AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Michel Jean (401)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Qimmik

Eve, avocate ,se voit attribuer une cause pour défendre un itinérant inuit accusé d'avoir tué 3 anciens policiers sur la cote nord. Parallèlement à cela nous suivons un couple dans le grand nord vivant de chasse et de pêche avec l'aide de leur meute de chiens appelés des Qimmik. Même si la vie était rude, ils étaient heureux poursuivant leurs traditions, mais en 1960-1970 les gouvernements décidèrent de mettre fin à cette vie en envoyant leurs enfants dans des pensionnats , en leur construisant des réserves et en tuant leurs chiens afin de faire cesser ces déplacements. Un livre qui m'a bouleversé au point d'en pleurer à chaudes larmes et qui m'a mieux fait comprendre toute l'ampleur du drame que nous avons fait subir à ces gens . Pour tout cela et la beauté de cette écriture , je donne 9/10 à ce roman que je vous recommande.
Commenter  J’apprécie          100
Kukum

Une femme âgée ferme les yeux et se souvient...

Jeune orpheline,de 15 ans Almanda est élevée par un couple de fermiers à proximité de lac Saint-Jean. Lorsqu'elle va rencontrer Thomas Siméon, un indien Innu âgé 18 ans, ce sont deux mondes opposés qui vont entrer en contact. D'un côté les indiens nomades, chasseurs, libres, taiseux et de l'autre les fermiers, sédentaires, menant une vie simple et laborieuse.

L'esprit aventureux de la jeune fille va être immédiatement séduit par les promesses d'une vie nouvelle sans cesse en mouvement connectée à une nature immense et somptueuse. Et surtout elle s'y sentira parfaitement à sa place.

Ce livre nous conte avec beaucoup de poésie et de simplicité la belle et évidente histoire entre Almandra et Thomas, leur amour qui prend naissance au bord de l'immense lac Pekuakami et la façon avec laquelle la jeune fille va faire sien le mode de vie des indiens au sein de la famille Siméon, à travers les rivières et les forêts au rythme des saisons et des hivernages. "Chaque coup de rame m'éloignait d'une vie et me plongeait dans une autre. Moi qui avait la parole facile, j'apprenais à écouter ce monde à la fois nouveau et ancien et à m'y fondre".

L'histoire prend son temps et l'on découvre en même temps que Manda la façon de vivre du peuple Innu.

En parallèle, autour d'eux le monde est en pleine mutation, colons de plus en plus nombreux, arrivée du chemin de fer, exploitation à outrance des forêts, le "progrès" va faire des ravages et modifier le mode de vie des autochtones en s'appropriant avec violence la terre et les enfants. Les nomades vont être sédentarisés de force et l'ennui et l'alcoolisme vont faire leur apparition.

Lent et doux au début, le rythme s'accélère vers la fin du livre, au fur et à mesure que le mode de vie change.

Almanda,qui est l'arrière-grand mère de l'auteur, est un personnage lumineux, une"Kukum" forte et déterminée à laquelle Michel Jean rend ici un magnifique et inoubliable hommage.
Commenter  J’apprécie          100
Kukum

Le canadien Michel Jean prête sa voix à son arrière grand mère pour nous raconter environ 1 siècle (depuis la fin du XIX) du destin de la communauté autochtone des INNUS, un peuple de chasseurs traditionnels qui passaient l'été au sud du lac "Pekuakami" (actuel lac Saint Jean) pour y commercer leurs peaux.



L'instinct génocidaire des blancs étant décidément sans limite, les industriels du papier leur ont détruit l'accès à leurs territoires millénaires en occupant le fleuve Peribonka,

on a transformé leur campement d'été en réserve de plus en plus petite, on y a fait passer le train,

on leur a volé leurs enfants pour les déporter dans les fameux pensionnats d'indiens, ces "centres d'endoctrinement culturel" destinés à "tuer l'indien dans l'enfant" (Merci au Pape François d'avoir présenté - en 2022 - les excuses de l'Eglise pour tous les crimes commis contre ces enfants. Mais cela ne suffit pas!)



