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Critiques de Maud Simonnot (211)
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L'heure des oiseaux

Je découvre avec ce roman l'écriture poétique et sensible de Maud Simonnot. Elle traite pourtant d'un thème terrible: les sévices physiques et moraux subis par des enfants dans un orphelinat de l'île de Jersey, dans les années 50.



Deux voix alternent, passé et présent . Celle de Lily, enfant rayonnante, brisée dans son corps, cherchant à protéger le Petit, et celle de la narratrice, voulant enquêter sur le passage dans cet orphelinat de l'enfer de son père, Simon.



Même si l'auteure laisse seulement entrevoir le terrible quotidien de ces enfants, même si la poésie de la nature, le chant des oiseaux atténuent les visions horribles, j'ai eu beaucoup de mal à lire ce roman. L'histoire de Lily et du Petit est inventée mais le contexte ignoble a bien existé, sur Jersey comme ailleurs, hélas.



J'ai été conquise par le style mais je ressens comme un goût d'inachevé, j'aurais voulu en savoir plus sur Simon. Et l'enquête semble trop facilement résolue, alors que de nombreuses personnes se sont heurtées jusque là au mur du silence.



J'avais gardé une image bucolique et verdoyante d'une journée passée à Jersey, le fameux paradis fiscal. Ce livre change vraiment ce doux souvenir en cauchemar.
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L'heure des oiseaux

Le roman est court, mais beau et intense.



Maud Simonnot que je découvre avec ce livre, a écrit une superbe histoire tragique et bouleversante.

Pour être plus précis, l’auteure alterne par chapitre, deux histoires.





La première très lumineuse, est celle de Lily, emprisonnée dans cet l’orphelinat, qui se connecte souvent avec la nature et parle aux oiseaux pour s’évader de son enfer. Lily qui essaie, avec son âme de petite fille, de protéger le Petit, ce jeune garçon qui est le souffre-douleur de cet épouvantable établissement sur l'île de Jersey.



La deuxième histoire est celle de cette jeune femme, ornithologue de profession, qui soixante ans plus tard, enquête sur les choses horribles qui se sont passées sur cette île diabolique en 1959. Qui se questionne et qui veut rétablir la vérité sur le passé mystérieux et douloureux de son propre père.

*



Maud Simonnot m’a vraiment séduit car elle a su, avec de la pudeur et avec beaucoup de subtilité, ne pas tomber dans le trash et écrire un roman sobre, sensible qui me fût plein de poésie et d’innocence.

Pourtant l’auteure n’avait pas hésité a transposé son histoire fictive de la douce et rêveuse Lily dans un contexte historique innommable, violent et cruel, que fût l’orphelinat de la Honte.

Même si aucune scène d’horreur ne fût décrite, une atmosphère pesante s’est faite cependant sentir tout au cours de ma lecture.

*



Je ne connaissais pas ce scandale qui a éclaboussé et entaché d’infamie en 2007, cette île de Jersey et son paradis fiscal luxuriant.

Où pendant plusieurs décennies, des jeunes filles et des jeunes garçons, toutes et tous mineurs ont été victimes d’ignominies, d’ignobles sévices physiques, psychiques et de viols pédophiles.

Il y aurait même eu, ajoutés à tous ces mauvais traitements, des tortures et des meurtres dans cet orphelinat du « Haut de la Garenne » durant les années 1960 à 1980.

*



De nombreuses personnalités funestes auraient participé à des orgies sexuelles avec ces enfants orphelins. Cette immonde affaire si glauque, si triste sera alors minimisée, étouffée, presque oubliée.



Beaucoup trop de mystères demeurent aujourd’hui.

Et avec eux, les cris, les pleurs et la souffrance de ces petites filles et ces petits garçons restent enterrés à jamais.



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L'heure des oiseaux

La narratrice à toujours connu les profondes crises d'angoisse de son père, mais depuis quelques temps, celles ci sont telles qu'il n'est plus en capacité d'assumer ses concerts et ne peut même plus jouer du piano,lui le passionné de Messiaen. Elle sait que son père est orphelin et qu'une partie de sa vie lui " avait été irrémédiablement confisquée le jour où on l'avait dépossédé de son histoire". Le prénom de Lilly l' habite et l'obséde telle une blessure lancinante et parfois violente sans pouvoir se souvenir...

