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Critiques de Michael Farris Smith (352)
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Blackwood

S'il faut bien concéder un talent à Michael Farris Smith, c'est celui de conteur du malaise. Il déploie dans "Blackwood" toute la gamme de l'étrange, de l'inquiétant, instillant lentement une ambiance sombre, progressivement oppressante et menaçante, jusqu'à être funeste.



Colburn revient dans son Mississippi natal, après avoir été témoin, enfant, du suicide d'un père qui se désintéressait de lui. Cet épisode cité en prologue est saisissant et jette déjà le lecteur dans un abîme de malaise.



✏ Ce retour à Red Bluff a lieu en même temps que chemine vers cette ville une étrange famille dont le père est menaçant, la mère fantomatique et le jeune garçon farouche, craintif et livré à lui-même. Ils auront, sur leur trajet, abandonné leur dernier-né, incapables d'en assurer la charge, eux qui subsistent déjà à peine. L'arrivée de ses personnages dans la ville de Red Bluff sonne le déclenchement d'une inexorable tension qui progresse en intensité conjointement à l'expansion d'une plante-liane, le kudzu, qui lentement s'étend et prend possession des alentours.



✏ Si le récit démarre sur un rythme indolent, posant le cadre d'une ville morne frappée de désolation, où les habitants défilent sans que l'on y ressentent la vie, la disparition de deux jeunes frères, alors qu'ils jouaient à proximité de leur maison, plonge définitivement le lecteur dans une descente dramatique inéluctable.

Pourquoi diable vouloir venir ou revenir à Red Bluff, dans cette ville en déclin où l'on végète plus qu'on n'y vit ? Cette ville qui voit croître à sa lisière le kudzu, parasite et invasif, qui menace de l'engloutir.

Cette plante pleine d'ambivalence, qui ondoie, séduisante, sous le vent et qui affiche cette couleur verte végétale, signe d'une nature bien portante. Pourtant, elle dévore tout sur son passage, recouvre les lieux et les objets comme un voile d'oubli. Ce que l'on ne voit plus existe-t-il encore ? Et qu'y a t-il donc sous ce kudzu qui génère cette atmosphère si angoissante ?



✏ Face à cette propagation pernicieuse, Michael Farris Smith laisse la porte ouverte à l'interprétation, le lecteur y verra ce qu'il voudra:

• Soit il s'en tiendra à un roman où l'ambiance prédomine, entre fantastique et quasi gothique, et comment alors ne pas saluer le talent de l'auteur à instiller l'inquiétude, l'angoisse, la peur sourde, le danger le plus redoutable qui soit car silencieux ?

• Soit le lecteur pourrait oser y voir, comme moi, une métaphore audacieuse d'une communauté rongée par un mal qui s'insinue lentement, un mal laissé aux portes de la ville comme un souvenir coupable que l'on écarte mentalement pour pouvoir continuer à vivre.

Un mal qui pourtant revient et se rappelle à toute une ville, autant qu'il se venge.



Un mal généré par la construction d'une nation, dont les fondations reposent sur des souffrances encore si fraîches si l'on considère la jeunesse de ce pays américain. Combien de sang aura irrigué cette terre, à commencer par celui des natifs massacrés, puis des esclaves réduits à l'état d'objets, suivis par l'hécatombe d'une guerre civile monstrueuse.

C'est osé mais concevable. Ce mal pourrait prendre de nombreux visages : un capitalisme galopant et dévastateur, prônant la loi du plus fort et grignotant tout ce qui ne lui sert plus et qu'il a vidé de sa substance, comme ces villes qui furent à l'âge d'or économique en plein essor et qui laissèrent place, à l'instar de Détroit, à un centre urbain sinistré. Tout comme la pauvreté recouvre progressivement ces grandes villes, le kudzu se propage.

Comme il serait passionnant d'interroger l'auteur sur ses intentions à l'écriture de ce roman !

Si ce dernier ne m'a pas profondément enthousiasmée, je reste admirative de l'habileté de l'auteur à déployer le registre de l'angoisse sourde, tapie au creux du récit.
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Nulle part sur la terre

Maben, affublée d'un grand sac poubelle qui contient toute leur vie, tire sa fille par un bras, pour la faire avancer, sur le long serpent noir de bitume, elle se déplace à pied. Elle fuit quoi, qui ? Son passé, des hommes qui lui veulent du mal, la police.....

Russell sort de prison où il a passé onze ans pour purger sa peine. Il voudrait rentrer à la maison et être tranquille un petit peu. Ça tombe mal, il y a un comité d'accueil musclé qui l'attend, et puis, il tombe sur Maben et ses ennuis. Il va se sentir obligé d'aider Maben à se dépatouiller car leurs existences sont liées en fait. Ces deux êtres cabossés qui ont attiré la malchance sur eux vont-ils pouvoir enfin apercevoir un peu de ciel bleu au dessus de leur tête ? C'est tout ce qu'on leur souhaite.
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Nulle part sur la terre

Sur la route entre la Louisiane et le Mississippi, Maben, accompagnée de sa fille de 5 ans, marche vers une ville qu’elle a quitté depuis des années. Démunies, n’ayant nulle part où aller, leurs affaires tiennent dans un sac plastique. Épuisées, abîmés par la vie, leurs visages portent les traces de l’errance.

Russell quand à lui s’apprête à regagner la ville après 10 ans passés derrière les barreaux, mais à la gare routière le comité d’accueil n’a rien de bienveillant...

Quête de liberté pour l’une, de rédemption pour l’autre.

Leurs destins finiront par se croiser, au hasard des rues de cette bourgade du sud à la moiteur étouffante, où tout le monde se connaît ou presque.

Un portrait sombre et pourtant plein d’humanité de ces gens en marge, âmes cabossés en proie à la violence d’une vie qui ne les a pas épargnés.

