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Loup Maëlle Besançon (Traducteur)
EAN : 9782207165553
Denoël (23/08/2023)
3.32/5   28 notes
Résumé :
Un matin, les habitants d'une station balnéaire norvégienne aperçoivent dans le ciel une énorme étoile flamboyante qui se dirige à toute vitesse vers la Terre. Kathrine, Arne, Iselin et Solveig, tous à un croisement de leur vie, tentent de trouver un sens à cette catastrophe imminente.

Avec « L’Étoile du matin », Karl Ove Knausgaard compose un roman choral magistral aux accents apocalyptiques qui explore la confrontation entre l’humain et les forces q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Atmosphère fluctuante : mi-crépusculaire, mi-hypnotique.

Il n'est pas si facile de raconter l'ambiance générale de ce livre qui se déroule sur deux jours dans une petite station balnéaire de Norvège et qui parle d'une immense étoile se rapprochant dangereusement de la terre. La quatrième de couv. annonce un roman choral que j'ai certes retrouvé mais dont je n'ai pas toujours cerné l'intérêt qu'il y avait d'y apporter autant de personnages qui finalement n'interviendront pas dans l'intrigue finale, ni ne servaient tangiblement à la mise en valeur de l'histoire.

Si l'on occulte ce point, on retient par contre que les personnages de Karl Ove Knausgaard sont convaincants, que plein de situations sont des miroirs de nos vies et que son écriture est intéressante. Par moment on se croit à sa table d'écriture tant sa plume avance vite, comme sortie d'un boulet de canon. On le visualise, on le sent. Un peu comme s'il ne serait plus arrivé à freiner son cerveau, ni d'ailleurs son jet d'écriture. Une idée en amène une autre, une situation en induit une autre, un oeil qui voit une chose puis se retourne et en voit une autre se situant à une autre époque de la vie du personnage. D'où la sensation de semi-hypnose annoncée en sous-titre.

Les personnages sont éclectiques. Chaque personnage devient le narrateur de son chapitre, de son histoire. Je ne parlerai, et que très succinctement de deux trois d'entre eux.
Il y a Arne, ce mari chamboulé par une épouse bipolaire, épouse que Knausgaard a su rendre agaçante. Où que se trouve cette famille qu'il forme lui, son épouse Tove et leur deux fils Heming et Asle, jamais elle ne peut déguster la vie.
Il y a ensuite Kathrine, pasteure et ayant elle aussi une famille, qui prend la parole dans son chapitre à elle. Puis la jeune femme Emil qui plonge proprement suite au fait qu'elle vient de laisser tomber un bébé, la caissière Iselin qui a interrompue ses études ou encore le médecin Solveig qui soigne son ancien pote.
Neuf narrateurs défilent ainsi pour raconter leur vie et ces fameuses journées où apparait une énigmatique étoile. Elle prend tant de place dans la vie des personnages qu'elle finit par les déstabiliser.
Si tout du moins leur vie avait un tant soit peu de stabilité, de réalité, de fond.

Un dernier élément, celui de la traduction qui m'est apparue excellente puisque, justement, on ne suspecte pas de traduction. Je me suis rappelée avoir appris un jour que le norvégien avait bien plus de synonymes que le français. Dans cet ouvrage traduit du norvégien, je n'ai jamais douté d'un mot ou d'une image. La lecture est si facile et évidente, qu'on ne se pose pas la question de savoir si la traductrice, Loup-Maëlle Besançon, aurait pu faire un autre choix de mots. 840 pages patiemment traduites.
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Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=p815o1ai-o0&ab_channel=YasminaBehagle

On va suivre plusieurs personnages sur deux jours du mois d'août en Norvège, deux jours particuliers puisque apparait une étrange étoile dans le ciel, qui va avoir des conséquences sur la vie de chacun d'entre eux. Est-elle le symbole d'une ère nouvelle ou de la fin du monde ?

