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Critiques de Karl Marlantes (52)
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Faire bientôt éclater la terre

Karl Marlantes dans la postface de son roman y dévoile ses ascendances finlandaises et explique les relations compliquées entre la Finlande et la Russie dont elle a été sous domination au début du XX ème siècle au moment où commence l'histoire .



L'appartenance ou la sympathie politique, résumée un peu simplement entre Blanc et Rouge est un maillon essentiel du livre car c'est pour raison politique que deux des enfants de la famille Kosmi après avoir connu les geôles finlandaises quittent leur pays pour les Etats-Unis : Aino, une très jeune femme, admiratrice de Karl Marx et son jeune frère Matti. Ils rejoignent leur frère ainé , Ilmari , installé depuis quelque temps dans la région de la Colombia River dans l'Oregon, une contrée particulièrement boisée et offrant de ce fait de nombreux emplois de bucherons .



C'est également une région où les saumons, appelés chinooks migrent en quantité lors de la période de reproduction et constitue une source importante de revenus .



J'ai fait le rapprochement au début du roman avec Séquoias et L'America de Michel Moutot qui nous conte brillamment l'histoire d'émigrés européens et l'exploitation des forêts et de la pêche .

Mais si le cadre est à peu près identique , ce roman de Karl Marlantes insiste plus sur le coté social .



Le militantisme d'Aino est le fil conducteur, elle lutte pour l'amélioration de la situation des travailleurs et la description à la fois du travail dangereux des bucherons, du nombre d'heures , de leur salaire de misère et des effroyables conditions de vie dans les dortoirs, seule la cuisine préparée par des jeunes femmes comme Aino, leur apporte un réconfort.

Malgré son jeune âge et le fait qu'elle soit une femme, Aino se taille une place importante dans le syndicat W . C'est au détriment de sa vie d'épouse puis de mère, Aino faisant passer sa lutte anti-capitalisme avant tout le reste .



Bien sûr, et heureusement, il y a beaucoup d'autres événements dans ce pavé . D'abord la force de l'appartenance à leur pays d'origine, la Finlande, ces hommes et ces femmes restent très attachés à leur mode de vie, leur langue et leur coutumes . Mais cela ne leur est pas spécifique si on pense aux autres communautés, italiennes, grecques etc ...



L'auteur n'oublie pas non plus que ce pays était d'abord celui d'amérindiens et le personnage de la vieille indienne Vasutäti , seule de son peuple est bien représentatif de la fin d'une ère et avec sa mort , de la fin d'une race .



Ce roman apparait parfois un peu long , les descriptions des techniques des bucherons sont particulièrement indigestes. La deuxième partie, plus variée, se déroule plus harmonieusement .



La personnalité d'Aino , même si son combat est juste , frise souvent l'agacement . Les prises de position lors des appels à la gréve au moment de la première guerre mondiale apparaissent un peu ambiguës et mettent mal à l'aise .



Mais on suit quand même avec plaisir les aventures de cette fratrie finlandaise et de leurs proches , un bon divertissement !
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Faire bientôt éclater la terre

Comme j'ai aimé ce roman éblouissant et passionnant de Karl Marlantes traduit par Suzy Borello !



L'écriture d'une précision et d'une intensité remarquables m'a entièrement absorbée et emmenée dans un lieu qui semble hors du temps mais bien réel pourtant, les camps de bûcherons sur les rives de l'Orégon. Au début du 20ième siècle, c'est la terre d'adoption des immigrants finlandais dont la vie était menacée dans leur pays par l'oppresseur russe.



C'est le cas pour la jeune Aino Koski et ses 2 frères Matti et Ilmari contraints à l'exil ainsi que leur ami Aksel.

Je les ai admiré tous les 4 dans la manière de construire leur vie dans un pays totalement inconnu et comment ils bâtissent leur propre vision d'une Amérique dont ils ne connaissent en arrivant que les terres agricoles, la pêche, la forêt et la Deep River.



Tous ces éléments naturels sont leur unique gagne-pain, un métier dangereux sans aucun droit de protection sociale, un salaire de misère et des conditions de vie effroyables des familles dans les cabanes de bois très rudimentaires. J'ai beaucoup appris sur l'organisation des premières grèves dans les camps de bûcherons, la mise en place fastidieuse des syndicats pour fédérer des corps de métier et leur violente répression.



J'ai admiré la progression des armes de combat d'Aino pour contrer le pouvoir par le pouvoir avec la naissance des coopératives.

Karl Marlantes rend tout ceci très immersif et très intéressant. Son écriture est un mouvement continuel comme le fleuve, fluide et transparente, elle progresse dans le temps et la mémoire.



J'ai ressenti sa passion pour le métier du bois. Karl Marlantes montre toutes les facettes du métier de bûcheron qui est aussi grimpeur, transporteur des grumes sur le fleuve. Comme le meunier d'autrefois qui passait son temps à réparer la rivière plutôt qu'à moudre le blé. L'auteur rend le métier de bûcheron dans sa plus belle acceptation.



J'ai suivi Aino et ses frères avec émotion et un intérêt qui ne cessait de grandir, une lecture addictive de 850 pages qui n'a jamais cessé de me captiver.

C'est une admirable saga familiale riche et intense dans un contexte historique et social dont je connaissais mal la portée.



J'ai vu dans le regard d'Aino, de Matti, d'Ilmari et d'Askel, la beauté poignante de la forêt d'origine, les séquoias majestueux et les gaulthéries flamboyantes.



J'ai lu leur amour pour tout ce qui les entoure, le regret pour leur perte irrémédiable au nom du progrès. A la merci du monopole exclusif d'une grande compagnie forestière et de l'abattage intensif pour les besoins économiques du pays en pleine expansion.



Les descriptions de la forêt, du fleuve sont brèves et puissantes, et laissent une mélancolie tenace sur le passage du temps et sur ce que nous laissons derrière nous.



