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Critiques de Michel Jean (406)
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Kukum

Almanda a 15 ans et vit avec son oncle et sa tante, lorsqu'elle rencontre Thomas. Le jeune homme a 18 ans et est Innu. Il vit avec sa famille et sa tribu en nomade. Séduite Almanda décide de l'épouser et de le suivre dans cette vie, loin de ce qu'elle a connu.



"Kukum", c'est tout d'abord une histoire d'amour qui vous emporte. Celle de deux jeunes qui s'apprivoisent et ne peuvent bientôt plus se quitter. C'est ensuite l'histoire d'une tribu, celle des Innus, leur langue, leur mode de vie et leurs croyances. C'est enfin, l'histoire d'un monde qui disparaît, englouti par la modernité, par les autorités canadiennes qui veulent assimiler les Indiens en détruisant de manière brutale leur habitat et aussi les générations futures.



J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu d'une traite. C'est une vraie merveille. Il nous interroge sur de nombreux sujets, et principalement l'identité. Il dénonce aussi. L'évocation des pensionnats religieux où après avoir été arraché à leur famille, les enfants ont interdiction de parler leur langue sous peine d'être sévèrement punis, m'a évoqué le livre "Cinq petits Indiens" de Michelle Good (paru chez Seuil dans la collection Voix autochtones), que je vous recommande encore une fois fortement.
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Kukum

La dernière page tournée, je prends -à nouveau-conscience du pouvoir de la lecture. Celle-ci, magnifique, m’a transportée.

Que lire après un texte si puissant ?



Un saisissant portrait de femme, inspiré de Almanda, arrière grand-mère de l’auteur, Michel Jean. Orpheline québécoise d’origine irlandaise, elle quitte son oncle et sa tante par amour pour Thomas et découvre les grands espaces de la Péribonka avec les Innus.

« Qu’aurait été ma vie si un jeune chasseur aux yeux bridés n’était pas passé par là, attiré par un vol d’outardes ? »



Un immense coup de cœur !
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Kukum

Kukum c’est une histoire vraie, celle de l’auteur Michel Jean. Issu du peuple autochtone des Innus du Québec, l’auteur nous brosse un doux portrait de famille et dresse le difficile constat de la destruction de la culture innue par les colons.



Un vrai coup de cœur pour cette émouvante et poétique… On se laisse facilement transporter dans l’histoire de famille de Michel Jean qui dépasse le cadre de la simple biographie. Une vraie ode à la nature à travers le regard de son arrière-grand-mère qui découvre la vie nomade des Innus auprès de Thomas. On se laisse bercer par cette découverte de la vie dans la forêt.



Car la deuxième partie du roman est marquée par l'arrivée des colons. Le chemin de fer et le barrage ne sont que les premiers soucis, avant les pensionnats utilisés pour faire disparaître la culture innue. Véritable cri du cœur, Michel Jean offre le portrait émouvant de l’histoire de sa famille, et par la même occasion, de tout le peuple Innue. Un vrai petit bijou à lire et faire lire…
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Kukum

Un très beau texte sur la grand mère de l'auteur et un moment de lecture particulier, car j'ai fait une lecture commune avec plusieurs copinautes et nous avons échangé nos ressentis lors de la lecture et à la fin, nous avons eu aussi le bonheur d'échanger avec l'auteur.

Almanda a 15 ans, orpheline, elle est élevée par son oncle et tante, colons sur un lopin de terre canadienne. Elle rencontre Thomas, qui est inuit et vient vendre ses poissons, il est chasseur d'outardes, trappeur. Ils vont décider de sa marier et voilà Almanda qui intègre la famille de Thomas et ils vont partir dans la forêt, dans les montagnes. Elle va alors découvrir la vie dans la nature et la vie difficile face à la nature. "J'arrivais d'un monde où l'on estimait que l'humain, créé à l'image de Dieu, trônait au sommet de la pyramide de la vie. La nature offerte en cadeau devait être domptée. Et voilà que je me retrouvais dans un nouveau ordre des choses, où tous les êtres vivants étaient égaux et où l'homme n'était supérieur à aucun autre." (p45)

Ce texte est très beau, l'auteur raconte simplement et avec une belle langue la vie de sa grand mère et c'est un bel hommage à cette femme courageuse, volontaire, téméraire. Il parle aussi très bien de la culture unuit et son acculturation et son assimilation dans la culture des colons. il parle très bien aussi de leur culture, de leur langue.

