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Critiques de Léonor de Recondo (1399)
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Pietra viva

Courts par le nombre de pages (une centaine jamais plus) mais tellement concentrés en poésie, telle est la marque de fabrique des romans de Leonor de Recondo.



Pietra Viva est un de ses premiers romans mais il agrège déjà tout ce qui fait la beauté du style de notre violoniste/écrivain : phrases ciselées, émotion à fleur de peau et intensité bouillonnante contenue derrière chaque mot. Rien n'est laissé au hasard, c'est d'ailleurs très rare de le ressentir si puissamment au cours de mes lectures mais force est d'admettre que je l'ai vécu au détour de chaque page. Et pourtant, le thème traité n'est pas si transcendant : ni de folles échappées lyriques, encore moins d'impétuosités sentimentales ; nous ne sommes pas chez Tolstoï ou Dostoïevski.



L'auteur nous offre le récit de quelques mois (imaginés ou pas) dans la vie de Michelangelo Buonaroti, sculpteur prodigieux de la Pieta de Saint Pierre de Rome, artiste favori du pape Jules II, à l'origine de la fameuse chapelle Sixtine. Nous sommes en Italie au XV siècle : Jules II commande son futur tombeau à Michelangelo. Signe de gloire, ce tombeau du plus pur marbre de Carrare, devra refléter la toute-puissance du Pape, témoin intemporel de son règne sur terre comme dans le ciel. La pression pèse sur les épaules de notre artiste qui vit en même temps un épisode douloureux en la mort d'un jeune moine d'une beauté rare et fascinante qui a exercé sur lui une attraction hédoniste et platonique. Partir à Carrare, à la recherche de la perfection du marbre le plus blanc qui puisse exister, devient un échappatoire vital pour notre artiste endeuillé et meurtri dans sa chair et son âme. Cotôyer l'impétuosité de la montagne, celle qui fournit ce marbre si convoité au prix de grandes souffrances, parfois même de drames (la mort de ceux qui extraient la pierre), s'isoler loin de la Rome courtisane et politique, vivre auprès des plus humbles, tel est devenu le quotidien de Michelangelo.



Nous ne saurons jamais si cet épisode a réellement existé mais j'ai presque envie de dire : peu importe. Auprès de ce personnage fascinant à la personnalité marquée, être peu commode s'il en est, j'ai été transposée le temps de quelques pages dans la Toscane de la Renaissance, témoin de la naissance d'un chef-d'œuvre en devenir (que j'ai eu la chance de voir à Rome), enveloppée dans une bulle enchantée de poésie.
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Amours

J'avais beaucoup apprécié Pietra viva et j'ai retrouvé dans Amours, de Leonor de Rocondo, ce style travaillé et distancié, ces mots simples mais habilement assemblés, ce faux rythme lent comme le temps hors d'âge qui s'écoulait dans les campagnes françaises du début du XXe siècle.



Je vous parle d'un temps où l'on arrangeait encore les mariages, où une bouche de moins à nourrir suffisait à placer un enfant comme domestique, où le droit de troussage coulait de source, où lire Flaubert (joli clin d'oeil au bovarysme) était quasi pêcher, où le corset vous enfermait dans votre corps et dans votre rôle, où paraître était plus important qu'être, où s'affranchir des conventions était un concept qui restait encore à inventer.



Alors forcément, avec tout ça, les ingrédients du drame sont réunis : la domestique est mise enceinte par le mari, la femme frustrée y trouve opportunité, chacun s'accommode des non-dits. Cela finira mal. Forcément...



Mais entre-temps, il y aura eu l'amour qui sera passé pendant de courts moments. Celui de deux femmes qui se découvrent, se retrouvant soudain moins éloignées que leur condition sociale ne l'avait décidé. Celui d'une femme qui découvre un corps, son corps, longtemps ignoré, détesté, inusité mais désormais sublimé et utile. Celui d'un enfant, qui revient d'un coup à la vie, revigoré par le contact charnel d'une peau maternelle qu'il reconnaît instantanément. Celui du vieux couple de domestiques, fait de bienveillance et de simplicité, envers eux-mêmes, comme envers une famille qu'ils servent et protègent.



C'est beau, fluide, détaché... et tellement agréable à lire.



Une (très) légère déception avec la fin qui manque de force à mon goût.
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Rêves oubliés

L’année 1936 sonne le glas de la démocratie en Espagne, la rumeur de la guerre civile accompagnée de son cortège de violences et d’exactions conduit Ama et les siens à fuir précipitamment le Pays Basque pour gagner Hendaye.

Condamnée à l’exil, cette famille espagnole plutôt aisée doit réapprendre à vivre dans un pays étranger. Les gestes du quotidien sont embarrassés, ils découvrent le sentiment de dénuement, l’incertitude, la gravité, l’angoisse du lendemain et parfois la lassitude. L’exil est synonyme de douleur silencieuse, finies la douceur de vivre et l’insouciance.

Lestée du poids de l’espoir du retour et des souvenirs, cette famille est dotée malgré tout d’une conviction chevillée au corps qui les ressource : l’amour qui les unit…



Si Leonor de Recondo donne la parole à chacun des membres de cette famille, il y a cependant une voix qui couvre celle des autres, celle d’Ama la mère des trois garçons, épouse dévouée pour Aïta. C’est une voix nostalgique, élégiaque, sensuelle et intuitive que laisse résonner l’auteur tout au long de ce roman. C’est même une voix désarmante lorsque le récit s’efface au profit du journal intime de cette mère déracinée muette face à la douleur, et pour laquelle coucher ses craintes et ses émotions sur le papier est devenue une nécessité.

