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Critiques de Jorge Luis Borges (366)
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Fictions

L'écrivain de nouvelles par excellence : il n'a jamais écrit que des textes courts. Labyrinthes, livres imaginaires, bibliothèques fantastiques, sectes agnostiques, destins étranges...Un des plus grands écrivains du 20ème siècle, toujours à la frontière du rêve et de la philosophie.....
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Fictions

L’écrivain est comme un médium dont le rôle (à travers le langage) est de rendre compte de la complexité du monde dans lequel il vit, et d’essayer de permettre sa lecture…

Dès lors, les nouvelles qui sont dans ce recueil s’y prêtent tout naturellement : à la fois fantastiques et philosophiques et débordant de thèmes qui sont chers à l’écrivain argentin.

La dimension politique et sociale est à peu près totalement absente de son œuvre, y compris dans ce livre.

Bien au contraire, Borges évoque, ici, sa soif inextinguible de savoir.

Cette quête se trouve dans la nouvelle intitulée « La Bibliothèque de Babel », où il évoque une bibliothèque où sont conservés les livres de tous les temps et de tous les pays.

C’est là l’expression d’un désir absolu de connaissance, d’une recherche de la globalité qui se trouve confirmée dans l’idée de l’existence du livre des livres, synthèse de la totalité des livres. Cet engouement prend symboliquement corps dans un mythe qui lui est propre, celui de l’univers-bibliothèque.

Mais, cette soif d’unité et de savoir n’est pas sans peine !

Une autre image est fréquemment utilisée par Borges pour rendre compte des difficultés qui découlent de cette recherche : c’est celle du labyrinthe.

On retrouve ce thème là dans « Les Ruines circulaires » et « Le Jardin aux sentiers qui bifurquent ». Le concept symbolise un espace fermé et indéchiffrable qui contient la destinée humaine, le labyrinthe révèle au lecteur la complexité du monde sur laquelle bute inexorablement la connaissance (dès lors, et comme nous l’avons dit plus haut, Borges conçoit l’écrivain comme appelé à tenter de rendre compte de cet univers complexe, à essayer de permettre sa lecture).

Le problème du Temps, revers de l’éternité, revêt également une grande importance dans ce recueil : on retrouve ce thème, par exemple, dans « l’Approche d’Almotassim » et « Le Miracle secret ».

Enfin, « Tlön Uqbar, Orbis Tertius » est une nouvelle particulièrement frappante qui est à souligner : si le langage est le miroir du monde. Pour Borges, il en est tout autre chose : le langage se doit être au-delà, il doit déborder le réel. Ici, ce n’est pas le réel qui exerce une influence sur le langage mais l’inverse : c’est parce que Borges parle d’un pays, que celui-ci se met à exister ! Le langage crée la fiction : Borges ne narre pas le monde tel qu’il est, mais le recréer, et c’est à l’intersection de ce remaniement que se niche la fiction.

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Fictions

Ce livre, à chaque lecture, repousse les limites de notre propre intelligence, force, de manière pernicieuse, la réflexion à la limite de notre compréhension.

Borges, toujours dans le doute et dans les vapeurs de la mémoire, fixe une réalité intangible, voire intimidante, et contraint le lecteur à s'accrocher.



Le plus grand de tous les livres porte parfaitement son nom ,car tout y est fiction.
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Le rapport de Brodie

De plaisantes retrouvailles.



