J’aime énormément Michèle Desbordes, peu connue mais d’une écriture merveilleuse tout en délicatesse et subtilité. Une écriture de l’infime et du silence. Son écriture m’emporte dès la première phrase et peu importe le sujet. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver cet ouvrage dans un passage des livres. Une édition de toute beauté, à l’image des ces portraits d’artistes que Mme Desbordes aimait. Un livre à lire caché en égoïste à l’abri des tumultes du monde pour savourer le peu. Pour moi, l’une des plus belles plumes françaises.
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Que peut on dire de cette immense écrivaine peu connue, exigeante, d’une écriture poétique, travaillée, contenue et dense, magnifique, intense, puissante, portée par les mots, l’inscription pour le lecteur d’images et de sentiments. Et celui-ci est particulièrement émouvant, revenant sur sa vie par bribes, et celle de sa famille, tout en ellipses et métaphores alors que c’est son dernier livre et qu’elle se sait condamnée. Bouleversant
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C'est un livre qui s'ancre au fond de soi. Michèle Desbordes a écrit ce livre alors qu'elle savait sa mort prochaine et il y a un accent qui ne trompe pas, une sincérité. Elle nous amène au bord des larmes car c'est un adieu à tout ce qu'elle a aimé, souffert. C'est aussi un hymne à la vie
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Je découvre tardivement Michèle Desbordes, puisqu’elle est décédée depuis bientôt vingt ans. C’est le deuxième de ses romans que je lis, et je suis vraiment conquise, encore plus que pas La demande, avec lequel je l’ai découvert, voilà quelques mois.
C’est un livre très personnel, puisqu’il évoque les souvenirs que semblent être les siens, de ses jeunes années, de ses proches, et nous le comprendrons progressivement, surtout les souvenirs, et encore plus le manque de son père, disparu soudainement et laissant une sorte de béance. Mais la construction du livre, tout en volutes et détours, nous fait voyager, dans le temps et dans l’espace, dans les premiers souvenirs, tellement lointains, que la possibilités qu’ils aient été récrées, réarrangés, voire fantasmés, ne quitte pas le lecteur, ni l’auteure d’ailleurs, qui est sans illusion sur les infidélités de la mémoire. Mais peut importe au final : les souvenirs écrans peuvent être aussi vrais que la réalité tangible, ils participent à la construction de la personnalité.
Nous voyons donc par les yeux d’une enfant, puis adolescente, les événements, les êtres proches, ce qui a eu lieu, ce qui aurait pu ou dû avoir lieu. Ce qu’elle a appréhendé sur le moment, et surtout reconstruit ensuite, de la vie de ses grands-parents, et parents. Tout cela arrive dans une sorte de désordre, ce n’est pas un récit linéaire, à aucun moment il n’y a d’arbre généalogique, de documents d’état civil. Il s’agit de se souvenir, avec les méandres, les fuites de la mémoire, sa manière de passer d’un moment à un autre. Sans oublier les ressassements, les retours des souvenirs importants. Bien qu’à la fin du livre, on réalise à quel point tout cela est construit et pensé, nous suivons le récit comme il vient, les moments les uns après les autres, avec parfois une difficulté à se repérer dans le temps, dans la nature du morceau qui nous est livré. Avant de saisir dans un éblouissement le sens, la raison d’être profonde et essentielle.
Le tout dans un style merveilleux, poétique, une véritable musique, qui enchante de bout en bout.
Une petite merveille, en dehors du temps, essentielle.
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Un texte à l'image d'une pelote de fils emmêlés, entrecroisés, tressés les uns aux autres comme images en miroir des souvenirs égrenés, des fulgurances de l'enfance qui s'échappent de l'esprit que l'on sonde.
Des fils légers et doux comme des plumes ou pesants et rêches des moments passés, des fils précieux comme la langue qui les évente, comme les mots qui les ébruitent...
Tantôt des fils tout en lumière, colorés, irisés, moirés pour essayer d'écrire une ébauche de la définition du mot bonheur, celui de l'instant, celui des petites choses, de celles qu'on oublie et qui sont souvent les plus précieuses. Tantôt des fils ternes sans tons vifs, à l'extrémité de la gamme des couleurs, des fils comme l'ombre des oiseaux noirs des ciels d'hiver, de ceux qui ne sont cohorte que de tristesse et de peine, de culpabilité et de remords...