Avec parfois le sentiment de n’être rien, elle est pourtant au centre de ce monde qui vacille, elle est le reflet de la condition de ces gens en proie à la solitude de l’exilé, aux questionnements et doutes qui assaillent ceux qui se réfugient dans les voyages intérieurs, ou dans une vie d’attente.

Pas de doute, Leonor de Recondo maîtrise tous les ressorts de l’écriture féminine de manière à insuffler de la puissance aux émotions. Il y a dans ce récit quelque chose de lancinant, un sentiment de réalité lointaine, une infinie mélancolie qui conduit des gens jusque-là épargnés par les vicissitudes de la vie à une mise à nu de leur conscience.

En fouillant l’âme d’une femme qui a le sentiment d’avoir déserté son pays, l’auteur démontre une réelle capacité à capter cette littérature installée sur les failles du présent. Jolie découverte.

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Le Grand Feu

Venise, XVIIIe siècle. Ilaria, issue d’un milieu modeste, est confiée par sa mère à l’institution de la Piéta, qui prend en charge les filles abandonnées, en leur donnant une éducation musicale. Francesca, sa mère, rêve de l’entendre chanter, et sacrifie la possibilité de vivre avec sa fille, la connaître. Car les règles de la Piéta sont impitoyables : Ilaria ne pourra revenir dans sa famille qu’une fois par an, à la Noël. La tendresse de sa tante Bianca, qui vit à la Piéta ne pourra que partiellement pallier à l’absence de famille.



Mais Illaria, pour se réchauffer va faire l’expérience de trois grands feux. Celui de la musique tout d’abord : elle va devenir la violoniste fétiche d’Antonio Vivaldi, qui écrit et dirige la musique de la Piéta. L’amitié ensuite, celle de Prudenza, la fille d’une famille illustre, qui vient prendre des cours de musique, et qui permettra à Illaria de faire quelques escapades à l’extérieur de l’institution. Et enfin l’amour de Paolo, le frère de Prudenza.



Léonor de Récondo a choisi un décor somptueux pour son roman, auquel il est difficile de résister. Elle parle bien de la musique, qu’elle pratique elle-même en tant que professionnelle. Elle capte des instants, campe des personnages attachants et authentiques, saisis dans les petites choses de la vie quotidienne. Son écriture, assez économe, est plaisante, avec un rythme, une scansion. Tout cela fait de ce roman une lecture tout à fait recommandable, et j’avoue y avoir pris indéniablement un certain plaisir.



Néanmoins, j’ai trouvé tout cela un peu trop sage, trop lisse, ce qui pour un livre qui parle de passion est un peu paradoxal. Et l’histoire fourmille d’approximations, de choses peu vraisemblables. Il n’y a que peu de surprises dans le récit, assez attendu dans son déroulé. Le cadre du récit, la qualité de l’écriture, des beaux passages, descriptions ou évocations, font qu’on passe un moment agréable avec cette lecture, mais sans véritable révélation, surprise, ou émotion intense. Cela donne la sensation de se trouver en terrain connu, déjà exploré. C’est une Venise aux couleurs passées, où on devine des motifs familiers dans les tissus, des tableaux dont les figures noircies par le temps que l’on reconnaît de mémoire, plutôt qu’une explosion de couleurs, de sensations, d’émotion.

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Revenir à toi

Léonor de Recondo que je lis depuis plusieurs années nous propose dans ce nouvel opus un voyage intérieur que nous partageons avec Magdalena.

Dans le train qui l’emmène vers Bordeaux, elle se souvient de ce matin où son père lui a dit « Maman est partie se reposer », elle avait quatorze ans.

Peu à peu les souvenirs remontent, la voix de celle qui lui a tant manqué, le parfum de sa poudre lorsqu’elle se penchait sur l’enfant pour un baiser.

Les larmes affluent. Magdalena a cinq jours pour se rendre auprès de sa mère que l’on vient de retrouver dans une maison proche d’une écluse, avant les répétitions d’Antigone, son rôle de prédilection, qu’elle doit interpréter au festival d’Avignon.

Même si je reconnais à l’auteure une qualité d’écriture toujours aussi élégante, une description approfondie de la psychologie de ses personnages, je dois reconnaître que cette histoire m’a laissée indifférente.

Je n’ai pas réussi à m’attacher à Magdalena que j’ai trouvée froide, j’ai eu l’impression que toute émotion glissait sur elle sans l’atteindre.

De plus, la fin un peu trop abrupte m’a agacée.

Je ressors assez déçue de cette lecture tant mon attente était grande concernant un texte de Léonor de Recondo.

Je remercie NetGalley et les Editions Grasset.

#Reveniràtoi #NetGalleyFrance !

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K.626

Un tout petit livre pour une longue lettre...



C'est la lettre d'un amoureux transi à sa belle. Mais cette belle là n'est pas n'importe laquelle... Il s'agit de Constance, l'épouse de W.



Mozart est mort sans avoir achevé son requiem. Constance, accablée par les dettes, confie les partitions à Süßmayr afin qu'il termine l'œuvre du génie.





Aurait-il fallu s'en glorifier ? Ou tout simplement en être reconnaissant à la veuve ?

C'est dans cette lettre que Léonor de Récondo nous livre les émois du jeune musicien, avec sa plume habituelle de délicatesse pour nous décrire l'intime et la sensibilité.