(Et pendant ce temps en Bolivie, au Brésil etc, les pressions pour détruire ce qui reste des réserves indiennes continuent au nom de la volonté de s'enrichir encore et encore de ceux qui ont déjà beaucoup de morts sur la conscience.)
Commenter  J’apprécie          100
Kukum

J’avais entendu énormément de bien de cette histoire mais c’est tout de même sans réelles attentes que je me suis lancée. Dès le début, j’ai été happée par l’écriture poétique de l’auteur. Il a réussi à me rendre nostalgique d’un temps, d’un pays et d’une culture que je n’ai pas connus.



Si vous me suivez depuis quelques temps déjà, vous savez à quel point j’aime les récits qui mettent en avant la nature. Ces romans me font ressentir une émotion particulière et celui-ci n’a pas échappé à la règle. J’ai été subjuguée par la beauté des paysages que j’arrivais à me représenter sans difficulté. Avec très peu de mots, l’auteur nous transporte au cœur des forêts canadiennes au sein de la communauté Innue et nous raconte l’histoire de son arrière-grand-mère : comment elle a été adoptée par cette communauté à l’âge de 15 ans après avoir rencontré son mari et leur mode de vie avant que le monde change et que des lois plus absurdes les unes que les autres soient mises en place.



Si le début de l’histoire possède quelque chose d’enchanteur avec ces grands espaces, cette communion avec la nature, cela va vite décliner puisque l’on va assister impuissant aux ravages de la colonisation et du capitalisme et l'effet que cela a eu sur cette communauté.



J’ai une affection toute particulière pour le mode de vie et les croyances des amérindiens : le profond respect qu’ils possèdent à l’égard de toutes les choses qui les entourent, leur reconnaissance et leur humilité.



Un livre bouleversant à découvrir absolument

Commenter  J’apprécie          100
Kukum

Un roman biographique que j'ai aimé découvrir, l'histoire de cette femme est très intéressante et nous montre les changements de ces dernières années qu'il a pu y avoir dans sa contrée, au nord du Québec.

Ce roman m'a d'autant plu que je connaissais les lieux pour y avoir fait un voyage (le nom du fameux lac étant différent de l'actuel).

Ce roman, c'est aussi le tracé d'une vie, celle d'Almanda Siméon, avec ses hauts et ses bas, et avec elle la fin d'une communauté.

Ce roman est un peu un voyage historique dans le nord du Québec et est là pour nous rappeler les origines.
Commenter  J’apprécie          100
Kukum

C’est la voix d’Almanda Siméon, arrière-grand-mère de l’auteur, qui nous arrive par-delà les années, pour raconter sa région et ce qu’elle est devenue. Orpheline d’origine irlandaise recueillie par un couple de fermiers québecois, à quinze ans, elle rencontre Thomas, un jeune indien innu, et tombe amoureuse. Ils se marient très vite, et elle part avec lui, adoptant les us et coutumes du peuple de Thomas, notamment les pratiques nomades, l’hiver passé dans la forêt, où les hommes chassent pour recueillir des peaux qu’ils vendent au printemps, de retour au bord de Pekuakami, autrement dit le lac Saint-Jean. Almanda s’adapte bien, apprend la langue et toutes sortes de techniques, de chasse, de cuisine ou d’artisanat, qui lui étaient inconnues, elle entretient toujours une très belle relation avec Thomas, et aussi avec sa famille, puis des enfants naissent…



Jusqu’au jour où commence une déforestation massive, qui coupe à ces nomades tout accès à la rivière qu’ils remontaient chaque année, les obligeant à s’installer de manière pérenne au bord du lac, puis la scolarisation forcée des enfants, ainsi que l’arrivée du chemin de fer…

Malgré la très belle voix de Michel Jean, et sa manière toute pudique de raconter la vie d’Almanda, je suis restée un peu en marge de l’histoire, et j’en suis bien marrie ! Peut-être est-ce que retrouvant le même décor que La rivière de Peter Heller, dans un genre pourtant très différent, je n’aurais pas dû lire les deux successivement.