"Nos récits, transmis de bouche à oreille, relatent l'histoire du territoire et de tous les êtres qui y vivent. Celle que je lui lisais évoquait un continent et un univers dont elle ignorait tout" (p100)

j'ai trouvé l intégration de Almanda dans sa belle famille assez facile malgré une culture différente et un problème de langue aussi? C est en tout cas le portait d une femme forte volontaire courageuse et quelle horreur cette façon de vouloir assimiler "les sauvages" et nous pouvons nous demander comment réagir face au progrès : tout dépend comment il est utilisé. J'

ai apprécié les descriptions de la nature et l humanité des personnages Almanda est une sacrée femme debout, courageuse, téméraire : un bel exemple à suivre j ai aimé sa patience dans le cabinet du ministre (un fait réel !! ).

L'auteur questionne sur le concept de progrès que l on amène sans prendre en compte l avant, ils l'ont fait avec la nature, couper et couper le bois et aussi pour les êtres et cette volonté d assimiler l autre : très impressionnée et en colère quand les enfants sont héliporté pour les emmener en internat pour les éduquer.

La fin ouvre avec l'espoir avec les nouvelles générations qui veulent comprendre, se souvenir et ce qui en est des langues autochtones.

Un très beau portrait de femme et de belles images de la nature.

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Kukum

Mais que ce texte est beau !



Fin du XIXième, sur les rives du lac St Jean, Pekuakami en langue innue.



Almanda est une très jeune femme blanche qui par amour pour Thomas, indien innu, change de vie pour devenir, comme le reste de sa nouvelle famille, une nomade qui vit de la chasse et de la vente des peaux.

Almanda raconte sa vie, l’apprentissage de la culture innue, sa famille, son amour pour Thomas, au fil des ans et jusqu’à que ce que s’impose la sédentarisation de ces indiens.

Les descriptions de la forêt, des rivières, du lac, des scènes de chasse et de tous les petits gestes du quotidien des indiens sont magnifiques.

L’auteur est l’arrière petit fils de cette femme au destin hors du commun.

Et c’est sans doute ce lien de parenté qui rend la parole d’Almanda si authentique, si touchante.

J’ai donc été très émue mais j’ai aussi beaucoup appris à la lecture de ce récit. Je vous le recommande chaudement.



Le papier, la couverture, la mise en page sont extrêmement soignés, ce qui ajoute encore au plaisir de cette lecture.
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Maikan

Impitoyable réquisition sur les abus sexuels subis par les autochtones au Québec dans les pensionnats catholiques vers les années 1936



Après Kukum, l auteur lui-même d origine Innu, dresse un portrait de cette période enfin dévoilée.

4.000 enfants y sont morts sur 150.000.



. Une commission d enquête fédérale a dénoncé un génocide culturel



J ai lu ce livre en une nuit.

Il faut noter une qualité d'édition irréprochable chez Depaysage
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Maikan

Tandis que le père Johannes Rivoire fait actuellement l’objet d’un mandat d’arrêt pancanadien pour agressions sexuelles sur jeunes Inuits, Maikan, le roman de Michel Jean publié aux éditions Dépaysage fait redoutablement écho à l’actualité. Initialement publié en 2013 sous le titre Le vent en parle encore (ed. Libre Expression), l’écrivain et journaliste québécois d’origine innu expose le génocide culturel qui a touché plus de 150 000 enfants autochtones durant le siècle dernier.