J'ai lu cette lettre en écoutant le Requiem... C'était inévitable.

À travers ces pages écrites par l'amant de Constance, Mozart s'impose, s'immisce, éclaire et flamboie.

Constance, à travers le souvenir du jeune compositeur, se pare de mille beautés.

Süßmayr, lui, s'efface tout doucement, dans une partition merveilleuse...



Merci à Babelio et aux éditions Maison Malo Quirvane.
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Point Cardinal

Un grand merci d'abord à jujuramp qui m'a fait découvrir ce livre grâce à sa superbe critique...



C'est une histoire dans laquelle on s'engouffre tout de suite. A l'arrière de la voiture, on observe, osant à peine respirer, Mathilda qui redevient Laurent. On est là, tout proche, et cela va durer ainsi pendant tout le roman.

Dans un récit limpide et vrai, sans voyeurisme ou autre cliché éculé, Léonor de Récondo nous introduit dans la vie de Laurent, au plus près de chacun.



Laurent/Mathilda/Lauren. Peu à peu, l'éclosion a lieu. Celle retenue depuis si longtemps brise les carcans, fait voler en éclat sa carapace et sa famille par la même occasion. Car évidemment, c'est un choc. Pour qui cela ne le serait-il pas ? Mais pour Laurent, c'est une naissance. Enfin l'aveu, puis la transformation. Il est né femme dans un corps d'homme. Il est temps d'être honnête avec lui-même et avec les autres. Mais si pour Laurent cette mutation est une évidence, c'est un cataclysme pour ses proches. Une folie d'abord pour Solange, sa femme. Une honte impardonnable pour son fils Thomas. Un questionnement pour Claire, l'ado de treize ans. Un effarement pour ses collègues.



Progressivement, chacun fait son chemin, chacun s'adapte ou fuit. Les émotions sont réalistes, de l'incrédulité au soutien, du lieu commun le plus crétin à la compréhension la plus naturelle.

Les mots de Leonor de Récondo sont d'une telle justesse et d'une telle beauté qu'on entre totalement dans cette histoire où s'accomplit le dur combat d'être soi-même, envers et contre tous. Une histoire de corps et une histoire d'amour où d'un coup, les repères volent en éclats. Je n'ai pu qu'accompagner Laurent dans cette quête difficile d'identité. Touchant, bouleversant, à fleur de peau, il est tellement plein de cette femme qui est en lui ! Et en même temps, comment ne pas comprendre Solange, Thomas, Claire… Si nous étions à leur place, et malgré la plus grande tolérance qui soit, comment réagirions-nous face à ce mari ou ce père qui devient Lauren, affirmant son entrée dans la lumière, aux yeux de tous ?



Un roman d'une actualité cuisante qui interroge chacun sur le courage incroyable qu'il faut pour s'affirmer tel que l'on est vraiment et sur le fait d'accepter l'autre, dans sa complète et totale différence. Juste une grande histoire d'amour et l'histoire d'une vie, qui enfin, éclot.
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Point Cardinal

Encore un roman de Léonor de Recondo où je constate qu'elle s'est très bien documentée.

Le thème étant assez compliqué à vivre socialement, se sentir différent du sexe qu'on a et arriver à faire comprendre à ses proches ce que l'on ressent et ce qu'on voudrait devenir est plus qu'un combat: un véritable défi à relever.

L'écriture est toujours aussi délicate, les expressions, les ressentis toujours exprimés en finesse car on est souvent confronté aux chocs, au mur de l'incompréhension pour en finir à faire fuir les autres. D'ailleurs, la personne ne peut forcément aller jusqu'à l'opération ce qui est très frustrant.

Le transgenre reste un état tout à fait connu mais tellement mal perçu dans notre société hermétique et intolérante.

En tout cas, je dirais que Léonor de Recondo est tout à fait proche de la réalité dans son livre, ce qui par conséquent en fait un très bon roman à la lecture.
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Amours

Je crois que ce bouquin mérite amplement ce 5 étoiles que je lui mets. Un roman tout court, dont la lecture est rythmée par de courts chapitres... mais pas. Récondo réussi le pari, en quelques pages à installer une psychologie des personnages, à nous les rendre tous attachants, à planter le décor, l'époque et l'histoire. Je me suis prise d'affection pour tous les personnages, qui vivent tous, à leur façon, un amour. L'amour d'un homme qui ne sait pas aimer sa femme correctement. L'amour qui va au delà des conventions sociétales et brisent des interdits. L'amour instinctif d'une mère pour son fils. L'amour pour un icône religieux... et bien plus encore. Les pages défilent et l'écriture de Récondo nous enveloppe et nous bouleverse. Une lecture tendre, fragile, délicate, mais poignante et vibrante. J'ai adoré !
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Pietra viva

Léonor De Récondo choisit de "peindre" Michelangelo à travers un épisode douloureux, celui de la perte d'Andrea, jeune moine qui hante sa pensée et son coeur. Il part alors à Carrare pour choisir les marbres destinés à sculpter le futur tombeau du pape Jules II.C'est dans ces montagnes, que Michelangelo va se confronter à la carapace qu'il s'est construit. Sa rencontre avec Michele, petit garçon venant de perdre sa mère et en admiration devant lui , va être l'occasion de raviver des souvenirs enfouis et par là-même de fendre un peu cette carapace.

