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Critiques de Michèle Audin (58)
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Vive la Commune !

Un cri du cœur.



Rassemblant plus de 20 plumes contemporaines, ce recueil de nouvelles mettant en scène des acteurs majeurs ou anonymes de la Commune de Paris est un très bel hommage en forme d'initiation à cet événement capital de l'histoire de l'émancipation humaine.



Souvent des femmes, les personnages mis en scène à travers des poèmes ou des textes courts redonnent vie à ces quelques semaines où plus que jamais l'espoir a eu droit de cité entre les murs de la capitale... avant la derniere, la "Semaine sanglante" et son anéantissement dans un bain de sang.

Agrémenté de gravures et de reproductions d'époque, un livre agréable et nécessaire.



Publié en 2021, à l'occasion des 150 ans de la Commune.



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Mademoiselle Haas

L'auteur assemble comme une mosaïque treize portraits de femmes en dix - neuf tranches de vie intimistes.

Ces femmes travaillent presque toutes de leurs mains : mains de sage-femme, d'ouvrière, de pianiste, de femme de ménage.

Elles sont libraire, ourdisseuse, vendeuse, institutrice, adjointes, auxiliaires, temporaires........

Des femmes qui "faisaient pour la plupart un métier d'homme mais qui touchaient une paie de femmes..."

Leur tâche est .....IGNORÉE, , elles sont invisibles, oubliées , négligées, omises par l'histoire, pourtant précieuses, uniques, importantes dans la joie et la peine, au fil d'une histoire remplie de bruit et de terreur.....

En fait, ces récits brossent avec vigueur , conviction, militantisme, un portrait de la " condition ouvriére " féminine de 1935 à 1941 .

Ces" mademoiselles" luttent, font la grève, résistent, militent ......

Un tableau doux- amer, Fougueux, social , politique, au sein d'une époque où se profilent la montée inexorable de l'anti- sémitisme, les accents passionnés du front populaire, la guerre, l'occupation, les rafles, la peur.......

Au final, un récit, une recherche, un assemblage militant, poétique, pathétique parfois, intéressant toujours, douloureux aussi!



Une écriture simple oú l'auteur fait revivre avec bonheur une tranche de la "France Populaire Ouvrière."

L'auteur, membre de l'OU.LI.PO change de registre littéraire à chaque chapitre , côté original de l'ouvrage.

Lu dans le cadre du prix Jean d'Heurs , spécifique à mon département, sélection du prix historique 2016.



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Josée Meunier, 19, rue des Juifs

A travers quelques portraits, nous découvrons ce que sont devenus d'anciens communards. Le récit débute en juillet 1870, lorsque des âmes intrépides, charitables et/ou amoureuses d'un même immeuble réussissent à les cacher de la perquisition d'un policier un peu obtus. Nous les suivons dans leur exil et leur retour tant attendu après leur amnistie, en 1881.

Unité de lieu, unité de temps et unité d'action, l'autrice a rempli le contrat.

A la fin de l'ouvrage il est précisé (en est-il besoin ?) que les faits et les personnages sont réels mais que l'histoire - à l'intérieur de la grande Histoire - est romancée.

Albert et Josée, héros malchanceux ont bien existé, leur amour est (peut-être) inventé.

Ce récit fourmille de détails sur la vie (souvent brève) des petites gens de la fin du XIXème siècle, même si des personnes célèbres sont aussi 00évoquées (Marx, Vallès).

Cependant, les dialogues, les potins de l'immeuble m'ont parfois lassée.
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La semaine sanglante

"De tout ce que j'ai lu, il ressort surtout que le D. X. et ses semblables – les amis de l'ordre, au pouvoir à Paris depuis le 28 mai 1871 – ont tout fait, justement, pour que ce nombre ne soit pas connu. Ils ont tout fait pour que rien de la véridique histoire de la Commune ne soit connu, et en particulier, pour que ses morts disparaissent autant que possible.

Et ils ont réussi."



Pas complètement, ajoute ensuite Michèle Audin dans sa conclusion, après 220 pages de confrontation avec les textes, archives et registres autour de la Commune de 1871 et de la Semaine sanglante en particulier.



Comme elle le souligne en citant Camille Pelletan, "il ne s'agit pas (…) de se jeter des cadavres et des crimes à la tête, mais de considérer les êtres humains qu'ont été ces cadavres avec respect, de ne pas les laisser disparaître encore une fois…"



Il est étonnant de voir comme on en revient toujours, toujours à ce point essentiel : dire le nombre, c'est dire aussi les êtres humains et la façon dont ils ont été fauchés.

Le minimiser, voire le taire, c'est nier ces vies, effacer leurs espérances anéanties.