Nitassinan, août 1936. Comme de nombreux enfants et adolescents, Marie, Charles et Virginie sont arrachés à leurs famille et envoyés à plus d’un millier de kilomètres de chez eux dans un pensionnat catholique. D’après les missionnaires, ils apprendront à écrire, à lire et seront bien nourris sans mentionner qu’ils gommeront tout de leur âme d’indien jusqu’à la possibilité de s’exprimer dans leur propre langue. En 2013, l’avocate Audrey Duval part à la recherche des survivants pour tenter d’honorer leur voix et leur passé mais se heurte rapidement aux vestiges de vies passées, dans l’incapacité à s’exprimer sur la barbarie, les agressions sexuelles et les maltraitances. Face à l’impossibilité d’effacer les actes, il reste l’espoir de ne pas avoir tout perdu.



Très loin de l’histoire d’amour émouvante racontée par l’auteur dans Kukum, Maikan se veut nécessaire et engagé pour évoquer le sort de milliers d’enfants autochtones et les problématiques sociétales que cette ségrégation culturelle a engendrées. On entre dans la vie de ces trois adolescents comme on va au purgatoire pour découvrir ce que réserve un endroit aussi austère que Fort George, l’un des nombreux pensionnats catholiques sur le territoire canadien. Le lecteur se confronte à une réalité crasse où seul l’espoir d’un retour au sein de la communauté fait subsister les pensionnaires. Ironiquement, deux des quatre personnages principaux, Virginie et Marie, portent le nom de l’innocence sexuelle qui n’existe qu’à travers les mots quand les agressions pédophiles du personnel sévissent jour et nuit.



La lourdeur que provoque Fort George sous la plume de Michel Jean est souvent insoutenable et toujours révoltante alors tant qu’à faire, confronter le siècle dernier et l’actuel pour illustrer l’évolution de ce drame allait de soi. Audrey Duval, l’avocate qui se veut justicière des causes taboues porte en elle la marque d’un monde meilleur et celle d’une certaine hypocrisie. Elle se confronte aux survivants, souvent noyés dans leur alcoolisme pour oublier les douleurs d’une torture mentale qui ne quitte jamais son condamné. Cependant, elle est aussi la voix du gouvernement canadien qui tente de réparer les pots cassés avec quelques milliers de dollars. A cet acte, une seule question persiste – et elle est rhétorique : les sévisses se pardonnent-ils vraiment avec un pécule ?



Ce sujet tragique reste brillamment illustré par l’écrivain québécois qui porte en chaque mot un peu de ces 150 000 enfants dont il ne reste rien aujourd’hui pour les plus malchanceux et des larmes au creux des rides pour les autres. Alors ces voix s’élèvent dans cet ouvrage aussi haut que les chants ancestraux des anciens pour émouvoir à sa façon et se souvenir, toujours.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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Kukum

Quel bonheur de pouvoir encore lire des biographies vraies d'autochtones nomades dont les territoires de chasse s'étendaient loin au -delà du lac St Jean au Québec, écrite par un descendant qui raconte l'histoire de son arrière grand-mère !

Tout simplement incroyable pour nos vies douillettes et connectées ! 150 ans le l'histoire du Québec de 1870 arrivée d'immigrants irlandais tués par le typhus dont la fille épouse un autochtone à 2019 quand son arrière petit fils journaliste à Montréal raconte son histoire.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Tiohtiá:ke [Montréal]

De Nutashkuan à Akulivik, en passant par la prison, par Tiohtiá:ke, le square Cabot, Elie l’Innu, le fils, le fruit de 1000 soucis et feux ardents avec sursis, englouti par les aléas d’une vie dysfonctionnelle où prédominent violence et consommation, devient pèlerin en quête d’équilibre, de paix, de soi. Comme les points de suture aidant à colmater la plaie de sa torpeur, chacune des personnes mises sur son chemin lui sert de phare dans la noirceur; une cicatrice tombant sous le sens tel un tambour rugissant dans direction à emprunter, celle au cœur de sa rédemption, la sienne, son identité ! « Tiohtiá:ke » de Michel Jean, quand une vie bafouée se relève de ses cendres, une vérité resurgit des gravats, faisant lever la poussière !
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Kukum

J'ai été bercée dans une belle douceur tout au long de ce magnifique roman. Le peuple autochtone est définitivement empreint d'une grande sagesse et de débrouillardise. Tout au long du récit, nous apprenons à comprendre leur origine, leur parcours et leur déchirement d'aujourd'hui.



