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Critiques de Maryse Condé (348)
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Histoire de la femme cannibale

Je découvre Maryse Condé, cette autrice guadeloupéenne, grâce à ce roman foisonnant, dense, un peu trop parfois.

Rosélie Thibaudin vient d'apprendre la mort de son compagnon depuis 20 ans, Stephen assassiné dans une rue du Cap. Ce professeur d'université était un spécialiste de littérature irlandaise, Rosélie elle, est peintre.

Sa mort est un grand choc pour cette femme qui jusque là a vécu dans l'ombre des hommes qu'elle a aimé, qui a toujours suivi plutôt que de mener. Elle doit maintenant apprendre à vivre seule et à décider pour elle même. Elle vit loin de sa famille et n'a jamais vraiment eu d'opinion ou de goûts personnels.

L'autrice traite donc des difficultés de Rosélie mais mixe ce quotidien avec de nombreux autres thèmes : racisme, couples mixtes, condition féminine, violence dans l'Afrique du Sud post-Apartheid, ... Elle mêle les souvenirs de Rosélie au quotidien et évoque le destin d'autres femmes, comme celui de Félia qui est accusée d'avoir assassiné son mari.

J'ai beaucoup aimé les thèmes abordés mais le style de l'autrice est parfois un peu étouffant, avec ces paragraphes très compactes qui passent sans aucune transition d'un personnage à un autre, du présent au passé.

Malgré tout, je retenterai la lecture d'autres romans de cette autrice!

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En attendant la montée des eaux

Un roman qui ne m'a pas autant plu que je n'aurais cru malgré la 4e de couverture.

Un homme d'origine malienne, vivant en Guadeloupe recueille une petite fille qui vient de naître et dont la mère vient de mourir en couches.

Cela m'a fortement intéressée mais j'ai vite perdu le fil avec toutes ces digressions autour de l'histoire qui m'ont plus qu'ennuyée. Les luttes de pouvoir, la politique des ces pays, la corruption et tout ce qui s'en suit, c'en est trop pour moi et j'ai trouvé qu'on n'était plus dans du roman mais dans le récit de ce qu'ont pu vivre les personnages et leur affranchissement du passé. Cela est plutôt dommage car ça altère la profondeur de l'histoire et la rend trop superficielle au niveau des émotions des personnages.

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Le coeur à rire et à pleurer

Nous sommes en Guadeloupe dans les années 1950. Maryse Condé se souvient de son enfance alors que, choyée par ses parents dont elle est l’enfant non attendue, une sorte de miracle, elle entre dans l’adolescence et en rébellion. Entre un père vaniteux et timorée, une mère dure, il est difficile de trouver sa place. Ces textes racontent donc ce qui fut une phase essentielle de sa vie pour expliquer son désir d’écrire, de dire la vérité, d’apprendre et d’être libre.



A travers plusieurs courts chapitres qui forment les "contes vrais de son enfance", Maryse raconte sa souffrance retenue face à l’attention de ses parents qu’elle ne désire pas : "j’aurais tout donné pour être la fille de gens ordinaires, anonymes", des gens qui attendaient moins de leur fille, qui l’auraient laissé rêver, être elle-même. Une vie trop bien réglée, sans aucune fantaisie.



Une femme qui a cherché sa place entre la France et son île natale. Une femme désormais affirmée, activiste, qui préside le Comité pour la mémoire de l’esclavage, et s’impose comme une belle voix dans la littérature guadeloupéenne.



Ces contes sont le récit d’une enfance vécue dans la solitude, le mal-être, une enfance à l’imagination bridée, non stimulée, ce dont Maryse Condé a pris conscience seulement bien plus tard. Elle se reconstruit ainsi son enfance à la lumière de son présent, des difficultés qu’elle a connues par la suite. Ce qui en fait plus une autobiographie romancée que réaliste, une interprétation. Mais cela n’enlève pas l’intérêt du texte, entre documentation sur la Guadeloupe des années 1950, sur une vocation littéraire, et roman familial.



Un petit texte sympathique.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Rêves amers

J'ai aimé ce livre, même s'il laisse un goût amer.



Il dérange nos consciences, car il nous montre la misère.



Maryse Condé nous ouvre les yeux. Quand nos enfants rêvent du nouveau téléphone portable qui vient de sortir, de la dernière console de jeux, certains enfants, eux, rêvent tout simplement de pouvoir aller à l'école, de manger.



