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Critiques de Michael Farris Smith (352)
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Nulle part sur la terre

C'est un mantra, "nulle part sur la terre, nulle part où aller, aller nulle part, se rendre au milieu de nulle part", qui se répète tout au long du roman de Michael Farris Smith et qui nous jette dans une dimension spirituelle à partir de vies engluées dans le déterminisme des oubliés du rêve américain.



C'est un mantra "nulle part" qui s’entend en sourdine tandis que se balancent au gré des grincement de fauteuils à bascule, sur une véranda de maison typique américaine, deux gars qui boivent des bières en voyant arriver l'orage, la tempête, les "gros ennuis" sous forme de "gros nuages".



Ce sont les histoires d'escalade sur le mur du malheur de Maben et de sa fille de 6 ans qu'elle traîne avec elle de fuite en fuite sur les routes cabossées de l'Amérique, de Russel qui sort de prison pour se retrouver de suite entre les griffes de son passé, de toutes ces existences chaotiques et cahotées de déchéances en déchéances.



Avec un style prenant, implacable, pragmatique et efficace qui nous happe pour nous jeter de façon abrupte dans les pensées de personnes traquées, nous nous mettons à lire, à courir, à fuir avec les personnages. On se retrouve derrière leurs yeux, on voit, on souffre, on ferme les yeux et on les rouvre puis on grince bref on ne voudrait jamais les lâcher ses personnages pour qui on s'est pris immédiatement d'affection littéraire.



On essaye de "regarder le mal en face pour rester à l'écart du mal" à l'instar de Russel et ceci grâce aux comparaisons, métaphores et autres métonymies tout à fait originales et percutantes de l'auteur. Il y a "des traînées de lumière lavande", une fille "acculée au désespoir, cernée par les chiens enragés de la vie", "les mauvais coups" qui "s'amoncèlent et prolifèrent comme une espèce de plante grimpante sauvage et vénéneuse", la gorgée de breuvage qui a "un goût de claque dans la gueule" ou encore "un putain de grand écart entre passer la serpillière et braquer un inconnu dans un parking...dans la même soirée" et on reste scotchés par la créativité de cet auteur.

Quoi ? Il n'y a que 2 ouvrages de Michael Farris Smith ? Je vais lire "Une pluie sans fin", et le prochain livre, et le prochain.
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Nulle part sur la terre

C’est l’histoire d’une rencontre entre deux êtres que la vie n’a pas épargnée. L’atmosphère est sombre, pesante et parfois très noire. Maben marche le long de la route avec sa petite fille Annalee et porte un sac poubelle sur le dos, seul et unique bagage, témoin d’une vie triste, pauvre et agitée. Maben et Annalee n’ont nulle part ou aller.



Russel sort de prison et rentre chez lui , il pense pouvoir reprendre le cours de sa vie, là où il l’a laissée onze ans plus tôt, mais il est attendu par le frère de celui qu’il a malencontreusement tué, un frère rempli de haine et qui veut se venger.



Ces deux personnages vont se retrouver dans la même ville et c’est un meurtre qui va les réunir et ajouter encore plus de malheur à leurs vies déjà trop abîmées, est ce qu’ils vont s’en sortir ?



On rentre de suite dans l’histoire, on ne peut pas faire autrement, on est projeté d’un seul coup dans l’univers sombre de Maben et Annalee et on se dit que l’on ne va pas en sortir indemne. Cette maman est poursuivie par le malheur, on a qu’une envie, que quelqu’un lui tende la main, que tout aille bien, mais elle se retrouve par malchance là où elle ne devrait pas être, et elle va, une nouvelle fois tomber, encore plus fort et plus profond que les fois précédentes.



Russel est lui aussi un accidenté de la vie, il a passé onze ans sous les barreaux parce qu’il a tué un jeune homme en voiture, ce soir là il avait bu, beaucoup trop bu, d’ailleurs ils boivent tous un peu trop dans ce roman….. peut-être pour oublier que la vie n’est pas géniale dans cette petite ville du Mississipi. Je l’entrevois comme une ville dortoir, ou rien ne se passe et ou la seule distraction est de se rendre au pub du coin pour consommer.



Russel est coupable, il pense avoir payé mais il ne trouvera pas la vie de repos qu’il a espérée, on est toujours rattrapé par son passé et quand on a été incarcéré durant onze années, ce n’est pas facile de recommencer, on est, quelque part toujours prisonnier, même s’il n’y a plus de barreaux, Russel reste marqué.



Michael Farris Smith nous présente deux personnages hors du commun mais tellement attachants. Deux âmes perdues qui naviguent en permanence au bord de l’abîme, il suffirait d’un rien pour qu’ils ne basculent l’un et l’autre. Il nous tient en haleine tout au long du livre et c’est parfois suffocant mais c’est tellement bon aussi ce suspense.



La lectrice que je suis veut entrevoir un peu de lumière et de bonheur, il faut que cette malchance s’arrête, que la roue tourne, Russel a tué certes mais c’est quelqu’un de bon avec le coeur sur la main et moi je l’aime bien, même s’il boit toujours beaucoup trop à mon goût….



Maben est pleine de mauvais choix, c’est une pauvre fille qui n’a pas été gâtée ni aidée par la vie, il aurait suffit d’un petit coup de pouce pour qu’elle s’en sorte mais le destin s’acharne et elle en a marre de subir, le jour ou elle décide de dire stop, ça ne se passe pas comme prévu mais avait-elle un autre choix ?



Et Annalee, cette petite fille si jeune qui se trimbale déjà un passé trop lourd pour de si frêles épaules… aucun enfant ne mérite cette vie…. Puis il y a les autres aussi, Mitchell, le père de Russel, un bon gars qui adore son fils, Boyd son ami d’enfance qui sera face à un choix délicat…. des personnages qui auront un rôle clé qui pourrait changer la donne….



