AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Louis-Ferdinand Céline (2891)


Presque tous les désirs du pauvre sont punis de prison.
Commenter  J’apprécie          110
[...] ...

Il a eu tous les noms sauf un : Le Coster ... Il l'a rappelé deux, trois fois ... Personne répondait ...

- "Où qu'il est votre homme Meheu ? ... Ca va bien ! Ca continue ! ..."

Silence. Il était pas là.

- "Planton à la poudrière ..." qu'a marmonné quelqu'un dans le rang.

- "A la poudrière ? ... Planton ?" Ah ! il étouffe le Rancotte ! suffocation ! "la pou ... pou ? ... que vous dites ? ... Personne l'a relevé ? Mais nom de Dieu de juterie de foutre ! Mais Brigadier, mais j'entends dingue ! Pas relevé la poudrière ? Ah ! alors ça pardon Meheu ! Que je vous retrouve noir, mûr, écoeurant ! Brigadier ! Ca va pas mieux ! Mais alors pardon mille excuses ! Coster aux poudres depuis hier soir ! ..."

Il en restait exorbité de ce trafalgar fantastique !

Il agrippait, reposait le falot. Il se bourrait, il se pinçait les cuisses ...

- "Je rêve ! Je rêve ! C'est fantastique ! Alors votre individu il est là-bas depuis 10 heures ... Mais vous êtes un monstre Le Meheu ! Que je vous regarde ! Venez ici ! Arrivez là !"

Il l'a fait se rapprocher tout près, encore plus près ! contre sa lanterne, pour mieux lui regarder la figure.

- "Depuis hier au soir qu'il attend ? Ah ! Mais ... Mais dites donc ! De ... Depuis hier soir !"

Il en bégayait de stupeur ... C'était pas imaginable ...

- "Dites donc alors Le Meheu, où que vous étiez ? Vous avez relevé personne ?"

Il le questionnait à voix basse. Ca devenait vraiment tragique.

- "C'est le mot ... Maréchaogi ...

- Le mot ! Le mot quoi ?

- Le mot qu'on n'était pas d'accord ...

- Vous l'avez perdu. Jean-Foutre ! Ca y est ! J'y suis ! ... Vous l'a ... vez ... per ... du ? Voilà comment ça finit le vice ! Vous avez quoi dans la tête ? Hein bourrique ? Hein maladie ? ... " ... [...]
Commenter  J’apprécie          110
La Musique, la Beauté sont en nous et nulle part ailleurs dans le monde insensible qui nous entoure. Les grandes oeuvres sont celles qui réveillent notre génie, les grands hommes sont ceux qui lui donnent une forme.
Commenter  J’apprécie          110
La durée et la douleur des hommes comptent peu à côté des passions, des frénésies absurdes qui font danser l'Histoire sur les portées du Temps.
Commenter  J’apprécie          110
Tous les connards, les pilons, tous les curieux, toute la frimande qui déambule sous les arcades, avec leurs lorgnons, leurs riflards et les petits clebs à la corde...Tout ça, on les reverra plus...Ils passent déjà...Ils sont en rêve avec des autres...ils sont en cheville...ils vont finir...c'est triste vraiment...c'est infâme !... les innocents qui défilent le long des vitrines... Il me montait une envie farouche... j'en tremblais moi de panique d'aller sauter dessus finalement... de me mettre là devant... qu'ils restent pile... Que je les accroche au costard... une idée de con... qu'ils s'arrêtent... qu'ils bougent plus du tout !... Là, qu'ils se fixent!... une bonne foi pour toutes !... Qu'on les voye plus s'en aller.
Commenter  J’apprécie          110
[...] ... - "Par ici, Docteur ! Par ici !" qu'elle me héla.

Je demandai moi aussitôt : "C'est votre mari qui s'est blessé ?

- Entrez donc !" fit-elle assez brusquement, sans me laisser même le temps de réfléchir. Et je tombai en plein sur la vieille qui dès le couloir se mit à glapir et à m'assaillir. Une bordée.

- "Ah ! les saligauds ! Ah ! les bandits ! Docteur ! Ils ont voulu me tuer !"

