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Critiques de Lydie Dattas (30)
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Carnet d'une allumeuse

Poésie en prose, Carnet d’une allumeuse de Lydie Dattas est un recueil qui m’a beaucoup plu.

Dans une écriture tout en introspection, l’auteure fait l’autoportrait de la

jeune adolescente qu’elle fut, traversée par les doutes, éprise d’absolu et de reconnaissance, dans une poésie de l'intime.



Lydie Dattas a vécu sa beauté adolescente comme une expérience intérieure, quasi métaphysique. Une inclinaison qui l’a éloigné des filles de son âge. L’expérience du corps est avant tout pour elle celle de la pensée. Cette compréhension qu’elle fait des choses, cette lucidité à fleur de peau, elle l’éprouve avec difficulté. Au fil des expériences, des premiers amours, vivre et comprendre le mystère féminin qui s’opère en elle, est chose cruciale.



L’auteure observe le regard des autres, leur attitude, celui des filles soucieuses de leur apparence, de se rendre désirables. Elle se sent en marge, éprouve quelque chose qui la différencie. Selon elle, les autres recherchent leur part de lumière, mais en définitive « peu de femmes interrogent leur nuit (menstrues, dépucelage, grossesses, viol, avortements) », elles le relèguent à l’arrière de leur conscience ou en souffrent sans mot dire.



Autre versant de cette adolescence, c’est celui du personnage d’Arthur Rimbaud dans lequel Lydie Dattas y a vu son amant imaginaire :



« Sur mon lit ton livre aux yeux jaunis atteste mon naufrage…

Si je t’avais croisé, peut-être m’aurais-tu poussée dans une mer d’herbes hautes aux murs bleu diable pour m’embrasser ? Je n’ai fait que te lire et cet amour est pire ! ». Le visage du grand poète, sa jeunesse éprise de liberté, portée loin du regard des autres, Lydie Dattas s’y est confondue. « Au lieu d’improviser ma vie j’ai refleuri chacune de tes erreurs. »



Autoportrait d’une adolescente, d’une femme en devenir, reflets dans un miroir, sensible au regard porté sur elle (celui des hommes) dont elle veut se défaire pour mieux apprendre à se (re)connaître :



« Bénie et maudite, j’avais l’ordre contradictoire de penser et de plaire. (…) Regarde comme tu es belle ! » criaient les miroirs. J’avais le droit de m’admirer puisque j’étais l’œuvre d’une autre, mais dans la glace, fixant mes yeux noirs, je ne voyais que ma pensée. »



Plus tard, l’adolescence passée, s’apercevoir que la tentative poétique d’exister, d’être au monde est terminée. Se souvenir avec regret des paroles prononcées, des impressions qui envahissaient la pensée, affleuraient la fragilité d’une jeunesse déjà en train de se faner.



Dans une écriture réflexive, sensible, parfois âpre, Lydie Dattas relate son adolescence, la découverte de sa propre féminité, le besoin de séduire mais aussi de sa quête de spiritualité, d’absolu, du besoin de se singulariser, d’exister au-delà des apparences :



« Quant il était humain, je m’arrêtais pour échanger avec lui. « Tu es belle mais quand je parle avec toi j’oublie ta beauté », disait-il. Et je jouissais de sentir exister mon âme. »



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L'arrière-pays de Christian Bobin

c'est un plaisir de lecture pur que de parcourir la vie, l'enfance, les amours, les lectures de Christian Bobin. Je comprends mieux l'homme et donc le poète. le style rappelle celui de Bobin : il y a une profondeur, une lenteur qui nous mènent au plus près de la vie. Ce livre est une merveille.
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Les Amants lumineux

Ce livre est structuré comme un dialogue entre deux amis, Gabriel et Raphaëlle, au sujet de la trahison amoureuse de Mansour.



Il s'agit ici d'Amour, mais d'Amour divin, aux prises avec l'amour terrestre : celui de Mansour qui a été détourné par un sentiment profane ; peut-être aussi celui que porte Raphaëlle à Mansour, sublimé avec l’aide de Gabriel.



Car l'Amour divin jamais ne capitule, jamais ne condamne l'amoureux.



