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Critiques de Karl Marlantes (52)
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Faire bientôt éclater la terre

Trois jeunes finlandais migrent en Oregon pour échapper à l'envahisseur russe. Du début du 20° siècle à la fin des années 60, Karl Marlantes raconte comment chacun d'entre eux s'est construit dans une Amérique aux multiples promesses.



Karl Marlantes a grandi aux Etats-Unis dans une ville de bûcherons, et cela se ressent dans le roman. Il donne beaucoup de détails sur les conditions de vie très rudes des ouvriers (bûcherons, ouvriers de conserverie, ...) ou des fermiers, ainsi que sur le quotidien des femmes. Aino, syndicaliste acharnée, se bat inlassablement pour faire reconnaître le droit des travailleurs, tout en essayant de remplir au mieux son rôle de mère. Ce roman compte plus de 800 pages, pourtant il se lit facilement. Les personnages sont nuancés, bien campés, l'arrière plan historique et politique fouillé, les rebondissements nombreux mais crédibles.



Une lecture passionnante.
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Faire bientôt éclater la terre

C'est un grand roman par la qualité du récit et aussi un gros roman (1139 pages dans l'édition de poche). Karl Marlantes s'est inspiré de l'épopée mythologique finnoise “Kalevala”, pour bâtir cette saga familiale, une transposition au début du XXème siècle. A travers elle, l'auteur, d'origine finlandaise par sa mère, retrace l'histoire peu connue de ces finlandais opprimés par les Russes au tout début des années 1900, qui immigrèrent sur la côte ouest des Etats-Unis dans les États de Washington et de l'Oregon pour tenter leur chance comme bûcherons ou pêcheur de Saumons.

L'histoire retrace les aventures d'une fratrie dont les trois membres suivent des chemins différents tout en conservant l'esprit de tribu: le personnage principale, Aino,une jeune au caractère bien trempé, déjà passionaria révolutionnaire marxiste en Finlande, devient meneuse syndicale aux Etats-Unis alors que ses deux frères Matti et Ilmari suivent des voies opposées: Matti tente sa chance comme petit entrepreneur d'une scierie et son frère Ilmari fermier s'accroche à sa foi luthérienne. A travers les combats d'Aino Karl Marlantes fait revivre certains conflits comme la grève générale déclenchée à Seattle en 1919 par le syndicat révolutionnaire IWW ( Industrial Workers of the World). C'est un monde dur où les conditions de travail sont dangereuses et la répression féroce. On revit également les trafic liés à la prohibition et les violences d'un monde où tout semble permis pour se faire une place au soleil, notamment pour les vétérans de la première guerre mondiale de retour dans un pays qui se construit à une vitesse folle. Saissisant de vérité le roman nous dépeint à la fois les beauté de la forêt primaire (une vieille indienne se lie d'amitié avec Ilmari et une de ses fille, personnifie le respect de la nature) et l'âpreté des moeurs de l'époque.

Karl Marlantes a vécu dans cette ouest américain où les pionniers n'ont pas toujours respecté la nature en n'hésitant à raser des parcelles d'arbres millénaires, et connaît parfaitement les techniques d'abattage du bois où de pêche aux saumons, d'où un vocabulaire précis dans des descriptions parfois un peu longues. Cela étant, il a parfaitement rendue l'ambiance de l'époque avec un intéressant panorama de cette histoire de l'ouest américain au nord de la Californie bourré de références historiques souvent peu connues en Europe. Il en est de même pour le début du roman en Finlande sous le joug russe.Les personnages de son roman sont très attachants, ce qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin.

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Retour à Matterhorn

Peut être le meilleur livre que j’ai lu sur le Vietnam. Un chef d’œuvre qui vous transportera au milieu de ces hommes et qui vous marquera à vie!



Je recommande fortement pour tous les amateurs de lecture sur les conflits. J’ai lu la version en Anglais et n’ai pas lu la version Française.
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Faire bientôt éclater la terre

Voici un roman qui vous embarque dans la vie des immigrés islandais aux Etats-Unis au début du XXe siècle à travers une figure féminine.



Nous suivons le destin parfois contrarié de cette femme qui décide d'affronter les épreuves mais aussi celui de sa famille et de ses amis qui ont également fait le choix de quitter la Finlande.

Un roman qui offre une fresque et donne à voir un monde où rien n'est facile mais où la solidarité est le maître mot.

C'est aussi une leçon de courage de cette femme qui refuse de laisser ses convictions de côté et qui coûte que coûte les défend.



Une histoire qui marque. De la littérature comme on l'aime.



Merci à #NetGalleyFrance et à #calmann.levy pour la lecture de ce roman
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Faire bientôt éclater la terre

Magnifique chef d’œuvre ! 850 pages dont jamais on ne se lasse, c’est un exploit. Je me suis régalée jusqu’au bout, c’est rare. Écrivain virtuose qui a vraiment donné de lui-même, merci pour ce superbe travail ! Je quitte l’ambiance, l’histoire, les personnages avec regret, ils m’ont accompagné pendant les grosses chaleurs. De la grande nourriture. Certainement l’un des meilleurs livres que j’ai lu de ma vie.