Sans mettre l'emphase sur leur colère actuelle, le livre nous porte paisiblement, en traversant plusieurs années et générations sur les origines du peuple indien, leur vie de nomade, leur auto-suffisance, l'entraide et bienvaillance entre eux.



Almanda, le personnage principal, une orpheline élevée par sa tante et son oncle, une blanche, les a quittés à l'âge de 16 ans pour suivre son Thomas, un indien vers Pekuakami. Elle fera du peuple indien sa famille en surmontant la barrière de la langue, de leur culture, et comme eux, développera un grand respect pour la nature.



J'ai eu un gros coup de coeur pour ce roman et j'en suis vite devenue dépendante, page après page. Les Innus ont vécu en toute simplicité pendant de longues années avant d'être envahis et chassés. L'histoire est magnifique et attendrissante. Laissez-vous tenter par celui-ci, vous ne serez pas déçu.


Lien : https://lyvraso.blogspot.com..
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Kukum

En décembre, pour le défi littéraire, les prix littéraires France-Québec sont à l’honneur. J’ai choisi de lire Kukum de Michel Jean. Ce dernier a remporté le prestigieux prix en 2020. J’avais acheté le roman pour l’événement de 2020 : le 12 août, j’achète un livre québécois. Cette année, j’avais proposé des livres d’autrices et d’auteurs autochtones. Michel Jean est un écrivain innu de Mashteuiastsh. Il exerce aussi les métiers de journaliste à TVA et de chef d’antenne. Les Québécois le connaissent car ils le voient à la télévision.



Que raconte Kukum?



À quinze ans, Almanda, une orpheline blanche habitant chez son oncle et sa tante, tombe amoureuse d’un Innu de Pekuakami, Thomas. Elle devient son épouse et elle va adopter le mode de vie nomade du groupe auquel appartient Thomas. Elle devra apprendre à chasser, à se déplacer durant de longs jours en portant du matériel, à parler une autre langue. Au fil du temps, Almanda et Thomas vont bâtir une famille et connaître les bouleversements engendrés par les hommes d’affaires qui vont de plus en plus s’approprier un territoire qui ne leur appartenait pas.



Ce que j’en pense



D’emblée, je dois dire que c’est le meilleur livre que j’ai lu cette année. Dès l’incipit, j’étais conquise par la plume de Michel Jean. Ce dernier a nommé le territoire comme nul autre avec cette histoire. Un territoire qu’il connaît, qui l’a sans aucun doute façonné, qui lui a parlé. Et cette voix a aussi retenti en moi.



Une mer au milieu des arbres. De l’eau à perte de vue, grise ou bleue selon les humeurs du ciel, traversée de courants glacés. Ce lac est à la fois beau et effrayant. Démesuré. Et la vie y est aussi facile qu’ardente. (p. 11)

Dans ce livre, il est question d’une nature qui change sous le regard impuissant des Innus de Pekuakami. Ces derniers, des nomades, ont été forcés de s’établir dans des réserves car le gouvernement a vendu leur territoire. Almanda est témoin de tout ça. Grâce à elle, on suit avec tristesse la perte d’autonomie des Innus habitués au souffle de la liberté, au respect de la faune et de la flore. Confinés dans des réserves, le gouvernement leur arrache leurs enfants pour les envoyer dans des pensionnats pour qu’ils reçoivent une éducation catholique. Beaucoup d’enfants seront abusés par des religieux. Beaucoup vont aussi mourir loin des leurs. Ces événements vont être accompagnés par le son de la hache qui s’abat sur les arbres, par celui du train qui va prendre possession des lieux, par le dynamitage faisant dériver les cours d’eau. Comme Michel Jean le mentionne à propos de son livre :



