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Citations de Joyce Maynard (729)


Je suis un écrivain dans l'âme, rien ne lui a jamais paru plus certain. Il faut que j'écrive ce que je veux et ce que je dois, sans laisser personne me dicter quoi que ce soit ou insinuer le doute dans mon esprit.
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Je vois mal comment demander à mes enfants d'être des personnes honnêtes si je ne leur fais pas moi-même l'honneur d'être franche.
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avec une fermeté surprenante, il m'attrape la tête puis me guide sous les couvertures. (...) Tant que je continuerai à faire ça, je sais qu'il m'aimera.
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c'est une chose qui arrive parfois : vous vous réveillez et, pendant une minute , vous ne savez plus ce qui s'est passé la veille. Votre cerveau doit se réenclencher pour que vous puissiez vous rappeler ce qui s'est passé -que ce soit agréable, ou le plus souvent, désagréable -et que la nuit a effacé. Par exemple, le lendemain du jour où mon père nous avait quittés, quand j'ai ouvert les yeux et regardé par la fenêtre, j'ai su que quelque chose n'allait pas , mais j'étais incapable de me rappeler quoi . Puis ça m'est revenu.
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Elle avait bien saccagé ma vie et m'avait ramenée à la maison par la force effrayante de sa conviction et sa détermination.
Mais une fois la chose accomplie, elle aussi paraissait abattue, épuisée.
Elle ne dit rien quand je portai le carton avec toutes mes possessions dans la voiture de Josh.
Je n'emportais presque rien à Boston. Je ne voulais rien qui pût me rappeler ce lieu.
" Pas de débordement d'amour entre vous, je suppose ?" demanda Josh alors que je déposais ma valise sur le siège arrière avant de remonter dans ma chambre pour un dernier tour.
" Si je ne la revois jamais, c'est OK pour moi", lui répondis-je.
Je fis une ultime chose avant de quitter la ferme. Je tirai de sous mon lit le cahier de croquis de mon adolescence, avec tous les dessins coquins que je faisais à l'époque, tentatives fiévreuses d'une gamine de treize ans de figurer les combinaisons pécheresses des corps d'hommes et de femmes qu'elle imaginait. Mes frémissants premiers essais dans la pornographie.
Pendant toutes ces années, ce cahier de croquis était resté sous mon lit, enfoui dans la pile de magazines du Club 4-H et de vieux exemplaires du National Geographic. Je le descendis.
Je le posai sur la table de la cuisine, près de la Bible que ma mère lisait tous les matins en prenant son café.
Inutile de laisser un mot. Elle reconnaîtrait l'artiste. p.194
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Très tôt, je m'étais interdit tout espoir démesuré, j'avais pris l'habitude de me laisser guider par quiconque semblait plus expérimenté que moi. Il suffisait qu'un homme de belle allure, chaleureux et apparemment équilibré s'intéresse à moi pour que je le trouve intéressant.
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Toute jeune, quand les gosses de ma classe me demandaient où était mon père, j'inventais une histoire. C'était un espion. Le Président l'avait envoyé en mission en Amérique du Sud. Ou bien il faisait partie d'une petite équipe de Scientifiques sélectionnés pour passer les cinq années suivantes dans un abri en plein désert, à réaliser des expériences pour le bien de l'humanité.
(...)
Plus tard encore, au lycée, je me présentais simplement comme une orpheline, seule survivante de l'accident d'avion où avaient péri mes parents.
La raison de ces inventions était simple. Même tragiques, mes histoires étaient bien meilleures (...) que celle de mes véritables origines...
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De toute part le volcan dominait, présence sombre et silencieuse, ni menaçante ni accueillante. Il s’imposait, avec ses flancs profondément striés sans doute par quelques milliers d’années d’érosion, son sommet obscurci par un nuage unique à la forme parfaite.
Face aux changements _le temps, les saisons, les enfants, qui grandissent, les vieux qui meurent, ou ma propre tragédie, que je ne supportais pas de nommer _, il demeurait constant. Le voir ainsi me coupait le souffle, moi qui n’avait jamais vécu à l’ombre d’un volcan. Mais pour les habitants des rives de Lago la Paz, qui n’avaient jamais vécu sans le volcan se profilant au-dessus deux, de l’autre côté du lac, il faisait autant partie de la vie, que la pluie, les arbres, les champs de blé, l’air.