Mon avis ?
Ce n'est pas le meilleur livre de Knausgaard, bien qu'on reconnaisse sa patte. J'ai pris du plaisir à le lire, mais une fois refermé, une fois la décantation activée, j'ai pas mal de questionnements esthétiques ou au niveau de l'intrigue. Un goût d'inachevé. Je vais commencer par ce qui m'a plu dans ce roman. D'abord, Knausgaard est très bon pour ce qui est de décrire la psychologie humaine. Il arrive à rentrer dans la tête de ses personnages comme personne, et rend chacun d'eux très convaincants. Je me rappelle qu'il avait fait, dans son Cycle des saisons cette expérience, de passer du je-Knausgaard à un je-personnage au sein d'une même phrase, ce qui mettait vraiment en scène de manière littérale ce que c'est, d'écrire, d'un côté la fictionnalisation obligatoire, même au sein d'une autobiographie, ce qui permet de remettre le pacte avec le lecteur en question, mais aussi de montrer le naturel avec lequel un auteur chausse les souliers de ses personnages, comment ce mensonge, car toute histoire en est un, se fait dans une sorte d'état d'hypnose.
Et dans l'Etoile du matin, quand on a lu Mon combat, son cycle autobiographique, on reconnait des proches ou lui-même dans les traits de ses personnages. Par exemple, Arne vit avec une femme bipolaire, comme l'est Linda, l'ex-femme de Knausgaard, et ce même personnage est bourru et alcoolique, comme son père l'était. En fait, on voit ce qu'est l'écriture, le fait de mettre de soi, de son entourage, de son environnement dans son texte et on le voit de manière concrète. Pour ceux qui l'ont lu, ce sera une sorte de jeu de correspondance qui se met en place, deviner qui se cache sous les traits de qui.

Parallèlement, j'ai eu du mal à ne pas voir dans le découpage de son livre, avec de multiples personnages, une facilité. C'est quelque chose qu'on voit beaucoup de nos jours, un montage comme les séries, ou l'on suit tel personnage sur une période, puis on termine sur un cliffhanger un peu facile et on se penche sur un autre. Souvent, dans la dernière partie du livre, le lien qui les unit tous est explicité, et ils sont réunis dans une scène de réconciliation et d'apaisement chorale. Eh bien Knausgaard ne nous donne pas cette satisfaction. A aucun moment on ne sait pourquoi il parle de tel personnage, qu'est-ce qui le relie aux autres, pourquoi eux et pas d'autres,… Ce qui est justement l'un des questionnement que j'ai, je ne sais pas encore si je trouve ça paresseux ou couillu à vrai dire. J'aime d'un côté qu'il nous facilite pas la tâche, et de l'autre, je trouve que la fin est un peu brouillon, que c'est comme s'il lâchait peu à peu les fils de chaque destin au lieu de les tenir d'une main de maitre. le livre fait quand même plus de 800 pages, on se demande pourquoi il écrit sur tel personnage sans en reparler par la suite (et en même temps, je comprends aussi le geste esthétique, le « parce que je peux » démiurgique de l'auteur, qui souligne nos propres questionnements existentiels). Auteur qu'on retrouve sous les traits d'Egil, qui est un des personnages les plus intéressants du roman, double de Knausgaard je pense, qui suite à sa conversion s'interroge sur la place de l'homme et de Dieu dans le monde. Son personnage, je pense que des experts en théologie parviendrait mieux que moi à faire le lien, mais il a un rapport avec la connaissance, avec le fruit défendu. Dans sa partie, on voit souvent apparaitre des serpents, et un pommier — il parle d'ailleurs pendant plusieurs pages de la parabole d'Adam et Eve chassés du paradis. Lui est le fils d'un riche homme d'affaire et erre un peu comme Adam et Eve sans trop de but — il a abandonné les documentaires qu'il réalisait, et écrit un livre sur les morts, sur la vie après la mort, livre dans le livre qui clot L'étoile du matin. Je pense que chaque personnage, en tout cas, c'est l'intuition que j'en ai, reprend une parabole, ou une figure biblique importante. J'aimerais bien comme je disais que des spécialistes expliquent le roman du point de vue religieux, car je pense que c'est une énigme, un roman à clé, à plusieurs sens, et que beaucoup d'entre eux sont encore fermés pour moi.