Faire bientôt éclater la terre est un de mes grands coups de coeur de la rentrée littéraire lu dans le cadre du Prix du Roman FNAC qui fait partie des 30 livres sélectionnés.
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Faire bientôt éclater la terre

Loin de la contemplation et de la défense de la nature dont notre siècle se préoccupe, le roman de Karl Marlantes nous plonge chez des immigrés finlandais fuyant leur pays sous le joug russe.

Nous sommes en 1904 quand la fratrie Koski arrive à la frontière entre l'Oregon et l'Etat de Washington pour travailler dans l'industrie forestière.

Pas de mythe américain avec le cow-boy et les grandes plaines mais des bûcherons à la tâche dix heures par jour et vivant dans des conditions misérables; leurs existences dépendant du patronat.

Mille dangers attendent ces hommes maigres perchés sur des planches fichées dans les énormes troncs d'arbres. Ils triment sans relâche pour survivre sans perspective de lendemains radieux.

Aino, le fille de la fratrie Koski s'insurge contre cette précarité, la pauvreté, le manque d'hygiène et le travail esclavagiste de ces homme courageux et travailleurs.

Ses frères Matti et Illmari projettent tout de même des désirs. Le benjamin Matti doué en mécanique profite des opportunités pour avancer dans l'échelle sociale.

Illmari, l'aîné où des visions existentielles le taraudent sera aider par une chamane indienne et construira son église.

Beaucoup d'autres personnages gravitent autour de ces trois finlandais qui vont traverser les grèves du syndicat IWW, la première guerre mondiale, la Prohibition et le krach bousier de 1929.

Aino est le ciment de cette famille soudée même si parfois cette badasse met en péril son entourage.

Faisant partie des Wobblies, membres du syndicat IWW, elle participe activement au recrutement de travailleurs.

Son combat contre l'injustice l'entraîne à négliger son couple et sa fille. Cependant les années passent et les idéaux de Aino se concrétisent par une coopérative dépendante d'une scierie.

Cette héroïne flamboyante, révoltée contre le capitalisme m'a entrainé vers la grande Histoire du syndicalisme où les grèves, les violences, les arrestations et l'injustice s'entremêlent pour faire vaciller les patrons et même le gouvernement au point que police et plus tard FBI interviennent auprès des" anarchistes "



Ce roman qui éblouit par sa maîtrise est un hommage aux ancêtres de l'auteur installés en 1890 dans l'Etat de Washington.

J'ignore si ses aïeux étaient bûcherons mais avec cette saga familiale nous partageons les vicissitudes de ces travailleurs acharnés qui souhaitaientt une intégration tout en gardant leur culture finlandaise ( la lirette est leur invention).

Ces parcours douloureux seront contrer par la ténacité, les convictions politiques, la corruption engendrant de nouveaux citoyens américains où le business est roi.

Marlantes donne une vision du capitalisme du XIX siècle et un regard particulier sur ces bûcherons sans se soucier de déforestation.

Il ne néglige pas la condition de la femme dont le seul avenir en général est le mariage. Accouchements difficiles, très peu de contraception et le dur labeur de ménagère sont le quotidien de ces femmes au foyer.



Avec cette saga j'ai beaucoup apprécié le déroulement de vie de cette fratrie .



Roman de combat où chante une symphonie wagnérienne : puissant , énergique.

Un bonheur de voyage dans la grande Histoire des Etats-Unis.
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Faire bientôt éclater la terre

Une histoire prenante d'une famille finlandaise qui part en Amérique pour fuir la misère de leurs pays et se retrouvent à couper du bois. Un livre que je ne pensait pas forcément terminé (c'est un beau bébé). Mais j'ai été tellement attaché à chaque personnage que je ne pouvais pas m'arrêter avant la fin. L'histoire s'insère aussi dans un large contexte historique qui est fort intéressant à lire. Même s'il peut faire peur à cause de sa taille, je recommande vivement ce livre.
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Faire bientôt éclater la terre

J’ai 5 ans et je joue avec Nathalie dans un bruit de fureur, des éclats stridents de scie, les camions déambulent, déchargent du bois, les grumes sont entassés, les voix sont couvertes. Mais surtout l’odeur de la sciure, le bois toujours présent.



J’ai 8 ans, je suis avec ma famille dans une grande maison en bois en Finlande dans la région des 1000 lacs et elle donne sur l’un de ces derniers, du moins je m’imagine qu’il en fait partie. Il n’y a absolument rien d’autre autour si ce n’est la forêt.



J’ai 44 ans, et je découvre « faire bientôt éclater la terre » de Karl Marlentes, 853 pages de l’épopée d’une fratrie obligée de quitter la Finlande au début du 20ème siècle et qui repart à zéro dans l’Oregon. On suit plus de 50 ans de leur histoire, on apprend beaucoup sur l’occupation russe, le sisû des Finlandais, la force intérieure d’un individu, son courage, bref ses tripes pour faire face à l’adversité avec stoïcisme, encore mieux que le hygge danois et le lagom suédois ! On assiste au début des développements des grandes scieries et conserveries de poissons, de l’exploitation massive de la nature, sa mise sous coupe réglée.



Les personnages ne sont pas manichéens, il y a différentes facettes de l’être humain, avec leurs défauts, les histoires sont rudes mais on s’attache autant à l’intransigeante Aino, au mystique Ilmari au réfléchi Matti qu’à Aksel épris de liberté….On patauge dans la boue, on dort souvent à la belle étoile, on construit des saunas, on se bat contre les consortiums capitalistes, mais on danse aussi, on boit, on se bat et on tombe amoureux.



En dernier chapitre, l’auteur apporte des précisions sur l’une de ses sources d’inspiration : le Kalevala, poème épique qui retrace les aventures des figures chamaniques du pays Suomi où se trouve l’actuelle Finlande, et auquel le peuple finlandais s’est raccroché notamment lors de l’occupation russe.



