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Citations de Karen Blixen (422)


Le vieil indigène au regard clair et le vieil éléphant gris au regard clair se ressemblent, ils se dressent sur cette terre, alourdis par toutes les impressions que le monde autour d’eux a imprimées dans leurs âmes obscures, ils sont des éléphants du paysage. Si l’un deux venait à nous demander, troublé et inquiété par les grands bouleversements qui se sont produits autour d’eux, où il se trouve, nous devrions leur répondre avec Kent : « Dans votre royaume, Sire. »
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Une grande œuvre, mon neveu, alors même qu'elle s'accomplit dans les larmes, et même, hélas ! dans le sang, est une source importante de joies, un trésor pour les générations à venir ; elle est, aux jours d'épreuve et de disette, le pain du peuple.
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Un matin avant le lever du soleil, j'ai été réveillée par un caquetage aigu devant la maison et, en sortant sur la terrasse, j'ai vu quarante et un calaos perchés dans les arbres de la pelouse. [...] Tous les calaos parlaient à la fois avec force animation, mais avec courtoisie, comme une réunion d'héritiers après un enterrement. L'air de l'aube avait la clarté du verre, cette sévère compagnie prenait un bain de fraîcheur et de pureté et, derrière les oiseaux et les arbres, le soleil se levait, telle une boule d'un rouge mat. On se demande alors à quelle journée on peut bien s'attendre après un tel petit matin.
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L'homme est effrayé, au fond, par l'idée du temps. Il ne trouve pas son équilibre par suite de son déplacement incessant entre le passé et le futur.
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J'aimerais habiter seul sur une île déserte, à l'écart du monde. Il n'y a rien dont on puisse languir comme de la mer. La passion de l'homme pour la mer est dépourvue d'égoïsme. Nous ne pouvons ni la cultiver ni boire son eau et, dans son sein, nous mourons. Et pourtant, loin d'elle, nous sentons que quelque chose de notre âme se dessèche en nous et disparaît comme une méduse rejetée sur le sable sec.
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Les Noirs ont pour la grande vitesse que nous éprouvons pour le vacarme. Ils savent jouir de la durée. Jamais l’idée de la réduire ou de tuer le temps ne leur viendra ; plus il leur est donné d’en jouir et plus ils sont satisfaits.
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Tous les calaos, avec beaucoup de pétulance, parlaient à la fois; on eût dit une réunion d'héritiers après un enterrement.
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J'ai possédé une ferme en Afrique au pied du Ngong. La ligne de l'Equateur passait dans les montagnes à vingt-cinq milles au Nord; mais nous étions à deux mille mètres. Au milieu de la journée nous avions l'impression d'être tout près du soleil, alors que les après-midi et les soirées étaient fraîches et les nuits froides.
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Sans m'en rendre bien compte, je savais déjà sur cette pente herbeuse que j'avais atteint le plus haut sommet auquel il me serait jamais donné de parvenir sur cette terre. Créature minuscule dans cet alambic formidable de l'air, de la terre et des herbes mais cependant ne faisant qu'un avec eux. Me doutais-je alors que j'avais atteint aussi le sommet de ma propre vie ? L'espace autour de moi était empreint d'une sorte de solennité douloureuse.
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Au tout début de la saison des pluies, la dernière semaine de mars ou la première d'avril, j'ai entendu le rossignol dans la forêt africaine. Pas le chant dans son entier : quelques notes, les premières mesures d'un concert, une répétition générale ininterrompue puis reprise. On aurait dit que quelqu'un était perché dans un arbre de la forêt ruisselante et accordait un violoncelle minuscule. Mais c'était bien la même mélodie, avec cette même richesse et cette même douceur, qui devait bientôt résonner dans les forêts d'Europe, de la Sicile à Helsingor.
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Un vaste univers de poésie s'est ouvert en moi et m'a laissée pénétrer en lui, ici, et je lui ai donné mon coeur. J'ai plongé mon regard dans celui des lions et j'ai dormi sous la croix du Sud, j'ai vu les grandes plaines être la proie des flammes, (...), j'ai été l'amie de Somali, de Kikuyu, de Masaî...
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Les êtres qui rêvent pendant leur sommeil éprouvent une satisfaction particulière et profonde, inconnue du monde diurne, une forme d’extase assez passive, une légèreté du cœur semblable à celle procurée par du miel sur la langue. Le véritable ravissement du rêve réside dans le sentiment de liberté sans bornes qu’il apporte avec lui. Ce n’est point la liberté du tyran qui impose son bon vouloir au monde, mais celle de l’artiste libéré de la volonté.
