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Critiques de Karl Marlantes (52)
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Faire bientôt éclater la terre

Dans les dernières années du XIXe siècle et au tout début du XXe, Ilmari, Matti et Aino Koski quittent leur Finlande natale et immigrent séparément en Amérique. La Finlande est alors sous domination russe, et la brutalité de la répression contre la moindre contestation a entraîné la disparition de leur père. Un à un, pour fuir la pauvreté et les persécutions tsaristes, les deux frères et la sœur vont s’embarquer l’un après l’autre pour les États-Unis, et s’installer dans l’état de Washington. Ils rejoignent nombre d’immigrants des pays scandinaves venus travailler dans les métiers du bois ou de la pêche, et ce, dans des conditions à peine imaginables aujourd’hui. On suivra la fratrie pendant quarante ans (1893-1932), mais la farouche activiste « rouge » Aino tient assurément la première place dans ce roman.

***

J’ai commencé Faire bientôt éclater la terre avec une légère inquiétude à cause de la liste de noms présentée au début. S’il y a effectivement beaucoup de personnages dans ce long récit, je n’ai pas éprouvé de difficulté à m’y retrouver. J’ai apprécié que la liste donne des indications de prononciation sur les noms et prénoms. Le premier des 5 prologues est glaçant, et on comprend tout de suite que le terrible événement qui y est relaté va influer sur tout le reste du roman. D’ailleurs, chacun des prologues des 5 parties revêt une importance particulière et oriente la lecture. Mon total enthousiasme après la lecture des 200 premières pages s’est trouvé tempéré par la très grande quantité de détails techniques et didactiques sur la coupe des arbres gigantesques de la forêt primaire comme sur les balbutiements du syndicalisme et son évolution, détails qui peuvent être répétitifs. Mais les personnages que l’on côtoie m’ont sincèrement passionnée. Ilmari réussit presque toujours à concilier son mysticisme et son esprit pratique, alors que Matti se comporte souvent comme une tête brûlée, trop prompt à sortir son suukko (couteau finlandais multifonctions). Aino se révèle plus difficile à cerner : excessive, parfois infantile, têtue, curieuse, elle peut passer d’un solide égoïsme à un total altruisme. Grâce à eux, Karl Marlantes nous entraîne dans une aventure extraordinaire, avec des personnages fouillés, aux caractères différents voire antagonistes, aux buts et aux espoirs divers, dont le parcours lui permet de retracer certains pans de l’Histoire américaine pour notre plus grand plaisir.

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Partir à la guerre

Dans cet essai, Marlantes nous met à la place du combattant, le guerrier comme il le nomme, avant mais surtout pendant et après l'action. Sa guerre est celle du vietman vécue du côté américain, mais son ressenti et son analyse se transposent dans tous les conflits et nations actuels. Les thèmes de l'action de tuer, la culpabilité, la loyauté, le mensonge, la part sauvage, le stress post-traumatique, entre autres sont abordés avec une grande honnêteté et quarante années de recul depuis sont retour au pays.

Ce témoignage d'une grande justesse est captivant et précieux car malheureusement rare.

Vous envisagez de vous engager, lisez ce livre !

Vous ne voulez pas porter les armes, lisez ce livre !! Car cela signifie que quelqu'un l'a fait et/ou le fera pour vous (et ce, quel que soit votre opinion concernant les opérations menées par votre pays). Et la moindre des choses est d'avoir une idée raisonnablement juste de ce que l'on demande à ces hommes et femmes qui partent à la guerre.
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Faire bientôt éclater la terre

Une épopée sur la première moitié du vingtième siècle, dans laquelle on suit l'histoire d'une fratrie de la Finlande aux États-Unis. Les finlandais ne sont pas réputés pour être primesautiers, et ce livre ne montrera pas le contraire.



Aïno, jeune fille dans une Finlande soumise à la domination russe, est attirée par les idées de Karl Marx, pour une société plus juste et des conditions de vie moins précaires, en cela aidée par l'amour qu'elle porte au jeune leader de la section locale des socialistes. Mais, la réaction de l’ordre établi sera terrible : morts, prison, torture et elle fuira en Amérique où elle rejoint ses deux frères sur la côte Ouest, non loin de la Columbia River.

Elle sera là aussi confrontée à la précarité pour les hommes en bas de l'échelle, bucherons ou pécheurs, et fera de sa vie un long combat pour défendre leurs droits, aux dépens de son propre bonheur parfois.



Mon intérêt pour l'histoire s'est montré quelquefois un peu moindre, certaines parties étant trop détaillées (j'avoue ne pas avoir tout compris aux explications techniques sur le travail des bucherons), certaines se répétant un peu. J'ai eu aussi du mal à m'attacher au personnage d'Aïno très idéaliste, faisant passer ses convictions avant le bonheur de ceux qui l'aiment.



Mais ce pavé de plus de 800 pages reste une épopée instructive et passionnante. Elle remet en mémoire la dureté du début du vingtième siècle, pour les travailleurs, ne disposant d'aucune sécurité, travaillant dans des conditions pénibles et dangereuses pour des salaires de misère. Elle décrit aussi comment certains au péril de leur vie se sont battus pour faire progresser les droits des travailleurs, dans un pays qui se voulait libre, mais qui a souvent été dominé par le pouvoir de l'argent.