Je m’attendais aussi certainement à ce que la jeune mariée rencontre plus de difficultés au début pour s’intégrer à sa nouvelle famille, alors que tout se passe plutôt bien. Almanda est le prototype de la femme forte qui s’adapte avec facilité. La suite est moins rose, mais toujours sobrement racontée. Je reconnais volontiers que c’est un beau roman, aisé à recommander à toutes sortes de lecteurs.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          100
Maikan

Chronique de Scarlett (sur le blog Léa Touch Book) :



1936, Mashteuiatsh au Québec sur les rives du lac St Jean, Marie et Virginie deux jeunes adolescentes de la communauté Innu se réjouissent de repartir vers le territoire fait de bois et montagnes pour rejoindre le campement hivernal. Virginie est élancée, ombrageuse et combative là où Marie plus petite est plus calme et docile. Elles ne sont pas de la même famille mais un lien très fort les unit. À l’approche du départ, elles vont se retrouver enlevées, emprisonnées, embrigadées dans le pensionnat de Fort Georges loin de leur cher territoire, loin de leur famille, loin de leurs racines, pour y être « éduquées » et « formatées » selon la volonté du gouvernement canadien et sous la coupe des religieux.



Beaucoup plus tard, en 2013 à Montréal Audrey jeune avocate impétueuse, dynamique et volontaire se donne pour mission de retrouver les pensionnaires innus de Fort Georges afin de leur permettre de recevoir un dédommagement pour toutes les conséquences désastreuses et ignobles de cet enfermement voulu par les autorités de l’époque pour « assimiler » ces communautés à la culture d’Etat.



Ce roman MAIKAN de Michel Jean est un sublime hommage à des enfants qui ont perdus leur identité, leurs repaires, leur famille et leur dignité comme Charles cet orphelin qui a dû laisser derrière lui un grand-père dévasté, comme Marie et Virginie, comme Jeanne et tous les autres. Tous aux prises avec la rigidité d’une éducation abusive, violente et agressive par des religieux qui n’ont rien à voir avec la compassion qu’ils prônent. Quand des loups avides dévorent des brebis sans défense cela devient un vrai carnage.



Et sous la plume de l’auteur, dans un livre aux chapitres courts où alternent le présent avec la quête d’Audrey et le passé de ces enfants déracinés , on touche du doigt une énième horreur orchestrée par des hommes pour des raisons de pouvoir, de politique. Grâce à Michel Jean nous approchons aussi la grâce de ces traditions anciennes ancrées dans des paysages grandioses et magnifiques.



Le lecteur ressent parfaitement le froid, le gris et la morosité des pensionnats de l’horreur ou des réserves actuelles bétonnées et cafardeuses mais aussi les couleurs, les odeurs, le vent et la légèreté rude d’une vie innue au plein air dans des territoires sans limite.



Ce roman nous permet de rencontrer des personnages attachants dans leurs moments de bonheur et leur douleur absolue, tels Jimmy qui passe sa vie à recueillir les autochtones en détresse ou bien Marie qui noie sa souffrance dans de l’alcool bon marché. Et la rencontre entre celle-ci et Audrey relève d’un moment magique.



Ce roman est bouleversant, tout en restant pudique et généreux. Merci à l’auteur pour ce moment de lecture si émouvant.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
Commenter  J’apprécie          100
Kukum

Elle, élevée par des fermiers asservis par leurs terres dans un petit village du Québec, rêve de liberté.

Elle rencontre Thomas. Il vient de l’autre côté du lac Saint-Jean, enfin du Pekuakami. Pointe-Bleue l’été. Péribonka l’hiver. Il chasse. Il déplume. Il tanne les peaux. Il ne parle que quelques mots de français. Il est indien. Il est libre.

Elle le suit. Elle apprend à s’exprimer avec son langage. Elle apprend ses gestes. Elle apprend le silence. Elle écoute la nature. Elle écoute les histoires. Elle s’adapte. Elle devient l’un d’eux.

Elle, c’est Almanda. Elle est innue.



J’ai adoré ce récit sensible et empreint de poésie, immersion intimiste dans le quotidien de la communauté innue de Mashteuiatsh.



Almanda voit les signes avant-coureurs. Elle voit le monde changer. Elle voit son monde contraint à changer.

Elle apprend la sédentarisation, les draveurs, la réserve, l’épuisement des ressources, l’épuisement des hommes. Elle subit la destruction, le mépris et le racisme. « Il est temps, même pour les sauvages de devenir modernes. »



J’ai adoré ce récit, quand il s’intensifie, finalement rythmé par la tournure dramatique que vont prendre les choses et même s’il a fini par me donner la nausée devant un nouvel exemple de la barbarie dont sont capables les hommes. •

Elle, c’est aussi la kukum ou l’arrière-grand-mère de Michel Jean. Riche des anecdotes propres à la communauté dont il est issu, il a choisi de nous livrer dans cette biographie romancée, l’histoire de sa famille et de ses racines.