Après avoir lus (dans cet ordre) Fictions (1944), Le Livre de sable (1975) puis L'Aleph (1949), je retrouve avec plaisir le style si particulier des nouvelles de Borges. Je pourrais presque parler de procédé littéraire, et j'ai souvent eu l'impression, soit de lire une nouvelle version d'un autre récit, soit d'une construction que j'avais déjà rencontrée sur un récit différent. Curieusement, ce qui chez un autre pourrait agacer procure ici un agréable sentiment, presque de confort : on retrouve la prose de l'auteur comme on se glisse avec aisance dans un vêtement si souvent porté qu'il s'est conformé à notre morphologie. Ainsi de ces courtes introductions, qui, sous prétexte de donner l'origine du récit, sèment en fait le doute sur ces mêmes origines et souvent sur la réalité des faits : "On dit (mais c'est peu probable) que cette histoire fut racontée par Eduardo...", ces détails qui n'apportent aucune véritable information, "ce qui est certain c'est que quelqu'un l'entendit raconter par quelqu'un au cours de cette longue nuit dont le souvenir s'estompe", et ces manuscrits improbables et incomplets, trouvés dans des ouvrages réels ou fictionnels minutieusement décrits (Le rapport de Brodie). Je ne peux m'ôter de l'idée que Borges s'amuse en écrivant, même s'il précise dans la postface que ces nouvelles tiennent "plus de la découverte que de l'invention délibérée", que poèmes ou contes viennent à lui : "je n'interviens pas, je le laisse faire ce qu'il veut". Une chose est certaine, j'ai lu ces nouvelles le sourire aux lèvres. Il me semble qu'elles sont plus facilement accessibles que celles de Fictions, qui, malgré leur aspect sybillin et leur étrangeté, ou peut-être à cause de ceux-ci, restent mes favorites.





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L'Aleph

C'est une série de nouvelles fantastiques où l'auteur imagine l'immortalité, s'interroge sur la mort et les doubles, les effets de miroir, l'existence d'un ou de plusieurs dieux, le labyrinthe, lieu où l'on se perd pour méditer mais aussi allégorie de la pensée, l'univers, le sens de la vie tout cela souvent inclus dans de courtes biographies.



« Juifs, chrétiens, musulmans confessent l'immortalité, mais la vénération qu'ils portent au premier âge prouve qu'ils n'ont foi qu'en lui, puisqu'ils destinent tous les autres, en nombre infini, à le récompenser ou à le punir. »



Il semble qu'en littérature le temps soit aboli et qu'avec la nouvelle « l'Aleph », tout soit dans tout et réciproquement.



« Il précisa qu'un Aleph est l'un des points de l'espace qui contient tous les points. »



Des images obsédantes se font jour (« le Zahir ») et l'on perd le sens des « réalités » ou au contraire on perçoit l'univers dans son infini (« l'aleph ») et le lecteur, comme l'auteur, est semblable à un dieu omniscient. Les références littéraires sont nombreuses, le propos est érudit, on n'oubliera pas que Borges fut bibliothécaire, comme le Jorge de Burgos du « nom de la rose » qui est une allusion directe d'Umberto Eco à l'auteur. On pense, à la lecture, aux textes érudits, philosophiques, poétiques et contemplatifs de Quignard.

On voyage dans l'espace (Allemagne, Angleterre, Italie…) et dans le temps. On fait allusion à Homère, aux auteurs latins et grecs, aux divers textes sacrés. Par exemple les lecteurs des Mille et une Nuits ont pu voir qu'un épisode de « Sindbad le Marin » ressemblait fort à l'Odyssée.



« Il est étrange que celui-ci [Homère] copie au XIIIe siècle, les aventures de Sindbad, d'un autre Ulysse, et qu'il découvre, au détour de plusieurs siècles, dans un royaume boréal et dans un langage barbare, les formes de son Illiade. »



Borges connaît très bien la poésie anglaise ancienne et notamment Tennyson :



"Tennyson a dit que si nous pouvions comprendre une seule fleur nous saurions qui nous sommes et ce qu'est le monde. Il a peut-être voulu dire qu'il n'y a aucun fait, si humble soit-il, qui n'implique l'histoire universelle et son enchaînement infini d'effets et de causes."



Difficile ensuite de parler des autres textes qui s'illuminent au présent de la lecture et font cogiter le lecteur comme cette descente dans la cave où se trouve l'Aleph qui ressemble tant à la descente de Dante dans l'Enfer d'autant que le narrateur cherche à retrouver une Beatriz récemment disparue et dont il était amoureux. Il est guidé par le cousin de celle-ci qui écrit un poème général sur le monde. le livre regorge d'allusions de pensées à méditer, de références érudites.

Être ou n'être pas semble, à la lecture de l'ouvrage, une seule et même entité, comme un effet de miroir entre deux mondes et notre intelligence s'en trouve ainsi multipliée.