Histoire de finlandais réfugiés sur le cote Ouest de l’Amérique fin du dix-neuvième siècle. Construction épique de ce grand pays, conditions de travail terribles, comment les pionniers ont rasé les forêts primaires pour installer les fondations de ce pays dominant le monde, les premiers syndicats, la guerre, la constitution de l’identité nationale etc... L’héroïne principale, Aino, est un fier portrait de femme, engagée contre l’injustice, syndiquée, politisée, activiste, courageuse, subissant et se révoltant contre la violence des patrons, des milices, de même que les hommes de sa famille, tous très attachants malgré la dureté de leur vie. Rien de mieux pour comprendre comment ces gens vivaient il y a un bon siècle et sur quoi repose l’Amérique d’aujourd’hui. Une prédation effrénée et une énergie folle au travail.

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Faire bientôt éclater la terre

Ce livre n’est pas pour Idefix, le chien d’Obélix… Ça le ferait hurler à la mort de lire qu’on y abat tant et tant d’arbres…



Des arbres centenaires, millénaires, appartenant à des forêts primaires. Pas de tronçonneuses, juste des haches, des longues scies, de la sueur, du sang, des salaires de misère et l’exploitation de nombreux hommes par quelques hommes.



Ce pavé comprend assez bien d’ingrédients, notamment sur l’abatage des arbres, le syndicalisme naissant, le socialisme, le communisme, la lutte des classes, l’esclavage moderne, le travail des sages-femmes, les droits des femmes (heu, elles n’en avaient pas), la Russie qui tenait la Finlande sous sa coupe, l’immigration aux États-Unis, soi-disant terre des libertés, les religions, l’effort de guerre pour la Première Guerre Mondiale, l’Espionage Act (*)…



Oui, ça fait beaucoup de matières à ingérer, à intégrer dans le texte pour en faire un récit qui doit tenir debout… Rome ne s’est pas faite en un jour, les États-Unis non plus et ce pavé de 850 pages mettra lui aussi du temps pour en venir à bout. Peut-être un peu trop…



Avec 200 pages de moins, cela aurait été mieux. Il y a trop de détails techniques, dans ce roman qui pèse une tonne. Le travail documentaire a été fastidieux pour l’auteur, sans aucun doute, il est précieux, je ne le nierai pas, mais purée, trop c’est trop.



Aino Koski est le personnage principal. Cette jeune Finlandaise qui a fui aux États-Unis est une syndicaliste convaincue, une Rouge, comme on dit, et à cette époque, c’est une insulte. Elle ne veut rien lâcher, elle harangue les bûcherons, leur parle de salaires équitables, de sécurité, de conditions de travail décentes, de capitalistes…



Raison, elle a. Tout à fait raison, même. Hélas, face à des gens qui gagnent des misères en bossant dur et qui ne peuvent se permettre de faire grève ou de perdre leur emploi, elle frise parfois l’idéalisme, la folie pure (elle se fout souvent des conséquences pour les autres, ses proches).



Son caractère est fort, elle aime la liberté, ne croit pas à l’utilité des mariages (vive les unions libres), mais il m’a été impossible de l’apprécier, comme j’ai pu chérir d’autres femmes (filles) fortes de caractère dans d’autres romans.



Pour tout dire, elle m’a énervée bien souvent et fait lever les yeux au ciel. Malgré tout, je respecterai son engagement, car c’est grâce à ce genre de personne entêtée que nous avons des syndicats, l’inspection sécurité et hygiène,…



Les bémols posés, passons à ce qui est intéressant dans ce pavé ultra-détaillé : c’est tout de même une page importante de l’Histoire des États-Unis qui se trouvent mises en scène dans ce pavé, notamment dans des secteurs que nous connaissons peu tels que l’abattage d’arbres, la pêche aux saumons, mais surtout, sur la naissance du syndicalisme. Il faut garder en mémoire que certains (certaines) ont risqué leur vie, se sont battus, ont pris des coups, affrontés des dangers, pour faire progresser les droits des travailleurs.



Lors de ma lecture de la saga Blackwater (1919 et après), avec la famille Caskey, j’étais chez les propriétaires de scierie, les capitalistes et je ne me suis jamais demandée si leurs ouvriers étaient bien payés, s’ils avaient des conditions de travail décentes, humaines. Avec le roman de Karl Marlantes, je me suis trouvée du côté des damnés de la forêt et ça changeait tout.



Les personnages sont nombreux, mais il est difficile de les confondre, tant ils sont différents les uns des autres, certains étant même plus intéressants que d’autres (Matti Koski, le petit frère d’Aino, Aksel Långström, Kullerrikki et Jouka Kaukonen). Ils ne manquent jamais de profondeur et sont tous bien travaillés, même le Kullerrikki, le voyou siffleur, qui n’a pas un grand rôle, mais est attachant.



Malgré mes bémols dû à l’abus de détails, ce pavé met tout de même en récit tout un pan de l’histoire du Nord-Ouest des États-Unis (de 1901 à 1950) et on se dit que bosser à cette époque n’avait rien d’une sinécure, que l’on mourrait souvent, que l’on se blessait tout autant, qu’il n’y avait aucune sécurité sociale, aucun syndicat et que les patrons étaient les rois…



Une grande fresque historique, familiale, un pavé énorme, qui est mieux passé chez les autres que chez moi, à cause des longueurs et du fait que je ne me sois pas vraiment attachée à Aino Koski (mais j’ai adoré les autres).



Ce roman, c’est une partie de la construction de l’Amérique, loin des rêves promis, vendus, attendus… C’est aussi une grande fresque familiale sur l’apprentissage, l’exil, l’amour, l’amitié, la solidarité et l’envie de s’élever, de réussir, de gagner sa vie, de nourrir les siens, de garder la tête haute.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Faire bientôt éclater la terre

Si vous aimez les grandes fresques à la fois historiques et familiales, ce roman est pour vous !