Mais quand bien-même reverrions-nous le confort de nos enfants, est-ce que le quotidien de ces enfants là changerait ?
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Le coeur à rire et à pleurer

La citation en exergue de Marcel Proust nous avertit : « ce que l’intelligence nous rend sous le nom de passé n’est pas lui ». Effectivement, Maryse Condé ne nous cache pas qu’elle nous invite à une reconstruction. A travers un certain nombre d’épisodes de son enfance et de son adolescence (un épisode par chapitre, chaque chapitre étant indépendant), elle s’efforce de retrouver la clef qui a fait d’elle, dernière-née tardive d’un couple de fonctionnaires guadeloupéens (mère institutrice) asservis à l’image de la France, une révoltée qui cherche à retrouver ses racines.

L’épisode du premier chapitre donne le ton. La famille à Paris… Dans les cafés les garçons s’étonnent que des Noirs parlent si bien le français. Les parents ne répondent rien, mais éprouvent ensuite entre eux le besoin de se sentir supérieurs aux serveurs, parlant le français mieux qu’eux. La petite Maryse sent qu’il y a problème : « Et moi, je ne comprenais pas en vertu de quoi ces gens orgueilleux, contents d’eux-mêmes, notables dans leur pays, rivalisaient avec les garçons qui les servaient. (…) Pourquoi enviaient-ils si fort des gens qui de leur propre aveu ne leur arrivaient pas à la cheville ? » Quand elle demande à son grand frère Sandrino, il répond : «T’occupe pas. Papa et maman sont une paire d’aliénés ». « A minuit, à force de coller tous les indices entre eux, je finis par bâtir un semblant de théorie. Une personne aliénée est une personne qui cherche à être ce qu’elle ne peut pas être parce qu’elle n’aime pas être ce qu’elle est. A deux heures du matin, au moment de prendre sommeil, je me fis le serment confus de ne jamais devenir une aliénée. En conséquence, je me réveillai une tout autre petite fille. D’enfant modèle, je devins répliqueuse et raisonneuse ».

Impitoyable pour sa famille, elle décrit un père vaniteux, un ancien séducteur vieillissant, et une mère dure, insensible aux problèmes sociaux, qui se permet de renvoyer sa bonne parce qu’elle a été absente pour soigner sa petite fille gravement malade ( et la petite Maryse est encore plus troublée quand Sandrino suggère que la petite fille est probablement morte).

La petite Maryse est coupée de tout ce qui est la vie des antillais autres que ces fonctionnaires pour lesquels la France est le moyen de l’ascension sociale. Il est évidemment interdit de parler en créole, on ne se mêle surtout pas à ceux qui font peuple. « Pour nous, pas de manmans restant à la maison en golle défraîchie, nous accueillant avec de gros baisers sur le pas de la porte, après leur journée à laver et repasser le linge avec des carreaux brûlants ou à faire bouillir des racines et, le soir, nous racontant les contes créoles de Zamba ou de Lapin. ». Tout doit aller dans le sens de la réussite sociale. Quand une des filles divorce, les parents, au lieu de l’aider, ne le lui pardonnent pas : « Emilia était coupable. L’échec de son mariage avec l’héritier des Tertullien privait mes parents d’un lustre de plus. Il ouvrait une brèche dans l’orgueilleuse muraille dont notre famille entendait s’entourer. Pour cette raison, personne ne pouvait la plaindre »

Episode après épisode, la jeune Maryse devient de plus en plus consciente de la réalité sociale de son île et de ce que signifient les choix de ses parents. Un jour par exemple, elle est réprimandée avec violence par son père et sa mère parce qu’elle a osé dire qu’une de ses camarades blanches était son idéal de beauté ; elle ne comprend pas, se sent culpabilisée par ses parents, mais sent aussi sans pouvoir en devenir consciente, que le reproche est irrationnel puisqu’elle ne l’a pas fait par mépris du Noir. Il lui manque la clef : elle ne sait pas que les Noirs sont infériorisés et méprisés.

Ces épisodes ne sont que les prémisses de la prise de conscience : la révélation, ce sera la lecture de La Rue Cases-Nègres : « Pour moi, toute cette histoire était parfaitement exotique, surréaliste. D’un seul coup tombait sur mes épaules le poids de l’esclavage, de la Traite, de l’oppression coloniale, de l’exploitation de l’homme par l’homme, des préjugés de couleur dont personne, à part quelquefois Sandrino, ne me parlait jamais. (…) Alors j’ai compris que le milieu auquel j’appartenais n’avait rien de rien à offrir et j’ai commencé de la prendre en grippe. A cause de lui, j’étais sans saveur ni parfum, un mauvais décalque des petits Français que je côtoyais. J'étais « peau noire masque blanc », et c’est pour moi que Frantz Fanon allait écrire ».



