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Critiques de Marceline Loridan-Ivens (300)
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Et tu n'es pas revenu

Marceline et Schloïme son père sont envoyés dans les camps en 1944. le père fera passer un billet à sa fille un jour qu'ils vont se croiser, avec une tomate et un oignon.

Environ 70 années plus tard, ce billet va lui permettre de poursuivre le dialogue avec son père, et de lier le passé avec le présent.

Elle nous livre son témoignage, ses réflexions.

Elle dit les difficultés des survivants à raconter, à être entendus, à vivre.

Elle s'inquiète devant la montée du terrorisme au 21ème siècle.

Il y a beaucoup d’intensité dans ce livre.

L'auteur, née en 1928 est encore à ce jour, une des rares témoins survivants de cette période.

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Et tu n'es pas revenu

Livre très émouvant, "Et tu n'es pas revenu" écrit avec Judith Perrignon, journaliste et romancière, permet à Marceline Loridan-Ivens de s'adresser à Shloïme Rozenberg, son père, déporté en même temps qu'elle : « Toi à Auschwitz, moi à Birkenau ».

Elle a 15 ans quand elle vit ce drame comme des millions d'autres victimes de la barbarie nazie. Séparé d'elle par 3 km, son père réussit à lui faire passer un papier par l'intermédiaire de l'électricien qui changeait les rares ampoules des baraquements et cette lettre commençait par ces mots : « Ma chère petite fille. »

Petit à petit, les souvenirs reviennent. À Drancy, elle répète, comme les autres : « Nous allons à Pitchipoï », mot yiddish qui désigne une destination inconnue. Son père lui dit : « Toi tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas. » Ils se sont croisés une fois, entre Auschwitz et Birkenau et elle écrit : « tu étais encore assez fort pour être leur esclave, comme moi. » Cette rencontre a failli leur être fatale puisque Marceline a été frappée, insultée alors que son père hurlait : « C'est ma fille ! »

Le matricule 78 750 gravé sur son avant-bras gauche signifie qu'elle a été retenue pour travailler en se faisant passer pour plus âgée qu'elle n'était. Les enfants, comme les vieillards étaient immédiatement, dès leur arrivée, dirigés vers les crématoires…

Elle parle aussi du retour, de ce qui aurait dû être la fin du cauchemar mais qui se transforme en une épreuve : « Personne ne voulait de mes souvenirs… » Sa mère veut savoir si elle a été violée et ne comprend pas que « nous étions la sale race juive, des Stück, des bêtes puantes. »

En même temps qu'elle raconte la vie qu'elle tente de retrouver, reviennent les tris de Mengele, les déplacements incessants devant l'avancée des Alliés : de Birkenau à Bergen-Belsen puis à Raguhn, à Leipzig et enfin à Theresienstad en Tchécoslovaquie, en avril 1945 où elle retrouve enfin la liberté, perdant hélas Renée, sa meilleure amie, emportée par le typhus comme tant d'autres.

Elle parle aussi de ses tentatives de suicide, de ceux qui n'ont pas supporté, de son premier mari mais surtout de Joris Ivens, un poète, un artiste, un grand du documentaire venu de Hollande, un homme qu'elle suivra au Vietnam, en Chine…

Enfin, elle rappelle que 76 500 juifs de France sont partis pour Auschwitz-Birkenau, qu'à 86 ans « le double de ton âge quand tu es mort », elle fait partie des 160 survivants qui vivent encore sur les 2 500 qui sont revenus mais surtout que 6 millions et demi de juifs sont morts dans les camps. Fallait-il en revenir ? « Juste avant que je m'en aille, je saurai dire oui, ça valait le coup. »

"Et tu n'es pas revenu" est un témoignage à lire absolument car Marceline Loridan-Ivens y a mis tout son coeur en même temps qu'une énergie incroyable, cette même énergie qui lui a permis de franchir tant d'obstacles.




