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Citations de Marguerite Duras (2449)


Tatiana, elle, s’inquiétait autrement que les autres à propos de Lol : qu’elle ait si bien recouvré la raison l’attristait. On devait ne jamais guérir tout à fait de la passion.
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On tond quelqu'un quelque part en France. Ici, c'est la fille du pharmacien. La Marseillaise arrive avec le vent du soir jusque dans la galerie et encourage à l'exercice d'une justice hâtive et imbécile. Ils n'ont pas le temps d'être intelligents.
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Il pleure souvent parce qu'il ne trouve pas la force d'aimer au-delà de la peur.
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La solitude de l'écriture c'est une solitude sans quoi l'écrit ne se produit pas
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Même la guerre est quotidienne.
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Elle entre dans l'auto noire. La portière se referme. Une détresse à peine ressentie se produit tout à coup, une fatigue, la lumière sur le fleuve qui se ternit, mais à peine. Une surdité très légère aussi, un brouillard, partout.
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Il y a des gens qui n'attendent rien. Il y a aussi des gens qui n'attendent plus.
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Marguerite Duras
L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie.
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Viens.
Je n'aime rien.
Je viendrais autour de toi.
Viens à côté de moi.
C'est tout.
Je veux être à l'abri de çà.
Viens vite me mettre quelque part.
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Elle ne le regarde pas au visage. Elle ne le regarde pas. Elle le touche. Elle touche la douceur du sexe, de la peau, elle caresse la couleur dorée, l'inconnue nouveauté. Il gémit, il pleure. Il est dans un amour abominable.
En pleurant, il le fait.
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d’abord distraitement puis de plus en plus fort. Le chat se couche sur le dos, il ronronne du désir fou d’Aurélia. Aurélia se couche contre le chat. Elle dit : " Ma mère, elle s’appelait Steiner."
« Aurélia met sa tête contre le ventre du chat. Le ventre est chaud, il contient le ronronnement du chat, vaste, un continent enfoui.
Steiner Aurélia. Comme moi.
Je m’appelle Aurélia Steiner.
J’habite Paris où mes parents sont professeurs.
J’ai dix-huit ans.
J’écris. »
«C’est inventé. C’est de l’amour fou pour la petite fille juive abandonnée.
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L’appartement est grand, presque vide, presque tout a été vendu. La dame se tient dans l’entrée, assise sur une chaise, à côté d’elle il y a un revolver. La petite fille l’a toujours connue là à attendre la police allemande. Nuit et jour, la petite fille ne sait pas depuis combien d’année la dame attend. Ce que sait la petite fille c’est que dès qu’elle entendra le mot polizeï derrière la porte la dame ouvrira et tuera tout, d’abord eux et puis ensuite, elles deux.
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Arrosées plusieures fois par jour, vertes, fleuries, ces rues étaint aussi bien entretenues que les allées d'un immense jardin zoologique où les espèces rares des blancs veillaient sur elles-mêmes. Le centre du haut quartier était leur vrai sanctuaire.

(...)

La luisance des autos, des vitrines, du macadam arrosé, l'éclatante blancheur des costumes, la fraîcheur ruisselante des parterres de fleurs faisaient du haut quartier un bordel magique où la race blanche pouvait se donner, dans une paix sans mélange, le spectacle sacré de sa propre présence. Les magasins de cette rue, modes, parfumeries, tabacs américains ne vendaient rien d'utilitaire.L'argent même, ici, devait ne servir à rien. Il ne fallait pas que la richesse des blancs leur pèse. Tout y était noblesse.