L'histoire commence en Finlande au tout début du XXeme siècle au sein de la famille Koski. Le frère ainé a déjà rejoint l'Amérique et sera suivi par son frère Matti et Aino, sa soeur, lesquels fuient notamment la domination Russe mais également la repression dont ils font l'objet du fait de leurs idées. Aino, le personnage central du roman est une vraie révolutionnaire et embrasse des idées clairement Marxistes.



Nous voilà embarqués dans un roman dense et précis. Sur fond de lutte des classes et de combats pour un peu de reconnaissance envers une population exploitée et aux conditions de vie très difficile, la vie de la famille s'organise entre joies et peines.



J'ai beaucoup aimé les personnages de cette grande fresque. Des hommes et des femmes pour la plupart courageux, travailleurs, besogneux.

Paradoxalement, Aino, le personnage principal me laisse un sentiment mitigé. Certes combative et pugnace pour ce qui est de défendre ses idées politiques, elle est très décevante d'un point de vue personnel. Peu d'amour pour sa fille et pour son mari. Elle les fera souffrir et il n'y a qu'à la fin du roman qu'elle sera un peu plus humaine.



Je ne me suis ennuyée à aucun moment et la description parfaite des conditions de vie et de travail permet de mieux connaitre le monde du bucheronnage ainsi que les fondements de la société Américaine.



Les sujets annexes sont nombreux (prohibition, trafics, progrès divers) et les thèmes abordés également (pardon, rédemption pour ne citer qu'eux)



Un roman passionnant et riche mais très abordable. Ma plus grosse difficulté ayant été de visualiser les scènes de bucheronnage...j'avoue que ça n'a pas été très clair pour moi...mais ce n'est pas l'essentiel.





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Faire bientôt éclater la terre

Finlandais dans l’obligation de s’exiler de leur pays, à cette époque sous joug russe, Matti et Aino Koski rejoignent leur frère, Ilmari, déjà installé depuis plusieurs années au bord de la Columbia River, aux Etats-Unis. Ils seront suivis de peu par une de leurs connaissances, Axel Langström, suédois vivant en Finlande, dans l’obligation, lui aussi, de s’exiler. Encore adolescents, ou tout jeunes adultes, les garçons deviendront bûcherons, comme la majorité des scandinaves ayant immigré dans ce coin du pays, mais ils voudront, très vite, fonder leur propre entreprise. Aino, quant à elle, d’abord cantinière dans les campements de bûcherons, va vite être rattrapée par les idées socialistes qu’elle a quittées en Finlande, et devenir une des égéries des Industrial Workers of the World, à ses risques et périls.



Je ne connais pas suffisamment, et l’histoire de la Finlande, et l’histoire du syndicalisme américain, ou encore celle de la vie des bûcherons de la Columbia River, de la première moitié du XXème siècle, pour confirmer ou infirmer la véracité de ce qui nous est raconté, mais j’ai pleinement eu la sensation de vraiment remonter le temps, dans un Far West à son crépuscule, détrôné par l’industrialisation massive qui doit permettre à une population états-unienne grandissante de vivre au mieux, au détriment d’une autre partie, issue d’une nouvelle immigration, qui travaille au contraire dans des conditions inhumaines.



Et puis l’auteur, Karl Marlantes, américain d’origine finlandaise dont la famille a vécu ainsi, dans l’Oregon, semble s’être particulièrement documenté avant d’écrire ce roman, de fait précis, tant quant à la description de la vie quotidienne dans les campements et sur les chantiers, très dangereux, de coupe d’arbres gigantesques, qu’à celle des traditions finlandaises, ou encore de l’activité syndicale de l’époque.



Et puis je me suis attachée à la famille Koski : certes, Faire bientôt éclater la terre est avant tout un roman historique, dense, mais il est aussi une fresque familiale d’apprentissage, d’amour, de solidarité face à l’adversité, qui incarne avec romanesque, et parfois émotion, une part d’Histoire assez peu connue, finalement, en Europe de l’Ouest, si l’on ne s’intéresse pas un minimum au sujet.



Je me replongerai volontiers, un jour, dans un roman de l’auteur, qui manie avec brio histoire et Histoire, du moins de la façon dont, moi, je l’apprécie.

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Faire bientôt éclater la terre

Fuir la répression russe en Finlande pour tomber dans le libéralisme forcenée des Etats-Unis naissant, la vie est dure pour les pionniers et particulièrement pour les femmes, surtout si elles ont des idées socialistes et émancipatrices.

Mais ce qui frappe le plus dans cette épopée familiale, c'est la manque totale de considération pour l'environnement, les nécessités de la survie et la recherche du profit conduisant à exploiter totalement les ressources naturelles d'un endroit avant de se déplacer vers un autre, phénomène qui mène inexorablement vers le désastre d'aujourd'hui mais qui était totalement inconnu à l'époque tellement la nature paraissant inépuisable.

Mais comment prendre en compte l'avenir de la planète quand on lutte chaque jour pour avoir de quoi se nourrir et avoir un endroit pour dormir sans mourir de froid.

Cet engrenage fatal rend pessimiste que l'avenir de l'humanité.

Et pourtant il y a quand même des moments de bonheur et cette rage de ne pas baisser les bras.

Ce récit âpre et très bien écrit est prenant jusqu'au bout.
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Faire bientôt éclater la terre

Il y a les sagas qui tirent à la ligne. Celles qui peignent des dynasties auxquelles les épreuves ne servent qu’à prouver la résilience. Celles où le cours de l’histoire consacre toujours l’intuition et la droiture des personnages du récit. Opportunément blancs de toute faute, miraculeusement et éternellement du bon côté. Ce qui est bien plus facile lorsqu’on écrit a posteriori, évidemment.