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L'hôtel ressemblait à la maison d'un conte de fées. Partout où je posais le regard, je découvrais un détail extraordinaire, sans doute une création de Leila ou des gens du village : pas seulement les pierres transformées en singes, jaguars ou oeufs, mais les plantes grimpantes qui formaient des tonnelles ruisselaient de fleurs épanouies évoquant les hallucinations les plus folles...
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ça, c'était une famille. Sa famille en tous cas.
La mienne aussi, aux yeux de Lenny du moins. Je me souviens qu'à cet instant je me suis dit que tout était parfait. J'avais épousé un homme merveilleux, nous avions un enfant ravissant qui sautait sur le trottoir entre nous et nous rentrions à la maison pour regarder un match de base-ball...
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Quand on a connu un grand deuil, l'idée d'aimer de nouveau quelqu'un peut sembler terrifiante, répondis-je. Je n'avais jamais formulé une telle remarque devant quiconque. Pas même en moi-même.
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J'étais toujours émue dans les aéroports à la vue des retrouvailles de deux personnes dont une descendait d'un avion...
Pour moi au moins, assister à ce genre de retrouvailles, c'était comme voir le plus beau des films, parce que c'était la réalité...c'était ce que j'éprouvais, moi qui n'avais pas de famille.
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Un amour trop grand pour ses enfants avait peut être provoqué leur désamour. Savoir que pour leur mère ils représentaient ce qui comptait le plus dans sa vie pesait trop lourd sur eux trois...
Être responsable de son propre bonheur est bien suffisant. Aucun enfant ne voulait être responsable également du bonheur de sa mère.
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Eleanor avait appris au fil des années que les pires événements, ceux qui faisaient vraiment mal, n'étaient presque jamais ceux qu'on craignait.
...
Finalement on survit à beaucoup de choses. On est transformé. Mais on continue.
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Le nom qu'elle avait choisi, La Llorona, était un hommage à une vieille légende d'Amérique centrale. Une femme, qui avait vu son mari dans les bras d’une autre, avait fui, aveuglée par la colère, et avait noyé ses enfants dans la rivière. Regrettant immédiatement son geste, elle s'était elle aussi jetée dans la rivière, mais n'avait pas réussi à les sauver. Depuis, elle vivait au purgatoire, parcourait le monde à la recherche de ses enfants et pleurait toutes les nuits. On l'appelait La Llorona - la femme qui pleure. p. 123
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Beaucoup d'histoires se sont déroulées à cet endroit. Certaines heureuses, d’autres à vous briser le cœur. Tous ceux que j'ai rencontrés venaient ici poussés par une quête ou une autre. Ils n'ont pas toujours trouvé ce qu'ils cherchaient, mais ils ont en général trouvé ce dont ils avaient besoin. p. 123
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Il m'arrivait une chose étrange à l'hôtel de Leila. Je ne m'étais pas débarrassée de ma profonde tristesse, mais je revenais modestement à La vie. Mon corps engourdi retrouvait des sensations. Le soleil sur ma peau, les bons plats, tout simplement l'odeur du jus d'orange pressée que Mirabel posait devant moi chaque matin et l'élixir au coucher du soleil que j'attendais à présent avec impatience en fin d’après-midi, tout en regardant le soleil plonger derrière le volcan, suivi tous les soirs par un merveilleux repas.
Durant nos dîners dans le patio, Leila me racontait les histoires de ses clients sur plusieurs dizaines d'années. Pour des raisons que je ne comprenais pas, elle semblait souhaiter que je sache ce dont elle avait été témoin. Plus encore, ce qu'elle avait appris.
« Un jour... » commençait-elle devant notre plat de tamales, de pepian de poulet ou une soupière de ragoût de poisson, assaisonné avec des aromates que je ne connaissais pas. Et elle se lançait dans une nouvelle histoire. p. 119
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Maria et Luis avaient commencé à travailler pour Leila peu après qu'elle avait acheté le terrain. Ils étaient tous jeunes à l'époque. À présent, ils étaient vieux.
