À 15 ans elle connut la haine, la haine et le paroxysme de la violence qui auraient pu la détruire, celle des camps nazis, ou seules la force de caractère et beaucoup de chance permettaient de survivre à l'horreur et, plus tard, de témoigner. Elle partagea cette douloureuse expérience dans "Et tu n'est pas revenu"...Elle y parla aussi et surtout de son premier amour masculin, de son père qui, toute la vie lui manqua, et dont l'absence détruisit la famille.
À 89 ans, elle ouvre une vieille valise à laquelle elle n’avait pas touché depuis plus de cinquante ans, sa "valise d'amour" dans laquelle se mêlent, lettres, mots reçus, pneumatiques (seuls les plus anciens d'entre nous s'en souviennent), des attentions reçues de personnes qui partagèrent quelques instants ou quelques années de vie avec elle, de personnes qui, toutes, comptèrent pour elle.
Au retour des camps, la haine, la rancœur, le repli sur soi auraient pu l'emporter, mais l'amour de la vie fut bien plus fort. "C’est parmi les survivants que j’ai commencé à chercher l’amour. Ce n’était pas un choix, juste une question de cercles, de Juifs entre eux, de familles juives entre elles qui rêvaient de marier leurs enfants."
Mais c'est ailleurs qu'elle le trouvera.
Et c'est de cet amour de la vie dont elle nous parle, des autres amours de sa vie, de ses deux maris, Francis Loridan, jeune ingénieur en travaux publics, toujours à droite ou à gauche sur des chantiers à l'étranger, mari trop absent dont elle divorcera et Joris Ivens, cinéaste aux côtés duquel elle découvrira les métiers du cinéma, et réalisera plusieurs films ou documentaires, notamment sur des peuples luttant pour leur liberté...Elle gardera comme nom, jusqu'à sa mort, les deux noms juxtaposés de ces deux hommes. Elle n'était plus Marceline Rozenberg, mais Marceline de deux amours.
La jeune femme croquant la vie, eut également quelques amants de passage, après la séparation de ses conjoints.
De nombreuses autres rencontres remplirent sa vie d'amours, mais surtout d'amitiés vraies et durables. La plus importante fut sans aucun doute la rencontre de Simone, Simone Veil complice des camps. Une complicité qui allait même, elle vous l'expliquera, par une proximité des chiffres tatoués sur les avant-bras...Faut-il croire à la numérologie ? Une amitié jamais prise en défaut. La politique les séparait, mais jamais elle ne put rompre cette proximité qui les unissait.
Mais il eut également des amis, Jean-Pierre Georges Perec, Jean Ferrat, Jean Wiener, Roland Barthes, Edgar Morin, et j'en passe. Chacun eut sa part d'importance dans sa vie.
Cette frêle femme en apparence était aussi une boulimique de travail, une boulimique désireuse de connaître notre monde et de faire connaître d'autres cultures par l'intermédiaire du cinéma, aux côtés de son mari Joris Ivans, et aussi une boulimique de la liberté et des droits de l'homme, notamment lors de la guerre d'Algérie "...une Juive survivante d’Auschwitz a tout fait pour sauver des femmes arabes de la torture et du viol. Il est là le sens de l’Histoire, et de l’humanité..." et aussi à l'occasion de celle du Vietnam.
Une vie d'engagements
Cette dame était admirable, il est impossible de ne pas l'aimer encore plus après cette lecture, de ne pas l'admirer, de ne pas regretter de ne pas l'avoir rencontrée.
Certes ce livre est moins connu, que "Et tu n'es pas revenu" que car beaucoup plus récent, il n'a été édité qu'en janvier 2018.
Il mérite, sans aucun doute d'être mis en lumière, il donne à chacun une belle leçon de vie.
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