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Citations de Karen Blixen (421)


L’affection particulière et immédiate que les indigènes éprouvaient à l’égard de Berkeley et de Denys et de quelques autres personnes de même nature, me fit me demander si les Blancs du passé – de n’importe quel passé – n’auraient pas mieux compris les races de couleur que nous, en notre âge de la mécanique. Quand la première machine à vapeur a été mise ne marche, les chemins des différentes races se sont séparés et ne se sont jamais rejoints depuis.
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- [...] Dieu ne crée pas la nostalgie ou l'espoir, sans qu'une réalité ne réponde à cette nostalgie ou à cet espoir.
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Les êtres qui rêvent pendant leur sommeil éprouvent une satisfaction particulière et profonde, inconnue du monde diurne, une forme d'extase assez passive, une légèreté du coeur semblable à celle procurée par du miel sur la langue. Le véritable ravissement du rêve réside dans le sentiment de liberté sans bornes qu'il apporte avec lui. Ce n'est point la liberté du tyran qui impose son bon vouloir au monde, mais celle de l'artiste libéré de la volonté. Ce n'est pas le sujet du rêve qui donne ce bonheur distinct, mais le fait que, dans le rêve, tout se passe sans le moindre effort, sans hâte ni rupture. De vastes panoramas se forment d'eux-mêmes, de larges perspectives s'ouvrent avec des nuances riches et fines, avec des voies et des maisons inconnues et insoupçonnées. Des étrangers vont et viennent, mais ne sont ni amis ni ennemis, et celui qui les rêve ne leur a jamais fait de mal, ni de bien. La fuite et la poursuite reviennent sans cesse dans les rêves, sources d'enchantement. Chacun y va de ses paroles, les plus profondes et les plus spirituelles. Il est vrai qu'au réveil elles nous paraissent fanées et dépourvues de sens, parce qu'elles appartiennent à une autre dimension. Cependant, la nuit suivante, dès que l'on s'endort, le courant est rétabli et leur excellence renouvelée. Ainsi, celui qui rêve sent la liberté qui l'entoure et l'habite comme une lumière et un air des sommets, un bonheur surnaturel. Le rêveur est l'élu, une personne comblée qui n'a pas à intervenir dans ce qui arrive, tout lui apporte richesse et plaisir. Il prend part à une grande bataille, une battue ou un bal, et, au milieu de cela, se demande pourquoi il reçoit tant de faveurs en restant toujours allongé. Quand vous commencez à perdre ce sentiment de liberté, quand la nécessité fait irruption dans le monde du rêve - quand pointe une exigence de hâte et d'effort, que ce soit une lettre à écrire ou un train à prendre, quand il faut se donner de la peine pour faire galoper les destriers du rêve ou éviter qu'ils ne fassent long feu - alors vos rêves sont sur le point de s'achever et de se muer en cauchemar, une forme de rêve vulgaire et mauvaise.
Ce qui, dans le monde éveillé, ressemble le plus aux rêves, ce sont les nuits dans une métropole où nul ne vous connaît, et les nuits africaines. Là aussi, on retrouve cette liberté infinie. Il se passe toujours quelque chose d'important non loin, des destins se tracent, des tumultes nous environnent, sans que cela vienne à nous toucher.
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Nous autres, Blancs, lorsque nous entrons en contact avec la population de l'ancien continent, nous oublions qu'elle a un passé que nous ignorons ; nous refusons de reconnaître qu'elle a existé avant notre rencontre.
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Quand je songe à ma vie passée en Afrique, il me semble qu'on pourrait la décrire comme une vie humaine, la vie d'un être qui a quitté un monde assourdissant et inquiet pour une terre paisible.
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Dans une société restreinte, où il se passe peu de choses, on bavarde beaucoup en général ; et les fiançailles constituent un sujet de conversation et de discussion rêvé. Plus on s'intéresse aux jeunes gens qui sont sur le point de se fiancer, plus les conversations sont vives et animées.
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Les rats aiment les hommes plus que les hommes ne les aiment, car ils nous croient bons, et même délicieux à manger.
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J’ai maintes fois vu des girafes arpenter la plaine, avec leur grâce incomparable, quasi végétative, comme s’il ne s’agissait pas d’un troupeau d’animaux, mais d’une famille de rares fleurs colossales, tachetées et montées sur de hautes tiges.
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J'emballai tous mes livres. Les caisses me servaient de sièges. Les livres jouent dans une colonie un tout autre rôle qu'en Europe. Ils montent seuls la garde de notre passé. Aussi n'est-il pas étonnant que nous éprouvions pour eux une reconnaissance ou des rancunes accrues.

Les personnages d'un roman vous escortent quand votre cheval galope dans la plaine. Ils se promènent avec vous dans les champs de maïs. Comme les soldats débrouillards dénichent le bon cantonnement, ils trouvent seuls le lieu qui leur convient.

Les livres nouveaux que l'on nous envoie ont un accident insolite qui, parfois, nous détourne d'eux, mais nous avons la surprise de voir surgir leurs personnages au milieu des shambas.

Ceux de mes livres préférés étaient depuis longtemps des hôtes attitrés, familiarisés avec tous les recoins de la ferme.

Les personnages de Walter Scott se sentaient chez eux entre nos horizons et je les rencontraient à tout bout de champ, de même qu'Ulysse et ses compagnons et chose plus curieuse, les héros et les héroïnes de Racine visitaient la ferme.

