L’intrigue se déroule dans le Mercantour . Fin des années 60 ?
les personnages :
• les ‘’ indigènes’’
La Geante, la montagne avec laquelle chacun des personnages se confronte et fusionne
Noele ( la narratrice) surnommée ainsi par la tante qui l’a recueillie à ses 7 ans, ainsi que son frère nouveau né Léon , après la mort en couche de leur mère et l’abandon par leur père
Léon surnommé Rimbaud par sa sœur , à la sensibilité poétique ne parle pas mais chante avec le petit Duc , passe son temps à chercher dans les ruisseaux les pierre dorées « des cailloux qui brillent, les ors des fous ».
La tante récolte les plantes sauvages pour ses préparations médicinales et initie Noele à son art
Le Grand Joseph qui vient prendre livraison des préparations
Le facteur
• Les étrangers
Maxim, un journaliste, venu se réfugier dans ce lieu perdu pour travailler et mener en solitaire un combat contre la maladie qui dévore son œil.
Carmen ( surnommée Caboche par Noële,) amoureuse de Maxim . Prise par ses occupations professionnelles à travers le monde, elle lui écrit son amour et son inquiétude devant son silence
Le roman commence avec l’ arrivée de Carmen alias la Caboche dans le hameau.
Le roman met en scène 2 personnages principaux rustiques en osmose avec la nature symbolisée par la Géante, la montagne sur le flan de laquelle se situe leur hameau . Noële et Léon (alias Rimbaud) sont à la fois de la montagne et la montagne elle même. Si le prénom Noële est l’anagramme à une lettre prés ( e) de Léon, ces deux personnages représentent deux principes de la nature. Noële est le végétal ( elle connaît les plantes et leurs vertus) et Léon le minéral ( il collectionne les cailloux de pyrite). Tous les deux sont dans la transmission, Noële destine ses préparations aux soins de vieillards malades, Léon offre ses compositions de cailloux dorés à la vue de qui passera . Tous deux à leur façon veillent discrètement sur les égarés de passage, l’une en allumant le feux et en apportant son courrier à l’inconnu malade ( Maxim) et l’autre en entretenant un abri contre les éléments au sommet de la montagne .Leur vision du monde est de l’ordre du cosmique.Humains et éléments de la nature forment un tout .
Le langage de ces personnages rustiques se compose essentiellement de gestes quotidiens qui assurent la survie et atteignent à l’art champêtre ( l’art des plantes médicinales et l’art de la confection des fagots pour Noële; l’art des cailloux pour Léon qui a développé une sensibilité poétique aux sensations de la nature et aux émotions du vivant )
Commentaires
Ce Roman demande une relecture pour saisir le récit car à la première lecture, l’ attention du lecteur est monopolisée par la compréhension de la structure du récit et des interrogations sur l’identité des personnages.
Le récit s’articule autour de temporalités anachroniques. On y trouve des effets d’abîmes : le passé évoqué s’ouvrant en abyme sur un autre passé à un moment de l’ histoire d’un autre personnage ;
Les personnages apparaissent comme des brindilles séparées qui , à la fin du récit , forment une mini société, ‘’un beau fagot ‘’ comme ceux que la narratrice confectionne habilement.
Les différents personnages sont introduits dans le récit , celui de la narratrice idem, sous la forme d’énigmes ce qui produit un arrêt dans la lecture et crée un sentiment d’agacement et de malaise voulu par l’auteur pour rendre l’atmosphère de l’intrigue inquiétante
Trois figures contribuent également a assombrir le tableau en suscitant chez le lecteur un sentiment d’insécurité: la Géante, montagne fantasmatique , généreuse et féroce qui est ‘’ le terrain de subsistance ‘’ de la narratrice ; le crabe – cancer qui phagocyte l’oeil de l’inconnu ( Maxim); et la maison froide dans laquelle l’inconnu est venu s’isoler et se réfugier pour fuir celle qui l’aime.