Dans un élan du cœur, elle lui promet de partir à Jersey à la recherche de son histoire et de la lui restituer. C'est ainsi qu'elle arrive sur cette île dans l'espoir de comprendre et trouver ce qui a été l'enfance de don père. Elle sait pourtant qu'un scandale médiatique autour de dénonciations de maltraitances à l'orphelinat qui accueillait son père, avait déclenché une enquête qui n'avait abouti à rien. L'omerta qui règne à Jersey agissant comme une reconduction sans fin de la violence perpétrée dans cet orphelinat.

Maud Simonnot construit son roman sur un rythme à deux temps, les années 50 dans l'orphelinat où nous suivons l'histoire de Lilly et du père de la narratrice, et le moment présent où elle avance pas à pas,cœur à cœur vers le drame de ce qui est aussi son histoire.

J'ai retrouvé la sensibilité et la beauté de la plume de Maud Simonnot que j'avais découverte avec L'Enfant céleste.

Avec une incroyable pudeur et une subtilité émouvante elle réussit à nous faire pénétrer dans le cœur de Lilly en s'appuyant sur la magie de la nature et notamment des oiseaux. car la petite Lilly a "ce don magnifique qui lui permet d'être en osmose avec la nature".

La narratrice nous transmet son émotion, sa revolte,sa colère mais nous décrit aussi le lien merveilleux et bouleversante qui unit Lilly à son père...La fin du roman est lumineuse !

J'ai lu ce roman tout autant avec les yeux que le cœur ! Il m'a en plus permis de découvrir Messiaen, un compositeur bien singulier qui a inventé un langage musical à partir du cris des oiseaux.
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L'heure des oiseaux

La réussite de cette fiction est due à l'immersion dans une réalité qui malheureusement a existé.

J'ai donc été bluffé quand j'ai su que cette histoire de Lily et du père de la narratrice sortait de l'imagination de Maud Simonnot.

Il s'agit d'une enquête sur l'île de Jersey où dans les années 1890 à 1970 des enfants ont été maltraités dans un orphelinat. Le lecteur passe à chaque chapitre d'une temporalité à une autre pour suivre le parcours de Lily souffre-douleur des surveillants et de son petit frère de trois ans.

Le scandale bien sûr a eclaté mais l'affaire a vite été étouffé. Il faut donc la détermination de la narratrice pour délier les langues.

L'omerta est de rigueur quand il s'agit de la complicité de notables, du directeur et du personnel de l'établissement.

Cette maltraitance qui plombe la lecture est pourtant allégée par la courte vie de Lily qui observe les oiseaux pour s'évader de l'enfer quotidien.

Même l'ermite qu'elle rencontre lors de ses évasions ne peut la consoler de cette vie d'enfermement.

Avec un style sobre digne des écrivains japonais, il ressort une poésie dans cette histoire pesante et triste.

J'ai ressenti de l'impuissance devant cette enfance gâchée et le désespoir de Lily.

Mais aussi de la révolte pour une justice qui n'existe pas et même qui cache des monstres humains.

Pas d'illusion l'homme est un loup pour l'enfant sans défense et les drames que nous entendons ces jours-ci en sont la preuve.

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L'heure des oiseaux

Le titre était pourtant joli ! ....



Contraste saisissant entre le sujet principal du livre et certaines pages "respirantes" où la joliesse des chants d'oiseaux et la fraîcheur d'une petite fille et de son petit frère m'ont enchanté.



Pour le reste cela a été irrespirable, rien qu'à imaginer ce qu'ils ont dû endurer pendant des années, même si l'autrice n'est , heureusement, pas entrée dans les détails les plus sordides.



Glauque, révoltant, et toujours impuni.



Quand on a eu une enfance heureuse où tout le moins acceptable,



Se demander, ce que sont devenus tous ces enfants , aujourd'hui adultes, qui ont été amputés de leur enfance par des s....... qui les ont brisés.



"Tous ces agissements ont eu lieu en toute impunité, parce qu'il y a eu un terrible échec de la protection de l'enfance. Dans ces "dysfonctionnements" en chaîne, difficile de savoir à qui en vouloir le plus : les instances publiques, la police, la justice, l'aide sociale, tous avaient failli à chaque étape."



Omerta à l'Ile Jersey.