Peu à peu le voile levé sur la vie de la mère permet de comprendre et d’en venir à plus d’indulgence pour ce qu’elle est, elle la « fille d’une bâtarde analphabète qui avait quitté la Treille pour se louer à La Pointe ». « Ma mère avait donc grandi, humiliée par les enfants des maîtres, près du potager des cuisines des maisons bourgeoises ». Comme elle était très intelligente, elle fut remarquée à l’école et par obtentions de bourses devint « une des premières enseignantes noires ». L’épisode final sera un épisode de réconciliation où Maryse grandie gardera tendrement dans ses bras sa mère vieillie, mais tout en comprenant que jamais une véritable intimité n’aura pu se créer entre cette mère durcie et cette fille qui entrait dans un autre monde.



Devenue étudiante, Maryse se sent différente, seule, et essaie de faire quelque chose de sa solitude et de ses aspirations… Elle choisit l’anglais, moins poussiéreux que les lettres. Et le récit de la jeunesse se termine avec l’instant de la première rencontre amoureuse.

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La migration des coeurs

Du cœur d’un cyclone qui a dévasté la Grande Terre, Hubert Gagneur, le père de Justin et Cathy, ramène à l’Engoulvent, la maison familiale, « un enfant de sept ou huit ans, sale et repoussant , complètement nu, garcon, et croyez moi, le sexe bien formé, nègre et bata -zindien ».

Razyé, ainsi qu’il le baptise, comme les plantes sauvages qui poussent dans la forêt guadeloupéenne, va voler le cœur de Cathy Gagneur et cet amour maudit va constituer la trame du roman de Maryse Condé, à l’instar d’Heathcliff et Catherine Earnshaw, amants immortels des « Hauts du Hurlevent » d’Emily Brontë.

A travers un récit dépouillé de misérabilisme mais empreint de sensibilité, Maryse Conde fait revivre toute une époque de la fin du XIXe siècle, dans cette île soumise aux terribles caprices des éléments comme à ceux des hommes qui l’ont colonisée.

Plus que dans les descriptions (magnifiques) de cette terre qui l’a vue naître, Maryse Condé attise l’intérêt du lecteur en donnant tour à tour la parole, hors les Cathy, Razye, Aymeric ou Irmine de Linseuil, aux personnages secondaires de ce roman tels les nounous, Nelly Raboteur, Lucinda Lucius, Mabo Julie et Mabo Sandrine, Roro le pêcheur ou Ada, la revendeuse de poissons, Sanjita la gardienne ou la servante Romaine.

Et le récit intime de leur amour pour ces enfants de riches qui ne sont pas les leurs et pour les leurs qui manquent de l’essentiel, de leur attachement à ces îles qui ne sont paradisiaques que pour les nantis, de leurs luttes politiques pour tenter de faire valoir leurs droits malgré l’abolition de l’esclavage, de ces croyances occultes qui nourrissent les traditions, de la corruption qui sévit et de l’alcoolisme qui brouille l’entendement, de la terrible condition des femmes, soumises au diktat patriarcal et qui tiennent debout contre vents et marées, oui ce récit a, pour moi, supplanté la trame romanesque de ce roman.

Maryse Condé, qui m’avait charmée, voici quelques années, avec « Victoire, la saveur et les mots » n'a pas son pareil pour vous transporter à travers les siècles et les océans vers ces lieux aux noms enchanteurs, la Désirade, Marie Galante, la Dominique et, dans une langue créole, chaleureuse et pleine de fantaisie, restituer l’accent et la saveur de cette population fraternelle si lointaine et pourtant si proche.

Faisant la nique à la pandémie, cette bouffée « d’ailleurs littéraire » m’a plongée, bien au delà des pages, au coeur d’un monde aux couleurs madras et aux senteurs inoubliables magnifiées par une écriture tendre et charnelle.

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Moi, Tituba sorcière

Fascinante histoire que celle de ces femmes accusées de sorcellerie, simplement parce qu'elles étaient femmes et qu'elles dérangeaient l'ordre établi par des hommes, maîtres absolus de cette société puritaine qu'ils avaient bâtie. Femmes qui n'aspiraient qu'à la liberté d'être femmes. Et si comme Tituba, en plus, elles étaient noires et de culture différente...

Maryse Condé, de sa plume alerte, ramène à la vie cette jeune femme au destin singulier, incomprise et persécutée, nous rappelant que la peur et l'envie peuvent corrompre le coeur des hommes jusqu'à la folie meurtrière.
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

Énorme coup de cœur que la découverte dans les années 80 de cette saga de Maryse Condé.