Le lecteur avance dans sa lecture comme un funambule qui sait que progression et risque de chute vont de pair. La vie change de cours pour Maxime qui se débat avec ‘’ le crabe’’ et pour Carmen abandonnée par celui-ci qu’elle aime . Si la vie avait changé de cours pour Noële à l’age de 7 ans - avec le décès en couche (naissance de Léon) de sa mère, l’abandon du père, le recueil par la tante pragmatique - , un nouvel équilibre s’était installé sur l’oubli. Mais L’équilibre de Noële est soudain rompu par la découverte du langage verbal amoureux qu’elle découvre en lisant le courrier de Carmen l’amante fuie par Maxime . Au fur et à mesure des lectures de ces courriers , les mots lui révèlent ce qu’est le désir , le manque, la passion et l’individualité et lui revient aussi en mémoire la douceur de l’amour maternel qui fait exister.
Fiction documentée abordable par un lectorat large
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Une femme, la narratrice (l’auteure ?), retrouve un lieu – la Grande Villa -, où elle a déjà séjourné, pour y effectuer une résidence d’écriture, alors qu’elle vient de perdre son père. Les mots manquent pour dire l’absence – on imagine que la perte est récente -, et l’écriture, qu’elle convie, ne répond plus, ce qui donne lieu à des réflexions sur l’écriture, n’apportant cependant rien de bien nouveau. Beaucoup sur la lumière, sur la nage, peu sur le père, sur le chagrin... L’exercice m’a laissée plutôt froide.
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Un bouillon d'émotions.
La narratrice Noële n'a jamais quitté sa montagne, surnommée la Géante. Sa vie est spartiate entre la préparation de ses tisanes, onguents et autres confitures. Elle passe ses journées dans la montagne à cueillir des plantes, ramasser du bois mort pour ses fagots. Son frère "Rimbaud" est là sans être là, mais toujours vigilant.
Face à eux, la Maison Froide où Maxim vient se réfugier pour faire la gerre à son crabe, loin de Carmen qui continue à lui écrire des lettres d'amour. Noële découvre alors tout ce qu'elle n'a pas connu et dont elle soupçonnait à peine l'existence.
L'écriture est sensible, l'histoire émouvante, le cocktail réussi même si pour moi le début a été difficile car les personnages apparaissent, s'entremêlent sans que nous sachions qui est qui, qui fait quoi, pourquoi ? La magie opère quand nous avons les réponses à ces questions.
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Dans le cadre du prix des lecteurs Privat, j’ai lu La Géante de Laurence Vilaine aux éditions Zulma. Ce court récit a été un peu déstabilisant dans les premières pages mais à fini par m’emporter par la grâce de la plume de Laurence Vilaine.
Au coeur de la montagne vit Noële et son frère, Rimbaud, celui dont la parole n’est que chant. Noële pourrait apparaître aux yeux du monde comme une sauvage, une sorcière, elle qui n’a grandi que dans les montagnes, avec une tante réduisant la vie au minimum, à l’essentiel, aux besoins primaires. Dans cette existence rude, Noële fait une découverte bouleversante pour elle : le désir, la sensualité et l’amour. Cette rencontre éveille Noële à la vie.
Si les premières pages ont vraiment été un peu laborieuses pour moi par le rythme mais aussi la narration car je cherchais d’où venait cette voix pierreuse – la nature elle-même ? un personnage ? – mais au fil des pages lorsque Noële raconte cette histoire d’amour entre un homme et une femme, ce désir puissant qui la bouscule, la plume se teinte d’une poésie, d’une puissance évocatrice qui donne à ce récit toute son ampleur et sa force.
Il faut aller à la rencontre de La Géante, ne pas se laisser déstabiliser par son âpreté initiale car elle vous dévoilera la force et la poésie du monde.
En résumé : une belle découverte !
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Ce livre court me laisse un peu perplexe.
J’ai adoré l’écriture, ce voyage poétique à travers la nature. J’ai adoré la montagne et la forêt. Cet alchimie qui vous transporte avec pleins de zénitudes. J’avais vraiment ce sentiment d’être dans un univers intemporel. Après l’histoire en elle même manquait pour moi un peu de rythme. Difficile par moment de bien s’imprégner de chaque instant. Je m’attendais à davantage de rebondissement et à une fin moins imagée.
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Une pépite ! 📚🍃
Il y a des livres qui vous happent dès les premières phrases. Qui vous envoûtent. Des livres où vous ralentissez la lecture pour mieux vous imprégner de cette écriture, aussi rude et rocailleuse que l'histoire qu'elle raconte.
La Géante est de ceux-là.