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La forêt vierge était une région pleine de mystères. A cheval, on croit pénétrer dans une ancienne tapisserie verte dont certains endroits sont passés ou assombris par l’âge, mais qui a conservé une infinie richesse de nuance de verts. On ne voit aucunement le ciel, mais les rayons du soleil qui traversent les feuillages se posent et jouent de maintes façons en ces lieux. La mousse grise qui pend des arbres comme une longue barbe et les plantes volubiles qui enserrent les troncs et les branches donnent à la forêt un cachet lourd de sens et de secrets.
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Farah et Ismail avaient été marins tous les deux, car les Somalis sont un peuple de navigateurs et, jadis, ils ont été des pirates formidables dans la Mer Rouge.
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Les Européens ne savent plus créer des mythes ; ils vivent de ceux que le passé leur a légués. Mais la pensée des Africains chemine facilement à travers les vieux sentiers perdus.
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{Extrait de correspondance}

Il y a quinze ans, Mlle Philippa, j'ai été désolé à la pensée que votre voix ne remplirait jamais la grande salle de l'Opéra à Paris. Quand je pense aujourd'hui à vous, qui êtes sans doute entourée par une famille joyeuse et aimante, et à moi-même, vieux, célibataire grisonnant oublié par ceux qui m'applaudissaient et m'adoraient jadis, je sais que c'est vous qui avez choisi la meilleure part. Qu'est-ce que la renommée ? Qu'est-ce que la gloire ? La mort nous attend tous, tant que nous sommes.
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— Dans la même rue que ma maison, dit-il, un soir qu'ils étaient assis ensemble sur le canapé devant le poêle, il y avait un vieil hôtel meublé, où les gens qui avaient peu d'argent pouvaient dormir dans les lits ; mais les autres étaient obligés de rester debout, et dormaient une corde sous les bras. Une nuit, cet hôtel a pris feu et a entièrement brûlé. Les gens qui étaient au lit ont eu bien de la peine à mettre leurs pantalons ; mais, oh maman ! ceux qui étaient debout pour dormir, ont été les chanceux ; ils étaient vite dehors. Un homme a fait une chanson de cette histoire.
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Les perles sont elles-mêmes des objets mystérieux, et qui appellent l'aventure. Si vous suivez la carrière d'une seule perle, vous y trouverez la matière d'une centaine de contes. Et les perles sont semblables aux héroïnes des poètes: La maladie se transforme chez elle en beauté. Elles sont à la fois transparentes et opaques. Les secrets des abîmes sont apportés à la lumière du jour pour plaire à des jeunes femmes, qui reconnaîtront en eux les plus profonds secrets de leur propre coeur.
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Il y avait dans leur intimité secrète une infinie douceur. L'aimer, songea-t-il, c'était pour lui comme se laver le visage et les mains ou comme plonger dans une rivière claire et au débit régulier dont l'eau se renouvelait sans cesse, et il était juste que son chemin vers la rivière et l'endroit même de son bain fussent dérobés au monde entier.
A l'intérieur de la maison, dans la longue bibliothèque, la lumière du crépuscule filtrait à travers les fenêtres comme la lumière de l'après-midi avait filtré à travers la cime des arbres pour atteindre l'endroit où ils s'étaient assis ensemble. Les vieux parquets de chêne brillaient dans cette lumière comme de sombres troncs dans la forêt, les cadres dorés des portraits, les couleurs de la soie et du velours devenaient vivants et lumineux comme des branches d'arbres, des feuillages et des mousses. Ce profond éclat du jour finissant, c'était son sourire tremblant au moment de leur séparation, sa compassion et la promesse d'une nouvelle rencontre.
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Mais je n'avais pas encore vécu assez longtemps parmi eux pour apprendre leur silence absolu, ce qui arrive à certains Européens qui passent des décennies seuls au milieu des indigènes. J'étais jeune, et il me fallait concentrer mes forces sur quelque chose pour vivre, si je ne voulais pas être emportée par la poussière qui tourbillonnait sur les routes, ou par la fumée qui s'amoncelait sur la plaine. Le soir, je me mis à écrire des histoires et des contes qui entraînaient mes pensées au loin, vers d'autres contrées et d'autres époques.
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