Ma première incursion dans Borges et je me suis pris une grande claque. Je chercherai volontiers à en lire d'autres.



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L'Aleph

L'Aleph est le troisième recueil de nouvelles de Borges que je lis ces derniers temps. Publié initialement en 1949, il est chronologiquement beaucoup plus proche de Fictions (1944) que du Livre de sable (1975), et cela se sent un peu à la lecture. J'ai retrouvé des sensations que je n'avais pas eues avec ce dernier. Le style, la malice de Borges sont bien là, avec ce côté érudit, parfois authentique, parfois complètement imaginaire, cette fascination pour les labyrinthes, les jeux de miroirs, le rêve et tout ce qui relève d'un infini souvent circulaire, d'un éternel recommencement. Les textes de ce recueil sont très centrés sur les personnalités qui les habitent, Averroës, Emma Zunz, Astérion, Droctulf... tous sont d'une façon ou d'une autre malmenés par un destin hors du commun. Je profite de cette chronique pour encourager à lire Borges : je vois ici et là des commentaires de lecteurs que ce nom seul intimide, qui pensent qu'une grande érudition est nécessaire pour percevoir le sel de ces nouvelles, qu'il est difficile d'y entrer. Honnêtement ce n'est pas le cas. Borges est un grand écrivain et un érudit, oui, mais il s'amuse et n'a d'autre but que se (et donc nous) distraire. Oui, ses textes se prêtent à l'analyse savante, mais non, elle n'est en aucun cas nécessaire pour prendre plaisir à la lecture !
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Essai sur les littératures médiévales germaniques

Bien habile sera celui qui en cet essai assez méconnu de Jorge-Luis Borges saura distinguer les parts respectives de l'érudition, de l'humour, de l'ironie et de la mystification. Toutefois, cette singularité de l'ouvrage explique peut-être le peu de reconnaissance dont il est l'objet; le rapprochement de sphères en apparence aussi éloignées ne pouvait qu'inquiéter. A juste titre : qui voudrait passer pour un savant imbécile ? Se retrouver par exemple, métaphoriquement, dans la très décevante position de la mite de l'énigme N° 48 du Codex d'Exeter (Codex Exoniensis), manuscrit datant probablement de la fin du Xe siècle.

"Un ver mangea des mots. Il me sembla écouter une merveille: le ver, un voleur dans l'obscurité, avait dévoré le chant fameux d'un homme et sa puissante idée. Bien qu'il se fût nourri de mots l'hôte furtif n'apprit rien."
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Fictions

Un grand livre qu'il ne vaut mieux pas relire longtemps après. Ce livre, classé dans les Indispensables du Monde, m'avait fascinée dans mon adolescence. A la relecture j'ai été terriblement déçue. Je n'ai pas réussi à reprendre du plaisir à tout ce qui est parodie, je sais que ce n'est que jeu, que Borges ne se prend pas au sérieux et invite le lecteur à faire de même, mais je n'étais pas d'humeur au jeu, et le style m'a paru simplement verbeux, lourd. Je voulais ne pas mettre de notes car j'y ai aussi retrouvé les idées philosophiques captivantes qui m'avaient tant attirée. Et quel talent pour mêler références réelles et créées de toutes pièces ! Je pense qu'à une époque je l'aurais carrément placé dans mes livres pour une île déserte. Mais comme j'avais mis 5 étoiles je n'ai pas réussi à revenir à rien, donc j'en mets trois, ce qui n'est qu'un pis aller, car je ne veux pas dire que c'est un ouvrage moyen. Beaucoup de ces nouvelles poussent le lecteur à la réflexion et entraînent son esprit vers de nouvelles voies, et cela laisse une trace. Borges nous entraîne avec une sorte de mélancolie intemporelle dans des univers qui le fascinent et nous donnent le vertige, en particulier avec les thèmes des labyrinthes, de l'infini, du hasard et du cours du temps.