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Et tu n'es pas revenu

Récit court et fort à la réponse d’une lettre, à titre posthume, d’une femme à son père, déporté comme elle d’Auschwitz. Et comme l’indique sont tire : il n’est pas revenu. Témoignage bouleversant où le retour à ‘la normale’ semble impossible.
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Et tu n'es pas revenu

‘Et tu n’es pas revenu’, c’est le témoignage de Marceline Loridan-Ivens, une survivante des camps de la mort âgée de 86 ans « […] l’une des 160 qui vivent encore sur les 2500 qui sont revenus. »



C’est un témoignage qui prend la forme d’une lettre. La lettre d’une fille qui est revenue d’Auschwitz-Birkenau à son père Shloïme qui lui n’est pas revenu comme il l’avait prédit ; « Toi tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas. »



Dans cette lettre bouleversante, Marceline témoigne de ce qu’elle a vécu dans les camps. Ce sont les confidences d’une petite fille de 15 ans à son père tant aimé, 70 ans après les faits.

Elle lui confie tout de ses souffrances à Birkenau; la faim, le froid, les coups, les épidémies, la saleté, les humiliations permanentes, « l’odeur des corps qui brûlent », la peur de mourir, la peur de ne plus le revoir … la peur qui ne veut plus la quitter.

Elle se remémore aussi la dernière fois qu’elle a pu le serrer dans ses bras et lui donner le numéro de son bloc. Cette étreinte furtive lui vaudra un passage à tabac de la part de ses bourreaux.

Mais ce qu’il restera de cet épisode, n’est pas l’acte barbare mais le geste que seul un père peut avoir à l’égard de son enfant, l’acte nourricier … son père, au péril de sa vie, a eu le temps de lui glisser une tomate et un oignon pour que sa fille ait la force de continuer à vivre. Un acte d'amour au milieu de la barbarie.

Plus tard, son père réussira à lui transmettre un mot. Marceline ne se souvient pas du contenu de ce message, elle s’en veut et cherche toujours à se souvenir des derniers mots que son père lui a adressés. Alors, elle fait des suppositions et cherche des justifications à ce trou de mémoire qu’elle ne se pardonne pas. « Alors peut-être que ton mot, c’était trop de chaleur tout d’un coup, trop d’amour, je l’ai englouti aussitôt lu, comme une machine qui a faim et soif. Et puis je l’ai effacé. Y penser trop, c’était laisser venir le manque, il rend vulnérable, il réveille les souvenirs, il affaiblit et il tue. »



Elle écrit aussi sur les longues marches de la mort et se demande à quel endroit se trouve le corps de son père. « […] tu avais quitté le camp avec la marche de la mort au mois de janvier 1945, qu’on t’avait vu à Dachau ensuite, que tu aurais dû y rester, mais que tu t’étais remis en marche pour soutenir un homme qui ne pouvait plus avancer sans toi … »

Dans sa lettre, Marceline nous raconte son retour des camps de la mort et encore une fois, c’est terrible. « J’aurais aimé te donner de bonnes nouvelles, te dire qu’après avoir basculé dans l’horreur, attendu vainement ton retour, nous nous sommes rétablis. Mais je ne peux pas. Sache que notre famille n’y a pas survécu. Elle s’est disloquée. »

« Tu aurais dû revenir. J’ai toujours pensé qu’il eût mieux valu pour la famille que ce soit toi plutôt que moi. Ils avaient besoin d’un mari, d’un père plus que d’une sœur. »



Pour finir, Marceline lui raconte sa vie de femme, ses métiers, ses deux mariages, son refus d’avoir des enfants et son retour à Auschwitz-Birkenau en 1991 où elle a « cherché l’endroit où tu [son père] avais glissé l’oignon et la tomate ».

‘Et tu n’es pas revenu’ c’est bien plus que le témoignage poignant d’une survivante des camps de la mort … c’est une magnifique déclaration d’amour d’une fille à son père.



A lire absolument et à faire lire aux jeunes générations pour ne pas oublier et pour que cela ne se reproduise plus jamais.







