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Citations de Lance Weller (212)


"Ici et maintenant, c'est rien que nous", qu'il me disait. "C'est juste là qu'il faut qu'on soit." La plupart du temps, il disait ça à l'Heure Bleue, quand ce n'était plus le jour mais pas encore tout à fait la nuit. Il me disait que tout pouvait arriver pendant l'Heure Bleue, et moi, je le croyais. Après, il tendait le doigt vers les étoiles du Dauphin et il me disait : "Quelque part, là-bas, juste en dessous du Cercueil de Job, il y a un pays où tout existe dans l'Heure Bleue tout au long de la journée. Quelque part, là-bas, de l'autre côté du fleuve, ou plus loin, en aval, il est là, et un jour, tu le trouveras."
Voilà ce qu'il me disait, mon papa.
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Cette façon qu'a l'esprit de fonctionner - par quels étranges trajets il poursuit le souvenir. Le vieil homme sourit, se rappelant que, lorsqu'il était soldat, il appelait café tout liquide sombre qu'il faisait bouillir. Du maïs grillé, des trognons de pommes et des écorces de cacahuètes. Des pommes d terre flétries et des glands écrasés. De l'écorce d'arbre. La seule condition, c'était que la boisson soit sombre, voire noire, brûlante et diablement forte. Tout à coup, Abel en eut le goût dans la bouche, tant le souvenir en était vivace, et il se souvient du petit sac de café qu'il avait trouvé dans le havresac d'un soldat de l'Union, mort dans la Wilderness. Il se souvint de la bonne odeur, si riche et si pure de ce vrai café et comment, après l'avoir senti, il avait trouvé, en fouillant les autres corps, une merveilleuse poignée de vrai sucre blanc, et il se souvint qu'il avait alors oublié la douleur de son bras récemment estropié et qu'il s'était effondré, se mettant à pleurer comme un enfant.
Cette façon qu'a l'esprit de fonctionner quand on le confronte, de but en blanc, à des images, des bruits, des odeurs et des portes.
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J'crois que la plupart des gens s'occupent plus de rien à part d'eux même.
Oyster Tom lui rétorqua qu'ils ne parlaient pas des gens mais des hommes. Il était d'accord sur le fait que la plupart des hommes n'étaient responsables que d'eux-mêmes, et encore n'y parvenaient-ils que médiocrement. Pour lui, la tâche première d'un homme était de prendre en charge les personnes qui lui étaient chères et tout ce à quoi il tenait, et ça, c'était quelque chose que les femmes comprenaient et savaient faire sans qu'il soit nécessaire de le leur dire. C'était une chose que les femmes attendaient de leurs hommes, et c'était la raison pour laquelle la vie de la plupart d'entre elles était pleine d'un chagrin infini.
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Il était d'accord sur le fait que les hommes n'étaient responsables que d'eux-mêmes, et encore n'y parvenaient-ils que médiocrement. Pour lui, la tâche la première d'un homme était de prendre en charge les personnes qui lui étaient chères et tout ce a quoi il tenait, et ça, c'était quelque chose que les femmes comprenaient et savaient faire sans qu'il soit nécessaire de le leur dire. C'était une chose que les femmes attendaient de leurs hommes, et c'était la raison pour laquelle la vie de la plupart d'entre elles était plein de d'un chagrin infini.
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Lance Weller
Le cavalier était sur le dos dans une étendue d'herbe d'un vert brillant qui aurait dû être exquise. Il n'était pas mort depuis plus d'un jour, pourtant les scarabées avaient déjà commencé leur grappillage. Il était impossible de dire s'il avait été un bel homme, car il commençait à gonfler et sa peau était tendue. Il n'avait pas de chapeau et ne portait pas de barbe, et il avait reçu une balle dans la gorge ; du sang noirci lui enveloppait le cou et continuait plus loin en un mince filet, comme une écharpe que lui aurait tricotée une personne à qui il manquait. Sa botte gauche était restée prise dans son étrier et son cheval était mort près de lui, son long museau posé en travers de la cuisse du cavalier. Autour d'eux, le sol était brun, les feuilles crépitaient de vie.
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A ses côtés, le chien percevait son désespoir et savait ce que le vieil homme ignorait, il savait qu’il allait bientôt tenter quelque chose et qu’il échouerait, et qu’ils se mettraient en route peu après. Le chien savait aussi qu’ils ne reviendraient pas. Il savait ces choses de la même façon qu’un chien connaît bien le cœur de l’homme qu’il aime et comprend ce cœur encore mieux que ce que l’homme pourrait espérer. Le vieil homme caressa la tête du chien, l’air absent, et l’animal leva les yeux vers lui un instant avant de poser le menton sur ses pattes de devant et de fermer les paupières.
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Abel resta assis en silence. Peu à peu, d'autres bruits devenaient perceptibles et il se demanda sans trop y croire si ses tympans n'avaient pas été crevés. Il se rendit compte que le grincement aigu qu'il entendait depuis une demi-heure n'était autre que le chant des scies actionnées par les chirurgiens sous les tentes. Ceux qui souffraient sous les dents d'acier impitoyables hurlaient comme des enfants, suppliant qu'on les laisse tranquilles, même si cela signifiait une mort certaine. En attendant cela, Abel se mit à transpirer et sa sueur lui donnait l'impression d'être crasseuse, et il sentit son estomac se soulever.
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L'Amérique ne savait pas encore ce qu'elle était, elle ne savait pas quoi faire, ni dans quelle direction aller. Elle était encore jeune, elle se cherchait encore...