Tlön, Uqbar, Orbis Tertius : le narrateur découvre dans un livre la trace d'un pays mystérieux nommé Uqbar. S'ensuivent des recherches bibliographiques qui l'amène à découvrir un monde où le matérialisme est considéré comme inconcevable. C'est l'histoire d'un livre imaginaire sur une civilisation fictive, mais qui finit par transformer, puis remplacer la réalité.

L'Approche d'Almotasim : récit de la quête longue et douloureuse d'un maître spirituel, à travers les reflets de son rayonnement.

Pierre Ménard, auteur du Quichotte : Un obscur écrivain contemporain français se lance dans le projet fou de réécrire le Don Quichotte de Cervantès en espagnol et avec les mêmes mots et justifie son travail ,expliquant, texte à l'appui, que, le contexte étant différent, le résultat est supérieur. De l'art d'inventer le fil à couper le beurre !

Les Ruines circulaires : un rêve dans un rêve

La Loterie à Babylone : une des nouvelles les plus intéressantes. Borges décrit une société construite sur un modèle probabiliste qu'il laisse évoluer pour voir où cela va mener. Impossible de ne pas comparer cette petite machine de théorie des jeux à l'organisation de notre société réelle.

La Bibliothèque de Babel : Cette nouvelle, la plus célèbre, a inspiré Umberto pour créer la bibliothèque du Nom de la Rose. C'est aussi la nouvelle la plus complexe et la plus fascinante. La bibliothèque contient tous les livres possibles en combinant sur 410 pages les 25 caractères d'un alphabet, y compris les textes qui ne veulent rien dire. Elle est immense mais non infinie car le nombre de combinaisons possibles est lui-même fini (mais vertigineusement grand). Ce texte interroge sur notre position de maillon quelconque d'une chaîne sans fin. Il interroge aussi sur l'impact de la destruction d'oeuvres, dans la mesure où chaque oeuvre restera dans les influences qu'elle aura eu sur les autres. C'est le sommet de la fascination de Borges pour le labyrinthe parfait qui contiendrait le Tout dans une répétition à l'infini, avec un nombre infini de variantes.

Examen de l'oeuvre d'Herbert Quain : le narrateur analyse les procédés d'écriture de l'auteur imaginaire auquel il attribue la nouvelle « Les ruines circulaires » (qui était un rêve dans un rêve!)

Le Jardin aux sentiers qui bifurquent : la nouvelle la plus policière (en fait il s'agit plutôt d'espionnage) avec une conclusion abrupte et inattendue, qui est préparée par tout le texte.

Funes ou la mémoire : l''histoire d'un homme qui n'oublie rien, hypermnésique après une chute de cheval.

La Forme de l'épée : Un homme raconte au narrateur les circonstances de son affreuse blessure.

Thème du traître et du héros : Suite à l'enquête sur la mort d'un indépendantiste irlandais, réflexion sur comment un traître peut se transformer en héros et pourquoi.

La Mort et la boussole : une sorte de nouvelle policière à la limite du fantastique et de la métaphysique. La première victime est un rabbin, suivent deux autres victimes avec un message en lien avec le nom de Yahvé à chaque fois.

Le Miracle secret : Un écrivain tchèque d'origine juive condamné à mort par les Nazis pendant la dernière guerre, obtient de Dieu qu'il suspende le temps au moment de son exécution afin de lui permettre d'écrire le livre de sa vie.

Trois versions de Judas : Un théologien original examine la trahison de Judas et propose trois interprétations différentes qui réhabilitent Judas.

La Fin : Borges réécrit une célèbre épopée populaire argentine (encore une fois liée au thème de la vengeance).

La Secte du Phénix : présentation d'une secte immortelle fondée sur un Secret mais aux rituels très simples avec des matériaux de peu de valeur et dont les «prêtres » sont les membres les plus humbles de la société (enfants, mendiants, esclaves, lépreux, ...)

Le Sud : Un homme se retrouve entre la vie et la mort après une blessure grave à la tête. Après une opération et une longue convalescence, il rentre chez lui. En chemin, il décide de s'arrêter pour dîner, un inconnu le provoque alors en duel. Nouvelle sur le thème de la rencontre de son destin.

C'est un livre indispensable à lire, qui pousse à de riches réflexions, mais il faut sans doute choisir son moment car son style est très particulier.