Les deux protagonistes sont bien sûr les anges Gabriel et Raphaël, au nom féminisé par Lydie Dattas pour rendre le propos encore plus transparent : mais, on le sait, ni les anges ni l'Amour divin n'ont de sexe.



Gabriel est l'intermédiaire entre Dieu et les hommes, et Raphaëlle celle qui soigne : tous deux sont au chevet d'une âme qui s'est perdue et attendent sa rédemption.



Cette oeuvre est confondante de beauté et de sérénité : elle parle directement au coeur et à l'esprit.



Elle peut être lue par des croyants, des agnostiques ou des athées, car tous cherchent le sens de la vie, qui est équilibre et cohésion : c'est-à-dire Amour.

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La foudre

Je viens de me brûler ou de me noyer, je ne sais plus trop.

Je viens de me cogner, de mordre la poussière et je suis pétrifiée, rendue hagarde par tant de lumière et de beauté.

Je suis foudroyée et dans cet éclair de lecture qui m'a saisie toute entière, je voudrais chercher encore les étoiles et la lumière, la couleur, le rouge, le feu.



"Foudre". J'ai adoré "Foudre" et l'écriture incandescente de Lydie Dattas qui dans ce court roman raconte son enfance d'une part et d'autre part son histoire d'amour avec Alexandre Bouglione, prince puis roi du cirque du même nom, qu'elle rebaptise dans son ouvrage du nom d'un des poètes les plus orageux qui fut.



C'est étrange comme ce roman réédité récemment par Le Mercure de France m'a paru si difficile à lire et si fluide à la fois... Comme si il y avait trop de beauté en une seule phrase pour que nos yeux et nos sens puissent le supporter mais qu'à la manière d'une drogue on ne puisse s'en priver sans douleur...

"Foudre" est un roman étrange, poétique, charnel, écoeurant, lumineux, flamboyant à l'excès.

Il est fin, lettré et sauvage pourtant, presque bestial.



C'est un texte fiévreux et enfiévré qui raconte d'abord l'enfance et l'affranchissement des siens, l'apprentissage d'une enfant, fille d'une comédienne aussi sublime que fragile et d'un musicien qui tutoyait les anges de Notre-Dame puis le monde du cirque et celui de la passion amoureuse puisque la foudre, c'est celle qui s'abat sur la toute jeune Lydie quand elle croise le regard brûlant d'Alexandre, prince en son royaume de stuc et de paillettes, de fauves et de guitares, de voltiges et de magie.

Au delà du récit de cet amour fou et parfois violent, ce texte raconte aussi l'affrontement entre deux mondes: celui des lettres et celui, plus brutal, du cirque; celui de l'intellect et celui des sens; celui de l'écrit et celui de l'oralité, des incantations.

C'est à la fois beau, sublime et déchirant, tout comme la langue de l'auteure qui se lit mieux à voix haute que dans le silence, qui marie l'or au sang, le ciel à la terre, le profane au sacré, le sexe au serment dans un français opulent, plantureux, d'une richesse qui ruissèle comme autant de pierres précieuses, d'une poésie et d'une violence à déclencher les orages et les tempêtes; tout comme ses personnages parés par la fiction de l'aura que seule confère la littérature: du grand-père maudit à la matrone Rimbaud si majestueuse dans ses oripeaux qui scintillent qu'elle en devient magicienne.



La foudre. le vent et la tempête. Moi, j'ai eu envie de pleurer face à tant de beauté.



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La foudre

Dix ans après, allégée de sa cargaison d’adjectifs, la barque d’or de « la Foudre » accoste au rivage des librairies. Montons à bord. En dix ans le monde s’est enténébré et les visions délivrées par cette écriture sont porteuses de remèdes.
Lien : https://www.nouvelobs.com/cr..
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La Blonde : Les icônes barbares de Pierre Soul..

L'écriture de Lydie Dattas est prodigieuse, irréelle... Elle nous révèle une prose poétique au-delà de l'entendement. La beauté de ses récits sur la peinture de Pierre Soulages le maître du noir est éblouissante, j'ai été ébloui, comme vous le serez probablement...! C'est en tous cas tout le bien que je vous souhaite.