C'est la magnifique fresque de l'Afrique d'avant, celle de ses royaumes et de ses peuples, de leurs premières rencontres avec l'Islam puis l'occident, qui nous est magnifiquement présentée.



L'auteure mêle petite et grande Histoire en faisant surfer les destinés d'une poignée de personnages sur les tumultueuses vicissitudes historiques du continent.



A la fois, instructif, passionnant, épique, enchanteur, terrible et touchant.



En un mot inoubliable.
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Moi, Tituba sorcière

Histoire fascinante que celle de Tituba, femme noire arrachée de sa Barbade natale pour devenir esclave à Salem. Roman, presque historique, qui parle d'esclavage, de rites païens, de coutumes antillaises, d'amour... et qui nous amène directement au coeur de cette sombre chasse aux sorcières qui a marqué l'histoire américaine. Condé nous livre le destin tragique de Tituba, sans détour et sans complexe, sans fioritures ou de pathos... Une plume directe, mais presque poétique, chantante... Je me suis laissé bercer par les mots, et atteindre direct au coeur par la vie de Tituba...
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Rêves amers

Maryse Condé est une écrivaine guadeloupéenne connue et reconnue, que j’ai eu l’occasion d’entendre à la radio mais jamais de lire. En rangeant les livres de la médiathèque de l’école en cette fin d’année scolaire, je suis tombée sur ce livre, recommandé par l’Education Nationale pour les CM2. L’occasion faisant le larron, je l’ai emprunté et l’ai lu en deux jours. Initialement paru dans la revue Je Bouquine, c’est indéniablement un livre jeunesse. Langage simple, quelques descriptions mais aucune longueur. C’est aussi un livre très didactique dans sa construction, on balaie en à peine 70 pages bien aérées tous les aspects de la pauvreté haïtienne : la campagne et ses sécheresses chroniques, la violence subie par de nombreux « restavek », ces enfants mi-domestiques mi-esclaves, trop souvent battus, trop souvent privés d’école, corvéables à merci en échange d’un bol de riz que leurs parents n’auront plus à leur fournir, le travail informel dans des conditions abjectes et puis bien sûr l’émigration. Celle vers la République Dominicaine voisine pour la coupe de la canne à sucre ou celle, définitive, vers les Etats-Unis et Miami aussi évanescente et fantasmée qu’un eldorado.

Et Maryse Condé ne fait aucune concession à son jeune lectorat. Les dures réalités ne sont pas occultées, pas minimisées. C’est finalement un livre très dur que ce « Rêves amers », initialement intitulé « Haïti chérie », en référence à une chanson qui est presque l’hymne non officiel du pays, « Haïti chérie, pli bel pays passé ou nan poin » (« Haïti chérie, il n’existe pas de plus beau pays que toi »). Alors certes, beaucoup d’aspects sont très vite évoqués et ne seront pas compris par la plupart des enfants, comme la référence aux Tontons Macoutes, mais le vrai sujet du livre n’est pas le système politique en Haïti, ce n’est pas peut-être la réalité d’Haïti, ce pays l’un des plus pauvres du monde, ce pays où « les touristes arrivaient des lieux les plus éloignés pour se baigner dans ses criques, se dorer sous les baisers de son soleil et goûter à sa cuisine, et [qu’]elle, elle devait (…) quitter ! » (p. 74, Chapitre 5, “un bateau dans la nuit”). Non, le vrai sujet est plus universel, c’est l’inégalité, la pauvreté, ce monde où « certains ne songent (…) qu’à se nourrir, se vêtir, survivre, sans pouvoir jamais relever la tête afin d’admirer le feuillage des arbres, l’éclat des fleurs, la splendeur des rivières » (p. 73-74, Chapitre 5, “un bateau dans la nuit”), ce monde où certains enfant n’ont pas même le droit de rêver à une vie meilleure, pourtant ces rêves seraient bien modestes, mais déjà ils sont bien amers.

C’est donc un très beau livre pour faire découvrir aux enfants d’autres réalités, la chance que nous avons de pouvoir aller à l’école, de tous manger à peu près à notre faim, de pouvoir essayer de rêver. Mais un livre très dur, à réserver à des enfants déjà mûrs et capables d’une réflexion poussée, tant il est sans espoir. Une bonne faon de sortir de la littérature enfantine pour se préparer aux livres plus sombres, aux livres qui se finissent mal et qui font partie de la vie de tout lecteur. Au risque d’être emphatique, je dirais même que ce livre préparer le chemin pour des Zola ou des Victor Hugo. Et comme il est recommandé par l’Education Nationale, oui un bon livre à étudier en classe, pour en approfondir la compréhension. Un livre qui peut accompagner des cours d’instruction civique, voire des ateliers philo en CM2 ou au début du collège.

