Citations de Laurence Nobécourt (220)
Haru dit Yazuki n'a jamais été entièrement disponible à personne ni au monde parce que toujours prioritairement disponible au verbe. C'est une tyrannie dont ceux qui n'écrivent pas n'ont aucune idée.
Roberto voulait devenir écrivain. Jim, photographe. Mais ce qu'ils désiraient avant tout c'était -devenir-. Pour eux, écrire, photographier signifiait "risquer le tout pour le tout". Ils avaient une vision presque romantique des choses, ils luttaient contre l'inertie du monde (...) (p. 53)
Ce qu'il aimait le plus en Unica serait précisément à l'origine de sa perte. parce qu'il n'y a pas de liberté sans limite. Sinon, cela s'appelle la folie. (p. 22)
C'est absurde mais la littérature n'est faite que de ça : d'absurde, de surdité qui cherche à se faire entendre. (p. 36)
Car la poésie est liée à la vérité. Elle est parfaitement réelle. Elle est ce point de pureté du réel qui, lorsqu'on le perçoit, fait de nous des êtres humains incarnés et vivants, manifestations du divin, spiritualisant la matière. Notre tâche d'homme , je ne cesse de le répéter: déplier l'absolu en nous. (p. 44)
En ce siècle moyenâgeux, H. endosse, plus que n'importe quelle autre et sans l'avoir voulu, son manteau de femme visionnaire que lui confère sa connaissance au delà des genres
D'être entièrement à Dieu, H. est entièrement humaine. Rien des hommes ne lui est étranger : folie, migraine, maladies de la tête, des viscères, alimentation, digestion, mélancolie, vie sexuelle, maladies nées des humeurs, parasites, excès, elle est un cosmos à elle seule.
Ce qui importe à H. : laisser chacun venir à sa vérité propre. Pour permettre à chacun de devenir qui il est. Et l'aider à trouver le chemin jusqu'à l'être. Le chemin du cœur, soit le seul qui soit pur.
Elle ne sait pas encore que la Jérusalem céleste se bâtit avec des pierres d'un ciel sans issue. Ni que l'abandon peut parfois être une preuve d'amour. Elle ignore que l'infini n'a de source que dans la limite, et qu'il faut avoir clos en soi pour que l'absolu se dévoile.
Hildegarde de Bingen fait partie de ce qui me vient d'avant tous les jadis.
Je la connais d'un ailleurs dont la mémoire ne me parvient que par trouées, lorsque d'être disjointes par un certain silence, les parois du temps s'entrouvrent.
(...) enfant, c'est cela que j'aimais chez les saints, sans savoir le nommer : l'insoumission. Et qu'ainsi l'ombre jamais n'éteindra la lumière.
Comment ai-je pu si longtemps me prendre pour moi-même ? Comment peut-on vivre des années dans un univers que l'on croit être sien avec ses repères, ses codes, alors qu'il n'en est rien ? (p. 82)
Et à quoi me servirait le jugement de ceux qui ne veulent pas regarder tout au fond de leur coeur ? (p. 179)
épigraphe
"Mon histoire n'est pas douce et harmonieuse comme les histoires inventées. Elle a un goût de non-sens, de folie, de confusion et de rêve, comme la vie d'un homme qui ne veut plus se mentir."
Demian, Hermann Hesse
Chacun est son propre châtiment et sa propre grâce.
le détachement est un bucher de sensibilité brûlée vive
"Pourquoi s'offusquer de quoique ce soit? Rien ne nous appartient. Rien ne nous sera repris. Seules nos illusions nous font croire le contraire. Que possédons-nous réellement sinon ce que nous avons patiemment fait fructifier en nous-mêmes? C'est le seul trésor qui vaille. Tous nos rêves en s'accomplissant ouvrent sur un rêve plus radieux encore qui révèle la splendeur de la vie."
Ce n'est pas moi qui quitte l'enfance, c'est l'enfance qui me quitte.
L'esprit est un grand désert rouge, parfois un mot tombe dans un trou et on ne le retrouve pas tant qu'il n'a pas réussi à se hisser hors de celui-ci. Quand il y arrive, alors le mot nous revient à l'esprit. C(est cela les trous de mémoire.
Découvrir ce que la sexualité peut découvrir : c’est la seule raison d’être de la sexualité. La connaissance est sa seule morale. Tout comme la littérature, la sexualité sert à connaître. De là qu’elles soient intimement liées.
Écrire, c’est réactiver par les mots l’événement de ce qu’ils désignent : leur vérité originelle ensevelie sous les décombres du langage. Celui qui y parvient, celui-là est écrivain. Nous ne sommes écrivains que par brefs et fulgurants instants.