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Critiques de Kenizé Mourad (156)
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De la part de la princesse morte

Kenizé Mourad signe une incursion passionnante dans les coutumes orientales et dans l'histoire politique de l'indépendance de la Turquie.



Le langage vif et imagé incarne la chaleur et le vent du Bosphore, les couleurs appétissantes des marchés, le parfum capiteux des glycines et les feuillages de cuivre qui bordent les chemins de pierre.



L'empire ottoman est en pleine débâcle face aux puissances occidentales. Les femmes, brimées par tant d'interdits, rêvent de liberté, mais le poids des convenances et des traditions est écrasant.

On se prend de sympathie pour Selma la petite sultane effarouchée qui s'ennuie dans la vie de palais et qui s'intéresse à la culture de son pays et à son avenir.

On perçoit la Turquie des années 20 à travers ses yeux de petite fille face à l'occupation par l'ennemi. Elle vit le démembrement de son pays, les trahisons, la peur, et pourtant son besoin de liberté est plus fort que tout car elle sent qu'elle est faite pour un grand destin.

L'exil au Liban est un tournant mais aussi une épreuve. Selma se retrouve séparée de son père et en tant que musulmane elle doit essuyer le mépris des chrétiens, elle devient pauvre quand elle a toujours vécu dans l'opulence et subira la pression de devoir se trouver un mari.

Le passage dans les Indes marquera les jeux de pouvoir et d'argent auxquels il faut se soumettre ainsi que la notion très particulière de castes qui régit la société depuis des millénaires. Le racisme envers les musulmans, la lutte pour l'indépendance, Selma se battra pour aider à améliorer la condition des femmes, seul moyen de se sentir utile face à l'oppression.



Elle connaîtra le mariage, l'amour, la haine mais se battra surtout pour son besoin incommensurable d'être libre.

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De la part de la princesse morte

Selma, naît en 1911 à Istambul. Elle est la petite-fille du sultan

Mourad V . Elle admire beaucoup sa mère, la sultane Hatidjé et elle aime beaucoup son père.

Elle rêve de voyager en Europe car elle admire beaucoup l'Occident. On retrouve l'ambiance du roman de Pierre Loti, " Les désenchantées" où la culture française était bien présente dans les palais d'Istambul.

A la fin de la première guerre mondiale, les puissances européennes rejettent le dernier sultan.

Hatidjé sultane est obligée de partir au Liban.

Selma est inconsolable car son père ne les accompagne pas.

A 7 ans, elle fréquente l'école où elle se sent étrangère et seule. Elle y découvre cependant l'amitié.

Adolescente, elle découvre l'amour mais déçue, elle épouse , sans le connaître, Amir, le radjah de Badalpur.

En Inde, elle vit dans cette famille musulmane où elle retrouve le faste mais aussi la rigueur et l'étouffement.

L'Inde est secouée par les violences qui précèdent la fin de l'empire britannique et elle va accoucher d'une petite fille à Paris loin de ces tumultes.

Elle y rencontre la liberté, l'amour, la guerre et une fin prématurée comme nous l'annonce le titre.

Sa fille, née en France, devenue adulte choisira de faire revivre sa mère, cette princesse oubliée et morte beaucoup trop tôt.

Kenizé Mourad , du nom de son grand-père, a fait des études de sociologie et de psychologie à la Sorbonne. Reporter au Moyen-orient pour Le Nouvel Observateur, elle a obtenu le prix des lectrices du magazine"Elle" en 1988.

J'avais lu le livre au début des années 1990 et avais été troublée par le destin de cette petite princesse Selma qui avait vécu la fin de l'empire ottoman, la vie au Liban sous la conduite française , la fin de l'empire britannique des Indes , le début de la deuxième guerre mondiale en France et tout cela en 29 ans d'existence.

Je viens de le relire avec autant d'enthousiasme tout en constatant que l'écriture est un peu édulcorée, conventionnelle par rapport à ce qu'on peut lire aujourd'hui.

