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Citations de Michel Pastoureau (581)


A la fin du Moyen-Age, la vague moraliste, qui va provoquer la Réforme, se porte aussi sur les couleurs, en désignant des couleurs dignes et d'autres qui ne le sont pas. La palette protestante s'articule autour du blanc, du noir, du gris, du brun ... et du bleu. (p.22).
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Dans le creuset des couleurs, est un miroir magique qui, si nous savons le flatter, nous révèle nos goûts, nos dégoûts, nos désirs, nos peurs, nos pensées cachées, et nous dit des choses essentielles sur le monde, et sur nous-mêmes. (p.10).
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Les couleurs ne sont pas immobiles. Elles ont une histoire mouvementée, qui remonte à la nuit des temps et qui a laissé des traces jusque dans notre vocabulaire. (p.7).
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... pour la sensibilité médiévale, être roux et velu dès la naissance ne peut être que le signe d'une nature mauvaise et d'un destin tragique. La rousseur traduit un caractère faux et violent, et la pilosité, un tempérament grossier, impur, presque bestial. Certes, il y a poil et poil : les soies drues et hérissées du sanglier ne peuvent être comparées à la laine douce et souple de l'agneau. Mais au Moyen Age, sur le corps humain, le poil a toujours à voir avec l'animalité et celle-ci ne peut être que diabolique.

1250 - [Points H472, p. 176]
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Progressivement, l'exemple de la Gaule fut imité dans une bonne partie de l'Europe de l'Ouest : le 11 novembre, ancienne fête célébrant l'hibernation de l'ours, devint presque partout la Saint-Martin, date clé du calendrier hagiographique, économique et populaire. Ce jour-là, qui marquait symboliquement le début de la saison froide, avaient lieu de grandes foires et toutes sortes de réjouissances : on payait ses dettes, on engrangeaient des provisions, on faisait ripaille, on mangeait de l'oie, on buvait beaucoup - en moyen français, le verbe martiner signifié « se livrer à des excès de boisson » - et, comme pour la Saint-Jean, on allumait des feux de joie.

1119 - [Points H472, p. 144-145]
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... dans le calendrier rural traditionnel, le 2 février était le jour où l'on célébrait la fin supposée de l'hibernation de l'ours ; c'était une fête qui s'accompagnait de rites particulièrement sauvages et transgressifs. Pour y mettre fin, l'église du haut Moyen Age avait dû frapper fort et placer ce jour-là une grande fête de la Vierge (les Relevailles) et christianiser une fête folklorique, celle des chandelles (la Chandeleur). (...) ... avec Philippe Walter, soulignons le lien symbolique exemplaire qui existe entre le moment où l'ours cesse d'hiberner et celui où je jeune Arthur, se fait reconnaître et peut commencer son règne en pleine lumière.

1039 - [Points H472, p. 80]
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Innombrables sont depuis Homère les auteurs qui ont raconté ou commenté le jugement de Pâris, le rapt d'Hélène et les événements dramatiques qui s'ensuivent. Très peu, en revanche, ont souligné que cet enlèvement de la femme la plus belle du monde était le fait non pas d'un homme ordinaire mais d'un homme qui pendant quelques temps avait été nourri et élevé par une ourse, c'est-à-dire d'un humain qui, en raison de sa première éducation, gardait quelques traces d'une certaine nature ursine. Or, comme nous le verrons plus loin, dans les traditions orales européennes, l'ours mâle est le principal animal qui passe pour être attiré par les femmes, pour les enlever, puis pour s'unir à elle charnellement et engendrer des être mi-hommes mi-ours. Par la même, l'histoire tragique de Pâris semble bien se rattacher à un mythe, venu du fond des âges pour faire s'accoupler la femme et le fauve, la belle et la bête. Elle constitue la plus ancienne version documentée des nombreuses histoires d'ours voleurs et violeurs de femmes présentes dans les comtes et les légendes de l'Europe entière, de l'Antiquité jusqu'à l'époque contemporaine.

988 - [Points H472, p. 49-50]
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Aujourd'hui, les adversaires du culte de l'ours semblent être majoritaires. Dans un colloque ou dans un article, il faut du courage pour défendre le point du vue inverse ; pour un jeune préhistorien, émettre l'idée que l'homme préhistorique a peut-être, à un moment ou à un autre, connu une religion de l'ours, c'est s'opposer à la position dominante, s'attirer les foudres de ses aînés et par là même, immanquablement, briser ses espoirs de carrière. Seuls quelques historiens ou ethnologues, étrangers au petit monde cruel des préhistoriens, osent donc encore avancer - prudemment - une telle hypothèse.