Luis faisait encore de longues journées physiquement éprouvantes: il réparait les murs, transportait du bois, préparait du ciment, montait sur une vieille échelle pour tailler les branches du jocote, s'occupait du jardin. Mais ses gestes trahissaient des douleurs au dos. Maria se chargeait des repas et, si ses plats étaient toujours délicieux, elle se déplaçait lentement, restait de longues minutes à éplucher une mangue ou à hacher une tête d'ail.
Elmer, le fils du couple, donnait un coup de main partout où il le fallait, mais il était encore adolescent et facilement distrait, surtout par Mirabel, la jeune femme qui aidait Maria. Elle faisait ls chambres, la lessive et chaque jour, au coucher du soleil, elle me préparait au mixeur une boisson composée de fruits frais, de lait de coco et d’un mystérieux assortiment d'épices (cardamome, peut-être, et gingembre?) devenue sa spécialité à La Llorona. Au fil des années, de nombreux clients l’avaient suppliée de leur donner la recette, proposant de la payer, mais Mirabel se contentait de sourire et de secouer la tête. p. 117-118
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Comment décrire La Llorona telle qu'elle m'apparut ce jour-là? Une vision du paradis à la période la plus noire de ma vie,
L'hôtel ressemblait à la maison d’un conte de fées, Partout où je posais le regard, je découvrais un détail extraordinaire, sans doute une création de Leila ou des gens du village: pas seulement les pierres transformées en singes, jaguars ou œufs, mais les plantes grimpantes qui formaient des tonnelles ruisselaient de fleurs épanouies évoquant les visions les plus folles d'un trip au LSD, les cours d’eau artificiels serpentaient dans les jardins, butaient sur des pierres lisses et rondes - quelques-unes vertes, sous une certaine lumière en tout cas, d’autres presque bleues. Un banc de pierre était creusé à flanc de colline. Il y avait aussi une méridienne qui semblait faite d’un seul tronc d’arbre. Un vieux bateau de pêche en bois, sur lequel s’empilaient des coussins, était suspendu à un arbre. De son tronc jaillissaient une demi-douzaine de variétés d’orchidées et une chouette taillée elle-même dans une loupe de bois. p. 81
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(Les premières pages du livre)
Le pays où se déroule cette histoire, s’il évoque par certains aspects différents lieux d’Amérique centrale, est une invention de l’autrice. C’est également le cas du lac, du volcan, de l’hôtel, des habitants du village, de l’herbe magique, des lucioles qui n’apparaissent qu’une fois par an, une nuit seulement. De nombreuses espèces d’oiseaux décrites dans ces pages n’existent pas réellement. Cette histoire peut être qualifiée de chimère ou simplement de rêve. La partie sur le pouvoir de l’amour – et la capacité de ceux qui en vivent les effets à accomplir l’impossible – est réelle et authentique.

« Une chose sur les temps difficiles
J’avais vingt-sept ans quand j’ai décidé de sauter du Golden Gate Bridge. L’après-midi j’avais une vie merveilleuse et, une demi-heure plus tard, je ne voulais plus que mourir.
J’ai pris un taxi. Je suis arrivée près du pont juste après le coucher du soleil. Il se dressait dans le brouillard avec cette magnifique teinte rouge que j’adorais, quand je m’intéressais encore à la couleur des choses et des ponts, lorsque je les traversais. À l’époque où je m’intéressais à tant de choses qui me semblaient à présent dénuées de sens.
Avant de quitter pour la dernière fois mon appartement, j’avais fourré un billet de cent dollars dans ma poche. Je l’ai donné au chauffeur. Attendre la monnaie était inutile.
Il y avait des touristes, bien sûr. Des voitures circulant dans les deux sens. Des parents avec leurs enfants dans des poussettes. J’avais été comme eux.
Un bateau passait sous le pont. De là où je me trouvais, me préparant à sauter, je l’ai regardé s’engager entre les piles. Des hommes lavaient le pont du bateau. Plus rien n’avait de sens.
J’avais vaguement conscience qu’un homme âgé m’observait. Peut-être chercherait-il à m’arrêter. J’ai attendu qu’il s’en aille, ce qui s’est produit quelques minutes plus tard.
Sauf que j’étais incapable de faire le dernier pas, de monter sur le garde-fou, de passer par-dessus.
