini d'attirer son monde.

Ce second volume , s'intéresse principalement à Soames, à ses projets matrimoniaux, à ses relations toujours aussi tendues avec Jolyon junior son cousin. le monde évolue mais certains principes restent immuables comme par exemple priver un Forsyte de la propriété de l'un de ses biens !!!

Le monde change peu à peu, les femmes commencent timidement à vouloir s'imposer face à un monde patriarcal, les Boers rejettent la main mise britannique sur l'Afrique du Sud et se révoltent. à nouveau. La paix semble bien fragile.

John Galsworthy brosse un tableau aussi précis que réaliste de cette bourgeoisie anglaise aisée voir très aisée . La fin du règne de la Reine Victoria est imminente, le monde bouge, les mentalités évoluent petit à petit les petits enfants Forsyte aspirent à plus d'autonomie et d indépendance d'autant plus qu'ils ignorent les soucis d'argent.

Un roman que j'ai lu d'une traite , le dernier tome A louer m'attend .

Commenter  J’apprécie          270
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

Comment reconnait-on un Forsyte?

-" A leur instinct de propriété. Un Forsyte a sur les choses un point de vue pratique, un point de vue de sens commun pourrait-on dire et un point de vue pratique sur les choses a pour base l'instinct de propriété." p 263



C'est en 1906 que parait le premier tome de la dynastie des Forsyte fort judicieusement appelée le propriétaire. Les Forsyte sont dix, six frères et quatre soeurs. Ils amassent, font fructifier leurs avoirs, et ne craignent qu'une chose le qu'en dira t'on du monde dans lequel ils vivent.



le roman s'ouvre sur les fiançailles de June Forsyte et de Philip Bosinney. le grand-père de June, Jolyon Forsyte n'est pas enthousiaste, le jeune architecte n'a aucun revenu mais il lui est impossible de résister à son intrépide et fantasque petite fille!. June présente à Phil Irène l'épouse de son oncle Soames, fils ainé de James le deuxième frère de Joylon...

De fil en aiguille la famille va commencer à subir les premiers soubresauts du drame à venir. Mais le silence est d'or , de la maison de Timothy le frère cadet rien ne doit filtrer à l'extérieur..

Et ce qui doit arriver arrive ....



Il m'aura fallu patienter fort longtemps, trop longtemps certainement, pour me lancer dans cette fresque immortalisée en son temps par une splendide adaptation TV. Mais quel régal . Passées les premières pages et engrangés les noms des différents protagonistes, au demeurant fort nombreux, je me suis attachée à certains, ai conspué d'autres, et me suis vue tourner les pages avec délectation.

Hohn Galsworthy, priX Nobel 1932, offre à ses lecteurs un portrait plus vrai que nature de la société bourgeoise nantie de l'Angleterre au temps du règne de la reine Victoria. C'est un monde suranné qui nous apparait, un monde qui a cependant apporté à l'Angleterre stabilité et richesse et vu les prémices de l'effondrement de l'Empire colonial.

La seconde génération semble s'éloigner un peu de certains codes sauf bien sur de l'instinct de propriété .



Avant de plonger dans Aux aguets, la lecture de l'Interlude, Dernier été, qui clôt le premier tome est un petit bijou.

Commenter  J’apprécie          273
Fin de chapitre - Intégrale

Les plus anciens d'entre nous se souviendront peut-être de ce succès télévisuel de 1970, sur une création d'adaptation de la BBC qui sait toujours fort bien puiser dans son catalogue de romans classiques pour des mises en scène de belle qualité.

Elle est à mettre dans le must des séries anglaises en costumes, au même titre que Downton Abbey ou North&South.



Après la diffusion, j'avais rapidement mis la main sur le roman de John Galsworthy pour me délecter de cette histoire familiale sur trois générations de bourgeois de 1880 à 1930. Tous les codes et principes de la bonne société anglaise s'y déclinent: réussite sociale, respectabilité, conservatisme. Mais tout cette rigidité n'empêche pas les tragédies sentimentales, la tromperie, les secrets inavouables, le libéralisme inacceptable de certains.