Le Petit Poucet avait franchi nos montagnes avec ses bottes de sept lieues.

Certains compagnons de mon enfance, comme le clown Aghib et l'abeille à miel avaient élu domicile près du fleuve.

Quand je chassais dans la plaine, je rencontrais parfois un vieux berger danois avec sa flûte, au milieu du troupeau des Massaïs.

Et la vieille sorcière experte en sortilèges habitait la boucle du fleuve.

132 – [p. 307]
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Après que j'eus quitté l'Afrique, une lettre de Gustav Mohr m'apporta des nouvelles de la tombe : il s'y passait des faits singuliers.
"Les Masaïs, m'écrivait Mohr, ont signalé au chef du district qu'ils avaient à plusieurs reprises aperçu des lions au lever et au coucher du soleil sur la tombe de Finch Hatton.
"C'est un lion et une lionne qui restent parfois longtemps couchés sur la tombe.
"Quelques Indiens, conducteurs de camions, qui se rendaient à Kajado, ont également vu les lions. depuis votre départ, le terrain a été aplani autour de la tombe, c'est devenu une sorte de terrasse. Sans doute les lions aiment-ils venir, de là, surveiller le bétail et le gibier dans la plaine."
Il me paraît normal que les lions soient venus sur la tombe de Denys et qu'ils aient ainsi composé pour sa gloire un monument africain. (...)
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Dans le monde entier, un seul cri monte au cœur de l'artiste : "Permettez-moi de me surpasser !"
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Le garçon remplit à nouveau les verres. Mais, cette fois-ci les frères et les sœurs furent certains que ce qui leur était servi ne pouvait être du vin, car cette boisson pétillait. Cela devait être une sorte de limonade. Cette limonade s'harmonisait avec leurs esprits enjoués et exaltés, c'était comme si elle les emportait encore plus loin de la terre, vers une sphère plus pure. Le général Löwenhielm reposa son verre et s'adressa à son voisin de gauche : "Mais enfin, voici assurément du Veuve Cliquot 1860 !"
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«L'homme, mes amis, a la vue courte. Nous savons bien que la grâce se trouve partout dans l'univers. Mais, dans notre étroitesse de vue si humaine, nous nous imaginons que la grâce divine est limité. Nous tremblons...»
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C'est là, sur le toit de l'Afrique, que se promenaient, sages et majestueux, les éléphants fournisseurs d'ivoire. Ces grandes bêtes, que leurs pensées paraissaient absorber, ne demandaient que la paix; et n'éprouvaient aucun soupçon des dangers qui les menaçaient. Comment les éléphants auraient-ils prévu qu'ils seraient dépistés, traqués, abattus par les flèches empoisonnées des Wandorobos, ou par les balles des beaux fusils arabes sertis d'argent, quand ils n'étaient pas emprisonnés dans des fosses ou pris aux pièges qu'elles dissimulaient, tout cela parce que Zanzibar attendait leurs longues défenses d'ivoire bruni.
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Un vieil évêque danois, je m'en souviens, me dit un jour qu'il y avait de nombreuse façons d'arriver à la vérité, et que le bourgogne en était une.
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« Un Blanc qui aurait voulu nous complimenter aurait écrit : ‘Je ne vous oublierai jamais.’ Mais un Africain dit : ‘Nous ne te croyons pas capable de jamais nous oublier.’ » (p. 117)
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Elle était vêtue comme l'eût été une écolière de quatre ans sa cadette ; son pantalon, se cheveux flottants la faisaient ressembler à une poupée, et éveillaient dans son entourage la tendresse protectrice inspirée par un grand et merveilleux jouet.
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Adieu, adieu. Je vous souhaite de mourir en route, mais de mourir toutes les deux, pour que l'une de vos nobles petites têtes qui se découpent maintenant par-dessus le bord de la caisse dans le ciel bleu de Mombassa ne se retrouve pas seule, à regarder de droite à gauche, à Hambourg, où nul ne sait rien de l'Afrique. (p.296)
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A cet instant, l'Afrique sembla d'une grandeur infinie, tandis que Denys et moi, au milieu de celle-ci, nous étions infiniment petits. En dehors de notre petit cercle de lumière, il n'y avait rien que la nuit, et dans cette nuit un lion de chaque côté, avec la pluie qui tombait. Lorsque le grand rugissement mourut, plus rien ne bougea. J'abaissai la lampe, le lion gisait là, immobile, la tête sur le côté, comme s'il s'était détourné de nous avec dégoût. Il y avait deux bêtes mortes dans le champ de café, et le silence des ténèbres qui nous enveloppait. C'étaient deux grands lions, jeunes, forts et en bonne condition . Hier, quelque part dans les montagnes ou dans la plaine, les deux compère s'étaient mis en route, la tête pleine d'aventures, et ce soir, ils avaient trouvé la mort ensemble.
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Il a des idées singulières concernant la comédie, votre Vieux ! opina Virginie. Dans une comédie les acteurs simulent certains actes; ils se tuent les uns les autres, ou ils meurent, ou ils couchent avec leur maîtresse; mais, en réalité, ils n’accomplissent rien de tel. Votre patron ressemble à l’empereur Néron de Rome, qui pour s’amuser faisait dévorer ses sujets par des lions. Mais depuis lors, ces agissements n’ont pas été répétés, et beaucoup de temps a passé depuis l’époque où Vivait Néron.
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