Et pour moi, la découverte d’une grande auteure, moi qui suis en général assez hermétique à la littérature des Caraïbes, souvent trop exubérante à mon goût, j’y vois une porte d’entrée, et j’ai maintenant envie de découvrir les romans que Maryse Condé écrit pour les adultes, en espérant être autant emportée par sa plume.
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Ségou, tome 1 : Les murailles de terre

C'est une grande épopée Segou de Maryse que j'ai lu il y a plus d'une quinzaine d'année mais que je n'ai jamais oublié.

J'aime même été influencé par elle parce que j'avais faire l'histoire à l'époque une fois à l'université alors que je n'étais qu'au collège.

Bref j'ai beaucoup aimé ce livre. Avec la perte de sa beauté, de sa tranquillité, de sa prospérité, l'Afrique devient la proie de l'esclavagisme et de la civilisation occidentale et arabe.

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La vie sans fards

La vie de Maryse Condé est loin d'avoir été un long fleuve tranquille. Dans « La vie sans fards » son dernier roman autobiographique, elle raconte son enfance en Guadeloupe et sa mère qu'elle idolâtrait. Elle évoque également ses études à Paris, son premier amour qui lui fera un enfant et l'abandonnera ainsi que sa rencontre avec Mamadou Condé qui deviendra son mari et le père de ses enfants. C'est avec ce dernier qu'elle s'établira en Afrique et découvrira les tensions qui peuvent facilement se faire jour entre Antillais et Africains, mais c'est aussi en Afrique qu'elle découvrira les textes d'Aimé Césaire et le concept de la négritude...



MON AVIS : Plus qu'une autobiographie c'est un retour sur soi sans concession que propose Maryse Condé dans « La vie sans fards ». Ce livre était à l'origine un texte qu'elle souhaitait écrire pour ses petits-enfants afin que ceux-ci puissent mieux comprendre la vie de leur grand-mère. Mais au cours du processus d'écriture, une évidence l'a frappée, souvent l'homme qui se raconte ne dit que des demi-vérités . Elle s'est donc imposé un exercice difficile, tout dire, sans rien trahir, au risque de choquer son entourage et son lectorat, au risque d'écorner son image d'écrivaine bien pensante et militante.



Comment ne pas être touchée par cette femme, cette mère, cette auteure qui accepte de se mettre à nue, et de raconter ses forces et ses faiblesses, ses douleurs et ses joies. De ce récit transpire la vérité, l'honnêteté et le courage d'une grande dame qui se regarde en face et qui dit : voilà qui je suis. Son écriture est franche, directe et sans fioriture, mais l'humour est toujours présent entre les lignes comme pour faciliter l'énonciation des moments de vie douloureux, des mauvais choix, des dissimulatios. Maryse Condé n'hésite pas à faire de nombreux allers-retours entre sa vie et les romans dont elle est l'auteure, elle met ainsi en évidence le propre du travail de l'écrivain : se nourrir de ses observations, de sa vie, du réel afin d'écrire et de décrire la vie, la société. Un livre et une oeuvre à découvrir, on a trop peu parlé de cette grande dame et de son livre en cette rentrée littéraire.




Lien : http://www.meellylit.com/
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Moi, Tituba sorcière

Maryse Condé nous a quittés il y a deux semaines. Je ne la connaissais que de nom, sans l'avoir jamais lue encore. Et c'est seulement à l'annonce de sa disparition que je me suis rendue compte que j'avais dans ma bibliothèque l'un de ses livres. Il m'avait été offert il y a quelques temps déjà et s'était malheureusement un peu perdu dans ma pal et dans ma mémoire.

Je le retrouve donc en cette triste occasion, où tous les hommages et éloges entendus m'ont donné envie de sortir ce livre de ma pile à lire et de découvrir enfin cette grande écrivaine.

Et c'est une oeuvre vraiment particulière que ce roman.