Ayant lu il y a peu de temps le ciel de la chapelle de sixtine de Léon Morell qui est pour moi un gros coup de coeur, je ne peux m'empêcher de faire une comparaison au détriment de ce livre. Toutefois, celui-ci reste un livre très agréable à lire bien que moins intense et moins riche.
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La grâce du cyprès blanc

«Après des mois de mer, l’Argo ravagé jeta l’ancre au large des terres de Thrace.»

Hérope, après avoir traversé tous les dangers de son long périple sur la nef Argo revient chez lui en Thrace. Il croit retrouver la paix et l’innocence de l’enfance dans la chaleur de son accueillante et robuste nourrice. 
«Il aspirait à se délasser enfin, à oublier les troubles, à s’enliser dans un quiétude au parfum d’insouciance.»


Au cours d’un repas organisé pour fêter son retour il croise le regard d’Aétris. Touché par la grâce de ce bel athlète il va découvrir et accueillir avec étonnement et bonheur son amitié comme il va s’éveiller et rencontrer l’amour d’Agriopé, lors d’une promenade en montagne avec Aétris.


"Un après-midi, alors qu’ils s’aventuraient sur un versant de la montagne qu’ils n’avaient pas encore exploré, ils furent surpris par des voix de femmes. Intrigués il s’approchèrent et découvrirent bientôt quatre jeunes filles qui discutaient près de l’entrée d’une grotte. 
(...) Elles étaient assises, serrées les unes contre les autres, à l’abri du soleil sur un petit triangle d’ombre qui se dessinait sur la roche sèche. Leurs regards étaient vifs et leurs sourires éclataient de joie. L’une d’entre elles éveilla immédiatement la curiosité d’Hérope.
"



Ce livre parvient à une heureuse fusion entre l’état de poésie et l’émotion musicale quand la voix d’Hérope accompagnée de sa lyre bouleverse les êtres et les arbres autour de lui tant il est relié au vivant.

Il y a dans ce récit digne des textes de la mythologie grecque une grande douceur, beaucoup de grâce et de beauté même si le vent des passions va souffler et venir bouleverser avec violence ce retour de Hérope pour le mener sur «le chemin de la solitude et de l’infini dénuement afin de se mêler intimement avec la nature.»

(...)
«Que me reste-t-il à faire dans ce monde, si ce n’est jouir de la beauté rayonnante et ne plus tenter de la capturer ?
Savourer la lumière et sa chaleur qui pénètre maintenant doucement ma peau. La laisser parcourir le sinueux chemin de mon coeur et ressentir aux creux de mes veines jaillir des particules de soleil. Se délecter du délice des heures et toujours porter le regard vainqueur d’Agriopé, accroché à mon sourire.»



Léonor de Récondo écrit comme si elle jouait de son violon, une grande souplesse, délicatesse et légèreté et en même temps force et passion

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Rêves oubliés

Aïta, son épouse Ama, leurs fils Otzan, Zantzu et Iduri, ainsi que les grands-parents et les oncles, ont fui Irún pour Hendaye pour échapper aux soldats franquistes. Quitter l’Espagne est douloureux, mais Aïta n’a qu’une obsession : « Être ensemble, c’est tout ce qui compte. » Pendant plusieurs années, la famille vit dans la maison de Mademoiselle Églantine, une femme généreuse qui leur a ouvert ses portes. Mais la menace de la Seconde Guerre mondiale gronde déjà et la famille préfère quitter Hendaye, s’éloigner un peu plus de l’Espagne et chercher la tranquillité au cœur des Landes. « En se frayant un chemin d’une allée à l’autre, il s’est demandé en quoi le sol sur lequel il marchait était si différent de celui qui était de l’autre côté de la Bidassoa. C’est le même peuple qui vit ici et là-bas, c’est la même langue, et pourtant sa vie, ses pensées, ses racines à lui sont dans le sol espagnol. » (p. 31)



Le récit de l’exil fait par le narrateur extérieur est associé au carnet que tient secrètement Ama. Cette sorte de journal de guerre n’est pas une introspection vaine. Ama écrit ses peines, ses peurs et ses haines. Mais elle ne cède pas au désespoir. En toutes choses, elle sait pouvoir compter sur l’amour de son époux, sur le lien extraordinaire qui les garde unis. Aïta est un homme de la terre, de celle qui fait pousser la vie et de celle que l’on pétrit pour en tirer des formes. « Aïta m’a dit que ce n’était pas un bol pour boire, mais un récipient à rêves, où ce ne sont pas les lèvres qui se posent, mais les yeux qui se perdent. » (p. 41) Comme les poteries inachevées de son mari, Ama fait de son carnet un récipient pour l’espoir. Et qu’importe si le bol se fend, l’espoir qui s’en échappe n’en est pas moins puissant.



De 1936 à 1949, le lecteur suit la famille d’Aïta au gré des arrestations, des retrouvailles et des cicatrices laissées par la guerre. Si l’espoir du retour en terre espagnole s’amenuise à chaque jour qui passe, Aïta et les siens se renforcent dans l’adversité, ils relèvent la tête et font face à l’avenir. « J’ai compris, j’accepte maintenant que nos jours soient incertains. J’accepte aussi ce qu’ils recèlent d’inavouable et d’effrayant. » (p. 165) Sans pathos, ni excès, le récit de cet exil familial est un hommage aux peuples déracinés, un chant digne au-delà des frontières.