Elle, et à travers elle, toute la communauté innue, m’ont beaucoup touchée.

J’ai adoré ce récit, témoignage autant qu’hommage à ce peuple autochtone qui a dû se battre quand les colons lui ont arraché sa singularité, sa culture, sa langue et son mode de vie. « Mais un Innu qui parle français reste un Innu. Avec une blessure en plus. »



J'ai adoré ce récit. Et l'objet livre aussi. Dans tous ses détails, le format, la couverture, la mise en page. Ce livre est un bijou.



J'ai adoré ce récit. Tellement que je ne sais pas comment le dire.

Merci Michel Jean de m'avoir permis de les rencontrer.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          103
Le vent en parle encore

Au début du XXe siècle, le Canada a voulu assimiler les Amérindiens. Ce livre raconte les tourments qu'ont dû subir trois jeunes autochtones dans ces écoles digérées par l'église catholique. Torture, viol et agressions en tout genre était malheureusement le lot de ces jeunes et des milliers de leurs compagnons.



Ce roman explique bien pourquoi je suis incapable de croire en une organisation qui a permis ce genre d’ignominies. Les pire c'est que je suis certain que ça arrive encore dans des pays ou la religion contrôle autant le peuple. Encore aujourd'hui, les Amérindiens doivent vivre avec les conséquences de ces actes. Les problèmes d'alcool et de drogue ne sont pas apparus comme par magie.



Les religions maintiennent les peuples dans l'ignorance et les manipulent facilement. Je respecte les croyances de tous et vous pouvez en discuter avec moi. Cependant, ne me les imposez pas.
Commenter  J’apprécie          101
Tiohtiá:ke [Montréal]

Elie Mestenapeo est un Innus , c’est à dire un Autochtone qui vivait dans l’immense forêt canadienne. Il a commis l’irréparable : le meurtre de son père, un homme ultra violent qui battait sa femme. Elie est définitivement banni de son clan et fait 10 ans de prison. Sa seule solution c’est de venir à Montréal vivre au milieu des Autochtones qui pour des raison variées deviennent SDF dans cette grande ville. Ils peuvent être Chris, Atikamekw, Anishinabe, Innus, Inuit, Mikmaks, Mohawks tous ont en commun un parcours fait de douleurs, d’alcool, de drogue et de violences subies ou exercées. Ce roman décrit avec une délicatesse surprenante le parcours d’Elie au milieu de ceux qui vont l’aider à se reconstruire. Les horreurs traversées par ces adultes qui, enfants, ont été arrachés à leur famille pour être élevés dans des pensionnat religieux où ils ont connu tant de sévices sont sous-entendues mais jamais décrites.

C’est la force de ce roman, c’est un livre tout en douceur mais c’est au lecteur de supposer (et ce n’est pas si difficile ! ) ce qui s’est passé pour que le père d’Elie devienne alcoolique et si violent. Un jour, le grand père d’Elie lui raconte que son fils était un chasseur remarquable avec lequel il avait un grand plaisir à se promener dans la forêt immense. Mais hélas le gouvernement lui a enlevé son fils, pour le mettre pendant de longues années dans un pensionnat tenu par des frères. Il lui est revenu tellement triste et alcoolique. C’est tout ce que nous saurons sur ce père tué un soir de beuverie par un fils qui le hait profondément. Mais il en veut à sa mère aussi, car elle buvait autant que son père et surtout n’a jamais cherché à le revoir. On comprendra à la fin du roman pourquoi.



À travers l’histoire de son père, j’espère vous faire comprendre comment est construit ce récit, on sait peu de choses sur les difficultés qui ont amené ces êtres à choisir la rue plutôt qu’une vie plus agréable mais on le comprend trop bien. Et aujourd’hui ? ce qui est terrible c’est que ce n’est guère mieux. Les jeunes s’ennuient souvent dans les réserves. Car les territoires des Autochtones se réduit sans cesse , et surtout ce qui faisait la valeur de la transmission c’était le fait de savoir chercher la nourriture dans un lieu hostiles. Aujourd’hui tout le monde fait ses courses au supermarché du coin mais, alors, que peuvent transmettre les pères à leurs enfants ?