La Géante, c'est la montagne au pied de laquelle vit Noële. Une vie âpre, dure, sans superflu, sans fantaisie, ni poésie autre que celle de ce frère qu'elle surnomme Rimbaud et qui ne parle qu'aux oiseaux. Une vie quasi mécanique, répétitive. Se lever le matin, se laver à l'eau froide, s'habiller couleur de roches et de terre, manger frugal, parcourir la montagne autant redoutée que vénérée, scruter le ciel, récolter bourrache et laurier, assembler du petit bois en fagots pour démarrer le feu, préparer des potions et des onguents pour soigner les gens, dormir et recommencer.
Un jour, pourtant, par l'entremise de lettres qui ne lui sont pas destinées, Noële va découvrir qu'une autre vie est possible. Ces lettres dont Maxim venu se terrer au village le temps d'un combat intérieur, ne veut plus. Elle va découvrir le pouvoir des mots, l'amour, le désir, le manque, la féminité. A travers les mots d'une autre, elle va apprivoiser la douceur et déplier timidement ses ailes.
Le début du roman est un peu mystérieux et lent, puis cette étrange et envoûtante histoire va s'éclaircir et vous offrir des images d'une fulgurante beauté au pied de cette montagne tutélaire impérieuse. Et ce portrait de femme infiniment émouvant, qui tous ses sens aux aguets, va littéralement se nourrir des mots d'une autre pour s'ouvrir à une vie rêvée, cheminer vers la lumière ...
Un livre comme un diamant brut, que j'ai eu envie de relire à peine terminé.
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Le Silence ne sera qu'un souvenir est un livre que je devais lire. Un concours d'heureuses circonstances m'y a poussé et je sais ainsi qu'il renferme un message pour moi.
Il est vrai, par ailleurs, que j'ai été touchée par la poésie de la langue de Laurence Vilaine, des langues même, puisque le slovaque et le romani viennent y faire des incursions bienvenues. Certains thèmes comme celui de la mémoire transgénérationnelle, de l'héritage, de la famille, des croyances, me parlent beaucoup.
J'ai été moins convaincue par d'autres thèmes abordés, franchement très sensibles pour moi, et que j'aurais préféré ne pas nécessairement lire. Et puis par un léger manque d'authenticité et des clichés parfois un peu gros sur la communauté Rom, pourtant dépeinte avec une grande tendresse et beaucoup de sincérité dans l'intention.
Une jolie lecture, à ne pas forcément mettre dans les mains de femmes qui ont souffert de blessures de femmes, car le roman est particulièrement lourd de ce point de vue là.
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J'ai été une fois de plus très touchée par l'écriture percutante, et aux ruptures de rythme qui batifolent avec nos émotions, de Laurence Vilaine. Ce roman en courant de conscience m'a forcément rappelé la Chambre à Soi de Woolf. J'ai été impressionnée par son sens du détail, si juste et délicat.
Une très belle lecture sur le deuil, le processus d'écriture, la solitude, et comme la beauté est nécessaire pour soigner l'âme et le coeur...
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Quel joli roman, comme souvent ceux qui sont édités chez Zulma, quel roman émouvant et facile à lire ! L'écriture percutante et brute de Laurence Vilaine donne un effet efficace et authentique à la lecture, d'une fluidité épatante.
Si j'avais accroché à l'histoire d'amour centrale et à ceux qui la vivent, j'aurais attribué à ce livre 5 étoiles: or, tout le coeur du texte est incarné par Noële, LA protagoniste, dont les découvertes et re-découvertes m'ont fait fondre ... comme neige au Soleil. Le Soleil, donc, et la Montagne (nommée la Géante) y sont de merveilleux personnages à part entière, ainsi que l'Amour, omniprésent, vécu par procuration ou par souvenir, wagon perpétuellement raccrochable au long des pages, au détour d'une intention ou d'une description, d'une attention ou d'un mot.
Une fin magistrale et enlevée comme une délicieuse pâtisserie en dessert au menu d'un repas savoureux...
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Un superbe texte, qu’il m’a fallu un peu de temps pour apprivoiser. J’ai été un peu perdue au début entre les personnages, dans les brumes au pied de la Géante avant de comprendre où l’auteure voulait m’emmener. Puis, j’ai commencé son ascension en compagnie de Noële et Carmen, je me suis laissé porter par les phrases de Laurence Vilaine et leur douce poésie. J’ai beaucoup aimé ce voyage dans la montagne, les bois, la vie rude, frustre et sans amour de Noële et celle bien remplie, trépidante de Carmen, mais incomplète car il lui manque l’essentiel, l’amour de Maxim. Maxim, qui une fois qu’il sait son combat contre la maladie perdu, va peu à peu se détacher d’elle et ne plus répondre à ses lettres éperdues d’amour.
