AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Julie Otsuka (930)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Certaines n'avaient jamais vu la mer

Années 20, pratiquement toutes vierges et avec leur vieux kimono de famille...

Quitter le Japon, traverser en bateau l'océan Pacifique pour se marier à un homme choisi sur photo et par lettre.

Les rêves et les espoirs s'arrêtent dès l'arrivée sur le sol américain.

L'homme qui les attend n'est pas celui de la photo, ou alors avec 30 ans de plus. La nuit de noces et celles qui s'en suivent sans consentement. Le travail dans les champs, à l'usine, ou en tant que servante alors qu'on leur avait promis une vie meilleure, douce.

Avoir des enfants qui rejeteront la culture japonaise.

Un semblant d'intégration jusqu'à l'aube de la 2nd guerre mondiale.

Finir déposséder de tout dans des camps Nippo-Americains. Sous la dénonciation et le silence.

L'autrice utilise tout le long du récit le "Nous" vous donnant l'impression de vivre ce que ces jeunes femmes vivent, de ressentir ce qu'elles ressentent. Bien qu'il s'agisse d'un roman, les faits racontent l'exil dramatique des japonaises en quête d'améliorer les conditions de vie des leurs restés au pays. Il soulève le tabou des camps d'internement.



La lecture est prenante et bouleversante.

D'une plume délicate, préserver la mémoire de ces femmes.
Commenter  J’apprécie          20
Certaines n'avaient jamais vu la mer

A la fois histoire universelle et unique, "Certaines n'avaient jamais vu la mer" retrace de nombreux parcours de femmes japonaises ayant émigré au début du XXe siècle en Californie, pour se marier avec des japonais sur place. Fuyant la misère, elles espèrent y trouver un quotidien plus heureux, mais leurs époux ne vivent pour la plupart pas le rêve américain mais plus la discrimination d'être l'étranger. Désillusions, soumissions, injustices et xénophobie sont au cœur de ce roman joliment écrit, tout en sensibilité, mais aussi sans équivoque sur les conditions de vie de ces femmes.

J'ignorais il y a encore quelques mois le sort des émigrés japonais aux Etats Unis pendant la première partie du XXe siècle et notamment pendant la seconde guerre mondiale, ce roman est donc un complément historique très enrichissant aux Indésirables qui apporte aussi un éclairage sur cette période.

Rapide à lire, mais d'une belle intensité, je conseille vivement ce roman passionnant.
Commenter  J’apprécie          350
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Quel roman et émouvant mais tellement choquant

Ces femmes mariées à des hommes qu’elles n’ont pas choisis et dont les destins seront tous différents alors qu’elles partent toutes de la même destinée

Écrit avec beaucoup de simplicité et de pudeur sans jamais basculer dans le cliché dramatique
Commenter  J’apprécie          00
Certaines n'avaient jamais vu la mer

« Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka raconte les destins de Japonaises parties pour les États- Unis au début du siècle dernier, pour épouser des hommes, Japonais émigrés, qu’elles n’ont jamais rencontrés. Avec une histoire pareille, on pourrait écrire un bouquin de mille pages et la force de ce roman, son originalité, c’est d’évoquer tous ces destins en moins de deux cents pages. L’écriture est une surprise au départ et on se laisse emporter. L’intensité dramatique est intense. Il me semble que c’est un texte qui pourrait être joué au théâtre si cela n’a pas déjà été fait. Un petit livre pour un grand texte.
Commenter  J’apprécie          20
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Ce qui touche en premier lieu c'est l'écriture de ce roman.

L'autrice incarne des personnages, ces femmes, avec des voix chorales. Elles parlent aux pluriel, au nous. On ne suit le récit d'aucune d'entre elle, tout en suivant le récit d'elles toutes. Les multiples points de départ et d'arrivée, mais ce voyage partagé dans un chœur sublime. Je n'avais lu quelque chose écrit de cette façon, qui reste marquée en moi.