C’est une belle leçon de solidarité, d’entraide et d’espoir, il y a beaucoup d’amour aussi, même si ce n’est pas l’amour tel qu’on le conçoit, cette terrible histoire nous réconcilie un peu avec l’humain et nous dicte que même dans l’enfer on peut parfois trouver une main tendue qui nous évitera la brûlure de la flamme.



C’est le second roman de Michael Farris Smith, je n’ai plus qu’une envie, lire le premier « Une pluie sans fin », sorti en 2015.
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Nulle part sur la terre

Chaud. Il fait très chaud ; ça colle, ça cogne, ça dégouline. Pour autant ça n'empêche pas Maben et Annalee de marcher le long de cette route, traînant un sac qui est leur seul bien matériel. Les galères, Maben les connaît bien. Elle est en plein dedans, elle y était et elle va y replonger bien vite, malgré elle, malgré sa fuite. Les galères lui collent à la peau comme sa sueur.

Russel a bien de la peine à se retrouver dans ce qui fut sa ville ; il ne rentre pas d'un exil mais d'un séjour en prison. Son père est là, heureusement. Il a un toit et une maigre famille. 

L'un se fait bastonner ; l'autre agresser. Ces êtres qui se rencontrent vont-ils réussir à contrer cette violence à leur égard ? 



J'ai eu aussi chaud que Maben au bord de la route, j'ai eu mal pour Russel, j'ai bien aimé Boyd. Je me suis demandé à quel moment la  violence allait cesser de s'abattre sur eux et j'avais envie de prendre la parole, de parler à Boyd, de lui dévoiler ce que je savais pour que cela s'arrête. Puis l'air automnal est arrivé, amenant avec lui la fraîcheur enfin et la fin de l'histoire. Les six dernières lignes m'ont particulièrement émue. 
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Sauver cette Terre

Jessie et son petit garçon, tentent de fuir une secte malveillante, dans un monde où les ouragans ravagent, à répétitions, le Mississippi et la Louisiane. ⁠



On avait laissé l'auteur Michael Farris Smith à qui on est fidèle depuis Le sublime Pays des éclopés avec sa vision toute personnelle de Gatzby le magnifique.



ON le retrouve en ce début 2024 avec une histoire plus en phase avec ses premiers romans, à travers une histoire de famille dramatique, réalise émouvante, sans parti pris qui livre sans vision d'une Amérique des délaissés et des éclopés . Une famille lutte pour sa survie dans un monde dystopique, ravagé par les ouragans et le désespoir



On retrouve avec grand plaisir l’écriture de Michael Farris Smith, efficace incisive et poétique et sa description à nulle autre pareille de sa terre de prédilection, que sont La Louisiane et le Mississippi.



Le tableau est très sombre et pessimiste, mais l’écrivain américain est au fond de lui un vrai humaniste, il sait aussi nous parler de belles personnes qui sont prêtes à tendre la main, pourvu que l’on sache simplement l’attraper.



C’est tout à la fois noir, rural, brutal mais en même temps rempli d’espoir.
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Une pluie sans fin

Il pleut. À ne plus finir !!! Toujours et tout le temps. La moitié des États-Unis essaient de survivre dans ce déluge constant. Pendant que l'autre moitié fait fi des intempéries. Au milieu de tout ça, un homme, seul, anti-héros, qui tente de s'en sortir. La lutte, les désillusions sur l'humanité, la course au fric, le désespoir, mais également l'espoir, l'amitié et l'amour. Autant de thème qui font de ce roman une excellente lecture.
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Le pays des oubliés

Déjà conquis par le précédent roman de Michael Farris Smith (« Nulle part sur la terre »), j'ai à nouveau été emballé par sa dernière publication, « le pays des oubliés ».



J'ai beaucoup aimé le personnage de Jack, un être meurtri, abimé, à la fois moralement et (surtout) physiquement. Avoir consacré son existence à se battre à mains nues se paie à un moment donné, c'est inévitable. Jack est pris dans une course contre la montre pour empêcher la saisie de la maison de Maryann, sa mère d'adoption, mais aussi pour rembourser ses dettes auprès de la redoutable Big Momma Sweet. Car Jack n'a pas toujours fait les bons choix, c'est un euphémisme. Le voici donc à la croisée des chemins, à la recherche d'une forme de rédemption. Et l'ultime combat qu'il aura à mener, ce face à face brutal, barbare, devant une foule hostile et déchainée, constituera un véritable quitte ou double…



La construction de ce roman participe également à sa réussite, les retours dans le passé nous permettant d'une part, de mieux saisir la relation entre Jack et Maryann, et son intensité, et d'autre part, de comprendre le parcours d'Annette, qui surgit dans la vie de Jack tel un ange.



« le pays des oubliés » est une formidable histoire, forte, poignante, pleine d'humanité et de noirceur. Avec une fin ouverte, qui peut certes troubler… mais après tout, à chacun d'imaginer la suite en fonction de sa sensibilité. Un coup de chapeau pour finir aux éditions Sonatine pour la très belle couverture, faisant furieusement penser aux oiseaux de nuit d'Edward Hopper.

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Nulle part sur la terre

Maben et Russel reviennent à la case “Départ”, ils n’ont pas touché 20 000 francs - par contre, lui est passé par la case “Prison” - n’ont jamais tiré de carte “Chance” ou bénéficié de coups de pouce du destin. Pas de maison, pas de cash - ou si peu - ce sont les grands perdants du Monopoly aux dés pipés qu’est le libéralisme américain. Des exclus d’un système absolument pas enclin à leur faire de cadeau.



Maben, usée avant l’âge, est au bout du rouleau après quelques tentatives pour s’en sortir du côté de la Nouvelle-Orléans et ailleurs. Essais qui se sont tous soldés par des échecs cuisants. Elle a tout essayé, même vendre son corps, pour pouvoir offrir un toit et de la nourriture à Annalee, sa petite fille de sept ans. Toutes ses affaires tiennent dans un lourd sac poubelle qu’elle traîne le long des routes comme le forçat son boulet. Son passé qui l’empêche d’avancer plus vite, qui la tire vers le bas.