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Et tu n'es pas revenu

Sans un mot de trop, avec beaucoup de pudeur, l’auteur âgée de 86 ans, se souvient des pires heures de sa jeunesse, le temps de l’antisémitisme et de la barbarie nazie. Un récit plein d’amour pour ce père qui n’est pas revenu face à l’incompréhension de sa mère, de ses frères et sœurs et de tous ceux qui n’ont pas connu l’horreur des camps. Il y a peu, Marceline Loridan-Ivens a demandé à la femme de son aîné : "Maintenant que la vie se termine, tu penses qu'on a bien fait de revenir des camps?" Marie a répondu : "Je crois que non." Voilà tout est dans cette phrase.
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Et tu n'es pas revenu

Juste un livre qui devrait être lu par le plus grand nombre : parce qu'il donne un regard sur la déportation et l'"après", un regard pas toujours complaisant ,Madame Loridan - Ivens ne se donne pas toujours le beau rôle et c'est en ce sens qu'elle force mon admiration , un regard qui nous remplit d'effroi et de culpabilité devant les bouches qui doivent se taire au retour en France, un regard pour dire le courage , la résistance, l'horreur et l'inhumanité.



Une lettre au père tant attendu et tant regretté , son retour aurait surement changé les destins.



Difficile de parler de ce petit livre, juste qu'il ne faudrait pas passer à coté....
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L'amour après

Déportée à 15 ans, Marcelline Rozenberg est revenue de Birkenau comme coupée en deux : elle était en même temps une jeune fille et une survivante. Comment concilier les rêves et les envies de l'une avec les profondes blessures et les cauchemars de l'autre ?

En replongeant dans ses souvenirs et des parcelles de son passé (lettres, mots doux, photos) contenues dans une valise, Marcelline, alors octogénaire, nous décrit son combat pour faire cohabiter les deux. Elle nous parle d'amour, comme le titre l'indique, mais aussi d'amitié.

L'amour, c'est celui que l'on cherche dans l'élan de la jeunesse : la séduction, les histoires d'un soir, la découverte des corps, la recherche de la jouissance, difficile, fuyante et qui semble, à force, désespérément et définitivement inaccessible. Comment jouir avec un corps et un esprit marqués par la souffrance?

L'amour, c'est aussi celui qui s'écrit avec une majuscule, c'est l'homme unique, le compagnon parfait dont la jeune fille rêve aussi. Il n'est pas plus facile de le trouver.

L'amitié, ce sont les autres filles perdues qui écument St-Germain-des-Près comme le fait Marceline. Ce sont aussi des liens avec des hommes, anciens amants ou non, qui restent fidèles et à l'écoute au fil des décennies. Et l'amitié, ce sont les autres survivantes, aux parcours parfois totalement différents, sérieux, bourgeois, rangés. L'une d'elles est Simone Veil.

L'amour et l'amitié, Marcelline Loridan-Ivens en parle magnifiquement, avec franchise, parfois crûment, parfois avec espièglerie, toujours avec lucidité, honnêteté et une grande tendresse pour les multiples personnages de sa vie hors normes.

C'est beau, touchant et porteur de réflexions profondes sur le sens de ces deux sentiments.
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Et tu n'es pas revenu

C’est une réponse à une lettre. Ou plutôt à un mot, griffonné sur un petit bout de papier, dont elle a oublié le contenu, n’en retenant que la première ligne -"Ma chère petite fille"- et la signature -"Schloïme" : le prénom de son père-. Il le lui a fait parvenir lors de leur internement, elle à Birkenau, lui à Auschwitz, par l’intermédiaire d’un détenu électricien, qui circulait d’un camp à l’autre. Tous deux furent arrêtés en avril 1944 à Bollène, parce qu’ils étaient juifs. Ils furent d’abord internés à Drancy, où son père prédit à Marceline que lui, en raison de son âge, ne reviendrait pas.

Sa fille, et en cela aussi il avait vu juste, a survécu, malgré son frêle gabarit. Elle avait seize ans lors de son internement.



Cette réponse, qui ne parviendra jamais à son destinataire, est d’abord un témoignage. Les épisodes de la vie au camp y sont exprimés de manière factuelle, les souffrances conséquentes évoquées de façon détournées, le miracle que représentent une tomate ou un oignon révélant par exemple l’ampleur dévastatrice de la faim. Marceline, d’ailleurs, l’écrit : là-bas, contrairement à "dans la vraie vie", il fallait "geler de l’intérieur pour ne pas mourir". Laisser venir le manque ou réveiller les souvenirs tuent ; aussi l’esprit se contracte, le futur dure cinq minutes, on perd la conscience de soi-même. La mort est trop omniprésente pour que l’on s’en émeuve, même voir des enfants s’y rendre devient banal. Les faits traduisent le reniement de leur humanité, la perte de leur individualité, exception faite de la caractéristique que constitue une judéité qui ici aussi, relègue les juifs au plus bas de l’échelle, derniers des sous-hommes.