Et puis il y a Faire bientôt éclater la terre. On suit durant quelques décennies le parcours heurté de Finlandais obligés d’émigrer aux Etats-Unis pour fuir la répression russe qui sévit dans leur pays. Aino, jeune femme aux engagements politiques communistes fortement affirmés, son petit frère Matti, travailleurs et tête brûlée, Illmari leur aîné déjà installé tout au nord, sur la côte ouest depuis quelques années. Askel aussi. Et, déjà regroupés en une petite communauté, Kyllikki qui vend des chaussures dans la boutique de ses parents, Rauha la fière, Lena, Jouka le beau joueur de violon. Et tous les autres.

Le temps est à l’exploitation forestière par des self made men. Pour soutenir les besoins toujours galopant de la construction, on fait tomber des pins gigantesques, on abat des monstres d’arbre. Les campements sont précaires, insalubres. Les salaires misérables. Le travail dangereux. On y parle suédois, norvégien ou finlandais. Un peu anglais aussi. On crache sur les autres immigrés, grecs ou italiens que la faim rend capables d’accepter des salaires encore plus indigents que ceux dont on ne peut pas se contenter.

Pas vraiment une success story donc. Pas non plus un récit misérabiliste. Les personnages de cet épais roman subissent les affres d’une existence chahutée par le cours du bois, la première guerre mondiale, la crise de 29. Ils rencontrent des deuils, des pertes, des blessures.

Tout l’intérêt de cette histoire, outre son aspect profondément romanesque et dépaysant, réside dans la relation des mouvements sociaux qui émaillent ces années.

Je m’étais toujours demandé comment on pouvait expliquer que les idées de gauche aient eu aussi peu de prise aux Etats-Unis. J’avais bien en tête la plus tardive chasse aux sorcières de McCarthy mais, sans penser qu’elle pouvait avoir surgi ex nihilo, je ne la rattachais à aucun phénomène antérieur dont j’aie connaissance.

Les immigrés finlandais du début 20e siècle étaient, pour certains, porteurs d’un idéal communiste que la révolution russe viendrait mettre au pouvoir dans leur pays d’origine quelques années après (avec les suites totalitaires que l’on sait). On était encore à un moment de l’histoire où on pouvait espérer, aux Etats Unis aussi, une révolution prolétarienne qui installe l’égalité heureuse, les lendemains qui chantent.

Karl Marlantes met magnifiquement en scène cette opposition frontale entre les intérêts individuels de quelques pionniers arrivés avant, bien décidés à incarner un avatar du rêve américain, et les tentatives d’union des ouvriers récemment immigrés. Il raconte la douloureuse mise en place des syndicats, les bastonnades organisées par les shérifs à la botte des puissants patrons, la répression constante, le déni de la liberté d’expression dans une Américaine puritaine, libérale et raciste. L’écrabouillement pur et simple des idéaux collectifs au profit de la sacrosainte liberté d’entreprise individuelle.

En filigrane, on lit aussi la dangereuse marche forcée vers une exploitation toujours plus radicale des ressources qu’offraient ces terres encore quasi nues de présence humaine. On découvre des portraits de femmes fortes, loin des logiques de subordination à l’œuvre dans les couples Wasp. Et on se prend d’affection pour ces tempéraments insupportables, capables de ne se laisser guider que par leurs idéaux au détriment de leurs affections. Bref, on vibre, on frémit et on a l’impression de comprendre un peu mieux l’histoire de l’Amérique, le moment où les choses auraient pu prendre un autre tour. Une lecture enrichissante !

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Faire bientôt éclater la terre

Début du XXe siècle en Finlande sous domination russe : la famille Koski va être durement confrontée à la répression de la police du tsar contre toute tentative de rébellion ou toute revendication et chacun à leur tour, les 2 frères, Ilmari et Matti, et leur soeur Aino, devront fuir leur pays pour les Etats-Unis. Ils se retrouveront dans le Nord Ouest américain encore quasi vierge où chacun essaiera de construire sa vie : c'est l'époque où tout semble possible pour les pionniers si on est prêt à travailler dur et à se taire. Aino l'idéaliste refusera d'abandonner ses idéaux de justice sociale et en paiera parfois le prix fort.



Faire bientôt éclater la terre est une magnifique saga familiale dans un contexte et une période historique assez peu connus (en tous cas qui étaient nouveaux pour moi) : le développement de l'Ouest américain dans les territoires les plus au Nord avec les campagnes effrénées de bucheronnage pour fournir suffisamment de bois à la construction des villes (comme à San Francisco après le terrible tremblement de terre de 1905), aux lignes de chemin de fer puis à la grande guerre de 1914. On découvre la région par les yeux des frères et soeur Koski qui se retrouvent tous dans le même petit bout de territoire encore sauvage près de la Columbia River. L'auteur nous offre de magnifiques descriptions de cette nature encore sauvage et grandiose, menaçante, de ces arbres immenses (la photo de couverture du roman est juste impressionnante), de ces forêts qui paraissent infinies face aux maigres moyens des hommes pour les exploiter (scies manuelles, "mule électrique" pour convoyer les troncs puis chemin de fer ou flottage). Le récit de ces efforts des hommes pour dompter la terre hostile et en tirer de quoi vivre, de leur vie frugale où on n'hésite pas à parcourir 10 kilomètres à pieds pour aller au bal le samedi soir, où une femme peut rater le mariage de son frère quand le vent trop fort empêche le bateau de circuler, où les ouvriers n'ont d'autre vie que celle de prendre des risques insensés pour abattre les arbres géants qui les entourent, de se coucher épuisés juste après le dîner et de se relever aux aurores pour recommencer, est totalement passionnant et résonne étrangement par rapport à notre époque d'abondance où par contraste on prend enfin conscience de la finitude de la nature et de sa surexploitation continue.



