"Il me manque encore quelques haines.
Je suis certain qu'elles existent".
Cette maxime inaugurale du "
Mea culpa" du même auteur s'applique évidemment aussi à cet autre essai de la série pamphlétaire célinienne des années 1930.
Céline, nihiliste, est anti tout : anti franc-maçonnerie , anti démocrate, anti républicain, anti bourgeoisie francaise, anti français moutonnier, anti grand-briton, et j'en passe... Mais cest surtout son antisémitisme virulent, irraisonné, véritable doctrine séculaire et décomplexée de cette époque, qui suinte de ce brûlot, qu'il convient de replacer dans la banalité de son époque de luttes idéologiques exacerbées et violentes, verbalement et physiquement.
Se greffe sur ce terreau sociétal de véritables thèses complotistes liées qui à la diaspora juive (dont quelques personnages connus servent de têtes de turcs recurrentes), qui à "l'Amérique" envahissante, qui à "l'intelligence Service" anglais sur lequel Céline fait une fixette, causes de tout les maux qui emportent la France.
Céline, traumatisé de la grande
guerre, aspirerait à la paix des peuples mais dans une logique quasi-eugéniste, dérape et appelle de ses voeux une sauvegarde par la violence de ce qu'il considère comme les vrais peuples européens ; il rejoint de fait les bataillons pro-nazis sans s'en cacher en le justifiant par la décrépitude des vrais sociétés européennes et semble sincère.
Cet essai, fait de cours chapitres dans lesquels l'on retrouve quelquefois un peu de la verve célinienne est difficile à lire de par sa structure. Très désordonné, il est plus proche d'une compilation de discussions de comptoir avinées entre membres de groupuscules extrémistes qu'à un manifeste politique structuré.
Ces embrouillaminis issus d'un esprit recherchant peut-être à l'époque de l'entre deux
guerres une reconnaissance politique et polémiste ne représentent plus maintenant qu'un intérêt historique loin des passions obtuses de cette période.
Sûrement le plus connu des
pamphlets de Céline de par sa violence antisémite viscérale, maintenant formolisé et éloigné des polémiques il est malaisé de véritablement le noter ; il ne reste qu'historique, et non recommandable ni par son fond idéologique ni par sa rédaction.