La mère et la fille survivent, plus qu’elles ne vivent, au jour le jour, marchant interminablement, sans grand espoir pour l’avenir autre qu’un lit et un repas chaud, la méfiance et la peur chevillées au corps et au coeur de Maben. Tant qu’à tirer le diable par la queue et à être malheureuses, elle a décidé de le faire dans un environnement familier, là où elle a grandi dans les marais du sud du Mississippi, à McComb. Au cours d’une des rares nuits où elles peuvent se reposer dans un lit, parvenues pratiquement au but, Maben va commettre une terrible erreur, une de plus. Pas que ce soit sa faute, mais rien à faire pour l’expliquer, elle devient une fuyarde...



Les onze années de pénitencier semblent un prix suffisamment lourd pour Russel, elles devraient lui permettre de reprendre le cours de sa vie. Il n’est pas un criminel. Ça a juste été un sale concours de circonstances : une journée trop arrosée, un accident, un mort et plus de dix ans de sa vie qui se sont évaporées. Sa mère est morte, il retrouve son père en compagnie d’une jeune Mexicaine que celui-ci présente comme une simple employée mais qui, manifestement est bien plus importante dans la vie du vieil homme. Un comité d’accueil local attend l’ex taulard à sa descente du car, deux frères convaincus que la peine de prison n’a pas été suffisante et se sont jurés de lui pourrir la vie, voire pire s’ils en ont l’occasion. Une bonne raclée à peine débarqué, voilà qui donne le ton du retour au bercail, ce ne sera pas facile.



A priori, rien de commun entre ces deux personnages, sauf bien entendu la bourgade où ils se rendent et le destin qui va les réunir. Le hasard, toujours lui, s’en mêle, les fait se croiser et un tragique passé commun va se révéler, peu à peu, à eux autant qu’au lecteur. Leur histoire est un long blues implacable, avec la botte qui tape le rythme sur le porche en bois et la voix rauque égrenant la misère et la douleur. Un récit qui n’est pas sans rappeler Le Blues de La Harpie de Joe Meno par le sujet, l’impossible réintégration des condamnés dans les petits bleds reculés où les jugement sont toujours considérés comme trop cléments, ou Mauvaise étoile de R.J. Ellory, pour l’errance, l’hostilité environnante, la quasi obligation de se mettre encore et toujours en marge de la loi, poussés par les événements, une sorte de spirale vicieuse qui entraîne vers le bas dès le premier mauvais pas effectué et ne s’arrête plus.



Russel, son truc, c’est de réparer. Il a appris ça avec son père qui achetait des bicoques pour les restaurer et les revendre. Il va faire la même chose avec Maben, tenter de la remettre en état de marche, malgré le poids du passé, pour Annalee, pour expier une dernière fois cette faute qu’il a commise et qui a tout déclenché. Maben, le sien, c’est d’être au mauvais endroit au mauvais moment et de voir, trop tard, le malheur fondre sur elle, même si elle peut se transformer en tigresse si Annalee est menacée.



Michael Farris Smith a capté et transcrit parfaitement l’âme et l’atmosphère du Sud, cette décontraction apparente, ce calme trompeur à la surface du marigot sous laquelle la violence toujours tapie comme un alligator peut surgir au détour de chaque mot et emporter tous ceux qui se trouvent à sa portée. Comment dans ces conditions, sachant ce qui est arrivé à Russel à la descente du bus, pourrait-il ne pas se trimballer avec un flingue chargé et un pack de bière ? Comment échapper à ce qui semble être son destin ?



Un coup de chance éclaire parfois la nuit, c’est son ami de jeunesse, le flic Boyd, qui le contrôle ainsi équipé non loin d’une scène de crime à laquelle Maben est mêlée. Plus le roman avance, plus ses deux personnages se trouvent liés, même si la jeune femme le refuse, se méfie, doute, ils savent tous deux que le salut passera par l’autre. Pas pour une forme de rédemption, elle n’a pas vraiment sa place ici, celle de continuer encore un peu, allégés, soulagés si possible



Un roman très noir, suffocant, plombé par la poussière du Sud qui s’élève au-dessus des phrases, accablé du cliquetis des armes, du bruit des coups sur les chairs. À chaque fois, ça fonctionne, on se laisse prendre au charme envoûtant et vénéneux de cette cambrousse réactionnaire et redoutable. Les personnages sont forts, attachants, ils glissent tous sur un toboggan construit, semble-t-il, tout exprès pour eux et dont il paraît pratiquement impossible de descendre avant de parvenir tout en bas.



Deux personnages très complexes, minutieusement détaillés, analysés par l’auteur qui a un don incroyable pour partager en peu de mots des émotions complexes. Maben et Russel sont des porteurs d’amours défuntes et d’espoir déçus, des fautifs de naissance comme on naît diabétique ou manchot. Nulle part sur la terre, c’est un bout de leurs parcours, un moment-clé de leurs existences découlant de tout ce qui a précédé.



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Nulle part sur la terre

A l'époque de la sortie de son premier roman, Une Pluie Sans Fin (Editions Super 8 / 2015), un récit post apocalyptique où l'on découvrait une région du sud des Etats-Unis ravagée par une succession sans fin de tempêtes et d'ouragans, on comparaît déjà son auteur, Michael Farris Smith, à l'illustre Cormac McCarthy en évoquant notamment son fameux roman La Route. Référence réitérée à l'occasion de la parution de son second ouvrage, Nulle Part Sur La Terre, où figure également en quatrième de couverture un rapprochement avec l'oeuvre de William Faulkner qui devient la "valeur refuge" dès qu'il s'agit de citer un auteur originaire du sud des Etat-Unis, plus particulièrement du Mississipi, lieu où se déroule l'ensemble d'un roman noir dont l'indubitable maîtrise ne nécessite pas ces comparaison outrancières.