Une plume sobre, sans fioritures parfaite pour servir ce beau roman noir.

Une belle découverte.

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Nulle part sur la terre

Maben et Russel, deux personnages qui vont hanter longtemps mes nuits en rentrant dans la fameuse catégorie des "mal barrés "!



Maben, une femme , la quarantaine , est sur la Route entre la Louisiane et le Mississipi avec sa gosse , Annelee de 5 ans , elle porte un sac poubelle contenant toutes leurs affaires , elle revient dans sa ville d'origine, sachant bien qu'elle n'aura pas plus d'aide ici qu'ailleurs mais c'est sans se douter de la mauvaise rencontre sur un parking qui va l'entrainer encore plus loin dans l'impasse de sa vie .



Russel, lui, sort de prison et aspire à la tranquillité mais à peine descendu du car qui le ramène chez lui, un comité d'accueil spécial l'attend . La Route, c'est aussi celle qu'il prend la nuit à bord de son pick up en écoutant du blues et qui le conduit aussi là où il n'aurait pas du être.



Vengeance sur fond d'alcool, violences et désespoir, Noir c'est Noir !



Mais il reste un fond d'humanité , des souvenirs d'amitié d'enfance qui ne veulent pas laisser la place aux doutes, un paternel bienveillant et une statue de la Vierge dans ce roman où la foi en Dieu laisse le pas à celle dans l'homme parfois .



Une lecture comme je nage le crawl : apnée sous l'eau , des heures à m'en remettre ...
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Nulle part sur la terre

Nulle part sur la terre est un roman noir sur l’Amérique profonde où bien entendu le rêve américain vole en éclat. Un thème abordé à de multiples reprises et notamment par de grands noms de la littérature américaine. Un livre de plus sur le sujet qui aurait pu passer inaperçu mais il n’en est rien.



Russel un ex tolar à peine sorti de prison voit, bien malgré lui, son destin étroitement lié à celui de Maben une jeune femme que rien ne semble vouloir épargner, et qui tente tant bien que mal d’offrir une vie descente à sa fille : Annalee. Le sort ? Le destin ? La fatalité ? Peu importe le nom qu’on lui donne, en tous cas il s’acharne sur nos personnages sans pitié et sans répit. De mauvaises décisions en mauvais coups du sort leur vie n’est qu’une fuite en avant, une fuite du pire … vers le pire. Des vies ratées, des vies gâchées. A chaque fois qu’ils semblent avoir touché le fond le sol se dérobe de nouveau sous leurs pieds et leur chute se poursuit, violente et inéluctable. Pourtant ils se battent avec la rage de ceux qui n’ont plus rien à perdre et refusent de rendre les armes quoi qu’il en coûte. L’auteur a su créer des personnages convaincants auxquels on s’attache vite. Des paumés écorchés vifs, pas des anges mais pas non plus des salauds. On voudrait les aider, on espère avec eux, on se dit que là c’est le coup de trop et que forcément à un moment ça va aller mieux. Mais Michel Farris Smith est impitoyable. Des bagarres dans les bars, aux couples qui se déchirent en passant par les flics véreux, l’alcoolisme et les violences faites aux femmes rien ne nous sera épargné. Pour autant l’auteur ne tombe pas dans le pathos. L’atmosphère est lourde, poussiéreuse, on étouffe sous le soleil les pieds englués dans le bitume. On sent le piège se refermer inévitablement.

Les longues descriptions de l’auteur ainsi que ces phrases longues et parfois pesantes, accentuent cette impression d’étouffer lentement. Certains n’aimeront sans doute pas le style mais, à mon sens, ça participe de l’ambiance du roman. C’est un style un peu déroutant au début mais qui est parfaitement en harmonie avec le décor, les personnages et l’ambiance qui règne. Au final j’ai complètement adhéré à cette façon de rédiger. Dans toute cette noirceur il filtre quand même une lueur d’espoir que l’auteur utilise avec parcimonie pour nous tenir en haleine. On s’y accroche jusqu’aux dernières pages.

Un roman qui nous parle de rédemption et d’espoir et qui s’interroge sur les notions de bien et de mal.

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Nulle part sur la terre

Il existe des gens comme cela, dans la vie?



Il a suffi d'un accident de voiture meurtrier pour atomiser les existences de Russel, coupable d'alcoolisme au volant, et de Maben qui y perd son petit ami. Des années, de prison pour l'un, et de galère nomade pour l'autre, suivent une trajectoire en boucle pour les faire se recroiser, par un de ces coups de dés que réserve parfois le destin.

Et il est écrit que la déveine leur colle toujours aux basques...



Au fil des pages de ce thriller poisseux, on se sent oppressé par la désespérance de ces personnages englués dans une existence de losers, entre malchance et vie ratée, sur fond de contexte social de couples en dérive, glande dans les bars ou en voiture à coup de bières, bastons, violence faite aux femmes, et j'en passe...



Il faut reconnaître un réel savoir-faire à l'auteur pour nous dépeindre la ruralité d'arrière-pays, bien éloignée des clichés du rêve américain. La narration est aussi visuelle qu'un scénario de film: routes interminables et aires d'autoroutes à motels et diners, laideur de quartiers urbains au carré, et maisons en bois délavées.



Pour moi qui affectionne les livres rugueux et âpres, j'ai été bien servie!

D'autant que l'on s'attache rapidement aux deux personnages en quête de paix et de rédemption, on galère avec eux, on se dit "trop c'est trop" et on leur espère des lendemains enchantés...



Pas gagné! (Sauf si un happy end très américain ne les sauve de cette route du désespoir).

À vous de voir...

Les Éditions Sonatine ont le nez pour nous trouver d'excellents romans noirs.