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De la part de la princesse morte

Qui n’a jamais rêvé des princesses ottomanes, de leurs palais somptueux à Istanbul, le long du Bosphore aux reflets d’or ?

Kénizé Mourad est la fille d’une authentique princesse, qu’elle n’a pas connue puisqu’elle est morte quand elle était encore un bébé, et elle imagine ce qu’a été la vie de sa maman, après avoir effectué une recherche minutieuse dans des documents officiels et privés.



Avec ce roman – enfin, non, cette histoire « réelle imaginée et romancée » - , nous côtoyons ce monde fermé des sultanes protégées par leurs eunuques, n’ayant pour toute occupation que de choisir bijoux et soieries, et de recevoir avec somptuosité leurs invités.

Du moins, je parle ici de la 1e partie du livre.

Car Selma, c’est elle le personnage principal, nait dans ce palais des mille et une nuits mais n’y restera que moins de dix ans. En effet, la Turquie est en plein chamboulement, et Mustapha Kemal en fera une république en 1923. Terminée l’occupation par les Alliés de la Première guerre mondiale ! Et sous ce nouveau régime, les sultans sont priés de déguerpir.



Nous suivons cette belle petite Selma tout au long de son exil, qui commence à Beyrouth, la ville aux multiples plaisirs, douce et indolente. Puis nous embarquons avec elle dans le paquebot pour les Indes, où elle se mariera avec le rajah de Badalpour. Et enfin, nous l’accompagnons à Paris, où elle fuit un destin où les femmes sont brimées, fussent-elles princesses, et où elle mourra à vingt-neuf ans.



Cette histoire foisonne d’anecdotes et m’a complètement dépaysée. Transportée dans ces pays d’Orient, j’ai pris connaissance de la façon de vivre, de la politique (c’est l’époque des colonisateurs anglais qui veulent garder leur prédominance, de Gandhi, des guerres entre musulmans et hindous), de la religion, de l’éducation, du droit des femmes.

J’ai partagé les états d’âme de Selma, qui est en perpétuelle recherche d’elle-même, divisée entre la tradition et sa propre individualité, ayant au fond d’elle une blessure, celle d’avoir été abandonnée par son père, et éduquée par une mère aimante mais froide.



Cette princesse morte a donc revécu ici le temps de 600 pages. C’est foisonnant, vivant, coloré, quoiqu’un peu long.

Alors, la Turquie, le Liban ou la France ? Si vous n’arrivez pas à choisir la destination de votre prochain voyage, embarquez-vous ici-même, vous aurez tout à la fois, y compris le dépaysement vers une époque lointaine, celle du deuxième quart du vingtième siècle.

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Au pays des purs

A la suite de son héroïne, jeune journaliste française, Kenize Mourad nous propose une immersion dans un pays méconnu, le Pakistan.

Anne Le Guennec est mandaté par son journal pour enquêter sur la bombe nucléaire et les dangers qu’elle se retrouve entre les mains des terroristes.



Nous découvrons un pays fascinant fait de contraste, entre tradition et modernité, à Islamabad, la capitale où se côtoient boutiques de luxe, galeries de peintures, théâtres, cafés où aiment se retrouver les jeunes, en relative liberté, mais aussi une société plus traditionnelle, à l’Islam modéré.

Anne arrive dans un pays ravagé par des inondations sans précédent, laissant des millions de sinistrés qui ne trouvent de l’aide qu’auprès des organisations islamistes.

Avec Anne, nous croisons des personnages secondaires attachants, profondément attachés à leurs racines.



« Au pays des purs » est un roman passionnant, parfaitement documenté qui se lit également comme un reportage avec un intérêt constant.

J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Kenizé Mourad que j’avais tellement aimé avec « De la part de la princesse morte ».