Les documents manquent, qui pourraient poser les faits. Les registres d'état-civil ne disent pas ce que disent les registres des cimetières, qui ne disent pas ce que disent les témoignages. Ces derniers, directs ou indirects, proches de l'évènement ou écrits beaucoup plus tard, sont forcément partiaux.



Retrouver les victimes des exactions et des exécutions commises par les versaillais durant la Semaine sanglante n'est pas anodin.

Le sujet même ne prête pas à l'impartialité, Michèle Audin n'y prétend pas elle-même.



Ce livre court, qui évoque rapidement la Commune, tort le cou à quelques idées reçues et met quelques points sur les i, nous plonge ensuite au cœur du sujet en récapilutant les points de recherches : cimetières, puis morts enterrés ou pas à Paris en dehors des cimetières, puis ossements découverts au cours des années suivantes durant des travaux de voirie.



Michèle Audin y compare les sources, des écrivains et journalistes de l'époque aux historiens d'aujourd'hui.

Et elle donne les chiffres qu'elle a trouvé, qu'elle a reconstitués, en soulignant pourquoi ils restent incomplets et pourquoi le nombre réel des victimes de la Semaine sanglante ne sera sans doute jamais connu.



Ce n'est pas une lecture facile, mais je la trouve nécessaire.

En une poignée de pages, tous les aspects de la Semaine sanglante sont abordés, qui permettent d'en comprendre la férocité.



La virulence des extraits de presse de l'époque et des témoignages ne laisse pas de place au doute.

C'est une haine terrible qui s'exprime contre les communards, il n'y a pas "les morts de part et d'autre", il y a une volonté d'anéantissement total qui pousse à fusiller et massacrer à tout va, hommes, femmes, enfants, dans une fureur sans fin.

Ça m'a suffoquée.



Et puis il y a ces corps qu'on jette à l'eau, qu'on brûle, qu'on enterre dans des fosses imporvisées, dont on prend bien garde de n'en pas laisser de trace dans les documents officiels.

Ces corps dont Zola, anti-communard comme bien d'autres écrivains, dit : "Les bandits vont empester la grande cité de leurs cadavres – jusque dans leur pourriture ces misérables nous feront du mal."

Quel venin contre des cadavres, vraiment…



Je préfère finir avec les mots de Michèle Audin : "La vraie conclusion est qu'il reste bien des pistes de recherche ouvertes sur la façon dont sont morts, mais aussi ont vécu les communardes et les communards."

Une bonne bibliographie et des références complètent l'ouvrage pour qui veut aller plus loin.

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Comme une rivière bleue

Voici le récit de quelques jours qui ont marqué l'Histoire, celle de la Commune de Paris.

Passé et présent se mêlent lors des déambulations parisiennes de l'autrice, ce qui a légèrement perturbé ma lecture.

Dans la lignée de "14 juillet" d'Eric Vuillard, nous suivons la vie de plusieurs protagonistes, célèbres ou "illustres inconnus", de cet évènement majeur de l'histoire de France. Michèle Audin s'est bien documentée sur la question, se qui m'incite à penser que tous les personnages ont réellement existé, même si elle leur prête des attitudes et surtout des sentiments pas forcément fidèles à la réalité.

Je donne une mention spéciale à l'auteur anonyme et pleine d'esprit des SMS qui ont guidé l'autrice presque jusqu'au bout de son travail.

Je me suis attachée à tous ces héros ordinaires qui ont ravivé ma mémoire de la célébration du centième anniversaire de la Commune de Paris, en 1971.
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Une vie brève

Maurice Audin, jeune assistant de mathématiques à l'université d'Alger, membre actif du Parti communiste algérien, militant anticolonialiste, est arrêté par l'armée française le 11 juin 1957, à Alger. Dix jours plus tard, il est déclaré mort. Officiellement, il n'aurait pas survécu à une tentative d'évasion lors d'un transfert. Plus vraisemblablement, c'est sous la torture des parachutistes du général Massu qu'il a perdu la vie. Il avait 25 ans, il était marié et père de trois enfants.

Plus de 50 ans après les faits, sa fille Michèle a voulu rassembler les bribes de cette vie si brève, sans s'appesantir sur sa disparition, juste en évoquant le fils, le frère, le mari, le père, l'homme qu'il était et les traces qu'il a laissées.