Lenny avait dit, un jour que le chèque de notre loyer avait été rejeté, la semaine où Arlo avait été renvoyé du jardin d’enfants parce qu’il avait des poux, que j’avais attrapé une mononucléose et qu’une canalisation avait éclaté dans l’appartement, détruisant une pile de dessins sur lesquels je travaillais depuis six mois : « Une chose sur les temps difficiles : quand on a atteint le fond, on ne peut que remonter. »
Debout sur le pont, tandis que je contemplais l’eau sombre et ses remous, je crois que j’ai compris autre chose. Même si ce que je vivais était affreux, une petite partie de moi ne pouvait pas abandonner le monde. Pleurer un deuil immense, comme je le faisais, devait servir d’une certaine façon à me rappeler que la vie était précieuse. Même la mienne. Même alors.
Je me suis éloignée du garde-fou.
Je ne pouvais pas le faire. Mais je ne pouvais pas non plus rentrer chez moi. Je n’avais plus de chez-moi.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à l’hôtel des Oiseaux.

1
1970
À partir d’aujourd’hui, tu t’appelles Amelia
Nous avons entendu l’information à la télévision, deux semaines avant mon septième anniversaire. Ma mère était morte. Le lendemain matin, ma grand-mère m’annonça qu’il nous fallait changer mon nom.
J’étais assise à la table de la cuisine – Formica jaune parsemé d’éclats en forme de diamants, éternel paquet de Marlboro Light de ma grand-mère, mes crayons de couleur disposés dans leur boîte en fer. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner, mais ma grand-mère ne décrochait pas.
« Ils peuvent tous aller au diable », maugréait-elle. Elle avait l’air en colère, mais pas contre moi.
Bizarre, les souvenirs. Je m’accrochais à mon crayon. Tout juste taillé. Bleu. Le téléphone sonnait sans arrêt. J’ai fait le geste de décrocher, mais Grammy m’a dit non.
« Les gens vont nous poursuivre. Ils auront tout un tas d’opinions. Il vaut mieux qu’ils ne fassent pas le rapport », m’expliqua ma grand-mère en prenant une cigarette.
Opinions sur quoi ? Rapport ? Quels gens ?
« On ne peut laisser personne découvrir qui nous sommes. Tu ne peux plus t’appeler Joan », décréta Grammy.
À vrai dire, j’avais toujours voulu un autre prénom que celui que ma mère m’avait donné, celui de sa chanteuse préférée. (Baez, pas Joni Mitchell. Même si elle les adorait toutes les deux.) Je lui demandais souvent de m’appeler autrement. (Liesl, comme l’une des enfants de La Mélodie du bonheur. Skipper, comme la petite sœur de Barbie. Tabitha, comme dans Ma sorcière bien-aimée.)
« Je peux m’appeler Pamela ? » demandai-je.
C’était le prénom d’une fille de l’école qui avait des cheveux magnifiques. J’adorais sa queue-de-cheval.
Grammy répondit que ça ne marchait pas comme ça. Elle avait déjà choisi mon nouveau prénom. Amelia.
Alice, une amie de Grammy au club de bridge, avait une petite-fille de mon âge. Je ne l’avais vue qu’une seule fois. Amelia. Elle était morte quelque temps auparavant. (D’un cancer, j’imagine, mais on ne prononçait pas ce mot à l’époque.) Après quoi, Alice avait cessé de venir au club de bridge.
Ma grand-mère raconta quelque chose que je ne compris pas au sujet d’un papier nécessaire avec mon nom dessus pour aller à l’école et prouver que j’existais.
« J’existe.
– C’est trop compliqué à expliquer », dit-elle. Il fallait qu’on déménage tout de suite. J’irais dans une autre école. On ne me laisserait pas entrer au cours préparatoire sans les papiers. Elle savait comment s’y prendre. Elle l’avait vu dans un épisode de Columbo.
L’après-midi même, nous sommes allées en bus jusqu’à un immeuble où ma grand-mère a rempli plein de papiers. J’étais assise par terre et je dessinais. Quand nous sommes parties, nous avions mon nouveau certificat de naissance. « C’est officiel. Maintenant, tu es Amelia », m’apprit-elle.
J’avais aussi un nouvel anniversaire, le même que celui d’Amelia qui était morte. Il me manquait maintenant deux mois avant mes sept ans. Ce n’était que l’un des nombreux événements qui se produisirent les jours suivants et qui me perturbèrent. « Ne pose pas autant de questions », répétait Grammy.

