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Citations de Michel Pastoureau (578)


Le cas japonais est intéressant à d'autres titres. Il souligne combien le phénomène "couleur" se définit, se pratique et se vit différemment selon les cultures. Dans la sensibilité japonaise, en effet, il importe parfois moins de savoir si l'on a affaire à du bleu, à du rouge ou à toute autre coloration, que de savoir si l'on est en présence d'une couleur mate ou d'une couleur brillante. là réside le paramètre essentiel.
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Le porc est une gueule constamment ouverte, un orifice béant, un gouffre. Il ne regarde jamais vers le ciel -c'est à dire vers Dieu - mais vers le sol, où il espère trouver quelque nourriture. Ce faisant, il participe à la mythologie du monde obscur et souterrain, l'enfer : le porc est un animal infernal.
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A propos du système chromatique à trois pôles datant de la Rome Antique (rouge, blanc et noir) :
"L'histoire du Petit Chaperon rouge, par exemple, dont la plus ancienne version semble dater des environs de l'an mil, s'articule autour de ces trois couleurs : une petite fille vêtue de rouge porte un pot de beurre blanc à une grande-mère (ou à un loup) habillée de noir. La même circulation chromatique se retrouve dans Blanche-Neige, mais avec une distribution des couleurs différentes : une sorcière en vêtements noirs apporte une pomme rouge (donc empoisonnée) à une jeune fille au teint blanc comme la neige." (P. 70)
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En ce 13 octobre 1131, par la faute d'un simple cochon girovague, le destin du royaume a donc basculé dans le drame.
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C'est dans le domaine de la théologie que la valorisation nouvelle et profonde de la couleur bleue se fait sentir le plus précocement. Vers la fin de l'époque carolingienne, le dieu des chrétiens devient impérativement un dieu de la lumière. Par là même, il importe de ne plus confondre la lumière divine et la lumière terrestre. Dans les textes cela est aisé, le latin disposant de deux mots soigneusement distincts : lux pour la lumière divine, lumen pour la lumière terrestre. Mais comment mettre en valeur cette différence dans les images ? C'est la couleur qui va peu à peu assumer ce rôle : blanc pour la lumière physique, celle du soleil qui éclaire la terre ; bleu pour la lumière céleste, celle du monde divin et, par extension, des personnes divines. Certes, avant le IXe siècle, le ciel pouvait déjà être bleu - textes et images en témoignent - mais, contrairement à ce que l'on pourrait croire, cela n'était pas si fréquent et, surtout, ce bleu n'était jamais conçu comme un bleu divin mais seulement comme un bleu aérien, voire simplement atmosphérique.
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[Les héraldistes] s'accordent en revanche pour voir dans le nouvel écu royal, d'azur semé de fleurs de lis d'or, la mise en blason des deux attributs de la Vierge dont nous avons parlé plus haut. L'héraldique prolonge ici des pratiques antérieures et continue, plus que jamais, à transformer la reine des Cieux en reine de France. Ses emblèmes, l'azur et le lis, tous deux symboles de pureté, semblent nettoyer symboliquement la dynastie et la monarchie de leurs anciennes souillures et par là même effacer le souvenir du sinistre porcus diabolicus du mois d'octobre 1131. Là où les pratiques de piété et de pénitence de Louis VI puis de Louis VII avaient échoué, là où la croisade elle-même avait échoué, la Vierge paraît avoir réussi : le lis et l'azur se montrent enfin plus forts que le cochon régicide. Par le choix de ces deux emblèmes, le roi, la dynastie et la monarchie ont retrouvé une partie de leur dignité et renouvelé l'alliance qui unit le royaume de France et le royaume des Cieux.
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Le XIIIe siècle semble marquer l'apogée de la vogue de la fleur de lis comme attribut de la Vierge. A la fin du Moyen Age, dans les images peintes et sculptées, le lis devient moins fréquent et commence à être concurrencé par d'autres motifs floraux, notamment par la rose. La fleur de l'amour prend alors le pas sur celle de la pureté, ce qui est en soi un témoignage important sur les nouvelles orientations prises par le culte marial.
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Les origines plastiques de la fleur de lis sont anciennes. Sous des formes variées - fleur véritable, simple fleuron, motif végétal stylisé - on la rencontre sur des cylindres mésopotamiennes, des bas-reliefs égyptiens, des poteries mycéniennes, des monnaies gauloises et des étoffes sassanides. Toutefois, la signification symbolique de cette fleur semble différer d'une culture à l'autre. Tantôt il s'agit d'une figure fertile et nourricière, tantôt d'un symbole de pureté et de virginité, tantôt d'un insigne du pouvoir et de la souveraineté. Trois dimensions symboliques qui fusionneront dans le lis médiéval, tout à la fois fécondant, virginal et souverain.