«Ce que je voulais vraiment raconter, c’était la sédentarisation forcée des Autochtones. Les gens ne savent pas comment ça s’est fait. On pense en général, au Québec, que les Autochtones ont toujours vécu sur les réserves. […] Ça ne fait pas 200 ans. […] C’est arrivé au 20e siècle. (Source : Ici.Radio-Canada. Michel Jean et son roman Kukum : raconter, expliquer et émouvoir).»



J’ai été très touchée par ce livre. Je connaissais la plupart des événements présentés dans le récit. Mon grand-père maternel a été un bûcheron. Il bûchait pour nourrir ses 12 enfants. Ma grand-mère maternelle était analphabète. Je suis née de l’autre bord. Du côté de celui qui a détruit, de celui qui a été intransigeant, menaçant. Mes grands-parents étaient des catholiques et pratiquaient la religion. Ils ont connu les années de Duplessis. Ils ont participé à déforestation, à la construction du chemin de fer. J’ai honte lorsque je lis des histoires comme Kukum. Honte parce que mes ancêtres ont contribué à la destruction de l’autre, du territoire et de la faune. C’est arrivé. Ça fait partie de nous.



Lisez cette merveilleuse histoire pour que l’Histoire puisse enfin parler de la Vérité. Vous allez certainement pouvoir suivre le vol majestueux des outardes, observer la beauté du lac Pekuakami ou dormir à la belle étoile.



Kukum est plus qu’un nom, c’est un hymne à la beauté du monde. Lisez ce livre….



Vous avez lu Kukum? Qu’en pensez-vous?



Bien à vous,



https://madamelit.ca/2020/12/04/madame-lit-kukum-de-michel-jean/
Lien : https://madamelit.ca/2020/12..
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Kukum

Kukum veut dire grand-mère en innu et Michel Jean retrace ici la vie de la sienne Almanda qui, pour avoir épousé un « sauvage », a apprivoisé et adopté pleinement son mode de vie. Nous apprenons à chasser et à vivre sous la tente avec elle jusqu’à ce que, la sédentarisation oblige, ses enfants et ses petits enfants perdent peu à peu le contact avec leur langue et leur culture. L’écriture est jolie, émouvante souvent et on suit, le cœur serré, le déracinement. Il y a de beaux passages et l’intimité avec la nature nous repose et nous rebranche avec des valeurs de simplicité et de dénuement. J’ai beaucoup aimé.
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Kukum

Michel Jean, que nous apprécions toujours autant, relate ici l'histoire de l'une de ses ancêtres, déjà croisée dans ses livres précédents et en particulier dans "Elle et nous" ; Kukum, c'est cette arrière-grand mère qui a décidé de devenir innue par amour pour un homme. Quand ils se rencontrent, elle est blanche, orpheline, elle a 15 ans, il en a 18... Cet amour-là va durer toute leur vie. Jamais Almanda ne regrettera son choix, même si la vie que lui a proposé Thomas ne fut pas un long fleuve tranquille.



L'auteur nous raconte l'existence aventureuse de ces Indiens Innus, qui se déplaçaient beaucoup, vivaient l'été aux abords de Pekuakami, que l'on nomme maintenant le lac Saint-Jean (Québec) et qui partaient l'hiver sur leurs territoires de chasse et de trappe, plus au nord. Quand la mauvaise saison arrivait, ils s'en allaient avec matériel et provisions sur leurs canots, il fallait alors remonter des rivières, des sauts et des chutes, pour atteindre le coeur de la forêt et hiverner ; le voyage durait un mois, un mois de marches éreintantes, de pagayage, de portage des bagages ou même des canots au niveau des rapides, mais aussi de découverte de paysages magnifiques et de retrouvailles festives avec les autres familles.