Ce qui touche en second lieu c'est ce qu'on y apprend.

Ce livre nous amène dans une histoire qui m'était inconnue des japonais en Amérique. Ces femmes partant par bateau du japon pour rejoindre des hommes, leurs futurs maris et inconnus, installés en Amérique avant que la Seconde Guerre Mondiale éclate. Julie Otsuka écrira ensuite "Quand l'empereur était un Dieu", qui dévoile le vécu d'une famille japonaise cette fois durant la 2GM aux Etats-Unis.
Commenter  J’apprécie          54
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un roman sur l'histoire des japonais au début du 20 ème siècle en Amérique. On commence par ces jeunes japonaises qui quittent leur pays en pensant du rêve américain avec de beaux partenaires. S'ensuive: tristesse, drame, malheur... Et j'en passe.

L'autrice ne cache rien et dit tout, pas de tabou. Pourquoi y en aurait-il ? Comme une liste, chaque paragraphe raconte. Tel chapitre comporte plusieurs paragraphes qui fond une suite de phrases, qui racontent brièvement l'histoire d'un tel. En peu de mot beaucoup de chose. C'est une façon d'écrire surprenante, mais qui nous prend et qu'on ne veut pas lâcher.

L'histoire de ces femmes qui ont tout lâché pour un rêve et vivrons cauchemar sur cauchemar, pour finir par: où sont-ils ?

Beau livre, qui ne mâche pas ces mots mais dit des vérités et nous conte ce qu'on a voulu oublier.
Commenter  J’apprécie          90
Quand l'empereur était un dieu

J'ai lu ''Quand l'empereur était un dieu'' de Julie Otsuka grâce au conseil d'un chercheur du labo.



Un roman sur les camps d'internement sur le sol américain à l'usage des citoyens d'origine japonaise pendant la seconde guerre mondiale. Très bien écrit, permet un éclairage sur ce sujet oublié des livres d'histoire.
Commenter  J’apprécie          90
Certaines n'avaient jamais vu la mer

" J'écris pour fendre le cœur des lecteurs " confiait Julie Otsuka a un journaliste du monde en octobre 2022.

J'aurais dû me méfier !



Certaines n'avaient jamais vu la mer : le destin des femmes japonaises parties en Amérique pour se marier avec un inconnu au début du XIX ème siècle.



Encore un joli titre et une couverture douce qui m'ont induite en erreur !

La quatrième de couverture m'a même conforté en parlant d'une écriture puissante et poétique. Cela faisait un petit moment que le voyait ce roman, il m'attirait . Je fus un peu surprise du résultat...



Au départ, j'ai été un peu atterrée par cette histoire. Toutes ces femmes, jeunes filles, voire fillettes vendues par leur famille. Leurs questionnements, leurs craintes étaient légitimes et je compatissais évidemment. Et puis durant la traversée, leurs questions sont devenues plus futiles, leur insouciance a pris le dessus et je les ai trouvé un peu niaises. Honte à moi !

Lorsqu'elles ont posé le pied en Amérique, tous leurs rêves se sont vite envolés . Quelle claque ! Et je me suis trouvée bien idiote finalement.

Mais à quoi pouvais-je m'attendre ? Comment pouvait -il en être autrement ?

S'ensuivent multiples récits et itinéraires, des vies misérables, douloureuses. De la misère, de la violence, de la désillusion, de la souffrance, des privations, une vie rude, une vie de labeur, très loin de leur pays, très éloignée de leurs rêves...

Du racisme également et enfin la guerre , leur effacement et l'oubli...



La narration est particulière. On ne suit pas un destin mais de multiples, pas une femme, mais des milliers. Cela rend la lecture un plus douloureuse. On ne peut même pas s'attacher à l'une d'entre elles. Elles sont noyées dans le récit : des pages et des pages énumèrent l'une puis l'autre, puis celle-ci, dans les campagnes, aux champs, une autre, en ville, une autre, femme de ménage, .... J'ai eu un peu de mal à percevoir de la poésie là-dedans.