LES GUERRIERS SCARIFIÉS foudroient les visiteurs de leurs yeux anthracite. Fixés entre ciel et terre comme des suaires pétrifiés, ils ont la carrure des prophètes. À présent que s'efface la faune émotive du livre, ces religieux du noir dressent contre le néant un mur de mélanite qu'une brume archaïque encense. Rangés dans un ordre royal, leurs bataillons muets sont le dernier rempart du Verbe. Au premier pas vers eux la Blonde bondit de leurs rangs : leurs noirs cambrés mouillés de lumière électrique projettent leurs particules, tranchant le nerf optique du regardeur. Dès que la Voie lactée du sang illumine son cerveau, un bourdonnement crânien l'avertit qu'il approche de la ligne à haute tension de l'Esprit. Barrant la route aux doctes, le magnétique outrenoir ouvre ses ailes quadrangulaires. Aussi savant soit-il le visiteur n'arrachera pas leur masque à ces oxymores picturaux. Ces météorites qui s'entre-jettent leurs reflets ne trahiront pas leur mystère. Leur voltage hérissé de jaune trace une frontière absolue : impossible d'aller plus loin sans être piétiné par ces cavaliers de l'Apocalypse.
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Le livre des anges - La Nuit spirituelle - ..

Lydie Dattas



Dans les nuits transfigurées par la beauté du cœur,

quand le bonheur était l'unique témoin,

et que l'on n'était plus chez soi dans le malheur des autres,

Son drame, n'était pas celui des femmes,

mais celui des penseurs, des voyants, des prophètes.

La vérité, elle l'a tenue sur ses genoux,

avec la beauté pour unique parure -

la beauté qu'Il avait trouvé amère...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Cahier Bobin

Je n'ai découvert Christian Bobin que tardivement mais il fut dès lors inscrit à mon panthéon des poètes . Ce volume publié sous la direction de Claire Tiévant rassemble un corpus important de textes de lui et d'essais à lui consacrés. Ils sont présentées en 7 parties (Prisonnier au berceau/La métaphysique des bébés/ La merveille et l'obscur/La lumière écrite/ Les différentes régions du ciel/ Souveraineté du vide/ La nuit du cœur) et en appendice une biobibliographie .
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L'arrière-pays de Christian Bobin

Lecture très agréable que cette biographie de Christian Bobin.



C’est écrit d’une belle plume, simplement, à l’image de l’humilité du poète.



On y apprend beaucoup, sans voyeurisme. Peut-être même y apprend-on tout de l’écrivain, tant sa vie paraît simple, centrée sur sa ville natale qu’il n’a jamais quittée, entouré de quelques proches, de quelques livres et de musique.



Le biographe évoque l’enfance du poète, ses rencontres, sa fidélité, l’importance de la lecture et de l’écriture,



son rire atomique souvent.



Il nous confie sa fusion gémelle avec la «plus-que-vive », sa vision de Dieu et de la religion, son refus de toutes les séductions, les attaques de certains critiques le jugeant mièvre ou naïf.



D’ailleurs je ne suis pas sûr que le mot naïf déplaise à Christian Bobin.



Il ressort de ce portrait que Christian Bobin n’est pas de ceux qui écrivent pour écrire. Il écrit pour vivre, il écrit pour que nous vivions.



Il n’est pas non plus un technicien littérateur, son écriture est tellement l'émanation de sa nature que je me mets à craindre que son émerveillement ne se ternisse...



Mais il a été touché par une grâce et ça, c’est pour la vie.







Un mot encore pour dire que cet ouvrage est véritablement un livre d’art :



La qualité du papier, son toucher, la typographie. Tout y est soigné.



La préface de Lydie Dattas est remarquable de compréhension de son ami.



Les pages intercalaires qui nous présentent sommairement les écrivains qui ont marqué le poète.



Des fac-similés des carnets et manuscrits, des propos inédits de Christian Bobin, ponctuent les chapitres.



Un beau livre que chaque toqué de l’auteur se doit de lire.

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La nuit spirituelle

La nuit spirituelle de Lydie Dattas réveille ma colère.

Elle trahit et crée une pierre de consolidation du patriarcat. L’hypocrisie d’une femme qui se positionne fictivement dans l’ombre du géni masculin, dans l’obscurité par rapport au créateur de beauté des mâles. Et tout cela pour mériter un regard condescendant de personnes qui finalement nous déleste vers une impasse.

