Citations de Marlène Charine (130)
On peut construire des mondes entiers avec des « si », mais ils s'écroulent au moindre souffle d'air.
Les cœurs des pères sont enveloppés de matières plus épaisses et rugueuses, mais ils saignent de la même façon que ceux des mères.
Se retrouver avec un type pareil en guise de thérapeute tenait de la gageure. Tous ses clients, qu’’ils soient de sexe féminin ou masculin, devaient effectuer un transfert amoureux sur lui. Elle en tous cas n’aurait qu’une envie : qu’il la bascule sur son bureau pour la prendre avec brutalité. Qu’importe qu’il l’appelle Alice, Cécile ou Jean- Jérôme pendant l’acte. Bordel. Posséder autant d’assurance et de charisme devrait être puni par la loi.
Blandine avait cette générosité en elle, comme si elle débordait d'amour en permanence et qu'il fallait absolument en distribuer sous peine d'exploser en confettis multicolores.
Il n'existe qu'une seule certitude dans ce bas monde. Tout le monde finit par le quitter, tôt ou tard. Le reste n'est que probabilités.
Les barreaux qu'on choisit pour soi sont toujours les plus épais. Mais aucun n'est infranchissable.
Parfois, quand tout nous échappe, nous échappons à nous-même également.
Le cerveau enfouit les souvenirs douloureux très profond et se persuade qu'ils n'ont jamais existé.
D'aucun disent que le pire, c'est de ne pas savoir. D'attendre dans l'incertitude, de ne pouvoir qu'espérer. Silke n'en était pas tout à fait convaincue. Dans certains cas, l'ignorance s'apparente à un bienfait. La vérité... La vérité à une vilaine tendance à vous exploser à la gueule comme une grenade artisanale, vous laissant défiguré à vie.
- Si on travaille ensemble et qu'on est devenus assez proches pour se tutoyer, on ne pourrait pas s'appeler par nos prénoms?
- Je n'y vois pas de problème.
- Moi si. J'ignore le tien.
- Lino, répondit-il sans la regarder en face.
Elle haussa un sourcil de surprise. Voilà qui sonnait bien moins breton que son nom de famille. Il finit par se tourner dans sa direction, produisant une moue contrite.
- C'est un diminutif.
- De quoi?
Il soupira, puis avoua du bout des lèvres:
- Merlin. Et si tu te le demandes, oui, j'en veux encore à mes parents. Choisir ce nom pour son enfant alors qu'on habite à un jet de pierre de la forêt de Brocéliande, ça devrait être puni par la loi.
Cécile posa une main sur sa bouche pour s'empêcher de rire, mais l'envie se montra plus forte.
- C'est mignon. Enchantée, Merlin.
Les cœurs des pères sont enveloppés de matières plus épaisses et rugueuses, mais ils saignent de la même façon que ceux des mères.
Les pires tempêtes sont celles qui font rage à l’intérieur.
Certains loups se cachent sous des masques d’agneaux inoffensifs.
Tout son corps se mit à trembler, de manière irrépressible. Formuler cette pensée abjecte en mots était bien plus difficile que prévu. Merlin utilisa sa main libre pour serrer l’un de ses genoux. Elle trouva la force de relever la tête, s’accrocha à son regard bleu marine.
- Merlin, je crois que… Je crois qu’Audrey a assassiné Mme Kaufmann. Et que celle-ci est venue vers moi pour la dénoncer.
Une paire de bras fins, mais solides, l'encercla. Cora, à genoux à côté d'elle, la joue pressée contre sa poitrine. D'abord restée en retrait, Garance se pencha pour l'imiter. Prise entre deux boucles infinies de compassion, Blandine ferma les paupières. La douceur, l'amour et la chaleur que lui apportaient ses amies étaient comme du baume sur une plaie à vif. Apaisant, mais pas assez efficace pour l'affranchir de la douleur.
Les coeurs des pères sont enveloppés de manière plus épaisses et rugueuses, mais ils saignent de la même façon que ceux des mères.
Elle fixa les autres avec toute la détermination qui lui restait. Si on l’empêchait de retrouver sa fille, elle allait mordre. Putain, oui, elle mordrait n’importe qui. Vaccin du tétanos à jour ou pas.
— Faites ce que vous avez à faire, Clara. Pour vous libérer de lui. Vous méritez d’être en paix.
Un discours mélodramatique au possible. Elle aurait voulu se moquer d’elle-même, mais son estomac était trop noué pour ça. Elle quitta l’appartement, sans se retourner. Elle alla s’asseoir sur les premières marches des escaliers et posa sa tête contre le mur. Une idée cynique germa dans son esprit en déroute. Si malgré tout il se passait quelque chose… Alors ce serait la première fois en cinq ans de métier qu’elle aurait l’impression d’avoir aidé quelqu’un. Une personne sans défense. Dommage qu’elle fût déjà morte.
« Une thérapie ne fonctionne pas comme cela, commandant. Je ne donne jamais le moindre conseil à mes patients. Je les aide à démêler ce qui les entrave et ils finissent par trouver eux-mêmes des solutions adaptées à leur situation. » (le psychiatre)
Ne pas laisser la poussière s’accumuler, c’était aussi un moyen efficace pour continuer à voir la vie en rose.