Un grand roman sur la liberté qui s’arraché autant par la lutte syndicale que des rêves poursuivis en forêts et en mer.



Il fait la démonstration que la nature façonne l’âme humaine. Après tout ce que l’auteur fait subir à ses personnages, leur caractère héroïque dans les épreuves donne tant de vertu magique à ce « sisûs» invoqué tout au long du récit que l’on a envie de s’approprier.
Lien : https://lechameaubleu.fr/
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Faire bientôt éclater la terre

Il y a les sagas qui tirent à la ligne. Celles qui peignent des dynasties auxquelles les épreuves ne servent qu’à prouver la résilience. Celles où le cours de l’histoire consacre toujours l’intuition et la droiture des personnages du récit. Opportunément blancs de toute faute, miraculeusement et éternellement du bon côté. Ce qui est bien plus facile lorsqu’on écrit a posteriori, évidemment.

Et puis il y a Faire bientôt éclater la terre. On suit durant quelques décennies le parcours heurté de Finlandais obligés d’émigrer aux Etats-Unis pour fuir la répression russe qui sévit dans leur pays. Aino, jeune femme aux engagements politiques communistes fortement affirmés, son petit frère Matti, travailleurs et tête brûlée, Illmari leur aîné déjà installé tout au nord, sur la côte ouest depuis quelques années. Askel aussi. Et, déjà regroupés en une petite communauté, Kyllikki qui vend des chaussures dans la boutique de ses parents, Rauha la fière, Lena, Jouka le beau joueur de violon. Et tous les autres.

Le temps est à l’exploitation forestière par des self made men. Pour soutenir les besoins toujours galopant de la construction, on fait tomber des pins gigantesques, on abat des monstres d’arbre. Les campements sont précaires, insalubres. Les salaires misérables. Le travail dangereux. On y parle suédois, norvégien ou finlandais. Un peu anglais aussi. On crache sur les autres immigrés, grecs ou italiens que la faim rend capables d’accepter des salaires encore plus indigents que ceux dont on ne peut pas se contenter.

Pas vraiment une success story donc. Pas non plus un récit misérabiliste. Les personnages de cet épais roman subissent les affres d’une existence chahutée par le cours du bois, la première guerre mondiale, la crise de 29. Ils rencontrent des deuils, des pertes, des blessures.

Tout l’intérêt de cette histoire, outre son aspect profondément romanesque et dépaysant, réside dans la relation des mouvements sociaux qui émaillent ces années.

Je m’étais toujours demandé comment on pouvait expliquer que les idées de gauche aient eu aussi peu de prise aux Etats-Unis. J’avais bien en tête la plus tardive chasse aux sorcières de McCarthy mais, sans penser qu’elle pouvait avoir surgi ex nihilo, je ne la rattachais à aucun phénomène antérieur dont j’aie connaissance.

Les immigrés finlandais du début 20e siècle étaient, pour certains, porteurs d’un idéal communiste que la révolution russe viendrait mettre au pouvoir dans leur pays d’origine quelques années après (avec les suites totalitaires que l’on sait). On était encore à un moment de l’histoire où on pouvait espérer, aux Etats Unis aussi, une révolution prolétarienne qui installe l’égalité heureuse, les lendemains qui chantent.

Karl Marlantes met magnifiquement en scène cette opposition frontale entre les intérêts individuels de quelques pionniers arrivés avant, bien décidés à incarner un avatar du rêve américain, et les tentatives d’union des ouvriers récemment immigrés. Il raconte la douloureuse mise en place des syndicats, les bastonnades organisées par les shérifs à la botte des puissants patrons, la répression constante, le déni de la liberté d’expression dans une Américaine puritaine, libérale et raciste. L’écrabouillement pur et simple des idéaux collectifs au profit de la sacrosainte liberté d’entreprise individuelle.

En filigrane, on lit aussi la dangereuse marche forcée vers une exploitation toujours plus radicale des ressources qu’offraient ces terres encore quasi nues de présence humaine. On découvre des portraits de femmes fortes, loin des logiques de subordination à l’œuvre dans les couples Wasp. Et on se prend d’affection pour ces tempéraments insupportables, capables de ne se laisser guider que par leurs idéaux au détriment de leurs affections. Bref, on vibre, on frémit et on a l’impression de comprendre un peu mieux l’histoire de l’Amérique, le moment où les choses auraient pu prendre un autre tour. Une lecture enrichissante !

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Faire bientôt éclater la terre

De la Finlande aux États-Unis, cette épopée familiale nous fait parcourir la presque totalité du vingtième siècle, en compagnie d’Aïno dont l’obstination et la ferveur d’un militantisme absolu façonneront le destin.



Dès son adolescence, Aïno est fascinée par la conception socialiste de la société, dans sa volonté d’en finir avec les inégalités flagrantes, et la précarité de ceux qui constituent la base de la pyramide. Elle est d’autant plus séduite que le charisme de son mentor ne la laisse pas indifférente, Mais au début du 20è siècle, les contestataires sont vite repérés, les emprisonnements et la torture tiennent lieu de négociation. A la suite de son frère, Aïno devra fuir son pays.





Dans l’Oregon, l’exploitation de la forêt est juteuse pour les propriétaires, mais beaucoup moins enthousiasmante pour les bucherons , payés une misère et exposés à la mort ou au handicap étant donné leurs conditions de travail. Il n’en faut pas plus à Aïno pour reprendre son activité de militante, dans un pays où la liberté d’expression est constitutionnelle mais expose à de gros problèmes.



La jeune femme ne lâche rien, même si sa propre sécurité ou son bonheur sont en jeu. La priorité est la justice sociale. On suivra son parcours et celui de ses proches jusque dans les années soixante.



Le roman est passionnant, même s’il est un peu long (pavé de 600 pages). On s’attache à ce personnage hors norme, qui suscite tour à tour l’admiration puis l’agacement quand elle fait preuve d’une obstination délétère. On apprend beaucoup sur le syndicalisme aux États-Unis et sur les conditions de vie des travailleurs, appartenant le plus souvent à des minorités. On découvre les coutumes et les moeurs de la communauté finlandaise immigrée dans l’Oregon.