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De la part de la princesse morte

Selma m’a fait voyager dans sa vie et dans des pays de rêves. Ce roman captivant ne laisse aucun temps mort, on est pris dans, non pas le feu mais la douceur, du récit. Complètement absorbé par l’histoire de cette petite princesse coupée de ses racines, exilée, incomprise, on la suit aveuglement dans son parcours insolite. D’ailleurs, ce qui commence comme un conte de fée devient vite un quotidien d’angoisse et d’incertitudes. La pauvreté remplace le faste et l’inquiétude chasse l’insouciance des beaux jours. J’ai à peine eu le temps de savourer les détails de la vie d’une Sultane dans un palais ottoman « le haramlek » et ses intrigues que tout est chamboulé.

Ce roman est une valse non à trois temps mais à quatre : Istanbul, Beyrouth, les Indes et enfin Paris. La plume de Kenizé Mourad est envoûtante, pleine d’émotions et de douceur. On se rêve dans les palais majestueux des mille et une nuits.

La fin est si triste que j’en ai pleuré, je n’en dirais pas plus. Je préfère vous laisser découvrir ce petit bijou qui est devenu mon grand coup de cœur. On ne se lasse pas de relire des passages rien que pour savourer les instants magiques.

Confidence : je me suis empressée d’acheter la suite « Le jardin de Badalpour ».



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De la part de la princesse morte

Enième relecture de ce livre qui me touche toujours autant malgré le côté clinquant que l'on peut y trouver.



J'ai toujours été fascinée par Istanbul et l’Empire Ottoman qui dura plus de 600 ans ! Le 20ème siècle, ses révolutions et ses avancées technologiques lui furent fatal.



Cette histoire est celle la mère de Kénizé Mourad, dernière princesse ottomane partie en exil à la chute de l’Empire. Elle épousa un Raja et assista à la fin de l’Empire britannique ; deux guerres mondiales jalonnèrent sa vie et elle mourut en France dans la misère ! Destin peu banal.



Il me semble évident que l’autrice magnifie le personnage de sa mère qu’elle n’a pas connu mais cette biographie est aussi un témoignage de la fin d’un monde et de l’émergence de celui qui deviendra le nôtre.



Challenge Gourmand 2023/2024

Challenge Féminin 2022/2023

Challenge Pavés 2023

Lecture Thématique juillet 2023 : Français
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Dans la ville d'or et d'argent

Un roman historique comme je les aime.

J’ai appris beaucoup de chose sur le combat entre les anglais et l’inde se battant pour retrouver leur liberté.



J’ai découvert le récit d’une femme d’ exception Hazrat Mahal qui avec courage prends la tête de l’insurrection. Et qui par sa force pousse son peuple à combattre contre l’oppresseur…



Un livre qui parle de religion, de combat, d’amour et d’espoir… Un ouvrage que je ne suis pas prête d’oublier et qui me pousse à découvrir les autres livres de cette auteure.





Bonne lecture !
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De la part de la princesse morte

Avec "De la part de la princesse morte", Kénizé Mourad signe non seulement la biographie romancée de sa mère, princesse ottomane qui lui aura donné la vie mais qu'elle n'aura pas connue bien longtemps, mais encore et surtout, elle publie aux yeux du monde un hommage vibrant qui a tout l'éclat d'une réhabilitation. La mémoire ne peut que vivre lorsqu'elle est servie par une plume talentueuse.



Quand les empires s'écroulent, ils sont nombreux ceux qui tombent avec eux dans l'oubli et sont balayés par l'Histoire en marche. Dans le fracas des armes ou les chuchotements des ministères. Déchéance, exil, abandon... tombés de leurs piédestaux, les puissants aux pieds d'argile deviennent le jouet de la politique ; dans le meilleur des cas ils se vendent au plus offrant pour sauver de la ruine les débris de leur gloire, dans le pire des cas, devenus boucs-émissaires, ils s'enfoncent dans l'oubli sans susciter de compassion. A moins que le pire soit le meilleur ?