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Le Grand Feu

1699, Venise. Lors d’un concert à la Pietà, institution musicale pour orphelines de la Sérénissime, Francesca Tagianotte, émue par la musique produite par ces jeunes filles cloîtrées, qui ne vivent que par et pour la musique, décide sur une impulsion que ce sera là le destin de son enfant à naître. Ilaria n’est pas une orpheline comme la plupart des autres pensionnaires de la Pièta, mais ce sera tout comme. Son sacerdoce sera l’apprentissage du violon, auprès d’Antonio Vivaldi, et toute sa passion et son énergie seront tournées vers cet instrument.



« Ilaria se prend à rêver que ces deux heures pourraient être sa vie tout entière. La musique et la famille. L’ardeur qu’elle met soudain à jouer du violon parcourt son corps, fourmille dans ses mains. Son esprit, tendu par l’écoute, va exploser.

La voix, le virginal, la beauté. Elle tressaille, cette partition inconnue la remplit. Elle va prendre feu. Son violon va brûler, les tentures, le palais, tout va brûler. Elle n’est plus qu’une flamme vive, elle avec le ruban, l’habit blanc, ses tresses, une couronne incandescente. »



Car, on le comprend avec ces lignes, Iliaria est une petite fille passionnée, dont les émotions et la passion ont besoin de trouver un exutoire, elle qui se sent abandonnée par ses parents - et pour cause -, et avec qui elle se sent comme une étrangère, le seul jour où elle peut rentrer chez elle, à Noël .

Jusqu’au jour où ce feu, qui menace de la consumer parfois, trouvera un autre objet… Le feu, par où tout commence et souvent, tout finit, emportera tout.



Léonor de Recondo nous convie ainsi à un voyage, en premier lieu dans la Venise de la fin du xviie siècle, mais surtout intérieur, dans la tête de personnages exaltés qui vivent leurs sentiments et leurs émotions avec leur intellect et n’en parlent que rarement : la mère d’Ilaria aimerait dire son amour à sa fille qui la fuit, Ilaria et Paolo, qui s’aiment, sont « persuadé[s] que parler de cet amour viendrait l’atténuer, que c’est dans le secret de cette intimité que vit leur lien, qu’il va croître, sans aucun doute, croître encore ».



C’est dans ces entraves que les personnages vivent paradoxalement leur liberté. Pourtant, j’ai cru pendant une grande partie de ma lecture que celle-ci mettait au contraire en scène un certain emprisonnement des esprits : Ilaria vit dans l’institution de la Pietà, d’où elle ne peut sortir comme elle le souhaite et n’étudie que la musique, Prudenza, son amie, vit a moitié dans ces murs, à moitié dans celle de sa famille patricienne d’où elle ne pourra sortir que par le mariage, nouvelle prison dont on ne s’échappe que grâce au veuvage…

Mais c’est en fait un roman qui parle de liberté, celle qui s’obtient par la sortie de son corps, pour laisser son âme prendre son envol, dans la musique, dans l’amour. Et dans ces conditions, qu’importent les murs physiques ?



Un très beau roman, d’une facture un poil classique, mais servi par une langue riche et magnifique. Léonor de Recondo sait retranscrire et magnifier les émotions, les pensées de ses personnages, et m’a transportée pendant ma lecture hors du temps, dans cette Venise mythique.



Il m’a rappelé le roman « Stabat Mater », de Tiziano Scarpa, qui porte lui aussi sur la Pietà et l’influence d’Antonio Vivaldi.
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La Leçon de ténèbres

Enfermée seule une nuit entière dans un musée, quelle chance…je dois bien l'avouer j'aimerai assez !



Après avoir lu tout d’abord « Le parfum des fleurs la nuit « de Leila Slimani, « La leçon de ténèbres » de Léonor de Récondo est le second livre que je lis dans la collection « La nuit au musée ».



Pour celui-ci, la romancière est restée enfermée la nuit entière dans le Muséo del Greco à Tolède, musée qu'elle avait déjà visité quinze ans plus tôt avec ses parents. Son souhait : y rencontrer Doménikos Theotokopoulos dit El Gréco, peintre de la couleur et fondateur de l’école Espagnole au XVIème siècle.



Quatre siècles les sépare, peu importe ! Léonor n’en a que faire, elle compte bien passer une nuit d’amour avec celui qui l’a tant subjuguée avec sa peinture il y a quinze ans et dont elle est tombée amoureuse.



Enfermée dans l’obscurité et la chaleur, observée par les vigiles sous l’œil des caméras, la voici déambulant au grès de ses envies dans les couloirs, les jardins, la chapelle du musée.

Viendra-t-il ? Pa si sûr.



Alors qu’il tarde à apparaitre, Léonor de Recondo décide de l’appeler à travers la musique car dans ce musée, elle y est venue accompagnée de son violon. En plus d’être écrivaine, elle est aussi violoniste. Sa leçon de ténèbres musicale arrivera-t-elle à le séduire au point de traverser quatre siècles pour vivre ce rendez-vous d’amour si mystérieux ?



L’autrice alterne, dans ce petit livre de seulement 150 pages, la biographie de la vie d’El Gréco avec un récit profondément intimiste et émouvant dans lequel ses propres fantômes s’invitent et s’interposent dans ce rendez-vous amoureux. Ce récit empreint d’une extrême sensibilité m’a profondément touchée. Durant toute ma lecture, je me suis sentie comme suspendue à l’attente de cette rencontre.



J’aime énormément l’écriture de cette romancière et j’ai toujours ressenti beaucoup d’émotion à la lecture des romans que j’ai lus d’elle. Celui-ci ne déroge pas à la règle même s’il est totalement différent des autres. Je dois dire que le dernier chapitre de celui-ci est pour moi une merveille de sensualité.