J'ai aussi apprécié les nombreux personnages qui peuplent ce roman au côté d'Aïno. Beaucoup sont finlandais d'origine, et l'auteur inclut dans son roman un peu de ce pays, par les termes utilisés, par les traits de caractères de ces hommes et femmes, par des allusions à leur mythologie. Les trois membres de la fratrie vont suivre un chemin différent, mais ils resteront tous unis. Il rend aussi hommage par le très beau personnage de Vasutäti, aux indiens, anciens occupants des lieux, à leurs connaissances en matière de médecine et à leur conception de la vie et de la mort.



J'ai aussi aimé la place accordée à la nature, entre mer, rivières et montagnes. L'auteur nous montre aussi comment l'homme va peu à peu domestiquer cette nature, détruire ces forêts majestueuses, fermer les rivières aux migrations des saumons.



Une fresque réussie qui par l'histoire d'une famille et de ses proches nous raconte tout un pan de l'histoire du Nord-Ouest des États-Unis.

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Faire bientôt éclater la terre

Je vais être particulièrement dur : vous prenez un ouvrage historique sur l’abattage des arbres dans les forêts primaires aux États Unis, un sur l’émergence des syndicats auxquels vous ajoutez un manuel de sages femmes, beaucoup de bons sentiments et vous passez tout ceci au mixeur ; vous obtenez un pavé de 850 pages hyper romancé et particulièrement soporifique. Malgré le poids et le prix prohibitif de ce livre il n’ira pas dans ma bibliothèque. Karl Marlantes est sorti de sa zone de confort : la guerre du Vietnam qu’il connaît bien pour se lancer dans un récit comme on n’ose plus en écrire depuis bien longtemps.
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Faire bientôt éclater la terre

Un livre épique, foisonnant, dense, 850 pages, dans une ambiance plutôt sombre mais pas seulement.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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Faire bientôt éclater la terre

J’ai passé une bonne dizaine de jours en compagnie d’une galerie de personnages, d’abord en Finlande puis sur les rives de la Columbia River, entre Oregon et Washington, sur la côté Ouest des Etats-Unis. Je pensais passer plus de temps avec Aino et sa famille, mais j’ai été tellement happée par cette fresque historique que je n’ai pas réussi à la lâcher et j’ai avalé ses presque 800 pages en à peine plus d’une semaine !

Aino est née en Finlande à un moment où la conscience d’être une nation en est encore à ses balbutiements mais où la présence russe fait beaucoup pour catalyser le processus. Aino grandit en Finlande alors que les idées communistes s’y répandent. Patriotisme, socialisme… Toutes ces idées en -isme seront la cause de son émigration aux Etats-Unis, ainsi que de celle de ses deux frères, Ilmari et Matti.

C’est le long de la Columbia River que s’écrivent dorénavant leurs vies, dans les premiers jours du nouveau siècle, le XXème, alors que cette partie du pays s’ouvre tout juste à l’appétit des hommes et à leur industrie. Au cours des deux ou trois décennies qui suivent, on assiste à la croissance de l’industrie du bûcheronnage et de la scierie, aux avancées techniques et à la croissance des villes qui accompagnent l’essor économique. Même si je ne connais rien au bûcheronnage et que les descriptions des machines et des techniques me sont parfois restées obscures, la description de cette industrie et de ses acteurs, grandes firmes et petits indépendants, banquiers véreux et tenanciers de lieux de perdition rôdant autour.

Mais le livre n’est pas que cela, c’est aussi une chronique des affrontements entre salariés et patrons au cours de ces décennies, les luttes, souvent violentes et les affrontements pour obtenir des conditions de travail un tant soit peu décentes : des salaires un peu meilleurs, mais aussi des heures fixes, des normes de sécurité qui évitent les nombreux accidents qui tuent ou laissent des hommes invalides à une fréquence difficile à imaginer, ou tout simplement de la paille fraîche une fois par semaine pour les lits. Cette histoire était inconnue de moi, même si j’avais déjà croisé l’IWW (Industrial Workers of the World, les Wobblies) dans une nouvelle de Jack London, [Le Mexicain], pas plus tard qu’il y a quelques mois, et j’ai trouvé le compte-rendu de cette lutte passionnante, cette poussée entre communisme et syndicalisme dans un pays foncièrement capitaliste et individualiste. La litanie des grèves et des répressions est peut-être un peu trop exhaustive à mon goût, d’autant qu’on sort du cadre initial de l’histoire en s’aventurant dans d’autres secteurs et d’autres zones géographiques, mais ce sera le seul reproche que je pourrais faire à ce livre.