Il y a ceux dont les reflets chatoyants font briller les yeux, dessinent l'ébauche d'un sourire, et il y a les autres qui dialoguent avec les larmes, les dessinent et les font perler… On ne peut les retenir même si la bienséance l'exige, même s'il ne faut rien montrer de cette part de faiblesse que le chagrin tisse dans l'âme.
D'ailleurs, il ne faut rien avouer, ni dénuder de ce que l'on pense, ressent, désirerait... Il faut se tenir là, en marge, à l'extrême limite du cadre, juste à la lisière de l'insondable intimité qu'on dévoile si peu…
Juste consenti était le droit d’observer, de regarder intensément, mais en aucun cas celui d’exister, simplement de laisser entendre un souffle, de prendre présence dans le moment.
Ce livre, c'est tout cela, le visage qui se tourne sur l'avant, l'autrefois, pour un dernier regard, une dernière caresse des moments. Un cheminement, à l'image d'une déambulation sous une arcade végétale, sous les entrelacs des branches qui retiennent ou dévient la lumière, une part d'ombre, des moments soudains de brillance, des étincelles de lumière parce que tout est ainsi, tantôt lumineux, tantôt ténèbres, tout se côtoie, tantôt merveille du moment, tantôt désespérance de ce qu'on ne peut réécrire. L’évocation de pérégrinations le long du fleuve inlassablement contemplé et les fils évoqués et imaginés ne seraient peut-être que le reflet des cascades des eaux, des tourbillons autour des pierres et des berges, de l’évanescence devinée des herbes accrochées au lit de ce dernier, une illusion de l’imaginaire qui caracole.
Tout est suggéré, esquissé, les mots se font traits effilés, rien n'est appuyé, on ne touche pas le sol, on glisse d'un passé vers l'autre, d'un visage vers un lieu, d'une émotion vers un regret, parfois une amertume, et tout s'inscrit au fond de l'être, en écrit l'avenir et le devenir, en sculpte la vie qui éclot, qui grandit de ces années, cela n'était pas si palpable à ce moment mais reste indéniable dans cette tardive évocation, la dernière, la plus vraie, la moins travestie, la plus sincère et la plus bouleversante.
Une écrivaine à lire pour se nourrir d’une langue autant poétique que raffinée, toujours éloquente et imagée. Une lecture dont on s’éloigne devenu autre...
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Dans un texte d’une écriture très travaillée, exigeante et poétique, l’auteur explore son enfance, les secrets, les rares bonheurs fous, les souvenirs lointains et brumeux liés à la guerre, elle parle de cette enfant qu’elle était comme d’une étrangère dont elle essaierait de percer les mystères de l’âme, les tourments, la soif d’amour, les égarements de la mère, les absences du père, les tragédies qui ont marqué la famille. Le texte est empreint d’émotion retenue, de sensibilité à fleur de peau, de douleur et de solitude dans une tentative de réconciliation avec ce passé idéalisé et perdu pour toujours. Comme Hélène Lafon, elle donne vie et humanité aux « taiseux » avec des mots touchants, justes et d’une beauté lumineuse. C’est d’autant plus poignant que l’on sait que ce texte-là sera l’ultime avant sa mort et qu’elle le sait.
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L'histoire d'une famille retirée et solitaire, un père autoritaire et réservé, réfugié dans le silence, une mère trop tôt disparue, les trois filles qu'une grande affection unit, l'attente et l'espoir d'une vie plus exaltante, les premiers temps de liberté, les premiers émois, avant le désastre, la guerre va bouleverser la vie paisible et figer le temps. Beaucoup de poésie, une écriture exigeante (elle n'est pas sans me rappeler Sylvie Germain dans l'exploration de l'intime) et des textes magnifiques, lumineux, lu avec bonheur, à voix haute.
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La dévastation d’une famille qui atteint chacun de ses membres par méandres successifs, sournois et brutaux. Un livre sur le silence et l’enfermement comme réponses à l’épreuve, quand celle qui en est à l’origine a pris la fuite. Un livre sur le poids des regards et des rumeurs de l’environnement qui, plutôt que d’accepter simplement ce qui est tu, s’aventure en suppositions péjoratives.