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Six problèmes pour don Isidro Parodi

Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares s'associent sous le pseudonyme de Bustos Domecq pour faire naitre en 1942 un recueil de nouvelles "policières" sans policier. En effet, le héros de ces six nouvelles/énigmes n'est autre que Don Isidro Parodi, coiffeur de son état et innocent emprisonné à tort dans une petite cellule de Buenos Aires.



Le schéma de ces six nouvelles est à peu près le même à chaque fois : d'illustres personnages viennent raconter un mystère qui le préoccupe à Don Isidro Parodi. À chaque fois c'est un exercice de style et la personnalité outrancière de chaque personnage (devenu narrateur provisoire) ressort fortement dans le récit : Entre l'acteur Don Montenegro, aussi bavard que prétentieux ou Shu T’ung, diplomate chinois au langage outrageusement poli, modeste et obséquieux qui use et abuse des métaphores, on ressent pleinement l'effet comique lié au style de chacun des personnages. Une fois l’histoire racontée, le génial Don Isidro Parodi, enquêteur dans sa cellule va à la manière de l'Hercule Poirot d'Agatha Christie nous donner la clef de l'énigme grâce au seul(s) récit(s) d'un ou deux protagonistes de l'histoire.



Ladite explication s'imbrique parfaitement dans chacun des récits et explique les incohérences et les comportements suspects des uns et des autres. A vrai dire, l'explication géniale de M. Parodi est généralement peu réaliste et complétement tirée par les cheveux et c'est tout à fait volontaire de la part des auteurs. Ici, l'essentiel du plaisir n'est pas tant dans la résolution de l'énigme (bien qu'on attende tout de même avec impatience les explications et la résolution alambiquée de Don Isidro Parodi) que dans le récit et le style de chacun des personnages. On sent nettement la complicité et le plaisir qu'ont pu prendre les deux auteurs argentins, au sommet de leur forme, à écrire ce recueil. Plaisir tout à fait communicatif vis à vis du lecteur : en tout cas pour ma part, j'ai beaucoup apprécié cette lecture (davantage d'ailleurs que les Chroniques de Bustos Domecq, écrites également par Borges et Bioy Casares). Ceux qui s’attende à un pur polar ne s’y retrouveront peut-être pas, car ici les énigmes policières sont bien davantage un prétexte pour faire marcher à plein régime le style plein d’humour et l’art de l’absurde qu’une fin en soi.



Assez étonnamment, le recueil m'a fait penser à un livre tout aussi savoureux écrit par l'auteur de Science-Fiction Isaac Asimov et où Asimov se met en scène lui-même face au fameux « Georges », personnage aussi condescendant que radin qui lui raconte des histoires à dormir debout où ce dernier tente en vain (et enchaine les désastres) de résoudre les problèmes de ses proches à l'aide des pouvoirs de son petit démon Azazel qui donne son nom au recueil.



Voilà une lecture légère, jubilatoire et distrayante que je ne peux que recommander !
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Fictions

Labyrinthes, miroirs, bibliothèques, rêves, fantaisie, religion, philosophie : les nouvelles de "Fictions" lues lors d'un séjour en Amérique du Sud sont brillantes et parfaites. Des histoires dans lesquelles les lignes du temps semblent se confondre, dans lesquelles les rêves deviennent réalité, les bibliothèques sont infinies et labyrinthiques, les mystères les plus simples cachent bien plus que ce que l'on ne pourrait jamais imaginer. Elles m'ont fait réfléchir, à tel point que j'ai compris que ce n'était pas une bonne idée de les lire avant de m'endormir vu l’agitation mentale dans laquelle elles me mettaient. J’adore l’écriture de Borges qui produit pourtant l’effet curieux de me faire sentir ignorant et inculte. Avec un parfait naturel, il fait référence à d’autres ouvrages littéraires, philosophiques et mathématiques, il utilise constamment des mots dans d’autres langues. Bien que je comprenne que cela puisse être frustrant pour certains, cela suscite au contraire en moi un profond sentiment d’admiration. Recueil divisé en deux parties, "Le jardin aux sentiers qui bifurquent" et "Artifices", cette dernière comprend, de l’avis même de l’auteur, la meilleure nouvelle, "Le Sud", même si les autres ne sont pas en reste grâce à l'incroyable travail d'architecture et d'horlogerie avec lequel elles sont construites. Pratiquement, il faudrait les nommer toutes, mais les plus emblématiques sont "Tlön Uqbar Orbis Tertius", un exposé sur les livres et la réalité, "Pierre Ménard, auteur du Quichotte", où Menard et Cervantes sont un homme et tous les hommes, "Les ruines circulaires", avec son mélange équilibré de réalité, d'irréalité et de sauts temporels, "Le miracle secret", une merveilleuse parabole kafkaïenne, "Le Sud", un enchevêtrement de couteaux si bien raconté qu’il ne procure que du plaisir. Sans aucun doute, chacune des nouvelles de ce recueil mérite d’être lue plus d’une fois et avec une attention soutenue. Directement dans ma pile de livres à lire et à relire.
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Fictions