Ma grand-mère changea aussi de nom. Esther devint Renata. Pour moi elle était toujours Grammy, alors c’était facile. Il me fallut un certain temps pour me rappeler que j’étais Amelia et pas Joan. J’étais en train d’apprendre les majuscules. Je maîtrisais bien le « J », mais je devais tout recommencer avec le « A ».
Un carton arriva avec, à l’intérieur, des vinyles. Je les reconnus tout de suite : ceux de ma mère. L’écriture sur le carton était la sienne.
Quelques jours plus tard, les déménageurs vinrent. Ma grand-mère avait emballé toutes nos possessions, peu nombreuses en fait. Quand ils eurent emporté le dernier carton – ma poupée Tiny Tears, quelques livres, ma collection d’animaux en porcelaine, le ukulélé que ma mère m’avait offert pour mes six ans et dont je ne savais pas jouer, mes crayons de couleur –, je regardai par la fenêtre les hommes charger le camion. Personne n’avait dit où nous allions. On partait, voilà tout.
« Tu vois cet homme avec l’appareil photo ? demanda ma grand-mère en le montrant du doigt. Voilà pourquoi nous devons partir. On ne nous laissera plus jamais tranquilles. »
Qui ?
Les paparazzi. « Ceux-là mêmes qui ont rendu la vie impossible à Jackie Kennedy, au point qu’elle a été obligée d’épouser ce vieux bonhomme affreux avec son yacht. »
Je ne comprenais rien du tout. Le week-end suivant, nous défaisions les cartons dans notre nouvelle maison, un appartement avec une seule chambre à Poughkeepsie, dans l’État de New York, où vivait mon oncle Mack, le frère de Grammy. Il l’appelait toujours Esther, mais comme il ne m’avait vue que deux fois, ça ne lui a pas été difficile de m’appeler Amelia. Le premier soir, il nous commanda des plats à emporter chinois. Je lui tendis le petit papier plié dans mon biscuit.
« Une tasse est utile quand elle est vide », lut-il.
Il y avait une ombrelle en papier sur la table. Ouverte fermée, ouverte fermée.

Grammy trouva du travail dans un magasin de tissu. Comme ma mère ne s’était jamais occupée de me faire entrer à l’école maternelle, l’année précédente, elle m’inscrivit au cours préparatoire à l’école élémentaire Clara Barton. Par la suite, je n’ai posé qu’une seule fois des questions sur ma mère. J’avais l’impression que je n’étais pas censée parler d’elle et je ne le faisais pas.
Il n’y avait pas eu d’obsèques. Personne ne vint nous dire combien ils étaient navrés de ce qui était arrivé. Si Grammy possédait des photos de ma mère, elle les gardait dans un endroit qui m’était inconnu. En l’absence d’une image d’elle, j’en dessinai une que je glissai sous mon oreiller. Joues roses, yeux bleus, bouche en bouton de rose. Longs cheveux bouclés comme une princesse.
Quand, à l’école, les enfants me demandaient pourquoi je vivais avec ma grand-mère et pourquoi ma mère n’était jamais là, je répondais qu’elle était une chanteuse célèbre, mais que je n’avais pas le droit de dire laquelle. Elle était en tournée avec son groupe et répétait pour un spectacle au Hootenanny.
« Ça ne passe plus à la télé, dit un certain Richie qui fichait toujours la pagaille.
– Je voulais dire The Johnny Cash Show. Je les confonds toujours. »
Au bout d’un moment, il y eut moins de questions, mais de temps en temps un enfant demandait encore quand elle allait rentrer, si j’allais partir à Hollywood et si je pouvais leur donner un autographe.
Je répondais qu’elle s’était cassé la main. La main gauche, mais elle était gauchère. Je trouvais que cela rendait le mensonge plus convaincant.
« Je parie que ta mère n’est pas vraiment célèbre. Je parie qu’elle est bête, comme la grand-mère dans Beverly Hillbillies, dit Richie.
– Ma mère est très belle », assurai-je. Ça au moins, c’était vrai.

Les cheveux noirs et brillants de ma mère lui arrivaient à la taille et j’adorais les brosser. Elle avait de longs doigts élégants (mais des ongles sales) et elle était si mince que quand nous étion
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