Elle évoque ensuite cet autre enfer qu’est le retour. Dès qu’il vient la chercher à la gare de Bollène son oncle, lui aussi rescapé d’Auschwitz, la prévient : "ne raconte pas, ils ne comprennent rien". L’indicible se heurte entre autres à l’impossibilité de comprendre d’une mère qui souhaite surtout savoir si elle est toujours vierge et donc bonne à marier. Marceline n’a pas la force de lui expliquer que là-bas, ils n’étaient plus ni hommes ni femmes, mais des bêtes puantes. Avec son père seulement, des retrouvailles auraient été possibles, elle aurait pu partager l’expérience du camp. Lui seul aurait pu comprendre le traumatisme qu’elle a gardé à vie : le dégoût de son corps marqué et son horreur de l’élasticité de la chair, sa terreur face aux cheminées d’usines et aux quais de gares, son refus d’avoir des enfants…



"Notre famille, après toi, était devenue un endroit où l’on appelait au secours mais personne, jamais, n’entendait."



Elle exprime également la culpabilité d’être celle qui est revenue à la place d’un père qui aurait sans doute évité la dislocation familiale qui a suivi ce retour, et le regret des conflits ainsi que des complicités qu’ils n’auront jamais connus. Mais paradoxalement, elle en garde aussi une part précieuse, des bouts de lui qui n’appartiennent qu’à elle, qui a eu le privilège de connaître ses derniers pas, ses derniers mots, ses derniers baisers. On devine, à travers les mots qu’elle lui adresse, sa relation privilégiée avec ce père que leur mère avait laissé être avec ses filles la tendresse et l’autorité, elle gardant surtout des attentions pour ses fils, se montrant brusque avec Marceline et ses sœurs, qu’elle ne considérait que comme un prolongement d’elle-même.



Elle décrit, enfin, la difficulté à continuer, une fois revenue au monde. Elle qui là-bas n’a jamais renoncé à vivre, sera souvent débordée par le désespoir, et fera plusieurs tentatives de suicide. Mais peu à peu, portée par la nourriture intellectuelle de la joyeuse jeunesse germanopratine et par les forces à mobiliser pour conquérir sa place en tant que femme, puis par l’amour d’un homme et les combats à mener contre l’éternelle injustice, cette humaniste pourtant dénuée de toute illusion sur la nature humaine et devenue défiante envers toute idéologie, finira par trouver un sens à l’existence et même par admettre, avoir connu quelques beaux jours tout de même…
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Et tu n'es pas revenu

Rescapée de la Shoah, Marceline Loridan-Ivens, née à Epinal en 1928 dans une famille juive polonaise et décédée en 2018 à l’âge de 90 ans, était aussi cinéaste, scénariste, actrice et autrice. Au même titre que Simone Veil, elle fut un témoin marquant de la mémoire des déportés. Arrêtée en mars 1944, elle est internée quelques jours à Drancy puis déportée au camp d’Auschwitz-Birkenau, puis à Bergen-Belsen et finalement à Terezin. Elle recouvre la liberté à la libération du camp, le 10 mai 1945 par l'armée rouge.



Et tu n’es pas revenu est une lettre à son père déporté avec elle, dont les mots prophétiques l’ont hantée toute sa vie : “Toi tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas”. Elle raconte les horreurs du camp d’extermination où elle creusait des fosses pour les juifs assassinés et triait leurs effets personnels, la déshumanisation, la manière dont elle a échappé aux sélections de Mengele et à la chambre à gaz. Mais elle évoque aussi le dur retour à la vie, une fois sa liberté retrouvée, lorsque toute envie de vivre se transforme parfois en regret de ne pas y être restée.



Parce qu’au moment où elle rentre enfin, la plupart des gens n’a plus qu’une envie : oublier la guerre et se reconstruire. Ils ne veulent pas entendre son histoire, écouter son témoignage. Son oncle, lorsqu’il la retrouve sur le quai de la gare, lui dit : “Ne raconte rien, ils ne peuvent pas comprendre”.