La période y est décryptée avec finesse dans ses grands événements et met en situation des questions de société comme la condition de la femme, le mariage, le pouvoir de l'argent et les rapports de classe.



J'avais adoré ce roman. (Déferlements de souvenirs romantiques!)

Qu'en serait-il maintenant avec un œil plus mature?

Commenter  J’apprécie          265
Episodes et derniers épisodes des Forsyte

Voici mon deuxième essai avec John Galsworthy, le deuxième bouquin trouvé dans une boîte à livres.

Je lis donc La dynastie des Forsyte dans le plus grand désordre : ça pourrait gêner la compréhension.

Rien que le titre est étrange, n’est-ce pas ? "Épisodes et derniers épisodes des Forsyte" ? Pas d’inquiétude, je vous explique.

Cet opus contient des nouvelles, qui se déroulent dans le passé par rapport à la saga, et se concentrent sur un ou une des membres de la famille. Voilà pour les "Épisodes".

Les "Derniers épisodes", eux, apportent des conclusions à la saga en éclairant le destin des plus jeunes personnages.

Et moi qui ne connais pas tout le monde, et qui n’aime pas trop les nouvelles en général, je suis tout de même tombée sous le charme.

C’est qu’en racontant un évènement minuscule - de vieilles lettres retrouvées, l’adoption d’un petit chien, l’achat d’un tableau - Galsworthy parvient à extraire en quelques phrases la substance de ses personnages, la suffisance des hommes, la résistance des femmes et des enfants.

Il dépeint les relations familiales avec une très grande subtilité, en quelques coups de pinceau comme autant de claques sur la joue des convenances (si j’ose dire).

Non, dans cette famille richissime les hommes ne sont supérieurs en rien : ce sont des héritiers simplement, veules, satisfaits d’eux-mêmes et de leurs privilèges.

Non, les femmes ne sont pas des épouses soumises, gardiennes du bien-être des mâles : elles se battent pour exister et faire leurs propres choix.

Dans ces nouvelles écrites entre 1892 et 1914, et sans avoir l’air d’y toucher, Galsworthy écorne bien salement la haute société britannique, et avec une vraie modernité.

Et avec beaucoup, beaucoup d’humour.



Challenge Nobel

Challenge gourmand (Tropézienne : Se déroule dans le milieu de la jet-set)

LC thématique juillet-août 2023 : "Auteur·e français·e et/ou saga familiale"
Commenter  J’apprécie          2510
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

Challenge Nobel 2013

Aussi subjective soit-elle, ma définition d'un bon roman est simple: un roman dont les personnages deviennent si réels que je suis sûre de les connaître, les reconnaître si je les croise dans la rue (paradoxe pour moi, qui suis incapable de mettre un nom sur un visage!) et que j'ai hâte de les retrouver.

Aucun doute, le premier volume de l'Histoire de Forsyte entre bien dans la catégorie. Pourtant, rien de bien sympathique dans une famille de riches Londoniens de la fin du XIXème siècle. Des messieurs arrogants, des dames cancanières, des jeunes filles amoureuses... Alors? Alors, les destins se croisent, un adultère se dessine, un drame s'annonce, la mort tranche, le culte voué à l'argent domine les sentiments, mais l'"hérésie" est possible.

Comment, dans cette famille enviée, riche, honorable, on en vient à accommoder la réalité pour se disculper: un grand bonheur de lecture.

Et autre plaisir: le roman se passe à Londres, dans les "beaux quartiers", et c'est un régal d'imaginer les belles maisons de Kensington ou de Bayswater illuminées pour un bal, avec le fiacre qui attend, de monter dans un omnibus, de prendre le métro pour descendre à Marble Arch, se promener dans les parcs...

Et pour ne rien gâter, Galsworthy garde une distance de bon aloi,toute "british" : un régal, une gourmandise, vous dis-je!





