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Critiques de Michel Jean (406)
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Kukum

Michel Jean nous propose ici d'explorer son propre roman familial. Vous savez, ce socle d'histoires plus ou moins vraies, plus ou moins fausses qu'on se transmet de générations en générations. Il faut dire que l'histoire de sa Kukum (son arrière grand mère), Almanda Siméon, est vraiment romanesque. Orpheline d'origine irlandaise, élevée au Québec, elle épousera un jeune Innu qui lui fera découvrir tant la nature sauvage d'Amérique du nord que les coutumes de son peuple. Pour Almanda, c'est une révélation, c'est ici que se trouve sa place. Et pour le lecteur c'est l'occasion de découvrir l'histoire méconnue des Indiens du Québec, les injustices subies, insupportables, ainsi que la fierté et la résilience qui les animent.

Un beau périple que je conseille à tous !
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Kukum

Un vrai bonheur cette écoute de Kukum ! La lectrice avait un léger accent québécois, ce qui m'a plongée dans les contrées enneigées avec Almanda et le peuple innue.

Kukum veut dire grand-mère en langue innue. Michel Jean est l'arrière petit-fils d'Almanda, à laquelle il rend hommage dans ce livre.

C'est une belle histoire d'amour. Almanda, jeune fille blanche rencontre Thomas, de la tribu des innues. Elle quittera tout pour se marier, rejoindre la tribu , apprendre à chasser, mener une vie itinérante au gré des saisons et du gibier trouvé. Elle deviendra une véritable innue et adoptera leur mode de vie. Mais hélas, le gouvernement fera tout pour forcer les amérindiens à se sédentariser. Cette façon de faire révélera que des exactions ont été faites contre ce peuple et ne seront révélées que récemment.

J'ai beaucoup aimé ce livre et me suis attachée à cette famille innue qui a connu beaucoup de bonheur mais aussi bien des malheurs.
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Kukum

Quelle belle expérience de lecture que celle-ci.



Une biographie riche de sa simplicité, de son humilité. Tellement riche que malgré son évident dénouement et l'absence totale de surprise quand à la destinée de Manda, le personnage principal, on prend son temps pour découvrir chaque détail de cette trajectoire connue d'avance.

Rien n'est sûr joué, sur interprété et c'est plaisant de lire ces mots dénudés d'artifice pour décrire du vrai.



La vie entière de Manda et de son clan, détaillée rythmée, et pourtant respectée dans son intimité. C'est un récit très touchant et merci à l'auteur de nous ouvrir la porte de ces trésors de familles, de ces souvenirs.
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Atuk

Elle et Lui racontent leur histoire à tour de rôle. Elle, c’est Jeannette, fille d’Almanda et de Thomas, découverts dans Kukum. Lui, c’est Michel, son petit fils .

Jeannette, de son vrai nom Shashuan Pileshisk (Hirondelle, en français) se remémore son enfance ; elle raconte sa fascination pour le Lac Pekuakumi (Saint-Jean en français) ; les longs voyages, à la fin de l’été, vers les territoires de chasse : l’organisation minutieuse avant le départ, puis la remontée du Lac et des rivières en canoë, les longues marches à travers bois avec de lourdes charges sur le dos, la faim parfois dévorante et l’entraide bien présente, les veillées et les histoires fascinantes de son grand-père autour du feu. Mais le coup de foudre pour un jeune homme vivant chez les blancs la pousse à suivre le chemin inverse de sa mère Almanda, Irlandaise qui avait adopté le mode de vie des Innus en épousant Thomas. Son mariage conduit Jeannette à quitter les siens. Pourtant à la fin de sa vie, l’Hirondelle choisit de revenir à Mashteuiatsh (Pointe Bleue en français).