De 1918 à 1941, d'Istamboul à Paris en passant par le Liban sous mandat français et les Indes sous domination anglaise, Selma Raouf Mourad, petite-fille d'un des derniers sultans du gigantesque Empire ottoman, est racontée par sa fille qui, sur la base d'une documentation pointue, donne libre cours à son imagination pour offrir aux yeux émerveillés des lecteurs le faste des cours impériales d'orient. D'un trait précis, d'une verve sans mièvrerie, elle prête vie à des lieux, à des atmosphères, à des civilisations, à des traditions séculaires, à des personnages, réels pour la plupart. On s'y croirait. Le réalisme de la narration immerge dans le récit et, peu à peu, l'émotion gagne au spectacle du destin hors du commun de cette jeune sultane déchue.



Pourtant, malgré les vrais atouts de ce roman, il m'aura manqué un petit quelque chose pour entrer pleinement en empathie avec Selma dont le tempérament d'élite, très bien rendu par l'auteure, m'aura retenue au bord du gouffre de l'émotion. "De la part de la princesse morte" restera cependant une belle lecture marquante.





Challenge XXème siècle 2020

Challenge MULTI-DEFIS 2020

Challenge PLUMES FEMININES 2020

Challenge PAVES 2020
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Dans la ville d'or et d'argent

Kenize Mourad aborde ici ce que l'on considère comme les prémisses du mouvement de libération des Indes, qui aboutira à l'indépendance en 1956, au terme de dizaines d'années de lutte et de combat. Nous sommes en 1856, cela fait presqu'un siècle que l'Angleterre exploite et contrôle le pays, contraignant un nombre de plus en plus grand d'états à la soumission, pour pouvoir en toute légalité auto-proclamée, faire main basse sur les richesses que recèlent les Indes : soieries, pierres précieuses, épices, fort appréciées par les sujets de la reine Victoria. Le postulat de base étant l'infériorité des habitants indigènes, il.est alors facile de se justifier des nombreux méfaits commis au nom de la couronne. Mais il existe également en ces contrées lointaines un état où, à défaut d'être gaulois, les habitants sont irréductibles, et où la tentative d'annexion va mettre le feu aux poudres, au sens propre. Les cipayes, soldats indiens de l'armée anglaise vont se retourner contre leurs supérieurs et se battre désespérément pour obtenir justice. Le roi d'Awadh est prisonnier loin de sa cour de Lucknow : c'est l'une de ses femmes qui va relever le défi de mener la lutte contre l'occupant, régente de son jeune fils âgé de 11 ans. Lourde tâche : les soldats s'ils sont très motivés sont mal équipés face à l'armement des ennemis, et il est bien entendu à l'époque, difficile de faire entendre ses raisons quand on est femme.



Cela n'effraie pas Hazrat Mahal et sa volonté viendra à bout des préjugés et critiques de son entourage.



Cette épisode de l'histoire indienne est très intéressante, tant sur le plan historique que sociologique, car les comportements universellement observés dans tous les contextes de colonisation sont ici bien relatés. L'on comprend aussi l'incompréhension mutuelle de ces deux civilisations extrêmement différentes. Et lors des faits d'armes la cruauté est amplifiée par l'incommunicabilité





Fort bien documentée, l'auteur de De la part de la princesse morte et du Jardin de Baldapour signe là à nouveau un bon roman historique.

J'ai eu un peu plus de mal avec l'écriture, car les dialogues , destinés à raconter de façon un peu plus vivante qu'un simple récit cet épisode martial, ont un rendu artificiel, et perdent en réalisme. A noter que Catherine Clément vient de consacrer un roman à la rani de Jhansi, la Reine des cipayes qui rapporte la vie extraordinaire de cette amazone qui prit la tête de son armée dans ce même soulèvement.




Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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De la part de la princesse morte

L'auteur raconte l'histoire de SELMA, sa mère, princesse ottomane au destin parcouru d'embûches. C'est un beau voyage à travers divers pays dOrient qui finit en France. Histoire pleine de mélancolie, qui commence en 1918 à la Cour du dernier sultan de l'empire Ottaman.