L’impasse de la beauté devenu Dieu et de l’homme (le mâle) devenu créateur. Et elle dans une stase répétitive leur dit, « regardez, je sais reconnaitre votre grandeur et je le reconnais avec vos propres mots ! »

La fin du patriarcat ?

Elle est inscrite dans les évangiles.

Si le patriarcat commence avec Adam et Eve, et Eve enfantant des enfants fratricides, Si La louve nourrie Remus et Romulus, Étéocle et Polynice, Sit Et Vansata et certainement beaucoup d’autres. L’ordre Patriarcal chez les humains s’installe.

Et puis Arrive Marie.

Marie qui conçoit d’elle-même un enfant qui génétiquement serait femme et qui sera homme, Jésus est le premier iel de notre civilisation.

Joseph, un patriarche, Joseph comprend la grande métamorphose qui s’opère et il accepte alors Marie et son enfant. Il s’efface pour eux et devient le père du silence. Il laisse la place a quelque chose de nouveau qui vient de naitre.

Mais le patriarcat ne va pas accepter de se laisser disparaitre sans se défendre. Et 2000 ans après, l’émancipation de la moitié de l’humanité devient une possibilité.

Des poétesses comme Christine de Pisan, Louise Labé, Marceline Desbordes-Valmore, Anna de Noailles, utilise les mots pour créer, en étant ce qu’elles sont elles prétendent à participer à la création du monde au même titre que tous les humains et pas à la façon des mâles dominants de leurs temps.

Mais ce n’est pas le cas de Lydie Dattas. Et je ne peux la déposer sur ce chemin qui conduit l’humanité entière et ensemble. Elle se conjugue au genre dominant et pas en accord de proximité. Je fus très déçu par cette lecture.

Très déçu et finalement je me rends compte que je n’aime ni Jean Genet, ni Jean Grosjean et ni Ernst Jünger.

J’attend la venue de la dernière étape en littérature, « ciel » du iel ! Je ne veux pas voir un star trek ou le commandant et une commandante et que l’histoire intérieur reste la même. Je préfère les Bene Gesserit du cycle de Dune !


Lien : https://tsuvadra.blog/2020/1..
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La foudre

Comme elle foudroie les hommes, du mendiant sublime du métro à la royauté des gitans dont la poésie est plus puissante que la goutte d'or de la conscience, Lydie Dattas nous foudroie. Ses personnages, sa mère, son père, Alexandre, sa famille gitane - à tous ces êtres elle rend une justice brillante. Son Verbe est rempli d'ailleurs étincelants et d'acuité confondante ; il est d'une justesse royale. Difficile de s'exprimer sur un tel livre. Ce qu'il m'évoque : puissance poétique, finesse et acuité du regard, royauté, femme, souffle divin, présence bestiale toujours couplée à la puissance du Verbe.
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La nuit spirituelle

De la langue de Lydie Dattas naît la plus pure et la plus incisive Beauté. Recueil écrit pour conjurer la malédiction féminine que Genet lui avait si insensiblement jetée à la figure (« D’ailleurs Lydie est une femme et je déteste les femmes »), elle plonge dans la nuit la plus profonde pour, « en lui donnant raison », lui donner « tort ». S’enfonçant dans l’intimité d’une âme à jamais bannie de la lumière et de l’art, Lydie Dattas inscrit le nom des femmes dans la poésie. Car sous sa plume, la nuit brille.
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La nuit spirituelle

Un livre d'une densité poétique extraordinaire, qui, malgré sa forme courte, vous imprègne longtemps. La langue est splendide, classique, maîtrisée, et l'auteur ne lâche pas le thème qui l'occupe. Un bémol toutefois : il semble que par moments la vérité de l'aveu frise, malgré sa sincérité dont on ne doute pas, quelque chose de "surjoué", qui laisse apparaître comme un soupçon de d'artificialité morale.



Mais non, Madame Dattas, les cimes de la spiritualité ne vous sont pas refusée (et vous le savez fort bien).











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La nuit spirituelle

Connaissez-vous Lydie Dattas ? Elle est poétesse, bénie des fées qui se sont penchées sur son berceau pour lui offrir l'art de la grâce et de la rébellion. Elle vécut durant vingt-cinq ans avec Alexandre Bouglione, dompteur de fauves, issu d'une grande dynastie gitane et appartenant à la famille du cirque.