Cependant, dans ce récit, il m’a peut-être manqué un fil d’Ariane pour adhérer complètement à l’histoire, une trame plus robuste qui aurait donné un peu plus de structure à l’ensemble, un but. J’ai fait cette lecture sous le charme, mais en ayant l’impression d’être passée à côté de certaines clés qui m’auraient permis de pleinement savourer cette belle découverte.
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J'ai pris un plaisir incroyable à lire ce livre de Laurence Vilaine.
Les mots coulent, glissent et résonnent. Pas de fioriture, juste quelques regards, paroles et pensées magnifiquement déposés sur ces quelques pages.
L'intrigue s'entremêle parfaitement avec la maitrise des mots de l'autrice.
Les temps se mélangent, la Nature et les émotions humaines cohabitent.
L'espace des possibles dans l'ombre d'une montagne immuable et mystique appelée La Géante.
L'histoire d'une femme solitaire qui rentre en écho avec les sentiments amoureux de deux inconnus.
L'amour des lettres et des mots, la Poésie qui surgit au détour d'une virgule, le Brut, le Simple et le Beau qui se réinventent à chaque page…
Je viens de refermer ce livre et manque ostensiblement de subjectivité, mais si cette citation de Laurence Vilaine vous évoque un tant soit peu quelque chose, nul doute que vous ne perdriez pas votre temps à découvrir et parcourir ces quelques pages …
« Ecrire, c'est crier sans bruit, cracher entre les lignes, aimer en secret, frissonner beaucoup ».
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Noële est une vieille femme, qui a toujours vécu au pied de la Géante, une montagne qu’elle a nommée ainsi dès son enfance. Elle y vit seule avec son frère, Rimbaud, un garçon qui ne parle pas mais chante avec les oiseaux. Elle gagne modestement sa vie en tant que guérisseuse, pouvoir que lui a transmis sa tante qui les a élevés à la mort de leur mère, puis au départ de leur père.
Un jour, un inconnu arrive dans le village ; il se nomme Maxim, et exerce le métier de journaliste. Atteint d’un cancer des yeux, il a choisi de se retirer du monde et s’est installé dans une maison isolée, la « Maison froide ». Une fois par semaine, il se rend en ville pour transmettre ses articles au journal qui le rétribue.
Il reçoit régulièrement des lettres de la femme qu’il aime, Carmen, reporter photographe parcourant le monde. Un jour, le facteur, souffrant, demande à Noële de le relayer en distribuant le courrier du journaliste à sa place. La vieille femme va alors devenir la « messagère du dernier kilomètre ». Ces lettres vont bouleverser sa vie, elle qui a toujours mené une existence rude et solitaire, elle qui n’a jamais connu l’amour, et le désir.
A la mort de son amant, Carmen se rend dans la maison puis part gravir la montagne. Noële enfile sa parka et la suit. Au cours de son ascension, elle nous livre des bribes de son histoire familiale, nous raconte l’arrivée du journaliste et son séjour au village, sa vie quotidienne, leurs échanges, les lettres reçues et lues … Parvenue au sommet de la Géante, elle va découvrir un secret que partageaient son frère et le journaliste disparu.
Elle va également révéler au lecteur le serment de son enfance.
C’est un très beau roman sur l’amour, la montagne, l’écriture. Roman très profond, qui interroge les traumatismes de l’enfance, évoque la force des sentiments, célèbre la liberté.
Les personnages en effet sont des êtres libres : le journaliste qui s’isole pour ne pas devenir dépendant, Rimbaud le frère qui court dans la montagne en osmose complète avec la nature, Carmen qui parcourt le monde pour témoigner des drames humains, et Noële qui s’affranchira du serment qui la retenait prisonnière.
Et c’est par l’écriture – les lettres lues de Carmen – qu’elle parvient à se libérer.