Selma à 7 ans quant elle voit s'écrouler son empire, condamnée à l'exil, Liban puis Beyrouth. Premier amour avec un chef druze, puis contrainte d'épouser un raja indien : fastes des maharajas, puis les derniers jours de l'empire britannique, la lutte de l'indépendance.

J'ai adoré me "balader" dans cette histoire.
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De la part de la princesse morte

Quelle classe, cette Kenize Mourad! Un peu normal puisqu'elle est la fille de la princesse-sultane Selma, profondément musulmane dont elle nous offre une des plus touchante biographie.



Comme elle nous fait vivre, en bonne journaliste et grâce à l'utilisation du 'présent' la déroute turque de 1918, la résistance du général roturier Mustapha Kemal chassant les Grecs d'Izmir...avant de prendre le pouvoir muselant la presse, assassinant les opposants et chassant le Calife, le Sultan et son entourage.



Exilée à Beyrouth où les Français sont en train d'exterminer les Druzes, ce n'est pas facile de trouver un mari à cette jolie Sultane sans le sou, élevée à l'école des soeurs mais d'une fière lignée musulmane ce qui intéresse un jeune prince hindou.



Alors qu'à Ankara le port du voile est interdit aux femmes, c'est carrément la burqa qui lui est imposée, cloîtrée dans une Inde aux coutumes barbares, déchirée entre le Congrès des indépendantistes hindous et la Ligue des musulmans courtisant l'Anglais. Selma profite de sa grossesse pour s'enfuir, malgré la menace allemande, accoucher en France.



Un texte puissant, comme le soliloque de l'eunuque Zeynel, tellement beau que ça en devient presque douloureux!

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Le jardin de Badalpour

Entre autobiographie et témoignage ce livre n'est pas franchement un roman ; l'écriture y est trop journalistique et attache plus d'importance au compte-rendu qu' à l'histoire elle-même. Ce qui ne l'empêche pas d'être un grand livre : intelligence, acuité de regard, perspicacité de l'analyse et sincérité dans le récit de ce qui a été vécu font de ce texte l'oeuvre profondément humaine d'une femme que la vie n'a guère épargnée, partagée entre plusieurs cultures, plusieurs pays, plusieurs noms et plusieures religions, ce qui, vous en conviendrez, fait beaucoup pour une seule personne. Faisant preuve d'une capacité de résilience et d'obstination rares Kenize Mourad est parvenue à surmonter toutes ses contradictions, ses idées et son ressenti pour dégager de son expérience une volonté de s'ouvrir à ce que chacun de nous porte d'universel et sur lequel nous pouvons nous rejoindre, en dépit des différences culturelles. A un pays déchiré entre plusieurs religions, l'Inde -à qui elle est reliée par la filiation paternelle, sa mère ayant été une princesse turque-, elle lance un défi de paix et de réconciliation. La route sera longue, me semble-t-il, très longue même, mais peut-être pas impossible et nous ne pouvons que souhaiter que le témoignage et l'engagement de Kenizé Mourad finisse par porter ses fruits, comme tant d'autres.
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De la part de la princesse morte

"De la part de la princesse morte" est un livre qui m'a fascinée.



De la vie ottomane, aux histoires de femmes et de leur fonctionnement dans le harem, j'ai découvert que les enjeux et stratégies étaient dans leurs mains.

Ces belles femmes prisonnières, devenues communicantes, multilingues par la force des choses, misant tout sur leur rôle éducatif de leur progéniture, une nécessité car la concurrence y est grande, ont un sens du positionnement impressionnant ! qui démontrent l'importance politique dirigée par elles-mêmes au sein du harem et pourquoi elles furent parmi les premières femmes à voter !...

J'ai réalisé que l'importance de la civilisation de l'Empire Ottoman était bien sous-évaluée dans l'enseignement de nos livres d'Histoire, et qu'elle n'avait jamais été aussi bien mise en valeur que dans ce roman déclencheur de mon intérêt par la suite.