Almanda a appris à chasser et à remercier l'animal qui a donné sa vie, à parler innu " forme de langage adaptée à un univers où la chasse et les saisons dictent le rythme de vie", à tanner les peaux qui seront vendues, à souffrir parfois de la faim. Mais elle était libre et vivait dans une famille accueillante, trouvait le temps de lire un peu, n'eut jamais peur de grand chose et alla même voir le premier ministre de la province quand elle voulut se battre pour son village.



Les Innus menèrent cette vie rude mais qu'ils aimaient, jusqu'à ce que le "progrès" arrive jusqu'à eux, que des forestiers viennent couper les arbres, que les lacs et les rivières soient envahies de troncs à transporter, que le train passe à quelques mètres de la cabane, que des hommes viennent chercher les enfants pour mettre au pensionnat où ils devaient recevoir une éducation civilisée...

Il leur fallut alors apprendre à vivre autrement mais beaucoup ne se sont pas faits à la sédentarité. On a dû (le gouvernement québecois) leur donner à manger, ils sont devenus dépendants des distributions de nourriture, certains alcooliques "les hommes comme Thomas s'y trouvaient vidés d'eux-mêmes, et leurs regards se sont éteints peu à peu"...



Il y a beaucoup de choses donc dans ce très beau livre, passionnant et émouvant ; une superbe histoire d'amour, le récit de la vie de tout un peuple auquel appartenait une femme exceptionnelle et la disparition de ces gens dont l'existence était liée à une forme de liberté qui n'a plus cours.



Extrait (p 45) : " Chaque coup de rame m'éloignait d'une vie et me plongeait dans une autre. Moi qui avais la parole facile, j'apprenais à écouter ce monde nouveau et ancien et à m'y fondre. La rivière Péribonka monte presque en ligne droite vers le nord. Les feuilles rouges et jaunes jetaient des touches de couleur dans l'écrin de verdure qui l'enserrait. À mesure que la température baissait, l'eau prenait des teintes de bleu profond. Quand Thomas me sentait fatiguée, nous nous arrêtions un jour ou deux. Je découvrais comment installer des filets pour attraper le poisson, comment porter le canot sans me blesser, comment marcher sans bruit. Petit pas par petit pas, mon corps autant que mon esprit s'adaptaient au mouvement quotidien de l'existence nomade."


Lien : https://www.les2bouquineuses..
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Tiohtiá:ke [Montréal]

Pas de lac Pekuakami ou de nature verdoyante dans ce nouveau roman de l’auteur innu Michel Jean. Cette fois-ci, nous sommes confrontés à la froideur de la ville et c’est le bitume que nous foulons. Nous faisons la connaissance d’Elie Mestenapeo, libéré de prison après 10 ans, pour le meurtre de son père, un homme alcoolique et violent. Le jeune homme est condamné à une double peine pour ce crime, car en plus d’être exclu de la société, il a été banni de sa communauté innue de Nutashkuan. Plus de famille, plus de chez soi, alors Elie fait comme bon nombre d’autochtones à la dérive, il vient trouver refuge à Montréal, Tiohtià:ke en mohawk, et il devient un « itinérant ».



Dans la rue, il va se constituer une nouvelle famille : Jimmy le Nakota (que nous avons découvert dans Maikan), les sœurs Nappatuk, Mafia Doc, Géronimo ou encore Caya. Des nations différentes, mais une vie en communauté, qui lui permettra de se reconstruire et de retrouver confiance en lui. La lumière au travers de l’obscurité. Car la rue, c’est aussi le froid, la violence, la mort et l’invisibilité. Le récit est ponctué d’évènements dramatiques, certains proches du polar, et j’aurais souhaité que ces éléments soient encore plus approfondis.



