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Citations de Malika Ferdjoukh (491)


Cette nuit-là fut une nuit de pleine lune.
Bettina alla boire un verre d’eau dans la salle de bains. Au retour, sa pantoufle heurta le bahut. Cela fit un faible poung qui ne réveilla personne. Sauf Désirée.
Désirée dormait mal depuis qu’une brise mer avait secoué deux, trois fois le volet. Elle se leva et sortit sur le palier, laissant Enid endormie dans la chambre. Elle se rendit à pas de loup chez Geneviève, avec l’idée que le lit clos aux épaisses parois l’abriterait des bruits de volet. Elle grimpa les trois marches qui menaient au lit, se glissa sous le drap à côté de Geneviève qui ouvrit un œil, et se rendormit en la prenant pour Enid.
Enid, dans sa chambre, s’éveilla une heure plus tard avec la fringante envie de faire pipi. Elle aperçut de lit de Désirée. Vide. Elle était seule. Même Ingrid et Roberto lui faisaient faux bond. Revenant des toilettes, elle entra dans la chambre de Charlie. Elle roula sous la couette, somnolente, avant de remarquer que là aussi, elle serait seule. Charlie n’était pas dans son lit. Mais Enid avait trop, bien trop sommeil pour se relever et chercher encore de la compagnie. Elle s’endormit.
A côté, éveillé par un rude coup de talon de Désirée qui rêvait de pédalo, Geneviève s’adossa à ses oreillers. Elle distingua le pyjama jaune de Désirée, se demanda comment elle avait pu atterrir là, puis elle se dit que, puisque Désirée se trouvait là, son lit était vacant et elle pouvait donc aller y dormir. Geneviève se leva et se rendit dans la chambre d’Enid. Où il n’y avait personne, dans aucun lit. Geneviève se coucha dans le premier, celui d’Enid. Et dormit.
Hortense, qui avait vu passer l’ombre de Geneviève par l’entrebâillement de sa porte, se leva pour lui faire la causette. Hortense était sensible aux pleines lunes. Mais quand elle fut dans le couloir, Geneviève avait disparu. Hortense alla ouvrir le lit clos. Elle n’y trouva que Désirée qui ronflait en faisant du pédalo. Elle ressortit, vit la chambre d’Enid ouverte et Geneviève dans le lit d’Enid. Hortense se coucha dans l’autre lit, celui de Désirée ; il était vraiment trop petit ; elle alla se réfugier chez Charlie. Mais la chambre était désormais occupée par Enid.
Hortense décida de regagner ses pénates. Surprise. Harry, entre-temps, s’était levé et y avait trouvé de quoi dormir. Il ronflait comme un bienheureux.
Hortense erra deux minutes dans le couloir et… tomba sur Bettina qui avait encore soif, et qui, charitablement, l’invita à partager sa chambre.
Au matin, presque tout le monde se réveilla dans une chambre qui n’était pas la sienne.
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Elle a attendu un moment avant de se décider à parler.
- C’est… cette maison, articula-t-elle dans un souffle quasi inaudible. La nuit, elle… elle me fait peur.
Ses doigts effleurèrent le clavier d’Alice, comme pour étouffer l’écho de ce qu’elle venait de dire.
- Peur ? Pourquoi ?
In petto j’étais d’accord. Cette baraque aurait fichu la trouille à n’importe qui de la vraie vie. Mais était-on dans la vraie vie, ici ? Marni avança plus près, en tenant son tabouret.
- Le soir, il y a ces bruits… Chaque soir. A la même heure. Vers onze heures.
- Des bruits ? ai-je répété sottement.
- Ça me réveille. Enfin, j’ai l’impression que ça me réveille. Je sais qu’il est 11 heures parce que la grande pendule du palier sonne onze coups.
- Celle dont les aiguilles ont du mal à dépasser 11 heures ?