A la fois instructive et captivante, un excellent roman.



600 pages Calmann-Levy 17 août 2022

#Fairebientôtéclaterlaterre #NetGalleyFrance
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Faire bientôt éclater la terre

Ce livre n’est pas pour Idefix, le chien d’Obélix… Ça le ferait hurler à la mort de lire qu’on y abat tant et tant d’arbres…



Des arbres centenaires, millénaires, appartenant à des forêts primaires. Pas de tronçonneuses, juste des haches, des longues scies, de la sueur, du sang, des salaires de misère et l’exploitation de nombreux hommes par quelques hommes.



Ce pavé comprend assez bien d’ingrédients, notamment sur l’abatage des arbres, le syndicalisme naissant, le socialisme, le communisme, la lutte des classes, l’esclavage moderne, le travail des sages-femmes, les droits des femmes (heu, elles n’en avaient pas), la Russie qui tenait la Finlande sous sa coupe, l’immigration aux États-Unis, soi-disant terre des libertés, les religions, l’effort de guerre pour la Première Guerre Mondiale, l’Espionage Act (*)…



Oui, ça fait beaucoup de matières à ingérer, à intégrer dans le texte pour en faire un récit qui doit tenir debout… Rome ne s’est pas faite en un jour, les États-Unis non plus et ce pavé de 850 pages mettra lui aussi du temps pour en venir à bout. Peut-être un peu trop…



Avec 200 pages de moins, cela aurait été mieux. Il y a trop de détails techniques, dans ce roman qui pèse une tonne. Le travail documentaire a été fastidieux pour l’auteur, sans aucun doute, il est précieux, je ne le nierai pas, mais purée, trop c’est trop.



Aino Koski est le personnage principal. Cette jeune Finlandaise qui a fui aux États-Unis est une syndicaliste convaincue, une Rouge, comme on dit, et à cette époque, c’est une insulte. Elle ne veut rien lâcher, elle harangue les bûcherons, leur parle de salaires équitables, de sécurité, de conditions de travail décentes, de capitalistes…



Raison, elle a. Tout à fait raison, même. Hélas, face à des gens qui gagnent des misères en bossant dur et qui ne peuvent se permettre de faire grève ou de perdre leur emploi, elle frise parfois l’idéalisme, la folie pure (elle se fout souvent des conséquences pour les autres, ses proches).



Son caractère est fort, elle aime la liberté, ne croit pas à l’utilité des mariages (vive les unions libres), mais il m’a été impossible de l’apprécier, comme j’ai pu chérir d’autres femmes (filles) fortes de caractère dans d’autres romans.



Pour tout dire, elle m’a énervée bien souvent et fait lever les yeux au ciel. Malgré tout, je respecterai son engagement, car c’est grâce à ce genre de personne entêtée que nous avons des syndicats, l’inspection sécurité et hygiène,…



Les bémols posés, passons à ce qui est intéressant dans ce pavé ultra-détaillé : c’est tout de même une page importante de l’Histoire des États-Unis qui se trouvent mises en scène dans ce pavé, notamment dans des secteurs que nous connaissons peu tels que l’abattage d’arbres, la pêche aux saumons, mais surtout, sur la naissance du syndicalisme. Il faut garder en mémoire que certains (certaines) ont risqué leur vie, se sont battus, ont pris des coups, affrontés des dangers, pour faire progresser les droits des travailleurs.



Lors de ma lecture de la saga Blackwater (1919 et après), avec la famille Caskey, j’étais chez les propriétaires de scierie, les capitalistes et je ne me suis jamais demandée si leurs ouvriers étaient bien payés, s’ils avaient des conditions de travail décentes, humaines. Avec le roman de Karl Marlantes, je me suis trouvée du côté des damnés de la forêt et ça changeait tout.



Les personnages sont nombreux, mais il est difficile de les confondre, tant ils sont différents les uns des autres, certains étant même plus intéressants que d’autres (Matti Koski, le petit frère d’Aino, Aksel Långström, Kullerrikki et Jouka Kaukonen). Ils ne manquent jamais de profondeur et sont tous bien travaillés, même le Kullerrikki, le voyou siffleur, qui n’a pas un grand rôle, mais est attachant.



Malgré mes bémols dû à l’abus de détails, ce pavé met tout de même en récit tout un pan de l’histoire du Nord-Ouest des États-Unis (de 1901 à 1950) et on se dit que bosser à cette époque n’avait rien d’une sinécure, que l’on mourrait souvent, que l’on se blessait tout autant, qu’il n’y avait aucune sécurité sociale, aucun syndicat et que les patrons étaient les rois…



Une grande fresque historique, familiale, un pavé énorme, qui est mieux passé chez les autres que chez moi, à cause des longueurs et du fait que je ne me sois pas vraiment attachée à Aino Koski (mais j’ai adoré les autres).



Ce roman, c’est une partie de la construction de l’Amérique, loin des rêves promis, vendus, attendus… C’est aussi une grande fresque familiale sur l’apprentissage, l’exil, l’amour, l’amitié, la solidarité et l’envie de s’élever, de réussir, de gagner sa vie, de nourrir les siens, de garder la tête haute.


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Faire bientôt éclater la terre

Fuyant la Finlande sous domination russe, les trois enfants de la famille Koski, Ilmari, Matti et Aino migrent dans le Nord-Ouest de l’Amérique à la fin du XIXème siècle.

Karl Marlantes nous raconte, dans ce grand roman, l’histoire de cette fratrie, depuis leur enfance en 1891 jusqu’aux années soixante.

Une superbe fresque historique qui nous fait découvrir le monde des scieries en ce début de XXème siècle et nous plonge dans la vie difficile des bûcherons de cette communauté d’immigrants finlandais et suédois.