En parallèle de ce côté presque "documentaire" il y a aussi tout l'aspect saga familiale lui aussi très réussi avec de vrais personnages, étoffés, qui évoluent au fil des années et qu'on finit par avoir l'impression de connaître depuis toujours. Chacun des 3 frères et soeur a sa propre personnalité et on se plaît à les voir évoluer, tenter de se construire petit à petit une vie décente dans une époque où le moindre coup dur pouvait encore vous menacer de la déchéance immédiate. C'est un vrai plaisir de voir l'évolution de la famille, les mariages, les naissances, les amitiés, racontés de manière très simple et à la fois très attachante et réaliste. Et au milieu il y a ce magnifique personnage de Aino, la seule fille de la fratrie, la rebelle, celle qui fera passer ses convictions avant tout le reste quitte à y sacrifier sa vie. C'est un personnage qui m'a parfois (souvent) agacée de par son intransigeance et ses combats permanents. J'ai souvent eu envie de la secouer, de lui dire de penser un peu à ceux qui l'entourent et qui l'aiment au lieu de courir après un idéal de justice sans doute inatteignable et pour lequel personne ne la remerciera jamais. Et en même temps c'est celle qui me reste le plus en tête une fois ce roman refermé, un bel exemple de courage et un personnage suffisamment complexe pour porter tout le reste du roman sur ses épaules.



Vous l'aurez compris, malgré quelques longueurs (près de 900 pages quand même !) et une lecture parfois exigeante tant le récit abonde en descriptions et prend son temps pour construire sa trame, Faire bientôt éclater la terre a été pour moi un grand livre. Un de ceux dont on se rappelle longtemps, un de ceux qui vous permettent de vraies découvertes, une belle histoire, bien construite et passionnante. Si les pavés ne vous font pas peur, n'hésitez pas à vous lancer et à découvrir ces Finlandais exilés qui eux aussi ont participé à l'histoire des Etats-Unis, vous ne le regretterez pas !
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Faire bientôt éclater la terre

Loin de la contemplation et de la défense de la nature dont notre siècle se préoccupe, le roman de Karl Marlantes nous plonge chez des immigrés finlandais fuyant leur pays sous le joug russe.

Nous sommes en 1904 quand la fratrie Koski arrive à la frontière entre l'Oregon et l'Etat de Washington pour travailler dans l'industrie forestière.

Pas de mythe américain avec le cow-boy et les grandes plaines mais des bûcherons à la tâche dix heures par jour et vivant dans des conditions misérables; leurs existences dépendant du patronat.

Mille dangers attendent ces hommes maigres perchés sur des planches fichées dans les énormes troncs d'arbres. Ils triment sans relâche pour survivre sans perspective de lendemains radieux.

Aino, le fille de la fratrie Koski s'insurge contre cette précarité, la pauvreté, le manque d'hygiène et le travail esclavagiste de ces homme courageux et travailleurs.

Ses frères Matti et Illmari projettent tout de même des désirs. Le benjamin Matti doué en mécanique profite des opportunités pour avancer dans l'échelle sociale.

Illmari, l'aîné où des visions existentielles le taraudent sera aider par une chamane indienne et construira son église.

Beaucoup d'autres personnages gravitent autour de ces trois finlandais qui vont traverser les grèves du syndicat IWW, la première guerre mondiale, la Prohibition et le krach bousier de 1929.

Aino est le ciment de cette famille soudée même si parfois cette badasse met en péril son entourage.

Faisant partie des Wobblies, membres du syndicat IWW, elle participe activement au recrutement de travailleurs.

Son combat contre l'injustice l'entraîne à négliger son couple et sa fille. Cependant les années passent et les idéaux de Aino se concrétisent par une coopérative dépendante d'une scierie.

Cette héroïne flamboyante, révoltée contre le capitalisme m'a entrainé vers la grande Histoire du syndicalisme où les grèves, les violences, les arrestations et l'injustice s'entremêlent pour faire vaciller les patrons et même le gouvernement au point que police et plus tard FBI interviennent auprès des" anarchistes "



Ce roman qui éblouit par sa maîtrise est un hommage aux ancêtres de l'auteur installés en 1890 dans l'Etat de Washington.

J'ignore si ses aïeux étaient bûcherons mais avec cette saga familiale nous partageons les vicissitudes de ces travailleurs acharnés qui souhaitaientt une intégration tout en gardant leur culture finlandaise ( la lirette est leur invention).

Ces parcours douloureux seront contrer par la ténacité, les convictions politiques, la corruption engendrant de nouveaux citoyens américains où le business est roi.

Marlantes donne une vision du capitalisme du XIX siècle et un regard particulier sur ces bûcherons sans se soucier de déforestation.

Il ne néglige pas la condition de la femme dont le seul avenir en général est le mariage. Accouchements difficiles, très peu de contraception et le dur labeur de ménagère sont le quotidien de ces femmes au foyer.



Avec cette saga j'ai beaucoup apprécié le déroulement de vie de cette fratrie .