Mais en refermant le livre, en le digérant un peu, il est vrai que j'éprouve une sorte de mélancolie poétique. L'autrice aura réussi à me faire accepter l'inacceptable, sans un cri, sans révolte.

Finalement, j'aurais été, apeurée, pleine d'espoir et de rêves, puis durement ramenée à la réalité, assommée par ces histoires douloureuses et si révoltantes, et finalement, bien qu'indignée, je referme le livre avec un goût amer dans la bouche, celui de l'acceptation de ce pan de l'histoire du passé, bien obligée.



Mon avis



Le titre me semblait doux et je rêvais... Je ne sais pas à quoi mais pas à un tel récit. C'est plus que puissant, c'est révoltant. Des histoires très tristes, des femmes dont on rend hommage ici mais que de douleurs. Si vous aimez les happy-end, passez votre chemin. Une écriture subtile qui m'a néanmoins embarqué presque malgré moi. Une lecture tout de même éprouvante !









Commenter  J’apprécie          122
Certaines n'avaient jamais vu la mer

L'écriture à la première personne du pluriel donne un ton singulier à ce récit. Il déconcerte au premier abord, il m'a un peu gêné au début, me soufflant que nous n'aurons pas là l'histoire de la vie d'une héroïne, mais de morceaux de vies de plusieurs anonymes. C'était étrange, mais poétique, comme si la multitude d'existences décrites ici s'unissaient pour ne former qu'un concert polyphonique pour annoncer, dénoncer, raconter, pleurer, crier, accepter une vie d'exilée délicate et profondément injuste.

.

Nous sommes au début du XXè siècle, et la plupart de ces filles n'ont aucune idée de ce qui les attend là-bas. Très jeunes, voire mineures, elles sont parties pleine d'espoir et d'illusions, pensant revivre l'exaltation des premiers chercheurs d'or sur une terre vierge. Elles rêvaient de splendeur et de richesse affective, elles se sont cognées à la cruelle réalité d'une intégration impossible.

Elles débarquent sur la terre promise avec leur kimono et leurs croyances et se voient forcées de tout abandonner, de trimer en rasant la terre et en baissant la tête, subissant les humiliations des Blancs et la violence de leurs maris. Certaines résistent et tentent tout pour garder la tête haute, d'autres acceptent avec résignation cette nouvelle existence faite de labeur et d'abandon.

.

Jusqu'au moment où leurs enfants rejettent leur patrimoine, meilleur moyen pour s'intégrer au monde... Jusqu'au moment où la guerre éclate et que les préjugés soient plus fort que l'amitié naissante...

.

On en ressort essoufflés, heurtés par la bêtise humaine et sa faculté inouïe à toujours brimer plus faible (ou plus docile) que soi. Un peu écœuré parfois, mais pas vraiment surpris, vu que la volonté de dominer le monde jusqu'à l'écrasement n'est pas vraiment un fait nouveau.

Un livre témoignage, qui dénonce l'oubli, et qui, par conséquent, ne peut qu'être écouté attentivement.
Commenter  J’apprécie          70
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Quel récit ! Des phrases parfois poétiques mais surtout tragiques. Un véritable récit poignant. Une partie de l'histoire que j'ignorais, des femmes du Japon sont envoyées en Amérique avec une photo de leurs futurs époux, des Japonais déjà sur place depuis quelques années. Sauf que le rêve et la réalité est tout autre. L'arrivée est un véritable choc qui est parfaitement retranscrit. Je ne vais pas vous dévoiler de quoi il s'agit car je ne veux pas vous priver d'une superbe lecture.



Des phrases courtes qui frappent fort, un uppercut. Une vérité de la vie de ces femmes qui est triste et implacable pourtant il y a toujours cet optimisme présent qu'un jour tout sera meilleur. Une vie à être docile et malgré les difficultés, le travail est toujours accompli sans plaintes.