Après une errance de plus de dix ans, Maben reste toujours aussi paumée et trimbale son mal de vivre en longeant cette autoroute surchauffée du Mississipi qui la ramène vers sa ville natale. Sa petite fille peine à la suivre et il lui faut trouver un endroit pour dormir quitte à dépenser ses derniers dollars pour une chambre dans un motel miteux. Et puis elle trouvera bien le moyen de se refaire en monnayant ses charmes auprès des routiers stationnés sur le parking. Mais rien ne se passe comme prévu et la nuit vire au cauchemar.



Russel s'apprête également à retourner chez lui après avoir purgé une peine de prison de onze ans. Mais à peine arrivé, il se rend rapidement compte que rien n'a été oublié et que sa dette, pour certains, n'a toujours pas été réglée. Dans une logique de fuite éperdue et de vengeance ces deux âmes perdues vont être amenées à se retrouver au milieu de nulle part pour tenter de s'extraire de cette tragédie qui semble leur coller à la peau.



Ce qu'il y a de saisissant avec un ouvrage comme Nulle Part Sur La Terre, c'est cette notion d'équilibre émanant d'un texte sobre au service d'une narration simple mettant en scène toute une série de personnages nuancés, presque ordinaires se retrouvant liés par les réminescences d'un drame qui les a projetés, pour certains d'entre eux, à la marge d'une Amérique ne faisant que peu de cas de ces âmes cabossées par la vie. Sur une partition d'évènements qui s'enchainent avec une belle cohérence nous assistons aux cheminements chaotiques de Maben et de Russel tentant de refaire surface et de s'extraire de la somme d'ennuis qui les éloignent toujours un peu plus de cette rédemption à laquelle ils aspirent sans être vraiment certains de pouvoir être en mesure de l'obtenir ou même d'être en droit de la mériter. Comme repris de justice, Russel doit faire face à la violence de ceux qui n'ont pas oublié et qui ne peuvent pardonner. Des victimes collatérales qui deviennent bourreaux en s'enferrant dans une logique de haine viscérale. Comme mère paumée, Mabel doit assurer la survie de sa fille quitte à sacrifier la sienne car marquée par les affres d'un événement tragique dont elle ne peut se remettre, le sort continue à s'acharner sur elle. Dès lors, sur la jonction de ces deux destinées, Michael John Farris met en place une belle intrigue bien maitrisée en évitant toute forme d'excès que ce soit aussi bien lors des confrontations que lors des instants plus boulversants d'un récit teinté d'une noirceur savamment élaborée.



De situations presque communes, l'auteur parvient à extraire des instants poignants à l'exemple des retrouvailles entre Russel et son ex fiancée ou lors des échanges entre ce même Russel et Boyd, son ami d'enfance désormais adjoint du shériff de la localité où ils ont passé leur enfance. Ainsi, du quotidien et des rapports ordinaires qu'entretiennent les protagonistes du roman, Michael Farris Smith bâtit une intrigue solide et prenante qui emmène le lecteur dans les circonvolutions de ces destinées presque banales devenant soudainement les moteurs des péripéties qui animent un récit baignant dans le réalisme de cette petite ville du sud des Etats-Unis et dont on peut appréhender l'atmosphère au travers d'une écriture limpide, dépourvue de toutes fioritures, également emprunte d'une certaine forme de rudesse et de sincérité qui habille l'ensemble des personnages peuplant un roman qui, au-delà de sa noirceur, revèle quelques beaux moments éclatants d'amours et d'amitiés.







Michael Farris Smith : Nulle Part Sur La Terre (Desperation Road). Editions Sonatine 2017. Traduit de l'anglais (USA) par Pierre Dumarthy.



A lire en écoutant : The Sun Is Shining Down de JJ Grey & Mofro. Album Country Ghetto. 2007 Alligator Records.


Lien : http://monromannoiretbienser..
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Nulle part sur la terre

Paru il y a deux ans aux éditions Super 8, Une pluie sans fin, de Michael Farris Smith, était un assez bon roman post-apocalyptique dont on espérait alors qu’il annonçait pour la suite des écrits encore meilleurs. Michael Farris Smith est donc de retour avec Nulle part sur la terre, roman au décor plus sobre mais aux personnages bien plus fouillés et intéressants.

Maben erre avec sa fille le long d’une route entre Louisiane et Mississippi, revenant vers une ville dont elle est partie des années plus tôt. Toutes ses possessions tiennent dans un sac-poubelle et l’avenir – immédiat comme plus lointain – s’annonce bien sombre. Au point d’envisager même de vendre son corps pour gagner de quoi avancer encore de quelques dizaines de kilomètres et nourrir la petite Annalee.

Russel, lui, sort de prison après une peine de onze ans. Lorsqu’il descend du car qui le dépose dans la petite ville du Mississippi d’où il est originaire, un comité d’accueil l’attend pour le passer à tabac.

Finit-on jamais de payer ses erreurs ou celles des autres ? Peut-on briser le cercle de la violence et de la vengeance ? Peut-on enrayer le mécanisme de la chute ? Autant de questions que posent les destins entrecroisés puis même entremêlés de Maben et de Russel. Rien de bien exceptionnel donc pour un roman noir en général et pour un de ces romans du sud-est américain auxquels on commence maintenant à être habitués en particulier. James Lee Burke, cité en quatrième de couverture, compare Michael Farris Smith à Annie Proulx, Cormac McCarthy et – c’est un peu devenu la tarte à la crème pour tout écrivain sudiste – à Faulkner. Peut-être parce que je suis à côté de la plaque, au jeu des comparaisons j’ai plutôt pensé à Larry Brown. À cause du cadre bien sûr, ce Mississippi rural, ses petites communautés dans lesquelles tout le monde se connaît, où les amitiés comme les haines s’ancrent avec force, mais aussi pour la capacité de Michael Farris Smith a incarner des personnages complexes, tiraillés entre leurs instincts et leur raison, leur profond désir de liberté et la nécessité de gagner une forme de rédemption, le besoin d’essayer de recoller des morceaux dont ils savent qu’en fin de compte ils ne pourront jamais reformer la perfection de ce qui a été et n’est définitivement plus.