Michel se rend aux funérailles de Jeannette, qui vient de mourir à l’âge de 100 ans. En remontant le temps, il cherche à comprendre comment le choix de vie effectué par sa grand-mère a déterminé la vie de toute sa descendance, implantée dans le monde des Blancs. Il a fallu qu’une autre Jeannette, nièce de celle qui vient de décéder, lui souffle : « Michel, l’Indien, tu l’as en toi » pour qu’il perçoive que ses racines Innus font bien partie de son ADN. Au fil de ses souvenirs, l’identité de Michel se construit ; et c’est avec émotion que le lecteur assiste à son évolution au fil du roman, à la réappropriation de son identité autochtone.

Mais au-delà de l’histoire familiale, c’est toute l’histoire du peuple Innu que Michel raconte, l’histoire volée, qu’on ne lui a jamais enseignée à l’école : « Je ne connais rien de l’histoire des Innus. On ne m’en a rien dit à l’école. On m’a parlé des Grecs et des Romains ». Sur un ton dépourvu de rancœur, Michel nous bouleverse lorsqu’il raconte les humiliations vécues à l’école ou le racisme rencontré dans sa vie professionnelle.

La construction du roman est tout simplement époustouflante, car les chapitres se répondent : en évoquant les souvenirs de sa grand-mère, Michel se rend compte à quel point elle et ses ancêtres lui ont transmis leur amour de la nature : « J’ai toujours aimé la forêt. Je m’y sens bien. »

D’Elle à Lui Michel Jean restitue à la fois son parcours personnel et les savoirs ancestraux, dans sa très belle langue à la puissance évocatrice et où chaque mot est pesé.

Tout me semble résumé dans cette très belle phrase énoncée par Michel Jean lors du Festival America : « Si nous on raconte pas nos histoires, qui va le faire à notre place ? »



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Atuk

J'attendais avec impatience la sortie du nouveau livre de Michel Jean, et une fois encore je ressors émue de ma lecture.



Kukum nous plongeait dans le mode de vie des innus, à travers le regard d'Almanda, son arrière-grand-mère, qui a vécu leur sédentarisation forcée.



Dans Atuk, Michel Jean poursuit l'exploration de ses racines familiales avec le témoignage de sa grand-mère Jeannette, la fille d'Almanda et Thomas. Il s'attache cette fois à la question de la transmission et à celle de l'identité.

J'ai été particulièrement touchée par les échanges de Jeannette avec son père Thomas et son grand-père Malek. Ils nous éclairent en partie sur leur mode de vie ancestral, leur attachement à la nature et ce que cela signifiait alors d'être et de se sentir innu.

« C'est ainsi que la manière se transmet chez nous. Les choses que l'on apprend dans l'enfance nous suivent et nous servent toute notre vie. Elles deviennent une part de nous que l'on a la responsabilité de porter jusqu'aux générations suivantes. Comme un héritage. » (p. 20)



En parallèle du témoignage de Jeannette, Michel Jean nous partage ses réflexions et ses questions sur sa propre identité.

« Il est difficile de se reconnaître chez les autres et de déterminer sa place quand on n'arrive pas à définir sa propre identité. Faute de savoir, j'ai souvent eu l'impression dans ma vie de tourner en rond dans un labyrinthe où je suis seul à marcher. » (p. 178)

L'introspection de l'auteur qui cherche à saisir la signification de se considérer aujourd'hui comme un Innu trouve une résonnance universelle et donne au livre une profondeur qui m'a particulièrement séduite.



Une très belle réflexion sur la réappropriation de l'identité dans une écriture sobre et toujours empreinte de beaucoup de sensibilité.
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Kukum

« Comment raconter la mélancolie qui rongeait nos cœurs » (p. 275) : justement en écrivant un livre touchant et sensible comme celui de Michel Jean.



1977, voilà presque cent ans qu’Almanda, arrière-grand-mère de l’auteur vit sur les rives du lac Pekuakami. Elle nous raconte sa vie, celle d’une fille de colons venus s’installer au Canada, qui par amour et désir de liberté décide à 15 ans de rejoindre un clan innu, peuple premier du Québec.



C’est le témoignage du mode de vie disparu des peuples nomades privés de leurs terres par les colons et contraints de se sédentariser.