La sœur cadette Aino, transporte en Amérique ses idées socialistes venues de sa Finlande natale et s’engage dans le militantisme, participant activement aux débuts du grand syndicat IWW (Industrial Workers of the World). Sur le modèle communiste de la Révolution Russe, elle s’engage dans la création d’une scierie puis d’une conserverie fonctionnant en coopératives.

A une époque où toutes les initiatives sont possibles, le grand frère Ilmari, après avoir été salarié dans des conditions déplorables, crée sa propre entreprise de scierie sur les rives de la Deep River.

Alors que la Première Guerre Mondiale éclate en Europe, Ilmari contribue à l’effort de guerre en fournissant du bois pour la construction des avions et Matti, le plus jeune frère, s’engage dans l’armée américaine prenant fait et cause pour son pays d’adoption.

Une Amérique en devenir, qui se bâtit autour de ses communautés d’immigrants, révélant un peuple entreprenant et multiculturel.

Je suis à la fois admirative de la construction complexe de ce pays fait d’un mélange de tant de populations et de croyances différentes mais également surprise que perdurent de nos jours de récurrentes manifestations d’intolérance.

Un roman passionnant et une plongée vertigineuse dans les immenses forêts de l’Etat de Washington où, du haut de gigantesques troncs de plus de 60 mètres, ou au fil de tumultueuses rivières à saumons, on voit se construire la future société américaine.
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Faire bientôt éclater la terre

Finlandais dans l’obligation de s’exiler de leur pays, à cette époque sous joug russe, Matti et Aino Koski rejoignent leur frère, Ilmari, déjà installé depuis plusieurs années au bord de la Columbia River, aux Etats-Unis. Ils seront suivis de peu par une de leurs connaissances, Axel Langström, suédois vivant en Finlande, dans l’obligation, lui aussi, de s’exiler. Encore adolescents, ou tout jeunes adultes, les garçons deviendront bûcherons, comme la majorité des scandinaves ayant immigré dans ce coin du pays, mais ils voudront, très vite, fonder leur propre entreprise. Aino, quant à elle, d’abord cantinière dans les campements de bûcherons, va vite être rattrapée par les idées socialistes qu’elle a quittées en Finlande, et devenir une des égéries des Industrial Workers of the World, à ses risques et périls.



Je ne connais pas suffisamment, et l’histoire de la Finlande, et l’histoire du syndicalisme américain, ou encore celle de la vie des bûcherons de la Columbia River, de la première moitié du XXème siècle, pour confirmer ou infirmer la véracité de ce qui nous est raconté, mais j’ai pleinement eu la sensation de vraiment remonter le temps, dans un Far West à son crépuscule, détrôné par l’industrialisation massive qui doit permettre à une population états-unienne grandissante de vivre au mieux, au détriment d’une autre partie, issue d’une nouvelle immigration, qui travaille au contraire dans des conditions inhumaines.



Et puis l’auteur, Karl Marlantes, américain d’origine finlandaise dont la famille a vécu ainsi, dans l’Oregon, semble s’être particulièrement documenté avant d’écrire ce roman, de fait précis, tant quant à la description de la vie quotidienne dans les campements et sur les chantiers, très dangereux, de coupe d’arbres gigantesques, qu’à celle des traditions finlandaises, ou encore de l’activité syndicale de l’époque.



Et puis je me suis attachée à la famille Koski : certes, Faire bientôt éclater la terre est avant tout un roman historique, dense, mais il est aussi une fresque familiale d’apprentissage, d’amour, de solidarité face à l’adversité, qui incarne avec romanesque, et parfois émotion, une part d’Histoire assez peu connue, finalement, en Europe de l’Ouest, si l’on ne s’intéresse pas un minimum au sujet.



Je me replongerai volontiers, un jour, dans un roman de l’auteur, qui manie avec brio histoire et Histoire, du moins de la façon dont, moi, je l’apprécie.

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Faire bientôt éclater la terre

Faire bientôt éclater la terre nous plonge au XXe siècle, trois jeunes Finlandais décident de fuir l'oppression russe. Deux frère, Ilmari et Matti, et leur sœur Aino.

La fratrie va travailler dans le domaine de l'abattage des arbres, que ce soit en les coupant dans le cas des deux frères, ou en s'occupant du campement et de la nourriture dans le cas d'Aino.

Pour Ilmari et Matti, c'est l'occasion de se forger une nouvelle vie, de pouvoir mener à vie leurs rêves, que ce soit en terme de vie professionnelle ou de vie personnelle. Mais Aino, de son côté, est révoltée par les conditions de la vie salariée et par l'avidité des patrons. Car le bûcheronnage est une activité lucrative pour les patrons, qui en profitent sans vergogne, exploitant à la fois la terre mais aussi les salariés, qui doivent travailler de longues heures éreintantes pour un travail dangereux et un salaire de misère. La jeune femme se lance dans la création d'un syndicat et dans une série de grèves, luttant pour assurer un avenir meilleur aux petits travailleurs – même si ses idées sont parfois mal-vues et qu'elle est considérée comme une « rouge ».

Sa vision de la vie est forcément en confrontation avec celle de ses frères. Car eux ont focalisés sur le fait de marier, de mettre de l'argent de côté, tandis qu'Aino ne vit que pour combattre l'injustice, à coup de grèves et de revendications. Elle en oublie donc souvent l'individualité pour se concentrer sur le collectif, délaissant souvent familles et amis. Mais a-t-elle vraiment tort ? Ses frères ont-ils tort ? Les syndicats, malgré le fait que certains utilisent des méthodes jugées barbares ou peu conventionnelles, se battent pour les opprimés et pour une sécurité sur le long terme, même si la violence est là sur le court terme.

Faire bientôt éclater la terre est un livre qui me tentait énormément, pour le côté fresque : que ce soit familiale ou politique. On plonge dans l'histoire des États-Unis à un moment charnière, spécialement pour les immigrés scandinaves. L'Amérique est en pleine évolution, de nombreuses envies s'opposent, des intérêts divergent, que ce soit la lutte patron/ouvrier, mais aussi celles au sein d'une même famille ou communauté.