C'est donc que c'était raté.

- "Tuer ?" fis-je, comme tout surpris. "Et pourquoi donc ?

- Parce que je voulais point crever assez vite, dame ! Tout simplement ! Et nom de Dieu ! Bien sûr que non que je veux point mourir !

- Maman ! maman !" l'interrompait la belle-fille. "Vous n'avez plus votre bon sens ! Vous racontez au Docteur des horreurs voyons maman ! ...

- Des horreurs que je dis moi ? Eh bien, ma salope, vous en avez un sacré culot ! Plus mon bon sens moi ? J'en ai encore assez du bon sens pour vous faire pendre tous, moi ! Et que je vous le dis encore !

- Mais qui est blessé ? Où est-il ?

- Vous allez le voir !" que me coupa la vieille. "Il est là-haut, il est sur son lit, l'assassin ! Il l'a même bien sali son lit, hein garce ? Bien sali ton sale matelas et avec son sang de cochon ! Et pas avec le mien ! Du sang que ça doit être comme de l'ordure ! T'en as pas fini de le laver ! Il empuantera encore pour des temps et des temps le sang d'assassin, que je te dis ! Ah il y en a qui vont au Théâtre pour se faire des émotions ! Mais je vous le dis : il est ici le Théâtre ! Il est ici, Docteur ! Il est là-haut ! Et un Théâtre pour de vrai ! Pas un semblant seulement ! Faut pas perdre sa place ! Montez-y vite ! Il sera peut-être mort lui aussi le sale coquin quand vous arriverez ! Alors vous verrez plus rien !" ... [...]
Commenter  J’apprécie          110
Tandis que le cinéma, ce nouveau petit salarié de nos rêves, on peut l'acheter lui, se le procurer pour une heure ou deux, comme une prostitué.
Commenter  J’apprécie          110
Le fond d’un homme est immuable. L’âme n’apprend rien, n’oublie rien. Elle n’est pas venue sur la terre pour se faire emmerder. L’âme n’est chaude que de son mystère.
Commenter  J’apprécie          110
Si demain, par supposition, les Fritz étaient rois... Si Hitler me faisait des approches avec ses petites moustaches, je râlerais tout comme aujourd'hui sous les Juifs... Exactement. Mais si Hitler me disait : "Ferdinand ! C'est le grand partage ! On partage tout !" Il serait mon pote ! Les Juifs ont promis de partager, ils ont menti comme toujours... Hitler il me ment pas comme les Juifs, il me dit pas je suis ton frère, il me dit "le droit c'est la force" : Voilà qui est net, je sais où je vais mettre les pieds, je me fais miser, ou je me tire... Avec les Juifs c'est tout sirop... tout manigances... insinuances... gonzesseries... cancans, frotti-frotta... boomerang, harach-loucoums... On sait plus ce qu'on prend dans la bouche, si c'est une bite ou une chandelle... C'est une franc-maçonnerie dans l'autre... La Révolution ?... mais je veux bien ! Pas plus égalitaire que moi !... Je suis un enfant de Robespierre pour la question d'être suspicieux... Alors les privilèges ?... Mais j'en ai aucun ! Je m'en fous... Celui qui n'a pas tout donné il a rien donné du tout... C'est ma devise absolue. "Débrouillard" est mort comme "Crédit !" Qui veut essayer ? Le bain alors !... Et tous ensemble ! Les hautes fonctions dans la même flotte ! La même carte au boulanger ! Gi ! Pas un pied, l'autre en vélo. Pas un à dix sous, l'autre à mille...
Commenter  J’apprécie          111
Nous vivions un grand roman de geste, dans la peau de personnages fantastiques, au fond desquels, dérisoires, nous tremblions de tout le contenu de nos viandes et de nos âmes. On en aurait bavé si on nous avait surpris au vrai. La guerre était mûre.
Commenter  J’apprécie          110
Si les gens sont si méchants, c’est peut-être seulement parce qu’ils souffrent.
Commenter  J’apprécie          110
Je veux plus changer. J'aurais bien des choses à me plaindre mais je suis marié avec elles, je suis navrant et je m'adore autant que la Seine est pourrie. Celui qui changera le réverbère crochu au coin du numéro 12 il me fera bien du chagrin. On est temporaire, c'est un fait, mais on a déjà temporé assez pour son grade.
Commenter  J’apprécie          110
Elle n'en ratait jamais une ma mère pour essayer de me faire croire que le monde était bénin et qu'elle avait bien fait de me concevoir. C'est le grand subterfuge de l'incurie maternelle, cette Providence supposée.
Commenter  J’apprécie          110
Le même mystère avec Bessy, ma chienne, plus tard, dans les bois au Danemark… elle foutait le camp… je l’appelais… vas-y !… elle entendait pas !… elle était en fugue… et c’est tout !… elle passait nous frôlait tout contre… dix fois !… vingt fois !… une flèche !… et à la charge autour des arbres !… si vite que vous lui voyiez plus les pattes ! bolide ! ce qu’elle pouvait de vitesse !… je pouvais l’appeler ! j’existais plus !… pourtant une chienne que j’adorais… et elle aussi… je crois qu’elle m’aimait… mais sa vie animale d’abord ! pendant deux… trois heures… je comptais plus… elle était en fugue, en furie dans le monde animal, à travers futaies, prairies, lapins, biches, canards… elle me revenait les pattes en sang, affectueuse… elle est morte ici à Meudon, Bessy, elle est enterrée là, tout contre, dans le jardin. je vois le tertre… elle a bien souffert pour mourir… je crois, d’un cancer… elle a voulu mourir que là, dehors… je lui tenais la tête… je l’ai embrassée jusqu’au bout… c’était vraiment la bête splendide… une joie de la regarder… une joie à vibrer… comme elle était belle !… pas un défaut… pelage, carrure, aplomb… oh, rien n’approche dans les Concours !…