Michel Jean traduit bien toute la nostalgie et la tristesse de ces hommes et femmes exclus de leur paradis terrestre.

« Les Passes-Dangereuses, où mes enfants sont nés, où j’ai élevé ma famille et où Thomas et moi nous sommes aimés si souvent, ont disparu, englouties sous des tonnes d’eau. Sorte d’Atlantide innue, ce lieu n’existe plus que dans les souvenirs des vieux comme moi et il disparaîtra pour de bon avec nous. Bientôt. » (p. 152)



Ce livre est aussi une magnifique ode à la nature à la fois belle et inquiétante, où l’homme trouve sa place dans le respect et l’acceptation.

« Et voilà que je me retrouvais dans un nouvel ordre des choses, où tous les êtres vivants étaient égaux et où l’homme n’était supérieur à aucun autre » (p. 52)

J’ai aimé ce rapport au monde, contemplatif et serein, cette sagesse apaisée d’une femme au soir de sa vie.



Michel Jean signe ici un roman doux et poignant, une valeur sûre et un auteur à suivre.
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Kukum

Kukum c'est une histoire très touchante qui raconte la vie d'Almanda (et Thomas), arrière-grand-mère de l'auteur, dans le contexte de la sédentarisation des Autochtones. Le roman s'accélère au deux-tiers du livre pour se porter sur la perte du territoire des nations autochtones sur deux générations. Ce récit empreint de sensibilité n'empêche aucunement l'auteur de démontrer la force de caractère d'Almanda pour survivre dans une société où le ''modernisme'' affiche toute sa relativité. Vraiment à lire.
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Kukum

Coup de coeur !

.

Ce que j'ai pu aimer ce récit ! Il y a tant à dire sur ce roman, sur cette femme, Almanda - l'arrière-grand-mère de @micheljeanofficiel - et son histoire. Celle-ci nous entraîne sur la rivière du souvenir, celui des autochtones nomades sédentarisés contre leur gré, dépossédés pas seulement de leurs terres mais surtout de leur culture.

Kukum narre ce pan sombre de l'histoire du Québec avec d'autant plus de puissance que la conteuse, Almanda aux yeux océan en épousant Thomas, embrassa la vie et la communauté innue à plein cœur et de toute son âme.

Kukum, ode à la Nature. Ode à l'humilité de l'homme "sauvage" qui épouse avec respect cette Nature. Certes, il y a du romantisme dans cette mémoire. Il y a surtout le courage et l'équilibre inhérents à ce style de vie.

Je fus sensible à la dignité et la pudeur dans la narration des changements tragiques et des traumatismes vécus par les innus, c'est sans doute ce qui a contribué à la force du récit.

Kukum, c'est l'hommage à cette femme exceptionnelle de courage et de caractère que fut Almanda Siméon, à son amour indéfectible pour son époux et sa nation, à son destin de femme, ordinaire, héroïque.

Kukum, c'est l'histoire de ces peuples autochtones ou indigènes des quatre coins du monde, que la civilisation a écrasé, écrase encore, de son rouleau compresseur nommé "Progrès".

Un brin de Voltaire, une touche de Sepulveda et beaucoup de Michel Jean. Une pépite, prix littéraire France-Québec 2020 !


Lien : https://www.nathydeurveilher..
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Maikan

La communauté Innue m’était jusqu’à l’année dernière complètement inconnue. C’est grâce à Kukum de Michel Jean, que je découvris pour la première fois les autochtones québécois. Une première rencontre sur le papier, un coup de cœur, puis une rencontre « presque en vrai » avec l’auteur et son éditeur français @editions.depaysage de lors d’un @vleel_ . Nous étions tous, depuis lors, très attentifs concernant la prochaine parution française de l’auteur.

Maikan, loups en innu, initialement Le vent en parle encore, au Québec, nous raconte le drame des pensionnats autochtones. Un pan de l’histoire tu et méconnu qui révèle peu à peu toutes ses atrocités. Il y a encore quelques semaines, le Canada était en émoi avec de nombreuses découvertes macabres. Et ce ne sont malheureusement que les débuts. Un « génocide culturel et humain » occulté depuis tant d’années… Le dernier pensionnat canadien a fermé ses portes en 1996. Au Québec, il y en avait douze dont celui de Fort George.