Après cette lecture, je vais donc poursuivre ma découverte de cette collection en lisant prochainement celui de Lola Lafon, « Quand tu écouteras cette chanson »…



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Point Cardinal

Voici un roman qui sort des sentiers battus, croyez moi. Rares sont les livres qui m'ont ébloui à ce " Point Cardinal". Et pour cause. L'auteur nous trace avec une extrème habilité le portrait d'un homme mal dans sa peau, mal dans sa vie de mensonges envers lui-même, envers sa femme et ses enfants. Qui est-il vraiment d'ailleurs ? Laurent ou Mathilda. Mathilda la nuit lorsqu'il se travestit en femme au ZenziBar ou Laurent le jour lorsqu'il ôte son maquillage, retire sa robe, sa perruque et ses hauts talons pour revêtir son costume d'homme d'affaires. Jouer cette comédie lui convient jusqu'à ce que sa femme, prise d'un doute le suit et l'attend dans sa voiture, découvrant médusée, la transformation qui se joue sous ses yeux.

Comment Laurent peut-il lui faire comprendre qu'il se sent femme dans le corps d'un homme et que cette femme qu'il souhaiterait être à part entière le rend vulnérable et le mine chaque jour. Persuadée qu'il s'agit d'une fantaisie passagère, sur le conseil de sa femme, Laurent accepte de rencontrer un psy espérant l'aider à redevenir l'homme qu'elle a épousé, le mari qui partage sa vie et son lit depuis tant d'années. Hélas, si le couple a cru se retrouver quelque temps, Laurent se sent à nouveau mal, de plus en plus mal. La vérité lui saute aux yeux comme une évidence. Mathilda vit intensément en lui, Il doit supprimer Laurent.

Dans ce récit, Léonor de Recondo aborde un sujet sensible avec beaucoup d'honnêteté et une grande maitrise en nous livrant un message poignant sur le parcours de Laurent, de ses aspirations, de son mal-être et de son choix définitif pour vivre en harmonie avec lui-même et ses proches. Un témoignage édifiant, intimiste et terriblement bouleversant sur un sujet délicat concernant les personnes transgenres. En un mot : Magistral !

Un grand merci à marina pour son excellente critique qui m'a donné envie de me plonger dans ce récit des plus humains, de ceux qui vous marque....
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Amours

Anselme et Victoire sont mariés. Lui, notaire de métier, connaît là son deuxième mariage. Elle, jeune femme innocente, ne sait rien de la vie de couple. Tous deux se rejoignent sur un point : ils attendent impatiemment qu'un enfant naisse de leur union. Mais, même si ce désir sera finalement assouvi, ça sera au prix de terribles blessures et secrets...

Leonor De Recondo nous offre à nouveau un roman d'une rare finesse. Avec une écriture toute en douceur, elle arrive à nous faire partager les douleurs mais aussi le véritable amour que partage les personnages. Sans vouloir trop en dévoiler, ce roman est celui de passions, coupables ou éternelles... Une histoire forte et touchante...
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Amours

D'une plume aérienne, comme le serait l'archet sur la corde d'un violon, avec la foi d'une lumière intense, l'autrice fait tomber les barrières qui séparent deux mondes que tout oppose.



C'est d'un corps à corps, pur, charnel, sensuel, d'une beauté surnaturelle, que jaillit soudain, autour de l'enfant nouveau-né, l'explosion et la découverte de deux corps jusque là ignorés.



Superbe ode à l'amour entre deux femmes, qui n'ont connu que la violence des assauts brusques d'Anselme, pour l'une son mari, pour l'autre son maître.



" Victoire, ton visage est tout près du mien, je sens ton souffle. Il est frais, presque froid. Je ne comprends pas tes mots, mais ils sont doux, tellement .

Je plonge dans tes yeux et me noie dans ton regard. Tu m'accueilles et, par ta grâce, le ciel s'ouvre pour nous seules, et nous dansons, dansons, si étroitement enlacées que nos corps ne font qu'un.

Notre peau dans le ciel si clair,

Nos yeux. Je les ferme.

Je suis le ciel.

Je suis toi. "



Superbe !
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Le Grand Feu

Une partition jouée sans la virtuosité promise par l’éditeur. Venise, Vivaldi, Violon, les 3 V de la Victoire d’une littérature sage et calibrée pour les cartes postales historiques. Il y a peu d’aspérités dans ce roman. Tout est lisse et prévisible, surtout chez l’héroïne, Ilaria, de sa formation musicale à ses premiers émois, énième version d’un amour juvénile fantasmé.

Imaginons qu’Ilaria s’appelle Kenza, qu’elle apprenne le piano à Sarcelles en 2023 et qu’elle s’entiche de Kevin, serait-ce le même roman ? Cette bagatelle étant insipide, la sérénissime est donc censée lui donner sa saveur.

Mais Venise et le XVIIème siècle ont été surexploités, comme une vieille mine d’argent. Rien de neuf sur la lagune, il y a toujours autant de paquebots et de gros sabots pour la piétiner. Une spécialité des écrivains français qui s’encanaillent souvent de l’Italie au risque d’en maltraiter l’authenticité, et la langue (« coupe la nuit » s’écrit Taglianotte et non Tagianotte) !

Léonor de Récondo nous inflige une récitation monocorde et monacale éclairée, à de rares instants, par de beaux passages (ex : pages 24, 88), initiés par ce qu’elle connaît le mieux, la musique. Quand le récit s’embrase enfin… on frise le ridicule (épilogue improbable qui conviendrait davantage à Kenza).