- Roch les remet à l’heure… Mais une fois qu’elle a sonné les onze coups, elle ne sonne plus. Et après… j’entends les bruits.
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(...) le fils Tolliver, jeune homme " très près d'être beau", à l'instar du Dr Tilney de Miss Jane Austen, s'il n'avait été chicané par le strabisme qui lui faisait contempler simultanément le soleil levant et le couchant - formule limpide dont l'auteur était la mère de Flannery.
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C'est devenu un garçon occupé. Il écrit des blagues dans des magazines, des gags pour la télévision, sous le nom de Woody Allen. Königsberg faisait trop germanique à son goût.
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- Fran nous a invitées, Loulou, les soeurs Vitex et moi.
- La chance, d'avoir des potes friquées !
- Maman, c'est toi qui....
... qui t'ai mise dans cette boîte privée, je sais.
Catherine Ayre a soupiré et j'ai deviné quel regard exactement elle avait en cette seconde. Celui qu'elle a lorsqu'elle entre dans ma chambre et qu'elle y trouve tout parfaitement en ordre. La sienne est un tel bazar de bouquins en piles, de meubles et d'objets inutiles, qu'elle culpabilise. Parfois je m'efforce de ne pas trop ranger mes affaires. Afin de ne pas l'embarrasser. Mais j'ai du mal à le faire sur la longueur.
Le désordre me dérange.
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Versailles, je ne m'en souviens pas bien. Il y avait maman. Je me rappelle juste qu'elle me lavait les cheveux. La serviette douce et parfumée. Elle était blonde, maman, et il me semble qu'elle était jolie.
Et puis, petit à petit, la serviette est devenue toute rêche. Plus de parfum, juste des trous et des effilochures. Papa restait à la maison. Maman était au lit. Puis elle est morte. On est restés tous les deux, avec papa. Mais un jour, il m'a emmené à la campagne, chez des gens. Je n'aimais pas.
Quand papa est revenu, il n'avait toujours pas de travail mais il avait trouvé une maison. Une maison avec un drôle de nom : le "squat", il appelait ça. Il y avait d'autres familles avec nous. Je n'aimais pas. Puis ce fut le garage de Neuilly. Enfin, papa a trouvé la péniche. Ensuite, il a connu Mona. Et voilà.
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Le hic, avec la modernité, c'est qu'elle a ses aigreurs, ses bouderies, ses syncopes, ses congés payés, ses entractes, ses interruptions, ses black-outs, ses RTT, ses vapeurs, ses absences, ses accès d'Alzheimer... Le constat est alors immuable, quels que soient le siècle considéré et la modernité concernée : ça ne fonctionne plus.
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"Comment ma main peut-elle tracer des mots pilotés par une autre main ? Écrire des mots décidés par un cerveau qui n'est pas le mien ? - Ta main ? Pourquoi parles-tu de ta main...Quels trucs ? La quatrième dimension...Les morts qui veulent dire des choses à ta place...Tu y crois ?"
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- Tes parents vous ont abandonnées ?
- Alors là ! Pas du tout leur genre... ils sont morts.

'Il pose de drôles de questions... mais au fond il n'a pas tout à fait tort... est-ce qu'on n'a pas été abandonnées... après tout ?'
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- Aviez - vous autre chose à nous dire Mr Toresca ? s'enquit Wanda. Parce qu'on se dépêcherait mieux, vous comprenez.
Les lobes virèrent au cramoisi, et leur envie de rire devint une torture.
- On annonce Clark Gable pour neuf heures. A neuf heures, je veux tout le monde sur le pont !
- Yes, sir.
Quand il eut disparu, Wanda émit un discret caquètement.
- Je plains sa mère de n'avoir jamais eu d'enfant, soupira Peggy.