L’histoire d’Elie se termine bien, trop peut-être ? pour la réalité mais un peu de bonheur m’a fait du bien.




Lien : https://luocine.fr/?p=17696
Commenter  J’apprécie          90
Tiohtiá:ke [Montréal]

Merci aux éditions Seuil d'avoir mis en valeur de si beaux récits "voix autochtones" : Tiohtiá:ke en fait partie.

Michel Jean est un auteur innu issu de la communauté Mashteuiatsh au Québec, il nous livre ici un récit humaniste plein de poésie. Il rend hommage aux invisibles de la société canadienne, ou plutôt ceux qu'on invisibilise. En effet, l'écrivain raconte les destins brisés des descendants des natifs canadiens qui subissent le colonialisme encore actif, le racisme, mais aussi les traumatismes de leurs ascendants qui ont connu la déportation dans des réserves et l'enlèvement vers des pensionnats cruels.

Dans ce roman nous suivons le parcours d'Elie, jeune innu de la Côte-Nord, qui a tué son père alcoolique et a été banni par sa communauté et emprisonné par les autorités. Il fait 10 ans de prison et lorsqu'il en sort, il se dirige vers Montréal. Il rencontre alors de nombreux SDF natifs, aux destins fracassés pour diverses raisons, souffrant de problématiques lourdes, mais ayant eu la force de conserver une part de leur humanité. C'est au sein de cette petite communauté de fortune, installée dans un square, qu'il trouvera son salut.

Michel Jean porte au travers de ce livre ce devoir de mémoire et de réparation, un bon moyen de faire justice à ces peuples natifs tellement malmenés, mais avec une force de résilience exceptionnelle. Une écriture simple, immersive et pleine d'espoir, l'auteur offre à ses personnages de belles évolutions personnelles et psychologiques.

Commenter  J’apprécie          91
Kukum

Une très belle histoire que celle racontée par Michel Jean. "Kukum" c'est son arrière-grand-mère Almanda Siméon.

C'est Almanda qui nous parle tout au long du livre de sa vie, de la rencontre avec Thomas cet Innu qui deviendra son mari et le père des ses nombreux enfants.

La vie sur les rives de Pekuakami (le majuestueux lac Saint-Jean au Québec).

Almanda va apprendre la vie auprès des Innus, comprendre petit à petit leur langage, apprendre à chasser, à tanner les peaux des bêtes...

C'est une histoire très bien écrite, d'une femme forte et libre. Almanda va assister petit à petit avec les siens à la fin de leur mode de vie nomade et aux nombreux changements autour d'elle.

Un livre que je recommande.
Commenter  J’apprécie          90
Kukum

Pekuakami, le lac Saint Jean, c'est là que Almanda rencontre Thomas, un jeune chasseur Innu, beau garçon aux cheveux longs, à la peau cuivrée, aux yeux bridés. C'était dans la deuxième moitié du XIXème siècle... elle se rappelle. Et c'est beau, le monde là-bas en ce temps là, ça sent les grands espaces et la nature grandiose, avant que les humains ne la saccagent et détruisent la vie telle qu'elle était.



Michel Jean donne voix à Almanda son arrière grand-mère, sa kukum, pour nous raconter cette vie là, quand elle et son beau natif des premières nations se sont choisis pour passer toute une vie ensemble. Elle a adopté leur mode de vie nomade et fusionnelle avec la nature, jusqu'à devenir une Innue, elle, petite blanche descendante de colons.



Ça dit des belles choses sur ce peuple, entre autre que Almanda ait été acceptée sans restriction dans "un clan tissé serré" montre l'ouverture d'esprit qui était la leur. Ce qui n'aurait pas été le cas dans le sens inverse bien évidemment, si Thomas avait intégré un village de Blancs.

