Kim Dong-Hwa

Au coucher du soleil,
le dos appuyé contre un mur de pierres noires,
ma mère contemple la route.
Elle regarde au delà des fleurs de bignone.
Elle regarde plus loin encore que le parterre des peupliers.
Son coeur voyage le long du chemin sinueux
au gré des vents et des nuages.

Tandis que ses mains parcourent inlassablement
les champs et les rizières,
les yeux de ma mère continuent à rêver.
Tandis qu'elle contemple les pétales roses des fleurs,
son coeur voyage avec la grâce d'un papillon
aux ailes multicolores.

(Janvier 2005).

Les femmes de pêcheurs d'étiolent dans une interminable attente sans jamais songer à refaire leur vie.
Nous continuons à y croire même lorsque tout est perdu car une attente sans espoir est toujours préférableau deuil de l'être aimé.

(dans Chapitre 5. "La barque de camélias")

"Certains jours, j'envisageais de partir loin à la rencontre d'un inconnu qui m'attendrait quelque part. A défaut de caresses passionnées, je me languissais d'un bras protecteur autour de mes épaules. Je rêvais qu'un homme, pas forcément hardi et spirituel, daigne poser son regard sur moi. Il m'a fallu du temps pour réaliser qu'il était tout près de moi..."

Même s'il y a des fautes d'orthographe, même si le style n'est pas très bon, ses lettres valent tous les films du monde.

Lorsque j’ai trop froid en hiver, je peins un paysage printanier pour me réchauffer. Et quand la chaleur devient insupportable l’été, il me suffit de dessiner une belle cascade d’eau pour me rafraîchir.

Avec le temps, je réalise que ce n'est pas si mal de vieillir. On apprend à porter un regard plus indulgent sur la vie...

L’être humain est bien plus sale que la crotte.
Il suffit d’enlever le fumier pour que tout redevienne propre.
Mais les traces laissées par un être humain restent indélébiles.

Il existe beaucoup de points communs entre un facteur et un conducteur de train.
Le train emmène les gens jusqu’à destination avec un billet…
La lettre est délivrée au destinataire avec un timbre.
Le train est un voyage physique que l’on ressent.
La lettre est un voyage mental que l’on réfléchit.
Le conducteur de train emmène les corps et le facteur emmène les cœurs…
Ils se ressemblent.

Les épreuves qui te secouent signifient que tu es vivant. Un arbre vivant accepte de se faire malmener par le vent pour éviter que ses branches ne se rompent.
Puis un beau jour, ses branches finissent par se couvrir de fleurs

- C'est quoi un motel ?
- Ben, tu vois, c'est un endroit où les jeunes couples viennent passer du bon temps.
- Pour passer du bon temps, on peut aller à la rivière ou manger des melons des champs dans une cabane.
- Tu crois que les jeunes couples ne font que se tremper les pieds dans l'eau et manger du melon ?
- Quoi d'autre ?
- Ils ont besoin d'un endroit pour se détendre le corps et l'esprit.
- Ah oui ! Comme nous quand on allait dans les champs de blé ou au moulin.
- Oui, c'est ça ! A cette saison-là, je te rappelle que les champs de blé s'agitaient beaucoup...

Un petit chat saute le mur comme un voleur pour entrer dans ma cour.
Il s'amuse sous les magnolias.
Ce tableau est tellement touchant que je me l'accapare,
caché derrière le jujubier.
Finalement le véritable voleur n'est peut-être pas le chat.

J'ai eu tort de croire que l'amour avait la douceur des friandises. En vérité, il a le goût du sel. Quand on tombe amoureux, on a perpétuellement soif de l'autre...

" Une veuve n'arrive jamais à cacher tout à fait sa solitude. On a beau se couvrir l'épaule, la sensation de froid ne nous quitte jamais "

Un masque de rides recouvre le visage de ma mère,
pareil à une toile d’araignée.
Mais il suffit de soulever le masque
pour retrouver sur ses joues le rose de ses seize ans.
On devine des histoires entre rires et larmes qui ont jalonné sa vie,
pareilles aux sillons qui creusent les champs.
Ce sont les souvenirs de nos mères
du temps où elles avaient seize ans…
Voici le récit de leur histoire couleur terre…

À Seodari.

(Incipit)

(à propos des rides)
Quand on vieillit, on perd la mémoire.
C'est pour ça que l'on dessine tous ces chemins sur nos visages, pour ne rien oublier.

- C’est l’autre qui me nargue avec ses rides. Comme s’il y avait de quoi en être fier.

- C’est bien fait pour toi. Tu nous agaces avec ton air de jeune homme.

La vie en ville est plus contraignante que celle à la campagne. En plus, quand on a une femme et des enfants, ce n’est pas facile de se déplacer, même si on a envie. Moi je peux facilement penser à eux parce que mon esprit est libre sur la montagne.

Un masque de rides recouvre le visage de ma mère pareil à une toile d'araignée. Mais il suffit de soulever le masque pour retrouver sur ses joues le rose de ses seize ans. On devine des histoires entre rires et larmes qui ont jalonné sa vie, pareilles aux sillons qui creusent les champs, ce sont les souvenirs de nos mères du temps où elles avaient seize ans...voici leur histoire couleur terre...

p.270.
La vie d'une femme est une longue succession d'attentes. Enfants, nous guettons le moment où notre mère nous prendra dans ses bras. Devenues adultes, nous attendons le retour de notre époux et parvenues à la vieillesse, nous espérons la visite de nos enfants... Cesserons-nous enfin d'attendre lorsque nous serons mortes et enterrées.

"Ô mon adoré... Tu es la montagne que je mettrai une vie entière à escalader sans être certaine d'en atteindre le sommet."