Je connaissais assez vaguement, comme beaucoup je pense, la ville de Salem et ses célèbres procès de sorcières au XVIIe siècle. Ce que j'ignorais en revanche c'est que parmi elle figurait une esclave noire venue de la Barbade et prénommé Tituba. Là aussi, nous sommes beaucoup à ne pas la connaitre, car qui se souviendrait du sort d'une esclave, femme et noire qui plus est ? Et c'est justement cet affront, cet oubli, cette injustice qu'a voulu réparer Maryse Condé. Sous la forme d'un roman, d'une biographie romancée donc — bien qu'appuyée sur les rares documents et traces restant d'elle —, l'autrice redonne à Tituba toute la vie et la substance qu'elle mérite à l'égal de tout autre personnage historique. Quoi de mieux qu'un roman pour faire revivre et réintroduire dans l'inconscient collectif une femme disparue depuis plus de trois siècles et dont on sait si peu de choses ? Mieux encore, Maryse Condé lui donne ici la parole, libre et entière de nous faire elle-même le récit de sa vie. Alors on va l'écouter, la découvrir et voyager avec elle.

Et quelle vie va-t-telle avoir !

Une vie de servitude bien-sûr, mais pas que, une vie marquée par bien d'autres choses que l'asservissement. L'amour et les rencontres seront les deux principaux éléments marquants qui vont jalonner sa vie. Ballotée de maître en maître, de maison en maison, de ville en ville, elle croisera le chemin d'un nombre incalculable de personnes. Souvent mauvaises mais quelque fois bonnes, et ce qui frappe surtout dans la personnalité de Tituba c'est son grand coeur et sa grande naïveté. Malgré les horreurs qu'elle vit et qu'elle voit, elle continue chaque fois d'avoir spontanément foi en l'autre au premier abord, à faire confiance, comme si elle ne pouvait s'en empêcher. Et c'est d'ailleurs toujours pour aider les autres qu'elle utilisera ses talents de guérisseuse, ces talents qui lui vaudront partout le qualificatifs de sorcière. Toujours aider l'autre au détriment de ses propres interêt, un trait de caractère noble mais qui lui causera bien des tourments et bien des déceptions. Et parmi eux il y a les hommes. Tituba aime les hommes, aime l'amour charnel, aime aimer, parfois bien malgré elle, mais toujours intensément. Elle en connaîtra beaucoup, des hommes, aussi différents les uns que les autres, et qui chacun lui apporteront ou lui enlèveront quelque chose.

Tituba nous raconte son histoire elle-même donc, maison ne sait pas combien de temps après elle le fait. Quelques années ? Décennies ? Siècles ? Car je n'ai pas pu m'empêcher de sentir quelques anachronismes ici et là, dans l'usage de certains termes dans certains dialogues, et aussi au travers du grand recul qu'à Tituba sur son histoire. J'ai peut-être l'oeil un peu trop tatillon car qu'importe, ce qui compte ici c'est Tituba.

L'écrivaine fait renaitre sous sa plume simple, directe, acérée, cette sombre période de l'histoire, celle de l'esclavage et de la traite négrière, mais à échelle humaine.

Stigmatisée comme sorcière et comme esclave, connu que pour cela, Maryse Condé nous offre à découvrir une Tituba complexe, comme tout être humain finalement, humaine, avide de liberté et d'amour, forte et flamboyante, même dans la misère.

Pour cette oeuvre, merci Madame Maryse Condé !
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Moi, Tituba sorcière

Ecriture fluide et très maîtrisée pour un sujet brûlant... Qui n'a pas fini de faire crier, écrire, pleurer.

Un livre écrit en 1986 qui donne un la à une foule d'autres, plus récents et essentiels ; les descendants et descendantEs des esclaves ont encore beaucoup à exprimer. L'humanité (principalement la blanche) a encore beaucoup à entendre et modifier pour qui sait un jour retrouver une certaine dignité.



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La vie sans fards

Maryse Condé est une grande écrivaine, personne n'en doute... mais cette "autobiographie" m'a mis mal à l'aise.

Elle ne s'en cache pas : elle nous expose sa vie "sans fards", et en particulier le choix entre être une femme ou être mère.

La femme, je respecte son parcours, curieux, chaotique, sinueux, maladroit, trébuchant... nous sommes beaucoup à emprunter ce chemin.

Mais là où naît pour moi le malaise, c'est quand la femme se fait mère... et quelle mère !

Une mère qui entre l'âge de 19 et 26 ans donne naissance à quatre enfants de trois ou quatre pères différents.

Les pauvres gosses vont connaître le placement en institution ou chez une nourrice, être repris par leur mère, puis nomadisés de la France, à l'Afrique ... je devrais dire "aux Afriques", exilés à Londres, "abandonnés" pour moitié à Londres pendant un an, pendant que l'autre moitié poursuit... à cause d'une mère instable ... une nomadisation déstabilisante aux Afriques...

Et cette mère s'étonne sans vergogne que ses enfants urinent la nuit dans leur sommeil et soient la proie de terreurs... !!!