972 - [Points H472, p. 34]
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Il est fascinant de voir comment les couleurs politiques ont toujours été ainsi débordées sur leur flanc par une autre couleur. Le noir de l’ultragauche a rejoint le noir de l’ultradroite, qui représentait, selon les pays, le parti conservateur, le parti monarchiste ou l’Eglise. Les extrêmes finissent toujours par se rencontrer.
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Dans les années 1860-1880, il se produit un changement de palette chez les peintres, qui passent de la peinture en atelier à la peinture en extérieur, et un autre changement quand on passe de l’art figuratif au semi-figuratif, puis à la peinture abstraite : celui-ci utilise moins la polychromie, elle use moins des nuances. C’est aussi le moment où, […], l’art se donne une caution scientifique et affirme qu’il y a trois couleurs primaires : le bleu, le rouge et notre jaune qui se voit donc brusquement valorisé.
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C’est en faisant du papier le principal support des textes et des images que l’imprimerie a introduit une équivalence entre l’incolore et le blanc, ce dernier se voyant alors considéré comme le degré zéro de la couleur, ou comme son absence.
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Tout est ambivalent dans le monde des symboles, et particulièrement des couleurs ! Chacune d’elles se dédouble en deux identités opposées. Ce qui est étonnant, c’est que, sur la longue durée, les deux faces tendent à se confondre.
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Dans le système chromatique de l’Antiquité, qui tournait autour de trois pôles, le blanc représentait l’incolore, le noir était grosso modo le sale, et le rouge était la couleur, la seule digne de ce nom. La suprématie du rouge s’est imposée à tout l’Occident. […] Cette couleur va s’imposer parce qu’elle renvoie à deux éléments, omniprésents dans toute son histoire : le feu et le sang.
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Il faut attendre les années 1930 pour que, aux Etats-Unis, le jean devienne un vêtement de loisir, puis un signe de rébellion, dans les années 1960, mais pour un court moment seulement, car un vêtement bleu de peut pas être vraiment rebelle.
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Les hommes d’Eglise sont de grands coloristes, avant les peintres et les teinturiers.
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Ce caractère péjoratif de la scie s’étend très au-delà de l’outil et de ceux qui s’en servent. Dans les systèmes de représentation, tout ce qui est dentelé, déchiqueté, découpé en dents de scie, connoté quelque chose de négatif. La ligne brisée est une mauvaise ligne, comparée à la ligne droite ou à linge courbe. L’héraldique et l’iconographie en usent largement pour souligner le caractère péjoratif, à un titre ou à un autre, d’un personnage : sur les vêtements comme dans les armoiries, un décor fait de lignes brisées, de structures dentelées, denchées, virées, chevronnées, a souvent une fonction dévalorisante. Celui qui le porte se situe hors de l’ordre social, moral ou religieux. Sont ainsi parfois dotés de tels vêtements ou de telles armoiries les chevaliers félons, les bourreaux, les prostituées, les fous, les hérétiques, les païens.

512 - [Points H465, p. 103]
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Et puis il y a le maillot jaune du Tour de France. Lui aussi il redonne un coup de jeune au jaune.
Au départ, il s’agissait d’une opération publicitaire lancée en 1919 par le journal L’Auto, l’ancêtre de L’Equipe, qui était imprimée sur un papier jaunâtre.
La couleur est restée celle du leader.

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De bonne heure, la tradition a assimilé l'énorme poisson dans les entrailles duquel Jonas passe trois jours et trois nuits à une baleine, monstre méconnu et redouté.
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Définir les armoiries n’est pas un exercice facile. Ce sont des emblèmes en couleurs, propres à un individu, à une famille ou à une communauté et soumis dans leur composition et leur représentation à quelques règles peu nombreuses mais contraignantes. Leur fonction première est d’exprimer l’identité.
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[Le bonnet phrygien] est le symbole de la liberté à conquérir par des hommes et des femmes qui ne veulent plus être sujets mais citoyens. L’année suivante, il fait partie de l’uniforme ordinaire des sans-culottes, et lors de la journée insurrectionnelle du 20 juin 1792, la populace qui envahit les Tuileries oblige Louis XVI à s’en coiffer. Dans les jours suivants, le journal patriote Les Révolutions de Paris décrit ce bonnet rouge comme “l’emblème de l’affranchissement de toutes les servitudes et le signe de ralliement de tous les ennemis du despotisme”.
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