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Citations de Lance Weller (212)


Il n'y a que deux sortes de solitude.L'espace et l'esprit.
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Abel avait vu bien des hommes mourir ainsi et de pire manière encore. Des dizaines d’hommes. Des hommes dont le corps avait littéralement explosé, comme une vague sur un rocher. Il pensait à Gully Coleman. Il pensait à David Abernathy, et il faisait tout ce qu’il pouvait pour ne pas repenser a ce pauvre Ned.
Devenu un vieil homme désormais, assis au soleil pour prendre son repas, Abel se dit qu’avec une bonne concentration il était capable de faire revenir ces hommes dans ses souvenirs. Chacun de ces hommes qui étaient morts sous ses yeux et dont il connaissait le visage. Se les rappeler et les faire revivre, ne serait-ce qu’un instant, ne serait-ce que dans son esprit seulement. Abel prit une profonde inspiration, sentant l’effet progressif de l'air frais en lui. Il se disait que s’il pouvait faire revenir ces hommes, il aurait bien des choses à leur demander.
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-Quand tu as derrière toi autant d'années que moi j'en ai, tu te mets à penser à tous les pas que tu as faits pour arriver là où te trouves, et tu te mets à penser à tous les pas qui te restent encore à faire. Et tu t'aperçois que le premier nombre ne cesse d'augmenter tandis que le second ne cesse de diminuer. Il s'amenuise. Tu te dis que si tu veux retourner dans un endroit que tu as bien aimé à une certaine époque, eh bien, tu ferais peut-être mieux de te mettre en route avant de tomber carrément à court de pas.
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Son père portait Tom devant l'unique fenêtre et lui montrait les caractéristiques des nuits qui tombaient et des matins qui se levaient. Il lui décrivait le monde tel qu'il le comprenait et lui fredonnait des chansons de fierté et de tendresse réconfortante dénuées de sens, comme le font les pères avec leur premier fils avant que celui-ci ne les déçoive.
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Cette nuit là, la lumière était telle que le vieil homme pouvait voir les ombres particulières que projetait chaque arbre sur la plage, et plus loin, sur l'eau, ainsi que sur les pierres gravées du promontoire. La forêt elle-même formait un bloc massif d'ombre noire, comme si cette forêt était une chose unique et non pas constituée d'innombrables éléments variés. Abel leva à nouveau le bras et sa main lui sembla étrangement luisante, tellement désincarnée qu'il se demanda s'il était encore un homme ou s'il s'était transformé en fantôme. Il se demanda l'espace d'un instant s'il n'avait pas été effectivement tué dans la Wilderness et si, toutes ces longues années, il n'avait pas été qu'une sorte de rêve.
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Et pour finir, ce bruit passait sur leur crâne avant de redescendre dans leur nuque et le long de leurs bras, comme la sensation qui lorsqu’une chose d'une importance capitale vient de se produire et que l'on commence à peine à se rendre compte qu'elle est réellement produite. Une chose accomplie de façon délibérée et sur laquelle on ne pourra plus jamais revenir, et dont l’accomplissement fait basculer le monde.Quelque chose, une grande action apparemment prédéterminée écrite d'un seul trait dans les nuages et les ténèbres, mais aussi dans le sang des vivants qui en sont les témoins et dans l'âme de ceux qui ont les yeux pour lire un tel langage.
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Son cœur, fatigué mais opiniâtre, continuait à battre. On aurait dit qu'il ne s'arrêterait jamais - même s'il était négligé ou maltraité, même si on lui intimait simplement l'ordre de s'arrêter.
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Pendant longtemps, par la suite, ce fut pour lui une plongée hors du temps. Les choses devinrent floues et lisses. Rien ne le touchait, à part la faim et la douleur, et le monde semblait continuer à vivre tranquillement sans lui. Le soleil se levait, le soleil se couchait. Le vent soufflait. Les oiseaux chantaient ou c'était le silence. Il y avait de la lumière, il y avait des ombres et il y avait de l'obscurité à l'intérieur de laquelle s'ajoutait une obscurité plus dense, qui n'était autre que ce qu'il ressentait dans son cœur. Les jours n'avaient pas de texture, les semaines n'avaient pas de poids. Il n'y avait pas de saisons. Hoke n'aurait pas pu dire s'il avait chaud ou froid. Il n'aurait pas pu dire ce qu'il était.