1936. Comme de nombreux enfants autochtones, Charles, Virginie et Marie, sont arrachés à leurs parents par le gouvernement canadien, et conduits au pensionnat de Fort George, tenu par des catholiques. Leur objectif est clair : assimiler les enfants et « tuer l’indien » qui est en eux. En entrant au pensionnat, ils perdent alors tout identité : ils deviennent des numéros, ont les cheveux coupés, et n’ont plus le droit de parler leur langue maternelle. Dix mois avant de pouvoir revoir leur famille. Des mois interminables, où ils vont vivre l’enfer subissant humiliations, sévices et violences sexuelles.

2013. Parallèlement à l’histoire des enfants, nous suivons l’avocate Audrey Duval, qui aide les survivants des pensionnats. Un travail digne d’une enquêtrice pour permettre aux personnes de toucher les indemnités qui leur sont dues. Seulement cette nouvelle mission s’avère plus compliquée. Sur trois noms, seul un est inscrit sur le Registre des Indiens. Que s’est-il passé à Fort George ?

Inutile de vous dire que j’ai encore une fois été conquise par ce roman de Michel Jean.

. Les faits sont là, réels dans toute leur horreur et pourtant l’auteur n’est jamais vindicatif et écrit avec beaucoup de pudeur et douceur. Dans Kukum, l’écrivain nous mentionnait ces pensionnats via des membres de sa famille dont un qui n’est jamais revenu. Nous étions déjà révoltés par ces révélations, mais dans Maikan, nous sommes plongés au cœur du pensionnat avec les enfants, et nous ne pouvons malheureusement que subir avec eux. J’ai aimé cette alternance du passé et du présent, nous permettant de reconstruire petit à petit les pièces du puzzle. J’ai aimé cette amitié et cet amour en vers et contre tout.

Un texte pour ne pas oublier, un texte pour comprendre les survivants et leurs traumatismes d’aujourd’hui…
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Le vent en parle encore





1936 - Marie, Virginie et Thomas, quatorze quinze ans, sont envoyés à Fort George, un pensionnat autochtone sur ordre du Gouvernement du Canada. Audrey Duval, avocate, bien longtemps après, part à leur recherche, car ils ont droit à une indemnisation. C’est petit à petit que nous apprendrons ce qu’ils sont devenus et surtout ce qu’ils ont vécu dans leur adolescence dans ce lieu qui devait en faire de parfaits citoyens canadiens. Le livre est dérangeant, bouleversant, dur par moments. On a envie de sauter quelques lignes pour ne pas tout voir, ne pas tout vivre en même temps qu’eux. C’est tout dire ! Heureusement, on peut se raccrocher à quelques instants lumineux faits d’amitié et d’amour. Lire du Michel Jean, c’est ne plus jamais voir l’actualité autochtone avec les mêmes yeux. C’est comprendre de l’intérieur. C’est garder en soi pour toujours un dénouement immensément touchant.
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Kukum

Je suis bouleversée par la lecture de ce ,livre, par ce qu 'ont enduré les peuples autochtones lors de la colonisation

Jamais je n aurais imaginé autant de cruauté de manque de respect , et de souffrances infligées à ces peuples. Privation de leur territoire de leurs moyens de subsistance ,pire de leur identité, de leur fierté. Je me sens solidaire, et je regrette mon ignorance sur le sujet avant de lire cet ouvrage tout comme cet autre magnifique ouvrage de M Jean qui est le vent en parle encore .La plume de Michel Jean nous amène à vivre bien des émotions Maintenant je comprends mieux, merci à cet excellent auteur d avoir permis à mes yeux et à mon coeur de s ouvrir au sujet de l identité de ces peuples
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Kukum

Ce livre fut mon coup de cœur littéraire de 2020 !