Ce livre d’un romantisme suranné comblera bon nombre de lectrices. Pas moi.

Pour m’émoustiller avec des histoires de bonnes sœurs, je retournerai voir le « Benedetta » de Paul Verhoeven et pour savourer les quatre saisons, je me contenterai de la pizza.

Bilan : 🔪

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Point Cardinal

Je ne sais pas encore vraiment comment je vais rédiger cette critique. Mais je vais essayer de faire du mieux que je peux, en essayant de ne pas être trop maladroite dans les mots que je vais exprimer.



Ce livre faisait parti des « lectures cursives » proposée par ma prof de français. J’étais extrêmement impatiente de le découvrir, sincèrement. J’étais agréablement surprise et ravie qu’un roman traitant de transidentité soit dans sa liste. J’ai beau être une adolescente cisgenre, le fait que les représentations d’identités de genre soient de moins en moins tabou est quelque chose que je souhaite profondément. Encore plus depuis que j’ai des ami.e.s non-cisgenres et que je suis sur les réseaux sociaux, lisant ainsi pas mal de témoignages et ayant appris beaucoup sur la communauté LGBTQ+ (dont je fais moi-même partie). Je sais, j’ai seulement seize ans, et je parais probablement très naïve et manquant de maturité dans ma façon de m’exprimer ici, mais qu’importe. Je déteste cette société, notre société. Cette société qui condamne encore la différence et qui voit les personnes non-hétérosexuelles et/ou non-cisgenres comme anormales. Comme si c’était… une tare ?



Le fait est que ce ne sont pas les personnes transgenres le problème. C’est cette société.



J’avais pris beaucoup de notes durant ma lecture. Je ne vais probablement pas tout retranscrire dans cette critique (update : en fait si xD), mais je tenais en premier lieu à exprimer à quel point j’ai aimé ce roman, et à quel point il m’a fait ressentir des émotions.



J’ai commencé cette lecture en aimant dès les premières pages. Sans que presque rien ne se soit passé, je me suis attachée automatiquement au protagoniste. Oui, ce personnage m’a touchée dès les premiers instants.

Je ne saurais pas l’expliquer, mais j’ai ressenti une tumulte d’émotions dès les premiers chapitres. Un attachement profond pour Laurent. Et même si je me sens parfaitement illégitime de dire que je l’ai compris à 100%, j’ai néanmoins ressenti une quantité inqualifiable d’empathie.

La première réaction de sa femme m’a d’ailleurs fait énormément de mal. Ça m’a blessée, comme si c’était moi qui venais de recevoir cette phrase de plein fouet.



Comment des personnes peuvent-elles penser que c’est une maladie à soigner ?…



Je sais ce que vous allez me dire. Que je suis née pendant les années 2000, que je ne peux pas comprendre ce que cela fait d’être née dans une ancienne génération où personne ne parlait de transidentité, où c’était seulement vu comme quelque chose de complètement anormal. Je sais, j’en suis consciente. Cependant, le problème est que cette vision d’une identité de genre autre qu’être cisgenre est toujours présente aujourd’hui, et que parfois j’ai l’impression que ça n’évoluera jamais.



Le message que Laurent envoie à Cynthia vers la pages 96 m’a énormément émue, j’en aurais presque eu les larmes aux yeux. Ça paraît absurde peut-être, mais ses mots… sa manière de s’exprimer, de décrire cette douleur que je ne connaîtrai jamais en tant que personne cis… je ressentais cette souffrance, ce mal-être d’être né.e dans un corps qui n’est pas le sien. Je ne sais pas comment l’autrice a fait pour que je ressente tant d’émotion, mais en tout cas c’est réussi. Pour moi, du moins.



Les pensées de Thomas aussi me firent du mal. Lire son point de vue, en fait. C’était douloureux. J’avais l’impression de me prendre chaque mot dans la figure et j’ai mesuré à quel point mon attachement envers Laurent était grand. Ça m’a tellement attristée et rendue en colère qu’il trouve son père égoïste. « Tu te rends pas compte de tout le mal que tu nous faits. », a t-il dit. Mon dieu, cette phrase… On me l’a déjà dite pour des raisons parfaitement différentes, mais pourtant ça se rejoint. On nous traite d’égoïste, on nous dit qu’on fait souffrir les autres, alors qu’au fond, je ne souhaite pas invalider les sentiments des autres mais… c’est nous qui souffrons en premier. « Laurent n’est pas égoïste, Thomas, avais-je envie de lui dire. Elle a juste assez de courage pour oser vouloir être elle-même et assumer la personne qu’elle est au-delà des regards. »

Oh et tant que j’y suis : j’ai eu une de ces haines monumentales envers ce psy, mon dieu T-T



Bref… au fil du livre, j’ai été heureuse pour Laurent. Juste le fait de voir son évolution, en fait. Fière de ce personnage. Ça m’a fait sourire à de nombreuses reprises de voir notre protagoniste s’assumer peu à peu.