Marceline finira pourtant par témoigner sur la Shoah à travers le cinéma puis l’écriture. Après deux tentatives de suicide, elle retrouve un semblant de joie de vivre dans les clubs de Rive gauche, en se plongeant dans une vie trépidante. Elle épouse, en secondes noces, Joris Ivens, un documentariste avec lequel elle milite pour l’avortement, contre la guerre du Vietnam, la Chine maoïste et toutes les dictatures. Mais elle gardera toujours en elle cette plaie ouverte, cette culpabilité d’être revenue sans ce père aux rêves démesurés.



Un témoignage poignant mais plus que jamais nécessaire. En juin 2017, à la disparition de Simone Veil, elle confiait à l’AFP : “C’est la fin d’une époque, celle des témoins de l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis”. Ses écrits restent, à nous de les transmettre.
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L'amour après

Une belle leçon d'humilité sur la façon toute personnelle que Marceline a de se raconter, sans fards.

On l'y découvre éternellement marquée par son dramatique vécu, et avec une certaine acceptation d'avoir été amputée à ressentir les sensations de l'amour, jusqu'à la rencontre avec Joris. Là quelque chose semble se mettre en place qui lui permettra de toucher du doigt un certain bonheur, le bonheur d'être celle qu'elle est, d'être libre de se développer comme elle l'entends.

Une remarquable introspection sur les souvenirs qu'elle accepte de livrer, comme de tenter d'y trouver un éclairage à sa vie.

Une lecture dont on ne ressort pas indemne, envahie d'émotions parfois intenses. Elle a su remplir sa mission de délivrer à ceux qui souhaitent comprendre, l'impression indélébile de cette période apocalyptique.
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L'amour après

A travers la plume de Judith Perrignon, Marceline Loridan-Ivens nous raconte son rapport à l'amour et à son corps.

A travers les lettres qu'on lui a envoyées, elle retrace sa construction après la déshumanisation. Jeune fille brisée en pleine adolescence par les camps, plus fille mais pas vraiment femme accomplie.



Marceline nous interroge sur le sens de la vie, sur celui que voudrait lui donner la société, surtout quand on est de sexe féminin. Elle évoque le retour à la vie après les camps. Trop rapide après l'horreur. Ceux qui ne les ont pas vécus et qui veulent tout de suite reprendre les choses là où elles avaient été laissées.



Marceline énumère certains hommes de sa vie. Ceux qui ont compté. Parce que comme elle dit, "aimer une personne c'est l'aider à vivre". Et elle a bien besoin qu'on l'aide à vivre la pétillante Marceline, qui ne sait pas pourquoi elle a survécu, qui n'a pas de but mais qui s'oblige quand même à avancer.



Après ma lecture, j'ai refermé ce livre sans être vraiment convaincue. Pour nous raconter son histoire, Marcelline va a mille à l'heure, elle évoque sans s'attarder. Du coup, j'ai eu l'impression de survoler ses propos sans vraiment m'en imprégner. Et puis, en y réfléchissant, j'ai trouvé son témoignage assez puissant finalement. Elle reflète sûrement une certaine mentalité d'après guerre. Celle de ces gens brisés qui ont dû se reconstruire, qui ne savaient pas et qui ne pouvaient pas mettre des mots sur ce qu'ils avaient vécu. Parce que c'était difficile et qu'on ne voulait pas forcément les écouter. Tout va vite dans ce livre, comme le temps qui passe. La soif de liberté de cette femme a été immense. Elle est décédée le 18 septembre 2018. J'espère qu'elle a pu trouver la paix qu'elle n'a pas l'air d'avoir vraiment trouvée ici-bas.
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L'amour après

L'amour après quoi? (pour ceux qui ne connaissent pas (encore) l'auteur). Hé bien, les camps. Non, ne fuyez pas, c'est encore un livre formidable et incontournable que nous offre Marceline Loridan-Ivens.



"Il n'y eut, après les camps, plus aucun donneur d'ordres dans ma vie."