Rentrée Littéraire 2017

Sélection pour le Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

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Le pays des oubliés

Avec ce troisième livre paru en français, Michael Farris Smith est en train de devenir un auteur incontournable du roman noir. Et le mieux dans l’histoire, c’est qu’il sait se renouveler tout en gardant sa patte (et c’est loin d’être le cas de tous les romanciers américains du genre).



Après Une pluie sans fin à l’ambiance apocalyptique et Nulle part sur la terre d’une humanité déchirante, il revient avec un roman plus ramassé. Plus court, mais avec les mêmes qualités qui ont marqué les lecteurs par le passé.



L’écrivain conte un pan de vie de personnages un peu atypiques, mais totalement crédibles, d’êtres blessés par la vie. Il faut un petit peu de temps pour intégrer leurs rythmes, mais lorsque c’est fait on a le cœur qui palpite en harmonie.



Farris Smith a l’art de créer un fort attachement à des personnages pourtant loin d’être les plus sympathiques qui soient. Mais ils ont des valeurs dans leurs difficultés pour trouver leurs places, et ça change tout.



L’ambiance est sombre, le récit noir, mais il se dégage une certaine poésie dans les sentiments, par la grâce d’une écriture pleine d’humanité (traduction de l’excellent Fabrice Pointeau).



Le pays des oubliés est une histoire de rencontres, d’une en particulier. De destin, diraient certains. Avec un lien qui se tisse, inattendu et profondément touchant, comme cela avait déjà été le cas dans Nulle part sur la terre.



J’oserais parler de survivalisme sociétal, sauf que Jack Boucher (le bien nommé puisqu’il est boxeur, le titre original est « The Fighter ») surnage davantage par obligation que par choix. Mais la vie réserve des surprises, parfois même bonnes, y compris dans les pires moments. Lumière à travers la pénombre.



La manière de raconter de l’auteur est très organique, ancrée dans la terre, et pourtant limite mystique parfois. Un paradoxe qui renforce la cohérence du tout, et permet à ce récit de sortir du lot. De là à imaginer une possibilité de rédemption ? A vous de faire le cheminement pour le comprendre….



Michael Farris Smith n’est pas qu’un auteur de plus qui parle du désenchantement de l’Amérique profonde, bien au contraire. Il s’affirme comme une voix personnelle, sensible, spirituelle dans le sens premier du terme. Le pays des oubliés est le genre de roman à ambiance qui prend toute sa valeur à travers ses protagonistes. Il n’est pas donné à tout le monde de dresser des portraits aussi forts.
Lien : https://gruznamur.com/2019/0..
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Nulle part sur la terre

Pour démarrer l'année du bon pied, quoi de mieux qu'un grand roman américain, addictif et bien noir, comme je les aime ?

Louisiane et Mississippi ? Personnages tourmentés et un peu marginaux ? Style sobre et nerveux, petites bourgades perdues sur fond de paysages désolés ? Bingo, j'achète !



J'avais loupé le coche lors de la dernière masse critique (coquin de sort !), mais tout vient à point à qui sait attendre : j'ai pris mon mal en patience et me voilà enfin récompensé avec "Nulle part sur terre", un roman superbe, profondément ancré dans cette amérique profonde qui m'attire tant.

Michael Farris Smith y met en scène la (les ?) rencontre(s) improbable(s) entre deux "oubliés du rêve américain", deux laissés pour compte aux destins définitivement imbriqués, auxquels il est difficile de ne pas s'attacher malgré leur zones d'ombre... L'un sort de prison, l'autre erre sur les routes avec sa fille, une arme et un balluchon. Ensemble ils tentent de se relever, d'aplanir la route.

C'est donc un beau roman, une belle histoire, mais sans le jour de chance, sans l'autoroute des vacances... Plutôt des ornières piégeuses, un asphalte brûlant, des pick-ups déglingués, et cet accident stupide qui scelle le destin de Maben et Russell. Ensuite, c'est un big bazar, un bon et un mauvais larron, des erreurs à assumer, des prix à payer, des choix à faire, des risques à prendre, des vengeances à assouvir...

Comment solder ses dettes ? A-t-on droit à une seconde chance, et peut-on déjouer le sort qui s'acharne ?



A coup de dialogues incisifs, de bonnes rasades de bourbon et de phrases curieusement construites, parfois bancales comme nos deux héros, Michael Farris Smith réussit une entrée remarquée dans ma bibliothèque, et s'inscrit déjà dans ma liste-d'auteurs-à-suivre !

Parait que c'est encore la période des bonnes résolutions ? En voici une que je m'engage à tenir en 2018 : lire au plus vite son premier roman !

=> Cap sur "Une pluie sans fin" !
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Une pluie sans fin

Je dois bien avouer que ce livre me tentait depuis sa sortie avec son résumé très post-apocalyptique (genre qui me tente toujours) offrant comme idée originale d’imaginer une « fin du monde » liée à la nature, la pluie et les tempêtes. De plus les premiers retours que je découvrais à droite et à gauche se révélaient, globalement, positifs. Par conséquent quand j’ai vu que Babelio proposait de découvrir ce livre lors de son dernier Masse Critique, j’ai décidé de tenter ma chance et j’ai eu la chance d’être sélectionné. Je remercie donc Babelio et les éditions Super 8 de m’avoir permis de découvrir ce roman. Concernant l’illustration de couverte elle révèle assez simple, mais plonge directement dans l’ambiance humide du récit.



Comme certains l’ont déjà fait, je vais moi aussi enfoncer le clou concernant l’aspect marketing (aussi bien Anglais que Français), qui compare ce livre à La Route de McCarthy, ce qui n’est pas le cas. Si vous vous lancez dans cette lecture en pensant y retrouver La Route, vous risquez d’être frustré, certes c’est du post-apo et on y retrouve aussi une certaine tentative de profondeur et de réflexions, mais on se rend très vite compte que les deux histoires sont complètement différentes et surtout ne cherchent pas du tout la même chose.