C'est un roman passionnant, très bien écrit, et cela augure bien cette rentrée littéraire 2022. Je vous conseille donc vivement Faire bientôt éclater la terre !
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Faire bientôt éclater la terre

Voici un roman qui vous embarque dans la vie des immigrés islandais aux Etats-Unis au début du XXe siècle à travers une figure féminine.



Nous suivons le destin parfois contrarié de cette femme qui décide d'affronter les épreuves mais aussi celui de sa famille et de ses amis qui ont également fait le choix de quitter la Finlande.

Un roman qui offre une fresque et donne à voir un monde où rien n'est facile mais où la solidarité est le maître mot.

C'est aussi une leçon de courage de cette femme qui refuse de laisser ses convictions de côté et qui coûte que coûte les défend.



Une histoire qui marque. De la littérature comme on l'aime.



Merci à #NetGalleyFrance et à #calmann.levy pour la lecture de ce roman
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Faire bientôt éclater la terre

J’ai passé une bonne dizaine de jours en compagnie d’une galerie de personnages, d’abord en Finlande puis sur les rives de la Columbia River, entre Oregon et Washington, sur la côté Ouest des Etats-Unis. Je pensais passer plus de temps avec Aino et sa famille, mais j’ai été tellement happée par cette fresque historique que je n’ai pas réussi à la lâcher et j’ai avalé ses presque 800 pages en à peine plus d’une semaine !

Aino est née en Finlande à un moment où la conscience d’être une nation en est encore à ses balbutiements mais où la présence russe fait beaucoup pour catalyser le processus. Aino grandit en Finlande alors que les idées communistes s’y répandent. Patriotisme, socialisme… Toutes ces idées en -isme seront la cause de son émigration aux Etats-Unis, ainsi que de celle de ses deux frères, Ilmari et Matti.

C’est le long de la Columbia River que s’écrivent dorénavant leurs vies, dans les premiers jours du nouveau siècle, le XXème, alors que cette partie du pays s’ouvre tout juste à l’appétit des hommes et à leur industrie. Au cours des deux ou trois décennies qui suivent, on assiste à la croissance de l’industrie du bûcheronnage et de la scierie, aux avancées techniques et à la croissance des villes qui accompagnent l’essor économique. Même si je ne connais rien au bûcheronnage et que les descriptions des machines et des techniques me sont parfois restées obscures, la description de cette industrie et de ses acteurs, grandes firmes et petits indépendants, banquiers véreux et tenanciers de lieux de perdition rôdant autour.

Mais le livre n’est pas que cela, c’est aussi une chronique des affrontements entre salariés et patrons au cours de ces décennies, les luttes, souvent violentes et les affrontements pour obtenir des conditions de travail un tant soit peu décentes : des salaires un peu meilleurs, mais aussi des heures fixes, des normes de sécurité qui évitent les nombreux accidents qui tuent ou laissent des hommes invalides à une fréquence difficile à imaginer, ou tout simplement de la paille fraîche une fois par semaine pour les lits. Cette histoire était inconnue de moi, même si j’avais déjà croisé l’IWW (Industrial Workers of the World, les Wobblies) dans une nouvelle de Jack London, [Le Mexicain], pas plus tard qu’il y a quelques mois, et j’ai trouvé le compte-rendu de cette lutte passionnante, cette poussée entre communisme et syndicalisme dans un pays foncièrement capitaliste et individualiste. La litanie des grèves et des répressions est peut-être un peu trop exhaustive à mon goût, d’autant qu’on sort du cadre initial de l’histoire en s’aventurant dans d’autres secteurs et d’autres zones géographiques, mais ce sera le seul reproche que je pourrais faire à ce livre.

Et puis il y a aussi cette galerie de personnages, car ce livre n’est pas juste un prétexte pour nous faire découvrir un pan de l’histoire de la construction des Etats-Unis comme puissance industrielle. C’est aussi l’histoire de sa construction comme nation. Car au fil des années qui passent, les personnages évoluent. Certains sont nés aux Etats-Unis, d’autres arrivés très jeunes, d’autres arrivés alors qu’ils étaient déjà adultes. Cela détermine leur rapport initial au pays et aux langues qu’ils parlent, mais ensuite, chacun suit sa trajectoire. Et l’on voit peu à peu l’américanisation se faire, avec la langue qui est parlée à la maison, le nom donné aux plats traditionnels qui change, le 4 juillet qui est fêté pour la première fois (sans que ni les personnages ni l’auteur ne notent la signification de ce moment qui me semble pourtant un point de bascule important). On voit ceux qui, comme Aino, ont fui leur pays à cause de leurs idéaux et les ont clairement emmenés dans leurs (maigres) bagages, on voit ceux qui identifient très vite les potentialités de ce pays non encore abouti et qui sont capables d’en tirer le meilleur parti. Cette évolution des personnages est, sans que l’auteur semble y toucher, une passionnante description du processus d’émigration et d’assimilation, entre rivalités entre communautés et mouvances des allégeances.



Et à cela il faut ajouter les descriptions du paysage, des saisons qui passent, des pluies incessantes, et l’on a le merveilleux décor d’une saga au souffle épique, car Karl Marlantes l’explique dans une note à la fin du livre (une note qui pourrait être placée au début car il me semble que la lire avant de se lancer dans ce roman enrichirait la lecture), ce livre est plus qu’un simple roman historique. C’est le roman de ses ancêtres, car il est issu de ces Scandinaves qui se sont faits bûcherons, troquant leurs hivers de neige et leur végétation rase pour des étés pluvieux et des arbres dont la circonférence peut faire plusieurs dizaines de mètres. C’est aussi un roman qui, il le suggère, reprend la trame du Kalevala, la grande épopée mythologique finlandaise. Cela explique peut-être les décisions de certains personnages, que je n’ai pas toujours trouvées cohérentes, mais qui étaient nécessaires pour coller à la trame choisie, en tout cas cela donne une profondeur supplémentaire à cette œuvre. Et on n’est pas à un paradoxe près que de compter l’assimilation aux Etats-Unis en suivant la trame d’un chant finlandais.