Un jour elle ouvre une valise rangée chez elle, et cinquante ans après retrouve des lettres d'amis, d'amants, de son premier mari. Les souvenirs défilent pour nous lecteurs. On sent une femme droite dans ses bottes, décidée à vivre à 200 à l'heure, sans langue de bois. Ne pas s'attendre à des révélations trop intimes." Il m'a fallu du temps pour comprendre que le plaisir vient du fantasme, puis de l'abandon. J'avais peur de l'abandon, c'était l'une des pires choses au camp, se relâcher, abandonner la lutte de chaque jour, flirter avec volupté vers l'idée que tout vous est égal, et devenir une loque qui n'attend plus que la mise à mort". Elle nous parle aussi avec émotion de Simone (Veil), d'ailleurs elle est restée en contact plus ou moins rapproché avec les jeunes femmes connues 'là-bas'.

C'est du franco, à prendre comme elle est. Même l'amour vécu avec Joris Ivens sera non conventionnel.
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Et tu n'es pas revenu

Coup de cœur pour ce bouleversant témoignage d'une rescapée des camps de concentration. Je ne suis généralement pas attirée par ce genre d'ouvrages mais au vu des nombreuses critiques élogieuses lues à son sujet, je me suis (pour une fois) laissée tenter. Et je ne regrette pas ! Je l'ai lu d'une traite et j'en suis ressortie comme "sonnée". Ce témoignage poignant, écrit avec beaucoup de pudeur, m'a profondément touchée.

A lire absolument, ne serait-ce que par devoir de mémoire (certains ont la mémoire courte... mais malheureusement, ceux-là ne liront jamais ce genre d'ouvrage !)

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L'amour après

"J'ai tout vu de la mort sans rien connaitre de l'amour."



Marceline a 16 ans en 1944, quand, déportée à Auschwitz, elle est confrontée pour la première fois au corps de l'Autre, contrainte de se tenir nue devant des centaines d'étrangères, pour être examinée, tatouée et rasée.



Dans les douches, elles observe ces corps nouveaux qui ont encore des formes, qui sont encore humains. Elle y remarque celle qui sera sa voisine de paillasse pendant une année de concentration, celle dont l'amitié durera toute une vie, Simone Veil, parce qu'elle est "la mieux roulée d'entre toutes".



Une année en enfer durant laquelle elle subira le pire de la violence, de l’humiliation, durant laquelle son corps ne sera que souffrance et dont la seule assignation sera de ne pas céder.



Mais lorsque l'on s'éveille ainsi à la nudité, à l'altérité des corps, comment fait-on, après?



Comment aime-t-on après, quand on a appris à n'être rien ?



"Je me cherchais dans les regards et je ne voulais pas y voir mon âme perdue."



A son retour des camps Marceline est une jeune femme qui lutte pour ne pas être une survivante.



Mais elle ne sait pas aimer.



Dans L'amour après, Marceline Loridan-Ivens replonge dans ses souvenirs et raconte son rapport à l'amour, plus que ses rapports amoureux.



Elle a vécu comme un femme libérée, allant d'homme en homme, semant chaos et désespoir, comme en témoignent les extraits de correspondances qu'elle nous livre, où l'on retrouve un Edgar Morin résigné, un Georges Pérec, fou d'amour.



"Je m'entrevois, si indécise, si dure plutôt que de me laisser voir en miettes."



Car au fond elle ne fût jamais libre.



Jusqu'à Joris.



Car il s'agit là encore d'une déclaration d'amour passionnée à celui qui fût son second mari, et qui lui permis enfin d'être elle-même.



L'amour après est un récit passionnant, sublimé par une plume vive, emplie de gaieté.



Marceline Loridan-Ivens, accompagnée de Judith Perrignon, s'y dévoile avec pudeur, mais sans voile, et avec une simplicité absolument bouleversante.



Au-delà de la vie de l'auteure, L'amour après éclaire les enjeux du rapport au corps brutalisé, aux chairs traumatisées et de la reconstruction de ces "âmes perdues" que sont, d'une manière générale, les victimes de violences.



"Mon corps n'était plus un enjeu enfin."



L'amour après souffle l'espoir, le lâcher prise, l'abandon...



Marceline Loridan-Ivens est magnifique, d'une rare modernité.



Elle donne envie de vivre, elle donne envie d'être libre.



Plus de lectures sur : https://chatpitres.blogspot.fr/
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Et tu n'es pas revenu

Un roman poignant sur la difficulté de vivre après avoir connu lhorreur des camps, et surtout sur l'absence et la difficulté de faire son deuil en l'absence de corps, de date, de preuve tangible du décès. Le père de Marceline Loridan Ivens est celui qui n'est pas revenu, alors qu'ils ont été déportés ensemble lorsqu'elle avait 15 ans.