Si certaines n'avaient jamais vu la mer, d'autres auraient préféré ne jamais la voir. Un voyage au cœur du calvaires que ces femmes ont dû enduré parfaitement raconté par Julie Otuska. Je vous le recommande vivement !
Commenter  J’apprécie          30
Quand l'empereur était un dieu

Californie, décembre 1941. Nous sommes en pleine guerre mondiale. Le 7 décembre 1941, les États-Unis sont touchés par l'attaque japonaise de Pearl Harbor, une base navale américaine du Pacifique. Le pays entre alors en guerre. Au lendemain de ces événements, un homme sans histoire, vivant tranquillement avec sa famille à Berkeley, est embarqué par la police pour un interrogatoire. Il part menotté, sous les yeux de sa femme et de ses enfants, en chaussons et en robe de chambre. Cet homme est japonais. Il vit aux États-Unis depuis une quinzaine d'années comme des milliers d'autres familles. Mais, en quelques jours, ce sont des familles entières qui sont contraintes de tout quitter, de se faire enregistrer et de se rendre en gare. Elles sont alors déportées dans un camp de l’Utah, en plein désert.



Dans ce livre, Julie Otsuka parle d'un fait historique réel, celui de l'internement forcé de milliers d'Américains d'origine japonaise dans plusieurs camps des États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Ces hommes, ces femmes et leurs enfants sont ainsi devenus les ennemis de l'État. 



Entre résilience et espoir de retrouver une vie normale, on suit cette famille durant les différentes étapes de ce bouleversement.



L’autrice à diviser son roman en plusieurs parties. Il y a l'avant Pearl Harbor, le lendemain, et l’après-guerre.



On suit l'arrestation d'un père, le questionnement des enfants nés aux États-Unis qui n’en comprennent pas les raisons, la suspicion, puis le départ.



Puis, il y a le voyage jusque dans le désert, l'internement et la survie. Il y a l'attente, l'obéissance, le changement de vie et la reconstruction durant l’après-guerre.



Il s'agit d'un roman empreint d'espoir qui parle d'un événement historique marquant dans un texte touchant, avec respect et sans jugement.



 Un très beau livre.



Commenter  J’apprécie          260
La ligne de nage

J'avais vraiment aimé le premier roman lu de Julie Otsuka : Certaines n'avaient jamais vu la mer. J'avais été émue par l'histoire de ces femmes japonaises débarquées aux États-Unis pleines d'espoir et finalement qui connaîtront pour une large partie d'entre elles la désillusion.



Je n'avais pas d'attente particulière pour La ligne de nage, sauf de ne pas retrouver le même contexte historique ou géopolitique, histoire de changer un peu. J'ai lu La ligne de nage et j'ai été happée, scotchée, et touchée (- coulée).

La ligne de nage débute par une série de portraits d'habitués d'une piscine : là où certains écrivains s'épanchent sur untel ou untel, Julie Otsuka fait le choix du groupe et identifie davantage les habitudes que les personnes. De cette exploration sociale, on retient surtout que ce haut lieu d'évasion et d'éveil sportif sert aussi à poser tout le monde sur un même pied d'égalité, à diminuer les effets esthétiques de l'apparence, à limiter le paraître et à valoriser davantage l'être dans les conversations de bassin et les communications à autrui. Parce que dans l'eau, tout le monde flotte, les bourrelets ne se voient pas ou peu, parce que les corps bougent et se mouvent au diapason, parce que l'eau ne distingue pas les catégorises sociales (contrairement souvent à l'habillement ou au matériel employé type smartphone, sac, montre), parce que dans l'eau on oublie tout et on se concentre sur l'essentiel : à savoir bien respirer, essentiel pour mieux nager, pour faciliter les mouvements de bras et de pieds, et pour se ménager physiquement.