J'ai apprécié les belles descriptions du Liban, devenue voyageuse, goûtant aux parfums Méditerranéens, jusqu'aux Indes, en passant par des ambiances qui m'ont bercées aux portes de l'Orient.

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Dans la ville d'or et d'argent

En 1856, la Compagnie anglaise des Indes orientales, à l'instar d'un Poutine, annexe la riche province d’Awadh et tel un Prigojine, ne respecte aucun traité, vole les trésors royaux, humilie une population qu'elle fait crouler sous les impôts. Six mois que la reine mère partie à Londres attend en vain une audience auprès de la reine Victoria.



Quel sera le rôle de Hazrat Mahal, pauvre orpheline devenue quatrième épouse du roi, Jeanne d'Arc hindoue qui va mener une des plus fabuleuse révolution.



Gigantesque, le travail de Kenizé Mourad, comme elle décortique et arrive à faire passer toutes les subtilités, espionnage, guerre de comm., problèmes de trésorerie, d'armement obsolète, jalousie des autres épouses et du Mollah qui ne supporte pas une femme au pouvoir et un suspense incroyable car les Anglais qui viennent de subir un revers en Crimée ne seraient donc pas invincibles ?



Giuliano pourrait en prendre de la graine;-)
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De la part de la princesse morte

Roman lu il y une quinzaine d'année mais dont je garde un excellent souvenir.

Princesse ottomane, la vie de l’héroïne est tracée dès sa naissance. Mais les événements politiques (fin de l'empire ottoman, du colonialisme en Inde,...) et sa soif de liberté vont faire de sa courte vie une suite de péripéties étroitement mêlées à des pans de l'histoire de la première moitié du 20e siècle. Un destin tragique mais magnifique.

J'ai aussi aimé un personnage secondaire : Zeynel, l'eunuque à l'attachement indéfectible.

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Au pays des purs

Kénizé Mourad est grand reporter spécialiste du Moyen-Orient, née d'un père rajah indien et d'une mère princesse turque. Elle nous avait éblouis avec son remarquable "De la part de la princesse morte" en 1987 où elle racontait l'histoire de sa famille. Son nouveau roman "Le pays des purs" évoque le Pakistan (dont le nom signifie justement "pays des purs") pays qu'elle connaît bien puisqu'elle y a été envoyée en reportage et c'est un pays voisin de l'Inde qui est le pays de son père.

Anne, l'héroïne du livre, est envoyée enquêter sur les risques de détournement de la bombe nucléaire par les terroristes, dans ce seul pays musulman doté de la force nucléaire. Elle va tenter de pénétrer une organisation terroriste responsable d'attentats.

Elle rencontre un jeune Pakistanais, Karim, qui va tenter de l'aider et à établir des contacts.

Dans ce livre nous voyons vivre un pays très peu connu et sujet à de nombreux clichés. L'histoire se passe en grande partie à Lahore, ville proche de la frontière indienne et qui a été le siège d'un drame au moment de la partition de l'Inde en 1947 et de la création du Pakistan, de nombreux Lahorais étant de confession hindouiste.

Toute la société est passée au crible et on voit les problèmes habituels des pays de cette zone: société très féodale marquée par de profondes inégalités, poids des traditions, statut inférieur de la femme, écoles d'Etat disposant de peu de budget et sans grands moyens pour accueillir les élèves, essor du salafisme, danger permanent représenté par les Talibans, travail des enfants dans des conditions inhumaines, crimes d'honneur dans lesquels toute femme soupçonnée de conduite "légère" est "supprimée" par sa famille...

Le tableau est complet et ne laisse pas augurer un avenir radieux pour ce pays.