On se retrouve ainsi ici à suivre Cohen qui, depuis la mort de sa femme, vivote dans cette zone sauvage et de non droit qu’est devenue le sud des Etats-Unis, ravagée par les pluies incessantes et les tempêtes dévastatrices. Sa vie va alors changer après avoir été volé un peu naïvement par un couple de jeunes gens. Mais voilà, une fois la dernière page tournée je n’ai jamais vraiment réussi à entrer dans l’histoire et je sors légèrement déçu de ma lecture. Pourtant ça démarrait bien, certes le héros est naïf (voir un peu concon disons le clairement), mais on sentait bien cette solitude, cette souffrance, cette abandon et ce besoin de survivre, sauf que voilà la suite m’a rapidement fait déchanter. Attention il y a de gros risques de SPOILER dans ma chronique.



Déjà le premier point qui m’a un peu bloqué vient de l’ambiance que cherche à mettre en place le récit, cette pluie qui tombe sans arrêt, qui doit rendre l’ensemble humide aux nombreuses conséquences et péripétie que cela occasionne. Sauf que voilà de conséquences, il n’y en a pas, ou si peu et seulement quand ça arrange l’auteur. Car oui, quand je vois des gars allumer un feu ou s’allumer des clopes à l’extérieur, tranquillement, alors que l’air doit être saturé d’humidité et qu’il pleut sans arrête c’est aberrant. Pareil niveau inondation, coulées de boues, apparition de zones traitres et de marais on oublie, nos héros marchent toujours sur un sol bien dur, juste de quoi se salir les pompes et râlé car on a les vêtements trempé. Niveau post-apo, franchement on repassera et niveau prophétique ou éveil d’une conscience écologique vu que l’auteur n’en parle jamais il n’y en a pas. Ensuite, j’aimerais comprendre comment, dans une région abandonnée et sans plus aucune loi depuis 3 à 5 ans on peut encore penser à se servir de billets de banque comme monnaie pour faire ses courses. Dans la partie civilisée c’est logique, mais bon sang celle qui est abandonnée, surtout depuis si longtemps, j’ai du mal à y croire. D’ailleurs en parlant de « civilisé », pour des mecs qui ont été abandonnés par leur pays à leurs sorts, oubliés et ne possédant plus que ce qu’ils peuvent sauver, ils m’ont paru bien gentillet, c’est limite s’ils ne se disent pas bonjour et ne vous tiennent pas la porte en vous souriant en se retrouvant tous chez le receleur du coin. Après j’exagère un peu, il y a bien une ou deux personnes qui tentent de jouer les vilains pas beau, mais bon pas de quoi faire frémir mon petit coeur de lecteur.



Autre point qui m’a dérangé vient de la façon dont l’auteur chercher à construire ses rebondissements, ses épreuves, que vont rencontrer nos héros, car entre celles qui sont traitées beaucoup trop rapidement (comme toute la partie Aggie qui aurait sûrement mérité plus) et celles qui sont très très mal amenées et limites aberrantes, très peu ont réussies à me happer, surtout que l’auteur les gère aussi sans aucune véritable intelligence. Pour vous donner un exemple de certaines incohérences je vais vous conter la vie de Bébé, personnage du livre. Nos héros se retrouvent un moment à se poser dans une maison, tranquillement, sauf que voilà Bébé hurle, il est brulant de fièvre (telle que c’est limite si l’auteur ne compare sa température corporelle à l’enfer), sauf que voilà pas de bol la faute à un autre personnage un peu concon (c’est bon les gars vous pouvez monter un club) ils doivent fuir la maison avec Bébé hurlant à la mort. Coup de chance, ils trouvent une fermette un peu plus loin et, énorme second coup de chance, elle a l’eau courante. Cool, c’est bon ils vont pouvoir s’occuper de Bébé, le soigner, le panser, le laver …. Euh. En fait non, on se retrouve plutôt devant une bande d’ado qui se foutent mais comme de leur dernière chaussette sale de Bébé et qui braillent à tout va qu’ils vont enfin pouvoir prendre un bain se battant pour savoir qui va passer le premier. Vraiment? Oui vraiment car pendant 50 pages on ne parlera plus de Bébé, le temps que tout le monde prenne son bain et sortent tout propres, on le retrouvera alors avec deux personnages féminins au QI de bulot qui tentent de philosopher pour savoir si finalement il ne pleure pas parce qu’il est aussi malheureux. Il. Est. Malade. bon sang. Enfin cela a permis à l’auteur de grappiller 70 pages et de s’offrir un rebondissement. D’ailleurs Bébé prouvera son utilité un peu plus tard en disparaissant avec ses deux bulots, emmenés par les militaires vers un hôpital loin, très loin pour ne plus jamais réapparaitre.

Pourquoi les militaires n’ont pas emmené nos héros aussi et ainsi les sauver? Ne pose pas de question malheureux. NON, ne la pose pas on te dit. Je suis un peu méchant, j’avoue, mais franchement qu’on soit clair c’est aberrant.



Concernant les personnages Cohen n’est pas en soit un mauvais héros, avec son côté fragile, brisé par la mort de sa femme, qui vit avec ses fantômes, il arrive à nous intéresser, limite à se révéler attachant au point qu’on est prêt à lui pardonner sa naïveté et son côté sauveur biblique qui vient libérer son peuple des eaux. Le soucis vient par contre des autres protagonistes qui eux se révèlent plats, fade et ennuyeux. Franchement il n’y a pas un seul autre protagoniste qui a réussi à ce que je m’intéresse à lui. Seul Aggie aurait pu être intéressant, même si très archétypé, sauf qu’il disparait trop vite pour commencer à s’affirmer. On évitera de parler des personnages féminins, tant aucune n’arrive à se révéler plus qu’une caricature ou se révèlent inutiles et ennuyeuses. Seule Mariposa aurait pu apporter quelque-chose, mais elle perd de son charisme au fil des pages et de sa liaison avec le héros pour devenir une simple petite chose fragile qu’il faut protéger.