C'est à cette occasion que le couple accueille un jour dans l'immeuble familial le poète Jean Genet.

À la suite d'une dispute avec le poète, voulant se réconcilier avec celui-ci, Lydie Dattas écrit La Nuit spirituelle. C'est donc le texte d'une recherche de réconciliation, mais dans cette dispute Lydie Sattas fut aussi meurtrie en tant que femme ; aussi ce texte pose aussi la question d'une malédiction spirituelle féminine et plaide l'égalité de l'esprit créateur des deux sexes.

C'est ce texte dont je veux vous parler.

C'est un poème sur vingt-deux pages.

C'est un texte écrit comme on jette un gant après un outrage.

Il prend sa source dans la région de l'âme, un endroit intime que nous possédons et qui nous échappe aussi. Lydie Dattas nous rappelle que les tréfonds de l'âme sont parfois des lieux douloureux et obscurs. La lumière parfois y accède, c'est à la fois un mystère et un miracle.

C'est un lieu désertique, façonné d'errance et de malédiction.

L'auteure parle de l'humiliation d'être une femme, elle convoque pour cela sa chair et son âme. Les mots de cette femme sont un besoin de reconnaissance immense.

Alors nous nous plongeons dedans pour y puiser l'or et la nuit.

Ici, en quelques mots ramassés comme dans un mouchoir, il est question d'intelligence, de beauté, de bonté aussi et de misère. La lumière vient nous éclairer sur les pas et les phrases de ce texte magnifique.

C'est un chant, un cri, une consolation, la face maudite de la beauté, mais aussi l'envers qui capte la lumière de celui qui reviendra peut-être.

La lumière de l'une est faite de la nuit de l'autre.

C'est la lumière d'une femme qui exprime le besoin de liberté et la splendeur du monde, le besoin d'amitié forcément aussi.

Chaque phrase devient alors une vibration, comme celle d'un violoncelle...

C'est l'histoire d'une nuit qui retient l'aube pour écrire ce texte, qui s'incline devant la beauté, qui a mal et déchirant l'âme, s'en échappe pour exprimer une joie à venir.

Ce sont des mots qui touchent, ces mots m'ont ému.

Jean Genet les prit comme une gifle, demanda pardon, je les emporte en moi comme des fragments à la fois douloureux et éblouissants.
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L'arrière-pays de Christian Bobin

Comment parler d’un poète ? On peut se lancer dans une méticuleuse analyse littéraire, mais ne serait-ce pas passer complétement de ce qui fait la richesse invisible d’une œuvre poétique ? Il y a également la possibilité de s’en tenir à établir scrupuleusement un déroulement chronologique de la vie de l’artiste pour espérer comprendre les nœuds secrets entre chaque phrase d’un poème, mais là encore, ce travail ne fera qu’effleurer la source intarissable de l’inspiration du poète… (suite sur le blog Murmure de l'Ombre)
Lien : https://murmuredelombre.word..
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L'arrière-pays de Christian Bobin

Voilà une manière originale et agréable d'entrer dans l'univers d'un auteur. Et pas n'importe lequel: un auteur discret dans les médias, qualifié de poète et cependant connu d'un assez large public. Ce n'est pas une biographie, mais plutôt un "catalogue" ( oublier le côté péjoratif du mot !) dans lequel l'auteur dispose pour le lecteur des lieux, des êtres, des livres qui font de Bobin qui il est.

Il est émaillé de quelques textes de ses inspirateurs, illustré de quelques photographies et sur fond gris bleuté , beige, noir ou blanc , l'auteur nous propose des extraits de carnets manuscrits ou lettres de Bobin. J'ai été très touchée par la forme de cette écriture qui est d'une magnifique lisibilité; elle a des rondeurs, elle est douce, nette , rarement raturée.

Pour ce qui est de Bobin lui-même, ma subjectivité retient son enfance solitaire et cloîtrée au Creusot qu'il n'a jamais quitté, sa grand-mère maternelle Yvonne, absente car internée en psychiatrie, son goût pour les contes, son rapport à la neige, sa muse La plus que vive ( Ghislaine Marion) dont la mort brutale en 1995 lui fait explorer le manque, sa découverte de Soulages.