Tout cela, Michael Farris Smith le fait avec une grande finesse, évitant toujours le pathos inutile et la facilité qui consisterait à faire de ses deux personnages principaux de simples innocents injustement chahutés par la vie. Ni Maben ni Russel ne sont des salauds, certes, et sans doute ne méritent-ils pas le sort qui semble s’acharner sur eux, mais ils ont fait et continuent de faire des choix, bons et mauvais. Leur rencontre en est la conséquence et elle portera son lot de douleurs mais aussi de véritables moments de grâce.

Nulle part sur la terre est ainsi une histoire simple avec des personnages compliqués placés face à des choix douloureux. C’est surtout un beau roman.


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Une pluie sans fin

Alors que les tempêtes succèdent aux ouragans depuis des mois, les États du sud-est des États-Unis s’enfoncent peu à peu sous les eaux. C’est pour cela que les autorités ont décidé d’établir une limite en dessous de laquelle ne vivent plus que quelques irréductibles, tel le solitaire Cohen, des chasseurs de trésor, des pillards ou des illuminés. Pour avoir croisé la route de quelques-uns de ces derniers, Cohen va se retrouver à tenter de mener au-delà de la Ligne un groupe qui a longtemps vécu sous la coupe d’un prêcheur fanatique.

En vogue depuis quelques décennies déjà – on pense par exemple à l’excellent Je suis une légende, de Richard Matheson (1954, tout de même) – le roman post-apocalyptique sous toutes ses formes, du récit d’exode de survivants au roman de zombies, connaît une véritable explosion depuis quelques années, en particulier dans le sillage du très justement fameux La Route, de Cormac McCarthy. C’est d’ailleurs plus ou moins sous les auspices de ce dernier – dans la présentation de l’éditeur en tout cas – que se place Une pluie sans fin. Le risque ici, est que la référence soit écrasante tant McCarthy a placé la barre haut avec son livre, œuvre importante de la littérature américaine de ce début de XXIème siècle et surtout roman ciselé, taillé jusqu’à l’os, à l’exceptionnelle puissance d’évocation et doté d’une réflexion de haute-volée sur la condition humaine.

De fait, premier roman de Michael Farris Smith, Une pluie sans fin est loin de toucher, ne serait-ce que du bout du doigt la quasi perfection de La Route ou d’égaler sa profondeur.

Pour autant, Farris Smith n’a pas forcément à rougir de son travail, en particulier en ce qui concerne le cadre de son action, ce Sud Profond balayé par une pluie et un vent incessants et dans lequel les animaux sauvages prennent peu à peu le dessus sur des humains pataugeant lamentablement dans la boue et qui voient leurs constructions dont ils pensaient qu’elles résisteraient au temps qui passe s’effondrer sous les coups de boutoir de la nature. On a froid et l’on est trempé jusqu’aux os avec les personnages de Michael Farris Smith, on sent le moisi, la pourriture et la vase avec eux. Mais la consistance exceptionnelle qu’il arrive à offrir à son décor, l’auteur peine à la donner à ses personnages et à son intrigue. Doter les trois personnages au centre de l’histoire, Cohen, Mariposa et Evan, d’anciennes et profondes blessures assez mystérieuses ne suffit pas à leur donner véritablement chair, et l’enchaînement des situations qui forment une sorte de patchwork de scènes d’actions ou de moments plus intimistes n’arrive pas à créer un tout entièrement cohérent. De là l’impression qu’Une pluie sans fin, bien fichu de prime abord sur la forme, manque assez souvent de fond.

Honnête divertissement au final, le roman de Michael Farris Smith ne dépare pas dans le catalogue des éditions Super 8 tournées vers la culture pop, la série B de bonne qualité. Et l’on espère même que le talent dont il fait preuve dans l’installation de son décor et sa gestion de certaines scènes d’action particulièrement réussies annoncent pour la suite de la carrière de l’auteur des œuvres encore meilleures.


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Nulle part sur la terre

L'Amérique obscure, l'Amérique comme on en rêve pas.

Maben et sa petite fille sont sur la route depuis trop longtemps, sans un rond, sans un ami, sans un endroit où aller.

Russell sort de onze années de prison.

L'une croise un policier un peu véreux, l'autre deux frères, Larry et Walt, vengeurs et violents.



Le roman commence dans la noirceur.

J'ai eu peur d'y étouffer.

C'est un roman sombre, certes, mais pas que. Il y a toujours une petite lumière finalement même si elle est ténue, même si c'est juste un père vieillissant qui est encore là, bienveillant, même si c'est un seul ami qui fait encore confiance.

Larry, Russell et Maben, trois parcours entrelacés. Tout au long de leur dérive, de leurs déboires, on se demande comment tout ça va finir pour chacun. Ça noue quelque chose en nous.

Ici, personne n'est tout noir ou tout blanc, chacun a ses faiblesses, tout le monde a fait un peu ou beaucoup de mal. L'alcool, la haine de soi que l'ont retourne contre les autres, les mauvais choix qui poursuivent, les certitudes qui s'effritent.

Et ces petites lumières si fragiles...

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Nulle part sur la terre

Gros coup de coeur, assez inattendu pour moi ! Je suis encore sous le choc de la lecture !

Un très grand merci à Babelio et aux Editions Sonatine. Je n'aurais probablement pas lu cette petite merveille sans la Masse Critique Spéciale.

Je l'ai demandé parce que je suis intéressée par l'Amérique profonde, par les laissés pour compte et par ces états du sud. Mais j’avoue que je m'attendais un peu à devoir me forcer à le lire. D’autant qu'il est arrivé à un moment où j'avais surtout besoin d'optimisme.

Mais c'est tellement beau, écrit de façon agréable, et certains personnages tellement touchants que je l'ai dévoré.