« Fictions » de Jorge Luis Borges est un petit livre dont on ne sort pas indemne. Reconnu comme l’un des chefs d’œuvres de la littérature du XXème siècle, il échappe au lecteur en empruntant des ‘sentiers qui bifurquent’, recourant à des ‘artifices’, multipliant les labyrinthes et miroirs qui sont autant de pièges où se perdre. Il faut certainement le lire, le relire et le relire encore pour en explorer tous les méandres…

L’ouvrage se compose de deux parties, chacune introduite par un prologue et composée de 8 ou 9 courtes nouvelles, la plupart racontées de façon subjective par un narrateur, témoin ou acteur de ces ‘fictions’. Nombre d’entre elles racontent la mort souvent insolite de leur protagoniste. La création littéraire est toujours présente, que ce soit par l’évocation de livres mystérieux, disparus, par la description d’une bibliothèque-monde, ou par la déconstruction du langage jusqu’à sa plus petite unité, la lettre. Nombreux sont les personnages qui viennent peupler ces récits qui nous font traverser l’espace et le temps, en abolissent les frontières, et nous entraînent dans des mondes étranges et pourtant curieusement familiers.

A mon avis, il faut pour aborder ce livre ouvrir toutes ses frontières mentales, accepter de ne pas tout comprendre, d’entrevoir avec humilité les limites de notre petite érudition. Reste alors à savourer ce style hors-du-commun (probablement un véritable défi pour les traducteurs), et ces histoires singulières, parfois à la limite du fantastique. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ‘La loterie à Babylone’, ‘La bibliothèque de Babel’, ‘La forme de l’épée’, ‘La mort et la boussole’. La concision des textes est un véritable tour de force, Borges réussissant en quelques pages à créer tout un univers bizarre, à camper des personnages, à développer une intrigue, et à distiller humour et réflexions philosophiques. Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/2mMVxmh
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Evaristo Carriego

Evaristo Cariego, est le prétexte pour José-Luis Borges de nous emmener faire une visite de Palermo...mais surtout pas que.

Borges sait, comme aucun, entraîner le lecteur intrigué dans des chemins aux nombreux diverticules. Au passage, l'auteur dissèque l'âme argentine à travers le Tango, le Truco, les combats au poignard, les devises des charrettes (!)

L'auteur va d'un pas pressé et souple à la fois, dans un récit bercé de vers et de références aux auteurs du passé, sud américains ou non.

Evaristo Cariego, la dernière page refermée, me laisse un mélange multicolore de légèreté et de poignante nostalgie.

Assurément, un livre essentiel et vital de Borgès.
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Qu'est-ce que le bouddhisme ?

Voilà un petit livre indispensable pour avoir une idée de cette sagesse plurimillénaire qu'est le bouddhisme et qui reste difficile à appréhender pour un Occidental, malgré la fascination qu'elle peut susciter.