Extrait :

" Leïla ne me manifestait jamais pareille tendresse. Quels sentiments éprouvait-elle pour une mère qui la traînait de pays en pays, de maison en maison, qui lui avait infligé cette détestable parenthèse en Angleterre ? En bref, une mère grâce à laquelle elle avait été si tôt initiée aux terribles expériences du déracinement, de l'exil et du racisme ? Quand Adeeza fut partie, je la pris dans mes bras. J'aurais aimé la supplier d'essayer de me pardonner le mal que j'avais causé, bien malgré moi."

Dans ce court extrait, on croit percevoir chez cette mère enfin un peu de lucidité... jusqu'à ce terrible "bien malgré moi". Et là on se souvient d'une de ses amies lui disant "sans fards" : "Avec l'intelligence que tu as, tu ne fais que des conneries !"

Et des conneries la femme ne se prive pas d'en faire, s'amourachant et ayant un enfant du fils de Duvalier (le dictateur haïtien père des sinistres "tontons macoutes"), épousant un apprenti comédien guinéen... pour offrir à ses deux enfants (car elle se fait également engrosser par Mamadou Condé... c'est le nom du garçon) un père (qu'elle n'aime pas), un foyer et une stabilité... et en passant, pour elle, une "respectabilité" d'épouse (et plus l'infamie d'être une fille-mère) et... un passeport.

Car obsédée par une quête identitaire, Maryse, désormais Condé, guadeloupéenne adepte de "la négritude", admiratrice de Césaire et de Frantz Fanon, va côtoyer l'Afrique de la fin des années 50 et celle des années 60. De Sékou Touré, à Houphouët-Boigny, de Sédar-Senghor à Kwame Nkrumah, sans oublier Patrice Lumumba et d'autres.

Ces années de révolutions pour l'indépendance et trop souvent pour la dictature, elle va les vivre "sur le terrain", dans sa chair et dans son sang... croisant des figures mythiques comme celles du Che, de Malcom X, de Maya Angelou, pour ne citer que les plus célèbres.

C'est passionnant je dois le dire pour le lecteur qui rencontre l'Histoire, la vraie, et en même temps déstabilisant, qui voit cette femme habitée par cette quête obstinée, sourde et aveugle au bon sens et aux intérêts fondamentaux de ses enfants.

Extrait :

-"Depuis la mort de ma mère, la Guadeloupe ne signifiait rien pour moi. Je me sentais libre d'explorer l'Ailleurs. Pour l'heure, quelque chose me retenait en Afrique. J'avais la certitude que cette terre pouvait m'offrir des richesses essentielles. Lesquelles ? Cette dernière phrase ("tu ne fais que des conneries") s'imprima dans mon esprit de manière indélébile. Aujourd'hui encore, elle brûle ma mémoire. Je la tourne et la retourne dans mon souvenir. Si je n'ai fait que des "conneries", comme m'en accusait Arlette (et bien d'autres), n'ai-je pas accumulé les décisions et les choix hasardeux, poursuivi avec obstination des rêves et des fantasmes personnels ? Aussi, n'ai-je pas fait souffrir les miens ? Mes enfants surtout, dont j'ai toujours cru avoir l'intérêt à coeur ?"

Ne voulant pas écrire une autobiographie de complaisance, Maryse Condé a écrit une autobiographie "sans fards"... au risque d'apparaître comme une "épouse menteuse, infidèle, adultère", une femme psychorigide, préférant ses amants à ses enfants. Indéniablement la femme se montre sous un jour qui laisse apparaître ses failles et ses faiblesses. Quant à la mère, elle ne trouve à aucun moment grâce à mes yeux.

C'est ou ce sont les travers de ce genre d'autobiographie. C'est peut-être aussi son intérêt ?

Un livre bien écrit, au contenu culturel riche... humainement... troublant et questionnant !

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Les belles ténébreuses

J'ai beaucoup apprécié cette lecture et le style d'écriture de Maryse Condé. Être apostrophée par l'auteur en pleine narration était très agréable et mettait encore plus en perspective ce que je comprenais de l'histoire et ce qu'elle voulait faire ressentir au travers des péripéties de ce "brave" Kassem.

Sous une écriture drôle et ironique elle montre que la misère est la même sur tous les continents, que les pauvres, les rejetés de la société, les immigrés ont une ressource incalculable dans la chaleur des coeurs, que les charlatans n'ont pas de frontière et les puissants d'occident ou les dictateurs africains se ressemblent.

Un livre qui ouvre l'esprit sur la condition des exilés, la recherche d'une terre et de ses racines, que l'on soit réfugié haïtien à New York ou français né d'un père guadeloupéen et d'une mère roumaine vivant dans la banlieue de Lille, on est toujours étranger pour l'autre, et encore plus si l'amour de sa famille est défaillant.

