Aucun espoir de sortir de cette lecture indemne! Aucun espoir de reprendre son souffle, dans cette noirceur qui te colle à la peau dès les premières lignes… Dès les premières lignes tu sais que tu vas plonger dans un abîme de désesp
oir sans fond, sans possibilité de t’en sortir, au même titre que ces personnages complètement meurtris, que la vie n’a pas gâté, mais surtout que la vie pousse à faire des choix parfois contradictoires, mais nous, lecteur qu’aurions nous fait ? Qu’aurions nous proposer pour nous extirper de cette moiteur étouffante qui te colle à la peau ? Aurions-nous pu faire des choix différents ?
L’auteur nous entraine dans un récit lent, mais salvateur, au rythme des balades en pick-up de Russel, fraîchement sorti de prison après 11 années derrière les barreaux…. C’est peu à peu que l’on apprend pourquoi… C’est peu à peu que l’on comprend le désespoir de la vie qui bascule en une fraction de seconde… Sa sortie de prison ne sera pas de tout repos… En même temps Russel est-il prêt à se reposer ? Est-il prêt à laisser le fardeau de la culpabilité qu’il traine avec lui sur la route des kilomètres qu’il égéenne ?
Peut-être pense-il pouvoir le faire avec Maben… Maben qui se retrouve sur le chemin de Russel… Les hasards sont parfois tellement étranges, qu’on se demande si le Dieu écrivain ne manipule pas quelque peu son lecteur, pour l’entrainer encore plus dans la déchéance humaine… Une déchéance larvée, qui est présente à un virage… Un virage que la vie te fait prendre, sans que tu puisses le voir, l’appréhender… Un virage que tu prends parfois trop vite qui fait tout exploser en mille morceaux… Et là ta vie, git à tes pieds et tu ne peux que tenter de ramasser les morceaux… Tenter de recoller… Mais attention, même quand on recolle un vase, le vase n’est plus pareil… Ainsi va la vie… Ainsi va la vie de ces deux êtres dont les chemins se croisent…
C’est noir, c’est profond, c’est moite de cette chaleur qui étouffe, comme cette vie qui étouffe nos personnages… Fuir, fuir pour tenter d’aspirer cet air qui vient à manquer… L’air qui se raréfie, au rythme des lignes, des pages qui sont de plus en plus sombres…
Le lecteur se lie à sa lecture, d’amour et de haine tout à la fois… D’amour de ces lignes et de ce style narratif déstabilisant, que l’auteur emprunte… Comme pour faire un parallèle avec les dégâts de la vie… Une écriture incisive et tellement descriptive que le lecteur se prend une claque dans les deux sens du terme. La première, parce que cette écriture est inhabituelle et la seconde quand on comprend où l’auteur nous emmène… Il nous prend par la main doucement, avec précaution, pour ensuite balancer un uppercut à son lecteur qui comprend qu’il a été pris au piège… Comme les personnages… Pris au piège d’une vie sans issue… D’une vie morne… Noire… Et tellement laide…
On avance, on suit ces êtres malmenés, qui cherchent l’absolution… Le pardon… Cherchant la paix… Une lueur d’espoir… Car l’humain est ainsi fait, il garde l’espoir même dans les moments les plus sombres.
« Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir…. »
Le titre en anglais « Desperation Road – La route du désespoir » est très évocateur et retranscrit parfaitement l’ambiance. Michael Farris Smith nous entraine « nulle part sur la terre » pour nous montrer la route, le chemin et même si j’ai été saisie par quelques longueurs, l’auteur est arrivé à me faire comprendre que ces longueurs sont salvatrices, aussi bien pour moi dont la lecture se fait parfois en apnée… Que pour ses personnages fracassés par la vie, qui cherchent la lumière… Au bout de la route… L’espoir est là…
Je remercie Sonatine Editions pour leur confiance et NetGalley France, grâce à qui j’ai pu découvrir cette plume vers laquelle je retournerai avec plaisir.
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