Commenter  J’apprécie          244
La dynastie des Forsyte - Intégrale, tome 1

Très beau titre approprié. Aujourd'hui il y a les propriétaires de l'Elysée,les locataires, les sous locataires et les sans abri. Les réfugiés ne sont pas prit en compte dans le décompte des voix! Hélas ! Votez Albert Camus Louis Ferdinand Céline,Jean Paul Sarte ou Marguerite Duras! Hélas. Blanc pour la paix de Tagore. Amicalement. André Très bon livre de John Galsworthy. A lire , a méditer, a recommander!!!

Commenter  J’apprécie          230
La dynastie des Forsyte, tome 5 : A louer

1920, le spectre de la première guerre mondiale s'éloigne petit à petit, les grands propriétaires tremblent devant les idées socialistes ...Soames couve son bien le plus précieux : Fleur, sa fille bien-aimée . Jolyon et Irène vivent paisiblement à Robin Hill, Jon leur fils est leur grand amour.

L'impensable arrive lorsque Fleur et Jon se rencontrent. L'Amour frappe sans discernement mais pourquoi sont ils tous contre eux? Les silences, les non-dits pèsent sur leurs premiers émois. Mais Fleur est bien une Forsyte, quand elle veut quelque chose elle le veut , il le lui faut et elle veut Jon .

A qui peut elle me fait elle penser? sans doute à Soames...

Ce dernier tome une fois encore est le reflet d'une société en devenir. Les anciens s'en sont allés, la guerre a fait bouger les mentalités, la femme affirme sa présence mais la tradition résiste ...

La Saga des Forsyte, sans conteste l'oeuvre prépondérante de John Galsworthy , m'a ravie. j'ai été séduite par la faconde de l'auteur, par le regard perçant qu'il porte sur le monde qu'il côtoie. Son ton parfois caustique dénonce la rigidité conservatrice de la société anglaise et surtout s'insurge : la place accordée à la femme. Spoliée de ses droits, privée de ses biens, et le plus souvent condamnée à un mariage malheureux , propriété absolue de l'époux... voilà l'un des combats mené par John Galsworthy , merci à lui
Commenter  J’apprécie          220
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

A l'occasion des fiançailles de June, 17 ans, la petite fille du vieux Jolyon Forsyte, avec Philippe, jeune architecte de 25 ans, ce dernier fait la connaissance d'Irène, la très jolie et encore toute jeune tante de June, épouse de l'avocat Soames Forsyte.

Philippe tombe rapidement amoureux d'Irène, qui, engluée dans un mariage sans amour avec un homme qu'elle avait finalement accepté d'épouser au bout de sa cinquième demande en mariage - et après la promesse qu'il lui rendrait sa liberté si leur couple ne fonctionnait pas - répond rapidement et tout aussi passionnément à l'amour du jeune homme.



Soames Forsyte décide de son côté de confier au jeune architecte la construction d'une immense maison à la campagne, espérant ainsi que cette nouvelle vie loin de Londres sauvera son mariage, et désirant par la même occasion se faire construire une magnifique demeure à moindre coût, le jeune architecte débutant dans le métier ne pouvant prétendre aux mêmes honoraires que ses collègues plus expérimentés.



Autour de cette intrigue, premier volume de La saga des Forsyte, John Galsworthy nous dresse le portrait d'une famille de la grande bourgeoisie anglaise de la fin du XIXè (son roman commence en 1886) dont les ancêtres n'étaient encore que de tout petits propriétaires terriens quelques générations plus tôt.



Les Forsyte semblent réunir tous les travers et les excès de cette classe sociale qui aura été à l'origine du socialisme : John Galsworthy nous décrit des personnages dont la position sociale pouvait paraître enviable à leurs contemporains, mais qui ne sont en fait que des individus médiocres, arrogants, profondément cyniques, avaricieux et égocentriques.



Les membres de la famille Forsyte sont toujours à chercher ce qui pourrait faire le plus d'effet tout en leur coûtant le moins cher possible, s'étonnent de la pauvreté des classes populaires et de leurs domestiques en particulier, alors qu'ils paient ces derniers chichement et, dans cette grande famille de près de trente personnes, essaient constamment de se rendre mutuellement jaloux et envieux, avec qui des nouveaux chevaux pour sa calèche, ou qui une prétentieuse sculpture de marbre pour l'ornementation de son salon.