Difficile pour Michèle AUDIN de faire appel à ses seuls souvenirs pour parler de son père; elle avait 3 ans à peine quand il a disparu. Alors tout prend valeur de document précieux : les rares photos, les carnets où il notait les dépenses du ménage, le témoignage de ceux qui l'ont connu. C'est sans doute une façon pour elle d'apprendre à le connaitre, de creuser derrière le personnage dramatique. Mais elle ne peut qu'imaginer, supputer, lui prêter des sentiments et des intentions sans savoir s'ils sont réels. On sent comme une détresse devant tout ce dont elle a été privé : ses colères, ses erreurs, son parfum, ses goûts, son humour, ses défauts, tout ce qui est banal, tout ce qui fait aussi un père, tout ce qui se rapporte à l'intime. Il était mathématicien, elle est mathématicienne, est-ce là une façon d'établir un lien avec lui ?

En rassemblant les morceaux épars de la courte vie de son père, elle répond à ceux qui ont voulu effacer son existence, ceux qui ont menti, ceux qui ont nié, ceux qui n'ont pas eu le courage de rendre son corps torturé à sa famille.

Un beau témoignage d'amour d'une fille pour son père, qui évite le larmoyant et le pathétique pour simplement montrer que derrière l'"Affaire Audin", il y avait un homme, Maurice Audin.
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La semaine sanglante

Du 21 au 28 mai 1871, le gouvernement versaillais met fin à la Commune de Paris, en menant une guerre meurtrière et massacrant sans distinction et souvent sans jugement. Michèle Audin, interrogeant les archives des cimetières de Paris mais aussi de la banlieue, de l’armée, de la police, des pompes funèbres, recherchant dans la presse les mentions des charniers sous les pavés, exhumés jusqu’en 1920, des corps brûlés dans les casemates des fortifications, de ceux repêchés dans la Seine, propose un décompte des victimes de cette « Semaine sanglante ». Son estimation est supérieure à celles de Maxime du Camp, historien versaillais, et de Camille Pelletan, journaliste radical qui n’a pas eu accès à tous les services. Comme écrivait ce dernier : « Il ne s'agit pas de se jeter des crimes et des cadavres à la tête, mais de considérer ces êtres humains avec respect, de ne pas les laisser disparaître encore une fois. »



Très brièvement, elle rappelle l’histoire factuelle de la Commune : la défaite contre la Prusse, la révolte, le massacre. Puis elle confronte aux faits l’ « abondante légende dorée » qui entoure ces événements : la suppression du travail de nuit qui n’a concerné que les ouvriers boulangers, l’autogestion des ateliers abandonnés par leurs patrons et réquisitionnés, qui n’a pu être appliquée, faute de temps, l’égalité de salaire pour hommes et femmes dont elle ne trouve pas de trace, sauf un entrefilet dans le Cri du peuple à propos du traitement des instituteurs et institutrices, sans confirmation au Journal officiel ni dans les procès-verbaux. Elle confirme la défense d’une barricade, place Blanche, le 23 mai, par un bataillon de femmes, et des participations féminines sur de nombreuses autres. Elle recense également les mentions d’élus de l’assemblée communale qui se sont battus jusqu’à la fin de la Semaine sanglante. Si un décret a bien été voté à l’unanimité le 5 avril, menaçant d’exécution d’un nombre triple d’otages, en représailles à des assassinats de prisonniers par les versaillais, il n’a jamais été appliqué par la Commune. S’il y a toutefois bien eu des exécutions (l’archevêque, des gendarmes et des prêtres), ce ne fut jamais sur décision de l’assemblée. En revanche, ce vote a immédiatement mis fin aux exécutions. Elle procède encore à de nombreuses mises au point, par exemple au sujet des viols, occultés par tous les historiens, des cours martiales.





Le dimanche 21 mai, 100 000 soldats entrent dans la ville par le Point-du-Jour, près de la porte de Saint-Cloud, tuant immédiatement des prisonniers. Michèle Audin procède donc à un méthodique décompte des morts depuis cette date, jusqu’au 28 mai. Préalablement elle passe au crible les évaluations des précédents « compteurs » : Prosper Olivier Lissagaray (« 17 000 morts avoués »), Alfred Feydeau et Maxime Du Camp (6 667, « avec une certitude absolue »), Camille Pelletan (30 000 fusillés de Paris »), Robert Thomas (7 400). Elle présente les archives qu’elle a pu consulter, dont certaines inédites, proposent d’intégrer certaines inhumations au-delà du 30 mai, au contraire de ses prédécesseurs, et commence à égrener les registres des cimetières, à pointer d’évidentes dissimulations, voire des falsifications, pour parvenir à un « chiffre officiel » de 8 509 morts. Dans la presse, elle relève des mentions de corps jetés dans la Seine qu’il sera impossible de comptabiliser, et d’exhumation partout dans Paris : puit de la place des Fêtes, fossés de la Muette, bois de Boulogne, Buttes-Chaumont, square de la Tour-Saint-Jacques, etc. Des ossements identifiés comme ceux de fédérés, des ossuaires complets même, seront découverts à l’occasion de chantiers, jusqu’en 1920 ! En conclusion, elle estime qu’il n’est nullement déraisonnable de doubler ce chiffre minimum et officiel.