Dans cette nouvelle parution, Michel Jean dresse les portraits de ces « invisibles parmi les invisibles ». Si je n’ai pas eu le même attachement que pour Kukum ou Atuk, j’ai tout de même pris plaisir à retrouver la plume de l’auteur, et j’ai aimé découvrir ces nouveaux personnages qui reflètent les problématiques de la société québécoise, mais qui mettent également en lumière les blessures inter-générationnelles.
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Tiohtiá:ke [Montréal]

y a des auteurs que l'on reconnaît dès les premières phrases. Et c'est le cas de Michel Jean. Une douceur, une simplicité dans le style, clair et tranquille, comme l'eau d'un lac. Sauf qu'ici, c'est la ville qui est au cœur du sujet. Tiohtia:ke que de ce côté de l'Atlantique nous connaissons sous le nom de Montréal.



Une grande ville qui abrite tant bien que mal ceux qui viennent de loin. Autochtones de toutes les premières nations se retrouvent dans les parcs. Se soutiennent. Tentent d'apprendre d'autres codes, dans une autre communauté. Élie est de ceux-là, un Innu passé par la case prison. Dix ans en cellule et un bannissement. Toute une vie à construire.



Michel Jean fait le choix de s'éloigner des grands espaces pour se focaliser sur les conséquences engendrées par des politiques successives sur les autochtones. L'alcool, la drogue, un total désœuvrement et une perte de sens et d'identité. J'ai aimé ces personnages en marge et comme toujours, j'ai aimé en savoir plus sur un monde que je connais mal. L'auteur est journaliste, et il a cette grande faculté de transmission sans lourdeur. Je n'ai jamais le sentiment de lire un texte qui se voudrait didactique. Cependant, il m'a sûrement manqué un peu de "sale". J'aurais voulu que la part sombre d'Elie soit plus creusée, tout comme le volet "policier" qui pointe à un moment du texte. Pour autant, le fait que je tienne le rythme de cette lecture commune avec @manonlit_et_vadrouilleaussi et @point.a.laligne est la preuve (la seule qui vaille actuellement) que j'ai aimé cette lecture. Et que je vous recommande toujours autant de lire Michel Jean.
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Kukum

Joli roman, accessible, réconfortant quant à la possibilité de l'acceptation des différences. Seulement, l'histoire est dure, et quelques années après l'entrée de Kukum dans cette ethnie Innuit, tombée follement amoureuse d'un de leur fils, son peuple d'origine entreprend de faire sienne la nature et les étendues montagneuses où ces peuples habitent.

Un terrible projet de barrage menace la survie de ces peuples qui survivent dans ces contrées depuis des temps ancestraux...



témoignage vrai, puisque Kukum est l'ascendante de l'auteur Michel jean. Un roman édifiant quant aux querelles entre les premières nations de l'Amérique, et celles des colons qui n'ont que faire de ceux qui ne sont pas comme eux.
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Kukum

Kukum, c'est avant tout une merveilleuse histoire d'amour. Entre Almanda et Thomas bien sûr, mais aussi entre Almanda et le peuple Innu qui l'a adoptée.



Almanda, donc, orpheline d'origine Irlandaise, vit avec son oncle et sa tante dans un petit village d'agriculteur au Canada, lorsqu'elle rencontre Thomas, un jeune Innu de 3 ans son aîné. Ils tombent amoureux et elle va le suivre, vivre avec sa famille et se faire adopter par son peuple. Au rythme des saisons et de la vie nomade, elle va apprendre à chasser, à vivre en autonomie.



Mais elle va aussi être un témoin direct de sédentarisation forcée des autochtones et de la destruction de leurs culture et de leur mode de vie au nom du "progrès" et de la capitalisation de terres.



Le sentiment d'injustice et d'impuissance face à l'énormité de l'industrie coloniale est immense!! On a envie de hurler devant l'anéantissement d'un peuple!



Un texte essentiel et qui puise sa force dans la réalité de son témoignage. Car Almanda est la grand mère de l'auteur.
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Kukum

L'histoire d'Almanda à déjà conquis de nombreux lecteurs.

Je ne déroge pas à l'engouement pour ce livre.

Quelle magnifique histoire...et triste histoire!