La structure narrative est originale : l’histoire se déroule au fil de la montée vers le sommet de la montagne. Durant cette ascension, souvent difficile et risquée, l’héroïne nous livre des bribes de son histoire personnelle et familiale, de la présence du journaliste dans le village, de sa relation avec son amoureuse. Elle nous ouvre le paysage de ses souvenirs, de la même manière qu’elle nous fait découvrir les multiples facettes de cette montagne : la Pierre debout, le Bois noir, le Vestibule du diable, le Lac vert …
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C’est avec ravissement que j’ai découvert l’écriture subtile, poétique et suggestive de Laurence Vilaine dans « La Géante ».
Laurence Vilaine n’a pas sa pareille pour décrire les émotions et nous rendre ses personnages si proches. Ses mots pulsent au rythme des pensées de Noële la narratrice, ils font écho à sa vie rude, proche de la nature. L’auteure excelle aussi à nous décrire cette nature sauvage, parfois effrayante en plantant le décor dans une montagne éloignée et entourée de mystères et superstitions. La nature règne en maître dans ce lieu perdu, on y vit entre soi et l’étranger y est rare. Tout est là, il n’y a plus qu’à dérouler tout doucement l’intrigue.
« Ça sent la terre profonde dans le bois, j’ai pensé aux bêtes sauvages, et aux femmes et aux hommes qui un jour sûrement sont passés par là des années, des siècles avant moi, je me suis dit que le bois n’avait pas voulu d’eux, ni de leurs ponts, ni de leurs chapelles, que la nature est plus forte que les humains qui passent leur vie à chercher leur place »
La Géante, c’est la montagne à l’ombre de laquelle a grandi Noële et son frère muet surnommé Rimbaud, qui se passionne pour les oiseaux. Noële a suivi le chemin tout tracé de la tante qui l’a recueillie et élevée avec son petit frère, elle vit de ce que lui offre la montagne et ramasse ses plantes médicinales et le petit bois qu’elle fagote. Un jour, un journaliste vient s’installer dans « la maison froide » voisine de la sienne. Elle va s’intéresser à cet homme malade et solitaire mais qui reçoit les lettres touchantes d’une femme. Noële, par sa présence discrète, va vivre dans l’ombre de cet homme énigmatique et taciturne. Dépositaire de ces lettres, elle va découvrir l’amour entre les lignes, cet amour qu’elle, l’enfant abandonnée, n’a jamais connu.
On part à la rencontre, au même rythme que Noële, de la femme amoureuse, photographe et bourlingueuse, cette Carmen dont les lettres émaillent l’histoire et c’est émouvant.
« Ses lettres étaient un fils de soie qu’elle tendait dans leur ciel trop grand »
Une belle découverte que ce court roman qui se lit d’une traite et que je recommande.
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Une immersion dans une communauté rom près du Danube, qui marque la frontière avec le monde des gadjos.
Le narrateur est un vieil homme, qui dévoile par bribes la terrible histoire d'un enfant, ostracisé au sein des siens en raison de sa blondeur, et attaché viscéralement à son violon, sa seule possession.
La musique est omniprésente, pour le simple plaisir de jouer ensemble, pour gagner quelques pièces auprès de touristes ou dans des restaurants.
Omniprésente aussi, la violence, ancienne lorsqu'il s'agissait des nazis pour lesquels cette race inférieure n'était que chair à expérience, et actuelle quand des néonazis organisent des chasses aux tziganes... et, aujourd'hui comme hier, viol de femmes par des hommes, proches ou inconnus.
Deux femmes, deux générations, deux histoires où se mêlent amour et détresse, sont au centre du livre, et les douloureux liens (de sang) avec celle du petit garçon apparaissent petit à petit.
En refermant le livre, on entend encore le chant de l'enfant, celui du violon, et celui du chnep, "un petit piaf de chez nous"...
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Il y a d'abord une grande maison en bord de mer - La Grande Villa - avec son caractère, ses manies, les tomettes qui cliquettent, les poignées qu'on actionne à l'envers, les jeux de lumière du soleil dans les fenêtres, les voilages, sur les planchers, les meubles, l'armoire rouge du vestibule...
Un antre dans lequel la narratrice vient retrouver une présence, un autre séjour cinq mois plus tôt mais accompagnée cette fois-là, un lieu où elle vient chercher une consolation, la possibilité, en évoquant une présence en ce lieu, de rompre les liens étouffants du chagrin...
Il y a le platane dont les branches sont si longues, la ramure si étendue que les feuilles se tendent comme autant de mains à travers les croisées, aussi douces que peut l'être une caresse qui console, qui étreint...