En fait, je n'ai pas pu le lâcher, et à présent qu'il est terminé, il me manque. Et au milieu de mes multiples lectures, ça, c'est vraiment un signe.



Deux vies cassées par manque de chance, parce que pas nés au bon endroit, au bon moment.

Deux qui essaient encore de s'en sortir, et dont on se doute qu'ils cheminent lentement l'un vers l'autre, sans bien sûr le savoir. Et dont on se prend à espérer que ce soit pour une petite respiration, pour lever un peu la tête. Et pas pour le pire. et on en doute de plus en plus.



Des descriptions, mais qui jamais ne donnent l'impression que c'est pour remplir la page. Mais au contraire pour nous planter le décor, pour qu'on entre vraiment dans les lieux et l'histoire.

Une façon agréable aussi bien de raconter ce qui se passe que de décrire, campagne et nature comme ville, maisons et gens.

Et du suspens, de l'angoisse, de la tendresse.

L'Amérique profonde, et pas celle dont on rêve, celle de tous ces malheureux qui tentent de s'en sortir sans savoir comment ils ont pu en arriver aussi bas.



Une très belle construction, puisqu'au début, on fait la connaissance des deux personnages principaux, qui n'ont, ou ne devraient avoir aucun lien. Peu à peu, à la fois on les sent se rapprocher, on comprend ce qui les lie, et on découvre le passé, les événements malheureux qui les ont amenés là.



Un point m'a quand même surprise. Un homme dont la vie a été détruite par sa conduite sous alcool. On comprend que c'est quelqu’un de bien, qu'il regrette énormément. Mais ... ça ne l'empêche pas d'encore prendre le volant en buvant pas mal. Je me demande si vraiment les Américains en général picolent autant !!



La présence de la fillette apporte à la fois un côté plus émouvant, et aussi plus dur, car des adultes en galère, c'est une chose, mais une si jeune gamine, ça fend le coeur.



Un livre qui marquera, mais ce que j'ai vraiment apprécié en fait, c'est le plaisir de lecture, le genre de livre que dans lequel je me plonge à chaque instant, même si je n'ai pas de temps pour la lecture, et je ne m' attendais pas sur un sujet pareil.

J'ai aimé aussi qu'il soit beaucoup moins noir que le sujet pourrait le laisser penser. Il y a malgré tout un espoir profond qui se dégage de cette lecture.

Il y a aussi quelques passages de belle poésie sur les paysages de ce Mississippi que l’auteur doit beaucoup aimer.



J'avoue que je ne connaissais pas les Editions Sonatine (et non, je n'ai pas (encore ?) lu La Fille du train !) et que pour un premier essai, c'est vraiment positif.
Lien : https://livresjeunessejangel..
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Une pluie sans fin

- Maman, les p'tits bateau qui vont sur l'eau ont t'.........

- Ah non tu vas pas te mettre à chanter !!! Tu vois pas qu'il pleut des cordes depuis si longtemps qu'on ne se souvient plus du soleil !!!

- Mais j'étais d'humeur guillerette moi !!

- Et puis quoi encore !! Où est-ce que tu as vu qu'on pouvait s'amuser et être gaie.

- Oui. C'est vrai. Promis, je ne recommencerais plus ..

- Allez tais toi et rame !!! Et plus vite que ça !



448 pages de flotte, de tempêtes, de froid et de grisaille. Eh bien moi j'ai ramé pour lire ce bouquin. J'ai besoin d'espoir, de lumière.. Je marche à la pile solaire, et là pour le coup, je n'avais que très peu de source d'énergie. Au final, j'ai mis beaucoup plus de temps pour le lire que prévu ! Un bon point pour le rapport dépense / temps passé me direz vous !! Il est plus rentable que mes autres achats :p



Une ambiance lourde donc vous disais-je. La météo est partie en cacahuète sur tout un territoire Américain. Un climat rude où les tornades détruisent tout. Il n'y a plus d’abri pour protéger homme, femme et enfant. Même le gouvernement s'est désengagé de ce problème ! Il s'en lave les mains.

Un torrent ininterrompu charriait sa conviction, tandis que les muscles de sa nuque se crispaient, que ses mains et ses bras ondulaient – car il tordait le serpent telle une serviette mouillée – ,que le besoin de tuer devenait impérieux, qu’il demandait la force et le châtiment de ceux qui doutaient de la voie, ma voie, Ta voie, Seigneur, si électrisé par sa puissance et son pouvoir qu’il ne vit pas la femme se précipiter sur lui et n’eut pas le temps d’échapper à l’emportement de la prière : déjà, il gisait sur le dos, bras et jambes plaqués à terre, son propre revolver contre ses lèvres, baiser-morsure d’une maîtresse ardente. Le serpent s’était enfui.

C'est tout simplement devenu la loi du plus fort. C'est ce que va comprendre notre héro qui a des allures d'homme des cavernes version apocalyptique. Il va être dépouillé de ses biens, de ses souvenirs et laissé pour mort. Bravant les éléments, il part à la recherche de quelques objets qu'on lui a voler (car apparemment lui est matérialiste !!)



L'auteur nous donne une vision bien dramatique d'un monde qui s'étiole. La nature humaine reprend des droits de sauvage. Les animaux deviennent dangereux et incontrôlable.

Je regrette que l'auteur est pris autant de temps pour relater son histoire, c'est long ! Beaucoup trop long ! Cela manque de dynamisme. Les flashbacks de la vie "d'avant" sont aussi un peu trop nombreux à mon goût.

Il faut attendre la bonne moitié du roman pour que les choses commencent à bouger, c'est dommage.



Cela dit si vous êtes patient et êtes un fervent admirateur des sujets d’atmosphères de fin du monde, alors ce roman est pour vous...


Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Nick

Mais qui fut vraiment Nick Carraway, le seul véritable ami de Jay Gatsby, le riche parvenu dont il raconta la vie dans " The great Gatsby " ?