Et puis il y a aussi cette galerie de personnages, car ce livre n’est pas juste un prétexte pour nous faire découvrir un pan de l’histoire de la construction des Etats-Unis comme puissance industrielle. C’est aussi l’histoire de sa construction comme nation. Car au fil des années qui passent, les personnages évoluent. Certains sont nés aux Etats-Unis, d’autres arrivés très jeunes, d’autres arrivés alors qu’ils étaient déjà adultes. Cela détermine leur rapport initial au pays et aux langues qu’ils parlent, mais ensuite, chacun suit sa trajectoire. Et l’on voit peu à peu l’américanisation se faire, avec la langue qui est parlée à la maison, le nom donné aux plats traditionnels qui change, le 4 juillet qui est fêté pour la première fois (sans que ni les personnages ni l’auteur ne notent la signification de ce moment qui me semble pourtant un point de bascule important). On voit ceux qui, comme Aino, ont fui leur pays à cause de leurs idéaux et les ont clairement emmenés dans leurs (maigres) bagages, on voit ceux qui identifient très vite les potentialités de ce pays non encore abouti et qui sont capables d’en tirer le meilleur parti. Cette évolution des personnages est, sans que l’auteur semble y toucher, une passionnante description du processus d’émigration et d’assimilation, entre rivalités entre communautés et mouvances des allégeances.



Et à cela il faut ajouter les descriptions du paysage, des saisons qui passent, des pluies incessantes, et l’on a le merveilleux décor d’une saga au souffle épique, car Karl Marlantes l’explique dans une note à la fin du livre (une note qui pourrait être placée au début car il me semble que la lire avant de se lancer dans ce roman enrichirait la lecture), ce livre est plus qu’un simple roman historique. C’est le roman de ses ancêtres, car il est issu de ces Scandinaves qui se sont faits bûcherons, troquant leurs hivers de neige et leur végétation rase pour des étés pluvieux et des arbres dont la circonférence peut faire plusieurs dizaines de mètres. C’est aussi un roman qui, il le suggère, reprend la trame du Kalevala, la grande épopée mythologique finlandaise. Cela explique peut-être les décisions de certains personnages, que je n’ai pas toujours trouvées cohérentes, mais qui étaient nécessaires pour coller à la trame choisie, en tout cas cela donne une profondeur supplémentaire à cette œuvre. Et on n’est pas à un paradoxe près que de compter l’assimilation aux Etats-Unis en suivant la trame d’un chant finlandais.

Ce roman avait tout pour me plaire au vu de mes goûts littéraires, mais c’est plus que cela. Cette lecture m’a véritablement emportée, j’ai découvert beaucoup de choses, vu des arbres aux dimensions que je ne soupçonnais pas, j’ai senti la pluie sur mon visage, entendu le Kantele, vu la détermination des grévistes et celle de leurs opposants, et je ne suis pas encore tout à fait revenue de ma lecture.



Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy de m’avoir permis de découvrir ce livre, via netgalley.
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Faire bientôt éclater la terre

Je n'étais pas loin du coup de coeur jusqu'aux 74% de la lecture !



Même romancé, ce livre aborde des pans de l'Histoire mondiale du début 20ème avec l'installation en masse d'immigrés finlandais dans le nord-ouest des Etats-Unis fuyant la domination et la répression de la Russie blanche !



Nous suivons la vie d'une fratrie au pays des bûcherons qui enrichissent les propriétaires des abattages à grande échelle. La plus jeune, Aino, est politiquement engagée et une défenseuse ardue du communisme russe. Elle va passer sa vie à militer et à tenter de faire évoluer un syndicat unique l'IWW (Industrial Workers of the World).



Les travailleurs sont sous-payés, logés pire que des cochons et les tentatives pour faire évoluer leurs conditions sont réprimées dans le sang.



Karl Marlantes déroule l'histoire américaine et son évolution sur le dos d'une masse indiscernable de travailleurs, pas toujours assimilés ! En parallèle, la famille Koski poursuit son adaptation au fil des ans.



Très captivant et très intéressant, j'avais du mal à sortir de cette histoire jusqu'à ce que l'auteur s'étende longuement sur les états d'âme et l'attitude encore plus détestable que d'habitude d'Aino ! Avoir consacré autant de pages à ce personnage absolument pas sympathique m'a démotivée et déséquilibré le roman qui jusque-là ne l'était pas !



Il m'a fallu quelques jours pour m'y replonger, difficilement, mais la suite a quand fait remonter mon plaisir ! Je pense que si ça n'avait pas été un livre offert par l'éditeur je n'aurais pas pris la peine de le finir.



#Fairebientôtéclaterlaterre #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022



Challenge ABC 2022/2023

Challenge Pavés 2022

Lecture Thématique Octobre 2022 : le verbe haut
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Faire bientôt éclater la terre

A la fin des années 1800 en Finlande, Aino, 17 ans et son frère Matti, sont obligés de fuir le vieux pays pour échapper à l'oppression politique. Ils embarquent pour les Etats-Unis, sur la côte Est près d'Astoria, où leur frère Ilmari s'est déjà installé depuis quelques années.

Si Ilmari cultive sa terre et travaille à la forge, Matti et Aino vont trouver du travail à la Reder Company, une colonie de bucherons. L'abattage du bois est une filière en pleine expansion mais dangereuse. Aino, qui a connu une période difficile en Finlande pour ses idées communistes, décide de monter un syndicat pour améliorer les conditions des bucherons.

Au delà de ses quelques lignes, j'ai beaucoup de mal à résumer l'histoire tellement elle est dense. On entre entièrement dans l'histoire de cette fratrie et de cette époque d'abondance, où les hommes n'ont pas conscience d'abattre les richesses de la forêt. Ilmari et Matti sont des personnages très attachants. Ils 'ont pas la même envie. Ilmari cherche son accomplissement dans la spiritualité, au sens large, et Matti lui cherche à devenir riche en travaillant et en ayant sa propre entreprise. Chacun va aussi fonder sa propre famille et le couple de Matti est vraiment très beau.