Ce qui m'a semblé bien vu dans cette analyse toutefois, est cette perspective de développement peut-être avec les investissements nombreux des Chinois dans ce pays, que l'auteure évoque à plusieurs reprises, comme le développement de la ville de Gwadar, au bord de la mer d'Oman et cette alliance avec Pékin (comme en témoigne le projet de route entre Gwadar et la Chine, de même qu'un projet de pipeline et de gazoduc reliant la Chine et le Pakistan), alliance qui est devenue un pilier de la politique étrangère pakistanaise.

Un roman prenant qui se lit bien, avec une bonne trame romanesque alliée à une perspective de reportage.

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De la part de la princesse morte

Ce roman, inspiré d'une véritable histoire, celle de la mère de l'auteure, est une magnifique peinture de la décadence d'un empire. Ces fastes, ces richesses, ce "culte" porté aux grands d'un monde qui repose sur l'injustice sociale, est fort bien décrit dans ce livre assez long mais très abordable.
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Au pays des purs

Au pays des purs de Kenizé Mourad est un roman découvert grâce à net galley et aux éditions Fayard.

L'auteure nous emmène dans un pays secret et méconnu, le Pakistan, « Le Pays des Purs ».

Anne, journaliste française, enquête dans ce seul pays musulman doté de la force nucléaire sur les risques d’un détournement possible de la bombe par les terroristes.

Dans la beauté aristocratique de Lahore, célèbre pour ses palais, ses mosquées et ses jardins moghols, la jeune femme se heurte aux réseaux d’espions de tous bords, de militaires et de policiers, de familles patriciennes et de djihadistes.

Au pays des purs est un roman qui m'a appris énormément de choses sur le Pakistan, pays que je connais très mal et surtout de nom.

J'ai aimé l'ambiance très particulière, remplie de violence.

J'ai découvert un pays où les services secrets sont très présents, notamment quand des journalistes sont sur leur territoire.

Un pays où la femme n'a pas le beau rôle.

Un pays où les paysages ont l'air magnifiques, il faut avouer que ça donne envie de les découvrir.

Ce roman est très documenté, l'auteure a mis quatre années à l'écrire, c'est énorme !

Même s'il s'agit d'un roman, certaines choses sont inspirées de la réalité. Par exemple, l'histoire de Parveen. Tout ce qui est sur cette femme est la vérité. Et je pense que d'autres passages ne sont pas romancés.

Au pays des purs est un roman captivant, que j'ai lu doucement car il y a beaucoup de détails, c'est parfois un peu compliqué pour moi qui est surtout l'habitude de lire en priorité des romans légers.

Mais c'est une lecture que je n'oublierais pas de sitôt et qui mérite un joli quatre étoiles.
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Dans la ville d'or et d'argent

Ce texte qui raconte la révolte des cipayes contre l'occupant anglais et le courage d'une femme déterminée à liberer le pays de ses occupants est très interessant sur le plan historique. De plus il ne tombe jamais dans la caricature et les rapports entre les anglais et les autochtones sont analysés avec finesse et intelligence, sans tomber dans le manichéisme. Rapports de force et rapports de ruse, violence anglaise à laquelle répond la violence indienne, tout est décrit avec une volonté de tirer l'essentiel des faits, sans esprit partisan, mais en démontrant comment une colonisation brutale ne peut engendre que révolte et malheur. Le fait aussi que les aristocrates indiens préfèrent la domination anglaise (qui leur preservent leurs privilèges) à une révolte du peuple qui pourrait conduire à une révolution interne, et leur rôle dans l'échec de cette révolte est aussi finement analysé, et le tout se laisse lire avec facilité, bien qu'hésitant sans cesse entre le roman et la biographie. Hazrat Mahal fut une très grande bégum, tête politique face à un mari que préoccupaient surtout les arts et la poésie, et rien n'eut été possible sans elle. Malheureusement, issue d'une classe inférieure et femme de surcroît, elle ne trouva pas autour d'elle l'appui suffisant pour vaincre un ennemi supérieur en nombre, plus déterminé et mieux organisé. Un livre intéressant, qui rend hommage à une femme un peu oubliée par la grande histoire, qui décrit bien une période de la vie des Indes, mais sans analyse politique profonde. C'est une bonne approche de la révolte des cipayes et de la vie d'une femme hors du commun mais sans doute un peu idéalisée, à compléter par des ouvrages historiques plus concrets pour qui se passionne pour le sujet.
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De la part de la princesse morte

La princesse morte, c'est Selma, petite-fille de Sultan, née à Istamboul en 1911, décédée à Paris en 1941. Entre ces deux dates, 29 années d'une vie tumultueuse et trop tôt, beaucoup trop tôt achevée.