Au-delà du simple exercice de comptabilité, Michèle Audin articule de précieux témoignages sur ces journées sanglantes, participant à rendre justice aux victimes et à la « véridique histoire » de la Commune.





Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Cent vingt et un jours

Cet ouvrage complexe , foisonnant,surprenant est - il un roman?

L'auteur, Michèle Audin, mathématicienne a réalisé un gros travail d'enquête avec (Citations,renvois en bas de page), une recherche où elle assemble des fragments:journaux intimes,articles de presse, archives, listes de chiffres,nombres, exercices sur la multiplication et la division...et l'histoire se construit comme un puzzle, une mosaïque, ardue et passionnante où le lecteur, d'abord surpris puis curieux se sent partenaire, ô combien!

Elle assemble des données, cherche des preuves, les vérifiant au fil des pages, l'auteur ayant le goût des nombres, écrit avec une grande rigueur scientifique,un appétit pour le vrai et le faux,une démarche savante, une juxtaposition de modes narratifs, une froideur de compte- rendus journalistiques, une vraie ou fausse neutralité, d'où ressortent avec la même force et dans le même élan amour, tendresse, et infini chagrin ,les souffrances, les douleurs , les tourments des héros.

La plupart de ceux - ci sont des mathématiciens dont elle déroule la vie.



Deux polytechniciens brisés par la guerre 14-18.

L'un, gueule cassée, Christian Morsauf:" fut un petit garçon qui a envie d'apprendre et qui est massacré par la guerre", il versera dans la collaboration:" il lui reste l'œil gauche,la joue gauche, un peu, très peu,de la mâchoire droite".

De pacifiste il deviendra collaborationniste, il portera toujours un masque de cuir.

L'autre, Robert Gorestein, victime d'un obus," est tombé sur la tête", il profite d'une permission pour tuer une partie de sa famille.

Enfermé dans un asile,il pourra se consacrer entièrement aux mathématiques.

Pourquoi ce titre:cent vingt et un jours?

Car c'est le nombre de jours de bonheur vécus par un des héros: André Silberberg,une histoire d'amour avant que ce mathématicien prodige de l'université de Strasbourg ne soit déporté...

" il réussissait tout, il était aussi agrégé de maths, il aimait Mozart, ces années là, les panneaux interdits aux juifs et aux chiens fleurissaient dans les boutiques..."

Les mots d'André: "mots durs, mots tristes,mots joyeux,mots graves, mots de révolte pour dire à son amoureuse son dernier cours au lycée de Dignes, sa révocation comme professeur en application du statut des juifs et cet éléve, un seul,qui était venu lui serrer la main à la fin du cours".....

Un ouvrage qui raconte la Grande Histoire du XX° siécle à l'Afrique Coloniale,au Paris en 1945",les champs de bataille de 14-18,un asile psychiatrique,Strasbourg et Clermont- ferrant en 1939,Paris occupé, une petite ville "N ""allemande.

Un ouvrage qui raconte aussi l'histoire intime, l'amour, la guerre,les crimes, la mort, l'enfer,les hommes et les femmes,de l'infirmière aux médecins, aux mathématiciens chers à l'auteur...

Un petit livre poignant ,ardu, original, fascinant dont il n'a pas été facile du tout d'écrire la critique !

La première de couverture ne donne pas envie mais cette impression fugace est trompeuse!

C'est le premier roman de madame Michéle Audin!dont je salue le talent!..

J'ai bien conscience que ma critique est trop longue mais je n'ai pu concentrer tant cet ouvrage est riche!

Lu d'une traite!

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La semaine sanglante

*****CRITIQUE PARUE SUR LE BLOG MEDIAPART DE FAISONS VIVRE LA COMMUNE LE 1 03 2021 ****** :



C'est un livre d'enquête et de combat que Michèle Audin nous propose aux éditions Libertalia après " Eugène Varlin , ouvrier relieur " ( 2019 ) et " C'est la nuit surtout que le combat devient furieux , une ambulancière de la commune " ( 2000 ) .

Ce livre qui arrive symboliquement quelques jours avant le début des célébrations du 150 ième anniversaire de la commune de Paris est à l'image des chroniques de l'auteure sur son blog : des faits , des gestes , des écrits , des déclarations , des décomptes documentés , vérifiés et recoupés .

Michèle Audin a repris à bras-le- corps le dossier sensible du nombre de morts de la commune du fait des versaillais .