C’est un fait, je pense toujours à elle, même là dans la fièvre… d’abord je peux me détacher de rien, ni d’un souvenir, ni d’une personne, à plus forte raison d’une chienne… je suis doué fidèle… fidèle, responsable… responsable de tout !… une vraie maladie… anti-jeanfoutre… le monde vous régale !… les animaux sont innocents, même les fugueurs comme Bessy… on les abats dans les meutes…

Je peux dire que je l’ai bien aimée, avec ses folles escapades, je l’aurais pas donnée pour tout l’or du monde… pas plus que Bébert, pourtant le pire hargneux greffe déchireur, un tigre!… mais bien affectueux, ses moments… et terriblement attaché! j’ai vu à travers l’Allemagne… fidélité de fauve…

A Meudon, Bessy, je le voyais, regrettait le Danemark… rien à fuguer à Meudon!… pas une biche!… peut-être un lapin?… peut-être!… je l’ai emmenée dans le bois de Saint-Cloud… qu’elle poulope un peu… elle a reniflé… zigzagué… elle est revenue presque tout de suite… deux minutes… rien à pister dans le bois de Saint-Cloud!… elle a continué la promenade avec nous, mais toute triste… c’était la chienne très robuste!… on l’avait eue très malheureuse, là-haut… vraiment la vie très atroce… des froids -25°… et sans niche!… pas pendant des jours… des mois!… des années!… la Baltique prise…

Tout d’un coup, avec nous, très bien!… on lui passait tout!… elle mangeait comme nous!… elle foutait le camp… elle revenait… jamais un reproche… pour ainsi dire dans nos assiettes elle mangeait… plus le monde nous a fait de misères plus il a fallu qu’on la gâte… elle a été!… mais elle a souffert pour mourir… je voulais pas du tout la piquer… lui faire même un petit peu de morphine… elle aurait eu peur de la seringue… je lui avait jamais fait peur… je l’ai eue, au plus mal, bien quinze jours… oh, elle se plaignait pas, mais je voyais… elle avait plus de force… elle couchait à côté de mon lit… un moment, le matin, elle a voulu aller dehors… je voulais l’allonger sur la paille… juste après l’aube… elle voulait pas comme je l’allongeais… elle a pas voulu… elle voulait être un autre endroit… du côté le plus froid de la maison et sur les cailloux… elle s’est allongée joliment… elle a commencé à râler… c’était la fin… on me l’avait dit, je le croyais pas… mais c’était vrai, elle était dans le sens du souvenir, d’où elle était venue, du Nord, du Danemark, le museau au nord, tourné nord… la chienne bien fidèle d’une façon, fidèle au bois où elle fuguait, Korsör, là-haut… fidèle aussi à la vie atroce… les bois de Meudon lui disaient rien… elle est morte sur deux… trois petits râles… oh, très discrets… sans du tout se plaindre… ainsi dire… et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue… mais sur le côté, abattue, finie… le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d’où elle venait, où elle avait souffert… Dieu sait!…