D'autres lecteurs retiendront d'autres choses, comme tous ses référents littéraires, poétiques ou son parcours éditorial.



En fermant ce beau livre , j'ai eu envie d'entendre le rire de Christian Bobin dont l'auteur nous dit qu'il a un accent creusotin et qu'il faudrait en noter les modulations, l'intensité et les harmoniques.

Un livre incontournable pour ceux qui aiment et suivent cet auteur.
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L'arrière-pays de Christian Bobin

Le titre est très bien trouvé : c'est exactement ça. Ce livre (bel objet par ailleurs, avec photos, extraits carnets..) donne à comprendre - un peu - ce qu'est l'oeuvre de Christian Bobin par le biais d'éléments biographiques, de rencontres, d'hommes et femmes qu'il admire..

Tout n'est peut-être pas dit - et on peut rester un peu sur sa faim, gourmand que nous sommes - mais tout pourrait-il être dit sur un poète? Est-il possible de connaître vraiment, complètement un artiste?
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L'arrière-pays de Christian Bobin

L'arrière-pays de Christian Bobin

Dominique Pagnier Préface de Lydie Dattas



Les êtres, les lieux, les livres qui l'inspirent

L'iconoclaste Octobre 2018 ( 250 pages – 24,90€)





Cet ouvrage donne un autre éclairage sur l'oeuvre de Christian Bobin.

Dans sa préface Lydie Dattas définit le poète, comme « aérien », au «  rire atomique ». Mais n'est-ce pas sa propre écriture poétique ( le livre des anges) qui a comme hypnotisé Bobin, et fut le déclic pour des partages et échanges téléphoniques ? Puis un rapprochement et la cohabitation : «  Elle reste à ses côtés en raison de sa fantaisie merveilleuse et de sa chaleur hors normes ». Elle voit en lui « une sorte de soufi occidental ».



Dominique Pagnier s'avère un grand connaisseur de «  l'ermite du Creusot », «  un éminent bobinologue ». Il tisse son portrait depuis sa naissance, évoque son milieu familial(parents, fratrie), retrace son enfance « de cloîtré » ( anecdote d'une fugue),ses lectures (Borges, Michaux, Poe …), ses études( après le Bac, la licence de philosophie), son expérience des « trois jours », ses premiers jobs, et détaille son entrée en littérature.



Les deux auteurs de ces miscellanées centrées sur Bobin soulignent le caractère « unique », « inimitable de son écriture qui «  aimante les lecteurs ». Jean Grosjean avait débusqué « quelque chose de rare ».

Cet « arrière-pays » dévoile les «  les êtres, les lieux, les livres qui l'inspirent. », un programme ambitieux et exponentiel.



Des photos exhumées de l'album familial ponctuent le récit.

Ainsi la maison éventrée de la famille Bobin rappelle le passé glorieux des fonderies mais aussi la période de la guerre et des nombreux sinistrés.

On suit les déménagements successifs de Christian Bobin jusqu'à son installation, en pleine forêt, havre bucolique qui, en hiver, ressemble à la « Petite Sibérie ».



Au fil des pages, le narrateur fait référence aux publications de Bobin, donnant un panorama très détaillé de son oeuvre depuis ses débuts où il n'avait qu'un cercle confidentiel de lecteurs jusqu'à sa consécration.

le très bas ,couronné de trois prix, marque un tournant. Ses écrits ont un côté «  feel good », pour leur pouvoir de « cautériser une plaie, bannir une malédiction ».

Quel parcours ensuite ! On l'invite dans des librairies, à des colloques.

Laurent Terzieff le déclame et le sublime. Il est déboussolé. Une thèse lui a même été consacrée sur la réception de ses publications par la critique. A noter qu'il est traduit en 40 langues et célébré au Japon.

Lui « l'agoraphobe » , «  le sauvage », se montre maintenant à la télé chez Busnel. ( Voir l'émission du 10 octobre 2018 de LGL).



le chapitre intitulé «  soeur de lait »,consacré à Ghislaine, connue surtout des lecteurs de «  La plus que vive » retrace leur rencontre, met en exergue la bonté de « cette petite fiancée nervalienne », et son sourire qui ont conquis l'écrivain, «  à la dégaine russo-manouche ». D'elle, il n'a plus qu'une relique. Bobin qui a gardé son esprit d'enfant, aime la compagnie des bambins. Il a d'ailleurs pour filleule, Hélène, fille de Ghislaine.