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Il y avait des nuages fantastiques et dans ces nuages s'agitaient des géants . Des colosses qui semblaient plus grands encore que le ciel dans lequel ils étaient enfermés. Flora entendait le tonnerre lointain de leurs pas. Elle sentit braqués sur elle les yeux des titans . Elle se demanda si les nuages n'étaient pas Dieu, ou quelque manifestation de Dieu, puis elle en vînt à la conclusion que Dieu ne s'embêterait pas à abaisser les yeux sur eux parce que d'après ce qu'elle avait compris du monde , cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas donné cette peine .
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-Vous devriez vous méfier. Personne peut dire ce qu'un camp ou l'autre fera une fois que la rage les aura tous gagnés. Vous pourriez bien vous réveiller un bon matin et voir une armée débarquer. Même deux, peut-être.
Le vieil homme fit un geste de la main.
-La guerre va là où vont les hommes, dit-il. Et les hommes vont partout.
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Bon, alors, qu'est-ce que la Mort, sinon une vaste fraternité fourmillante où nous devons tous nous retrouver un jour ? Où nous serons tous réunis le moment venu, hommes et femmes. Et les enfants, et les animaux familiers et toute créature sur terre. Alors, la Mort n'est pas du tout la Mort, mais quelque chose d'autre que nous sommes incapables de concevoir. Mais je vous dis ceci. Si la Mort n'est rien d'autre qu'un grand rassemblement, alors ce que j'ai connu de la vie est son contraire. La vie, c'est la solitude, et rien d'autre.
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S'attarder sur quelque chose qui pourrait éventuellement tourner mal ne sert à rien, à part nous rendre malheureux.
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(…) un homme traverse la fumée en courant dans le champ et sur la route, il se précipite aux côtés d’un jeune homme grièvement blessé près d’un haut mur de flammes. Cet homme jette sa veste en loques sur les épaules du blessé et il le soulève dans ses bras, délicatement, soucieux de ne pas répandre les intestins par le trou dans le ventre du garçon. Un autre homme crie dans sa direction et il se retourne, serrant toujours le garçon de façon protectrice comme s’il s’agissait de son propre fils ou de son propre fantôme adolescent, venu lui rappeler quelque chose qu’il avait oublié. Il se tourne pour faire face au canon et il les voit tirer sèchement sur le cordon et il n’a que le temps de lever la main avant de disparaître dans une bourrasque de métal brûlant. Sur l’herbe fumante, là où ils se tenaient, il ne reste qu’une traînée humide.
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- Si ce n'est pas les États-Unis, c'est quoi ? demanda Flora.
Pigsmeat haussa les épaules et rabaissa le bord de son chapeau.
- Rien. C'est nulle part, je crois bien. (D'un geste, il montra l'herbe, le ciel, et à nouveau l'herbe.) Regarde ça reprit-il. Qui pourrait avoir envie de se trouver dans un endroit pareil, à part des sauvages et des idiots ? Et qui, à part eux, pourrait avoir envie de revendiquer ce territoire ?
Tom prit alors la parole et leur dit que ce n'était encore rien d'autre que des marches frontières, rien d'autre qu'un territoire sauvage situé entre deux pays, où les hommes pouvaient aller mais où la loi ne les suivait pas. Il leur dit que c'était par le fer, le feu et le sang, qu'on ferait de ce pays autre chose que des marches sauvages, mais qu'on pouvait compter sur les hommes pour cela, parce que c'était ce qu'ils faisaient toujours : partout où ils allaient, les hommes apportaient avec eux le fer, le feu et le sang.
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Une atmosphère macabre planait sur ce paysage qui n'était plus qu'un charnier. June se demanda comment quelque chose pourrait jamais repousser ici.
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Ce pays, je veux dire. il renferme tellement de choses que tu ne peux même pas faire semblant de le comprendre. Et tu peux y trouver tout ce que tu veux et lui faire dire tout ce que tu veux. Et tu peux continuer dans ce sens jusqu’à ce que plus rien ne signifie quoi que ce soit, jusqu’à ce que plus rien ne soit vrai, que tout ne soit qu’absurdité et qu’on se retrouve dans un monde absurde.
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- Et prends bien garde à la grande Clémence, maintenant, lui lança-t-il.
- ...
- Dieu et sa grande Clémence, dit Abel avec un large sourire. C'est une plaisanterie qu'on faisait entre nous, les vieux soldats.
(p. 144)
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- C'était un sacré beau pays, dit-il tranquillement. Un endroit où il faisait sacrément bon vivre. Cette terre, cette terre qui était si bonne à cultiver...elle vaudra plus rien dans quelques jours.
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Se les rappeler et les faire revivre, ne serait-ce qu’un instant, ne serait-ce que dans son esprit seulement. Abel prit une profonde inspiration, sentant l’effet progressif de l’air frais en lui. Il se disait que s’il pouvait faire revenir ces hommes, il aurait bien des choses à leur demander.
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... et si vous aviez été là pour voir cela, pour l'entendre, le toucher, le goûter et le sentir, c'eût été quelque chose. Oui, vraiment, c'eût été une expérience d'être là ce jour là. A cette heure là. C'était la fin de quelque chose - ils le sentaient tous. Et le commencement de quelque chose d'autre....
.... Le champs de Saunders était un chaudron en ébullition, les arbres sombres qui le bordaient se balançaient et se heurtaient comme sous un grand vent, comme si quelque créature proprement monstrueuse rôdait entre les troncs tandis que des milliers de balles déchiquetaient leurs branches, tandis que les boulets de canon les démembraient.Dans de grands gémissements leurs racines s'arrachaient du sol marécageux...
..L'air lui-même était brûlé, et on entendait un rugissement incessant, comme celui d'une chaudière chargée jusqu'à la gueule et chauffée à blanc. Des éclaboussures rouges sur l'herbe, des taches rouges sur la route.
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