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Très bien, acquiesça Dexter. Je suis désolé de l'avoir dit comme ça, mais on a une autre tâche à accomplir. Et tu le sais aussi. Il va falloir verser notre sang avant qu'on arrive à changer quoi que ce soit. Du sang comme celui que ces hommes de l'Union versent pour nous ces dernières années. Ensuite, une fois qu'on aura fait ça ? Alors peut-être qu'on pourra décider quel genre de citoyens utiles on a envie d'être.

Verser notre sang, répéta Bell avec un sourire sarcastique qui la fit paraître si féroce que Dexter en fut médusé. Tu parles, est-ce qu'on a jamais fait autre chose que verser notre sang ?
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Tom haussa les épaules et dit que, d'après l'expérience qu'il en avait, dans la vie tout n'était pas aussi tranché que cela. Selon lui, les dénouements étaient des choses rares et, sauf si on comptait les morts naturelles et les meurtres, il n'y avait pas de vraies fins comme dans les livres.
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Dans le champ, les lignes de l'Union s'incurvaient et pliaient, des sections s'en détachaient et se précipitaient dans le vert profond des bois que la fumée assombrissait toujours plus. La Wilderness était remplie de cris, de hurlements et d’épouvantables éclats de mitraille. Dans le champ, l'herbe jaune était tondue par le métal brûlant qui sortait des armes à feu de part et d'autre. De petits groupes d'hommes ayant atteint les fortifications des Rebelles s'y battaient à coups de poing et de crosse. Quelques zouaves en uniformes voyants avec leurs taches de rouge et de bleu, décorés de jaune et aux guêtres maculées de boue, changèrent de direction pour les rejoindre et furent fauchés comme s'ils avaient été balayés par un vent aussi tranchant qu'un rasoir. Les couleurs vives de leurs corps se détachaient sur l'herbe. D'autres arrivèrent. Quelqu'un donna l'ordre, la section d'Abel et David se leva des fortifications, se mit à pousser des hurlements et chargea dans le champ à découvert. Derrière eux, dans la Wilderness, des lambeaux de fumée pendaient aux branches comme une étrange mousse...
... et si vous aviez été là pour voir cela, pour l'entendre, le toucher, le goûter et le sentir, c'eût été quelque chose. Oui, vraiment c'eût été une expérience d'être là ce jour-là. A cette heure-là. C'était la fin de quelque chose - ils le sentaient tous. Et le commencement de quelque chose d'autre. [...] Le champ de Saunders était un chaudron en ébullition, les arbres sombres qui le bordaient se balançaient et se heurtaient comme sous un grand vent, comme si quelque créature proprement monstrueuse rôdait entre les troncs tandis que des milliers de balles déchiquetaient leurs branches, tandis que les boulets de canon les démembraient. Dans de grands gémissements, leurs racines s'arrachaient du sol marécageux. Des colonnes de fumée s'élevaient, formant de grosses volutes sombres et le soleil s'éteignit. Des hommes tombaient dans le champ, des hommes tombaient sur les remblais rebelles, des hommes tombaient sur la Vieille Route de Pierres où une section d'artillerie de l'Union tirait dans les arbres et dans le dos de ses propres soldats. L'air lui-même était brûlé, et on entendait un rugissement incessant, comme celui d'une chaudière chargée jusqu'à la gueule et chauffée à blanc. Des éclaboussures rouges sur l'herbe, des taches rouges sur la route.
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Le chien était sorti de la forêt par une nuit froide, quatre ans auparavant (…)
Le chien vint à lui dans la lumière couleur de miel qui provenait du feu, comme dans un rêve, comme une prière exaucée qu’il ne se souvenait pas avoir jamais faite, et il finit par s’asseoir péniblement près des flammes.
(…) Il appuya délicatement la patte sur le sol, comme s’il n’était pas sûr de pouvoir lui faire confiance. Hochant la tête, Abel le complimenta et le chien resta à le regarder un long moment. Puis il s’avança en boitant jusqu'à la porte entrouverte de la cabane, regarda Abel par-dessus son épaule et s’enfonça dans l'obscurité pour s’étendre près du lit de camp. Abel le suivit et referma doucement la porte pour se protéger du froid. Une fois couché, il laissa sa main pendre jusqu’à ce qu’il puisse entortiller autour de ses doigts la douce fourrure derrière les oreilles du chien. Cette nuit-là, il lui parla longuement et pour finir, juste avant de s’endormir, Abel respira profondément et dit :
- Que je sois damné si ça sent pas le chien mouillé ici.