Ce qui fait le sel de ce roman, un témoignage plus qu'un roman d'ailleurs, écrit par la fille de l'héroïne Kenizé Mourad qui évoque avec tendresse cette mère trop peu connue, c'est non pas l'existence mouvementée de cette enfant, puis jeune fille et jeune femme, mais son ancrage dans les différentes cultures et sociétés qu'elle va être amenée à côtoyer ou dans lesquelles elle sera contrainte de s'immerger.



D'abord Istamboul 1918, la vie protégée dans le harem, la chute de l'empire ottoman, son dépeçage par les troupes alliées, et la prise de pouvoir de Mustapha Kemal, contraignant la dynastie ottomane à l'exil.



Puis la vie d'exilée au Liban, sous mandat français, pour Selma et sa mère, et les problèmes posés à la population par cette ingérence étrangère, alors qu'il paraissait judicieux que Syrie, Liban et Palestine formassent ensemble un état.



Ensuite, le départ et la vie en Inde de la jeune fille. Car, étant princesse, elle ne pouvait décemment pas épouser moins qu'un prince ou un roi, bien entendu. Mais en fait de roi, ce sera un rajah et Selma va être plongée dans une culture incompréhensible pour elle où elle ne sera que l'étrangère. Elle va connaître les premiers affrontements sanglants entre musulmans et hindous, les soubresauts de l'empire colonial britannique et le début de la lutte pour l'indépendance orchestrée par Gandhi et Nehru, la morgue des anglais et leur mépris des indigènes, les richesses insensées des rajahs et l'incommensurable dénuement des miséreux, soit la majorité de la population, les coutumes aberrantes où l'on marie des fillettes de sept ans à des hommes de quarante ans ! et la mollesse d'une aristocratie fin de race se complaisant dans des divertissements chers et oiseux.

Petit à petit la situation s'envenime jusqu'à devenir franchement explosive. Les haines religieuses sont attisées, aboutissant au "zèle d'organisations hindoues d'extrême droite à convertir les musulmans à l'hindouisme. D'après elles, les quatre-vingt millions de musulmans sont en réalité des hindous convertis de force" !. "Les musulmans ont peur des hindous et les méprisent ; les hindous rêvent de se venger de six siècles de domination musulmane et d'écraser leurs anciens maîtres ...".

Et des voix commencent à s'élever pour exiger le partage des Indes et un pays indépendant pour les musulmans, d'autant plus que certains extrémistes en sont à dire que "les musulmans des Indes sont, comme les juifs en Allemagne, une minorité sans aucun droit".

le bouillonnement devient tel que Selma, enceinte, part à Paris afin d'y mener sa grossesse dans un pays en paix. Mais nous sommes en 1939 !

Et princesse Selma qui, éternelle exilée, n'a jusqu'alors nulle part trouvé sa place pourrait-elle la rencontrer en France à la veille de la guerre ?



La partie consacrée à l'Inde est de loin la plus intéressante de l'ouvrage. Solidement documentée, Kénizé Mourad permet au lecteur de s'introduire, effaré, dans cette société tellement difficile à cerner. Comme elle l'annonce dans l'épilogue, elle a consulté livres d'histoire, journaux d'époque, archives familiales, s'est attardée partout où sa mère avait vécu, afin d'en tracer un portrait qu'elle a habité de son amour pour elle et qu'elle nous restitue avec émotion.

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