Sur toute une première partie, Julie Otsuka nous parle des rituels de chacun, perturbés par les pauses liées au nettoyage de la piscine ou les vacances, pauses vécues souvent comme des abandons. Et puis, il y a le choix de l'autrice d'une fissure qui achève de briser le collectif pour explorer une individualité ; d'une bascule vers une intimité, la plus fragile, celle qui oublie, celle pour qui ne plus avoir un rituel de piscine est une autre perte, et là l'autrice explore les liens de famille, de mère à fille, de fille à mère.



La ligne de nage est un très beau roman, écrit avec délicatesse et sensibilité, d'une autrice qui contemple notre monde et notre humanité. Si certains auteurs écrivent des essais ou des articles de journaux pour servir et décrire leurs observations de nos vies, de notre quotidien, Julie Otsuka a choisi la forme du roman : c'est tout aussi efficace et foncièrement intelligent.



Commenter  J’apprécie          50
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Cette ouvrage est d'une grande profondeur historique. Bouleversant, on se demande comment le monde a pu être si impitoyable ? Le XX ème siècle, n'avait pas de morale et semblait être abject. Le récit est composé de nombreuses répétitions qui nous permettent de vivre, pas uniquement une seule vie, mais une centaine de vie plus ou moins désastreuses.
Commenter  J’apprécie          40
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Challenge plumes féminines 2023 – n°32



J’ai ce roman dans ma pal ebook depuis des années. Je ne suis pas forcément friande de ce genre de lecture mais de temps en temps, je sors de ma zone de confort.



Sacré roman dont le style est épuré à l’extrême avec une infinité de répétition commençant par « nous ». Ce « nous » concerne des jeunes femmes japonaises (entre 11 et 37 ans) vendues par leur famille par le biais de marieuses à des hommes japonais immigrés aux USA. Nous les suivrons ainsi durant leur voyage, les premières heures en Amérique, leurs vies d’épouses, de mères… On découvrira également la vie de leurs enfants qui s’acclimateront mieux qu’elles au pays et aux coutumes américaines… Un court roman sur l’immigration japonaise au début du 20ème siècle et en même temps, un cours d’Histoire sans en avoir l’air avec les anecdotes de ces milliers de japonaises arrachées à leur pays natal. Une question reste néanmoins en suspens à la fin de ce roman : que sont devenus ces milliers de japonais déportés ? (et pour quelle raison?). Étrange histoire dont le style n’est pas toujours agréable car trop redondant mais en même temps, une sacrée leçon d’Histoire sur un peuple hors norme, immigré dans un pays inconnu et à qui on a tout volé jusqu’à leurs noms. Pourquoi ? Par vengeance ? Par jalousie ? Ou simplement parce qu’ils étaient différents ?



Comme vous l’aurez compris, malgré un début un peu long et répétitif, ce roman a été une excellente lecture sur un pan de notre Histoire méconnue des livres d’histoire. Je vous conseille donc très fortement de découvrir ce court roman si vous êtes amateurs de l’histoire japonaise et son immigration passée. En tout cas, c’est un roman qui fait réfléchir sur nos actes en tant qu’humains sur cette planète.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
Commenter  J’apprécie          250
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Une page de l'histoire des États-unis dont je ne savais rien : la vie de paysannes Japonaises au début du XXieme siècle, venues épouser des hommes, en plein rêve américain. Des vies de misère, de solitude, de faux espoirs, dont les témoignages se répondent de phrase en phrase, faisant toute la force de ce roman : donner de la voix à celles, anonymes, qui n'en ont jamais eu. Original et très beau !
Commenter  J’apprécie          91
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Avant la Deuxième Guerre mondiale, bon nombre de Japonaises ont délaissé leur campagne puis sont venues aux États-Unis en nourrissant l'espoir de trouver une vie meilleure; un mari bon et fortuné, une belle maison afin d'y élever leurs enfants à naître. Il s'est avéré qu'il ne s'agissait pas tout-à-fait de l'Eldorado escompté mais d'une forme d'escroquerie pour les attirer en Occident. Ces futurs maris qui envoyaient des lettres passionnées et des photos trompeuses exagéraient les faits, embellissaient la réalité et la plupart des femmes ont rencontré sinon un destin aussi pauvre que celui qui les attendaient déjà au Japon, souvent pire. Sans le sou après la traversée, elles n'avaient plus les moyens de rentrer et furent contraintes de travailler dur aux champs, à bas coût, dans des conditions déplorables, dans un pays qui de toute façon ne leur souhaitait pas tellement la bienvenue. Désenchantées, on y lit leurs rêves fracassés.



