Citations de Liviu Rebreanu (82)
L’égoïsme humain ne s’étale plus impudemment nulle part que devant la justice.
Se presser, là est le danger. On ne parvient jamais à ses fins sans intelligence et habileté.
La vraie passion fait bon ménage avec la discrétion.
Les enfants sont comme ça en grandissant et en s’éloignant de la famille. N’avait- t - il pas fait de même ? Il était allé à l’enterrement de son père mais ne s’était jamais déplacé pour le voir tant qu’il était alité, pendant sept semaines. Et il habitait pourtant juste à côté dans un village très proche. Quant à sa mère, chaque fois qu’elle vient les voir, il lui sert un verre d’eau-de - vie sucrée. Et c’est tout, c’est comme si elle n’existait pas. Il garde ses soucis et son amour pour son seul foyer. Pourquoi s’étonner alors que Laura n’éprouve plus ses souffrances ? C’est la vie.
Les hommes vivent pour mourir. Et ils meurent comme ils ont vécu. S’ils ont mené une vie de malheurs, la mort leur est douce comme un baiser de jeune fille vierge. S’ils ont trop bien vécu, alors la mort est dure…
Que ce serait bien si la vie s’accordait avec les rêves, si l’on pouvait vivre de rêves !
La nuit était noire et maussade, une nuit d’automne, triste et étouffante. De gros nuages couleur de plomb balayaient les crêtes des collines entourant Pripas, en grosses masses dans le ciel, s’assombrissant puis s’éclairant comme des dragons d’épouvante s’apprêtant à engloutir d’une seule bouchée le village endormi dans un profond silence. Les arbres, dans les jardins, tremblait de froid, avec des voix pleurnichantes et fatiguées.
Dis- nous, Ion, c’est vrai que tu aimes bien Ana ?
Ion hésita, sourit, gêné :
Ben, oui mademoiselle…bien sûr. Pourquoi pas ?
Laura faillit lui dire qu’Ana était plus laide que Florica mais elle se ravisa à temps et ne dit mot.
Dommage qu’elle soit la fille d’un méchant homme, fit remarquer la femme de l’instituteur.
C’est vrai, madame, marmonna le garçon. Mais moi son père ne m’intéresse pas…Ce n’est pas avec lui que je vais me marier, non ?
S’il n’y avait pas d’inconnu dans ce monde, la vie humaine n’aurait aucun charme !
Les nuages s'enfuient, déchirés de rayons,
Leurs vieux toits, sous la lune, vont dressant les maisons,
Dans le vent grince aussi le balancier du puits,
Fumée dans la vallée, pipeaux aux bergeries.
Faux sur l'épaule, las, les gens rentrent des champs;
Le tocsin sonne fort, les cloches en battant,
Peuplent soudain le soir de sons graves et sourds
Mon âme, comme une torche, est enflammée d'amour.
Aucun malheur n'est capable d'extirper l'optimisme de l'âme humaine.
-C'est vous qui vous occupez du ménage, madame, n'est-ce pas?, dit l'inspecteur à l'adresse de madame Herdéléa, avec la plus distinguée des galanteries. Très bien, très bien ! Le ménage est le plus bel ornement de la femme !
- Moi je ne parle pas hongrois, dit madame Herdéléa sans même relever les yeux de son travail et avec un calme qui terrifia son mari.
- Comment, comment? Je ne comprends pas, dit l'inspecteur, très étonné.
- Je comprends ce que vous dites mais je n'ai pas envie de parler hongrois ! A quoi bon me déformer la bouche pour baragouiner dans une langue étrangère, si je n'ai pas besoin, conclut madame Hédérléa d'un ton de supériorité magistrale en pinçant les lèvres comme si l'idée de parler hongrois lui agaçait les dents.
C'est à croire que les petites choses sans importance provoquent les grands bouleversements comme si l'homme , fier et confiant en son pouvoir, n'était qu'un jouet ou peut- être moins encore entre les mains d'un être terrible et mystérieux...
La vie est une machine à détruire les illusions. Seul celui qui peut sauvegarder ses rêves en dépit de ses cruautés ne perdra jamais confiance.
Le paradis des uns risque bien d'être l'enfer des autres. Le bonheur se trouve sur l'imagination de chacun et chacun s'en fait un vêtement à sa mesure.
La vie est la même partout, on y est en butte aux mêmes déceptions, aux mêmes attentes,...
Ce roman est celui des humbles innombrables
- La loi triomphe de la révolution. Seules les iniquités la provoquent et la propagent!
Les masses ne peuvent vivre sans chefs, ou alors elles en viennent à végéter dans une vie animale. Le berger qui abandonne son troupeau est pire que celui qui le dirige de travers, car le troupeau abandonné à lui-même se disperse, tandis que, avec des bergers, bon ou mauvais, il ne s'égare tout de même pas...
- Et tu n'as pas peur du châtiment de Dieu? dit Duhem en se signant.
- Comment quelqu'un qui n'existe pas pourrait-il me punir? lui répliqua Gaston avec un calme glacial.