Cette histoire de Almanda-Kukum, racontée comme un roman m'a passionnée. le renoncement à son avenir de fermière à Saint-Prime qui lui semblait sans joie, tout son apprentissage de la vie Innue, sa belle histoire d'amour avec Thomas, qui a duré toute la vie. Et puis la tradition orale, les histoires racontées au coin du feu, le soir sous les étoiles avec le clan réuni, les danses au rythme du tambour, la chasse et les campements en pleine nature, la descente en canot sur la Peribonka au début du printemps alors que les eaux grondent... et tant de choses encore qui font la culture de ce peuple.



La rivière Péribonka, la Fourche Manouane, le lac Onistagan, les monts Otish, le lac Pekuakami, tous ces noms nous rappellent qui étaient les premiers occupants de ces lieux.

Qu'elle est belle cette histoire ! Elle fait rêver et témoigne d'un monde qui hélas a disparu, d'un peuple qui vivait en harmonie avec la forêt, les saisons, les animaux, la Nature dans son ensemble, respectueux de tout ce qui l'entourait. Avant que la civilisation n'achève son oeuvre de destruction. En lisant cette histoire j'ai eu l'impression d'avoir traversé le miroir et d'être arrivée dans un monde enchanteur. Un monde loin des contingences bassement matérielles, où seule compte la vie dans ce qu'elle a d'essentiel. le monde d'un peuple qui est reconnaissant envers les animaux, qui choisissent de mourir pour leur survie. Je ne fais cependant pas d'angélisme. La vie au contact de la nature est parfois extrêmement dure. Mais belle.



Cette histoire transmet beaucoup de belles valeurs telles que la solidarité et la générosité, et j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux, émue par la liberté de ce peuple, et la beauté de ce mode de vie qui n'existe plus. Et, bien que la vie n'existe pas sans moments de tristesse, celle-ci arrive avec l'homme blanc qui industrialise tout et vole les enfants des autochtones, le désespoir et la colère arrivent avec la "civilisation". Il y a réellement des moments déchirants, mais oui, j'ai été essentiellement bouleversée par des émotions hyper positives.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
Commenter  J’apprécie          90
Maikan





Audrey Duval est avocate à Montréal. Elle a pris la décision de retrouver des innus de Mashteuiatsch qui ont, par le passé, été envoyés de force dans le pensionnat de Fort George (Baie James) Ceux-ci seront indemnisés par le Gouvernement canadien (qui vient enfin de reconnaitre le tort qui leur a été fait …) Et quand Audrey Duval déniche enfin l’adresse du dernier de sa liste (Ernest Picard) il est malheureusement trop tard … Son corps est justement signalé à la morgue, en attente d’identification …



Pour ce travail, Audrey a reçu l’aide précieuse de Jimmy, un Nakota qui vit dans un vieil autobus (sa « popote mobile ») et se charge de servir une soupe à tous les autochtones SDF.



Soixante-dix ans plus tôt, Virginie Paul (33) et son amie Marie Nepton (32) ont brutalement été arrachées à leurs familles (en août 1936) Âgées de quatorze ans, elles se rapprochèrent de Charles Vollant (surtout Virginie) un garçon de leur âge. Trois anciens pensionnaires qui ont mystérieusement disparu de la liste initiale, depuis des décennies … Pour Audrey, pas question de laisser tomber l’affaire : elle va s’acharner jusqu’à connaitre la vérité sur le sort que le destin leur a finalement réservé …



Michel Jean, écrivain et journaliste, est issue de la communauté innue de cette région du Québec. Il nous offre (en hommage aux membres de sa propre famille qui y furent cloitrés) un magnifique roman, sur une (terrible) période durant laquelle des enfants de six à seize ans furent arrachés à leurs parents, pour rejoindre – entre autres – ce maudit pensionnat de Fort George (1936-1952) D’autres établissements du même type accueillirent au total plus de cent cinquante mille enfants (plus de quatre mille d’entre eux n’y survécurent pas …) et environ quatre-vingts mille d’entre eux sont toujours vivants.



Un récit poignant – autant que révoltant – sur la violence d’une société qui, finalement, se fourvoie complètement sur le sens exact du mot « sauvage », qu’elle se permet d’employer !