" Il ne s'agit pas de se jeter des crimes et des cadavres à la tète , mais de considérer les êtres humains qu'ont été ces cadavres , avec respect , de ne pas les laisser disparaître encore une fois , ce qui oblige aussi à se souvenir de ce qu'ils ont été ."

Ce livre revient sur un certain nombre de légendes . C'est en particulier le cas des barricades tenues par des femmes . Elle revient aussi sur la question de la présence des membres élus de la commune sur les barricades .

" S'il est vrai que plusieurs de ces membres se sont cachés ou même ont fui dès le début des combats , beaucoup d'entre eux se sont battus jusqu'au bout . "

Elle en dresse une liste de près de 30 noms , sans oublier ceux qui furent assassinés avant la " semaine sanglante " .

Le cœur du livre est la question obsédante du nombre de morts avec des témoignages souvent sujets à caution . La légende noire de la commune écrite par les vainqueurs et colportée jusqu'à nos jours par les réactionnaires et ceux qui ne veulent pas savoir .

Michèle Audin parvient à démontrer que le comptage des morts " à la Du camp " sont volontairement minorés . Leur reprise par Robert Tombs n'honore pas ce dernier .

Un autre ouvrage de l'auteure sort aussi ce mois de mars chez Gallimard : " José Meunier , 19 rue des juifs " , roman qui a pour toile de fond la commune et l'exil .



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Comme une rivière bleue

Le principal atout de ce roman, très documenté il faut le reconnaître, est de plonger le lecteur au sein même de la Commune de Paris, racontée au travers de la vie d’une foule d’individus. L’auteur relate de façon assez vivante les évènements, décrit avec justesse me semble-t-il l’enthousiasme et l’espoir nés dans les premiers jours de la Commune, puis sa chute inexorable. Je dois cependant avouer avoir été parfois perdu dans la multitude de personnages, ma lecture étant en outre pénalisée par ma grande méconnaissance de cette période de l’histoire de France. Enfin, j’ai également été gêné par certaines longueurs, des énumérations plutôt interminables, ainsi que par les diverses interventions du narrateur dans l’histoire. Le fait de jongler entre les différentes époques est un peu perturbant pour le lecteur à mon sens.



Je remercie néanmoins Babelio et les éditions Gallimard pour l’envoi de ce roman de la rentrée littéraire.
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Comme une rivière bleue

En mars 1871, le Paris populaire est armé, il faut donc mater les populations des quartiers ouvriers et désarmer la garde nationale. Mais le gouvernement préfère filer à Versailles. C’est le printemps, un parfum de bonheur et de liberté envahit les avenues et le vin coule à flots. Le 28 mars deux cent mille inconnus sont dans la rue, ils sont marchand de vin, corsetière, herboriste, lingère, charbonnier, teinturière, tripier, après tant de misères et de défaites ces malheureux ont repris confiance, la Commune est proclamée, tout le monde se parle, se bouscule, danse, la soif de s’étreindre et de s’aimer, quelle journée !



Quelques mouvements communalistes dans plusieurs villes de province ont vite été matés. Début avril, les gardes nationaux qui tentent une sortie vers Versailles sont massacrés, la guerre civile contre la Commune est engagée, les bombardements et les enterrements se succèdent. La Commune est emprisonnée, cernée, étouffée, personne en France ne sait ce qui se passe à Paris. Tous les cinq minutes un coup de canon, les ambulanciers mitraillés sous leur drapeau blanc. La fin est proche, bientôt les fontaines seront remplies de caillots de sang et de fragments de cervelles…



Karl Marx, Jules vallès, Léon Blum, Adolphe Thiers, Edouard Vaillant, Gustave Courbet tous ces grands hommes revivent sous la plume de Michèle Audin ainsi que la foule des anonymes qui vont se faire tuer pour défendre la Commune.



L‘auteur insiste sur l’importance des journaux ils ont pour nom, Le cri du peuple, la Vérité, le Gaulois, le père Duchêne, la Sociale, le Vengeur et les crieurs de journaux s’égosillent dans les rues de Paris.



Des phrases courtes, rendent le récit encore plus vivant, le lecteur est vraiment plongé dans les évènements, nous voici dans les réunions de la Commune, de la commission de l’éducation nouvelle, du club des prolétaires, de l’internationale, de l’Académie des sciences, on discute pendant des heures sur des mots et on oublie la classe ouvrière à l’origine de la révolution.