Ce silence qui s’est imposé pendant des années, et le on-dit qui s’épuise à mesure du temps qui passe, parlent par l’écriture longue, lente, ciselée en clair-obscur, de Michelle Desbordes. Une merveille !
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Comment est-ce qu'un livre aussi petit peut être aussi imbuvable ?
Quelle lente et pénible agonie… Je n'en pouvais plus en arrivant à la fin. Des descriptions lentes et inutiles d'un paysage sans intérêt, des descriptions des allers et venues de chaque personnage plus insignifiant que celui d'à côté, des descriptions de comment la servante sert… Oh mon dieu ! Que quelqu'un arrête le massacre. Aucune action, aucun intérêt.
Le pire dans tout ça, c'est que je n'ai même pas compris cette fameuse demande. Rien dans ce livre n'est expliqué clairement de l'interaction des personnages ou de leurs pensées. Quelle frustration de lire "la demande" et de ne même savoir quelle est cette demande. Même les résumés sur le net sont cryptiques !
Faites que j'oublie vite ce livre !
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Michèle Desbordes peint un tableau silencieux. celui de la fin de vie d'un peintre en France que l'on devine aisément être Léonard de Vinci bien que son nom ne soit jamais prononcé. Mais il n'est pas le personnage principal de cette lente histoire car alors que les saisons passent c'est la vieille servante dévouée que nous suivons. Invisible, elle est toujours présente tandis qu'un échange silencieux se créé petit à petit entre ces deux êtres aux vies opposées.
Le livre est bien écrit mais j'ai trouvé ce silence pesant
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Dans une langue fluide et déroutante à la fois, on suit le lien silencieux entre le vieux Léonard de Vinci venu d'Italie avec ses élèves jusqu'au bord de Loire pour y terminer sa vie de travaux et une vieille servante de la campagne française habituée au labeur.
J'ai lu ce livre par petits morceaux et me suis laissée prendre.
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La rencontre entre un maître italien, invité par François 1er, et d'une servante, dans un manoir, sur les bords de la Loire. Ils sont différents, mais pas seulement. Une connivence naît entre eux, racontée d'une manière très subtile par Michèle Desbordes.
Beaucoup de silences et de non-dits, de sensibilité, de poésie.
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Enroulé dans cette poésie,
je survole cette fin de vie.
La douceur des mots,
la tendresse des regards,
d'une infinie sensibilité.
L'émotion de l'autre
font de cette œuvre,
une œuvre à part.
Une œuvre ou l'humain
se régale du quotidien,
de la simplicité de la vie.
Peu importe la grandeur ou la petitesse
Deux âmes s'unissent pleine de sagesse.
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J'ai trouvé ce roman par hasard chez un bouquiniste, pensant avec nostalgie à ma visite du Clos Lucé. Dans ce court récit, où le maître, Léonard de Vinci, n'est jamais nommé, nous suivons l'arrivé d'un artiste âgé et de ses élèves dans une demeure du pays Angevin. Leur arrivée provoque des changements dans la maisonnée, une domestique est chargée de s'occuper des besoins des invités. L’intérêt de ce roman se trouve dans la façon très poétique de décrire la relation entre le maitre et la domestique. Tout les oppose mais ceux ci développent une sorte de fascination l'un pour l'autre. De Vinci se délecte d'observer les faits et gestes de la servante, dont la vie est loin d'être facile; la servante est curieuse du maître et de son travail. Le récit nous conte cette fascination mutuelle et cette relation qui se tisse. Nous découvrons également certains détails liés au travail et à la fin de vie de Leonard de Vinci, ainsi que la dure réalité de la vie des domestiques à cette époque. C'est avec un autre regard et une grande délicatesse que l'auteur nous conte la rencontre de deux mondes qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Un petit roman surprenant qui ravivera es souvenirs des visiteurs du clos Lucé.
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Lu une fois dans le train, et aussitôt oublié.
La douceur du tableau de la couverture m'a redonné envie de le lire.