Concernant le style de l’auteur je dois bien avouer que je l’ai trouvé long, mais long. Là où justement La Route épurait au maximum son texte pour se révéler percutant et prenant dans son intrigue comme dans le travail des personnages, Michael Farris Smith, lui se lance dans de longues logorrhées, limite soporifiques, qui plus est n’arrêtant pas de se répéter dans ce qu’il cherche à faire passer et tombant dans des descriptions lourdes à mon goût. La scène de flashback à Venise m’a aussi paru complètement inutile, l’auteur cherchant, je pense, à faire un parallèle entre deux mondes couverts d’eau mais qui traine et n’apporte rien, et le rebondissement du dernier tiers m’a paru trop gros. Pourtant, et c’est ce qui sauve le récit de la noyade, je dois bien avouer que ce dernier tiers a réussi à me sortir légèrement de ma torpeur, offrant enfin un peu de tension dans son intrigue, une fuite en avant qui se révélait enfin efficace et entrainante malgré ses défauts. Dommage que j’ai du attendre si longtemps. Certains me diront que ce roman est plus philosophique que post-apo dans son approche, sauf que je suis désolé mais même de ce point de vue là l’auteur n’a pas réussi à me toucher.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Nulle part sur la terre

Au départ , j'ai eu un peu peur de ce que j'allais trouver dans ce livre:

Une jeune femme démunie, sans domicile, qui se déplace à pied sur une route de Louisiane avec sa fille de cinq ans, pensant trouver un peu de repos en revenant sur sa terre natale.

Un homme qui vient de purger une peine de onze années de prison et qui rentre chez lui, pensant pouvoir vivre tranquille.

Leurs chemins vont se croiser à la suite d'un meurtre.



Mais ce livre m'a été conseillé par ma libraire polar préférée et je n'ai pas été déçue.

Dès que j'ai commencé ce livre, c'est bien simple, je n'ai pas pu m'arrêter avant la fin. Une belle écriture, de la poésie, des descriptions superbes, une histoire qui m'a captivée jusqu'à la dernière page. Une belle découverte qui donne envie de connaître cet auteur.

A lire.
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Nulle part sur la terre

J'ai été prise dès les premières pages par l'ambiance très noire et l'écriture âpre et tendue qui l'instaurait.

Une trame classique de roman noir américain autour du destin de deux " perdants " : Russel qui sort de prison au bout de 11 ans, Maben qui erre sans un sou avec sa fille, les deux retournant dans leur ville natale du fin fond du Mississippi rural.

Une thématique classique autour de grandes questions universelles : a-t-on fini un jour de payer pour ses erreurs ? comment sortir du cercle de la violence et de la vengeance ? comment enrayer la chute et voir la lumière de la rédemption ?

Classique oui mais dans ce roman très bien écrit, l'auteur a été particulièrement attentif à faire graviter autour des deux " héros", de nombreux personnages tous profonds, complexes, fragiles et ancrés dans le réel. Ce roman est d'une grande richesse humaniste avec dans toute cette noirceur, une lueur de résilience qui naît sur la fin.

Remarquable.

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Une pluie sans fin

Imaginez Une pluie sans fin, torrentielle, qui dure encore et encore depuis des années. Le sud des États-Unis gorgé d’eau au point d’être abandonné par le gouvernement et la plupart de ses habitants. L’horreur connue avec l’ouragan Katrina qui devient le quotidien.



Scénario catastrophe et roman post-apocalyptique que développe avec brio Michael Farris Smith dans son premier livre.



Le désastre écologique est omniprésent, mais l’auteur a pris le parti de se focaliser sur les destins de femmes et d’hommes plutôt que sur un discours écologiste. Les messages sont là, souterrains, loin de tout côté « donneur de leçon ».



Une aventure humaine donc, et un contexte qui tient davantage du drame psychologique que du roman de SF.



Car l’auteur met l’accent (sudiste) sur les gens du « terroir », loin d’être des héros. Juste des personnes qui tentent de survivre dans ce monde pourri jusqu’à la moelle par toute cette eau.



A l’image de ce personnage principal, solitaire et endeuillé, qui se retrouve confronté sans le vouloir à certains de ses congénères.



Une histoire qui laisse une part importante à l’émotion, avec une balance équilibrée entre action et réflexion. Un récit où le poids de l’eau fait face à celui des traumatismes intimes, du deuil ou des croyances religieuses.



On pourrait se croire parfois dans un des romans post-apo de Pierre Bordage, avec ces thématiques religieuses et cette communauté qui perd le sens de la réalité.



Au rythme de cette pluie battante qui pénètre les corps et les cœurs, Michael Farris Smith propose une ellipse (sans éclipse) du naufrage sudiste. A tel point que certains passages nous font oublier le côté contemporain de l’histoire et pourraient très bien figurer dans les romans des grands auteurs sudistes du XXème siècle.



Avec son style torturé et tortueux, il ne fait aucun cadeau à ses personnages (parce que la vraie vie n’en fait pas). Avec sa plume imagée et faussement erratique, il nous plonge dans un cauchemar où l’espoir a du mal à survivre. Après la pluie, le beau temps ?



On ressort rincé de cette lecture qui, comme la tempête cingle, gifle et fouette. Pour un baptême, Michael Farris Smith realise le tour de force de proposer un récit qui marque au fer rouge, malgré cette pluie diluvienne qui nous transperce jusqu’à l’os.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Blackwood

Ce que j’ai ressenti:



-Qu’est-ce qui est pire que ce qui te dévore?