Un livre qui ouvre l'esprit vers d'autres lectures, d'autres auteurs -par l'insertion d'extraits de poèmes- ou d'autres arts avec des références à des peintres notamment (Ivan Lackovic, que je ne connaissais pas réalise de sublimes dessins ou encore le tableau de "La Reine Erzulie" de Robert Saint-Brice, splendide).

Une lecture multiple à bien des égards.
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La vie sans fards

« Cette réappropriation matérielle de l’Afrique me prouvait qu’allant plus loin que le chef de la Négritude, mon maître à penser, je commençais de m’assumer. »



Maryse Condé se livre telle quelle, au risque peut-être de choquer, ou pour le moins de surprendre ses lecteurs.

Femme noire, douée, partie étudier à Paris, elle y rencontrera le meilleur comme le pire. Elle semble cumuler les déconvenues, les galères. On la sent largement en délicatesse avec la France.

« C’est à Paris que j’avais été blessée et humiliée. J’avais souffert dans mon cœur et dans mon orgueil. J'étais devenue une déclassée, une paria. »

C’est l’Afrique qui l’appellera, et lui « offrira « ses années les plus difficiles accompagnée d’hommes qui ne lui mèneront pas la vie facile ; L’Afrique, où elle tentera de se trouver. Une Afrique qui ne la comble pas, et à laquelle elle s’accroche pourtant si fort. Une Afrique qui la rejette, elle femme des Antilles, qui rejette son fils ainé, métis.

La vocation littéraire de Maryse Condé n’a rien de précoce. C’est finalement assez tard qu’elle a commencé à livrer dans ses romans ce qui a fait sa vie.

Elle a longtemps cherché l’amour, sans le trouver en retour, hormis dans celui de ses enfants qui l’ont, malgré les aléas de la vie, et ses conditions matérielles le plus souvent proches de la misère, accompagnée dans ses errances africaines. Cette vie, narrée avec réalisme, dans un style fluide, permet de mieux comprendre son œuvre, et son engagement en faveur de la mémoire de l’esclavage.

J’ai apprécié la distance prise par Maryse Condé ; les faits sont anciens, elle a laissé le temps faire son œuvre pour parler de « ses années d’apprentissage ».Si les mots sont sans concessions, je n’ai perçu ni haine, ni rancœur ; sa vérité nous est présentée, comme le titre l’indique « sans fards », sans artifices tout simplement.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Moi, Tituba sorcière

Dans les documents authentiques du procès des sorcières de Salem au 17ème siècle, apparaît une esclave de la Barbade, décrite comme pratiquant le vaudou, et prénommée Tituba. On n’en sait pas plus.

Maryse Condé, intriguée par ce personnage énigmatique, lui a donné une vie. En s’appuyant sur les données historiques sur l’esclavage, elle nous livre ici une autobiographie de cette étrange Tituba : son enfance, son apprentissage des plantes et des sorts qui guérissent, sa rencontre avec l’homme de sa vie pour lequel elle renonce à une liberté solitaire et cachée à la Barbade.

C’est ensuite sur le continent qu’elle le suit, dans ces territoires qui ne sont pas encore les États-Unis. Maryse Condé nous livre alors une dénonciation féroce du puritanisme et de l’intégrisme religieux, qui au 17ème siècle comme aujourd’hui, entrave et torture en premier lieu les femmes.

L’épisode Salem est plutôt moins réussi que le reste du roman, accumulant les personnages sans leur donner chair.

Mais l’ensemble reste une lecture très agréable, dans une belle écriture touchante.



Challenge Départements (Guadeloupe)
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L'Évangile du Nouveau Monde

Un livre qui m avait attiré sur la table de mon libraire.

Sa couverture aux couleurs vives , le nom de l auteur et les premières lignes du resume ( un enfant abandonné) ont fait que j ai lu ce livre.

J'ai mis beaucoup de temps à m interesser à l histoire

Est ce à cause de mes rapports à la religion dont il est beaucoup question dans le livre ou n etais ce pas le moment en bref ce livre m a moyennement plu

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Cahier d'un retour au pays natal : Césaire

Etant passée à côté du livre, j'ai tenté de lire le Profil pour mieux comprendre ce qui m'avait échappé, mais j'ai été une nouvelle fois déçue.

Le Profil commente beaucoup le contexte historique, politique et biographique (que je connaissais et que j'avais compris), et très peu le texte en lui-même (sur lequel j'avais buté).
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