Par contre, ce que je regrette, c'est qu'il y a moins de travail sur le style que dans ses autres livres. Knausgaard le reconnait lui-même, ce n'est pas un grand stylisticien, ce n'est pas son but en tout cas, de travailler sur la langue — il ne travaille pas dans l'obsession de la phrase parfaite, mais plutôt en jet, de ce que j'ai compris — c'est-à-dire qu'il s'enferme pendant des heures et écrit sans discontinuer. Et en général, et même dans celui-ci, ça marche : il parvient à atteindre une sincérité, un naturel que trop de sophistication pourrait empêcher. Mais dans celui-ci, il y a aussi beaucoup de répétitions, je ne compte pas le nombre d'épaules haussées ou de tête hochées, peut-être parce que j'ai corrigé le mien récemment, et que c'était un tic aussi que j'ai, et que beaucoup d'auteurs doivent avoir. Pareil pour la mer, dès qu'elle est mentionnée, elle est associé à l'adjectif « étale ». Beaucoup de « mais » ou de « puis ». Je ne sais pas si c'est un problème de traduction — peut-être qu'il y a plus de synonymes en norvégien, et que c'est difficile de le traduire sans perdre la nuance. En tout cas, ce sont des répétitions qu'on n'admettrait pas chez un débutant, et je pense qu'on devrait être d'autant plus intransigeant avec les auteurs bien installés. C'est toujours la même impression que quand un auteur est bien positionné dans le champ littéraire, on n'ose moins souligner des problèmes comme ceux que je viens de décrire, et je trouve que c'est dommage, qu'on devrait au contraire continuer de les aider à atteindre le roman parfait.

Toutefois, je le recommande quand même, ces petits détails n'entachent la lecture que si on est obsessionnel comme je le suis. Knausgaard arrive à rendre ses personnages très convaincants, et surtout, c'est l'auteur du quotidien par excellence. C'est lui qui parvient à décrire le bruit de l'eau qu'on fait bouillir pour le thé, c'est pour ça que dans ma première vidéo où je parlais de lui, je disais qu'il m'évoquait ces vidéos de femmes qui font la cuisine ou le ménage, de nature porn, c'est-à-dire de miroir de nos vies, le roman qui ne parle de rien d'autre que nous et du monde qui nous entoure.
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On aurait envie de qualifier ce livre atypique d'Ovni littéraire. Et on aurait tort de le faire tant cette expression galvaudée et employée souvent mal à propos ne rendrait pas justice à ce grand et beau livre.
Alors disons tout simplement que c'est un grand et beau livre, l'une des très bonnes surprises de cette rentrée qui finalement se révèle assez prometteuse (*)
Tout commence comme un roman psychologique : divers citoyens de la ville norvégienne de Bergen prennent tour à tour la parole, selon la technique du roman choral ; nous suivons leur courant de conscience et les événements de leur vie et du monde sur une période de deux jours, émaillée de flash-back dans leur histoire ; tous traversent une crise existentielle qui va connaître une acmé, liée à un phénomène, il faudrait dire une catastrophe au sens de la tragédie grecque
Une étoile nouvelle d'une taille inusitée apparaît soudain dans le ciel de Bergen.
Il y aurait bien sûr une explication rationnement : une super-nova ; mais ce n'est pas que cela.
Dans la tradition des phénomènes célestes du passé, son surgissement s'accompagne en effet de phénomènes qu'on ne peut qualifier autrement que de surnaturels, qui bouleversent la vie de nos personnages dans ses aspects les plus intimes, de phénomènes surnaturels, disais-je, si du moins ils correspondent à une réalité objective
Mais précisément, et c'est une autre dimension du livre, il nous conduit à interroger la notion de réalité objective, dans le cadre d'une réflexion philosophique et théologique, qui englobe Dieu et les dieux, l'existence de l'âme, la nature de la vie et de la mort et de la réalité.
Et cette étoile nous envoie à l'Étoile du Matin, au Lucifer des textes sacrés, et aussi, selon une exégèse surprenante, serait aussi le Christ
Et c'est aussi l'Étoile Absinthe de l'Apocalypse, cette apocalypse, au sens étymologique de révélation de choses cachées, et aussi au sens courant du terme, si courante dans les préoccupations de nos contemporains et qui donne lieu à une toute une littérature, sans rapport cependant avec celle du livre, cette Apocalypse donc appairait de plus en plus dans le récit.
Nos personnages sont-ils en train de la vivre ? Ou autre chose ?
Je suis hélas conscient de n'avoir donné qu'une bien pauvre idée de toute la richesse thématique du livre.
Mais surtout que cela ne vous décourage pas, ne croyez pas que c'est un livre difficile. Cette philosophie, comme toute pensée vraie qui ne cache pas son vide sous l'obscurité des mots, s 'énonce clairement.
Encore un mot ; si vous aimez qu'une livre se termine par une conclusion définitive, qui explique tout, vous serez déçu.
Mais c'est à vous de tirer vos propres conclusions, quoique les dernières lignes du texte du personnage nommé Egil, qui est aussi le dernier chapitre du livre, paraissent en indiquer une
Mais c'est le texte d'Egil