Il y a l'eau, celle où l'on nage, celle où l'on flotte, celle où l'effort physique tente de faire taire l'esprit, l'eau comme une frontière, l'eau comme une promesse de départ vers un autre pays...
Il y a la solitude, celle de cette fille qui reste, gardienne de la mémoire de ce père qui n'est plus...
Il y a les tentatives d'écritures de cette jeune femme qui tente d' exorciser la douleur d'une absence, les silences qui ne peuvent être effacés, qui tente de dompter les mots pour calmer les idées qui assaillent, les regrets qui submergent, calmer ces mots qu'on n'a pas osé prononcer et qui toujours hantent et reviennent...
Les souvenirs, comme autant de clichés en noir et blanc, comme autant de moments qui sont restés gravés en mémoire, comme autant de circonstances rêvées, imaginées, inventées...
Il y a l'absence, le vide, la perte, l'envie d'une consolation peut-être, ou simplement le désir de garder un lien, une main tendue par delà la mort...
De ce père disparu, trop peu connu finalement parce qu'il intimidait tant la petite fille qui l'observait, de ces questions jamais posées comme autant de montagnes jamais escaladées, de cette absence qu'on voudrait interroger, sonder pour rattraper tout ce qu'on n'a pas su apprendre, tout ce qu'on n'a pas demandé, ce qu'on est obligé d'édifier pour faire revivre celui dont la main a glissé.
De ces mots qui doivent être écrits pour dire les sentiments qu'on a tus, par pudeur, par timidité. Comme si en les prononçant, il leur était donné la possibilité d'être encore entendus, d'avoir encore une raison d'être, d'atteindre celui à qui ils sont destinés...
(...)
"Avoir vingt ans, perdre son père (...) Alger la Blanche, oui, et avant la Mer de Chine, le Tonkin, la Cochinchine. Tu pensais quoi au bastingage ? Combien de semaines, combien de nuits ? (...)"
(...)
"La dernière fois nos mains ensemble, c'étaient les miennes autour de la tienne, sans la serrer pour ne pas te réveiller, comme on enveloppe une fleur épanouie, une main en cloche au dessus de l'autre pour ne pas la froisser. La dernière fois nos mains ensemble, c'était les miennes autour de la tienne, je m'étais endormie à tes côtés. Et de cette sieste, tu ne t'es pas réveillé."
(...)
"Quand l'écriture trouve la grande solitude pour y naître, on n'est plus seul. Aussi peut-être est-ce pour ça qu'on écrit, pour ne pas faire seul le voyage. Et rendre plus douce l'attente. de l'amour, de la mort."
(...)
Un livre tout en résonance.
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Un très beau livre d'outre-temps, qui, bien qu'ancré dans l'époque, joue sur l'intemporel des relations humaines.
La Géante, montagne à l'ombre de laquelle se déroule ce court roman, domine le village où vivent depuis l'enfance Noële et son frère Rimbaud et où arrivent Maxim, puis Carmen.
Dès le 1er chapitre, s'entremêlent le récit de Noële observant l'arrivée d'une silhouette, qui s'avère être Carmen, trimbalant une pioche sur l'épaule et les lettres écrites par Carmen à Maxim.
Carmen, à l'allure citadine, apparaît déplacée dans le décor, et n'est pas la bienvenue pour Noële, ancrée dans ce pays dont les plantes qu'elle transforme en remèdes, assurent sa subsistance et celle de Rimbaud, qui vit sa vie de marginal simplet en courant les chemins...
La dureté de la vie de Noële, élevée à la dure par une "tante" qui l'a recueillie avec son jeune frère, découvre au travers des lettres de Carmen et de la présence de Maxim, venu occcuper temporairement une ancestrale maison de famille, un univers lointain et inimaginable : les voyages de Carmen, reporter photographe sur des terres de malheur, mais surtout des sentiments, l'amour, le soin de soi et de l'autre... Cette femme sans âge semble se redresser et s'émanciper à la lecture de ces courriers.
Ce récit parle aussi du combat de Maxim contre la maladie, de la passion de Noële pour les mots des récitations apprises à l'école et découverts dans les phrases de Carmen... et bien sûr, de la montagne, cette Géante que Noële, grâce à Carmen, sera enfin capable de contempler de haut!
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