Nick un bon gars du Midwest venu s'installer comme agent de change dans le fébrile New-York des années vingt.

Sacré personnage ce Gatsby qui voudrait tant se faire accepter par la grande bourgeoisie newyorkaise, oublier le milieu modeste dont il est issu et jeter un voile pudique sur la provenance de sa toute nouvelle fortune battie grâce à l'argent de la corruption et la prohibition. Dans ce milieu de WAPST bien nés et fortunés unNick et Gatsby se reconnaissent.

Nick Carraway le narrateur n,'est-il pas, en creux, le véritable héros de " Gatsby le magnifique ".

Nick Carraway qui s'engagea et partit combattre dans l'est de la France pour échapper à sa monotone vie de quincailler dans une petite ville du Minnesota.

Le front, les tranchées, la boue, la mort et de minuscules moments de tendresse et d'amour volés durant une permission à Paris, puis le front, les tranchées, la boue et la fin de la guerre à se demander pourquoi on est vivant.

Le retour, un sas de décompression dans les bordels de la Nouvelle-Orleans, un temps de réadaptation pour solder son tribu à la der des ders.

Nick à New-York rencontrera Gatsby, mais ça tout le monde le sait.

Très grand roman d'un très grand romancier.

Michael Farris Smith ose s'approprier le personnage d'un roman culte, il lui donne un passé, une famille et toute une vie d'avant Gatsby. Le résultat donne une furieuse envie de relire le roman de F.Scott Fitzgerald, deuxième au classement des cents meilleurs romans de langue anglaise au vingtième siècle, tout juste derrière "Ulysse" de Joyce.

Mort à quarante-quatre ans, l'écrivain ne connu jamais le succès ni l'importance de son roman dans la littérature contemporaine.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Blackwood

J'ai confirmation avec cette lecture que Michael Farris Smith arrive complétement à m'embarquer avec sa plume dans les romans noirs qui sont vraiment des romans d'ambiance car il y a au final peu d'actions.



Une ambiance vraiment étouffante à l'image de cette plante le kudzu, nous suivons ici le personnage de Colburn qui revient sur les lieux de son enfance, en parallèle nous suivons un couple avec un jeune enfant qui sont complétement marginaux, l'enfant doit d'ailleurs mendier pour pouvoir manger et les adultes voler de leur côté.



Une des premières scènes et d'ailleurs vraiment très choquante et l'auteur bascule entre le personnage de Colburn et le couple et l'enfant constamment et il nous perd volontairement dans sa narration pour donner cette ambiance si particulière au récit.



J'ai lu les 288 pages de ce récit quasiment d'une traite car même s'il y a peu d'action on a très envie de connaitre la suite de ce récit et la fin est vraiment pour moi à la hauteur de ce livre.



Une confirmation pour moi du talent de l'auteur!



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Le pays des oubliés

Le Pays des oubliés fut similaire à l'expérience ressentie à la lecture de Nulle part sur la terre mais en plus intense. Des personnages perdus, écorchés par l'âpreté de la vie, en quête non d'un "mieux" mais d'un "moins mal". Chez Michael Farris Smith, des odeurs lourdes de sueur se mêlent à la légèreté de la poussière du sol. C'est sombre, voire noir, très noir par moment, mais cela n'empêche pas ce récit d'être beau et poétique. Une excellente lecture

Merci à Babélio et Sonatines pour cette Masse Critique
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Nulle part sur la terre

ouisiane. Soleil de plomb. Une femme et une petite fille marchent sur le bord de l'autoroute dans l'indifférence générale.

Maben tente de fuir, sans répit, de routes en chemins, cette vie misérable qui ne lui fait pas de cadeaux.

.

Russel sort de prison après une peine d'emprisonnement de onze ans. Il est poursuivi par un passé noir dont il n'arrive pas à se défaire.

•••

Michael Farris Smith nous plonge dans une ambiance sombre teintée de touches d'espoir.

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L'histoire est sombre, certes. Mais on s'attache rapidement aux personnages. Ils sont tellement concrets, vivants. J'ai lu ce roman très rapidement alors que les microbes m'avaient assaillie de manière insidieuse. Qu'importe, impossible de le lâcher.

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Michael Farris Smith est indubitablement habile. Il dépeint des scènes de violence suivies de moments de calme et de sérénité. Cette histoire est noire mais qu'est-ce qu'elle est belle !
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Nulle part sur la terre

L'année dernière j'avais eu le coup de cœur pour le livre de la rentrée Sonatine - Là où les lumières se perdent de David Joy - cette fois encore la rentrée de cette maison d'édition est vraiment excellente !



Si vous aimez les romans noirs américains, le country noir en général; voici un roman parfait pour vous. J'étais déjà tombée sous le charme de la plume de Michael Farris Smith avec Une pluie sans fin, son deuxième roman confirme l'étendue de son talent ! Ce livre met en exergue les oubliés du rêve américain, ceux qui ont été mis de côté pendant tellement longtemps que le rappel de leur existence et de leur détresse est nécessaire. J'aime ces auteurs qui donnent une voix à ceux qui n'ont pas -ou trop rarement- l'occasion de s'exprimer.



L'histoire est portée par la quête de rédemption, par la volonté de trouver une lueur d'espoir... Lorsqu'un homme qui vient de terminer sa peine de prison et une jeune mère perdue se rencontrent -alors qu'un meurtre vient d'avoir lieu- tous les éléments sont présents pour une intrigue addictive et angoissante. Jusqu'au bout le lecteur sera plongé dans cette lecture, dans cette aventure afin de savoir comment tout cela peut se terminer.



J'ai aimé la faculté de l'auteur à lier le passé et le présent, à lier les destins de chaque protagoniste. Russell est vraiment émouvant, on comprend immédiatement que la prison a changé sa personnalité, qu'il cherche désespérément une raison de continuer à vivre. Maben est une mère proche de la chute, qui avance seulement pour sa fille, Annalee.