J’ai beaucoup aimé ce livre et je suis vraiment heureuse d’en avoir fait la découverte ! ♥



Le seul petit reproche que je pourrais éventuellement faire (mais je ne sais pas si cela se vaut réellement ^^’), c’est qu’à part son fils, j’ai trouvé que les réactions négatives se sont apaisées très vite et que tous sont très rapidement devenus tolérants vis-à-vis de Laurent. Ce que j’ai trouvé un peu trop beau, honnêtement… Après c’est une très bonne chose qu’ils finissent par l’accepter, mais à mon avis dans la réalité cela est bien plus compliqué que ça. Enfin bon, ça dépend de chaque personne, bien entendu ! Honnêtement ce n'est qu’un détail, parce que j’ai adoré cette lecture !
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La Leçon de ténèbres

Rendez-vous amoureux avec Le Greco



Léonor de Récondo a passé une nuit dans la maison-musée du Greco à Tolède en espérant pouvoir déclarer son amour au peintre. Avec une arme secrète, son violon, elle va lui offrir la plus belle des Leçon de ténèbres.



Enfermer des écrivains une nuit dans un musée. L’idée émane d’Alina Gurdiel qui en a eu l’idée après un séjour sur l’île japonaise de Naoshima. Elle séjournait dans un hôtel contigu au musée et, n’arrivant pas à dormir, s’est retrouvée seule au milieu des œuvres d’art. «Petit à petit m’est venue l’idée, et l’envie surtout, d’enfermer des écrivains dans un musée et qu’ils vivent cette expérience pour la raconter. Quel rapport avons-nous exactement à l’art? Et aux musées? Chaque écrivain va raconter ce moment étrange, de solitude dans un endroit où d’habitude on ne peut ni dormir ni être seul. Chaque texte sera différent, inédit, forcement étonnant, personnel, amusant…»

Kamel Daoud a inauguré la collection «Ma nuit au musée» avec Le peintre dévorant la femme. Comme pour les deux titres qui ont suivi, Marcher jusqu'au soir de Lydie Salvayre et Nuit espagnole d’Adel Abdessemed, il a passé la nuit au musée Picasso. Trois variations autour d’un même artiste que Léonor de Récondo aurait sans doute pu poursuivre, mais elle a préféré retrouver un musée qu’elle a découvert dans sa jeunesse avec ses parents, celui dédié au Greco à Tolède.

Le rendez-vous est fixé un soir de juin caniculaire. Venant de Madrid où elle a pu retrouver ses habitudes d’«Espagnole», elle doit à un contrôleur de train compréhensif le fait d’avoir pu rejoindre Tolède à l’heure prévue, car le TGV qui reliait la capitale du pays à de la région Castille-La Manche était complet.

Quelquefois, il faut un peu provoquer la chance… surtout quand on veut retrouver un peintre soi-disant mort il y a plusieurs siècles.

En pénétrant dans le musée construit au début du siècle et censé reconstituer la maison du peintre, il n’est toutefois pas là pour l’accueillir. Seuls les gardes face à leur système de vidéosurveillance s’amusent de cette curieuse initiative et ne tardent pas à laisser la visiteuse déambuler à son gré dans le patio, le jardin, la chapelle et les pièces d’exposition plongées dans l'obscurité.

Une ambiance propice à un rendez-vous amoureux, mais pas vraiment à l’analyse des œuvres d’art, éclairées à la lumière d’un smartphone.

Reste à apprivoiser Doménikos Theotokópoulos, le «Grec de Tolède» qu’on finira par appeler Le Greco. Pour la réussite de cette entreprise Léonor a pris soin de se rendre d’abord à la cathédrale où la coutume veut que l’on caresse une pierre protectrice si l’on veut que ses projets se concrétisent. Léonor imagine que Doménikos a fait ce geste un siècle avant elle, avant de réaliser sa première commande justement destinée à orner l’édifice religieux. S’il veut vivre de son art, il doit réussir après avoir quitté sa Crête natale pour Venise, puis Rome, puis Madrid où il n’a pas pu s’imposer.

Délaissant la biographie classique, la romancière choisit de nous livrer les éléments marquants de la vie de son amoureux, l’enfant qui trouve une vipère sur son chemin et court chercher refuge dans l'église u encore, quelques années plus tard, son choix de quitter la Crête et de s’installer à Venise, de laisser derrière lui la belle Ariana qui mourra peu après ou encore les tentatives de travailler à Rome puis à Madrid.

Enfin l’arrivée en 1577 à Tolède, considérée alors comme «la capitale spirituelle de l'Espagne».

C’est là, à quelques mètres du musée, qu’il finira par poser ses bagages et qu’il réalisera ses œuvres incomparables aux couleurs brillantes et aux ombres douces qui fascinent Léonor:

« Étirements de bleu

éclairs de blanc,

percées de vert,

étincelles de rouge,

chevauchées de brun,

dentelles de gris. »

C’est là aussi qu’il rencontrera Jerónima et qu’elle mettra au monde leur fils Jorge Manuel auquel il essaiera de transmettre son art. Un fils que l’on retrouve sur l’une de ses toiles les plus emblématiques, la Vue et plan de Tolède.

Mais alors que la nuit s’avance, Le Greco ne semble pas devoir réagir à la sensible déclaration d’amour qui lui est faite, contrairement au garde de nuit qui entend jouer de la sensualité de ce moment.

Il reste toutefois un atout majeur dans le jeu de la visiteuse, son violon. Les notes envoûtantes parviendront-elles à convaincre Doménikos?

Pourra-t-il résister à La leçon de Ténèbres? (Le titre du livre fait en effet référence à un genre musical créé en France au XVIIe siècle et destiné au premier des trois nocturnes qui accompagnent chaque office des Ténèbres, c’est-à-dire les matines et les laudes). Vous le découvrirez en même temps que la belle invitation à (re)découvrir une œuvre et/ou à filer toutes affaires cessantes à Tolède.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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