Une langue précieuse et précise, une musique lente, douce et triste, des couleurs qui restent neutres, effacées tout comme les personnages. En toute discrétion.
Une petite parenthèse, où tout s'écoule au rythme de ses pas à elle, de son regard à lui.
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J'ai lu ce livre après avoir lu "l'obsession Vinci" c'est un peu la suite et fin :) C'est aussi un hymne au temps qui passe doucement en fin de vie... l'écriture est belle. Je le conseille comme livre de chevet un chapitre chaque soir.
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Magnifique poème ou roman poétique qui nous retrace les deux dernières années de la vie de Léonard de Vinci.
La langue est d’une douceur inouïe toute en caresses, en bonheurs.
La vie s’écoule calmement, facilement pour un Léonard repu de sagesse et de savoir. Il jouit de chaque instant, du simple fait d’observer la nature, d’observer sa servante affairée.
Une relation intime quoique non dite va se tisser entre Léonard et sa servante jusqu’au moment de « la demande »…
Peut être, lassés par tant de douceur, finit-on par trouver le « poème » un peu long, comme une caresse trop insistante qui deviendrait pénible.
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A mon tour de ne pas être convaincu par ce petit livre que les excellentes éditions Verdier poche viennent de ressortir en l'accompagnant d'une 4e de couverture fort élogieuse. Malgré les premières pages, qui sont une manière de prologue, quelle déception !
La maîtrise de la langue par l'auteure n'est pas en cause, non plus que le mal qu'elle s'est probablement donné pour écrire son récit, presque deux années de calendrier s'il faut en croire l'indication de fin de texte. Malgré ses évidentes bonnes intentions, malgré un soin minutieux, peut-être trop minutieux, accordé à la forme, je n'y ai pas vu, ou goûté, la poésie que certaines critiques présentes par ailleurs mettent en valeur.
Certes, tout cela est très doux, coule absolument sans aspérité aucune, mais justement il se trouve si peu de relief dans ces pages que je n'ai jamais ressenti grand-chose, sauf en de rares occasions, après la page 80 entre autres, et n'ai pratiquement éprouvé aucun intérêt pour l'histoire de cette servante, dépeinte d'une manière probablement trop impressionniste, pointilliste devrais-je dire pour filer une métaphore picturale.
La ponctuation, ou plutôt son absence, comme cela aurait pu se faire au temps du Nouveau roman, a ajouté à mes difficultés de recherche d'un quelconque plaisir avec, c'est peut-être idiot, presque une sensation d'essoufflement (!) à parcourir des phrases aussi interminables que malheureusement assez peu évocatrices. On peine à se transporter au 16e siècle, ne serait-ce qu'un 16e siècle de convention, on n'éprouve aucun intérêt pour la petite dame, et à peine plus pour ce fantôme de peintre (Léonard de Vinci ?) sur le déclin, alors que quantité d'ouvrages savent camper avec talent les temps anciens !
Un récit aussi ciselé (on ne peut le nier) ne doit pas être qu'un exercice de style, ou alors il faut posséder celui de Proust ou de Julien Gracq.
Tout cela souffre d'un biais initial trop ambitieux peut-être ou trop "intellectuel" : la littérature n'est pas que travail d'orfèvre sur les mots, encore faut-il que ceux-ci aient une couleur et vous parlent. Si beaucoup de lecteurs n'y ont pas vu un obstacle, cela n'a pas été le cas pour moi. Une fois encore, quel dommage !
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Comment expliquer ? Beaucoup d’éléments auraient pu me plaire dans ce roman : Leonard de Vinci, ses dernières années sur les bords de Loire et ses souvenirs d’Italie, les descriptions de cette région (Sologne et Loire) et de la vie de ses habitants (pauvres ou riches), les affres de la création artistique, etc… Mais cette histoire de taiseux m’a paru interminable et m’a profondément ennuyée ; elle est noyée dans des tas de considérations et réflexions historiques, géographiques, sociologiques et philosophiques jetées en vrac çà et là.
Quant au titre, il me paraît très mal résumer le livre : quand on découvre ce qu’est ‘’la demande’’ (en fin de livre) on a l’impression d’un soufflé (déjà mal monté) qui s’affaisse d’un seul coup !!
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