Ce premier volume, intitulé "Le propriétaire", de la saga vaut plus selon moi pour la description de cette famille et de ses comportements que pour l'intrigue, somme toute banale, dont on comprend qu'elle a surtout servi de prétexte à John Galsworthy pour nous présenter cette classe de nouveaux riches, si typiques de l'Angleterre victorienne.
Commenter  J’apprécie          160
La dynastie des Forsyte, tome 3 :  Aux aguets

Le premier volet de la saga des Forsyte s'est achevé sur une note de tendresse et de beauté dans un interlude au cours duquel le vieux patriarche Jolyon se recentre sur la beauté et découvre l'amour en la personne d'Irène, avant son dernier souffle. Celui-ci se referme sur un autre interlude tout aussi tendre, marqué par la vigueur imaginative et l'insouciance délicieuse de son tout jeune petit-fils. Entre les deux, la froideur délétère de l'univers de la famille Forsyte reprend ses droits.

Soames le propriétaire a perdu son bien, sa femme Irène qui l'a quitté. Toujours soucieux d'entretenir et élargir son capital, déjà imposant dans sa dimension matérielle, et de s'assurer une descendance pour le transmettre, Soames hésite entre investir dans une nouvelle épouse et reprendre celle-là de force. La première solution, plus simple, a le fâcheux inconvénient d'imposer un passage par l'ignominie du divorce, si dommageable à l'édifice social qu'il a construit...

Irène, dans sa beauté quasi-divine et sa souffrance d'être libre dans une société qui asservit les femmes, irradie tout ce roman de sa lumière triste, en même temps qu'elle symbolise tous les bouleversements à venir du monde nouveau qui s'annonce au tournant d'un siècle dans lequel les premières automobiles viennent disputer le pavé aux fiacres, et les aspirations individuelles à l'individualisme forcené de la bourgeoisie dominante.

Le rythme est lent, la plume est assez belle; on pense de plus en plus au parallèle que forme cette oeuvre avec celle, française, des Thibault de Martin du Gard.
Commenter  J’apprécie          150
La dynastie des Forsyte, tome 1 : Le propri..

La saga des Forsyte est une histoire multigénérationnelle, qui nous parle d'une famille aisée traversant les remous provoqués par la fin de l'ère victorienne. La vision du mariage et de la famille, les opinions sur l'art et la littérature, la place de la femme dans la société, l'importance de la propriété immobilière… tout semble changer et certains membres de la famille ne sont pas prêts à s'adapter. On assiste donc au lent déclin de la famille Forsyte, qui semble d'ailleurs s'accélérer après le décès du vieux Jolyon.

Ce dernier est le patriarche, le roc sur lequel repose toute la famille. Il a des idéaux très stricts et est un pur produit de l'époque victorienne. Il s'est d'ailleurs brouillé avec son fils après que ce dernier ait quitté sa première femme pour en épouser une autre et pour vivre de sa peinture (un artiste divorcé dans la famille, quelle idée !)

June, la fille du jeune Jolyon (le peintre) et la petite-fille du vieux Jolyon, est encore plus « moderne » que son père, puisqu'elle n'hésite pas à se fiancer avec un homme sans le sou. Comme on le voit, le déclin des Forsyte commence donc de l'intérieur, avec le changement de mentalités qui s'opère d'une génération à l'autre.

Malgré son côté assez intransigeant, le vieux Jolyon est mon personnage préféré ! Sous son apparence sévère, le vieil homme est tout de même assez humain. Ainsi, il accepte (de mauvaise grâce, mais il l'accepte) la future union de sa petite-fille. Il finit aussi par se réconcilier avec son fils et devient un vrai grand-père gâteau pour les enfants que le jeune Jolyon a eu de sa seconde femme. Et, enfin, le vieux Jolyon est le seul qui soutient Irène lorsque cette dernière décide de quitter Soames. Au final, l'homme a le coeur bon, même s'il le cache bien. Sa mort est un événement pour le lecteur comme pour la famille Forsyte : c'est tout un mode de vie qui s'éteint avec lui et personne, dans la famille, ne pourra prendre la place qu'occupait le vieux Jolyon car personne n'a hérité de sa force de caractère et de sa personnalité.