Il donne à lire un portrait de femme exceptionnel de la fin du XIX ème : avide de liberté, elle va tout quitter presque sur un regard... Il s’agit alors d’une résilience, de celles qui vous font devenir autre en toute loyauté ....

.

Mais l’auteur nous propose en même temps un voyage immersif où sont convoqués tous nos sens pour une expérience étonnante le long de la rivière Peribonka

.

Enfin et c’est là l’essentiel, nous y apprenons une page capitale de l’histoire des Innus de Pekuakami à savoir la sédentarisation forcée, première page d’une longue liste annonçant au travers de ce prisme le déclin inéluctable de toutes les Premières Nations
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Kukum

A m'asseoir près d'un lac cinq minutes avec toi et regarder les bois tant qu'y en a.



C'est l'invitation que nous fait Michel Jean avec ce roman. Invitation à laquelle j'ai répondu en compagnie de b.a.books (on avait laissé notre canoë sur la berge en attendant un prochain départ.)

S'asseoir, regarder autour de soi, écouter des histoires. Une histoire en particulier. Celle d'Almanda, la kukum de Michel Jean et de Thomas. Une histoire d'amour et une ode à la liberté.



Choisir pour Almanda, de répondre au coup de foudre et de laisser le peu qu'elle possède pour rejoindre une famille innue, leur rythme, leurs rites. Choisir de vivre en harmonie avec la nature, chasser en respectant les animaux, vivre tête haute.

Mais le monde court et ne respecte rien. Les innus vont se retrouver contraints de vivre dans des réserves, de voir la forêt détruite. Mais Almanda, à sa manière, résiste. Tout est question de choix. Dire non quand on veut détruire sa maison et rester coûte que coûte.



Il m'a peut-être manqué dans les deux premières parties un contexte social plus marqué qui est bien plus présent dans la troisième. Mais c'est aussi une façon de montrer le bouleversement progressif dans la vie d'Almanda.

Kukum est un beau livre, qui donne envie de s'arrêter pour contempler la nature québécoise et de comprendre ce qui a bien pu se passer pour que cette nature et les autochtones soient à ce point maltraités. J'ai hâte de découvrir le prochain roman de Michel Jean qui me permettra d'avancer plus dans cette réflexion.



Je suis très heureuse de voir Kukum en haut du podium du prix vleel Sans cette rencontre magique du mois de mai dernier qui a laissé des larmes et des étoiles dans les yeux de la totalité des participants, je n'aurais pas lu ce livre. Et je serais passée à côté d'une belle histoire.

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Kukum

C'est sur les berges de Pekuakami qu'Almanda nous retrace son existence. Au seuil de la mort, la vieille femme égrène ses souvenirs au bord de ce lac immense et majestueux, si cher à son cœur.



Almanda nous raconte l'avant et l'après.



Il y a d'abord les temps heureux. Sa rencontre à quinze ans avec Thomas, un jeune innu qu'elle va épouser. Une nouvelle vie s'offre alors à cette orpheline blanche qui ignore tout de la culture innue. Elle découvre les étés sur les rives du lac où toutes les familles se rassemblent. Puis, un long voyage s'amorce pour rejoindre leur territoire au Nord afin d'y installer un campement pour l'hiver.



Acceptée d'emblée par le clan, Almanda apprend à chasser, tanner et apprivoise la langue. Elle devient une innue à part entière et fonde sa propre famille.



Et puis, tout bascule. Les hommes, le progrès ravagent le peuple autochtone. La déforestation et les barrages les contraignent à une sédentarisation forcée, les pensionnats gomment l'identité des enfants. Ils ne leur restent que l'alcool pour panser les blessures d'une communauté anéantie, dépossédée de ses terres.



Qu'est-ce que j'ai aimé cette lecture! Michel Jean, au travers de ce roman, nous relate l'histoire de sa kukum, son arrière grand-mère et c'est juste sublime.