Le Kudzu. Méthodique, envahissant, redoutable. J’ai cherché sur le net, cette plante fait des ravages. Elle prend Tout. Elle prend l’espace, le matériel, l’immatériel, la vie. Elle a le temps, elle s’insinue, elle recouvre, elle tue. Le vert, partout, en forme de cœur. Mais en faire l’élément naturel, surnaturel même, c’est toute l’ingéniosité de Michael Farris Smith. Avec cette histoire captivante, cette vigne vivace dévore tout, et même encore au-delà… Alors, on bascule entre réalité tragique et errance ténébreuse, dans une intrigue où les fantômes et les voix mystérieuses prennent au piège, les âmes brisées qui s’égarent…Il serait peut-être temps pour toi, de remplir un Caddie, avec des réserves de nourriture, de ténacité et de courage…Tu pourrais en avoir besoin…Ça et une bonne dose, d’ouverture d’esprit, parce que eux, ne te laisseront pas le choix…L’échappatoire est ténue. Alors, prêts pour la balade?



Comment l’esprit est-il censé aller si loin?



Tous les personnages de ce roman énigmatique, cherchent des réponses. Comme pour défier, la vie ou la mort, ils se cherchent. Dans le noir. Dans cette ville. Le bout du monde. Blackwood. Ils voudraient s’extraire. De la pauvreté, des mensonges, du kudzu, des secrets, de la culpabilité, du malheur qui les frappe, tous. Mais cette quête est difficile, puisque les originaires de ce morceau de terre oublié, sont plutôt taiseux, violents et démunis dans cette étendue de verdure. Tous, cabossés par leurs passés, et déjà, désespérés par cette absence d’avenir, ils cherchent au présent, la réponse qui donnera sens à leurs vies mornes. Qu’ils aient des prénoms ou pas, qu’ils soient hantés par leurs drames, ou qu’ils entendent des voix, l’implacable fatalité va les toucher. Tous. Et lentement, lentement, les mener vers le mal de la vallée…



« On suggérait qu’il y avait sous le kudzu des mondes inconnus où homme, femme et enfant pouvaient disparaître. »



En fait, c’est plus qu’une suggestion. Tellement plus qu’une suggestion. C’est un roman noir à l’ambiance étouffante, forte et envahissante, à l’instar du kudzu. La ville de Red Bluff est en train de mourir, à cause de cette plante, mais aussi, par une étrange atmosphère qui enserre l’âme de ses habitants. Je ne peux t’en dire plus, car c’est tout un monde gothique qui s’ouvre dans ces pages et que je ne voudrais gâcher de l’effet fascinant et poétique qui s’insinue dans Blackwood…Juste te dire que l’obscurité et le vert vénéneux, viennent t’enserrer la main, pour mieux t’entraîner au pire du noir de la nature et des esprits, et même dans tes cauchemars, tu ne pourrais pas t’extraire de l’effroyable agonie de cette ville…L’impression est sauvage et prégnante. Je suis encore époustouflée par le talent de cet auteur. Je me raccroche au noir et au vert, au silence et à l’enlacement, à l’ombre et la lumière, à ce Mississippi et ces questionnements, à la poésie et son envoûtement, pour te conseiller, encore bien vivante, de lire ce roman magnifique….
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Nulle part sur la terre

Aujourd’hui je vais vous parler d’un livre qui m’intéressait depuis un moment et que j’avais hâte de lire et je remercie Babelio et les éditions Sonatines pour ce masse critique spécial. Mais hélas ce livre m'a totalement déçu tant le style de l’auteur est irritant. Je suis gentil en parlant de style, je dirais plutôt que l’auteur ne sait pas vraiment écrire.



La première chose qui choque dans ce livre, ce sont les conjonctions « et » à tout bout de champs. L’auteur ne connait clairement pas les virgules, je pense qu’on ne lui a pas appris à quoi cela servait. Il fait des phrases à rallonges mais sans quasiment aucune virgule, se contenant de mettre la conjonction « et », rendant ainsi son texte lourd et illisible. Vous ne me croyez pas ? Voici un exemple :



"Un lierre qui s’étendait et se ramifiait sans cesse, s’entortillait autour de ses chevilles et autour de ses cuisses et autour de sa poitrine et autour de sa gorge et de ses poignets et qui se faufilait entre ses jambes, et en regardant la fillette endormie avec son front brûlé par le soleil et ses petits bras chétifs elle comprit que cette enfant n’était autre que sa propre main crasseuse qui tentait désespérément de s’extirper de cette masse grouillante de chiendent pour se raccrocher à quelque chose de bien."



Seulement deux virgules en sept lignes ! C’est trop peu et cela rend la lecture indigeste. Quelle est cette manie de placer la conjonction « et » tous les trois mots ? Le pire dans tout cela, c’est que cette sale manie revient quasiment une fois par page.



Mais à la limite, cela aurait pu passer s’il n’y avait pas eu d’autre soucis dans son style d’écriture. Par exemple, l’auteur ne sait pas le moins du monde à quoi sert la mise en apposition. C’est généralement utilisé pour rajouter un détail dans une phrase mais dont on pourrait se passer sans perdre le sens de cette phrase.



Par exemple :



« Pierre, un ami jardinier, nous a donné quelques conseils. »



La mise en apposition, c’est lorsque l’on encadre un détail entre deux virgules. Ici, on apprend que Pierre est un ami jardinier et qu’il nous a donné des conseils. Mais si l’on supprime l’apposition, la phrase reste parfaitement compréhensible.



« Pierre nous a donné quelques conseils. »



C’est simple, c’est de la grammaire de base, on a tous appris ça à l’école. Voici comment l’auteur utilise la mise en apposition :



"Elle apercevait les vitrines de la cafétéria de l’autre côté, et les serveuses à l’intérieur, en plus grand nombre que les clients."



Donc si on enlève la mise en apposition, cela donne une phrase sans aucun sens :



"Elle apercevait les vitrines de la cafétéria de l’autre côté en plus grand nombre que les clients."