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L'heure des oiseaux

Nouvelle découverte de la rentrée littéraire et… nouvelle déception pour ce roman qui avait pourtant tout pour me plaire ! Comment expliquer ce rendez-vous manqué ? Tout d’abord par la brièveté du récit. Alors que le sujet abordé par l’autrice semble riche d’histoire, de contexte et d’événements, j’ai eu le sentiment de passer complètement à côté de ce fait divers et du scandale lié à l’orphelinat de l’île de Jersey. Tout est suggéré, on n’entre pas dans le détail, comme si cette loi du silence qui a protégé les coupables pendant des années, étouffait encore le récit. J’ai trouvé dommage de ne pas en savoir plus sur ce lieu qui a défrayé la chronique, et de rester en surface de l’histoire.



Je ne me suis attachée à aucun des personnages, et l’enquête de la narratrice ne prend pas vraiment d’ampleur. On sent venir la fin dès les premières pages. C’est d’autant plus dommage que l’écriture de Maud Simonnot retranscrit à merveille l’ambiance nébuleuse et bruineuse de l’île anglo-normande, cette atmosphère propice au mystère et aux secrets.



Le charme n’a pas opéré mais le roman a eu le mérite de me faire découvrir cette histoire !
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L'heure des oiseaux

Les drames de l’orphelinat de Jersey résonnent âprement dans l’esprit de ceux qui ont décidé d’enfouir la vérité dans le fond de leur conscience. Après le déferlement médiatique, les autorités ont préféré étouffer l’affaire qui ternissait l’image du paradis fiscal.

Soixante ans plus tard, une ornithologue se rend sur place, non pas pour écouter le chant des oiseaux, mais parce que son père, lors de ses angoisses nocturnes, ne cesse de répéter le même mystérieux prénom, Lily. Lors de son enquête, elle fait face au poids du silence que portent nombreux habitants de l’île, et attend patiemment que la vérité naisse, effrayante et libératrice.

Dans une écriture pleine de douceur, Maud Simonnot raconte cette histoire terrible et touchante, pointe le fardeau des non-dits, et nous captive grâce à un suspens étiré tout au long du récit.



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L'heure des oiseaux

Une jeune femme arrive à Jersey pour en savoir plus sur le passé de son père à l’orphelinat. Adopté très jeune, il n’a presque pas de souvenirs de sa petite enfance, pourtant le traumatisme est là. Un seul nom revient à sa mémoire : Lily. Cinquante ans plus tôt, Lily est une fillette vive et curieuse, qui subit des brimades quotidiennes à l’orphelinat. Elle trouve du réconfort dans la forêt, l’observation des oiseaux et la compagnie du Petit auquel elle voue une affection sans bornes.



Maud Simonnot entrecroise les récits du passé et du présent, pour tisser la toile des souvenirs de Simon et faire la lumière sur les zones d’ombres. Avec beaucoup de délicatesse, une plume toute de douceur et poésie, elle donne vie à un petit personnage charmant. Une enfant céleste comme l’était le petit garçon de son précédent roman. Avec Lily, on a envie de s’échapper loin de la noirceur de l’orphelinat et de la brutalité des hommes, d’écouter le chant des oiseaux, de s’émerveiller devant à l’harmonie et la beauté de la nature, de protéger le Petit, si fragile et si doux.



Mais si Lily et Simon sont des personnages imaginaires, l’histoire atroce et tragique des orphelins de Jersey ne l’est malheureusement pas. Maud Simonnot effleure sans nous en livrer de récit détaillé, les horreurs subies par les orphelins. Pas besoin d’en dire plus, on comprend parfaitement ce qui se passait. Comme Emilienne Malfatto dont je parlais dans mon précédent billet, Maud Simonnot parvient à faire du beau avec du laid et nous offre un récit lumineux qui contraste singulièrement avec la noirceur de la réalité.
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L'heure des oiseaux

Irrémédiablement attirée par la couverture j’ai plongé dans l’histoire de cet orphelinat sur l’île de Jersey.



En 1959, Lily tente de survivre aux mauvais traitements infligés à l’orphelinat. Elle protège le Petit et tire un certain réconfort à étudier et écouter le chant des oiseaux. Dès qu’elle le peut, elle s’enfuit dans l’île pour retrouver une certaine sérénité et finit par se lier avec un vieil ermite installé dans les bois.



