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Citations de Jules Romains (419)


[Dans la diligence qui le mène vers Paris, le père Godard vient de confier aux voyageurs qu’il part enterrer son fils, dont il a appris la mort quelques heures avant.]

Le vieux, soulagé, s’adossait contre la boiserie, et ne craignait plus d’allonger ses jambes.
Mais ce qu’il venait de dire lui parut alors très invraisemblable. Etait-il bien sûr de ce qu’il avait raconté ? N’avait-il pas tout simplement imaginé une histoire ? Ce n’est guère croyable que Jacques soit mort. Un évènement aussi grave n’est pas vrai comme ça, d’un coup. Le matin, avant la dépêche, Jacques vivait. Une dépêche ne suffit pas à changer le monde.
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[Le père Godard, paysan dans le Velay, vient de perdre son vieux fils, mort tout seul dans son appartement à Paris.]

Jadis, on craignait moins la mort ; et ceux qui survivaient aux défunts ne les pleuraient pas de la même façon. Bien sûr, on les regrettait ; on se désolait de ne plus les voir, de ne plus les toucher. Mais c’était un chagrin net, carré, calme. Ils n’avaient emporté dans la tombe que le moins possible. L’essentiel d’eux-mêmes, ne l’avait-on pas gardé ? On connaissait leurs plus infimes manies, les menues rides de leur visage, les dernières creusées ; on savait par cœur leurs idées et leurs paroles familières, avec le ton de la voix et la forme des gestes. Leur corps disparaissait ; et aussi cette habitude qu’avaient les idées, les gestes, la voix, d’accompagner fidèlement ce corps. Mais la famille les recueillait, comme on recueille des voisins chassés de leur logis par l’inondation.
Les fils, maintenant, mouraient là-bas, après une vie d’absence ; on les connaissait à peine ; la mémoire les évoquait toujours avec leur taille et leur costume d’enfants. Ce que l’âge avait fait d’eux, on l’ignorait presque. A quoi pensaient-ils, là-bas ? « Peut-être qu’il ne croyait plus en Dieu, mon Jacques ? Peut-être qu’il a fini comme un païen ? »
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C'est la faute des jeunes filles, qui nourrissent trop d'arrière-pensées utilitaires. Les femmes ne deviennent désintéressées en matière d'amour que plus tard, quand leur affaire est faite et qu'elles ont l'esprit libre pour cocufier leurs maris. Un peu comme les candidats à l'agrégation se disent: en ce moment, hélas, je ne lis pas les poètes, je les explique. Mais plus tard quand je pourrai les lire sans penser au concours, quelle revanche!... Seulement ils oublient de prendre leur revanche. Les femmes oublient moins.
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Dans tous les milieux, on a besoin de gens comme ça. D'esprit ouvert; en contact confiant avec chacun; très informés; connaissant bien des dessous; tenant certaines gens par là; sans ambition personnelle. Ils ne pullulent pas. Ils deviennent tout naturellement les arbitres.
- Le genre Président de la République
- Oui, en somme!
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KNOCK : Je parie qu'ils boivent de l'eau sans penser aux milliards de bactéries qu'ils avalent à chaque gorgée.
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Acte I, scène unique :
KNOCK
Il y a une vingtaine d’années, ayant dû renoncer à l’étude des langues romanes, j’étais vendeur aux « Dames de France » de Marseille, rayon des cravates. Je perds mon emploi. En me promenant sur le port, je vois annoncé qu’un vapeur de 1700 tonnes à destination des Indes demande un médecin, le grade de docteur n’étant pas exigé. Qu’auriez-vous fait à ma place ?
LE DOCTEUR
Mais… rien, sans doute.
KNOCK
Oui, vous, vous n’avez pas la vocation. Moi, je me suis présenté. Comme j’ai horreur des situations fausses, j’ai déclaré en entrant : « Messieurs, je pourrais vous dire que je suis docteur, mais je ne suis pas docteur. Et je vous avouerai même quelque chose de plus grave : je ne sais pas encore quel sera le sujet de ma thèse. » Ils me répondent qu’ils ne tiennent pas au titre de docteur et qu’ils se fichent complètement de mon sujet de thèse. Je réplique aussitôt : « Bien que n’étant pas docteur, je désire, pour des raisons de prestige et de discipline, qu’on m’appelle docteur à bord. » Ils me disent que c’est tout naturel. Mais je n’en continue pas moins à leur expliquer pendant un quart d’heure les raisons qui me font vaincre mes scrupules et réclamer cette appellation de docteur, en conscience, à laquelle je n’ai pas droit. Si bien qu’il nous est resté à peine trois minutes pour régler la question des honoraires.
LE DOCTEUR
Mais vous n’aviez réellement aucune connaissance ?
KNOCK
Entendons-nous ! Depuis mon enfance, j'ai toujours lu avec passion les annonces médicales et pharmaceutiques des journaux, ainsi que les prospectus intitulés "mode d'emploi" que je trouvais enroulés autour des boîtes de pilules et de flacons de sirop qu'achetaient mes parents.
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Un peu d'embonpoint, un certain avachissement de la chair et de l'esprit, je ne sais quelle descente de la cervelle dans les fesses, ne messiéent pas à un haut fonctionnaire.
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Excellente pièce de théâtre, à relire en pleine pandémie pour prendre un peu de recul vis à vis de tous les Knock, même très expérimentés, qui sévicent depuis la nuit de temps.
Le thème : la médecine.
Knock se fait docteur et part officier dans des contrées inconnues où il va faire recettes grâce à des méthodes originales et aujourd'hui considérées comme assez orthodoxes: laisser croire aux gens, même les biens portants, qu'ils sont malades et leur prescrire des remèdes.
Knock interprété par le grandiose Louis Jouvet vaut aussi le détour.
Un livre essentiel pour se sentir bien.
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Jules Romains
La santé est un état précaire qui ne laisse présager rien de bon.
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Jules Romains
Autrefois les seins d'une femme servaient à nourrir les enfants, aujourd'hui ils servent à nourrir les cinéastes.
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Rien ne m'agace comme cet être ni chair ni poisson que vous appelez un homme bien portant.
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Docteur, la nature humaine est une pauvre chose. Il est écrit que nous ne pouvons déloger un tourment qu'à condition d'en installer un autre à la place. Mais au moins trouve-t-on quelque répit à en changer.
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“KNOCK : Il y a longtemps que vous souffrez d’insomnie ?