Le narrateur marche dans les rues de Paris à la rencontre des lieux et des immeubles où se sont déroulés les événements. Nous sentons les odeurs, entendons les bruits, les cris des marchands ambulants. Nous assistons aux concerts, représentations théâtrales ou déjeuners sur l’herbe au profit des veuves, des orphelins et des familles des blessés. Nous participons à la chasse aux curés, ces parasites qui mangent du bon pain alors que le peuple trime. Nous tirons sur les cordages pour faire tomber la colonne Vendôme. Nous dansons à la foire aux jambons ou à la foire au pain d’épice. Nous sommes sur la barricade de la rue blanche tenue par cent vingt femmes, petit barrage de fortune qui va céder face à la vague de cent trente mille Versaillais qui sont entrés dans Paris et la Seine coule rouge. Le drapeau tricolore flotte à nouveau sur les Batignolles, l’ordre et le calme vont régner. Les dénonciations peuvent commencer, et les déportations en Nouvelle-Calédonie s’activer.



Un travail de recherches phénoménal pour faire revivre les 72 jours de la Commune, une plongée dans le Paris ouvrier où le patron peut amputer le salaire misérable de ses employés par des amendes selon son bon vouloir. Michèle Audin fait ressurgir au jour le jour la Commune, telle qu'elle fut vécue par le peuple de Paris.

Je remercie Babelio et les Editions Gallimard de m'avoir donné l'opportunité de lire ce roman.




Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Lettres à Shakespeare

Qui êtes-vous Monsieur William Shakespeare ?

Sur la très belle couverture rouge électrique de cet essai édité en l'honneur du 450ème anniversaire de votre naissance, votre portrait est celui d'une "star", visage indéchiffrable caché par des lunettes. Voyez-vous nos rêves à travers les siècles ?



Lettres à Shakespeare est une très belle entreprise collégiale d'intellectuels réunie par D. Goy-Blanquet pour clamer leur affection et leur reconnaissance professionnelle à ce grand auteur classique. La formule inédite et très accessible réside dans des lettres contemporaines écrites par 16 auteurs, tous passionnés. Nul doute, l'oeuvre de William Shakespeare inspirée par l'Histoire de l'Angleterre et ses jeux de pouvoirs est encore bien vivante de nos jours. Dans la création littéraire (l'Oulipo) et l'expression théâtrale. Et au plus intime de nos expériences humaines quand résonnent en nous les émotions, les perceptions et les idées d'un texte.

Je me suis attachée au mystère qui entoure la personnalité de ce grand homme, "Un et Multiple", à la fois tous ses personnages et aucun.

Je me suis attardée sur les passages soulignant son écriture singulière, faisant souvent appel à l'inconscient, empirique et improvisée. (Hamlet).

Un jeu constant des contraires, des métamorphoses, des passages de haut en bas d'une noble pensée à l'action la plus vile.

Je me suis laissée guidée avec plaisir dans le "théâtre du Globe" à Londres où le décor minimaliste est uniquement rempli par la parole, le son de la voix, le langage métaphorique et, ... le silence, moteur essentiel.

Une poésie musicale de langue anglaise qui pour certains ne peut être traduite sans la dénaturer comme le célèbre "We few, we happy few, we band of brothers.."(Henry V)" repris tel que par Churchill en 1940.

J'ai admiré le fait que le travail de Shakespeare formaient les futurs juristes où les "Inns of Courts" puisaient matière à des cas d'espèce souvent très proches de la réalité.

En France, je me suis attardée sur l'adaptation très libre de Shakespeare par le regretté Patrice Chéreau qui en 1970 avait emprunté les arts contemporains du cirque et du music hall.

De même, la mise en scène spectaculaire de Ariane Mnouchkine de "Richard II" par le jeu du kabuki (masques, maquillages) au Théâtre du Soleil, dix ans plus tard.



Je ne peux terminer mon texte sans citer la très belle trouvaille poétique de Prospero (Les sonnets, la tempête) "Our little life is rounded with a sleep".



Un très grand merci aux éditions Thierry Marchaisse, partenaires de la célébration "Shakespeare 450" et aux auteurs de cet essai très formateur.



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OuLiPo : L'Abécédaire provisoirement définitif

Un Larousse de l'Oulipo, un dictionnaire de l'Ouvroir de littérature potentielle, mais pourquoi donc ?

Mais, pour se rassasier des contraintes imaginées par ses membres. Pour contempler des exemples de jeux d'écriture. Pour gouter aux joies que procure l'évasion en mots des labyrinthes que les oulipiens ont eux-mêmes construits. Pour lire des textes inventifs, ingénieux, astucieux et souvent fantaisistes. Pour s'imaginer en train d'écrire. Pour apprécier cette improbable interface entre mathématiques et littérature. Pour lire et relire des extraits des œuvres de Perec. Pour découvrir d'autres oulipiens et leurs écrits. Pour se coltailler à de nouvelles contraintes. Pour estimer la complexité du geste d'écrire en respectant des règles imposées. Pour mesurer l'exceptionnelle potentialité créative de la contrainte. Pour s'amuser avec les mots. Pour ne point bouder son plaisir. Pour rire et se casser la tête. Voilà pourquoi, entre autres, un Larousse de l'Oulipo, un Abécédaire même provisoirement définitif s'imposait tout autant que sa lecture.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Une vie brève