Avec des mots doux, et une jolie poésie, Maud Simmonot conte l’histoire de cette effroyable orphelinat. Elle rend hommage à tous ces enfants maltraités oubliés. L’affaire de l’île de Jersey m’a interpellé. J’ai creusé sur la Toile pour en savoir plus et c’est honteux comment les locaux ont voulu enterré cette histoire sordide.

L’heure des oiseaux c’est se souvenir. C’est se balader dans la forêt, capter l’instant présent, résister et lutter.



J’ai mis quelques jours à me remettre de cette lecture car derrière tout ça, se cacher l’effroyable, le réel, la cruauté.

Une belle lecture même si mon cœur a été malmené dans la course…
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L'Enfant céleste

Avec « L’Enfant Céleste », Maud Simonnot signe son premier roman. L’auteure nous offre une grande respiration, une parenthèse enchantée inspirée de ses années en Norvège. Ce récit est avant tout celui d’une guérison, celle de Mary et de son fils Célian. La jeune femme fuit l’étouffante grisaille parisienne sur les traces de Tycho Brahe, astronome danois dont la destinée rocambolesque nourrit l’imagination et les fantasmes de nos deux protagonistes.



On nous raconte l’histoire d’une mère et de son fils. Elle, Mary, peine à se remettre d'une rupture amoureuse survenue brutalement. Lui, Célian, a des soucis à l'école : il ne suit pas les consignes et laisse constamment son attention s’évader… Mais il sait des poésies entières de Rimbaud et le nom des planètes. Il s'y ennuie, seule la nature l'intéresse, et sa maîtresse l'a pris en grippe. Mary décide alors de fuir cette vie parisienne et partir vivre avec son fils sur une île, l'île de Ven, au milieu de la mer Baltique. Ce choix n'est pas dû au hasard ; mère et fils sont passionnés par un astronome du XVIème siècle, Tycho Brahe, aristocrate danois au destin tumultueux qui avait fait construire sur cette île un grand observatoire baptisé Uraniborg.



Ils vont tous les deux trouver là-bas l'oxygène qui leur manquait, et la force de surmonter leurs fantômes...



La narration est portée par deux voix, celle de l'adulte et celle de l'enfant, aussi poétiques l'une que l'autre. On se reconnaît forcément dans les envies de fuite de Mary. Célian, quant à lui, est un petit garçon, la tête dans les étoiles, en défaut avec la réalité normée de l’école, de l’apprentissage. Il est fasciné par un astronome Tycho Brahé. L’évocation de son destin particulier entre en résonance avec les défis intimes de Mary et Célian.



C'est justement le fil conducteur passionnant de ce roman: la vie de Tycho Brahe, astronome danois du 15ème siècle qui a beaucoup œuvré pour faire avancer notre connaissance du Ciel (avant même l’apparition du télescope). Grâce au soutien du roi Frédéric II de Danemark, Tycho Brahe construisit, en 1576, un observatoire sur l’île de Ven, au Danemark. Il y passa plus de vingt ans à effectuer des mesures précises de la position des planètes et des étoiles les plus brillantes pour redessiner une carte du ciel. En plus, son étrange destinée aurait inspiré Hamlet ! Cela apporte une dimension universelle au roman.



Si ce livre est empreint d'une poésie certaine, il nous apprend aussi beaucoup de choses sur la vie de l'astronome. C’est d'autant plus intéressant qu'en France il est très peu connu (au Danemark il est presque plus connu que la petite sirène). Ce formidable astronome, qui a inspiré son élève Kepler, avait construit un château des étoiles, Uraniborg, un observatoire sur l'île de Ven, qui fut malheureusement détruit : depuis cette île qui lui était dévolue, il cartographia le ciel.



On apprécie également l’omniprésence de la nature sauvage de cette île suédoise qui apporte un souffle, une note de sérénité très agréable à l’ensemble. Avec patience et dans une atmosphère dictée par la nature et le rythme de la lumière, Mary et Célian vont réapprendre à vivre, à communiquer entre eux, et à s’accepter comme ils sont tout simplement.