Il est confronté à la maladie très jeune. Celle de son aïeule Yvonne, internée, puis de son père à qui il dédie : La présence pure.



La plus belle façon de connaître quelqu'un est de regarder sa bibliothèque, c'est ce à quoi s'emploie Lydie Dattas, détaillant les affinités électives du « ravi ». La poésie est omniprésente, passion contagieuse pour la poétesse, qui vient de l'univers du cirque Romanès et du monde gitan où l'on tresse des paniers en osier. Ensemble ils rendent visite à Grosjean, son mentor.



Le poète -écrivain/ «  l'indéracinable cloîtré » a côtoyé, fréquenté de grandes figures artistiques et littéraires, comme Grosjean et Soulages. D'où quelques pages de sa prose, retranscrites à l'encre blanche sur fond noir. Mais c'est « un simple feutre noir qui est la flûte dont il tire les airs qui aimantent ses lecteurs ».

Il éprouve de l'admiration pour de célèbres personnalités : citons Dhôtel, Emily Dickinson ( qui il a inspiré La Dame blanche), Rimbaud, Tranströmer, Philippe Jaccottet…  ».



La correspondance meuble son quotidien et l'épistolier se dit «  tellement heureux de se lier à d'autres humains ». La musique de Bach ou de Django Reinhardt officie comme « médecin traitant » chez le mélomane averti. En Arvo Pärt,il a trouvé comme un frère. Admiratif de Glenn Gould.



Le recueil s'achève, en juillet 2017, sur la contemplation des vitraux de l'abbatiale de Conques, dont « les stries sont celles d'un râteau ».



Saluons la générosité de Christian Bobin qui livre des carnets manuscrits , inédits, des lettres, nous ouvre son album photos. Celle de la chambre d'écriture, à l'aspect monacal, permet d'imaginer le poète rivé à sa table ou rêvant par la fenêtre. Des réflexions sur l'écriture sont distillées :

« Mon pays c'est la page blanche et elle seule. » mais aussi sur la mort. Pour lui, « l'écriture a par essence une tendance autistique. »

On retrouve la beauté de son écriture manuscrite. Comme pour « Un bruit de balançoire », « l'indéracinable cloîtré a calligraphié la couverture, redoutant de voir disparaître « une main humaine qui danse »

Remercions aussi Guy Goffette son éditeur chez Gallimard.





Dominique Pagnier et Lydie Dattas nous offrent un ouvrage raffiné, poétique, d'une grande richesse, alliant textes et photos, émaillé de citations. Il permet de découvrir l'enfance du poète, les lectures qui l'ont forgé, les êtres qui ont compté pour lui, sa géographie intime. On partage ses tourments et ses bonheurs, ce qui suscite une mosaïque d'émotions.

Une manne prodigieuse pour ceux qui le lisent, ainsi que des suggestions de lecture pour approfondir la connaissance de ses publications.

Quand on referme l'ouvrage, on a l'impression d'avoir vraiment rendu visite à Christian Bobin et le narrateur a su si bien se couler dans le moule de celui-ci que parfois, on ne sait plus trop si on lit du Bobin ou du Dominique Pagnier. Et on s ‘émerveille dès qu'on ouvre de nouveau cette pépite littéraire pour détailler un tableau, une photo, relire ou mémoriser un fragment tant le contenu est nourrissant, lénifiant et passionnant!



NB : Derniers ouvrages des auteurs :

Lydie Dattas : Carnet d'une allumeuse Gallimard, Blanche 2017

Dominique Pagnier : Cénotaphe de Newton Gallimard 2017

Christian Bobin : le plâtrier siffleur, 2018, éditions Poesis

La nuit du coeur Gallimard 2018
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Carnet d'une allumeuse

Titre provocateur qui m’a attirer l’oeil puis finalement l’adopter définitivement.



C’est un livre très court, moins de 100 pages, mais pourtant il est long à lire. La prose utilisé est dense et presque chaque phrase peut être une citation.