Jorge Luis Borges nous raconte la légende de Bouddha, sa naissance et sa vie, puis nous donne quelques clés pour comprendre sa doctrine : les Vedas (sagesse), Brahma (Dieu), le Nirvana (délivrance), le Karma ("l'oeuvre que sans cesse nous tissons"), la réincarnation (ou métempsychose), l'impermanence de toute chose, l'illusion du moi, la souffrance qu'engendre notre attachement aux illusions de ce monde, la nécessité de mener une vie juste.

Né en Inde au VIème siècle avant JC le bouddhisme s'est répendu en Asie, en Chine mais aussi au Tibet où il a donné le lamaïsme, le tantrisme en Inde, le bouddhisme zen au Japon.

Une bonne introduction qui donne envie d'aller plus loin.
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Fictions

Il est des livres à part, qui n’appartiennent à aucune catégorie, prennent un malin plaisir à sortir du cadre, à repousser les limites, celles de la classification Dewey et bien d’autres… « Fictions » est de ceux-là.

la suite ici :

http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2010/08/fictions-de-jorge-luis-borges-folio.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
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Livre de préfaces - Essai d'autobiographie

Nous connaissons surtout le Borges conteur, pape argentin du réalisme magique, ainsi que le Borges poète, qui déclame ses vers comme un Homère des temps modernes. Mais Borges est aussi préfacier, critique, et éditeur (au moins a-t-il sélectionné et préfacé une série de nouvelles fantastiques pour une collection de Babel inachevée).



Ses écrits non-fictionnels font tout à fait partie de son oeuvre ; y abondent les mêmes références, les mêmes thèmes, les même obsessions. Ses préfaces permettent de découvrir les auteurs qui l'ont inspiré et ceux dont il a fait l'éloge, et pour les lecteurs amateurs que nous sommes de découvrir de nouveaux univers littéraires.



Ce livre en regroupe un deuxième : l'essai d'autobiographie permet de mieux connaître la vie du maître, son enfance heureuse et anglophone à Buenos Aires, son amour des livres et des aïeuls, ses voyages de jeunesse en Europe et ses études en Suisse (en pleine Première Guerre Mondiale !), son retour en Argentine, etc.
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L'Aleph

On ne relit jamais deux fois le même livre.

L’aleph est la première lettre de l’alphabet hébreux et des alphabets qui en sont dérivés c’est donc le commencement mais aussi la fin de toutes choses par conséquent l’Aleph c’est quelque chose de circulaire comme on peut le voir dans les nouvelles qui suivent. Le temps est circulaire dans «l’immortel». Cela fait que, partir à la recherche des immortels c’est revenir à son point de départ et ce, parce que celui qui cherche erre lamentablement dans un labyrinthe, labyrinthe qui est le domaine du Minotaure, le taureau et celui-ci est

représenté dans l’alphabet phénicien par une tête de taureau: l’Aleph. Cela fait aussi que le narrateur, le romain et Homère ne sont qu’une seule et même personne

Difficile de comprendre Borges sans explications car Borges c’est de la métaphysique et ça, ce n’est pas tout le monde qui apprécie alors il vaut mieux prendre le texte comme on peut et y voir ce qu’on veut cela évite de s’arracher les cheveux et on arrive a y trouver du plaisir. Pour ma part si autrefois j’ai pris du plaisir a essayer de suivre Borges dans ses pérégrinations métaphysiques aujourd’hui je me prend moins le but avec ces états d’âmes et j’essaye d’apprécier les nouvelles pour ce qu’elles sont: des histoires mais des histoires érudites.

Otalora est gaucho il a de l’ambition et comme Iznogoud veut devenir chef à la place du chef mais il va trouver rapidement la mort car il a cru marcher dans le monde des vivants mais il était déjà mort et ne le savait pas.

Les théologiens : Pour les théologiens Aurélien et Jean de Pannonie rivaux qui, en fait, disent la même chose combattent les thèses des monotones et des histrions pour qui le temps est circulaire ou qui fini lorsqu’il n’y a plus rien à faire ou même dont on ne sait pas grand-chose et ou chacun a son avis. Leur rhétorique rivale va les amener à défendre les doctrines hérétiques auxquelles ils sont opposés avec la mort pour l’un deux et l’absence de regrets pour l’autre toutefois teintée d’une impression de n’avoir pas été à la hauteur. Mais Dieu dans tout ça qu’en pense-t-il?