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John se maudit d'avoir laissé son râteau dans les fourrés et de ne pas avoir apporté son fusil, aussi vieux et peu fiable qu'il puisse être. Il se maudit également de ne pas être plus attentif, il maudit sa femme de ne pas être avec eux dans le champ pour l'aider à avoir l’œil sur ce genre de chose, il maudit Tom d'être si petit, si étrange et si rebutant, et il maudit les Indiens eux-mêmes d'exister tout simplement. Drum continuait à émettre un grognement faible mais constant et, après un rapide coup d’œil et un instant de réflexion, John ne trouva rien à reprocher au chien, si bien qu'il ne l'ajouta pas à sa liste.
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Elle se demanda si les nuages n'étaient pas Dieu, ou quelque manifestation de Dieu, puis elle en vint à la conclusion que Dieu ne s'embêterait pas à baisser les yeux sur eux parce que, d'après ce qu'elle avait compris du monde, cela faisait bien longtemps qu'Il ne s'était pas donné cette peine. Elle demanda à Tom ce qu'il en pensait et il répondit que ça arrivait parfois. Des gens qui n'étaient pas habitués à un espace aussi effarant pouvaient, selon lui, sentir l'Esprit descendre su eux. Ou, si ce n'était pas l'Esprit, alors quelque chose d'encore plus sacré qui n'était autre que la Nature elle-même, peut-être. Il lui dit qu'elle s'y ferait, mais ce fut d'un piètre réconfort pour Flora, et elle continua à frissonner sous les empilements fantasmagoriques de ces nuées.
Et quand elle demanda son avis à Pigsmeat, il repoussa son chapeau avec le pouce et étudia les nuages.
- Dieu? Tu penses que ça pourrait être ça? dit-il. J'en sais rien moi. Mais tu vois celui-là (il pointa du doigt.) Celui-là il ressemble à un canard.
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Ca, c'est Mr Stolz, il a comme qui dirait une espèce de devise, il veut pas de réclamation. Tous ceux qu'il enterre, ils ont droit à un pied-de-biche, une hache ou une hachette dans leur cercueil. Au cas où.
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Ouais, c'est comme disait mon papa. Il disait, le patriotisme, comme tout pêché qui se respecte, n'a pas de camp.
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Son père s’attaquait aux travaux des champs comme s’il savait ce qu’il faisait, comme s’il avait payé quelque chose à quelqu’un à un moment donné et qu’il voulait maintenant récolter sous forme de rage la valeur de son argent. Il restait attaché à la charrue jusqu’au repas de midi et tout le long des après-midis froids, maudissant le cheval, maudissant le sol et maudissant le temps. Il essayait de ne pas lever les yeux de la terre pâle et pierreuse retournée par le soc pour ne pas voir le bois qui poussait le long de l’autre extrémité du champ. Il ignorait pourquoi on l’appelait le Bois de la Haine, mais le bosquet entourait la mare putride et il aurait fallu le défricher presque jusqu’à la route pour rentabiliser la terre, et c’était une tâche trop importante pour un homme seul, quelle que fût la rage qu’il y mettait. John Hawkins avait peu d’échanges avec ses voisins et parfois, il restait là, à contempler le bosquet sombre, attendant avec impatience le jour où Tom serait assez grand pour l’aider. Mais en cette année froide et maigre, il savait parfaitement qu’il ne tirerait aucun profit de son labeur, alors, avançant péniblement dans les sillons derrière son cheval, depuis le lever d’un soleil pâle et frais jusqu’à la tombée d’une ombre encore plus froide, jour après jour, il essayait de voir au-delà de cette année-là, au-delà de ce champ, pour imaginer un avenir plus prometteur et, comme il ne pouvait même pas entrevoir ne fût-ce que la lueur d’une telle espérance, il gardait simplement la tête basse et observait le sol pauvre se briser en vagues sous la lame de la charrue.
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J’aime m’asseoir et regarder l’océan, le soir. La façon dont la marée se met à monter, les différentes couleurs que le soleil dépose sur la mer en se couchant.
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Elle a rêvé d'un feu de camp sur une plage aux ombres luisantes . Un tas de bois flotté, des flammes orange. Et tout au bord du monde, à l'ouest, une rognure d'ongle de soleil pour rougir l'océan.
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« J’ai vu des choses que je ne pourrai jamais oublier. Elles ne me lâchent pas, et si ça arrivait, j’crois que je saurais plus quoi faire. Ni qui je suis. Non. Vraiment, j’peux pas en parler, parce qu’ils ont pas inventé les mots qu’on pourrait utiliser pour raconter ça fidèlement. »
La guerre au-delà du dicible, selon le personnage principal, Abel Truman.
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