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Plus le temps passe, plus ma grand-mère prend des allures de théière anglaise. Sa peau blanche, discrètement rosée aux pommettes. Ses cheveux crème qui moussent en chignon sur ses oreilles fines. Et l'impression qu'elle est catégoriquement incassable.
p.23
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On entre dans la période des cachotteries de Noël. On essaie de ne pas être vu avec des achats, on s'enferme à double tour pour emballer des cadeaux qu'on fourre dans des endroits où ils sont censés n'être jamais découverts. On s'organise
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« Etre fille unique, j'aurais adoré. Puis je me rends compte que ça signifie cette chose affreuse : je me serais retrouvée orpheline à la mort de maman et papa, et alors j'ai un frisson. Pourtant c'est difficile d'être 1 parmi 5, une dans la multitude. »
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Ce midi-là, Papa faisait rissoler des gnocchis.
- Entre hier et aujourd'hui, a noté maman en goûtant un gnocchi, on n'a pas avalé les cinq fruits et légumes réglementaires.
- Les nounours à la cerise, ça compte ? demanda Petit Jules.
- Il y avait la feuille de salade avec les nems au crabe, hier, dis-je.
- Tu as retiré la feuille de salade ! dit Papa.
Il restait son parfum.
Bien entendu, il a fallu se dépêcher au dessert. Qui n'était pas un fruit. Mais Papa a promis de se rattraper le soir.
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Enid courut le long de la bosse centrale du chemin, là où le genêt traçait un joli jaune fanfaron. Son sac à dos lui donnait la silhouette d'une tortue en compétition avec un lièvre invisible.
Le drôle de chemin. Il y avait beaucoup d'agitation au creux des broussailles, des frémissements, des frénésies miniatures.
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Le chauffage chauffait. Trop. Papa n'arrive jamais à le régler. La voiture réclamait à boire. Et moi je me demandais pourquoi je n'avais pas pris le train. En certaines circonstances, ce n'est pas pire que la bagnole. Surtout si la bagnole en question est encombrée d'une pouffe qui sent le gingembre ou le curcuma. Et d'un père qui conduit comme l'as de pique et se la joue as de coeur.
La compagnie de Deena cependant se révéla moins désagréable que prévue. Bien sûr il n'était pas question de lui demander de vous expliquer l'effet de Foehn, ni même d'aligner une critique du dernier Guillaume Musso... Mais son humeur était plutôt joyeuse et, comme avec la soufflerie à 30 degrés Celsius son eye-liner Cléopâtre ramollissait et qu'elle ne le savait pas, on pouvait même la trouver touchante.
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D’abord désireux de ne pas se laisser distraire par le troublant parfum de la demoiselle, il se sentit bientôt happé par ce qui se passait sur la toile.
Elle montrait un corps de femme jeté au sol, une lame banche enfoncée dans le cœur. Une mèche masquait la figure, excepté la bouche, grande ouverte dans un cri. Un long, et interminable, et abominable cri.
L’artiste l’avait exécutée au couteau, à la fois avec rugosité et délicatesse, âpreté et beauté. Il y avait du monstrueux, là-dedans, du délire et de la rage, de la maladie, de l’ivresse, de l’adoration aussi.
Antonin avança de deux pas vers la toile. Ce qu’il vit le frappa de stupeur, le laissa médusé.
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Il fallait bien admettre qu'un écran ne restituait jamais la vérité d'un pigment, ni du grain de la toile ou de son éclat, ni des reliefs. Internet traduisait la vie aussi mal qu'une carte postale un paysage réel.
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C’est l’histoire d’un p’tit pâtissier
Dont l’amour se perd
Ainsi qu’un éclair :
Je lui ai offert un saint-honoré
J’en suis tout baba
Car elle s’en moka
Alors je pleure comm’une mad’leine…

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Le serveur vient s'enquérir si tante Astarté désire du citron pour son thé.
- Malheureux ! Jamais ! Du beurre d'escargot tant que vous y êtes !
Le serveur repart, l'air positivement charmé de s'être fait houspiller.
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