"Certaines n'avaient jamais vu la mer" est un livre touchant parce que malgré tous les travers, il démontre de façon très belle ce que ces femmes ont vécu, depuis leur départ sur le bateau jusqu'à leur quasi effacement...Ce qu'elles ont ressenti, comment s'est passé leur intégration, leur manière de percevoir les occidentaux, tout comme celle des occidentaux de les regarder elles, de les considérer, de les traiter, surtout. Parfois avec bonté, aussi, car tout n'est jamais ni totalement noir ni totalement blanc.



"Nous avons accouché dans des petites bourgades où aucun médecin n'acceptait de nous assister, et nous avons dû nous débrouiller nous-mêmes avec le placenta. (...) Nous avons accouché dans des villages où il y avait un seul médecin, trop cher pour nous. Nous avons accouché avec l'aide du Dr Ringwalt, qui a refusé que nous le payions."



C'était la première fois, je crois, que je lisais un texte écrit à la première personne du pluriel ! Au début, cela m'a paru un peu bizarre mais on s'y fait vite. De long en large, l'histoire est tellement bien racontée, d'un style lyrique magnifique, tout est dans la manière de dire les choses. Sans dialogue aucun, l'enchaînement des paragraphes est construit tel une chanson: couplets, refrains...



J'ai adhéré immédiatement à ce récit fascinant qui parle au "nous" sans jamais cibler une seule personne mais englober "tous ceux qui sont arrivés" à un moment ou à un autre. C'est l'histoire de mille noms, mille vies, mille situations. Fois mille. Ce "nous" est rassembleur, puissant, les unit, les rend plus forts. On y voit un tout. Et on y ressent ainsi une absence de solitude. C'est un sentiment bien spécial qui se dégage de ce texte !



Bien que l'on perçoive la déception, la misère, l'injustice et la tristesse de ce qu'elles ont vécu, le ton n'est pas plaintif. Il ne fait que raconter franchement, sans nous épargner les images. Et malgré cela, on réussit à trouver une parcelle de lumière à travers les lignes, un récit enrichissant bien structuré dans le temps et dans le contexte, un récit qui passe vite mais qui dit tout de façon éclairante.



J'ai appris énormément sur un aspect que je connaissais bien peu; concernant ces émigrés japonais, hommes ou femmes, enfants comme vieillards, et comment ils ont été graduellement reniés, repoussés, surtout après l'attaque de Pearl Harbor...puis carrément oubliés. J'ignorais qu'ils avaient été mis de côté à ce point et vécu autant de préjugés.



"Du jour au lendemain, nos voisins se sont mis à nous regarder différemment. Peut-être était-ce la petite fille un peu plus loin sur la route qui ne nous faisait plus signe depuis la fenêtre de la ferme. Ou ce vieux client qui soudain disparaissait de notre restaurant, de notre boutique. (...) Nous n'étions pas préparées à cela. À nous retrouver soudain à la place de l'ennemi."



Ce livre est à découvrir absolument, tant pour la richesse de son histoire que pour celle de ses mots. Julie Otsuka, vous m'avez émue et émerveillée à la fois !



CHALLENGE PLUMES FÉMININES 2023













Commenter  J’apprécie          4010
Certaines n'avaient jamais vu la mer

De jeunes japonaises prennent le large pour un nouveau départ en Amérique.