Roman de combat où chante une symphonie wagnérienne : puissant , énergique.

Un bonheur de voyage dans la grande Histoire des Etats-Unis.
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Faire bientôt éclater la terre

Saga classique de l'émigration aux Etats-Unis, ce roman vraiment fleuve (Deep River titre original curieusement traduit en France) en est la version finlandaise avec la diaspora nordique à l'extrême nord-ouest américain, le Washington au début du siècle précédent. Faire bientôt éclater la terre comporte 850 pages. La littérature et le cinéma ont souvent relaté l'arrivée et l'installation des Européens. Italiens et Irlandais fournissant le plus gros contingent.Voici l'histoire des Finlandais devenus bûcherons ou pêcheurs du côté de la Columbia River, contée par Karl Marlantes, lui-même né à Astoria, Oregon, en 1944 et auteur d'un des meilleurs livres sur le Vietnam, Retour à Matterhorn.



Les ingrédients sont bien là. Une fratrie de nouveaux venus en Amérique, ceux-là ont fui l'oppression russe en Finlande au début du XXe siècle. Dans ce bout du monde américain tout est à construire. Ilmari, Matti et leur soeur Aino se retrouvent ainsi dans une colonie de bûcherons. La tache est colossale mais l'espoir est là. Land of freedom? Certes, mais ça va prendre du temps. Entre parenthèses lire Faire bientôt éclater la terre aussi, ça prend du temps. Nous n'échapperons donc pas aux préjugés des autochtones, à la volonté des arrivants, aux débuts d'une déforestation artisanale. Rien de vraiment inédit dans cette histoire. Mais outre que c'est une histoire à laquelle on adhère facilement n'oublions jamais que l'inédit n'existe plus depuis belle lurette.



Ce roman présente Aino, la soeur, comme l'héroïne principale, la plus engagée socialement, la plus pugnace, une Scarlett O'Hara de l'abattage des arbres, une pasionaria de la cause des exploités, une précurseure... (comment dit-on) du syndicalisme. Normal dans le contexte actuel, néanmoins sympathique. On y rencontre Joe Hill, immmigrant suédois, militant célèbre, héros des chansons folk de ma jeunesse. Les frères d'Aino et tous les autres ne s'en laissent pas conter malgré tous les malheurs de la ruée vers l'Ouest. Accidents du travail (terme anachronique bien sûr), amours-désamours, mariages, fièvres, bals, 14-18, ascension sociale avec quelques pannes, tout ce qui fait l'intérêt et la limite de ces bouquins-tendinites (parfois le kiné resurgit vu le poids de l'ouvrage) est là.



Et puis il y a les détails. Et là Marlantes ne fait pas dans le détail avec tous ces détails techniques un tantinet fastidieux. Sur la pêche au chinook dans l'estuaire, ce saumon géant plus lourd encore que le bouquin. Le travail de documentation de cette saga dû être considérable. Et que dire des pages entières sur le labeur si dur des bûcherons, élagueurs, débardeurs face aux gigantesques séquoias? On en sort un eu essoré parfois, les bras lourds de tant d'efforts.



Mais ne boudons pas. Faire éclater la terre est un bon roman, bien balisé certes mais ce n'est pas désagréable de cheminer en littérature muni d'une ceinture de sécurité, comme n'avaient pas les pionniers nordiques dans les années 1900. Rappelez-vous, faut un bout de temps. Pour la chanson je n'ai pas mis la célèbre version Woodstock de Joan Baez qui m'énerve un peu mais celle de Luke Kelly (The Dubliners)



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Faire bientôt éclater la terre

J’ai 5 ans et je joue avec Nathalie dans un bruit de fureur, des éclats stridents de scie, les camions déambulent, déchargent du bois, les grumes sont entassés, les voix sont couvertes. Mais surtout l’odeur de la sciure, le bois toujours présent.



J’ai 8 ans, je suis avec ma famille dans une grande maison en bois en Finlande dans la région des 1000 lacs et elle donne sur l’un de ces derniers, du moins je m’imagine qu’il en fait partie. Il n’y a absolument rien d’autre autour si ce n’est la forêt.



J’ai 44 ans, et je découvre « faire bientôt éclater la terre » de Karl Marlentes, 853 pages de l’épopée d’une fratrie obligée de quitter la Finlande au début du 20ème siècle et qui repart à zéro dans l’Oregon. On suit plus de 50 ans de leur histoire, on apprend beaucoup sur l’occupation russe, le sisû des Finlandais, la force intérieure d’un individu, son courage, bref ses tripes pour faire face à l’adversité avec stoïcisme, encore mieux que le hygge danois et le lagom suédois ! On assiste au début des développements des grandes scieries et conserveries de poissons, de l’exploitation massive de la nature, sa mise sous coupe réglée.



Les personnages ne sont pas manichéens, il y a différentes facettes de l’être humain, avec leurs défauts, les histoires sont rudes mais on s’attache autant à l’intransigeante Aino, au mystique Ilmari au réfléchi Matti qu’à Aksel épris de liberté….On patauge dans la boue, on dort souvent à la belle étoile, on construit des saunas, on se bat contre les consortiums capitalistes, mais on danse aussi, on boit, on se bat et on tombe amoureux.



En dernier chapitre, l’auteur apporte des précisions sur l’une de ses sources d’inspiration : le Kalevala, poème épique qui retrace les aventures des figures chamaniques du pays Suomi où se trouve l’actuelle Finlande, et auquel le peuple finlandais s’est raccroché notamment lors de l’occupation russe.