Là, on a l’impression qu’il y a plus de vitrines que de clients. Ce n’est pas ça une mise en apposition car cela doit s’utiliser pour informer sur quelque chose de précis, mais si on retire l’apposition la phrase doit garder son sens. Ici, ce n’est clairement pas le cas.



Dernier point sur les soucis d’écriture, et pas des moindre, les phrases qui n’ont aucun verbe. Je vais vous citer le tout début d’un chapitre, il n’y a pas eu de phrase avant, vous allez voir c’est particulier.



"Une lumière grise tandis qu’il retournait en ville."



La phrase est grammaticalement fausse car il n’y a pas de verbe dans la proposition principale. Certes, il y en a un dans la proposition subordonnée, mais pas dans la proposition principale. Sauf que contrairement à la proposition subordonnée qui dépend toujours d’une autre proposition, la proposition principale ne dépend d’aucune autre. On peut donc découper la phrase en deux pour isoler la proposition principale et se rendre compte de l’erreur.



"Une lumière grise."



Comment dire… il manque le verbe non ? Déjà que la phrase complète ne voulait pas trop dire grand chose, mais là, c’est catastrophique. L’auteur fait des phrases qui sont trop longues en ajoutant la conjonction « et » à tort et à travers, mais il peut très bien faire des phrases tellement courtes qu’il en oublie le verbe ! C’est affligeant.



Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé ce livre qui est parfaitement illisible. Je ne comprends pas comment cet auteur peut être édité. Quand je vois les plumes de certains auteurs qui ne trouvent pas de maison d’éditions cela me révolte.



Un mot sur l’histoire, qui est quand même assez bien fichue, il y a de très bons personnages avec une réelle profondeur, mais autant être honnête il n’y a rien de révolutionnaire non plus. Prenez des auteurs comme Douglas Kennedy ou Stephen King (ses livres non-SF) et vous aurez le même genre d’histoire mais avec une qualité d’écriture mille fois meilleure.



Je ne recommande ce livre à personne, je suis d’ailleurs surpris qu’il ai eu autant de bonnes critiques, à croire que plus personne ne fait attention à la grammaire et aux règles de bases.


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Nulle part sur la terre

Nulle part sur la terre ou retour à la case départ .... Une femme encore jeune marche sur le bas-côté de la route, une petite fille à ses côtés, un sac poubelle sur l'épaule , un sac qui contient tous ses biens. Un homme descend du bus devant la gare de Mccomb, Mississippi, deux hommes l'y attendent et le tabassent. Quelle boucle veulent ils refermer? Pourquoi , comment jusqu'à quand seront ils poursuivis par le sort? N'ont ils pas payé suffisamment leur tribut à la vie et à la poisse ?

Un roman noir, noir de noir mais aussi un roman plein de lumière et oui cela est possible ! c'est là le tour de force réalisé par Michael Farris Smith .Le Mississippi, un état du fin fond des U.S.A. , les problèmes inhérents à ces régions isolées et repliées sur elles-mêmes, l'alcool, la violence, la baise ou la défonce et rien qui puisse vous faire arrêter ... Alors bien sur il y a un policier qui se fait descendre mais à qui la faute ? Alors bien sur Maben et Russell vont se rencontrer, je dirais même se percuter mais là commence l'histoire je dois vous laisser...

Un grand merci aux éditions Sonatine et à babelio pour cette belle découverte.

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Blackwood

Étouffant et dérangeant, Blackwood nous entraîne à Red Bluff, Mississippi où d'étranges disparitions se produisent... Bientôt recouverte par le kudzu, cette vigne envahissante qui avale les maisons, la petite ville du Deep South est le théâtre d'une sorte de huis-clos angoissant, d'un lent roman choral où aucun personnage n'est attachant, tous miséreux et marqués par la mort, tous à mille lieues de toute tendresse et plus proche de leur part bestiale que de leur humanité (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/05/27/blackwood-michael-farris-smith/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Le pays des oubliés

Le précédent livre de Michael Farris Smith m'avait déjà énormément plu, avec "Le pays des oubliés" l'auteur remet ça en mieux, en plus intense et plus puissant. Il devient l'une de mes références littéraires. Je ne vais pas attendre beaucoup plus longtemps pour me pencher sur son tout premier roman "Une pluie sans fin".



L'ambiance lourde et l'envie de connaître les personnages se fait ressentir dès le début et promet un voyage intense.



La misère et la poussière, l'abandon, les rencontres et les espoirs, les dettes, les mains tendues, la violence des poings devenus durs comme de la corne, les arnaques, la sueur, la tendresse et l'amour, font de ce livre un "Page Turner" incontournable de la littérature contemporaine américaine qui restera gravé dans ma mémoire et dont les personnages resteront gravés dans mon cœur. Une véritable aura plane au dessus de cette histoire douce et amère à la fois.



"Le pays des oubliés" est une claque, une tornade d'émotions, le portrait d'une Amérique profonde dont personne ne se soucie, Michael Farris Smith s'efforce de la mettre en lumière d'une bien belle manière. À lire absolument.



Sur le blog :
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Blackwood

L’ambiance du roman est clairement comme le kudzu, cette plante qui prolifère et recouvre tout ce qu’elle touche, à l’image de ce qu’on voit sur la couverture. Une atmosphère étouffante qui mange les âmes, comme ce végétal dévore le paysage.



Les éditions Sonatine (et feu Super 8) ont déjà publié trois autres romans de Michael Farris Smith qui ont marqué les esprits des amateurs de romans noirs.



L’écrivain plonge à nouveau le lecteur dans ces campagnes du Mississippi. Un terrain de ce conte bien réel, à l’ambiance quasi surnaturelle et gothique, mais pourtant bien ancré dans l’authenticité de ces contrées et de leurs habitants.