A travers le destin de cette femme devenue après des décennies une Kukum, j'ai découvert combien une culture séculaire pouvait être amené à disparaître sous prétexte de progrès: profit et assimilation à marche forcée.

Des pages magnifiques sur la nature, la façon de faire corps avec elle, la force des liens du clan pour affronter cette vie au milieu de la nature envoûtante mais ardue voire cruelle.

Et puis le chagrin de voir disparaître cette nature et la peine de découvrir le désespoir que le changement de mode de vie et la main mise des blancs sur les autochtones produisent.

Deuxième incursion dans l'œuvre de Michel Jean et j'apprécie là encore les qualités d'écriture, le sens de la narration et l'importance de témoigner pour réparer et ne pas tomber dans l'oubli.

Coup de cœur de lecture!









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Atuk

Après avoir lu et adoré Kukum du même auteur, je me suis plongée dans Atuk qui retrace cette fois ci la vie de la grand mère de l’écrivain.



Un bel hommage à cette femme et au peuple innu que j’ai pris plaisir à retrouver à nouveau dans cette histoire.



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Kukum

Il est immense. Troisième plus grand lac québecois, Pekuakami (le lac Saint-Jean) se dresse majestueux. Sur sa rive ouest, il y a Masteuiatsh (ou Pointe Bleue), une communauté innue dont est issu l'auteur, Michel Jean. Pas sa "kukum", initialement. Almanda, fille d'immigrés irlandais, née en 1882, élevée par son oncle et sa tante, a une soif de liberté dévorante. Une liberté qui lui tend les bras et qu'elle saisit avec force, lorsqu'elle épousera Thomas Atuk-Siméon, un Innu. Alors elle intègre cette communauté, découvre ses coutumes, aime, apprend, comprend ; et elle emmène le lecteur lors de cette traversée hors du temps.

Ce livre retrace l'itinérance de la kukum de Michel Jean, sous les doux mots de l'auteur qui peint une arrière-grand-mère fabuleusement moderne, et une description splendide des paysages qui entourent le lac Pekuakami, avant sa colonisation par les blancs. L'atmosphère du livre est tranquille, bercée au rythme des transhumances des nomades Innus, les tissages d'aiguilles et la chasse aux orignaux. D'une poésie rare et sans fioriture, la beauté calme du récit nous étreint dans une atmosphère doucereuse initiale, pour finir par retranscrire la tristesse amère d'une forêt dépecée.

L'histoire des Innus de la famille Atuk nous est contée, et son avenir prometteur, famille florissante d'enfants et de peaux de bête, de fêtes de Noël et de traversée de la rivière ; mais la colonisation progresse et enferme les Innus dans une réserve qu'ils ne pourront plus quitter. La forêt se meurt, les digues coupent les rivières, les enfants sont pensionnaires forcés ; la chasse est remplacée par l'alcool, seul sursaut de liberté. Je ne lis pas forcément de colère en Almanda, plutôt une grande tristesse. Elle s'est forgé un caractère d'Innu et parle avec grande sagesse, sans laisser la fureur l'inonder. Mais elle touche au plus profond du cœur par son passé rasé par des hommes qui n'ont que faire de son identité.

Malgré son apparente quiétude, Kukum est un livre bouleversant. Devoir de mémoire, il est de ces ouvrages qui reste en tête avec une limpidité absolue, tandis que l'on s'agace et s'offusque de ce que nos ancêtres ont fait à cette communauté et à leur lieu de vie. La productivité, la rémunération, remplacent férocement la philosophie Innue qui respecte chacune des vies, quelle soit humaine ou bien animale. Merci à Michel Jean de nous éduquer, de transmettre avec autant de patience et de beauté une histoire d'amour que l'horreur d'une voie ferrée n'arrivera pas à briser. Tshinishkumitin et longue vie à Kukum.
Lien : http://thereadingsession.fr/..
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Tous les garçons et les filles de mon âge Se promènent dans la rue deux par deux Tous les garçons et les filles de mon âge Savent bien ce que c'est d'être ...?...

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