Un grand roman sur la liberté qui s’arraché autant par la lutte syndicale que des rêves poursuivis en forêts et en mer.



Il fait la démonstration que la nature façonne l’âme humaine. Après tout ce que l’auteur fait subir à ses personnages, leur caractère héroïque dans les épreuves donne tant de vertu magique à ce « sisûs» invoqué tout au long du récit que l’on a envie de s’approprier.
Lien : https://lechameaubleu.fr/
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Faire bientôt éclater la terre

Ce gros roman, traduit de l’anglais - Etats-Unis, nous plonge dans des univers peu courants et sur une fresque historique de près d’un siècle, décrit du point de vue d’une seule famille.



La première partie qui concerne la fin du XIXème siècle nous plonge en Finlande, un pays occupé depuis 1809 par les Russes. La Russie est combattue par les finlandais et l’échec de la guerre contre le Japon en 1905 affaiblit le Tsar. La Révolution russe couve et touche Aino qui s’entiche d’un activiste finlandais. Que de malheurs dans cette première partie : deux soldats russes envahissent la maison, Matti, le frère d’Aino est arrêté et parvient à s’enfuir, la soeur Aino est arrêtée et torturée. Suite à une rixe entre les deux soldats russes et la famille, un des soldats tue le chien, le père Taippo s’interpose, blesse le soldat, et est emmené pour ne plus jamais revenir.



En parallèle, un attentat se prépare; Aksel est au coeur de l’action mais son frère Gunnar prévient l’usine, cible de l’attaque, il doit fuir aussi car si les activistes s’en aperçoivent, ce sera la mort assurée.



Et puis il y Imalen, le frère ainé de Aino et Matti, qui est parti aux Etats-Unis, dans un coin perdu du Nord-Ouest, près de l’Etat de Washington.



On se rend compte à la fin de la première partie, que par des voies détournées, Matti, Aino et Gunnar convergent tous vers Deep Water (le titre anglais du livre), l’endroit paumé où Imalen fait le bûcheron.



Un périple incroyable d’une famille finlandaise que l’on suit sur la côte ouest des Etats-Unis. Au final c’est surtout Aino que l’on suivra principalement de 1893 à 1932 avec un codicille situé bien plus tard, au moment de sa toute fin en 1969.



Ce roman (récit?) se veut total et embrasse une histoire de la Terre aux États Unis, dans le milieu de bois puis de la pêche. L’érudition de l’auteur est incroyable et nous entraîne dans une plongée immersive tout au long des 840 pages de cette somme. Bien entendu, les « petites » histoires (les rencontres, les mariages, les enfants, les conditions de vie,…) rencontrent à tout moment la Grande histoire, celle de la guerre et de la crise de 29. Surtout à travers l’histoire d’Aino, on côtoie toute l’histoire du syndicalisme au début du XXe siècle. Aino syndicaliste extrême de l’IWW (les wobblistes) qui met de côté sa famille (puis sa fille) pour les besoins de la cause. L’auteur est très pédagogue et prend soin de tout expliquer et de suivre les événements qu’il décrit en notant régulièrement les dates de manière précise, ce qui permet de ne pas perdre le lecteur, malgré les complexités techniques qui sont décrites. Un magnifique roman qui fera date.



Si l’on devait trouver un défaut à ce livre c’est sans doute que ce type de livre, de « péplum » devrait-on dire, a déjà été fait, que ce soit au cinéma et en littérature et que certains effets sont assez attendus, en particulier dans les relations entre les personnages. Mais c’est un défaut mineur et pour ceux qui sont épris de grande littérature, ils seront comblés.





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Faire bientôt éclater la terre

Karl Marlantes dans la postface de son roman y dévoile ses ascendances finlandaises et explique les relations compliquées entre la Finlande et la Russie dont elle a été sous domination au début du XX ème siècle au moment où commence l'histoire .



L'appartenance ou la sympathie politique, résumée un peu simplement entre Blanc et Rouge est un maillon essentiel du livre car c'est pour raison politique que deux des enfants de la famille Kosmi après avoir connu les geôles finlandaises quittent leur pays pour les Etats-Unis : Aino, une très jeune femme, admiratrice de Karl Marx et son jeune frère Matti. Ils rejoignent leur frère ainé , Ilmari , installé depuis quelque temps dans la région de la Colombia River dans l'Oregon, une contrée particulièrement boisée et offrant de ce fait de nombreux emplois de bucherons .



C'est également une région où les saumons, appelés chinooks migrent en quantité lors de la période de reproduction et constitue une source importante de revenus .



J'ai fait le rapprochement au début du roman avec Séquoias et L'America de Michel Moutot qui nous conte brillamment l'histoire d'émigrés européens et l'exploitation des forêts et de la pêche .

Mais si le cadre est à peu près identique , ce roman de Karl Marlantes insiste plus sur le coté social .



Le militantisme d'Aino est le fil conducteur, elle lutte pour l'amélioration de la situation des travailleurs et la description à la fois du travail dangereux des bucherons, du nombre d'heures , de leur salaire de misère et des effroyables conditions de vie dans les dortoirs, seule la cuisine préparée par des jeunes femmes comme Aino, leur apporte un réconfort.

Malgré son jeune âge et le fait qu'elle soit une femme, Aino se taille une place importante dans le syndicat W . C'est au détriment de sa vie d'épouse puis de mère, Aino faisant passer sa lutte anti-capitalisme avant tout le reste .