Le roman ne dit pas si cette renaissance sera suffisante pour un retour à leur vie d’avant mais là n’est pas le sujet. C’est avant tout une admirable leçon d’amour d’une mère pour son fils, et le rôle déterminant que peuvent avoir des éléments aussi simples que la nature et les étoiles pour se ressourcer, contempler, approcher au plus près la liberté, des éléments qui apaisent…



Porté par une écriture délicate, sensuelle, ce premier roman est une ode à la beauté du cosmos et de la nature. « L'Enfant céleste » évoque aussi la tendresse inconditionnelle d'une mère pour son fils, personnage d'une grande pureté qui donne toute sa lumière au roman.
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L'heure des oiseaux

L'histoire se déroule sur l'île de Jersey.

D'un côté, il y a Lily. Petite fille orpheline des années 1950 qui subit les actes d'adultes censés prendre soin d'elle.

De l'autre, il y a une jeune femme qui, quelques décennies plus tard, enquête sur l'enfance de son père qui ne se rappelle plus que d'un prénom : Lily.



Ce roman, c'est l'histoire d'un amour filial. Avec une fille qui aime tendrement son père. Ils sont tous les deux passionnés d'ornithologie.

C'est également une histoire d'enfant différente qui, elle aussi aime particulièrement les oiseaux et la nature.

C'est une enquête, sur fond de maltraitance infantile, prenante et terriblement touchante.



Ce roman se lit tout seul. Les chapitres, très courts, alternent entre les deux époques. L'écriture est belle, tout en simplicité. L'histoire m'a bouleversée, d'autant plus lorsque l'on apprend que l'auteure s'est inspirée de faits réels. Une lecture triste et belle à la fois.
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L'heure des oiseaux

Voici un énième titre que j’ai choisi dans le cadre de la Rentrée littéraire, grâce à la bibliothèque virtuelle belge francophone « Lirtuel », que je remercie une fois de plus pour sa mise à disposition (gratuite !) de si nombreux livres intéressants en ce début d’année scolaire !

J’ai choisi celui-ci sans trop savoir de quoi il s’agissait, en survolant à peine le résumé (ce qui est très rare de ma part !), mais séduite d’emblée par ce joli titre bien un peu énigmatique, alors que, par ailleurs, je n’aime pas vraiment la couverture, très sombre… mais on se rendra compte plus tard à quel point elle « colle » bien à l’histoire !



Ayant dit cela, je me félicite aussi (pour une fois !) de ne pas avoir lu à l’avance, comme j’ai trop souvent tendance à faire, les quelques commentaires déjà existants sur cette histoire, car je remarque avec horreur qu’un grand nombre d’entre eux sont divulgâchants dès les premières lignes !

En effet, nous avons là une double histoire : on devine d’emblée qu’elles vont se rejoindre, on peut vaguement imaginer comment (je ne vais pas dire que j’ai été surprise, mais en effet je n’avais pas tout à fait deviné), mais ce ne sera révélé qu’après le premier tiers du livre.

Or, tant de commentaires livrent la clé de ce « détail » dès leur toute première ligne, quel dommage !

Parce que cette incertitude autour du lien qui peut exister entre ces deux histoires participe à créer et entretenir une certaine tension, qui ajoute bien évidemment au drame qu’on sent se profiler.



A vrai dire, ce livre entre directement dans le vif du sujet, dans l’histoire de Lily à la fin des années 1950. La fillette a été confiée, par sa mère malade et trop pauvre dont elle garde quelques souvenirs, à un orphelinat, que l’on devine catholique, que l’on devine particulièrement sombre et recourant à des pratiques inadmissibles pour « redresser » ces enfants dont personne n’a voulu… Lily est différente : avec ses cheveux blonds-roux, et sa façon de défier l’autorité qui ne parvient pas à avoir prise sur elle, elle s’échappe dès qu’elle peut pour aller écouter les oiseaux. Par ailleurs, en tout temps, envers et contre tout et tous, elle veille farouchement sur « le Petit »…

De nos jours, dans une alternance de chapitres régulière comme un métronome, c’est la narratrice qui nous conte son histoire : elle arrive sur cette île de Jersey où l’orphelinat est désormais à l’abandon, après avoir fait l’objet de diverses enquêtes sur les exactions qui y ont été commises, mais dont les conclusions ont été étouffées par les pouvoirs locaux, histoire de ménager cette île magnifique, paradis des fleurs... et des évasions fiscales ! Mais cela n’arrête pas la narratrice, en véritable quête qu’elle ne cache même pas derrière son métier d’ornithologue pour qui cette île est pourtant magnifique : elle cherche ce qui s’est passé exactement, pour que cet orphelinat ferme aussi abruptement, autrefois…



Ainsi, dans une histoire qui vire peu à peu au drame, l’autrice aborde des sujets très « à la mode » aujourd’hui – malheureusement ! – et inspirée de cette terrible histoire connue désormais comme « L’orphelinat de la honte » (voir https://www.arte.tv/fr/videos/093031-000-A/jersey-l-orphelinat-de-la-honte/ ), que l’autrice ne cite cependant pas dans son récit, mais elle donne plusieurs références en fin de volume.