Oh, j’ai vu bien des agonies… ici… là… partout… mais de loin pas des si belles, discrètes… fidèles… ce qui nuit dans l’agonie des hommes c’est le tralala… l’homme est toujours quand même en scène… le plus simple…
Commenter  J’apprécie          111
Les gens se vengent des services qu'on leur rend.
Commenter  J’apprécie          110
Un autre pays, d'autres gens autour de soi, agités d'une façon un peu bizarre, quelques petites vanités en moins, dissipées, quelque orgueil qui ne trouve plus sa raison, son mensonge, son écho familier, et il n'en faut pas davantage, la tête vous tourne, et le doute vous attire, et l'infini s'ouvre rien que pour vous, un ridicule petit infini et vous tombez dedans...
Le voyage c'est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons...
Commenter  J’apprécie          110
[…] la Volga a rien inventé, Buchenwald non plus, la Muraille de Chine non plus, ni Nasser, ni les Pyramides… ni les solides coups de pied aux culs !... il faut que ça avance et c’est tout !... et en cadence ! et tous… ho ! hiss !
Commenter  J’apprécie          110
C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.
Commenter  J’apprécie          110
- Il n'a ni syntaxe, ni style ! il n'écrit plus rien ! il n'ose plus !

Ah, turpitude ! menterie éhontée !... plein de style que je suis ! que oui ! et pire !... bien plus ! que je les rendrai tous illisibles !... tous les autres ! flétrides impuissants ! pourris des prix et manifesses ! que je peux comploter bien tranquille, l'époque est à moi ! je suis le béni des Lettres ! qui m'imite pas existe pas !... simple !... allons ! que je regarde où nous sommes ! tonneaux éventrés, terrasses, pissotières inondées ! immense désespoir ! ah grands-croix de toutes les Légions, bons à lape, falsifis suprêmes !... pitié j'aurais si je pouvais mais je ne peux plus ! qu'ai-je à foutre de tous ces doléants ?
Commenter  J’apprécie          110
Allons !... allons ! à notre chronique !... je vous perds encore, bel et bien... y a ma tête, la brique, vous savez... ce n'est pas une raison... je vous parlais photographies, du narcissisme, de l'arrogance des prémacchabs... oh, c'est bien simple ! pas que l'alcool, l'auto, les vacances... la photo a fait l'essentiel, fait remonter l'homme, toute l'espèce, à des siècles avant les cavernes... vous pouvez les voir tous les jours, photographiés, en transe cabotine, ouvrez votre journal habituel, que n'importe quel gorille aurait honte... des fresques rupestres aux Lumières, ça pourrait aller... tout à la main !... mais à présent regardez autour et dans votre journal habituel... ces bouilles à lunettes, à frisettes... je peux parler moi !... qu'ai tant à me faire pardonner !... mes trois points d'abord !... soi-disant renouveau du style !... Cousteau, l'Huma, Sartre, les Loges, l'Archevêque, s'en sont fait des maladies... et cent autres ! mille autres ! et qui s'en relèveront pas, jamais ! peuchère !... qu'en gigotent encore dans leurs tombes...
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Louis-Ferdinand Céline Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Voyage au bout de la nuit

Comment s'appelle le héros qui raconte son expérience de la 1ère guerre mondiale

Bardamu
Bardamur
Barudamurad
Barudabadumarad
Rudaba Abarmadabudabar

9 questions
1306 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand CélineCréer un quiz sur cet auteur

{* *}