Bien sûr, et heureusement, il y a beaucoup d'autres événements dans ce pavé . D'abord la force de l'appartenance à leur pays d'origine, la Finlande, ces hommes et ces femmes restent très attachés à leur mode de vie, leur langue et leur coutumes . Mais cela ne leur est pas spécifique si on pense aux autres communautés, italiennes, grecques etc ...



L'auteur n'oublie pas non plus que ce pays était d'abord celui d'amérindiens et le personnage de la vieille indienne Vasutäti , seule de son peuple est bien représentatif de la fin d'une ère et avec sa mort , de la fin d'une race .



Ce roman apparait parfois un peu long , les descriptions des techniques des bucherons sont particulièrement indigestes. La deuxième partie, plus variée, se déroule plus harmonieusement .



La personnalité d'Aino , même si son combat est juste , frise souvent l'agacement . Les prises de position lors des appels à la gréve au moment de la première guerre mondiale apparaissent un peu ambiguës et mettent mal à l'aise .



Mais on suit quand même avec plaisir les aventures de cette fratrie finlandaise et de leurs proches , un bon divertissement !
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Faire bientôt éclater la terre

Presque 900 pages pour ce roman, mais je tourne la dernière avec regret,un petit point au cœur de quitter Aino,le magnifique personnage féminin de cette histoire,autour duquel tournent tous les autres aussi attachants et intéressants soient-ils.

Nous faisons connaissance avec la fratrie Koski alors qu'Ilmari, Aino et Matti sont encore adolescents et vivent en Finlande dans un climat politique violent et menaçant du fait de la présence russe,mais pas seulement.

Cette période campe les personnages et les événements fondateurs de leur psychologie, leurs rêves et leurs peurs.

Il mari est le premier à fuir puis Matti et Aino le rejoindront pour s'installer aux USA dans une colonie de bûcherons.

En quittant son pays Aino fuit la violence et emporte avec elle la blessure d'un amour massacré, le poids terrible de la culpabilité et un traumatisme irréparable. Mais elle emporte aussi la passion,le courage , la force de la résistance et une soif de justice intarissable. Fidèle à ses valeurs quoiqu'il lui en coûte, sa vie sera guidée par son charisme. Elle va s'engager corps et âme dans les luttes sociales afin que les salariés sortent du statut "d'esclaves salariés " et que leurs salaires ne se résument pas aux miettes tombées de la table des patrons. Elle adhère au IWW ,workers of thé Word,syndicat fondé en 1905 et qui joua effectivement un rôle prépondérant dans la lutte des classes.

J'ai immédiatement eu un coup de cœur pour cette jeune femme car elle est profondément humaine et ne se résume pas à une héroïne sans peur et sans reproche. Ses choix sont parfois discutables,son entêtement irritant,ses réactions impulsives,mais justement,qu'elle femme! Quelle luminosité dans cet univers de labeurs,de risques,de pauvreté, de peur. Ses frères et tous les personnages qui habitent ce roman sont également des êtres touchants par leur force et keur fragilité conjuguées.

Karl Marlantes nous immerge de 1901 à 1950 dans une Amérique qui se construit,bien loin du rêve qu' elle suscite mais cependant,avec ses horizons ouverts à l'espoir.

Le contexte des splendides forêts de douglas et ses fleuves tumultueux regorgeants de truites arc en ciel et de saumon apporte le souffle d' un nature writing. L'amour augmente cette épopée d'une aspiration romanesque qui,loin de la mièvrerie, décline avec realisme et émotion tous ses torments et sa beauté.

C'est un coup de cœur très sincère même si le fait que ce livre m'ait été offert par Diablotino aurait pu apporter de la subjectivité !
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Faire bientôt éclater la terre

Au tournant du XXe siècle, pour fuir l’oppression russe, la jeune Aino Koski et ses deux frères quitteront la Finlande afin d’aller aux États-Unis.
Lien : https://www.journaldequebec...
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Faire bientôt éclater la terre

Dans la Finlande alors dominée par la Russie, Ilmari, Aino et Matti sont les trois enfants survivants de la famille Koski, la joie de leur mère malgré les privations et les mésactions de l'Occupant. Pourtant, pour un avenir meilleur, pour éviter les ennuis politiques ou les poursuites judiciaires, ils quitteront le vieux pays et s'installeront dans le Nord des États-Unis où les épicéas sont géants, les poissons nombreux et les combats sociaux encore balbutiants. Des rencontres, des danses, de la sueur qui perle sur le front, des déconvenues, des rêves et des meetings politques forgeront (ou tailleront à coups de puuko) le destin de cette famille et de leurs proches.

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L'auteur est un descendant de cette émigration scandinave aux USA, il parle avec ironie des travers de ces gens venus du froid et avec tendresse de leur grand cœur. Avec l'implication politique d'Aino, il nous rappelle que nos (fragiles) acquits sociaux viennent de ces bûcherons, ouvriers, cantinières et tous les travailleurs et travailleuses qui se sont littéralement battus pour nous. Mais il n'oublie pas de nous divertir, de nous dérouter et de nous faire vibrer au rythme de ce quotidien si particulier...

Si j'avoue ne pas avoir toujours bien compris les subtilités de la coupe du bois, j'ai été tout à fascinée par cette saga familiale. Les Koski sont attachants, agaçants, terriblement humains et tous les trois me manquent déjà énormément !
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Faire bientôt éclater la terre

Une fresque parfois tragique, souvent drôle, sur des bûcherons finlandais réfugiés aux États-Unis au début du XXe siècle.
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