J'ai été particulièrement touchée par l'amour que porte Almanda à son mari et transportée en plein cœur de ces magnifiques paysages. Des sentiments de révolte et de tristesse m'ont également envahie face à l'assimilation et à l'industrialisation qui ont dévasté ce peuple.



Almanda est un personnage qui marque les esprits. Forte tête, elle s'est notamment battue pour que ses enfants sachent lire et écrire.



Mais, ce qui est particulièrement fascinant et passionnant dans ce roman, c'est la découverte du mode de vie innu, leurs rites, leur existence menée en parfaite harmonie avec la nature et les saisons. L'immersion est totale et j'ai été profondément envoutée, captivée par ce récit magnifique.



Michel Jean rend ici un très bel hommage au peuple innu avec ce portrait de femme que je ne suis pas prête d'oublier.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Kukum

Vraiment une belle surprise ! Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en débutant ce roman. Cette kukum est parvenue à me tirer sur les rives de Pekuakami. Les réticences de mes mocassins à suivre Almanda Siméon n'auront duré que quelques pages. Puis je me suis bien vite laissé entrainer par le courant de son existence, loin d'un long fleuve tranquille. J'ai eu le sentiment d'être passager de son canoë, en immersion dans une peuplade autochtone et un autre temps, témoin en même temps qu'elle du brutal passage de témoin entre deux époques.

Un grand merci aux Editions Dépaysage pour cette découverte que j'espère poursuivre avec Amun :)
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La Belle Melancolie

Michel Jean est journaliste et écrivain d'origine innue (les innus sont un peuple amérindien d'Amérique du Nord, autochtone du Québec et du Labrador). "La belle mélancolie" est son septième livre après notamment "Elle et nous" et "Le vent en parle encore".



Ici l'histoire, qui est centrée sur Arnaud Delagrave, quarante trois ans, un ancien avocat devenu spécialiste en gestion de crise, se passe dans de grands immeubles modernes de Montréal et aussi beaucoup plus au Nord dans le Nunavik. A Montréal, Arnaud travaille pour la société "Imagine Communication" ; or une succession de problèmes se déroule dans une mine exploitée par la "Drago Polar Mine" dont le PDG Jean Fortier est un des principaux clients de "Imagine" : il y a eu d'abord l'effondrement d'une galerie qui a causé la mort de douze travailleurs dont dix inuits, puis une accusation de viol sur mineure, la chute d'une grue par un véhicule qui l'a volontairement renversée causant la mort de sept personnes, une attaque au fusil sur un employé... Ce sont Arnaud et son associé qui vont enquêter et essayer de régler les gros ennuis de Mr Fortier.

Côté vie privé, Arnaud qui a perdu sa compagne d'un cancer il y a plusieurs années, a une relation avec une jeune avocate de vingt-trois ans Amélie ; il s'attache à elle plus qu'il ne le souhaiterait. Il retrouve également un ancien amour de jeunesse, Florence, qui lui avait "piétiné" le coeur, à l'époque...



Un livre passionnant qui nous fait découvrir la beauté du Grand Nord canadien mais aussi malheureusement la misère de ses Autochtones ; autre sujet très présent, le poids réel de nos décisions sur notre vie, comment Arnaud en était-il arrivé à défendre des hommes qui exploitent les autres et l'environnement sans vergogne ? Il y a encore, et c'est très bien décrit, la course à pied comme sport d'endurance, de dépassement de soi.

Une lecture intéressante, enrichissante et très dépaysante !



Extraits ; "A quel moment et où avait-il perdu son chemin de vue ? Quand cela s'était-il produit exactement ? Y avait-il un moment en particulier ? Une mauvaise indication ? Ou bien cela n'avait-il été qu'une succession de virages inattendus, de détours sans importance qui finissent au bout du compte par vous égarer ?" (p 62)

"De temps en temps, l'océan Arctique apparaît au milieu de la pierre grise. Une myriade de plaques de glace flotte à la surface comme les pièces d'un immense casse-tête à assembler. Au loin, le bleu fait place au blanc de la banquise qui se forme au large et avance déjà. Bientôt une couche de glace pouvant atteindre jusqu'à quatre mètres d'épaisseur aura complètement recouvert l'eau et transformé la mer en une extension du désert nordique." (p 117)



(A Paris, on peut trouver des livres québecois à "La librairie de Québec" 30, rue Gay Lussac 75005 ; 01 43 54 49 02 et www.librairieduquebec.fr)
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Kukum

L'auteur nous livre un récit profondément humain sur l'histoire de son aïeule.