L'éhroïne principale de ce livre reste Aino. Elle peut parfois être énervante pour le lecteur, tellement elle est entière dans son combat syndical. Elle sacrifiera ceux qu'elle aime et qui l'aime pour sa cause et c'est parfois très énervant, pourtant elle reste un très beau personnage, très fort, très attachant.

J'ai appris beaucoup de choses sur les premiers syndicats aux Etats-Unis avec ce livre et j'ai beaucoup apprécié cet aspect.

Merci à Netgalley et Calmann Levy pour cette très belle lecture.
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Faire bientôt éclater la terre

‶La manière de gagner de l’argent importait moins que le fait d’en gagner. ″

″Si les travailleurs obtenaient leur juste part des richesses qu’ils créent, il y aurait tout ce qu’il faut pour tout le monde. Le voilà le rêve de l’IWW. ‶ (Industrial Workers of the World ou IWW est un syndicat international fondé aux États-Unis en 1905 dont le siège actuel se trouve à Chicago. À son apogée, en 1923, l'organisation comptait environ 100 000 membres actifs.)



L’histoire se déroule sur une cinquantaine d’année, de fin du 19ème siècle dans une Finlande rurale, sous la coupe du grand voisin russe. La population a faim, et vit sous la répression, alors que frémissent les mouvements révolutionnaires de résistance à l’oppression, et en même temps les idées communistes.

C’est ainsi que nous faisons connaissance avec la famille Koski, et en particulier Ilmari, Aino (la cadette) et Matti.

La fratrie quitte le pays pour aller s’installer entre l’état de Washington et celui d’Oregon, sur les rives de la Columbia River ; deux états réputés pour leurs forêts, et l’essor de l’exploitation du bois. Ils retrouvent sur place d’autres membres de la diaspora finlandaise, avec lesquels ils vont s’établir, se mélanger au gré des aléas économiques et professionnels.

Aino, est un personnage central de cette épopée à la fois historique et sociale, traversant le siècle et les luttes syndicales dans un pays en plein essor économique et pas vraiment concerné par le mouvement ouvrier.

Aino, a été très tôt sensibilisée par les inégalités, la précarité ouvrière, et toute sa vie sera consacrée à la lutte pour l’amélioration des conditions de travail, et de rémunération, dans tous les secteurs économiques qu’elle sera amenée à connaître. Elle prend tous les risques, sacrifie jusqu’à sa vie privée et familiale. C’est viscéral, elle ne peut admettre que les uns puissent s’enrichir quand d’autres n’ont pas de quoi manger ou soigner leurs enfants. Toute sa vie elle sera ″ une rouge‶ parmi les blancs, une politiquement incorrecte au pays du capitalisme, une ennemie, voir une traitre.

Ce roman est une fresque de 850 pages dans laquelle le lecteur vit au cœur de cette diaspora que l’on voit évoluer, souffrir devenir parents, s’insérer avec plus ou moins de difficultés au sein d’une société qui ne veut pas forcement d’eux si ce n’est pour la puissance de leurs bras. Et si de temps à autre, quelques longueurs viennent ponctuer cet ouvrage, ce dernier n’en demeure pas moins un très bon cru parce qu’il porte un regard un peu différent, moins triomphant, et donc plus réaliste sur un pays en construction. Parmi les nombreux personnages, certains occupent une place prééminente, et sont parfaitement campés ; néanmoins les autres n’en ont pas été oubliés pour autant.


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Faire bientôt éclater la terre

Inspiré par l'épopée de ses ancêtres, l'Américain Karl Marlantes publie l'histoire fleuve d'une fratrie finlandaise émigrée sur la côte ouest des États-Unis.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Faire bientôt éclater la terre

Certes souvent trop détaillé, ce roman emporte malgré tout dans les coulisses de l'Histoire grâce à une fratrie attachante et vibrante de vie. Les Koski, Finlandais émigrés dans les forêts du Washington, avancent pas à pas sur les pages de l'Histoire, leurs tribulations personnelles et leurs regrets se mariant aux tourments de la Terre et à ceux de la société, déchirée par la lutte contre le capitalisme et bientôt par la Guerre outre-Atlantique (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/09/21/faire-bientot-eclater-la-terre-karl-marlantes/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Faire bientôt éclater la terre

De la Finlande aux États-Unis, cette épopée familiale nous fait parcourir la presque totalité du vingtième siècle, en compagnie d’Aïno dont l’obstination et la ferveur d’un militantisme absolu façonneront le destin.



Dès son adolescence, Aïno est fascinée par la conception socialiste de la société, dans sa volonté d’en finir avec les inégalités flagrantes, et la précarité de ceux qui constituent la base de la pyramide. Elle est d’autant plus séduite que le charisme de son mentor ne la laisse pas indifférente, Mais au début du 20è siècle, les contestataires sont vite repérés, les emprisonnements et la torture tiennent lieu de négociation. A la suite de son frère, Aïno devra fuir son pays.