Ce sont essentiellement les abus psychologiques et sexuels pratiqués par les autorités, souvent religieuses, envers les enfants qui leur étaient confiés au milieu du 20e siècle – ici ça semble aggravé par le contexte d’une île (qui est, de fait, une « prison » au milieu des flots) par ailleurs paradisiaque, où jusqu’à nos jours, les autorités préfèrent la quiétude, quel qu’en soit le prix, à la vérité. Mais c’est aussi la différence, ici pleinement assumée, d’une enfant, et toutes les conséquences que cela peut avoir ! et ce, malgré une surenchère très « moderne » qui, à mon sens n’a rien à faire dans ce livre, et qui dès lors casse un peu l’enchantement général.



On peut reprocher la quête un peu trop « facile », parfois un peu fade aussi, de la narratrice, qui va se heurter à bien des portes, mais finalement quand même trouver des tas de réponses presque par hasard grâce à un seul personnage secondaire bien sympathique – mais qui va indirectement ouvrir la porte à un autre sujet : peut-on jamais pardonner à ceux qui ont commis, ou même « seulement » participé à de telles exactions ?



Au final, on retiendra surtout l’écriture toute en contraste, qui finit donc par créer, dans un effet paradoxal sans doute voulu, un véritable enchantement ! Dans toutes les parties qui racontent les aventures de Lily, on est réellement aux côté de la fillette, dans son émerveillement face à toutes les beautés de cette île encore bien sauvage – surtout les oiseaux, on l’aura compris ! -, comme on est avec elle et on sent son cœur glacé d’effroi à chaque nouvelle punition, qui semble glisser sur elle (du moins aux yeux de ceux qui sévissent) mais qui s’imprime si profondément en elle… La narratrice quant à elle, dans sa quête d’adulte, est sans aucun doute moins attachante, mais permet au lecteur de réordonner les pièces du puzzle qui lui sont ainsi données au compte-gouttes, et entrer ainsi de plain-pied dans toute l’horreur de cet orphelinat, à travers l’histoire de deux enfants innocents en particulier ; une horreur qui ne cesse de s’inscrire dans un cadre magnifique, qu’on ne sait plus trop si on peut continuer à l’admirer, ou si on doit désormais boycotter une île qui, pour des raisons économiques surtout, a choisi d’étouffer une vérité qui dérange, mais dont la beauté ne cesse d'enchanter...

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L'heure des oiseaux

Au large des côtes françaises se trouve la petite île de Jersey, connue pour être un paradis de surfeurs et de riches investisseurs en quête d’évasion fiscale. Mais cette île, sous ces dehors idylliques, cache de noirs secrets, que nous raconte ici Maud Simonnot, en revenant sur la fermeture d’un orphelinat à la fin des années 80 suite à un scandale vite étouffé ayant révélé des maltraitantes sur les enfants. Dans ce récit, c’est la fille d’un ancien pensionnaire, Simon, qui vient sur l’île pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à son père, ce qu’il avait vécu à l’orphelinat et comment il avait réussi à en sortir.



Alternant les points de vue et les époques, Maud Simonnot raconte tour à tour le quotidien de Lily et Simon à l’orphelinat et l’enquête menée par la fille de ce dernier, créant une tension palpable tout au long du récit. Quelques bribes nous sont dévoilées petit à petit, nous amenant à nous questionner en permanence sur ce qui a bien pu se passer, jusqu’à ce que toutes les pièces du puzzle nous soient finalement dévoilées. Le récit nous maintient en haleine, aussi bien grâce à l’ambiance pesante, à laquelle s’accorde bien le paysage sans pitié de l’île, que grâce au style précis et sans fioritures de l’autrice, qui mêle habilement le ton tranchant des passages difficiles à la musicalité du chant des oiseaux.