Pour information, Knausgaard est également l'auteur d'un cycle autobiographique d'une dizaine de volumes, également publiés chez Denoël


(*) Ainsi l'excellent Déserter de Mathias Enard, dont j'ai dit ici le bien que j'en pense et dont je me permets de conseiller la lecture
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Pour moi, la grandeur de Karl-Ove Knausgard réside dans son introspection géniale dans le quotidien, dans la façon dont il perçoit le miracle qui sort de l'ordinaire. Cela se reflétait parfaitement dans son vaste ‘Mon Combat' et dans les courtes vignettes de son cycle saisonnier, toutes deux dans le genre autobiographique. Mais avec ce livre, Knausgard s'aventure dans quelque chose de complètement différent. Il s'agit plutôt d'un conte dystopique qui se répand de plus en plus dans le domaine magique et se termine par un essai philosophique sur le sens de la mort. Et aussi nouveau pour lui : il suit une douzaine de personnages à Bergen, en Norvège, dans des épisodes qui se terminent chacun sur un ‘cliffhanger', donnant au roman un caractère de thriller.
L'accumulation de l'histoire est assez lente, mais peu à peu les événements étranges que vivent les personnages s'accumulent, le plus frappant étant l'étoile inhabituellement grande qui brille dans le ciel la nuit et progressivement aussi pendant la journée, la chaleur extrême et le comportement étrange de animaux et humains. Ce qui est curieux, c'est que Knausgard présente des personnages assez antipathiques, légèrement tordus, et laisse certains scénarios dans une impasse à mi-parcours, comme si peu importait ce qui se passait exactement. Veut-il que nous participions consciemment à l'obscurité de la réalité quotidienne ? Les mots démons et diables sont régulièrement mentionnés, et l'ange déchu Lucifer également passe revue, dans ce qui est clairement une tentative de mettre en évidence la nature perturbatrice de notre époque. D'accord, c'est un sujet intrigant, mais j'ai surtout manqué le côté contemplatif et introspectif qui était si présent dans ‘Mon Combat' et le cycle saisonnier. Ce n'est qu'avec le personnage d'Egil Stray que nous reconnaissons à nouveau l'ancien Knausgard ; il est l'auteur présumé d l'essai final. Avec tout ça, ce livre m'a laissé un sentiment plutôt insatisfaisant, comme s'il était accroché et inachevé. Tout cet énigmatique a son charme, mais je le trouve beaucoup moins réussi que les autres livres de Knausgard.
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Après m'être ennuyé à lire le quotidien des personnages comme dans un script de cinéma, surviennent des meutres rituels sataniques. Des scènes paranormales aussi. Tous ces personnages avec leurs névroses nombrilistes sont à peine emuent par l'apparition d'un planète dans le ciel. L'étoile du matin est relatée qu'en page 72. Elle reste anecdotique. Décors secondaire. Pourquoi fait elle le titre de cet ouvrage ?
Cela conclut sur une thèse sur la mort au fil des siècles. Épouvantable. Je ne retiendrais pas cet ouvrage dans les réussites de la rentrée littéraire automne 2023.
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critiques presse (2)
RevueTransfuge
28 décembre 2023
Plus de huit cents pages et une dizaine de personnages. Un livre qui entremêle roman psychologique, science-fiction, univers gothique, réflexion théologique et métaphysique. Une somme hybride.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
LeMonde
15 septembre 2023
Les fidèles de l’auteur ne seront pas déçus, mais ceux qui s’attendaient à une innovation ­radicale ­devront encore ­patienter.
Lire la critique sur le site : LeMonde

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Vidéo de Karl Ove Knausgård
Cinq romans, cinq destins inoubliables avec Bernard Stora, Denis Dercourt, Alexis Salatko, Jacqueline Crooks et Karl Ove Knausgaard.
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