Dans l’Oregon, l’exploitation de la forêt est juteuse pour les propriétaires, mais beaucoup moins enthousiasmante pour les bucherons , payés une misère et exposés à la mort ou au handicap étant donné leurs conditions de travail. Il n’en faut pas plus à Aïno pour reprendre son activité de militante, dans un pays où la liberté d’expression est constitutionnelle mais expose à de gros problèmes.



La jeune femme ne lâche rien, même si sa propre sécurité ou son bonheur sont en jeu. La priorité est la justice sociale. On suivra son parcours et celui de ses proches jusque dans les années soixante.



Le roman est passionnant, même s’il est un peu long (pavé de 600 pages). On s’attache à ce personnage hors norme, qui suscite tour à tour l’admiration puis l’agacement quand elle fait preuve d’une obstination délétère. On apprend beaucoup sur le syndicalisme aux États-Unis et sur les conditions de vie des travailleurs, appartenant le plus souvent à des minorités. On découvre les coutumes et les moeurs de la communauté finlandaise immigrée dans l’Oregon.



A la fois instructive et captivante, un excellent roman.



600 pages Calmann-Levy 17 août 2022

#Fairebientôtéclaterlaterre #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Retour à Matterhorn

La guerre du Viêt Nam décrite à hauteur d’homme dans toute sa brutalité et sa laideur. Le jeune promu lieutenant Mellas sera chargé avec sa compagnie Bravo de conquérir par deux fois une colline au milieu de nulle part . Vous assurer que j’ai bien saisi tous les mouvements des combattants, que je me suis retrouvé dans tous les personnages pour me rappeler qui était blanc, noir, roux et autres serait bien prétentieux de ma part sachant que la traduction n’a certainement pas amélioré les choses . L’auteur sait de quoi il parle et il est dans son monde que le lecteur lambda que je suis n’a heureusement pas connu. Il arrive à nous plonger dans cette ambiance de terreur ou la mort violente peut survenir à chaque instant. Les mécanismes de réflexion des officiers supérieurs sont bien décrits entre désirs de carrière et choix de sacrifices humains. Petit reproche : on approche des mille pages et même si cela se lit très bien l’auteur aurait pu supprimer une bonne centaine de pages . Dans le même genre mais pour la guerre du pacifique « Les nus et les morts » de Norman Mailer reste la référence.
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Faire bientôt éclater la terre

Un pavé, mais personnellement un livre magnifique. Il est rempli, d'aventures, de joies, de peine, d'amour.

Faire bientôt éclater la terre de Karl Marlantes, est une saga familiale captivante, un amour fraternel qui fait rêver.



En Finlande, l'année 1891 sera terrible pour les Koski. Sur six enfants, trois décèdent suite au choléra, la famille est soudée, mais ils furent marqué à vie par cette terrible épreuve.



Ils sont aussi sous le joug de l'armée russe, cette dernière avait tous les droits, même de résider chez l'habitant, il fallait leur fournir le gîte et le couvert, tant pis si il n'y avait plus rien pour la famille.



Six ans plus tard, pour échapper à l'enrôlement de l'armée russe, l'espoir d'un avenir plus radieux, Ilmari, le premier des trois enfants restants, s'installe en Oregon comme bûcheron.

Suivra Matti, pour éviter la prison, suite à une altercation avec un officier russe

Puis la dernière Aino, rejoindra aussi ses frères. Elle a intégré un parti révolutionnaire, s'est fait arrêtée et torturée par la police secrète russe.



L'Amérique, l'eldorado de beaucoup de finlandais et autres immigrants de toutes nationalités.

Ils travaillent très dur pour abattre des arbres immenses, dans des conditions très spartiates, autant du côté sécurité, que des logements et autres.

Ils sont payé une misère, pour un travail gigantesque, de l'aube au coucher du soleil. Ils sont tellement fatigués que des accidents se produisaient assez souvent. C'était travail, repas, travail, repas et au lit, sur des planches recouvertes de paille moisie.



La fratrie plus Aksel, un de leur copain vont trimer toute leur vie pour essayer de s'en sortir.

Ilmari, dans sa ferme, Matti comme bûcheron et Aino, la rebelle qui se battra toujours aux côtés des opprimés, les pauvres, contre les gros propriétaires, au prix de sa vie privée et de sa famille.

Aksel, lui c'est la pêche mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut.



Un livre passionnant sur les scieries, les immenses forêts près de la Deep River, les essences d'arbres magnifiques, la pêche, les rivières à saumon.

Le courage, la force, la culture, et la passion qui anime cette famille est superbe.

Un récit qui commence en 1891, pour finir dans les années 1960.



N'hésitez pas, les 850 pages, vous ne les verrez pas passer.

Bonne lecture
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Faire bientôt éclater la terre

Fuyant la Finlande sous domination russe, les trois enfants de la famille Koski, Ilmari, Matti et Aino migrent dans le Nord-Ouest de l’Amérique à la fin du XIXème siècle.

Karl Marlantes nous raconte, dans ce grand roman, l’histoire de cette fratrie, depuis leur enfance en 1891 jusqu’aux années soixante.

Une superbe fresque historique qui nous fait découvrir le monde des scieries en ce début de XXème siècle et nous plonge dans la vie difficile des bûcherons de cette communauté d’immigrants finlandais et suédois.