Sous ses dehors d’enquête presque policière, c’est avant tout une histoire qui permet d’évoquer les violences et aggressions subies par les enfants en toute impunité dans plusieurs cadres, et notamment celui des institutions, éducatives ou religieuses. C’est la noirceur de l’homme dans sa plus simple expression, mais aussi la honte collective à vouloir cacher ces horreurs pour préserver le statut du paradis fiscal, que l’autrice dénonce, à l’aide d’une histoire qui, pour autant, ne manque pas de poésie.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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L'heure des oiseaux

Le roman croise deux temporalités : celle de l’enquête et le quotidien de deux orphelins de Jersey en 1959. A la fébrilité de la narratrice, délicate et inquiète pour son père fait écho une écriture tenue qui a du tact.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
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L'Enfant céleste

Mary lutte contre son chagrin suite à une rupture sentimentale. Elle cherche aussi à aider son fils à grandir hors du moule de l'école qui ne lui convient pas. Il est atypique. Il s'appelle Celian. Il aime la nature, l'astronomie, rêver... Mary finit par le déscolariser et programme un voyage sur île de la mer Baltique où a vécu et exploré le ciel, un certain Tycho Brahe. C'était à la Renaissance.



Avec douceur et détermination, Mary et Celian s'en vont donc loin.



Ce séjour est empreint d'une infinie douceur. la nature est omniprésente, à la fois forte et fragile. Sur ce bout d'île, ils rencontreront un universitaire spécialisé sur Shakespeare, et Bjorn, un homme revenant vivre sur l'île.



Alors que Mary laisse libre les allées et venues de son fils, elle fait un travail sur soi par rapport à ses ruptures amoureuses et familiales. Bjorn et elle vont s'apprivoiser, faire un bout de chemin ensemble.



Un beau roman, très doux, poétique, avec peu de personnages, sobriété ! Un moment hors du temps que ce séjour revivifiant. Et beaucoup d'érudition aussi. On parle de ce savant T. Brahe, de Shakespeare, d'Hamlet, de Kepler, de Copernic...







































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L'heure des oiseaux

C’est un livre sur le secret, sur les marges, sur cette enfance blessée qui reste lumineuse malgré tout. Avec ce nouveau titre, Simonnot bâtit un cycle cohérent avec La Nuit pour adresse (2017), consacré à Robert McAlmon, puis L’Enfant céleste (2020), et on peut y ajouter son anthologie, Le Goût de la forêt.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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L'heure des oiseaux

En lisant ce magnifique roman de Maud Simonnot, les larmes me sont montées aux yeux plus d'une fois, oui, parce que c'est triste et cruel, mais surtout parce que c'est sublimement écrit. La beauté du paysage et de la langue nous rentre dedans et nous habite par la suite, comme un fantôme qu'on ne voudrait pas oublier.



Le chant des oiseaux nous reste dans le creux de l'oreille, comme si le roman s'était transformé en un étrange coquillage en cours de route. Il abrite une si jolie mélancolie et il nous reste dans le creux des mains longtemps après la lecture. Longtemps, nous resterons sans voix, avec seulement un lointain sifflement, tendre et étonnement doux, pour combler le silence.
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L'heure des oiseaux

L’heure des oiseaux ou la quête de la vérité.

Une quête qui va mêler fiction et réalité.

Le père de la narratrice est hanté par des souvenirs très flous de son enfance et plus particulièrement une certaine période. Pour mettre un terme à ces angoisses, la jeune femme part pour l’île de Jersey, l’île aux fleurs, qui sous un aspect paradisiaque tait un passé pas toujours glorieux. Elle va affronter la réalité avec l’orphelinat de La Garenne où avait été placé son père. La quête de ce passé même fictif trace la vie bien réelle des enfants placés dans ce lieu maudit. Maltraités, abusés, oubliés de tous, certains ont survécu. La peur ne les a jamais quittés.

À travers l’histoire de Lily, cette enfant solaire, et de son petit frère, le passé refait surface. Témoignages et mensonges. Personne ne veut savoir. Il y a une image à préserver, celle de l’île aux fleurs, et la réputation d’une certaine élite locale.

L’orphelinat de La Garenne, dit l’orphelinat de la honte, a fait l’objet d’une enquête qui s’achèvera dans les oubliettes.