Commenter  J’apprécie          90
Maikan

Un roman fort, sur le thème du génocide culturel, que représente la bêtise et l’incommensurable surdité aux cris de désespoirs des Peuples Premiers, Peuples Autochtones ou Premières Nations de tous les pays. Quelles facilités au nom de la générosité d’aider ces peuples en procédant à l’enlèvement de leurs jeunes enfants pour les éduquer selon des préceptes dont ils n’ont pas besoins. Il s’agit ni plus ni moins une fois arrachés à leurs familles, de les éloigner de leur culture afin de leur faire assimiler les bienfaits du modernisme, pour les intégrer à la communauté dirigeante.



C’est le cas notamment des Innus – un peuple autochtone d'Amérique du Nord, Canada – de Mashteuiatsh, qui furent envoyés au Fort George, qui fonctionnera de 1936 à 1952. Ainsi, trois jeunes enfants Marie, Virginie et Charles vont nous faire vivre l’indicible dans la nouvelle vie qui leur est imposée de force ! Bien qu’il s’agisse d’un roman, l’auteur fait passer ses messages de fait plus facilement mais malgré tout sans tomber dans le larmoyant. Juste faire ressentir la vie dans ce pensionnat tenu par des oblats ; nous faire comprendre que ce lieu ne respire pas l’empathie, mais plutôt la répression, l’intolérance et l’injustice, sans compter les traitements des punitions physiques et leur corollaire, les agressions sexuelles, infligées à ces enfants.



Dans ce cas, la rébellion n’existe pas, en effet pas facile de s’échapper de cette île, de vaincre la morsure du froid et de la neige omniprésente. De nos jours, la présence de sépultures de ces enfants, sur différents sites canadiens , interroge sur la gestion des religieux et de leur immunité à l’époque. Enfants qui furent sacrifiés sur l’autel de l’impéritie – volontaire ? – des gouvernants à ignorer la présence Première de tous ces peuples, fragiles et démunis devant la barbarie des « conquérants ».



« Michel Jean » lui-même issu de cette communauté nous fait partager le drame de ce peuple qui peut enfin redresser la tête grâce à une nouvelle volonté politique mais surtout, par la dimension de l’écriture – la meilleur arme – contre l’oubli, et faire en sorte de pardonner sans omettre le souvenir.


Lien : https://bookslaurent.home.bl..
Commenter  J’apprécie          90
Tiohtiá:ke [Montréal]

Elie Mestenapeo, jeune Innu de la Côte Nord du Québec, est libéré de la prison où il a purgé sa peine pour le meurtre de son père, un homme alcoolique et violent. Banni de sa communauté pour ce meurtre, le voilà dans les rues de Montréal, où il se retrouve totalement démuni après le vol de son sac à dos. Il trouve refuge dans le square Cabot, où s'est installée une communauté d'Autochtones de tous les horizons. Parmi ces itinérants Elie côtoie les soeurs innuk Mary et Tracy, Mafia Doc, Geronimo, Caya... Une solidarité se tisse entre ces exclus de la société, et si Elie souffre du froid il n'est jamais seul. Et Jimmy le Nakota leur apporte chaque jour une soupe et du café qui réchauffent les coeurs et les corps. Si Elie connait la peur, c'est à cause du "monstre" qui sommeille en lui, capable de déchainer sa violence...

Quel beau roman ! j'ai été ravie de suivre le parcours d'Elie et des autres itinérants de Montréal : Michel Jean a un talent extraordinaire pour créer des personnages très attachants qui nous semblent faits de chair ; j'aurais aimé passer plus de temps auprès d'eux. Tout est réussi dans le roman : l'écriture est bouleversante dans sa concision, les destins de ces autochtones brisés sont très émouvants. On ne parlera jamais assez des séquelles destructrices des souffrances vécues dans les pensionnats par les jeunes autochtones, qui ont produit des générations d'adultes traumatisés à vie.

Et pourtant rien n'est triste ici, car malgré leurs terribles conditions de vie les Itinérants savent garder le sourire, déclamer de la poésie, s'entraider et garder espoir.

J'ai été très heureuse de retrouver des personnages de Maikan dans Tiohtia:ke ; je ne les citerai pas pour garder l'effet de surprise.

Bref, ce roman est un énorme coup de coeur, et je remercie la très belle collection Voix autochtones au Seuil pour ses textes magnifiques, et Michel Jean pour son talent immense qui nous va droit au coeur.