En définitive, un très beau roman qui marque encore une très belle rentrée littéraire chez Sonatine !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Nulle part sur la terre

Je remercie tout d'abord NetGalley et les éditions Sonatine pour la découverte du nouveau roman de Michael Farris Smith, auteur de La pluie sans fin que j'avais adoré!



Un Mississippi. Deux Mississippi. Trois Mississippi... Non, je ne calcule pas la distance qui me sépare de l'orage, il fait désespérément sec en ce mois! Je compte le nombre de pauvres âmes qui réintègrent le lieu de leurs malheurs passés pour en subir de nouveaux...



Russel a purgé sa peine de prison, a payé sa dette à la société. Mais certains ne sont pas d'accord et l'accueillent avec un passage à tabac de derrière les fagots... Ce n'est pas comme si Russel ne s'y attendait pas...



Maben traîne sa fille, Annalee, sur les routes surchauffées et poussiéreuses. De galère en galère, sans presque un sou en poche, à défaut de savoir où aller, c'est le retour à la case départ. Que faire d'autre quand la malchance et les mauvaises rencontres se succèdent?



Noir est la couleur de ce roman!

Dans une communauté rurale du sud profond des States, tout le monde se connaît, les antagonismes et les alliances sont ancrés depuis l'enfance, l'oubli n'est pas de mise et les haines perdurent au-delà du raisonnable pour forger les obsessions les plus malsaines. Le désœuvrement n'arrange pas les choses et jette plus souvent les hommes dans l'abîme embué de l'alcool, sur les routes désertes, au volant de leur caisse ou au comptoir des bars.



Si l'auteur nous dresse le portrait au scalpel d'une demi-douzaine de personnages dont la promiscuité a nourri les interactions au sein d'une modeste commune et tout aussi intéressant les uns que les autres, c'est autour de Mabel et Russel que l'action se joue.



Mabel et Russel traînent un passé d'échecs, de traumatismes et de mauvais choix, se retrouvent au même moment de retour dans ce patelin où un drame a bouleversé leurs existences, il y a onze ans.

Désabusés, résignés, ce n'est pas la joie que ces deux-là transpirent sous le soleil du sud!



Russel sent obscurément que son paiement à la société est une connerie et que certains n'attendent que sa mise à mort pour effacer l'ardoise. Quoi qu'il fasse, sa dette court toujours...



Mabel touche le fond au détour d'une énième mauvaise rencontre qui risque bien de lui ouvrir les portes de la prison et de la séparer de sa petite. Elle est paralysée par la peur, ne fait confiance à personne mais elle est à bout...



Et ces deux paumés de la vie, que le hasard confronte à nouveau après 11 ans d'errance, s'allient pour le bien de l'enfant... et peut-être aussi pour leur bien! 



Aucun pathos larmoyant dans ces trajectoires noires, Russel et Mabel déroulent leur parcours avec une distanciation née de leur désespoir. La malchance est à leurs yeux une fatalité. Même si nous sentons en eux une étincelle de rage de vie et d'envie de ciel bleu, le poids des autres les écrasent dans un étau d'obscurité.



Roman noir qui est le reflet de destins sans trajectoire dans une société désenchantée, sans perspective que l'inéluctable malheur. Une plume bourrue et incisive, sans excès, tout en pudeur qui m'a captivée dès le début et tout au long de cette angoisse latente, dans l'attente de l'obstacle suivant mais avec, toujours, une pointe d'espoir. 

Parce que le noir, on le sait bien, ne peut exister que par la présence de la lumière, quelque part... 
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Nulle part sur la terre

Nulle part sur cette terre de Michael Farris Smith

Elles marchaient toutes les deux le long de la route près de la frontière de la Louisiane, elles étaient sales et épuisées, une voiture leur fit faire quelques kilomètres jusqu’à un hôtel restaurant, l’homme leur donna 40$, un peu de répit, un repas, un lit, mais après il leur resta une trentaine de $, alors, sur le parking elle vit des routiers, des filles, Maben l’avait déjà fait mais elle n’avait pas prévu que Ned le patron en avait marre de cette activité. Il appelle les flics, Clint, un pourri, habitué à profiter des filles, à les menacer, mais ce soir là, il est mal tombé, Maben en a trop subi, des années qu’elle galère, qu’elle a quitté le Mississippi pour y retourner, toujours aussi pauvre, avec simplement sa fille en plus. Il l’emmène dans la forêt dans sa voiture, elle profite du temps où il se déshabille pour lui subtiliser son flingue et l’abat. Elle fuit, retourne au relais routier et retrouve sa fille, on ne l’a pas vue. Mais au petit matin elle doit reprendre la route, sans argent, elle a gardé le pistolet du flic.

De son côté, Russell sort de prison, 11 ans qu’il n’a pas vu son père mais à la descente du bus qui le ramène chez lui, ce dont deux types qui l’attendent et le tabassent, par chance un bon samaritain passait par là et le conduit chez lui. Son père, Mitchell, a repeint sa maison, mis des bières au frais, il va le rejoindre au bord de son étang. Son père l’attend, triste que Liza la mère de Russell n’ait pu le revoir, inquiet aussi, à cause de Consuela, avec laquelle il vit désormais, que va t il en penser? Les retrouvailles se passent bien, Russell sort le soir passe la soirée avec une fille et au petit matin prend la route, traîne, hume la liberté et fait face à un barrage de police qui cherche l’assassin du flic. Chance c’est un de ses vieux amis qui le vérifie, mais devant chez lui il reconnaît ceux qui l’attendent et se souvient d’il y a onze ans…



Deux êtres cassés, ballotés par la vie, qui voudraient bien s’en sortir mais difficile quand on n’a pas les codes et que le passé vous colle aux semelles. Deux beaux personnages, une écriture simple et directe, du rythme et un peu d’optimisme. L’auteur de Nick et Blackwood est décidément très à l’aise dans ce milieu des marginaux des petites villes américaines.
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