Maurice Audin fut un jeune mathématicien, un homme militant, engagé. A Alger, lors de l'été 1957, il est torturé et assassiné par l'armée française. Sa fille, Michèle Audin, nous dresse son portrait à travers un récit particulièrement émouvant où s'entremêle son histoire familiale, l'histoire des mathématiques et l'Histoire.
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La semaine sanglante

La « semaine sanglante » ce ne fut pas seulement en ces jours de mai 1871 le combat mené parles troupes versaillaises contre le peuple de Paris en armes, rue après rue, barricade après barricade, ce fut surtout le massacre systématique des prisonniers, de ceux qui avaient perdu la bataille, un massacre gratuit n'ayant qu'un but : faire disparaître définitivement les acteurs du soulèvement – grands ou petits – et faire passer aux Parisiens l'envie de recommencer. C'était en effet la 4ème tentative révolutionnaire en moins de cent ans...

Michèle Audin a un but : chiffrer avec la plus grande rigueur possible l'étendue du massacre. Pour ce faire elle s'appuie sur les témoignages d'époque et sur les archives, en particulier les relevés d'inhumation dans les cimetières. Elle arrive à un ordre de grandeur minimal de 15000 victimes.

Un beau travail d'historien.
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Comme une rivière bleue

Ce livre-là, je ne pouvais évidemment pas passer à côté, les mots qui lui donnent son titre étant empruntés à Vallès qui, dans L’Insurgé, évoquait en ces termes la révolution « tranquille et belle » en train de s’accomplir.



Le plaisir fut immédiat : retrouver l’écrivain que j’ai côtoyé tant d’années durant sous les traits d’un personnage de roman et relire ici ou là ses propres mots avaient pour moi une saveur unique. En lisant, je sentais le sourire se dessiner sur mes lèvres...

Alors c’est vrai, je suis entrée dans ce texte par une porte un peu particulière. Mais, indépendamment de cela, il s’agit d’un très beau texte, émouvant, plein de vie et de vitalité.



Que sait-on aujourd’hui de la Commune ? Imagine-t-on le bain de sang que connut Paris à l’issue des soixante-douze jours qu’a duré ce fol espoir et cette rage à vouloir renverser l’ordre établi pour rendre au peuple sa dignité et mettre un peu de justice où il n’y en avait pas ? Loin de figer l’événement dans un continuum historique et de tenter d’en faire l’analyse, Michèle Audun tente simplement de récréer par ses mots l’atmosphère qui régnait alors, dans un exercice qui n’est pas sans me rappeler le très beau 14 Juillet d’Eric Vuillard. Elle redonne vie à ceux dont l’Histoire n’a pas retenu les noms, ceux qui furent massacrés par milliers, ceux qui furent humiliés et contraints au silence.

Et qu’était la vie de ces cordonniers, de ces couturières, de tous ces humbles qui s’échinaient à travailler encore et encore pour gagner tout juste de quoi ne pas mourir ? Des vies de labeur incessant qui, subitement, s’ouvraient sur autre chose. Il faut imaginer ces soixante-douze journées durant lesquelles on pouvait aller au concert, fût-ce en entendant les détonations retentir aux portes de Paris, ces soixante-douze journées au cours desquelles on pouvait songer à autre chose qu’à subsister, songer à s’aimer, songer à construire une société où règnerait au moins un peu d’équité et de justice, ces soixante-douze journées où l’on put se prendre à rêver d’un monde enfin meilleur.



Car oui, il s’agissait bien d’un rêve. Ces hommes et ces femmes, pour la plupart, n’étaient pas prêts, et la désorganisation était complète. Tout est allé si vite...

En nous entraînant avec son narrateur dans une déambulation parisienne, Michèle Audun nous offre le spectacle de la sublime ferveur que connut fugitivement le peuple parisien. Elle nous révèle aussi combien il paya cher l’audace de ce rêve, tant l’acharnement des Versaillais à le salir fut sans limites.



S’appuyant sur les quelques témoignages que certains des protagonistes purent donner par la suite, Michèle Audin livre un texte empreint d’humanité qui rend un magnifique hommage à ceux que l’histoire officielle voulut longtemps oublier. Un texte qui invite aussi, pourquoi pas, à (re)lire les œuvres d’un auteur qui m’est cher et qui connut un si long purgatoire...
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Mademoiselle Haas

Derrière ces treize portraits de femmes, croqués autour de 1934, nous aurons reconnu une grand mère, une mère, une tante...à travers ce qu'elles ont pu raconter, ou ce que nous savons d'elles.