Histoire du Guerrier et de la Captive : nous raconte qu’un barbare s’est laissé séduire par la civilisation et à l’inverse une captive anglaise s’est accoutumé aux mœurs des indiens qui l’on enlevé.

Biographie de Tadeo Isidoro Cruz: De gibier de potence il devient sergent de la police rurale mais là n’était pas sa vocation. Un loup ne devient jamais un mouton.

Emma Zunz : une histoire de viol qui couvre un assassinat vengeur

La Demeure d’Astérion: Un minotaure solitaire et bien attachant.

L’Autre Mort : Une mort et un sursis donné par dieu pour sa rédemption à un lâche et une deuxième histoire du même personnage

Deutsches Requiem : la mort était son métier pour régénérer l’Allemagne

La Quête d'Averroès nous plonge dans un monde d’érudit l’écriture est telle qu’on a l’impression de participer. Il y a une érudition profonde qui ne ressemble en rien à celle que procure les encyclopédies libres du web utilisée par nos écrivains contemporains, c’est une immersion dans l’ ambiance médiévale de l’Andalousie d’autrefois et l’art éternels des salamalecs philosophiques et de la rhétorique fleurie orientale. Borges nous enveloppe avec «onction» dans une douce torpeur littéraire

Un véritable raffinement. Excellent.

Et encore… Le Zahir, L'Écriture du dieu, Aben Hakam el Bokhari mort dans son labyrinthe, Les Deux Rois et les Deux Labyrinthes, L'Attente L'Homme sur le seuil, L'Aleph

L’Aleph toutefois reste pour Borges un point qui contient tout l’univers… Du moins c’est ce qu’il dit
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L'Aleph

Même si l'écriture est belle, je dois avoir avoué n'être rentré dans aucune des histoires , nouvelles de ce livre. j'en suis désolé car je me faisais une joie d'apprécier cet auteur de que je ne connaissais pas. tant pis et cela n'enlève rien biensur à sa notoritété et son tatent!
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Le livre de sable

Après avoir lu Fictions fin 2022, j'ai souhaité relire Le Livre de sable, que j'avais lu il y a une quinzaine d'années environ. Celui-ci a été écrit bien après Fictions et il est permis de penser que Borges, au sommet de son art, livre ici des nouvelles encore plus concises, éludant l'évidence pour aller à l'essentiel, convoquant le malaise ou le fantastique en quelques lignes. C'est probablement le cas, mais paradoxalement, cela m'a rendu ces nouvelles moins savoureuses, comme lorsqu'un cuisinier, épurant au maximum son bouillon du gras de la volaille, supprime du même geste le liant et la source de la saveur. J'ai donc préféré les nouvelles de Fictions, ce qui naturellement n'ôte rien à celles-ci, qui restent typiques du style de Borges, et de très grande qualité. Ma préférence est allée à Ulrica, Le Stratagème, Utopie d'un homme qui est fatigué et bien sûr Le Livre de sable.
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Le livre de sable

Un recueil de 13 nouvelles dans lesquelles le fantastique a la part belle.

L’auteur explore des thèmes aussi vieux que le monde : le jeune homme qui rencontre un vieillard qui n’est autre que lui-même, la non rencontre avec ce qui est peut être un monstre puisque tous les indices sont là mais le monstre lui est absent, et ce livre de sable qu’on ne peut feuilleter entièrement et dont les pages changent à tel point qu’il est impossible de retrouver une page déjà lue, et toutes ces références à la mythologie nordique que l’on retrouve comme un fil conducteur.

Des mots qui coulent sans qu’on les puisse les rattraper, un texte à la fois léger mais si dense dans sa philosophie.

13 nouvelles à déguster sans modération.

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Le livre de sable

Lecture décevante de cet ensemble de treize contes qui figurent, selon mon ressenti, un amas de leçons de vie et de philosophie simplistes, parfois exprimé par l'absurde voire par l'ésotérique et toujours avec un vernis de références littéraires ou historiques. Je n'y ai trouvé absolument aucun intérêt.
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