Soames Forsyte est, par contre, le personnage que j'ai le moins apprécié. Mari obsessionnel, possessif et jaloux, il fait vivre un enfer à sa femme et devient vite le « méchant » du récit. Il est, lui aussi, persuadé que la richesse se mesure à l'aune des choses que l'on possède, raison pour laquelle il décide de faire construire une grande propriété dans la campagne autour de Londres. Soames a besoin de s'affirmer, de faire savoir à tous combien il est riche et puissant, et il estime pouvoir le faire grâce à deux choses : les propriétés qu'il possède (ou possèdera) et sa femme. Malheureusement pour lui, la propriété lui sera rachetée par le vieux Jolyon, et sa femme aura une aventure avec l'architecte (le fiancé de June, rappelons-le) avant de le quitter pour de bon. Au final, Soames est bien puni et, même si je ne l'apprécie pas, je l'ai plaint à certains moments du récit, où tout semblait se liguer contre lui.

Les conflits intergénérationnels entre Forsyte et le déclin de la famille semblent être amenés par une seule personne : Irène, la femme de Soames. Très belle, calme et réservée, Irène ne semble pas être le genre de femme par laquelle le scandale arrive, et pourtant… Au début, elle ne paraît pas très sympathique et l'on pense qu'elle s'accorde bien avec son mari : tous deux ont l'air aussi désagréables l'un que l'autre. Mais Irène cache bien son jeu, et Galsworthy décrit tellement bien la personnalité de cette femme complexe et le désastre de sa vie conjugale, qu'on ne peut que l'apprécier. le courage dont elle fait preuve, d'abord en refusant l'accès de sa chambre à son mari, et ensuite en le quittant (et en renonçant au confort que lui apporte la fortune de Soames) illustre bien la modernité qui arrive et qui frappera les Forsyte de plein fouet. L'impact d'Irène sur la dynastie des Forsyte sera d'ailleurs tellement fort qu'il provoquera un autre conflit, entre des membres de la génération suivante…

Le changement social et la conscience de classe sont bien développés par Galsworthy, par le biais de ses différents personnages. Parmi ceux-ci, certains sont agaçants, comme James, le père de Soames, est un homme avare et pleurnicheur, qui est vite stressé. D'autres sont très attachants, comme le jeune Jolyon, le « mouton noir » de la famille : on fait comme s'il était mort, car il s'est déshonoré ; pourtant, il est clairement le personnage le plus heureux de l'histoire : il a peut-être choisi le déshonneur, mais il mène une vie relativement confortable et conforme à ses idéaux.

La saga des Forsyte traite de nombreux sujets. La sens de la famille, l'amour, le deuil, la séparation, le changement, la résilience. Les relations entre les différents personnages se lient et se délient : certaines de ses relations ne sont que des passades, d'autres vont bouleverser la famille pour toujours. C'est un récit à la fois nostalgique et lumineux : on sent certains des Forsyte tentés par la modernité de leur époque, tandis que d'autres craignent les nouveautés et tentent de s'accrocher aux traditions si sûres du passé. Une très belle lecture !
Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de John Galsworthy (323)Voir plus

Quiz Voir plus

Les patronymes et autres joyeusetés cachées dans le texte (2)

...Sous l'influence coupable du Malaga, Mogrhabine et Gastibelza s'assoupirent devant le feu moribond, la braise virait à la cendre et la cendre volait au vent, la nuit était silencieuse des cigales de l'après-midi...lorsqu'il vit le pain et le Niolo tombés de la besace de l'homme à la carabine, Victor Hugo songea avec nostalgie à Esmeralda et Quasimodo prisonniers du cri des gargouilles de Notre Dame de Paris...une larme se forma sous la paupière de son oeil gauche...

Jules César
Charlemagne
Napoléon Bonaparte
Alexandre le Grand

1 questions
26 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}