Pas de grands destins, pas de stars parmi elles: elles sont couturière, institutrice, femme de ménage, libraire, professeur de piano, vendeuse, sage-femme.

La guerre est proche, chacune d'elle voit sa vie prête à subir de profonds changements;

C'est un très joli livre, à offrir à une amie, une soeur.
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Une vie brève

Un bijou de retenue, d’intelligence et d’amour d’une fille à son père, très peu connu car disparu trop tôt dans des circonstances encore mystérieuses.

Le père, c’est Maurice Audin, brillant mathématicien, militant pour l’Algérie française, arrêté et assassiné en 1957 alors que la bataille d’Alger faisait rage. La fille, c’est Michèle, également mathématicienne de renom mais aussi autrice dont les écrits tiennent autant de l’enquête que de la grande tradition de l’Oulipo.

Loin de toutes revendications revanchardes, « une vie brève » est surtout un merveilleux hommage filial doublé d’une recherche historique passionnante, à partir de presque rien pour reconstituer la vie d’un homme. Elle donne ainsi à voir sa passion ( ?!) pour les sciences, la vibration des premiers temps d’un amour, la chaleur débordante d’une famille nombreuse, la douceur de vie en Algérie ou encore l’éveil à la politique. A milliers de kilomètres de l’attitude nauséabondes des gouvernements français successifs sur « l’affaire Audin », ce livre redonne vie de façon magistrale à un homme fauché en plein vol

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Josée Meunier, 19, rue des Juifs

« Ceci, dont vous achevez la lecture, est un roman ». Sur ces mots s’ouvre le dernier chapitre de Josée Meunier, 19, rue des Juifs, avant que l’auteur ne donne toute une liste d’éléments de réalité dont s’est inspirée l’écriture du récit, pour conclure ainsi : « La nécessité d’en savoir plus m’a poussée à inventer le reste »… Belle leçon de Michèle Audin, laissant ainsi entendre que l’imagination romanesque a le pouvoir de dire le vrai de l’Histoire ! Et, en effet, le livre respecte ce programme, qui raconte comment Josée Meunier a caché, en juillet 1871, dans son appartement avec son mari l’ouvrier bronzier Albert Theisz, recherché pour son rôle au cours de la Commune, avant de favoriser sa fuite à Londres, et de l’y rejoindre, poussée par l’amour. Puis d’évoquer une existence londonienne, très difficile, faute d’un travail régulier pour Albert, mais aussi de nombreuses rencontres avec d’autres exilés ou militants politiques, dont quelques célébrités : Jules Vallès, Leo Frankel, Karl Marx ou « Fred » Engels… ; une existence comme en suspens, dans l’attente de l’amnistie espérée, ponctuée par les échanges de lettres avec Georgette, leur ancienne voisine de la rue des Juifs, qui leur dépeint l’affreux retour à l’ordre, aussi bien qu’elle leur relate les petites histoires de l’immeuble et le jeu du chat et de la souris mené avec quelques benêts de policiers… Outre la célébration, tout au long du roman, de la geste communarde, de cet immense espoir de liberté et de révolution sociale maté dans le sang, le récit magnifie aussi le personnage de Josée, symbole de l’émancipation féminine, en femme capable de quitter son mari pour rejoindre celui qui n’est pas encore son amant et vivre avec lui son destin d’exilé. Et puis, merveille, l’écriture de Michèle Audin emporte comme dans tous ses précédents romans l’adhésion du lecteur, tant elle sait donner vie à une foison de personnages, alternant scènes et dialogues, utilisant avec brio le procédé oulipien de la liste, comme dans sa description de la perquisition du 19, rue des Juifs, au tout début du roman, ou plus loin, lorsqu’elle évoque la simultanéité des actions des différents habitants de l’immeuble, à la manière du Georges Perec de La Vie mode d’emploi. Avec une sensibilité extrême au génie des lieux, au génie des hommes… Si Michèle Audin a publié, par ailleurs, chez Libertalia, des enquêtes historiques passionnantes au sujet de la Semaine sanglante ou de l’ouvrier militant Eugène Varlin, c’est bien dans ce roman qu’elle rend toute son âme à l’aventure de la Commune, qui inspire encore aujourd’hui tant de réflexions politiques… A lire d’urgence, en attendant le Grand soir, les lendemains qui chantent !
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Cent vingt et un jours

Un roman très atypique signé de la mathématicienne Michèle Audin. Il évoque le parcours de deux mathématiciens à travers les deux guerres mondiales. Des chapitres romancés enchaînent avec des divers documents historiques. L'ensemble est déroutant mais plaisant et instructif.
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