Un chœur de mille voix anonymes raconte le quotidien éprouvant, les désillusions, les maris violents, mais aussi les joies, les premiers pas des enfants, la vie malgré tout.

Avant la guerre, le grand vide, l’oubli volontaire de cette population pourtant si précieuse au début du siècle…
Commenter  J’apprécie          30
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Au début du vingtième siècle, de très jeunes Japonaises ont décidé de rejoindre les États-Unis, pétries de rêves et d'une foule d'espoirs. Promise à des compatriotes qu'elles n'avaient vus que sur des photos, elles vont dès leur arrivée rapidement déchanter...



Dès les premiers mots, j'ai été totalement embarquée par le destin de ces femmes flouées qui ont travaillé comme des forçats. Elles sont restées dignes, humbles et courageuses, en dépit des épreuves et des humiliations.



Malgré leurs histoires singulières, le choix de narration exprime et engage la voix du groupe. Elle raconte les désillusions, la résignation, la honte et le secret. On parle ici de perte d'identité, de valeurs, de transmission, de quête de sens. On les suit dans les champs, comme servantes chez les Blancs, dans les camps après les événements de Pearl Harbor.



Ce récit témoigne de souffrances mais également de force et de convictions. L'auteure, issue de la troisième génération de ces femmes, témoigne de leur histoire commune, pour ne pas oublier. Elle leur rend ici un bel hommage vibrant et circonstancié.



Un travail de mémoire et d'imprégnation à conserver. Adapté au théâtre, ce roman a également reçu le prix Fémina étranger 2012.
Lien : https://www.sophiesonge.com/..
Commenter  J’apprécie          80
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Dans ce roman poignant, il n’y a pas d’héroïne mais des voix anonymes aux destins misérables. Le travail harassant, sans repos, les multiples grossesses, les enfants - ceux qui survivent - qui méprisent leurs parents. Et cette tragédie : la déportation. Que faut-il emporter ? Que va-t-on oublier dans la hâte ? Va-t-on pleurer ou partir sans se retourner ?
Commenter  J’apprécie          70
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Des jeunes filles japonaises partent rejoindre leur “maris” en Amérique. Elles rêvent de beaux jeunes hommes riches, négociants en soieries, vivant dans de belles et grandes maisons. Que n’est pas leur déception en se retrouvant mariées à des hommes rustres, vivant dans des granges ou parfois même à la belle étoile au milieu d’un champ. Elles se retrouvent à accomplir la besogne qu'aucun américain n’aurait accepté. Les japonais sont réputés pour être de bons travailleurs qui se nourrissent peu (un bol de riz par jour). De la main d’oeuvre pas chère.



Certaines vont partir en ville accomplir d’autres tâches tout aussi ingrates. Elles vont mettre au monde des enfants, ou pas, elles vont servir d’esclaves et de bonnes, aussi bien à leur mari, que chez des patrons, se prostituant parfois. Jusqu’au jour où arrive la guerre et où il faut qu’elles repartent, rapidement oubliées et remplacées par d’autres immigrés venant d’autres pays.





Malgré le manque de dialogue, c’est un roman fort et puissant, superbement écrit à plusieurs voix, qui nous livre la vie de ces femmes japonaises immigrantes.



Dans chaque chapitre, nous survolons des femmes, qui vivent chacune différemment ce moment de leur vie dans un pays qui leur est inconnu. Cela rend la lecture dynamique et plaisante. 



C’est un bon moment de lecture où j’ai découvert une facette de l’immigration que je ne connaissais pas.



Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Julie Otsuka Voir plus

Quiz Voir plus

l'apothicaire

Comment s'appelle le héros du livre?

Andras Saint-Loup
André Saint-Loup
Andréas Saint-Loup

10 questions
132 lecteurs ont répondu
Thème : L'Apothicaire de Henri LoevenbruckCréer un quiz sur cet auteur

{* *}