Ayant connu l'horreur de Birckenau, elle sait que son père est mort, mais où, quand, comment...? Le faire part du ministère ne mentionne rien, il est simplement porté disparu.

Ce livre présenté sous la forme d'une lettre à ce père décédé à 43 ans quelque part en Pologne est un témoignage émouvant et permet d'appréhender la difficulté du retour et l'impossibilité de parler de ce qui s' est passé la bas.
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Et tu n'es pas revenu

Marceline Loridan-Ivens est née Rozenberg à Épinal dans les Vosges le 19 mars 1928. Arrêtée les 29 février 1944 parce qu'elle était juive, emprisonnée à Avignon et Marseille, elle est conduite en train au camp de Drancy le 1er avril 1944, puis déportée quelques jours plus tard à Auschwitz-Birkenau où elle passe sept mois. Elle est transférée au camp de Bergen-Belsen, puis au Kommando de Raguhn avant d'être déplacée au camp-ghetto de Terezin où elle recouvre la liberté le 10 mai 1945.



Cette histoire singulière d'une adolescente victime de la tragédie de l'Histoire, Marceline Loridan-Ivens l'a évoquée plusieurs reprises dans Chronique d'un été (un film de Jean Rouch et Edgar Morin, 1960) et dans son propre film La petite prairie aux bouleaux en 2003. En 2015, c'est à la romancière Judith Perrignon que Marceline Loridan Ivens se confie. Ensemble, elles rédigeront Et tu n'es pas revenu, un court roman sous la forme d'une lettre bouleversante et poignante que Marceline adresse à son père, qui, lui, n'a pas échappé aux bourreaux nazis d'Auschwitz-Birkenau. Elle lui raconte, sans aucun pathos et sur un ton presque détaché, l'horreur de sa déportation, sa captivité, son retour en France, sa vie d'après ou plutôt l'impossibilité d'une vie après, tant la douleur et la colère restent intactes...



«J'aurais aimé te donner de bonnes nouvelles, te dire qu'après avoir basculé dans l'horreur, attendu vainement ton retour, nous nous sommes rétablis. Mais je ne peux pas. Sache que notre famille n'y a pas survécu. Elle s'est disloquée. Tu avais fait des rêves trop grands pour nous tous, nous n'avons pas été à la hauteur.»



De l'horreur des camps de la mort, je pensais que tout avait été dit avec l'œuvre de Primo Levi. Les mots exceptionnels de Marceline Loridan-Ivens prouvent le contraire. Et tu n'es pas revenu est un tout petit roman d'une intensité rare que tout le monde devrait lire, tout simplement parce qu'il faut témoigner d'Auschwitz et de l'horreur du système concentrationnaire !



«La mémoire, bien qu'elle se réfère au passé, se vit toujours au présent.»



Alors que nous assistons à une résurgence effrayante d'actes antisémites, il est plus que jamais nécessaire d'entendre la voix d'une des dernières survivantes des camps de concentration !
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Et tu n'es pas revenu

Voilà un livre à ne pas lire par un jour de déprime,mais à lire, assurément. La force de ce témoignage, c'est la technique narrative. L'auteur devenue adulte s'adresse à ce père déporté à Auschwitz-Birkenau en même temps qu'elle et qui n'en est jamais revenu. Il y a bien sûr le témoignage sur l'horreur des camps, glaçant, mais aussi une réflexion poignante sur le temps qui ne guérit pas vraiment les blessures, sur ses questions qui resteront à jamais sans réponses et sur ce constat amer que de nos jours, certains, de plus en plus nombreux, n'accordent guère d'importance, voire, peu de crédibilité, a ce qui s'est passé pendant la Shoah. La force de Marceline Loridan-Ivens c'est de remettre les choses en place, avec des mots simples et terribles. Inattaquable.
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Et tu n'es pas revenu

Voilà un moment que je voulais découvrir le livre de Marceline Loridan-Ivens, je suis ravie d'avoir enfin pu lire ce témoignage tellement poignant.