Ce roman avait tout pour me plaire au vu de mes goûts littéraires, mais c’est plus que cela. Cette lecture m’a véritablement emportée, j’ai découvert beaucoup de choses, vu des arbres aux dimensions que je ne soupçonnais pas, j’ai senti la pluie sur mon visage, entendu le Kantele, vu la détermination des grévistes et celle de leurs opposants, et je ne suis pas encore tout à fait revenue de ma lecture.



Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy de m’avoir permis de découvrir ce livre, via netgalley.
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Faire bientôt éclater la terre

A la fin des années 1800 en Finlande, Aino, 17 ans et son frère Matti, sont obligés de fuir le vieux pays pour échapper à l'oppression politique. Ils embarquent pour les Etats-Unis, sur la côte Est près d'Astoria, où leur frère Ilmari s'est déjà installé depuis quelques années.

Si Ilmari cultive sa terre et travaille à la forge, Matti et Aino vont trouver du travail à la Reder Company, une colonie de bucherons. L'abattage du bois est une filière en pleine expansion mais dangereuse. Aino, qui a connu une période difficile en Finlande pour ses idées communistes, décide de monter un syndicat pour améliorer les conditions des bucherons.

Au delà de ses quelques lignes, j'ai beaucoup de mal à résumer l'histoire tellement elle est dense. On entre entièrement dans l'histoire de cette fratrie et de cette époque d'abondance, où les hommes n'ont pas conscience d'abattre les richesses de la forêt. Ilmari et Matti sont des personnages très attachants. Ils 'ont pas la même envie. Ilmari cherche son accomplissement dans la spiritualité, au sens large, et Matti lui cherche à devenir riche en travaillant et en ayant sa propre entreprise. Chacun va aussi fonder sa propre famille et le couple de Matti est vraiment très beau.

L'éhroïne principale de ce livre reste Aino. Elle peut parfois être énervante pour le lecteur, tellement elle est entière dans son combat syndical. Elle sacrifiera ceux qu'elle aime et qui l'aime pour sa cause et c'est parfois très énervant, pourtant elle reste un très beau personnage, très fort, très attachant.

J'ai appris beaucoup de choses sur les premiers syndicats aux Etats-Unis avec ce livre et j'ai beaucoup apprécié cet aspect.

Merci à Netgalley et Calmann Levy pour cette très belle lecture.
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Faire bientôt éclater la terre

Trois jeunes finlandais migrent en Oregon pour échapper à l'envahisseur russe. Du début du 20° siècle à la fin des années 60, Karl Marlantes raconte comment chacun d'entre eux s'est construit dans une Amérique aux multiples promesses.



Karl Marlantes a grandi aux Etats-Unis dans une ville de bûcherons, et cela se ressent dans le roman. Il donne beaucoup de détails sur les conditions de vie très rudes des ouvriers (bûcherons, ouvriers de conserverie, ...) ou des fermiers, ainsi que sur le quotidien des femmes. Aino, syndicaliste acharnée, se bat inlassablement pour faire reconnaître le droit des travailleurs, tout en essayant de remplir au mieux son rôle de mère. Ce roman compte plus de 800 pages, pourtant il se lit facilement. Les personnages sont nuancés, bien campés, l'arrière plan historique et politique fouillé, les rebondissements nombreux mais crédibles.



Une lecture passionnante.
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Faire bientôt éclater la terre

Inspiré par l'épopée de ses ancêtres, l'Américain Karl Marlantes publie l'histoire fleuve d'une fratrie finlandaise émigrée sur la côte ouest des États-Unis.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Faire bientôt éclater la terre

Dans la Finlande alors dominée par la Russie, Ilmari, Aino et Matti sont les trois enfants survivants de la famille Koski, la joie de leur mère malgré les privations et les mésactions de l'Occupant. Pourtant, pour un avenir meilleur, pour éviter les ennuis politiques ou les poursuites judiciaires, ils quitteront le vieux pays et s'installeront dans le Nord des États-Unis où les épicéas sont géants, les poissons nombreux et les combats sociaux encore balbutiants. Des rencontres, des danses, de la sueur qui perle sur le front, des déconvenues, des rêves et des meetings politques forgeront (ou tailleront à coups de puuko) le destin de cette famille et de leurs proches.

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L'auteur est un descendant de cette émigration scandinave aux USA, il parle avec ironie des travers de ces gens venus du froid et avec tendresse de leur grand cœur. Avec l'implication politique d'Aino, il nous rappelle que nos (fragiles) acquits sociaux viennent de ces bûcherons, ouvriers, cantinières et tous les travailleurs et travailleuses qui se sont littéralement battus pour nous. Mais il n'oublie pas de nous divertir, de nous dérouter et de nous faire vibrer au rythme de ce quotidien si particulier...

Si j'avoue ne pas avoir toujours bien compris les subtilités de la coupe du bois, j'ai été tout à fascinée par cette saga familiale. Les Koski sont attachants, agaçants, terriblement humains et tous les trois me manquent déjà énormément !
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Faire bientôt éclater la terre

Dans les dernières années du XIXe siècle et au tout début du XXe, Ilmari, Matti et Aino Koski quittent leur Finlande natale et immigrent séparément en Amérique. La Finlande est alors sous domination russe, et la brutalité de la répression contre la moindre contestation a entraîné la disparition de leur père. Un à un, pour fuir la pauvreté et les persécutions tsaristes, les deux frères et la sœur vont s’embarquer l’un après l’autre pour les États-Unis, et s’installer dans l’état de Washington. Ils rejoignent nombre d’immigrants des pays scandinaves venus travailler dans les métiers du bois ou de la pêche, et ce, dans des conditions à peine imaginables aujourd’hui. On suivra la fratrie pendant quarante ans (1893-1932), mais la farouche activiste « rouge » Aino tient assurément la première place dans ce roman.