Et bien sûr un grand merci à Babelio pour l'envoi et la rencontre à venir !
Commenter  J’apprécie          90
Kukum

J'ai eu coup de cœur pour ce roman est l'écriture de Michel Jean tout en délicatesse et finesse. Il va jouer avec nos émotions.

La narratrice Almanda nous emporte au fil de l'eau et du temps dans la petite et grande histoire.

Comme les femmes innu qui brodent des perles de couleur différente on voit se dessiner un paysage, des vies, des histoires.

Racines et déracinement des arbres sont coupés et des vies fauchées.

Histoire d'amour pour un homme et un peuple Almanda nous parle de noms qui changes et de mondes qui bascules.

C'est un roman qui fait réfléchir sur notre monde actuel des relation de l'homme à la nature. De monde qu'on dénature.

Je vous invite à découvrir ce roman.
Commenter  J’apprécie          90
Kukum

Almanda a 15 ans et vit avec son oncle et sa tante, lorsqu'elle rencontre Thomas. Le jeune homme a 18 ans et est Innu. Il vit avec sa famille et sa tribu en nomade. Séduite Almanda décide de l'épouser et de le suivre dans cette vie, loin de ce qu'elle a connu.



"Kukum", c'est tout d'abord une histoire d'amour qui vous emporte. Celle de deux jeunes qui s'apprivoisent et ne peuvent bientôt plus se quitter. C'est ensuite l'histoire d'une tribu, celle des Innus, leur langue, leur mode de vie et leurs croyances. C'est enfin, l'histoire d'un monde qui disparaît, englouti par la modernité, par les autorités canadiennes qui veulent assimiler les Indiens en détruisant de manière brutale leur habitat et aussi les générations futures.



J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu d'une traite. C'est une vraie merveille. Il nous interroge sur de nombreux sujets, et principalement l'identité. Il dénonce aussi. L'évocation des pensionnats religieux où après avoir été arraché à leur famille, les enfants ont interdiction de parler leur langue sous peine d'être sévèrement punis, m'a évoqué le livre "Cinq petits Indiens" de Michelle Good (paru chez Seuil dans la collection Voix autochtones), que je vous recommande encore une fois fortement.
Commenter  J’apprécie          90
Kukum

La dernière page tournée, je prends -à nouveau-conscience du pouvoir de la lecture. Celle-ci, magnifique, m’a transportée.

Que lire après un texte si puissant ?



Un saisissant portrait de femme, inspiré de Almanda, arrière grand-mère de l’auteur, Michel Jean. Orpheline québécoise d’origine irlandaise, elle quitte son oncle et sa tante par amour pour Thomas et découvre les grands espaces de la Péribonka avec les Innus.

« Qu’aurait été ma vie si un jeune chasseur aux yeux bridés n’était pas passé par là, attiré par un vol d’outardes ? »



Un immense coup de cœur !
Commenter  J’apprécie          93
Kukum

Kukum c’est une histoire vraie, celle de l’auteur Michel Jean. Issu du peuple autochtone des Innus du Québec, l’auteur nous brosse un doux portrait de famille et dresse le difficile constat de la destruction de la culture innue par les colons.



Un vrai coup de cœur pour cette émouvante et poétique… On se laisse facilement transporter dans l’histoire de famille de Michel Jean qui dépasse le cadre de la simple biographie. Une vraie ode à la nature à travers le regard de son arrière-grand-mère qui découvre la vie nomade des Innus auprès de Thomas. On se laisse bercer par cette découverte de la vie dans la forêt.



Car la deuxième partie du roman est marquée par l'arrivée des colons. Le chemin de fer et le barrage ne sont que les premiers soucis, avant les pensionnats utilisés pour faire disparaître la culture innue. Véritable cri du cœur, Michel Jean offre le portrait émouvant de l’histoire de sa famille, et par la même occasion, de tout le peuple Innue. Un vrai petit bijou à lire et faire lire…
Commenter  J’apprécie          90




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Jean (1983)Voir plus

Quiz Voir plus

Littérature latino-américaine

Quelle période marque le boom de la littérature hispano-américaine ?

Les années 1890-1900
Les années 1910-1920
Les années 1930-1940
Les années 1950-1960

10 questions
46 lecteurs ont répondu
Thèmes : amérique du sud , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}