A travers ce récit Marceline parle à son père, victime des camps de concentration. Elle qui a survécu à l'horreur des camps et qui a dû réapprendre à vivre sans lui, lui explique tout le mal que son absence à engendrer et encore maintenant. Une femme inconsolable qui a connu tant d'atrocités, elle ne se remet pas de la mort de ce père qu'elle aime tant et qu'elle aurait tant aimé avoir auprès d'elle plus longtemps.



Comment rester insensible devant un tel témoignage, lourd de cette vie sacrifiée par la bêtise humaine, la haine, les fous de la dictature Hitlérienne. Malgré tous les témoignages que j'ai pu lire sur le thème de la seconde guerre mondiale, aucun témoignage ne se ressemble, ils sont tous aussi terrifiants les uns que les autres. L'écriture de l'auteure regorge de ses émotions, de ce mal qui lui "enserre le coeur" depuis qu'elle est revenue seule des camps de la mort sans son père alors qu'elle avait tant d'espoir pour sa survie.



Un témoignage de plus, qui nous montre l'importance du devoir de mémoire et qui retranscrit parfaitement les difficultés de revivre après avoir réchappé à la barbarie, ainsi que les difficultés de vivre avec le poids de l'absence de personnes chères.

Un grand merci à cette femme courageuse, pleine d'humilité...



"Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer."
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Et tu n'es pas revenu

Elle avait 15 ans."Tu reviendras parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas" lui avait dit son père lors de leur internement à Drancy.



Marceline LORIDAN-IVENS, décédée, a vécu l'horreur des camps de concentration et elle en est revenue, sans son père, et meurtrie à jamais de cette absence aussi lourde qu'une présence.



Ce livre est une lettre d'amour filial autant qu'un témoignage rappelant les atrocités vécues par des millions de personnes, hommes, femmes et enfants.



On ne peut rester insensible à ce texte d'une rare émotion, qui trouve son paroxysme quand Marceline avoue qu'elle aurait peut-être préféré ne pas revenir des Camps, plutôt que de vivre dans la culpabilité des survivants.



Le texte fait écho au sublime livre de Simone Veil, Une vie ainsi qu'au Journal d'Anne Frank.



Des livres, des mots pour ne pas oublier les milliers d'étoiles jaunes ou pas qui apportent un peu de lumière dans les nuages de l'obscurantisme qui perdure.



Se souvenir pour éviter d'autres traumatismes.



Ne pas refermer ces livres-là, jamais.
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Et tu n'es pas revenu

Je connaissais un peu Marceline Loridan-Ivens (1928-2018) surtout par ses documentaires engagés. Je n'avais pas de sympathie particulière pour une telle personne que, à tort ou à raison, je considérais comme trop extrémiste et provocatrice. Par ailleurs, je savais qu'elle avait été détenue en même temps que Simone Veil à Auschwitz-Birkenau; mais je n'avais pas réalisé l'extrême dureté de cette expérience. Plus récemment Delphine Horvilleur a évoqué sa mémoire dans "Vivre avec nos morts" - et c'est cela qui m'a décidé à lire ce témoignage.



Pendant toute sa vie, Marceline Loridan-Ivens n'a jamais cessé de penser à son effroyable séjour en camp de concentration, alors qu'elle était encore toute jeune fille. Elle a été arrêtée puis déportée, uniquement parce qu'elle était Juive. Et il se trouve qu'elle a échappé à la mort - conformément à la prophétie de son père qui, lui, n'a pas survécu. Avec franchise et simplicité, cette femme de 86 ans évoque en détails sa détention et ses travaux forcés, mais aussi son difficile retour en France en 1945. Par la suite, elle a estimé logique de s'engager en faveur des mouvements de libération nationale. A ce sujet, elle écrit (p. 94): « Je pensais qu'à travers la libération des peuples, qu'ils soient algérien, vietnamien, chinois, le problème juif se réglerait de lui-même. C'était une terrible erreur, l'avenir l'a prouvé ».



Quand on commence ce (bref) témoignage, on est tenté de se dire: « Encore un livre sur la barbarie nazie ! ». Mais, quand on l'a achevé, on se dit plutôt: « Comment est-il possible qu'il y existe encore des négationnistes ? ». Et on désespère, lorsque certains populistes tentent, maintenant, de conduire le peuple français sur les chemins de la haine.
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