Le Sud et sa moiteur. Ces hommes et ces femmes asphyxiés autant par leur environnement que par les lourds secrets qui peuplent ces régions. Recouvertes de kudzu, comme une métaphore, et un cri étouffé cherchant à sortir des tréfonds de la terre.



La quatrième de couverture parle de disparition d’enfants, mais il serait trompeur de croire que c’est le sujet premier de ce roman. Ce n’est au contraire qu’un événement parmi d’autres.



L’arrivée d’un couple et de leur jeune ado dans cette ville paumée du Sud sera la cause de catastrophes déjà écrites dans les sillons terreux. Ces petits escrocs qui sont davantage des personnes perdues, des SDF, sont des déclencheurs.



Ils sont aussi l’image de cette pauvreté endémique d’une partie du pays. Autant qu’une pauvreté d’âme. Leur jeune homme, à travers la découverte du monde, cherchera à s’en extraire. Mais est-ce possible ?



Dans ce roman où le temps s’étire, devient immatériel, il est autant question d’inéluctabilité que de recherche de dignité. Dans une histoire où le malheur cingle chaque page.



Même si ce n’est pas mon roman préféré de l’auteur, force est de constater combien sa voix porte, touche, et devient de plus en plus singulière. Une prose à la fois serrée et poétique, brute et aérienne. Emplie de douleurs surtout. Déconcertante aussi, à en devenir inquiétante.



Blackwood est une plongée au cœur du roman noir, entre réflexion et contemplation des ténèbres. Michael Farris Smith avec son écriture particulière, crée une atmosphère sombre et énigmatique, au sein d’une histoire qui cache puis déterre bien des souffrances. Terriblement humain.
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Nulle part sur la terre

Dans la veine des grands romans noirs américains, Nulle part sur la terre nous projette dans un univers où le malheur a déployé ses ailes et brisé des vies à jamais. Dans la chaleur moite de la Louisiane, une jeune mère et sa fillette marchent le long des routes avec pour seul objectif un foyer où Maben, la mère, espère pouvoir se poser un moment, un répit dans une fuite incessante et misérable qui a débuté bien des années avant la naissance de la petite Annalee. C'est dans la ville de son enfance que ce trouve peut-être encore cet endroit mais le chemin est encore long et le danger guette ces deux êtres fragilisés par la spirale du malheur.

C'est cette même destination qu'a choisi Russell pour sa sortie de prison. Onze longues années d'incarcération l'ont changé à jamais. Il sait que ce retour sera semé d'embûches mais a-t-il vraiment le choix?

On sent que les chemins de ces personnages vont se croiser. Mais c'est sans compter sur le talent de Michael Farris Smith pour faire vivre la destinée d'êtres brisés dans ce roman captivant, sombre mais où filtre constamment une fine lueur d'espoir mais est-ce simplement pour mieux nous tromper?

Un gros coup de cœur pour ce roman et un grand merci à Babélio et aux éditions Sonatine pour cette découverte. Michael Farris Smith est assurément un grand romancier et ce n'est pas un hasard si on le compare déjà aux plus célèbres de ses pairs.
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Sauver cette Terre



Michael Farris Smith nous a déjà proposé plusieurs romans tendus et sombres mais qui laissent apparaître une terrible beauté dans les luttes de ses personnages pour fuir ou vaincre la cruauté et la violence auxquelles ils sont confrontés.



Il reconstitue, dans son dernier roman, un avenir inquiétant dans lequel des ouragans frappent le Sud des États Unis avec une grande régularité. Ces intempéries violentes ont fait fuir une grande partie de la population, seuls les plus pauvres continuent à subir les ravages climatiques et la désertification de la région.

Les commerces et les entreprises ferment les uns après les autres, et le gouvernement américain a abandonné la région. Pour survivre, certains pillent les maisons abandonnées pour vendre la ferraille.

" Les habitants avaient été nombreux à fuir le Mississippi et la Louisiane en laissant la plupart de leurs possessions derrière eux. Tantôt Wade considérait son activité comme du vol. Tantôt il la considerait comme du recyclage. Il ne manquait jamais de la considérer comme de la survie. "



La fille de Wade apparaît dès le début du roman dans une situation désespérée. Son bébé dans les bras, elle court pour fuir des hommes armés qui recherchent son compagnon.

Holt a en effet dérobé de l'argent et un trousseau de clés alors qu'il était employé par une secte religieuse et les séides de la prédicatrice sont à ses trousses.



L'auteur dénonce ici les escrocs qui exploitent les crises environnementales, tout comme ils avaient profité des crises économiques, en faisant miroiter un monde meilleur.

" Elser, la dirigeante charismatique, qui fumait cigarette sur cigarette, offrait la rédemption aux populations dévastées de la Louisiane et du Mississippi, dans des lieux, presque entièrement désertés par le gouvernement où le nombre d’habitants diminuait chaque jour, cependant la mission venait leur servir des alléluias et des Dieu-soit-loué mijotés dans la poêle de la peur et de la haine. "

C'est sur la crédulité de ceux qui ont tout perdu et qui ont toujours entretenu des relations de dépendance vis à vis de la religion que se construisent les fortunes des prédicateurs.



Pour moi, ce roman de Michael Farris Smith n'est pas le meilleur.

Les retrouvailles difficiles entre Jessie et son père sont certes convaincantes et émouvantes, tout comme le contexte et le cadre sont parfaitement campés. On retrouve ici une narration qui s'attarde auprès de ceux qui souffrent et peinent à exprimer leurs sentiments.



Mais les relations entre Holt et la prédicatrice restent beaucoup trop floues et la fascination réciproque est à peine esquissée jusqu'à finir en impasse.

Le dénouement dans les souterrains, en forme de course-poursuite, est sans doute rédigé avec efficacité mais ne donne que des réponses évasives. Cet "abîme" que l'auteur nous promettait fait un flop et nous laisse dans la perplexité.

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