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Citations de Louise Erdrich (880)


Mais voici le plus révélateur: tu voudrais me posséder. Et mon erreur : je t'aimais et t'ai laissé croire que c'était possible. (p.24)
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La neige est une bénédiction quand elle adoucit les contours du monde, quand elle tombe telle une couverture enfermant de chaudes poches d'air. Cette neige-là était tout le contraire – elle soulignait le contour des choses et donnait à la bourgade un aspect plus mesquin, dépossédé, simplement ennuyeux, pareil à une erreur déposée là et seulement à demi effacée.
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La seule chose qui ne coûterait rien, pensai-je pour me consoler, c'était ce bébé. À condition qu'elle ne soit pas déclarée, à condition que je n'aille pas à l'hôpital, à condition que je puisse la mettre au monde à la maison, elle serait gratuite.
Je savais que c'était une fille à cause de June, parce que j'avais tant voulu la garder. Et bien que nous nous en sortions tout juste chaque jour avec trois fois rien, je voulais ce bébé. Les autres devenaient trop grands pour qu'on s'y accroche, et je manquais de douceur dans ma vie, d'un souffle tendre. Je n'attendais plus rien de bon de ce que je faisais, mais j'aurais ce petit bébé, rien qu'à moi.
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En prenant sa main solide dans la mienne, j’ai vu que ses doigts étaient enflés et douloureux. J’y ai regardé de plus près, et malgré la lumière enfumée j’ai distingué quelques marques en relief formant des motifs réguliers – étoiles, flocons de neige, toiles d’araignée porte-bonheur.
Effrayé, et sans pourtant lâcher ses doigts, je suis resté à attendre.
« Quand la bagarre a éclaté, a-t-elle expliqué avec un rire, en découvrant ses dents, mes mains sont passées dans la machine à écorce de bouleau. »
De tout ce qui avait mal tourné, ce qui m’a le plus frappé, c’était que les mains de Marie Kashpaw soient blessées. Ses mains avaient tenu des bébés et tiré des hommes adultes des marécages, ses mains nourrissaient et donnaient des torgnoles, ses mains étaient brûlées par la corde, abîmées par le travail, embrassées par Nector. Ses mains, devenues raides, toujours puissantes, auraient dû être protégées. J’ai penché la tête pour regarder de plus près. Dans une paume, il y avait une cicatrice blanche en relief, une vieille blessure se tordant à la façon d’une petite brindille coriace.
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Depuis la cour, assis dans son fauteuil cassé, Nanapush pouvait surveiller le retour de Rushes Bear. Il pouvait s'évaporer dans les bois, si tout en marchant elle fouettait l'herbe de son bâton ou décapitait les pissenlits.
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Lorsque de petites bourgades découvrent qu'elles ne peuvent blesser les plus étranges de leurs habitants, quand les excentriques résistent, ils finissent par être acceptés et même chéris.
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On ne connait jamais vraiment un homme tant qu'on ne lui a pas dit qu'on ne l'aime pas , c'est seulement alors que sa vraie laideur, restée masquée le temps de la séduction, peut faire surface.
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De tout mon être, je voulais revenir au temps d'avant tout ce qui était arrivé. Je voulais rentrer dans notre cuisine qui sentait bon, m'asseoir à la table de ma mère avant qu'elle ne m'ait frappé et avant que mon père n'ait oublié mon existence.
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Parfois le ciel tout entier était cerné de points filants et de fronces lumineuses se rassemblant et retombant, palpitant, perdant leur éclat, avec la régularité de la respiration. D'un seul bloc. Comme si le ciel était un système nerveux que nos pensées et nos souvenirs parcouraient. Comme si le ciel était une gigantesque mémoire pour nous tous. Ou une salle de bal. Et que toutes les âmes errantes du monde y dansaient.
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L'homme moyen est la preuve que la femme moyenne a le sens de l'humour.
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Une bombe vous faisait sauter en un instant ; recoller vos morceaux prenait le restant de vos jours.
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À l'intérieur du cadre miniature était glissée la photo coloriée à la main d'une femme d'aspect à la fois déterminé et fragile, dont la bouche était une ligne sensible creusée aux commissures par la sensualité et la perspicacité.
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Quand Millie fixait les motifs, ils l’entraînaient en dedans, en profondeur, au-delà du magasin et du village, jusqu’aux fondations mêmes du sens, et puis au-delà du sens, dans un endroit où la structure du monde n’avait rien à voir avec l’esprit humain, et rien à voir non plus avec les motifs d’une robe. Un endroit simple, sauvage, ineffable et exquis.
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Quelque part à l'avant du magasin Fidelis prit la main de Delphine. Creusées, fendues, cicatrisées, leurs mains s'emboîtaient tels des fragments de poterie ancienne.
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Nous sommes poursuivis par ce que nous faisons aux autres et ensuite, du coup, par ce qu'ils nous font. Nous regardons toujours en arrière, ou bien nous nous inquiétons de l'avenir.
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La pratique de toute une vie donnait parfois à ses gestes des airs de tours de magie.
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Harry vivait avec une chienne appelée Edith, brune, intelligente, d’apparence quelconque. Comme toujours lorsqu’un être humain vit seul avec un chien, Edith avait développé des dons de clairvoyance. Le temps que Harry arrive, elle savait qu’il avait ramassé quelqu’un sur la route. Elle attendait dans l’allée, en silence, sur le qui-vive. Elle s’approcha lorsqu’il se gara et se tint à ses côtés tandis qu’il plongeait à l’arrière du véhicule. Il en sortit l’autre être humain, tituba un peu en le soulevant dans ses bras, se redressa et se mit en marche. La façon dont Harry tenait cette femme fit comprendre à Edith qu’elle devrait monter la garde auprès d’elle.
Elle lui renifla les jambes : la femme portait les vêtements d’un homme qui cuisinait gras, elle avait dormi dans la neige et la menthe sauvage, près du cadavre d’une mouffette, elle avait récemment été en ville et, avant ça, sur l’eau. Il n’y avait pas de maladie en elle mais elle était perdue, désespérée, et elle choisirait peut-être de dormir pour toujours. Edith acceptait tout cela. Quand Harry porta la femme à l’intérieur, la chienne suivit. Au garde-à-vous, les oreilles mobilisées, elle le regarda déposer sa charge sur le canapé qu’elle-même s’appropriait souvent lorsqu’il dormait. C’était un long divan moelleux et la femme était petite. Edith voulait bien partager.
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La loi peut pas retirer l’Indien en moi.
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Le son jaillissait de leurs poitrines et de leurs ventres amples. Les gerbes de musique se déliaient et sortaient en un flot d'énergie des hommes aux muscles tendus. Ces instruments, leurs voix, élevaient un mur de mélodie palpable. Delphine les observait, ses pensées voguant à la dérive. Elle se mit à écouter au-delà du chant. Bientôt, elle n'entendit pas chanter, pas du tout, mais ne vit que les bouches des hommes s'ouvrir et se fermer en chœur, en un grondement, à la manière d'un rassemblement d'animaux dans un zoo.
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Les chagrins , on les épuise avec les moyens du bord, ce qu ' on a sous la main. On s'en débarrasse à force d'en parler , de vivre avec , on ne les laisse pas s'incruster au fond de soi . Vous voyez, c'était à ça que le tambour était bon , à faire sortir ces chagrins au grand jour, où les chants pouvaient les emporter
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