(p.134-135)
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Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait. Il laissait à sa suite de gros nuages qui s'aggloméraient et se précipitaient comme aveuglés vers un gouffre de clarté. Le "septième" où ils logeaient semblait être à une hauteur vertigineuse. On y découvrait un paysage sonore et profond qui se prolongeait jusqu'à la traînée sombre des collines de Sèvres. Entre cet horizon lointain, bourré d'usines, de faubourgs et l'appartement ouvert en plein ciel, l'air chargé d'une fine brume ressemblait, glauque et dense, à de l'eau.
Maud resta un moment à la fenêtre, les bras étendus sur la rampe du balcon, la tête penchée dans une attitude semblable à celle d'un enfant oisif. Mais son visage était pâle et meurtri par l'ennui.Lorsqu'elle se retourna vers la chambre et qu'elle ferma la fenêtre le bruissement de la vallée cessa brusquement comme si elle avait fermé les vannes d'une rivière.
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Marguerite Duras
Je crois que c'est ça que je reproche aux livres, en général, c'est qu'ils ne sont pas libres. On le voit à travers l'écriture : ils sont fabriqués, ils sont organisés, réglementés, conformes on dirait. Une fonction de révision que l'écrivain a très souvent envers lui-même. L'écrivain, alors il devient son propre flic. J'entends par là la recherche de la bonne forme, c'est-à-dire de la forme la plus courante, la plus claire et la plus inoffensive. Il y a encore des générations mortes qui font des livres pudibonds. Même des jeunes : des livres charmants, sans prolongement aucun, sans nuit. Sans silence. Autrement dit : sans véritable auteur. Des livres de jours, de passe-temps, de voyage. Mais pas de livre qui s'incrustent dans la pensée et qui disent le deuil noir de toute vie, le lieu commun de toute pensée.
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Mais il n'y avait pas pensé. Pourtant, il était intelligent. Mais l'intelligence a ses habitudes de pensée, qui l'empêchent d'apercevoir ses propres contradictions.
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Un jour, j'étais âgée déjà, dans le hall d'un lieu public, un homme est venu vers moi. Il s'est fait connaître et il m'a dit : "Je vous connais depuis toujours. Tout le monde dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu pour vous dire que pour moi je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune, j'aimais moins votre visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté."
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JEUNE FEMME. - On aurait pu les appeler...
MADELEINE. - On aurait pu les appeler... les supplier de revenir. Mais on ne l'a pas fait... on ne l'aurait pas fait... C'était une affaire entre les amants... (Temps. Lenteur). Ils ont dû nager loin. Sur sa demande, à elle. Ça, c’est sûr. Et puis... ça a dû être comme l'arrivée du sommeil. (Temps long). À elle, la chose à dû être facile, elle était si fatiguée... ses couches dans la même nuit... À lui, non, ça n'a pas dû être possible, lui était dans toute sa force, il n'a pas pu s'en délivrer pour s'empêcher de nager. (Temps). C'est ce qu’on a dit partout, ce qu'on a écrit, ce qu'on a joué partout, partout.
JEUNE FEMME (visage caché). - Qu'est-ce que vous dites, vous ?
MADELEINE (net comme un verdict). - Je dis que c'est un instant comme la pierre est blanche. Sans plus personne. Tout à coup.
JEUNE FEMME. - Seulement la mer autour de la pierre. (Temps). Les cris. (Silence). C'est un instant de théâtre.
MADELEINE. - C'est un instant d'infinie douleur.

Scène III (Seconde version)
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Très vite dans ma vie il a été trop tard. À dix-huit ans il était déjà trop tard. Entre dix-huit et vingt-cinq ans mon visage est parti dans une direction imprévue. À dix-huit ans j'ai vieilli. Je ne sais pas si c'est tout le monde, je n'ai jamais demandé. Il me semble qu'on m'a parlé de cette poussée du temps qui vous frappe quelquefois alors qu'on traverse les âges les plus jeunes, les plus célébrés de la vie. Ce vieillissement a été brutal. Je l'ai vu gagner un à un mes traits, changer le rapport qu'il y avait entre eux, faire les yeux plus grands, le regard plus triste, la bouche plus définitive, marquer le front de cassures profondes. Au contraire d'en être effrayée j'ai vu s'opérer ce vieillissement de mon visage avec l'intérêt que j'aurais pris par exemple au déroulement d'une lecture. Je savais aussi que je ne me trompais pas, qu'un jour il se ralentirait et qu'il prendrait son cours normal. Les gens qui m'avaient connue à dix-sept ans lors de mon voyage en France ont été impressionnés quand ils m'ont revue, deux ans après, à dix-neuf ans. Ce visage-là, nouveau, je l'ai gardé. Il a été mon visage. Il a vieilli encore bien sûr, mais relativement moins qu'il n'aurait dû. J'ai un visage lacéré de rides sèches et profondes, à la peau cassée. Il ne s'est pas affaissé comme certains visages à traits fins, il a gardé les mêmes contours mais sa matière est détruite. J'ai un visage détruit.
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Elle avait aimé démesurément la vie et c'était son espérance infatigable, incurable, qui en avait fait ce qu'elle était devenue, une désespérée de l'espoir même. Cet espoir l'avait usée, détruite, nudifiée à ce point, que son sommeil qui l'en reposait, même la mort, semblait-il, ne pouvait plus le dépasser
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