LA DAME : Très très longtemps.


KNOCK : Vous en aviez parlé au docteur Parpalaid ? (…) Que vous a-t-il dit ?

LA DAME : De lire chaque soir trois pages du Code civil.”
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«[...] Je veux bien même être seul de mon avis, me battre tout seul, mais pour une cause qui vaincra un jour. Que l'avenir, s'il le faut, soit mon seul camarade. Mais que je l'aie de mon côté. Je ne suis pas assez dilettante pour accepter de gâcher mon temps. Le dévouement aux causes perdues? je sais, élégance chevaleresque. Maus au fond quel scepticisme! J'aime mieux passer pour naïf. Car évidemment c'est une naïveté de croire que les meilleures causes ont l'avenir pour elles. Mais cette naïveté-là est le ressort qui a fait marcher le monde jusqu'ici. Oui, c'est du même ordre que le foi au progrès. Un peu primaire, paraît-il. Tant pis pour les malins et les fatigués : j'ai foi au progrès.»
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_ À quoi reconnaît ton les andouilles ?
–Un peu la touche. Mais surtout à l’usage. Tiens, par exemple, le type qui est au bout de la banquette, de ton côté – ne le regarde pas tous les deux ensemble ; il s’apercevrai qu’on parle de lui - eh bien ! C’est un imbécile tout à fait remarquable ; aussi congénitalement crétin que le plus crétin de l’École, avec cette circonstance aggravante qu’il a une instruction de garçon boucher etune fatuité de ténor.
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Mon accent? J'ai peu d'accent. Bien qu'il soit difficile d'en juger soi-même. On ne s'entend pas. L'inconnu de sa propre voix. Depuis qu'on a inventé les miroirs, notre visage ne nous est plus inconnu. Et puis il y a les photos. On peut méditer longuement devant sa photo. Un jour, on se servira peut-être du phonographe comme d'un miroir...

(tome 3 : Les amours enfantines)
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"KNOCK : Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d'individus, neutres, indéterminés. Mon rôle c'est de les déterminer, de les amener à l'existence médicale (...).

LE DOCTEUR : Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit !

KNOCK : Cela se discuterait."
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[Le docteur Parpalaid] tenait sa place aussi bien qu’un autre tant que nous pouvions nous passer de médecin. Car vous ne me direz pas qu’un vrai médecin aurait laissé mourir tout ce monde au temps de la grippe espagnole.
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Ne craignez-vous pas qu’en généralisant l’application de vos méthodes, on n’amène un certain ralentissement des autres activités sociales dont plusieurs sont, malgré tout, intéressantes ?
Knock : Ça ne me regarde pas. Moi je fais de la médecine.
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La vérité, c’est que nous manquons tous d’audace, que personne, pas même moi, n’osera aller jusqu’au bout et mettre toute une population au lit, pour voir, pour voir ! Mais soit ! Je vous accorderai qu’il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour soigner les autres
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