C’est un format poche plus abordable que les grands formats avec des prix parfois un peu trop élevé (on t’aime Gallimard). J’étais étonnée car je n’ai pas l’habitude de voir des Gallimard de cette taille, sauf pour les petits carnets qu’ils font. Mais là c’est bel et bien un livre que nous avons.



Plus qu’une histoire, c’est plusieurs petits textes en prose qui sont plus ou moins par ordre chronologique. De 13 à 17 ans environ. Beaucoup se situent vers 15 ans.



On ne sait pas vraiment ce qui se passe. Il n’y aura pas de début ou de fin, pas de fil conducteur. Ce seront surtout ses pensées et son amour des livres, sa révélation.



Ses pensées de femme dans la vie et ses débuts. Les premiers regards des hommes sur elle et les premiers conflits avec les femmes.



Les hommes ne feront que la désirer tandis que les femmes et elle ne s’entendront pas ou peu. Elles lui enseignent son « rôle » tout en la rejetant.



Ce livre rend accessible les défis qu’une jeune femme rencontre au début de la puberté, ce que son corps signifie pour elle et pour les autres sans que pour autant elle est son mot à dire.



Je trouve que c’est un pari réussi. En effet, on est vraiment pris dans le texte comme dans un roman et ce même si c’est parfois difficile de suivre entre les métaphores.



Elle a une certaine rage au fond d’elle qui l’a fait vibrer. Elle veut plus que les autres femmes et plus que ce que les hommes lui proposent. Elle veut vivre pour elle et selon elle.
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Carnet d'une allumeuse

J'avais lu en 2013 le recueil "la nuit spirituelle" de Lydie Dattas, né d'une crise amicale : son ami Jean Genet, l'avait un jour, au cours d'une dispute, disqualifiée en tant que femme : les femmes vivent dans la nuit spirituelle et ne peuvent pas créer.

Cet incident l'avait jetée, elle qui se définissait essentiellement comme poétesse, dans un chagrin et un désarroi profonds. De sa détresse était né un beau texte sur la nuit spirituelle des femmes, inaptes par nature à la création et à la spiritualité.

Bien sûr elle ne souscrit pas à ce rôle de vase consacré à recevoir la liqueur séminale ou à celui de muse emprisonnée dans une chair interchangeable que seul l'artiste, le vrai, l'homme, pourrait sculpter à sa guise. On devine que Lydie Dattas lutte et se débat contre cette assignation à n'être que pâte à modeler, laquelle n’est formulée ni pour le bien de son sexe, ni pour celui de la poésie. Le chemin reste encore presque entièrement à défricher : sur la voie qui mène à l'orée de la nuit intérieure, le danger d'anéantissement guette à chaque pas. La poétesse doit inventer et explorer l'être-femme en poésie.



Dans ce nouveau recueil sorti en 2017 et intitulé "Carnet d'une allumeuse" Lydie Dattas traite du regard masculin concupiscent jeté par l'homme sur la femme-poète, regard qui assassine la poésie en elle et la réduit à n'être que chair prosaïque ; regard disqualifiant l'altérité et rejettant le compagnonnage en poésie.

Qu'on ne s'y trompe pas, Lydie Dattas est capable d'aimer, elle qui fut durant vingt années la compagne du poète Alexandre Romanès et sut développer son art auprès de lui. Mais elle entend défendre la légitimité de sa voix sans cesse menacée : car la poésie ne doit jamais être limitée dans son expression, prostituée, ou servir d'autres fins qu'elle-même. C'est la réduire qu'en faire un enjeu de pouvoir.

Ce livre ouvre ainsi un horizon nouveau à la création en y imposant l'autre voix humaine, la grande oubliée : témoin absent qui s'est signalé en creux au cours des siècles, ou en de fantomatiques apparitions ; marques flagrantes de l'incomplétude du premier sexe qui n'a pu à lui seul représenter que sa propre moitié de ciel. Le continent féminin recèle encore des terres non explorées. Quelques grandes et exceptionnelles défricheuses y ont déjà abordé : Sapho, Marguerite de Navarre, Emily Dickinson, Sylvia Plath, Valérie Solanas, Alejandra Pizarnik... Sans elles, et leurs descendantes, la poésie resterait un cri retenu.
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