La jeune Almanda, 15 ans tombe amoureuse d'un Innu, Thomas Siméon, et quitte ses parents adoptifs pour vivre au côté de celui-ci et de sa famille.



Almanda, étrangère au clan Innu, va s'y épanouir au point de devenir une vraie Innue. Elle apprend à chasser la perdrix, à manier le fusil, à survivre en milieu hostile. Elle est initiée par le clan Innu à la vie en forêt et au nomadisme. Pendant 20 ans, cette vie est la sienne et celle de son clan jusqu'au jour où ces derniers vont être dépossédés de leurs terres par les compagnies ferroviaires et les forêts dépossédés de leurs âmes car le monde se modernise.



C'est alors que l'émotion nous étreint car ce peuple se voit opprimé et devient sédentaire. Certains ne le supportent guère et tombent dans l'alcoolisme. C'est aussi la folie des pensionnats où sont retirés, aux peuples autochtones, les enfants afin de leur enlever toutes cultures indiennes.



Almanda, la grand-mère de l'auteur, sa "kukum" n'a jamais abandonné sa culture indienne et n'a jamais baissé les bras pour faire avancer leurs causes et améliorer leurs conditions de vie lors de leur sédentarisation.



C'est un vibrant hommage que rend l'auteur à son aïeule.
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Amun

Prêté par une amie, ce petit recueil de nouvelles écrites par dix écrivain(e)s amérindien(ne)s m'a d'abord séduit par sa jolie couverture (édition canadienne Stanké).

Les dix plumes qui y sont représentées sont tout à fait à l'image des nouvelles contenues dans ce livre: toutes différentes et similaires à la fois.

Les nouvelles sont très hétéroclites, et situées à des périodes chronologiques différentes, qui vont de cette jeune femme seule sous une tente avec son bébé, en pleine forêt et s'inquiétant du retard de son mari parti chasser, jusqu'`a cette autre qui cherche l'âme soeur sur internet, sur des sites de rencontre.

Toutes évoquent, à des degré différents, la difficulté d'être un "native" mal à l'aise dans ce monde blanc et chrétien qui s'est imposé à eux avec tant de violence. Certains arrivent à trouver leur place, pour d'autres c'est plus compliqué.

Une lecture un peu mélancolique parfois, mais instructive et intéressante.

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Kukum

Absorbé par cette belle histoire d’amour, par l’histoire de cette femme, par l’histoire de ce peuple que je connaissais peu.

Les chapitres sont courts, ils invitent à les dévorer presque sans fin. l’écriture m’a semblée humble, transmettant une émotion.

J’y ai trouvé de la douceur, de l’harmonie , une absence de jugement, une lecture suscitant une forme de sagesse inspirante.

Un super moment de lecture
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Kukum



Kukum c’est Almanda Siméon, l’arrière grand mère de l’auteur qu’il nous présente ici.



A 15 ans, avec toute sa jeunesse et sa fougue, cette orpheline canadienne va laisser sa vie de jeune femme blanche pour vivre son amour avec Thomas, un jeune Indien.



Au rythme des saisons et des voyages, Kukum impose le respect par sa volonté et son attachement à la culture innue, dans laquelle elle a réussi à se fondre. Le temps du récit et de sa vie, elle nous emmènera avec elle le long des rives du lac Pekuakami pour un voyage culturel et temporel, à la rencontre de cet incroyable peuple autochtone, de ses valeurs et ses traditions.



Un récit envoûtant au cœur d’une nature sauvage sans pitié qui m’a transportée pendant quelques heures au milieu des tipis innus.

Un vrai coup de cœur !

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