Les investigations de l’autrice ne sont pas toujours convaincantes, mais le mystère qui entoure Lily et sa disparition suspecte est la ligne conductrice de ce roman.

Un documentaire, Jersey, l’orphelinat de la honte sur Arte.fr, retrace, l’opération rectangle qui avait été mise en place pour révéler cette sordide vérité.
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L'heure des oiseaux

L’heure des oiseaux de Maud Simonnot

Editions de l’observatoire





« La mémoire se conforme à ce que nous croyons nous rappeler, on ne peut pas davantage se fier à nos souvenirs qu’à notre imagination. »



Jersey, île anglo-normande bucolique, ces cottages cossus sis entre terre et mer, paradis des oiseaux et de ceux qui les aiment. Il y a pourtant une tache indélébile que tous, sur l’île semblent vouloir oublier : l’orphelinat.

L’orphelinat de la honte ou enfants malchanceux et malheureux subirent la faim, la soif et pire encore la maltraitance physique, une violence manifeste à l’abri des regards.

Il y a soixante ans de cela, Simon y fut pensionnaire. Il n’avait pas quatre ans. Aujourd’hui il est vieux et pourtant ses souvenirs affluent, envahissants. Il doit savoir, comprendre.

La fille revient à Jersey sur les traces du père, de ce que fut sa vie et son expérience dans cet orphelinat dont tous, parlent à demi-mots. La jeune femme se fait enquêtrice et viens heurter la mémoire collective de ce microcosme. De l’affaire qui ébranla l’île en 1959, personne ne souhaite parler.

Pour Simon, la narratrice va exhumer la vie de Lily, la trop libre Lily qui va payer sa différence, Lily qui a tant veillé sur Simon « Le Petit », Lily qui comprenait le chant des oiseaux.

Ce livre écrit comme une enquête est une ode à la nature et aux liens qui traversent nos mémoires.

C’est un livre sur l’enfance qui jamais ne nous quitte.

Un livre qui vous happe par sa poésie et sa violence.

C’est un coup de cœur et aussi ma première lecture de l’auteure Maud Simonnot, dont L’enfant Céleste a eu tant de succès et que j’ai hâte de lire ...

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L'heure des oiseaux

« Lily le serre très fort dans ses bras au milieu du dortoir mal éclairé et le rassure. Tout en se disant que les loups les plus féroces de cette île sont déjà entrés dans la bergerie. Ils en sont même les gardiens. »



C’est l’histoire de Lily et du petit, deux jeunes enfants placés dans le sinistre « orphelinat de la honte » à Jersey dans les années 50, deux innocents broyés, abusés, deux malheureux « oiseaux en cage », doublement prisonniers de cette institution sordide et de cette île qui les coupe du monde.

Soixante ans plus tard, c’est pour enquêter sur le passé de son père que la narratrice de se rend sur les lieux, dans ce petit bout du royaume britannique au large de la Normandie plus connu pour ses paysages bucoliques et ses coquets cottages que pour la triste réputation de cette abominable institution. Une enquête compliquée durant laquelle elle se heurte au mutisme des habitants, peu enclins à lever le voile sur cette sombre affaire, mais qui la conduira sur les traces de Lily et du petit Simon, son père, à jamais marqué par cette enfance douloureuse.

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Avec ce roman aux allures de récit, Maud Simonnot confirme le talent qu’elle avait démontré dans « l’enfant céleste ». Encore une île, encore l’enfance et toujours un regard plein de tendresse sur la différence, la singularité. Mais là où son premier roman était lumineux et poétique, celui est teinté de réalisme et revêt une tonalité beaucoup plus sombre, plus dramatique. Et pourtant, paradoxalement, la lecture en est douce. Traitée toute en pudeur, avec beaucoup de sensibilité et de délicatesse ce récit est adouci par l’alternance des temporalités qui nous plonge dans ces heures sombres en leur apposant le filtre des ans et du temps écoulé. Un texte qui nous offre des instants de grâce aussi, lorsqu’elle évoque la nature, les oiseaux, symboles de libertés pour ces deux oisillons, ou encore lorsqu’elle évoque la force du lien qui les unit.

Un roman bouleversant et très émouvant. Tragique et beau.

Incontournable et inoubliable
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