La sœur cadette Aino, transporte en Amérique ses idées socialistes venues de sa Finlande natale et s’engage dans le militantisme, participant activement aux débuts du grand syndicat IWW (Industrial Workers of the World). Sur le modèle communiste de la Révolution Russe, elle s’engage dans la création d’une scierie puis d’une conserverie fonctionnant en coopératives.

A une époque où toutes les initiatives sont possibles, le grand frère Ilmari, après avoir été salarié dans des conditions déplorables, crée sa propre entreprise de scierie sur les rives de la Deep River.

Alors que la Première Guerre Mondiale éclate en Europe, Ilmari contribue à l’effort de guerre en fournissant du bois pour la construction des avions et Matti, le plus jeune frère, s’engage dans l’armée américaine prenant fait et cause pour son pays d’adoption.

Une Amérique en devenir, qui se bâtit autour de ses communautés d’immigrants, révélant un peuple entreprenant et multiculturel.

Je suis à la fois admirative de la construction complexe de ce pays fait d’un mélange de tant de populations et de croyances différentes mais également surprise que perdurent de nos jours de récurrentes manifestations d’intolérance.

Un roman passionnant et une plongée vertigineuse dans les immenses forêts de l’Etat de Washington où, du haut de gigantesques troncs de plus de 60 mètres, ou au fil de tumultueuses rivières à saumons, on voit se construire la future société américaine.
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Faire bientôt éclater la terre

Mon premier livre de l’auteur !

Faire bientôt éclater la terre est un roman chargé d’histoire, un roman d’aventure et de destin, où se mêlent amours, drames, engagements et détermination.

L’histoire débute en Finlande à la fin du 19ème siècle, et se poursuit dans l’Oregon durant la 1ère partie du 20ème siècle.

On va suivre ici le destin de trois jeunes finlandais, trois frères et sœur soudés et aux personnalités bien différentes.

En 1893, Ilmari, l’aîné, a émigré aux Etats-Unis où il est devenu propriétaire d’une parcelle de terre sur laquelle il a construit une ferme.

Pendant ce temps là, sa sœur Aino, découvre le communisme et apprend le métier de sage femme aux côtés de sa mère.

Quant à leur frère, Matti, il aide aux travaux de la ferme de son père avec ingéniosité.

La vie est dure dans cette Finlande envahie par les russes, où la famine guette et où le loyer devient de plus en plus difficile à payer.

Deux drames successifs obligent Matti, puis Aino à partir vers l’Oregon, pour un nouveau départ.

Aux Etats-Unis, ils retrouvent le sage Ilmari qui travaille dur dans sa ferme et espère y accueillir une épouse pour y fonder un foyer.

Aino se lance sans concession dans la bataille du capitalisme et la défense des conditions des travailleurs.

Matti devient bucheron, au péril de sa vie avant de se lancer dans le monde impitoyable des affaires.



Ce livre est riche !

Ce livre est riche, tant par les personnalités fortes de des protagonistes que par la densité des informations livrées sur les thématiques abordées : le communisme confronté au rêve américain, et au capitalisme, le syndicalisme et la naissance des premières coopératives, la découverte du monde du bois et de la pêche, les traditions finlandaises et le rôle des femmes dans cette société en pleine évolution.

« Faire bientôt éclater la terre » est un roman à découvrir absolument, tout en prenant le temps de sa lecture pour s’imprégner de la culture finlandaise et la naissance du rêve américain.

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Faire bientôt éclater la terre

Faire bientôt éclater la terre nous plonge au XXe siècle, trois jeunes Finlandais décident de fuir l'oppression russe. Deux frère, Ilmari et Matti, et leur sœur Aino.

La fratrie va travailler dans le domaine de l'abattage des arbres, que ce soit en les coupant dans le cas des deux frères, ou en s'occupant du campement et de la nourriture dans le cas d'Aino.

Pour Ilmari et Matti, c'est l'occasion de se forger une nouvelle vie, de pouvoir mener à vie leurs rêves, que ce soit en terme de vie professionnelle ou de vie personnelle. Mais Aino, de son côté, est révoltée par les conditions de la vie salariée et par l'avidité des patrons. Car le bûcheronnage est une activité lucrative pour les patrons, qui en profitent sans vergogne, exploitant à la fois la terre mais aussi les salariés, qui doivent travailler de longues heures éreintantes pour un travail dangereux et un salaire de misère. La jeune femme se lance dans la création d'un syndicat et dans une série de grèves, luttant pour assurer un avenir meilleur aux petits travailleurs – même si ses idées sont parfois mal-vues et qu'elle est considérée comme une « rouge ».

Sa vision de la vie est forcément en confrontation avec celle de ses frères. Car eux ont focalisés sur le fait de marier, de mettre de l'argent de côté, tandis qu'Aino ne vit que pour combattre l'injustice, à coup de grèves et de revendications. Elle en oublie donc souvent l'individualité pour se concentrer sur le collectif, délaissant souvent familles et amis. Mais a-t-elle vraiment tort ? Ses frères ont-ils tort ? Les syndicats, malgré le fait que certains utilisent des méthodes jugées barbares ou peu conventionnelles, se battent pour les opprimés et pour une sécurité sur le long terme, même si la violence est là sur le court terme.