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A l'époque féodale, en effet, la chasse royale ou seigneuriale, c'est-à-dire la vénerie, n'est pas une activité ayant pour but la quête de nourriture carnée. On ne mange guère le gibier que l'on poursuit, que l'on affronte et que l'on tue. On l'abandonne le plus souvent aux chiens. Au reste, on sait aujourd'hui que la viande de l'animal qui s'est échauffé, qui a été pris à la course ou qui est mort au combat est chargée de toxines et de ce fait pratiquement immangeable. La chasse n'est pas non plus une sorte de distraction ou de "sport" comme peut l'être le tournoi, encore moins un exercice physique ayant pour fonction de préparer aux grandes chevauchées guerrières et aux expéditions militaires. Non, la chasse est un rituel, un signe de pouvoir et de rang, parfois une pratique de gouvernement. Un roi, un grand seigneur doit chasser, se montrer à cheval, s'agiter avec ses chiens et ses gens, traverser les forêts qui lui appartiennent et surtout le faire savoir.
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Aux XIe et XIIe siècles, un roi, un prince, un chef ne peut pas être chétif ou malingre : il doit chasser, il doit combattre, il doit protéger ses proches, ses vassaux, ses sujets. La prestance corporelle, jointe au besoin à un certain embonpoint, est alors un signe de pouvoir, de force, de fortune et surtout de largesse. Un roi petit et maigre ne peut être que faible, mesquin et avaricieux. Cette idée vient de loin, probablement de l'Antiquité germanique. Elle est encore à l'oeuvre aux XIe et XIIe siècles et ne change vraiment qu'à partir des années 1200, lorsque l'Eglise réussit à imposer ses systèmes de valeurs. Désormais un souverain, mais aussi un prince ou un seigneur, se doit d'être mince, svelte, délié de corps et d'esprit, agréable à regarder et à imiter. La tempérance devient à la fois une vertu royale et une valeur chevaleresque. Elle le restera jusqu'au début de l'époque moderne. Désormais, tout roi, prince, seigneur ou chevalier doit modérer ses appétits et ses passions, éviter les excès, pratiquer la juste mesure.
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La souillure causée par le porcus diabolicus est telle qu'elle ne pourra être éffacée par la monarchie française, quelques années plus tard, que par l'adoption de deux emblèmes purificateurs empruntés aux attributs iconographiques de la Vierge: la fleur de lys et la couleur bleue. (p.13 - 14).
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Comme il est docile, comme il est discipliné! Le bleu est une couleur bien sage, qui se fond dans le paysage et ne veut pas se faire remarquer. Est-ce pour ce caractère si consensuel qu'il est devenu la star, la couleur préférée des Européens et des Français ? Longtemps, il était resté au second plan, dédaigné, voire méprisé dans l'Antiquité. Puis, en habile courtisan, il a su s'imposer, doucement, sans heurter...Le voilà désormais canonisé, plébiscité, officialisé. Devenu, en Occident, garant des conformismes, il règne sur les jeans et les chemises. On lui a même confié l'Europe et l'ONU, c'est dire s'il nous plaît ! Ce timoré a encore bien des ressources et des secrets...
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Ce cliché-là a la vie dure : "Le blanc ? entend-on fréquemment, ce n'est pas une couleur !". Il est vrai que ce pauvre blanc peine à être reconnu à sa juste valeur, et que, de tous temps, il fut l'objet d'une incroyable intransigeance. Car on n'est jamais content de lui, on lui en demande toujours davantage, on le veut "plus blanc que blanc' ! Pourtant, cette couleur-là est sans doute la plus ancienne, la plus fidèle, celle qui porte depuis toujours les symboles les plus forts, les plus universels, et qui nous parle de l'essentiel : la vie, la mort, et peut-être aussi - est-ce la raison pour laquelle nous lui en voulons tant ? - un peu de notre innocence perdue.
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p. 173 « Le blason n’emploie de manière courante que six couleurs, qui portent dans la langue française des noms particuliers : or (jaune), argent (blanc), gueules (rouge), sable (noir), azur (bleu) et sinople (vert). »
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Ce furent surtout les femmes qui assurèrent la promotion définitive du chat et qui contribuèrent à en faire avec le chien - lui aussi fortement revalorisé à partir de la Renaissance - l'animal préféré des populations européennes. (p.204 - 205).
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Il y a désormais une géographie du porc, qui est aussi en période disette et d'hivers rigoureux - tels ceux de 1694-1695 et 1708-1709 - une géographie de la faim. Les pays couverts (c'est-à-dire boisés) s'en tirent toujours mieux que les pays ouverts (c'est-à-dire céréaliers) parce qu'ils ont des cochons et que ceux-ci fournissent, encore et toujours, l'essentiel des aliments carnés. (p.190 - 191).
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Dans le domaine de l'histoire intellectuelle et culturelle, le "scientifiquement correct" est non seulement idéologiquement haïssable mais aussi, méthodologiquement , source de nombreuses confusions, erreurs et absurdités. (p.148).
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Nos savoirs actuels ne sont nullement des vérités absolues et définitives mais seulement des étapes dans l'histoire mouvante des savoirs. Faute de l'admettre, le chercheur verserait dans un scientisme réducteur et dans un positivisme incompatible avec la recherche historique. (p.147).
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La chasse est d'abord un rituel avant d'être une quête de nourriture. (p.101 - 103).
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Pour montrer que Jésus était né dans une étable, l'iconographie des premiers temps du christianisme avait en effet besoin d'attributs. L'âne et le bœuf ont été choisisparce qu'ils évoquaient parfaitement le lieu de cette naissance. (p.80).
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