***

J’ai commencé Faire bientôt éclater la terre avec une légère inquiétude à cause de la liste de noms présentée au début. S’il y a effectivement beaucoup de personnages dans ce long récit, je n’ai pas éprouvé de difficulté à m’y retrouver. J’ai apprécié que la liste donne des indications de prononciation sur les noms et prénoms. Le premier des 5 prologues est glaçant, et on comprend tout de suite que le terrible événement qui y est relaté va influer sur tout le reste du roman. D’ailleurs, chacun des prologues des 5 parties revêt une importance particulière et oriente la lecture. Mon total enthousiasme après la lecture des 200 premières pages s’est trouvé tempéré par la très grande quantité de détails techniques et didactiques sur la coupe des arbres gigantesques de la forêt primaire comme sur les balbutiements du syndicalisme et son évolution, détails qui peuvent être répétitifs. Mais les personnages que l’on côtoie m’ont sincèrement passionnée. Ilmari réussit presque toujours à concilier son mysticisme et son esprit pratique, alors que Matti se comporte souvent comme une tête brûlée, trop prompt à sortir son suukko (couteau finlandais multifonctions). Aino se révèle plus difficile à cerner : excessive, parfois infantile, têtue, curieuse, elle peut passer d’un solide égoïsme à un total altruisme. Grâce à eux, Karl Marlantes nous entraîne dans une aventure extraordinaire, avec des personnages fouillés, aux caractères différents voire antagonistes, aux buts et aux espoirs divers, dont le parcours lui permet de retracer certains pans de l’Histoire américaine pour notre plus grand plaisir.

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Faire bientôt éclater la terre

Je vais être particulièrement dur : vous prenez un ouvrage historique sur l’abattage des arbres dans les forêts primaires aux États Unis, un sur l’émergence des syndicats auxquels vous ajoutez un manuel de sages femmes, beaucoup de bons sentiments et vous passez tout ceci au mixeur ; vous obtenez un pavé de 850 pages hyper romancé et particulièrement soporifique. Malgré le poids et le prix prohibitif de ce livre il n’ira pas dans ma bibliothèque. Karl Marlantes est sorti de sa zone de confort : la guerre du Vietnam qu’il connaît bien pour se lancer dans un récit comme on n’ose plus en écrire depuis bien longtemps.
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Faire bientôt éclater la terre

Saga classique de l'émigration aux Etats-Unis, ce roman vraiment fleuve (Deep River titre original curieusement traduit en France) en est la version finlandaise avec la diaspora nordique à l'extrême nord-ouest américain, le Washington au début du siècle précédent. Faire bientôt éclater la terre comporte 850 pages. La littérature et le cinéma ont souvent relaté l'arrivée et l'installation des Européens. Italiens et Irlandais fournissant le plus gros contingent.Voici l'histoire des Finlandais devenus bûcherons ou pêcheurs du côté de la Columbia River, contée par Karl Marlantes, lui-même né à Astoria, Oregon, en 1944 et auteur d'un des meilleurs livres sur le Vietnam, Retour à Matterhorn.



Les ingrédients sont bien là. Une fratrie de nouveaux venus en Amérique, ceux-là ont fui l'oppression russe en Finlande au début du XXe siècle. Dans ce bout du monde américain tout est à construire. Ilmari, Matti et leur soeur Aino se retrouvent ainsi dans une colonie de bûcherons. La tache est colossale mais l'espoir est là. Land of freedom? Certes, mais ça va prendre du temps. Entre parenthèses lire Faire bientôt éclater la terre aussi, ça prend du temps. Nous n'échapperons donc pas aux préjugés des autochtones, à la volonté des arrivants, aux débuts d'une déforestation artisanale. Rien de vraiment inédit dans cette histoire. Mais outre que c'est une histoire à laquelle on adhère facilement n'oublions jamais que l'inédit n'existe plus depuis belle lurette.



Ce roman présente Aino, la soeur, comme l'héroïne principale, la plus engagée socialement, la plus pugnace, une Scarlett O'Hara de l'abattage des arbres, une pasionaria de la cause des exploités, une précurseure... (comment dit-on) du syndicalisme. Normal dans le contexte actuel, néanmoins sympathique. On y rencontre Joe Hill, immmigrant suédois, militant célèbre, héros des chansons folk de ma jeunesse. Les frères d'Aino et tous les autres ne s'en laissent pas conter malgré tous les malheurs de la ruée vers l'Ouest. Accidents du travail (terme anachronique bien sûr), amours-désamours, mariages, fièvres, bals, 14-18, ascension sociale avec quelques pannes, tout ce qui fait l'intérêt et la limite de ces bouquins-tendinites (parfois le kiné resurgit vu le poids de l'ouvrage) est là.



Et puis il y a les détails. Et là Marlantes ne fait pas dans le détail avec tous ces détails techniques un tantinet fastidieux. Sur la pêche au chinook dans l'estuaire, ce saumon géant plus lourd encore que le bouquin. Le travail de documentation de cette saga dû être considérable. Et que dire des pages entières sur le labeur si dur des bûcherons, élagueurs, débardeurs face aux gigantesques séquoias? On en sort un eu essoré parfois, les bras lourds de tant d'efforts.



Mais ne boudons pas. Faire éclater la terre est un bon roman, bien balisé certes mais ce n'est pas désagréable de cheminer en littérature muni d'une ceinture de sécurité, comme n'avaient pas les pionniers nordiques dans les années 1900. Rappelez-vous, faut un bout de temps. Pour la chanson je n'ai pas mis la célèbre version Woodstock de Joan Baez qui m'énerve un peu mais celle de Luke Kelly (The Dubliners)



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