Faire bientôt éclater la terre est un livre qui me tentait énormément, pour le côté fresque : que ce soit familiale ou politique. On plonge dans l'histoire des États-Unis à un moment charnière, spécialement pour les immigrés scandinaves. L'Amérique est en pleine évolution, de nombreuses envies s'opposent, des intérêts divergent, que ce soit la lutte patron/ouvrier, mais aussi celles au sein d'une même famille ou communauté.

C'est un roman passionnant, très bien écrit, et cela augure bien cette rentrée littéraire 2022. Je vous conseille donc vivement Faire bientôt éclater la terre !
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Faire bientôt éclater la terre

1891, en Finlande. Maíjaliisa Koski revient chez elle, après trois jours d’absence. Lorsqu’elle est partie, ses enfants avaient une légère fièvre. Pendant qu’elle aidait une femme suédoise à accoucher, ses deux filles aînées et son petit dernier sont morts. « Peu survivaient au choléra. » (p. 15) « Cette nuit atroce marqua chacun des enfants différemment. » (p. 16) Aino, âgée de trois ans, a compris que personne ne viendrait. Ilmari, à douze ans, « sut qu’il existait un Dieu et que ce Dieu devait être craint, mais qu’il envoyait aussi des anges. Lemminki Matti, lui, n’avait pas vraiment compris ce qui s’était passé et en garda une vague inquiétude pour l’avenir. En grandissant il comprit que les riches avaient moins peur de l’avenir que les pauvres. » (p. 17) Il a deux ans, au moment du drame.





Ilmari est le premier de la fratrie à émigrer en Amérique. Nous sommes en 1897. Son objectif est de s’assurer un avenir et de fuir l’appel de l’armée russe. Il s’installe en Oregon et s’engage comme bûcheron. Il est rejoint par Matti, forcé de fuir la Finlande, car menacé de prison, après une bagarre avec un officier russe. Aino retrouve ses frères, après avoir été torturée par l’Okhrana, la police politique secrète de l’Empire russe à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à la suite de son arrestation pour trahison et sédition. Elle a adhéré « au Parti finlandais de résistance active, de violents révolutionnaires. » (p. 63) Très jeune, elle avait découvert Karl Marx et toute sa vie, elle restera une « rouge ». Cette saga déroule leur vie, sur les berges de Deep River.





Les bûcherons effectuent un travail titanesque et dangereux. Comme le montre la photo de la couverture, les troncs peuvent atteindre des diamètres de huit mètres et ont une hauteur gigantesque. La mort fait, hélas, partie du métier. Les descriptions sont charnelles, les hommes font corps avec les arbres. J’ai été impressionnée par leur art et leur maîtrise ; ils sont conscients des risques, des accidents endeuillent, régulièrement, la colonie, mais chaque matin, avec héroïsme, ils sont à leur poste.





Alors que les patrons s’enrichissent, les bûcherons reçoivent des salaires dérisoires pour des journées interminables. Aino, au tempérament de feu, se révolte contre les injustices du capitalisme. Communiste convaincue, elle participe à des réunions, recrute des adhérents dans l’objectif de créer un syndicat pour défendre les droits des travailleurs, par le biais de grèves et de revendications. Hélas, elle ne vit que pour ses combats contre l’injustice. Aussi, malgré la noblesse de sa lutte, elle fait souffrir ses proches au nom de son idéal. Elle provoque le malheur de ceux qui l’aiment. Elle ne mesure les conséquences de ses actes, qu’une fois devant le fait accompli. Paradoxalement, elle peut sembler égoïste envers sa famille, alors qu’elle se bat pour les opprimés. Le collectif l’emporte sur l’individualité des siens.





Faire éclater la terre est une grande fresque historique, politique et sociologique (de plus de 850 pages) qui décrit l’Histoire des Etats-Unis, pendant le premier tiers du XXe siècle, à travers le regard d’immigrés scandinaves. Les personnages sont nombreux. Ils ont des attentes différentes. Leur caractère et leur histoire ne se ressemblent pas, mais tous participent à la création d’un nouveau monde. Ils s’inscrivent dans la construction d’une Amérique en pleine mutation, dans laquelle les intérêts s’opposent, en particulier ceux des patrons et des ouvriers. Ce roman est, également, une saga familiale passionnante et ardente, avec au centre des rebondissements nombreux, des frères et sœur aux aspirations, parfois opposées, mais unis par un amour fraternel plus fort que les dissensions. J’ai adoré ce roman captivant, qui alterne entre des phases de contemplation et des passages tumultueux.




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Faire bientôt éclater la terre

Comme j'ai aimé ce roman éblouissant et passionnant de Karl Marlantes traduit par Suzy Borello !



L'écriture d'une précision et d'une intensité remarquables m'a entièrement absorbée et emmenée dans un lieu qui semble hors du temps mais bien réel pourtant, les camps de bûcherons sur les rives de l'Orégon. Au début du 20ième siècle, c'est la terre d'adoption des immigrants finlandais dont la vie était menacée dans leur pays par l'oppresseur russe.



C'est le cas pour la jeune Aino Koski et ses 2 frères Matti et Ilmari contraints à l'exil ainsi que leur ami Aksel.

Je les ai admiré tous les 4 dans la manière de construire leur vie dans un pays totalement inconnu et comment ils bâtissent leur propre vision d'une Amérique dont ils ne connaissent en arrivant que les terres agricoles, la pêche, la forêt et la Deep River.



Tous ces éléments naturels sont leur unique gagne-pain, un métier dangereux sans aucun droit de protection sociale, un salaire de misère et des conditions de vie effroyables des familles dans les cabanes de bois très rudimentaires. J'ai beaucoup appris sur l'organisation des premières grèves dans les camps de bûcherons, la mise en place fastidieuse des syndicats pour fédérer des corps de métier et leur violente répression.



J'ai admiré la progression des armes de combat d'Aino pour contrer le pouvoir par le pouvoir avec la naissance des coopératives.

Karl Marlantes rend tout ceci très immersif et très intéressant. Son écriture est un mouvement continuel comme le fleuve, fluide et transparente, elle progresse dans le temps et la mémoire.



J'ai ressenti sa passion pour le métier du bois. Karl Marlantes montre toutes les facettes du métier de bûcheron qui est aussi grimpeur, transporteur des grumes sur le fleuve. Comme le meunier d'autrefois qui passait son temps à réparer la rivière plutôt qu'à moudre le blé. L'auteur rend le métier de bûcheron dans sa plus belle acceptation.



J'ai suivi Aino et ses frères avec émotion et un intérêt qui ne cessait de grandir, une lecture addictive de 850 pages qui n'a jamais cessé de me captiver.

C'est une admirable saga familiale riche et intense dans un contexte historique et social dont je connaissais mal la portée.



J'ai vu dans le regard d'Aino, de Matti, d'Ilmari et d'Askel, la beauté poignante de la forêt d'origine, les séquoias majestueux et les gaulthéries flamboyantes.



J'ai lu leur amour pour tout ce qui les entoure, le regret pour leur perte irrémédiable au nom du progrès. A la merci du monopole exclusif d'une grande compagnie forestière et de l'abattage intensif pour les besoins économiques du pays en pleine expansion.



Les descriptions de la forêt, du fleuve sont brèves et puissantes, et laissent une mélancolie tenace sur le passage du temps et sur ce que nous laissons derrière nous.



Faire bientôt éclater la terre est un de mes grands coups de coeur de la rentrée littéraire lu dans le cadre du Prix du Roman FNAC qui fait partie des 30 livres sélectionnés.
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Faire bientôt éclater la terre

Vous avez aimé la saga de la famille Caskey ? Alors vous adorerez celle de la famille Koski !



Fuyant leur Finlande natale et la répression de l’occupant russe qui y sévit en ce début de XXe siècle, ils sont trois dans la fratrie, Ilmari, Aino et Matti, venus le long de la Deep River, entre Oregon et État de Washington, tenter de saisir leur part de rêve américain.



Dans une région où les métiers du bois et la pêche offrent du travail à qui en cherche, ils ne tardent pas à découvrir que la condition ouvrière n’y est pas plus favorable, trimant des journées entières pour quelques cents de l’heure, dans des conditions d’hygiène dans les campements et de sécurité dans les bois, quasi-inexistantes.



Aino la révoltée, déjà en contact avec les aspirations de révolte prolétarienne durant son adolescence, va les mettre en pratique une fois en Amérique et jeter toute sa colère dans la mobilisation des opprimés, les luttes contre les propriétaires et les grèves revendicatrices. Au risque de mettre sa vie en danger, mais aussi celle de ses proches…



Des débuts à la tâche jusqu’aux velléités d’entrepreneuriat en passant par l’économie coopérative, Faire bientôt éclater la terre de Karl Marlantes – traduit par Suzy Borello – tient toutes ses promesses de roman au long cours, mélangeant avec succès la petite histoire des Koski dans la grande histoire des luttes sociales ou plutôt des luttes humaines aux USA.



« La politique n’est qu’une guerre par d’autres moyens. Et il n’y a pas de gloire dans la guerre. »



Et au pays du capitalisme triomphant, la tâche n’est pas simple, quand la lutte syndicat-patronat est un bras de fer fluctuant selon l’offre et la demande, et que le cours du bois souvent à la hausse quand l’expansion économique est là où lorsque le canon se met à gronder en Europe, devient le juge de paix.



Comme un Germinal égaré sur la côte Ouest, Faire bientôt éclater la terre est une réussite, en grande partie imputable au talent de conteur de Marlantes, mais aussi de portraitiste : Ilmari, Vasutati, Jouka, Lempi, Kullerrikki, Aksel et tous les autres restent longtemps dans la tête du lecteur.



Mais la palme revient à Aino, qui rentre en bonne place dans la catégorie des héroïnes marquantes de roman US, indépendante, déterminée mais au cœur prêt à fondre lorsque résonnent les premières notes de la Lördagsvalsen au bras de celui qu’elle aime.



« Les hommes disent toujours qu’ils attendent des excuses, mais ce qu’ils veulent vraiment, c’est qu’on les aime. »



Un dernier mot : à celles et ceux qui craindraient les quelques 900 pages, faites comme d’autres : séparez artificiellement votre lecture en 6 livres. Vous verrez, ça passe crème ! »





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